Il y a un an, peu avant l'attaque russe contre l'Ukraine et après l'attaque du 24 février 2022, l'armée américaine s'est livrée en Europe à un exercice hors du commun. Il s'agissait de préparer et livrer les équipements d'une Army Brigade Combat Team et tester sa réactivité en déployant des troupes venant du territoire métropolitain US et en les équipant grâce aux stocks prépositionnés dans deux des quatre sites de l'APS 2 (Army pre‑positioned stocks) en l'occurrence celui de Mannheim et celui de Dulmen, en Allemagne.
A noter qu'une grande partie des matériels cédés par les USA à l'Ukraine provient de cet APS 2.
Cet exercice était une première qui a vu 7 000 combattants (venant en particulier de la 3e division d'infanterie) percevoir leurs équipements venant de l'APS 2 qui, au total, peut équiper les 9 000 hommes de deux Army Brigade Combat Team.
Il aura fallu 26 jours (au lieu des 75 escomptés) aux logisticiens de la 405th Army Field Support Brigade (405 AFSB) pour livrer les matériels de la 1st Armored Brigade Combat Team (les Abrams, Bradley, M88 de dépannage, canons Paladin etc). Une prouesse à bien des égards.
L'Inspecteur général (IG) du DoD a diffusé le 27 février dernier un intéressant bilan de cette opération: "Evaluation of Army Pre‑Positioned Equipment Issued in Response to Ukraine and the NATO Defense Forces".
Le bilan est toutefois mitigé comme le résume bien cette phrase extraite du document de l'IG: "non‑Fully Mission Capable status of APS‑2 equipment issued to the 1 ABCT".
En effet, l'IG constate que:
- plus de 10% des équipements fournis à la brigade blindée n'étaient pas totalement opérationnels,
- la maintenance assurée par les militaires de la 405 AFSB et les contractors d'Amentum (en nombre insuffisant lors de la phase de mise en condition opérationnelle des équipements) n'était pas satisfaisante,
- la coordination entre la 405 AFSB et la 1st Armored Brigade Combat Team n'était pas optimale.
Par exemple, par manque de pièces détachées, il a fallu cannibaliser des M88 pour pouvoir disposer du nombre d'engins en état d'être immédiatement déployés.
Autre exemple, le suivi des opérations de maintenance s'est avéré aléatoire, ne permettant pas de dire si certains des véhicules avaient été correctement entretenus lors de leur temps de stockage.
Des recommandations ont été diffusées et prises en compte.