Pousser des soldats à quitter leurs postes? Un kriegspiel digital du StratCom en démontre la simplicité

stracom.jpgComment convaincre des soldats de faire le mur alors qu'ils sont en manoeuvres? Comment, auparavant, les avoir identifiés à partir de sources ouvertes? Et comment avoir noué avec eux des relations via les réseaux sociaux? Et tout ça pour savoir à quel exercice ils participent et quels moyens sont déployés...

La réponse a été apportée par des analystes d'un centre de recherches lié à l'Otan, le Stratcom CoE (ou Strategic Communications Centre of Excellence ). Ce Strategic Communications Centre of Excellence a été créé en 2014 par 7 pays membres de l'Otan; il est installé à Riga, en Lettonie.

Cet organisme est évidemment très "russo-centré". Il étudie les activités de désinformation et de manipulation transfrontalière visant en particulier les pays baltes et l'Otan. Des activités menées à coups de robots informatiques (les "bots") et de faux comptes qui permettent la diffusion automatiques de messages malveillants.

Kriegspiel digital.
En 2017, les cadres du Stractom ont décidé de démontrer comment il était possible (et facilement) de soutirer des informations à des militaires via les réseaux sociaux et grâce à leur "empreinte digitale".

Ils ont décidé de lancer cette opération/simulation lors d'un véritable exercice des forces armées lettones annoncé pour 2018.

Nora Biteniece, l'une des employées du Stratcom, résume les objectifs: "Il s'agissait de répondre à trois questions: 1) quelles infos personnelles peut-on collecter à partir de sources ouvertes (en l'occurrence Facebook), 2) que peut-on savoir sur les participants à cet exercice et sur l'exercice en lui-même, 3) à partir des données et de l'empreinte digitale, peut-on influer sur le comportement de certains des participants?"

Le résultat de cette ops d'influence basée "Red Team Experiment" est éloquent: pour un coût d'environ 50€, l'équipe du Stracom a réussi à identifier des soldats lettons prenant part à la manoeuvre, à entrer en contact avec eux via de faux profils Facebook, à échanger des infos va une fausse page dédiée à l'exercice et à convaincre deux de ces "contacts" de quitter leur poste pour des rendez-vous de nature "amicale" (via Tinder).

La manipulation n'a pas échappé aux service lettons mais il aura fallu deux semaines pour que les faux profils et la fausse page dédiée à l'exercice soit fermée par Facebook dont les services avaient toutefois identifié et fermé certains des faux profils créés par l'équipe du Stratcom.

Le rapport du Stratcom sur le "Red Team Experiment" est à consulter ici.

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Publication : jeudi 5 septembre 2019