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Wallaby

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Tout ce qui a été posté par Wallaby

  1. La convergence économique est un principe fondamental de l'Union Européenne. Faire entrer des nouveaux états membres à ce point divergents, c'est se tirer une balle dans le pied : https://opee.unistra.fr/La-politique-de-cohesion-de-l-UE-et-la-convergence-economique?afficher_texte=oui Avec l’objectif de création d’un Marché unique, l’UE s’est aussi construite autour du principe de cohésion dans l’optique d’atteindre une convergence des PIB par habitant de ses États membres. La convergence est inscrite dans le préambule du Traité de Rome (1957) et dans les dispositions communes du Traité de Maastricht (1992). La politique de cohésion a pris une ampleur conséquente à partir des années 1980 avec les « Paquets Delors » : les montants destinés à cette politique sont une première fois doublés en 1988 par rapport au niveau de 1980, puis une seconde fois en 1993.
  2. Connaissez vous les conférences Reith ? Ce sont des conférences diffusées par la BBC depuis 1948, et confiées généralement à un seul conférencier prestigieux chaque année. En 2015, c'était Stephen Hawking. En 2021, c'était Stuart Russell. Connaissez-vous Stuart Russell ? Vous le connaissez si vous avez écouté sa conférence du 24 avril à Berkeley mentionnée ici : http://www.air-defense.net/forum/topic/23399-la-technologie-contre-la-démocratie/page/10/#comment-1631919 Mais peut-être connaissez vous le court-métrage "Slaughterbots" posté en 2017 en ouverture du fil "armes autonomes" : http://www.air-defense.net/forum/topic/20687-armes-autonomes/ : Stuart Russell y intervient à la fin dans la partie non-fiction du film pour plaider l'interdiction des armes de destruction massives à base de micro-drones. Voici donc les 4 épisodes, d'une heure environ chacun, de la conférence Reith 2021 (il sera peut-être nécessaire d'ouvrir un compte gratuit sur le site de la BBC) : « Vivre avec l'Intelligence Artificielle » 1) https://www.bbc.co.uk/sounds/play/m001216j Le plus grand événement de l'histoire de l'humanité 2) https://www.bbc.co.uk/sounds/play/m00127t9 L'IA dans la guerre 3) https://www.bbc.co.uk/sounds/play/m0012fnc L'IA dans l'économie 4) https://www.bbc.co.uk/sounds/play/m0012q21 IA : un futur pour les humains
  3. Le PIB par habitant de la Pologne en 1989, c'était 38% de celui de l'UE : https://www.statista.com/statistics/1073152/gdp-per-capita-east-bloc-west-comparison-1950-2000/ Le PIB par habitant de l'Ukraine aujourd'hui (4835 $/h) (1), c'est 13% de celui de l'UE (38 411 $/h) (2). L'écart est beaucoup plus large. (1) https://data.worldbank.org/indicator/NY.GDP.PCAP.CD?locations=UA (2) https://data.worldbank.org/indicator/NY.GDP.PCAP.CD?locations=EU
  4. Et quand bien même ce serait très bénéfique pour l'Ukraine, l'adhésion de l'Ukraine à l'UE est "idéal pour parfaire la désindustrialisation de la France", selon Jean-Pierre Chevènement :
  5. J'ai peur que tu sois un peu naïf par rapport aux grandes promesses qu'on fait miroiter des lendemains qui chantent des "perspectives d'adhésion à l'UE". L'Ukraine est à cet égard dans une situation un peu comparable aux Balkans : Ou à la Lettonie :
  6. Le récit de la "répression féroce" me parait un peu suspect. J'ai souvenir que la police ukrainienne avait été formée au contrôle des foules par les Allemands à l'occasion du championnat d'Europe de football de 2012. L'usage de la force par le détenteur légitime de l'usage de la force est régulièrement dénoncé un peu partout dans le monde par ses adversaires. J'ai beaucoup de mal à dire en quoi ça aurait été pire en Ukraine que dans d'autres pays européens. En comparant une situation historique complexe (Ukraine) avec une autre situation historique complexe (Uruguay), je ne simplifie pas. Je ne nie pas plus les tensions internes à la société ukrainienne que les tensions internes à la société uruguayenne, et l'agenda propre des acteurs politiques uruguayens.
  7. J'ai peut-être oublié quelque chose, mais comme ça je dirais que la France n'est plus présente en Centrafrique. L'ONU en Centrafrique, c'est principalement des Rwandais, et à mon avis ils ne vont pas se laisser "chasser" comme ça. https://minusca.unmissions.org/les-casques-bleus-de-la-police-rwandaise-décorés-de-la-médaille-de-lonu (5 avril 2022) Présent au sein de la MINUSCA depuis 2014, le Rwanda demeure à ce jour le principal contributeur de troupes avec 1696 militaires et 505 policiers.
  8. Maïdan est le produit de la proposition ouest-européenne d'accord de libre échange.
  9. Et des relations amicales avec l'Ukraine, qui ont été brisées par les révolutions orange et Maïdan, d'où le parallèle avec le changement de régime uruguayen manipulé par le Brésil. Cf les déclarations de Lloyd Austin en avril 2022 fixant pour but l'affaiblissement de la Russie. La négation de la notion de culture, d'un monde pluriel, où chaque civilisation produit une culture différente avec une vision du monde autonome, plus ou moins incompatible avec celle des autres, revient à exiger une culture unique, une civilisation unique, une vision du monde (Weltanschauung) unique. C'est la quintessence de l'hégémonie. Chaque civilisation produit son propre univers. Chercher à comprendre n'est pas être thuriféraire (pas de "y" à "thuriféraire"). Pas plus que les biologistes qui cherchent à comprendre le virus du sida ne sont ses thuriféraires ou les complices de ses meurtres.
  10. Il y a des parallèles intéressants entre la Russie et le Paraguay, entre Poutine et Solano Lopez. Peut-être un jour les historiens écriront-ils également à propos de Poutine qu'il était "un personnage plus complexe que la propagande des futurs Alliés (...) ne le présentait". Peut-être lira-t-on dans Wikipédia que "La décision de Solano Lopez Poutine d'engager les hostilités se comprend assez bien. Il est essentiel de constater que n'importe quel dirigeant conscient aurait eu de sérieuses raisons d'avoir à choisir entre deux mauvaises solutions : le conflit immédiat et l'espoir incertain de briser le front par la diplomatie, le temps jouant contre un pays enclavé comme le Paraguay". https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_la_Triple-Alliance Ce conflit a été provoqué par la crainte du Paraguay d'un retournement de l'équilibre entre les quatre pays du bassin du Rio de la Plata à la suite du soutien du Brésil au renversement d'un gouvernement uruguayen, son allié, par un parti hostile. Le Maréchal (Mariscal, titre attribué par le Congrès de mars 1865) Francisco Solano Lopez était un personnage plus complexe que la propagande des futurs Alliés, alimentée par la Grande-Bretagne et la France, ne le présentait même si la réalité n'en était pas loin en 1864 et 1865 : un « tyran », mégalomane et paranoïaque, admirateur de Napoléon. Il aurait eu la volonté et constituer une union avec l'Uruguay pour disposer d'un accès à la mer. Son caractère soupçonneux et dictatorial s'était déjà illustré lors de la préparation de la succession de son père, et il lui était reproché d'écouter d'une oreille complaisante les dénonciations des uns envers les autres. Le sommet en fut atteint lors d'une supposée conjuration de San Fernando, réunissant en 1868 des personnages importants et certains membres de sa famille qui s'étaient interrogés sur l'opportunité de poursuivre la guerre et furent exécutés. La décision de Solano Lopez d'engager les hostilités se comprend assez bien. Il est essentiel de constater que n'importe quel dirigeant conscient aurait eu de sérieuses raisons d'avoir à choisir entre deux mauvaises solutions : le conflit immédiat et l'espoir incertain de briser le front par la diplomatie, le temps jouant contre un pays enclavé comme le Paraguay, ses deux grands voisins n'abandonnant pas leurs revendications territoriales. Ses tendances « paranoïaques » pouvaient donc se nourrir de faits passés et contemporains bien réels et cette conjonction, compte tenu de sa propension aux solutions radicales, l'entraînait à choisir celle de l'affrontement immédiat, cohérente avec son penchant pour l'usage de la force. Avec la prise de contrôle d'un nouveau gouvernement uruguayen par le Brésil et la collusion de fait de Buenos Aires sous Mitre, hostile à l'indépendance du Paraguay, ce dernier se trouvait isolé. La partie paraissait jouable, d'autant plus qu'on disait que l'armée argentine ne réunissait que 8 000 hommes, celle de l'Uruguay 2 000 hommes et celle du Brésil moins de 20 000 hommes en 1864. Que Solano Lopez n'ait fait que précipiter le cours de l'histoire ressort sans équivoque des buts de guerre des trois Alliés, exposés dans le traité secret de la Triple Alliance de 1865, connu l'année suivante : règlement à leur profit du tracé des frontières (article XVI), imposition du paiement de dommages de guerre (alors que les trois pays prétendaient faire la guerre au « tyran » et non au peuple paraguayen), disparition de la puissance relative du pays (article XIV), imposition de la clause de la nation la plus favorisée avec les trois Alliés (article X), sonnant l'abandon du protectionnisme qui avait permis son développement relatif. De fait, la guerre achevée, le Paraguay a été mis en coupe réglée progressivement par des intérêts anglo-argentins d'abord, puis brésiliens. Dans les années 1920, le discours change dans la société paraguayenne sur le président Francisco Solano López et ses prédécesseurs, aussi bien à gauche sous l'influence diffuse de la IIIe Internationale que chez les conservateurs au pouvoir sous l'influence de l'historien Juan O'Leary virant lui-même à 180 degrés. Désormais, la période 1811-1870 n'était plus considérée comme celle des tyrans sanguinaires, mais celle des pères et garants de la Nation paraguayenne, industriellement et socialement plus avancée que ses voisins, qui ont donc voulu la détruire pour ce motif. Cette thèse donne une importance majeure à la diplomatie britannique et la pensée dominante diffusée par le Royaume-Uni aux élites argentines et brésiliennes : le libéralisme commercial et économique refusé par les trois premiers gouvernants du Paraguay, qui contrôlait étroitement son commerce extérieur et n'avait nul besoin de capital étranger, qu'il refusait. L'article X du traité de coalition indique explicitement que le Paraguay vaincu sera ouvert aux capitaux étrangers. Cette thèse est reprise par les historiens paraguayens, les révisionnistes argentins et certains Brésiliens.
  11. https://nationalinterest.org/feature/buffer-states-are-worth-second-look-206529 (7 juin 2023) L'absence de création d'États tampons - des pays qui acceptent de ne pas rejoindre le réseau d'alliances de blocs de puissance voisins - entre l'OTAN et la Russie a pu conduire à l'éclatement de la guerre. L'OTAN, imprégnée d'idéologie démocratique, ne peut accepter qu'un pays qui souhaite adhérer et faire partie de son réseau puisse être laissé en dehors pour des raisons de cohésion géographique et pour éviter davantage de points chauds potentiels avec la Russie. L'expérience de l'Uruguay offre l'une des transformations les plus remarquables de l'instabilité à la réussite à long terme. Contesté pendant des siècles par les empires portugais et espagnol, le début de l'indépendance de l'Uruguay a été marqué par des troubles. L'Argentine et le Brésil ont tenté de dominer le pays, et des factions internes se sont affrontées sur le front intérieur, parfois dans le cadre d'une guerre civile ouverte. Ces luttes ont même contribué à déclencher la guerre la plus meurtrière d'Amérique du Sud, la guerre de la Triple Alliance, qui a semblé reléguer les petits pays de la région sous la domination de leurs grands voisins. Pourtant, c'est le coût de cette guerre, associé au désir de maintenir un certain équilibre dans la région, qui a permis à l'Uruguay d'exploiter ses richesses agricoles naturelles et son accès aux ports pour devenir l'un des pays d'Amérique latine les plus développés et, en fin de compte, les plus pacifiques. Lorsque le Brésil et l'Argentine ont pu admettre ouvertement qu'ils craignaient que l'espace qui les sépare ne soit dominé par l'autre, il leur a été possible de convenir mutuellement que ni l'un ni l'autre n'absorberait le pays dans ses accords de sécurité.
  12. https://www.dagbladet.no/nyheter/kunne-vaert-avverget/79494378 (8 juin 2023) Dans son rapport, la commission souligne que l'attentat du 25 juin dernier, au cours duquel deux personnes ont été tuées et neuf blessées lorsque le terroriste présumé Zaniar Matapour a tiré dans le centre d'Oslo, aurait pu être évité. La ministre de la justice, Emilie Enger Mehl (Sp), a également convoqué une conférence de presse sur le rapport à 13h30. Dans son rapport, la commission écrit : "Il est possible que l'attentat ait pu être évité grâce à une notification de la PST reçue du service de renseignement norvégien cinq jours avant l'attentat". On savait déjà que la commission conclut que l'attentat dans le centre d'Oslo aurait pu être évité, mais qu'il y a deux raisons principales pour lesquelles cela ne s'est pas produit, selon les informations de Dagbladet : Le PST n'a pas lancé d'enquête dite préventive contre le terroriste présumé Zaniar Matapour, par exemple sous la forme d'une surveillance, dans les mois qui ont précédé. Ceci malgré le fait qu'ils avaient des raisons de mettre en œuvre de telles mesures, selon le Comité. Le traitement par le PST de la notification du service de renseignement norvégien six jours avant l'attentat. Cette notification concernait le coaccusé Arfan Bhatti, qui se trouvait déjà au Pakistan à l'époque. Sur la base de cette information, le PST aurait pu identifier Matapour comme un candidat possible à la menace. Les principales conclusions du rapport sont résumées en dix points : 1. Il est possible que l'attentat de la nuit du 25 juin 2022 ait pu être évité si le PST avait ouvert un dossier préventif contre Zaniar Matapour dans les mois précédant l'attentat. 2. Bien que le PST disposait de renseignements pertinents sur Matapour qu'il avait lui-même produits, le PST n'a pas partagé ces renseignements avec les contacts de radicalisation de la police qui étaient chargés de le suivre. 3. Il est possible que l'attentat ait pu être évité grâce à une alerte que le PST a reçue du NIS cinq jours avant l'attentat. 4. Personne au sein du PST n'a jamais vérifié les comptes de médias sociaux d'Arfan Bhatti à la suite de la notification du NIS. 5. La gestion opérationnelle de l'attaque par la police, y compris la mise en œuvre de la procédure en cas de violence permanente mettant la vie en danger (PLIVO), la notification et l'interaction interne et externe, a été dans l'ensemble bien organisée et conforme aux lignes directrices et aux procédures applicables. 6. Le manque de préparation/disponibilité de fonctions importantes dans le district de police d'Oslo continue de limiter la capacité et les possibilités de la police à gérer des crises et des incidents graves. 7. Les organisations de police ont laissé trop de responsabilités à Oslo Pride en matière de communication. 8. Il y a eu trop peu d'interaction entre le district de police d'Oslo, la PST et la direction de la police norvégienne sur la manière de communiquer au sujet de l'attentat. 9. Le chef de la police n'avait pas de motifs suffisants pour annuler les évaluations opérationnelles du district de police d'Oslo quant à la possibilité d'organiser la marche de solidarité du 27 juin. 10. La décision de recommander l'annulation de la marche de solidarité était contraire à la liberté de réunion prévue à l'article 101 de la Constitution norvégienne et à l'article 11 de la CEDH. https://fr.wikipedia.org/wiki/Attentat_du_25_juin_2022_à_Oslo
  13. https://www.francetvinfo.fr/monde/canada/c-est-apocalyptique-au-canada-des-feux-de-forets-incontroles-ravagent-le-nord-du-quebec_5874143.html Au Canada, des feux de forêts incontrôlés ravagent le nord du Québec Des dizaines de milliers d’habitants du Canada, et particulièrement de l'Abitibi, ont dû être évacués. En fait, le Canada, ça n'intéresse personne. Par contre la pollution due à la fumée des feux du Canada rend l'air irrespirable à New York (comme à Pékin ou New Delhi ?), et là ça fait la une des journaux : Source : https://www.nytimes.com/ https://www.lepoint.fr/monde/feux-de-foret-au-canada-les-folles-images-de-new-york-sous-la-pollution-07-06-2023-2523462_24.php D'après le site IQAir.com, qui surveille les niveaux de pollution à travers la planète, l'indice pour New York atteint 158, avec une concentration de microparticules PM2.5 à un niveau 14 fois plus élevé que les normes de l'Organisation mondiale de la santé. Mardi soir, cet indice a atteint 218, un record.
  14. https://www.cairn.info/revue-critique-internationale-2017-3-page-195.htm Ioannis Armakolas, professeur de sciences politiques à l’Université de Macédoine à Thessalonique, s’intéresse à Tuzla, ville majoritairement musulmane gérée par les partis « citoyens » pendant la guerre (1992-1995) et après, et devenue à ce titre le symbole de la résistance non seulement à l’agression militaire serbe, mais aussi aux dérives nationalistes et autoritaires du camp musulman. En 1990 déjà, alors que l’ensemble de la Bosnie-Herzégovine cède à la tentation nationaliste, Tuzla est la seule grande ville remportée par les partis « citoyens » : le Parti social-démocrate (SDP, ex-communiste), qui s’appuie sur les grandes entreprises publiques de la ville, et l’Alliance des forces de réforme (SRSJ), davantage liée aux nouveaux entrepreneurs privés. Ces deux partis parviennent difficilement à faire leur deuil de la Yougoslavie et à couper les ponts avec l’armée yougoslave, la guerre en Croatie à l’automne 1991 constituant de ce point de vue un tournant. Durant cette période, l’exception tuzlienne se manifeste également par la révolte des réservistes contre leur envoi en Croatie en juillet 1991, et par la grève de la police contre sa partition ethnique en mars 1992, à la veille du début de la guerre en Bosnie-Herzégovine. La municipalité soutient dès lors de manière ambiguë la marche bosnienne vers l’indépendance et se replie sur l’identité urbaine de Tuzla et la préservation de la coexistence intercommunautaire à l’échelle locale. La municipalité ne parvient pourtant pas à éviter le départ massif des Serbes de la ville. Les défis importants auxquels est confrontée la municipalité de Tuzla au début de la guerre sont l’afflux de réfugiés musulmans de Bosnie orientale et la montée en puissance au sein du SDA d’un courant extrémiste qui s’appuie sur certaines familles urbaines traditionalistes et sur d’anciens cadres et intellectuels communistes en quête d’une reconversion politique (chap. 4). Ce courant radical publie le journal Zmaj od Bosne (Le dragon de la Bosnie) qui s’attaque à la municipalité « citoyenne » et aux formes de coexistence locales, appelle au meurtre des Serbes de la ville et qualifie de « bâtards » les enfants issus de mariages mixtes. Il faut donc attendre l’été 1993 pour que les partis « citoyens » assument pleinement leurs désaccords avec le SDA et lui opposent explicitement leur « modèle tuzlien ». À bien des moments, l’ouvrage de I. Armakolas se lit comme une application à la Bosnie-Herzégovine des thèses de David Stark sur les reconversions des élites postcommunistes et leur contexte local. C’est en effet un livre sur le communisme et le postcommunisme autant que sur la guerre et l’après-guerre. Il sait articuler facteurs ethniques et non ethniques, échappant ainsi à la caricature des « haines anciennes » (Robert Kaplan) comme à celle du « mythe de la guerre ethnique » (Chip Gagnon).
  15. https://www.cairn.info/revue-critique-internationale-2018-1-page-187.htm EDIN HAJDARPAŠIĆ, Whose Bosnia ? Nationalism and Political Imagination in the Balkans 1840-1914, Cornell University Press, 2015 Dans le premier chapitre, Hajdarpašić décrit la manière dont les premiers « lettrés-patriotes » de l’espace sud-slave se sont mis en quête du « peuple » (narod). Il s’intéresse en particulier à Vuk Karadžić (1787-1864), érudit d’origine paysanne, infatigable collecteur des productions orales sud-slaves et promoteur d’une langue serbe moderne. Dans la perspective choisie par l’auteur, Karadžić est doublement important : d’une part, il affirme la supériorité de la tradition populaire sur la culture des élites, d’autre part, il voit dans l’Herzégovine le refuge d’une culture serbe authentique. Il est ainsi à l’origine du « populisme ethnographique » prolongé par Jovan Cvijić, Antun Radić ou Ivan Franjo Jukić, à une époque où les « lettrés-patriotes » serbes et croates collaborent encore étroitement. Tous placent la Bosnie-Herzégovine au cœur de l’imaginaire national et adoptent envers les musulmans bosniens une attitude ambiguë, entre anti-turcisme et assimilationnisme. Il montre donc l’émergence du thème de la « triste Bosnie » – titre d’un poème écrit en 1835 par Mate Topalović – dans laquelle les paysans chrétiens subiraient le joug turc. Ce thème se développe dans la seconde moitié du XIXe siècle et se redéploie après l’occupation austro-hongroise en 1878, comme en témoigne l’œuvre de l’écrivain serbe bosnien Petar Kočić (1877-1926) qui évoque les conflits opposant les paysans serbes à l’administration austro-hongroise. Hajdarpašić montre que les écrivains nationalistes préfèrent aux témoignages directs de la souffrance une « fantaisie poético-politique » censée en restituer la substance. Le troisième chapitre traite de l’activisme et des réseaux qui se forment dans la seconde moitié du XIXe siècle autour de prêtres et d’instituteurs, et souvent avec le soutien de la Serbie voisine, ainsi que le prouve le projet (načertanje) d’expansion de la Serbie élaboré en 1844 par le ministre serbe Ilija Garašanin. Persuadés que le peuple n’attend qu’un signal pour se révolter, ils se heurtent non seulement à la surveillance ottomane, mais aussi à l’indifférence et aux divisions religieuses des masses paysannes. La radicalisation d’une partie des jeunes nationalistes est accélérée par l’annexion de la Bosnie-Herzégovine en 1908 et les guerres balkaniques en 1912-1913. Elle conduit à l’émergence du thème de la violence et de l’héroïsme révolutionnaires, que l’on trouve notamment dans l’organisation Jeune Bosnie (Mlada Bosna), responsable de l’attentat de Sarajevo le 28 juin 1914. Le cinquième et dernier chapitre décrit la manière dont les empires ottoman et austro-hongrois finissent, face à la montée des nationalismes, par en reproduire les stratégies et les formes. Avant 1878, les autorités ottomanes soutiennent ainsi différents journaux leur étant favorables. Après cette date, les autorités austro-hongroises encouragent l’activité ethnographique de Kosta Hörmann et Antun Hangi, avant d’ouvrir un Musée provincial (Landesmuseum) à Sarajevo en 1884. Ce patriotisme bosnien de facture impériale offre à l’extérieur l’image d’une « Bosnie heureuse » opposée à la « Bosnie triste » des nationalistes serbes et croates, et donne « une impulsion décisive au sens naissant de spécificité nationale [des musulmans bosniens] ». L’affirmation selon laquelle le XIXe siècle aurait vu l’émergence d’un nationalisme musulman est contestable : en réalité, les élites musulmanes se replient sur leur identité religieuse et les quelques intellectuels musulmans se déclarent croates ou serbes.
  16. L'hypothèse de la vitre brisée permet de comprendre ce qui se passe dans un parc un soir d'été, quand les poubelles deviennent pleines et ne sont pas vidées immédiatement, de la même façon qu'une fenêtre brisée doit être réparée immédiatement. Les gens au départ se contentent de poser des déchets en équilibre "sur" la poubelle déjà pleine, à défaut de pouvoir les mettre "dans" la poubelle. Ensuite le vent ou la pesanteur font leur oeuvre, ces déchets tombent, et se retrouvent au sol. Ensuite d'autres usagers voient des déchets au sol, et y ajoutent les leurs. La poubelle dans un parc, c'est une fausse solution qui ne marche pas, parce qu'on ne met pas les moyens derrière pour la vider dans la minute où elle est pleine.
  17. https://legrandcontinent.eu/fr/2022/05/23/lenergie-de-letat-une-conversation-avec-jean-francois-bayart/ (23 mai 2022) Jean-François Bayart : Si on prend ce qui se passe actuellement en Ukraine, on voit bien comment la compénétration des durées permet de comprendre la conscience politique « immédiate » des acteurs dans le « passage » d’un monde d’empires (celui des Romanov et des Ottomans, celui de l’URSS et plus fugacement, mais aussi plus tragiquement encore, celui du IIIe Reich) à un monde d’États-nations, ceux, antagoniques, de Poutine et de Zelensky. Les deux camps ont d’ailleurs recours au terme de génocide, sur fond de Shoah, de Grande Guerre patriotique – avec ses 26 millions de morts – et de famine liée à la collectivisation de l’agriculture en Ukraine. Il était donc crucial, à mes yeux, de mieux comprendre la compénétration des durées dans les sociétés politiques, y compris du point de vue de l’une des thématiques fortes de l’ouvrage : ce passage de l’empire à l’État-Nation. On ne peut pas raisonner en termes de transition ou de succession, parce que l’Etat-Nation naît au sein même de l’empire et que ce dernier reste présent dans l’État-nation qui émerge de ses ruines, comme par exemple chez Poutine et Erdogan. Ces derniers mobilisent l’imaginaire impérial pour renforcer l’État-nation, nonobstant les différences radicales entre les deux types de domination. L’empire gouverne indirectement son pluralisme, l’État-nation centralise et uniformise. Il y a dans les faits une compénétration des durées impériale et statonationales, comme l’ont démontré Xavier Bougarel à propos de la Bosnie et Béatrice Hibou et Mohamed Tozy au sujet du Maroc. Ce terme de passage, on doit l’entendre au sens de Walter Benjamin, et non pas comme une succession ou un remplacement de l’un par l’autre. La guerre d’Ukraine est un peu l’affrontement de deux conceptions différentes de la domination politique. Cela illustre bien notre propos car survient ici, nous l’avons vu, un processus de passage d’un monde d’empires à un monde d’États-nations. Un processus d’autant plus fascinant qu’il survient dans une zone de confins d’empires. Nous sommes sur les confins de ruines d’empires, d’une combinatoire impériale. Avec deux manières différentes de passer de l’un à l’autre : d’un côté, Poutine qui essaye d’inventer un État-nation Grand Russe sur les débris de l’empire soviétique et qui, à mon avis, entretient avec l’empire des Romanov le même genre de rapports qu’Erdogan avec l’Empire ottoman. Je ne pense pas que l’un et l’autre soient assez fous pour s’imaginer reconstituer un empire ni qu’ils aient envie de ce genre de domination. Simplement, il y a compénétration des durées, dans l’ordre de l’imaginaire mais aussi dans celui de la manipulation politique : l’empire des Romanov et l’empire soviétique vont fournir des figures imaginaires de domination. De son côté, Zelensky est en train d’inventer, grâce à la contribution involontaire de Poutine, un État-nation ukrainien que la Russie renforce au fur et à mesure qu’elle le détruit, puisque même les russophones se sentent aujourd’hui quelque peu mal à l’aise par rapport au Kremlin. L’Église orthodoxe ukrainienne, qui dépend du patriarcat de Moscou, se sent à son tour de plus en plus gênée et divisée. La représentation de la cité que se fait Zelensky est très différente de celle de Poutine, et serait plutôt d’ordre démocratique. Or cet affrontement de deux conceptions de la domination politique, sur les mêmes décombres impériaux, est médiatisée, mise en forme par un affrontement de style vestimentaire. D’un côté, Poutine, imberbe, dans son éternel costume noir cravate rouge, à environ trois-cents mètres de ses interlocuteurs, au bout de sa grande table blanche. De l’autre, Zelensky, mal rasé, en t-shirt kaki, ayant un style non seulement vestimentaire mais aussi oratoire et gestuel complètement différent de l’absence de style gestuel de Poutine qui malheureusement ne connaît de geste que celui de tirer sur un tigre ou de « buter les terroristes dans les chiottes ». Il y a là un extraordinaire effet d’abstraction, tant vestimentaire que gestuel et discursif, et aussi dans la mise en scène, dans la théâtralité de l’exercice du pouvoir.
  18. C'est pour ça que je me tue à dire qu'il faut supprimer les poubelles. Les poubelles aggravent le problème en donnant aux gens le sentiment qu'il y a des gens chargés de jeter leurs déchets à leur place. Les psychologues de l'école de Palo Alto utilisent la méthode de "prescrire le symptôme" (plutôt que de supprimer le symptôme) pour mettre en crise le système psycho-social qui s'est enkysté dans des habitudes, dans des rôles figés. Dans ce cas, cela consisterait à ostensiblement jeter d'autres détritus sur la voie publique en disant à la personne, "vous voyez, je vous aide", ou encore "je trouve que ce parc, (cette plage, cette rue) est encore trop propre" pour leur mettre la puce à l'oreille. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2789564/ Le modèle de thérapie brève développé par Fisch, Weakland, Watzlawick et leurs collègues à Palo Alto est basé sur l'identification et l'interruption des processus ironiques qui se produisent lorsque les tentatives répétées de résolution d'un problème maintiennent le problème ou l'aggravent. Les formulations des boucles ironiques problème-solution fournissent un modèle d'évaluation et d'intervention stratégique, indiquant où chercher pour comprendre ce qui maintient un problème (chercher une solution "plus de la même chose") et ce qui doit se passer pour que la plainte soit résolue (quelqu'un doit appliquer une solution "moins de la même chose"). La recherche de soutien est préliminaire, mais elle suggère que cette approche peut être bien adaptée aux clients qui résistent au changement.
  19. https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/reportage-guerre-en-ukraine-marioupol-la-ville-martyre-que-le-kremlin-reve-de-transformer-en-vitrine-de-la-nouvelle-russie_5867675.html (5 juin 2023) La Russie a transformé Marioupol en un gigantesque chantier avec l’ambition affirmée d’en faire une ville modèle, symbole de sa politique d’annexion du Sud de l’Ukraine. Sur place, de nombreux habitants veulent croire à la renaissance de leur cité et évitent de penser à la contre-offensive de l’Ukraine. Dès août 2022, à peine trois mois après la fin des combats, la ville voyait ouvrir sa nouvelle chaîne de télévision, Marioupol 24. Une enquête de Reporters sans frontières affirme qu’elle a été créée par Alexandre Malkevitch, un homme d’affaires proche d’Evgueni Prigojine, le patron de Wagner. Parmi les reportages prisés par la chaîne, la réfection des routes, certes détruites par la guerre, mais qui étaient notoirement mauvaises dans la région lorsqu’elle était sous administration ukrainienne. Selon une méthode déjà éprouvée en Crimée, la Russie met un soin particulier à leur réfection. "De toutes façons, nous explique un vieil habitant de la ville, tous ceux que la présence des Russes indisposaient sont ou partis, ou morts". La ville ne compterait plus que 150 000 habitants, trois fois moins qu'avant la guerre. Certains restent prudents toutefois. Andreï n’est pas allé demander son passeport russe, malgré les problèmes que cela lui pose, comme ne pas pouvoir créer d’entreprise alors qu’il en avait une avant l’arrivée des Russes. "Je sais que si les Ukrainiens reviennent ici, le fait d’avoir un passeport russe risque de me poser des problèmes. Je ne change pas non plus la plaque d’immatriculation de ma voiture tant que j’en ai le droit", explique cet artisan.
  20. https://www.spiegel.de/politik/deutschland/news-nord-stream-anschlagsplaene-olaf-scholz-evangelischer-kirchentag-mike-pence-die-gruenen-a-0ad9a138-8c30-4513-b858-cef751c14fee (7 juin 2023) C'est ce que Thomas de Maizière [ancien ministre de l'intérieur d'Angela Merkel] appelle un "feu de camp commun". En tant que président, il ouvre aujourd'hui le 38e Deutscher Evangelischer Kirchentag à Nuremberg. Pendant cinq jours, il sera beaucoup question de la guerre, du climat, mais aussi de l’Église elle-même. De Maizière lui-même participera à la discussion sur un sujet dont les divisions internes ne pourraient être plus grandes : Il s'agit de "repousser les limites de l'éthique de la paix" et de la question qui compte parmi les plus urgentes de nos jours : "Quelle paix voulons-nous ?"
  21. Je rajouterais : 6. L'Ukraine n'est pas une démocratie Une opération militaire aux implications redoutables est conduite sans l'aval du président démocratiquement élu. Un peu comme l'incident de Moukden de 1931, où des militaires forcent la main du gouvernement Japonais pour envahir la Mandchourie. Et je ne parle pas de l'aval du chancelier allemand, qui est quand même le décisionnaire démocratique de l'Allemagne, le mieux censé savoir ce qu'il faut faire d'un gazoduc en grande partie allemand. Donc c'est aussi une atteinte à la démocratie allemande. Donc pour résumer, c'est une attaque de forces non démocratiques contre le ou les gouvernements démocratiques légitimes.
  22. Cela me rappelle cet article sur la justice talibane :
  23. Comme expliqué dans l'article, il y a des agriculteurs qui résistent à l'injonction de détruire eux-même leur propre champ de pavot. La brigade se déplace et va détruire le champ. Personne n'est massacré. Par contre c'est un énorme manque à gagner pour l'agriculteur et une perspective de pauvreté probablement assez cruelle.
  24. https://unherd.com/2023/06/the-capitalists-are-revolting-over-china/ (6 juin 2023) Selon le Financial Times, "en deux jours seulement, Elon Musk a eu plus de réunions avec des Chinois de haut niveau que la plupart des fonctionnaires de l'administration Biden n'en ont eu en plusieurs mois", notamment avec le ministre chinois des affaires étrangères, Qin Gang. Le ministère des affaires étrangères a cité Musk comme ayant déclaré qu'il était prêt à développer ses activités en Chine et qu'il s'opposait à un découplage des économies américaine et chinoise, ajoutant qu'il décrivait les deux plus grandes économies du monde comme des "jumeaux conjoints". Le voyage de M. Musk a coïncidé avec celui de Jamie Dimon, le patron de J.P. Morgan, qui, dans un discours prononcé à Shanghai, a appelé à un " dialogue réel " entre Washington et Pékin.
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