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Wallaby

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Tout ce qui a été posté par Wallaby

  1. Souffre qu'Emmanuel Todd, anthropologue, s'appuie sur Max Weber pour remettre l'ouvrage sur le métier du lien entre capitalisme et protestantisme en l'actualisant. Si je devais résumer l'importance de Max Weber, père fondateur (avec une poignée d'autres, dont Marx) de la sociologie, je dirais ceci : se dire sociologue [je ne dis pas que c'est ton cas, mais c'est plus ou moins le cas de Todd, en raison des liens étroits entre anthropologie et sociologie, et c'est certainement le cas de Shlapentokh] et dire qu'on n'aime pas Max Weber, c'est comme se dire chrétien et qu'on n'aime pas Jésus, ou se dire musulman et dire qu'on n'aime pas Mahomet. Être sociologue aujourd'hui, c'est tenter d'actualiser la pensée de Max Weber en la confrontant au présent, comme être chrétien, c'est tenter d'actualiser la pensée de Jésus en la confrontant au présent.
  2. 31 janvier 2024. Pierre Lellouche : 09:29 Rappelez-vous il y a un an, après les succès ukrainiens de l'été, Zelensky était reçu comme un héros au parlement européen, on a accepté son statut de candidat, les stratèges en fauteuil à Paris prévoyaient que la Russie allait s'effondrer. La guerre était gagnée. Aujourd'hui c'est tout l'inverse, et bien entendu, c'est de notre faute, parce qu'on n'a pas assez livré d'armes. Moi, ma position depuis le début, c'est que c'est un grand malheur qui est arrivé, que nous aurions pu éviter. Je l'ai écrit d'ailleurs dans Le Figaro avant même la guerre. Je pensais qu'on aurait pu trouver un deal. Le deal c'était la neutralité de l'Ukraine et un système fédéral pour la partie Est de l'Ukraine, ce qui était d'ailleurs dans les accords de Minsk, mais ça, les Américains n'en ont pas voulu. Nous, on a suivi aveuglément... 10:33 Quand j'avais vu Poutine en 2013 à Valdaï, il n'était question que de l'Ukraine. Aujourd'hui il y a l'ordre international. Il y a que les Russes sont partis sur autre chose. Pendant très longtemps c'était l'Europe, maintenant ils sont Chine, Iran, Corée du Nord. Et ça c'est une espèce d'alliance qui est gravissime pour le système mondial (...) Je pense que si Poutine est l'auteur de cette agression, est évidemment coupable, et je n'ai aucune espèce de sympathie pour le poutinisme ni pour la Russie poutinienne, c'est pas le sujet, moi, la seule sympathie que j'ai c'est pour mon pays, c'est pour la France. Je regarde quels sont les intérêts nationaux de la France dans cette affaire. 11:25 Aujourd'hui je pense qu'effectivement il y a un risque que ça dérape dans autre chose, à un moment où, de surcroit, les Américains, comme d'habitude, en ont marre. Ils rentrent chez eux. Il y a une campagne présidentielle. L'aide à l'Ukraine, elle est maintenant otage de l'immigration au Mexique, donc le robinet s'est brutalement fermé, et tout ça va retomber sur une Europe tiroir-caisse, qui n'est absolument pas en état de prendre le relais sur le plan militaire, et qui est morte de trouille, parce que quand je vois les discours en Suède, en Norvège, surtout les Baltes qui sont paniqués, on se dit qu'on est au bord d'une autre guerre, sans en avoir les moyens. Donc tout ça est complètement fou. Ça me rappelle exactement 1914 [1], c'est à dire d'erreur de calcul en erreur de calcul, on a des dirigeants somnambules... 12:30 Ce que je regrette, c'est qu'on se soit laissé entraîner dans quelque chose qui est absurde. Les grands pays d'Europe comme la France et l'Allemagne, qui ont su en 2003 dire non aux Américains, se sont laissés embarquer dans un bidule qu'ils ne comprennent pas, parce que très peu de gens en France connaissent... Moi j'ai connu l'Ukraine depuis vingt ans, maintenant, j'ai vu ce pays évoluer, j'ai essayé de l'aider quand j'étais au gouvernement... C'est très très compliqué. C'est pas aussi simple que David et Goliath... 18:21 Je crois qu'on ne comprend rien à ce qui se passe si on ne garde pas à l'esprit ce qui s'est passé dans les années 1990, qui moi j'ai vécues auprès de Jacques Chirac à l'époque. Je crois qu'il y a eu une époque où l'on n'était pas du tout dans cette configuration, mais où on partait pour une sorte de réconciliation historique, avec le courant pro-occidental en Russie. Ça n'a pas marché. Carrère d'Encausse disait qu'on a raté la Russie comme on a raté la fin de la Première Guerre Mondiale [2], et elle a raison. Et c'est pas un pacifiste qui vous le dit : j'ai été moi-même un grand combattant de la guerre froide quand il y a eu l'affaire des euromissiles et où l'enjeu était la neutralisation de l'Allemagne, je peux vous dire que j'étais archi-engagé. J'ai été interdit d'URSS pendant des années. Je ne suis pas un soft sur ces histoires-là. 19:07 Je pense qu'avec d'autres, et pas des moindres, on a fait des erreurs monumentales en conservant l'alliance atlantique, en l'étendant vers l'Est, en n'accueillant pas la Russie dans un ordre de sécurité différent. C'était la thèse de gens comme Mitterrand, de George Bush père... George Bush père qui devant le Soviet Suprême ukrainien, quatre mois avant l'indépendance de l'Ukraine, dit : "l'Amérique ne soutiendra pas l'indépendance de l'Ukraine". Pourquoi, parce qu'ils avaient peur de l'instabilité, ils voulaient que Gorbatchev garde les Républiques soviétiques à l'intérieur de quelque chose de cohérent. Ensuite, qu'est-ce qu'on a fait ? Il y a eu tous les lobbies militaires, baltes, polonais aux États-Unis, il fallait absolument que l'OTAN perdure. J'ai été président de l'assemblée de l'OTAN : j'ai vu. J'ai vu de mes yeux comment ça se passe. Donc il fallait que l'OTAN continue. On avait même inventé cette phrase extraordinaire : if not out of area, out of business. Il fallait trouver un ennemi, donc on a été en Afghanistan, on a fait le Kosovo, on a fait ce genre de trucs... 20:20 Je veux dire que s'il y a un coupable dans cette affaire qui est Poutine, il y a des dirigeants occidentaux qui ont méchamment contribué à recréer une coupure à l'intérieur [de l'Europe]. 29:11 [Est-ce que vous croyez qu'il pourrait attaquer des pays membres de l'OTAN] Ah je crois pas du tout. Il ne va pas se livrer à un exercice de ce genre. Il revient en gros à ce que faisaient les Soviétiques à la grande époque que moi j'ai bien connue : les Soviétiques en effet passaient par des contournements divers et variés. Quant à savoir si ils sont gentils : non. Les services spéciaux : plein. L'utilisation de méthodes non conventionnelles, bien sûr. Mais quand on me dit qu'ils sont l'organisateur du désordre mondial, pardon. Moi j'avais un maître qui s'appelait Kissinger quand j'étais à Harvard, son cauchemar c'était d'unir la Russie et la Chine. Nan, on a fait mieux, là. On a fait Chine-Russie-Corée du Nord-Iran. Alors évidemment, chaque fois qu'il y a une guerre, l'impact de ce qui se passe en Europe se trouve lié. On a une imbrication des théâtres stratégiques qu'est pas du tout bon pour nous. Qui pèse sur les rares personnes qui ont encore des moyens militaires, c'est à dire les Américains. 30:11 Que Poutine s'amuse à exploiter nos faiblesses, c'est la règle du jeu. Moi, je ne me suis jamais attendu à ce que ce soit un État facile à gérer. Les empires qui se disloquent, en général le font rarement gentiment, sauf peut-être l'Italie, mais c'est toujours très délicat et dangereux. Dans le cas du Sahel, pardonnez-moi. J'ai été missionné au Mali, j'ai vu toutes les erreurs que nous avons faites, pendant des années. Qui c'est qui a transformé Serval en Barkhane ? Qui c'est qui a fait que 3000 soldats français étaient supposés tenir un territoire grand comme l'Europe ? C'est une absurdité pendant 10 ans, on a dépensé 11 milliards d'euros, on a fait tuer des gens pour rien. Après on s'étonne si on est mis dehors et si les Russes en profitent. Évidemment qu'ils en profitent ! Je suis pas surpris. 30:56 Qu'on aille expliquer que tout cela est un grand complot ourdi par une intelligence supérieure à Moscou, c'est une blague. 31:09 Imaginez deux secondes que les Chinois concluent une alliance militaire avec le Canada ou le Mexique, à votre avis, ils font quoi, les Américains ? La revendication d'une zone d'influence russe, on peut penser que c'est pas bien moralement, mais ça fait partie de la réalité du jeu quand on fait des relations internationales. Est-ce qu'il fallait absolument étendre la zone d'influence américaine jusqu'aux frontières de la Russie ? Mettre des missiles anti-missiles aux frontières de la Russie, et ensuite prétendre que tout était bien, et que les autres n'allaient pas... 31:53 J'ai échangé en direct, personnellement avec Poutine sur la question ukrainienne : les Russes ont laissé passé l'adhésion des Baltes à l'OTAN, parce que les Baltes c'est étranger. Soljenitsyne a écrit... Dans la notion de Novorussia, il a les territoires russes peuplés par les Russes, et en effet Odessa, ce sont des villes fondées par Catherine II. On est dans des territoires russes dans l'esprit des Russes. Les Baltes, c'est plus compliqué. C'est comme les Kazakh, tout ça c'était étranger. Dans Soljenitsyne qui a beaucoup influencé Poutine, il y a l'idée que les étrangers, si ils veulent partir, ils partent. Au moment du divorce de 1991 ils sont partis, et ensuite les Russes ont laissé rentrer les Baltes [dans l'OTAN]. Ça leur a pas plu, mais ils ont laissé faire. La limite, c'était l'Ukraine, parce que l'Ukraine, pour les Russes, c'est la Russie. Alors on peut très bien être en désaccord avec ça, surtout si on est ukrainien, évidemment, surtout les Ukrainiens de l'Ouest. 32:59 Les Ukrainiens de l'Ouest qui ont été pendant 650 ans sous influence polonaise et ensuite autrichienne peuvent être antirusses, mais il y a aussi toute une partie de l'Ukraine qui a été peuplée par des Russes au XIXe siècle, qui est différente. Ces gens-là ne s'identifiaient pas avec les choix qui étaient faits à l'Ouest de l'Ukraine. 36:17 Qu'est-ce que nous Occidentaux on a fait pendant toute cette période, pendant les 30 dernières années ? On a désarmé massivement, on s'est mis sous la coupe de la politique énergétique allemande, c'est à dire pas de nucléaire et beaucoup de gaz russe, on s'est mis à vendre des bateaux à la Russie, on a nous, Français, investi 25 milliards d'euros en Russie, pour se retrouver à l'arrivée en ayant tout perdu. 40:13 [On n'a pas assez aidé les Ukrainiens] Mais les arsenaux sont vides ! En dehors des États-Unis, les arsenaux européens sont vides. J'ai été député de la commission de la défense, on faisait les budgets de défense à minuit, ça n'intéressait personne, il n'y avait même pas un journaliste à l'assemblée : les budgets étaient en baisse depuis 30 ans. Et là ce qui a été remonté par Macron, c'est juste l'arrêt de la baisse, mais pas une remontée en puissance. D'ailleurs, on a des unités qui continuent à baisser en matière d'avions, de chars... on est en train de stabiliser la baisse, mais on n'a pas du tout remonté les forces. Les seuls arsenaux qu'il y avait encore c'était aux États-Unis : ils les ont pour l'essentiel dépensés, en plus ils ont maintenant sur les bras Taïwan et maintenant Israël, plus les problèmes intérieurs, donc ça s'arrête. Alors qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que c'est qu'une victoire russe ? D'abord, rappelez vous, qu'est-ce qu'« autant qu'il faudra » ? On n'a jamais défini quels étaient les buts de guerre dans un sens comme dans un autre. 41:15 Maintenant il est en position de force, et que en plus du Donbass et de relier toute la côte, ce qui était peut-être son intention au départ, il peut être tenté par autre chose. C'est ça qui m'inquiète. La situation où nous sommes aujourd'hui c'est qu'on a voulu faire de l'Ukraine notre protégé (...) À Vilnius, c'est pas Sarkozy et Merkel, c'est Biden qui a dit ils ne rentrent pas [dans l'OTAN], donc nous qu'est-ce qu'on a fait, les Européens, on a dit : ils ne rentrent pas dans l'OTAN, on leur donne le statut de candidat [à l'UE] et on commence les négociations d'adhésion au mois de décembre. Mais est-ce que quelque chose est prêt ? Est-ce qu'on a réfléchi aux conséquences institutionnelles de l'entrée d'un pays comme ça ? Est-ce qu'on sait la situation interne en matière de droit ? ... en matière agricole... Philippe Gélie : Pour vous l'Ukraine ce serait un boulet dans l'OTAN, un boulet dans l'UE, c'est ça ? 42:08 Pierre Lellouche : Mais c'est infaisable ! Patrick Saint Paul : La vérité c'est qu'elle n'est pas prête et les Européens sont irresponsables de ne pas conditionner l'aide financière pour combler le budget ukrainien à des réformes. Et toute l'opposition [ukrainienne] le dit. 42:23 Pierre Lellouche : On va donner 50 milliards, mais il faut savoir que l'Ukraine a besoin de 3 à 4 milliards par mois, juste pour payer le fonctionnement du pays. Donc qu'est-ce qui se passe dans cette affaire. Le glaive [les USA] s'en va. La caisse enregistreuse, c'est à dire nous, on va continuer à payer. Dans une situation où Mme von der Leyen, elle a aussi mobilisé, tenez vous bien, 600 milliards pour son Green Deal, où la situation économique en Europe est difficile, où on a un problème majeur d'urgence avec les agriculteurs, eux mêmes victimes non seulement de Mercosur, mais de l'arrivée de... Philippe Gélie : Alors qu'est-ce qu'on fait, on baisse les bras ? 43:03 Pierre Lellouche : Je dis qu'on a affaire à des dirigeants qui font de la gestuelle médiatique parce que c'est bien de dire qu'on va les soutenir autant que nécessaire et caetera..., sans que rien de sérieux ne soit fait, ni en matière de défense, ni en préparation des institutions [européennes]. Moi je suis très énervé. Pour avoir passé ma vie à étudier ces questions, et les avoir regardées sur le plan de la politique, donc de l'action politique, qu'on se contente de brasser des mots, hein, monsieur Michel, Mme von der Leyen, Mr Macron... chacun y va de sa phrase sur "on soutient l'Ukraine". La vérité c'est que les chars allemands sont bidon [ça tombe bien "tank" ça veut dire "gros bidon" en anglais lol]. Les Français commencent à le dire ouvertement parce qu'ils sont accusés en même temps par les Allemands de pas en avoir fait assez. L'institut de Kiel produit des tableaux avec des chiffres bidonnés dans lequel nous on est mauvais, eux ils sont bons. Les seuls trucs qui marchent, c'est ce qui se passe en Crimée, c'est à dire les SCALP. 50:57 La leçon que je tire de tout ça c'est 1) si on veut faire la guerre, autant être prêt. Sinon on trouve des moyens de faire autrement. On n'est pas prêt. On n'était pas prêt. On a créé une situation où la guerre était inévitable, d'abord elle avait commencé en 2014, en Crimée. Donc quand on n'est pas prêt pour faire la guerre, on la fait pas. Philippe Gélie : Est-ce qu'on négocie avec Poutine ? 50:55 Pierre Lellouche : Le problème c'est que lui n'a pas besoin de négocier. Il attend maintenant l'élection de Trump. La négociation était possible en mars 2022 à Istanbul, et ella a une nouvelle fois été refusée par les Américains et Boris Johnson à un moment où Zelensky lui-même voulait négocier. Aujourd'hui, à mon sens, Poutine va attendre, le rapport de force est en sa faveur. [1] [2] En fait, autant voire plus que 1914, ça rappelle 1939 : voir la comparaison de l'idéalisme triomphant et triomphaliste du type Fukuyama, "fin de l'histoire", du moment d'hyperpuissance unipolaire américaine post-effondrement soviétique, le comparant avec l'idéalisme wilsonien qui a embrouillé le cerveau des Européens des années 1920 et 1930 contribuant à leur impréparation en 1939, autour de l'oeuvre d'Edward H. Carr : http://www.air-defense.net/forum/topic/17323-politique-étrangère-du-royaume-uni/page/39/#comment-1693080
  3. [suite] Dans la ville d’Avdiivka, où des combats très durs ont eu lieu au début de l’année 2017 et où l’armée ukrainienne a réussi à maintenir ses positions, l’eau doit régulièrement être acheminée par camions, la station d’épuration fonctionnant par intermittences en raison de coupures d’électricité. Ces difficultés avivent la défiance ancienne et enracinée des habitants du Donbass à l’égard de Kiev. De l’avis de nombreux observateurs, si des élections y étaient organisées, elles seraient favorables à des forces politiques pro-russes. Il a fallu réorienter les échanges économiques et commerciaux qui étaient tournés vers la Russie. Dans la région limitrophe de Kharkiv, 80 % des exportations se faisaient en direction du voisin russe avant 2014. La crise économique a provoqué une dévaluation de la monnaie nationale de 35 %. Si la situation est aujourd’hui stabilisée, les réformes structurelles et la politique d’austérité, préconisées par les bailleurs de fonds internationaux de l’Ukraine, ont entraîné un effondrement du niveau de vie. Enfin, la fuite des cerveaux s’accélère, entraînant des pertes de compétence significatives. En 2016, 560 000 personnes, souvent jeunes, ont quitté le pays, contre 400 000 en 2015 sur une population de 44 millions. Le mouvement risque de s’amplifier, le Conseil de l’Union européenne ayant décidé en mai 2017 d’exempter de visa les Ukrainiens qui se rendront en Europe pour des séjours de moins de 90 jours. Le maire de Lviv Andri Sadovy, qui est hostile à toute réintégration du Donbass, préconise la mise en place d’une frontière intérieure entre les territoires de DNR et LNR et le reste de l’Ukraine. Deux députés appartenant à son parti Samopomich seraient à l’origine du blocus des voies ferrés qui a défrayé la chronique au début de l’année 2017. En janvier et en février, des nationalistes et des anciens combattants ukrainiens ont empêché le passage de convois de charbon des territoires séparatistes vers l’Ukraine, assimilant ces échanges commerciaux à de la trahison. Or les centrales électriques ukrainiennes ne peuvent être alimentées que par un type de charbon anthracite produit soit dans le Donbass, soit en Afrique du Sud. L’importation de ce charbon via le port de Rotterdam a causé une hausse du prix de l’électricité. À partir d’une analyse quantitative et comparative, Nicu Popescu montre que le rapprochement avec l’UE n’a pas eu les effets escomptés dans les pays du Partenariat oriental. Certes l’UE y a renforcé ses positions commerciales, souvent au détriment de la Russie, tout en impulsant une dynamique de coopération. Mais Bruxelles a eu bien des difficultés à susciter des réformes politiques, notamment dans les pays qui se disent favorables au modèle européen et qui affichent des ambitions démocratiques. La Moldavie et l’Ukraine obtiennent ainsi de plus mauvais résultats en termes de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption que des pays autoritaires comme la Biélorussie et l’Azerbaïdjan.
  4. Max Weber est une référence pour les sociologues du monde entier. Tu es la première personne que je rencontre à tenir ce penseur pour négligeable.
  5. Voilà ce qu'écrit Dr. Céline Marangé, qui ne m'a pas l'air très prorusse, dans sa "Radioscopie du conflit dans le Donbass" paru en 2017 : https://www.cairn.info/revue-les-champs-de-mars-2017-1-page-13.htm Vues de Moscou, les actions militaires que l’armée russe a entreprises en Ukraine depuis 2014 s’inscrivent dans un dessein défensif ; elles visent à maintenir un glacis protecteur autour du pays en empêchant les forces de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) de se rapprocher un peu plus des frontières russes. [Tiens, ce n'est pas un gros mot de parler de "glacis" ?] Héritière de l’Ostpolitik de Willy Brandt, l’OSCE a grandement contribué au dialogue Est-Ouest depuis 1975. Sur le plan politique, les accords stipulent qu’une résolution sur le statut spécial du Donbass doit être approuvée par la Rada suprême, le Parlement monocaméral ukrainien, dans les trente jours. Ils prescrivent également l’adoption par cette même assemblée d’une loi d’amnistie interdisant toute poursuite judiciaire à l’encontre « des personnes impliquées dans les événements s’étant déroulés dans certains districts des régions de Donetsk et de Lougansk ». [Tiens, il y avait un délai à respecter ? Le délai était de 30 jours et Poutine a attendu 7 ans avant d'attaquer. Il a quand même été patient. Tiens, c'est pas un gros mot de parler d'Ostpolitik et de Willy Brandt ?] Les autorités ukrainiennes ne redoutent plus une offensive de grande ampleur comme dans les mois qui ont suivi l’annexion de la Crimée. Étant donné la remontée en puissance de l’armée ukrainienne et les déconvenues essuyées par le projet de Novorossia qui a peu mobilisé au-delà du Donbass, les dirigeants russes ont conscience qu’une telle entreprise susciterait une forte résistance, à la fois militaire et populaire, et qu’elle entraînerait de nouvelles sanctions occidentales. Le conflit dans le Donbass fournit aussi des opportunités à l’Ukraine : il lui donne la possibilité de reconstituer un appareil de défense performant et de transformer ses forces armées à marche forcée suivant les meilleurs standards occidentaux . Le pays reçoit 60 millions de dollars d’aide militaire par an en plus de l’assistance fournie par l’OTAN . Quelque 600 conseillers américains, britanniques et canadiens sont présents sur le territoire ukrainien pour assurer la formation des troupes et développer une coopération de défense. [Tout ça, vu de Moscou, ça peut être vécu comme une menace...] Ainsi la pérennité de l’assistance internationale et la réforme du secteur de la défense dépendent-elles en partie de la poursuite des hostilités. [Donc en fait l'Ukraine se serait piégée dans un système où elle est obligée de servir de chair à canon pour l'Occident, sous peine de perdre l'assistance occidentale] La guerre en Ukraine a entraîné le départ de millions d’habitants du Donbass. Ils seraient entre 1,7 et 1,9 million à résider dans d’autres régions d’Ukraine (le nombre de déplacés internes enregistrés en décembre 2016 s’élevait à 1,66 million. Environ 900 000 personnes auraient trouvé refuge à l’extérieur du pays ; parmi elles, 750 000 vivraient en Russie et 80 000 en Biélorussie. Ces chiffres sont fluctuants pour un ensemble de raisons. De nombreux réfugiés sans ressources choisissent, en désespoir de cause, de rentrer chez eux en dépit du danger et des privations. D’autres s’enregistraient dans plusieurs endroits dans l’espoir de percevoir leur retraite ou d’obtenir des aides supplémentaires. D’autres enfin, mieux lotis et plus fortunés, n’ont pas jugé opportun d’accomplir les formalités nécessaires à l’obtention du statut de déplacés internes, de crainte notamment d’être mobilisés. Généralement peu qualifiés, les réfugiés étaient nombreux à travailler dans l’industrie minière. Il leur est difficile de trouver du travail et d’envisager une reconversion professionnelle dans une conjoncture économique déprimée. D’après des témoignages recueillis en Ukraine, l’aide du gouvernement et des autorités locales aux déplacés internes est dérisoire. En 2016, les réfugiés dûment enregistrés percevaient 442 hryvnia par mois pour un actif (environ 15 euros) et 844 hryvnia pour un enfant, avec un plafonnement des aides cumulées à 2 400 hryvnia (environ 80 euros). L’assistance vient principalement de la société civile qui se mobilise pour offrir le logis ou bien pour acheter des médicaments, des vêtements et de la nourriture. La guerre a aussi bouleversé la vie des quelque 2,7 millions de personnes qui habitent toujours dans les territoires contrôlés par les séparatistes. La situation humanitaire dans le Donbass, y compris dans les zones reprises par l’armée ukrainienne, est désastreuse. La nourriture manque, de même que de nombreux médicaments de première nécessité. La Croix rouge internationale qui est la seule organisation non gouvernementale occidentale à être autorisée à se rendre en DNR et en LNR fournit de l’insuline à 10 000 personnes et des dialyses à 300, ce qui, au vu de la population présente, est sans doute insuffisant. Les conditions d’hygiène et de sécurité sont des plus précaires. D’après divers témoignages, des problèmes d’héroïne, de sida et de tuberculose s’accentuent. Des disparitions suspectes et des détentions arbitraires sont rapportées des deux côtés de la ligne de contact. Fondée sur l’extraction du charbon et l’industrie minière, l’économie locale est moribonde. La plupart des grandes entreprises ne fonctionnent plus ; d’autres ont été démantelées et transportées en Russie. En somme, le Donbass est une région morte. Toutes les forces vives en sont parties. [à suivre]
  6. Todd joue parfois à l'équilibriste, mais là sur ce qui se passe aux Etats-Unis au niveau du protestantisme, il enfonce des portes ouvertes. As-tu entendu parler d'un certain Max Weber qui a dit des choses sur le protestantisme et le capitalisme ? Je suppose que oui. Donc si l'un se casse la figure, peut-être que l'autre aussi. C'est loin d'être bête comme idée.
  7. Poutine a déjà perdu la guerre, a affirmé Joe Biden le 13 juillet 2023 à Helsinki : https://www.lemonde.fr/en/united-states/article/2023/07/14/putin-s-already-lost-the-war-says-biden_6052643_133.html
  8. https://www.bostonherald.com/2024/01/31/healey-opens-shelter-for-boston-logan-migrants-in-roxbury-because-we-really-dont-have-a-choice/ La gouverneure du Massachusetts ouvre un refuge pour migrants dans un centre de loisirs de Boston parce que "nous n'avons pas vraiment le choix". Une poignée de résidents se sont rassemblés devant le centre, criant "Honte à Wu" et "Honte à Healey". Un homme a crié à la police qui gardait le centre : "C'est une (juron) tentative d'accaparement d'argent. Vous n'avez rien à faire de ceux qui sont nés et ont grandi ici". Sur l'un des panneaux, on pouvait lire : "Pourquoi Roxbury ? Essayez Wellesley !" https://www.washingtonexaminer.com/news/2830017/democratic-gov-faces-backlash-community-closing-popular-sports-center-massachusetts-house-migrants/ (31 janvier 2024) La gouverneure démocrate Healey critiquée pour avoir fermé un centre de loisirs dans un quartier noir afin d'y loger des migrants "Pour la première communauté où cela est proposé, Roxbury, une communauté qui, pendant tant de décennies, a été confrontée au désinvestissement, au redlining, à des résultats disproportionnés, c'est très douloureux, et c'est douloureusement familier", a déclaré Michelle Wu, maire de Boston, lundi lors d'une émission de la radio WBUR à Boston. https://www.wbur.org/news/2024/02/02/politics-healey-wu-shelter-roxbury-migrants-melnea-cass-recreation-center "Nous sommes régulièrement confrontés à un manque de respect à l'égard de notre communauté, et le problème des immigrés n'est que le dernier chapitre en date", a déclaré Sadiki Kambon, directeur du Centre d'information de la communauté noire, qui a participé à la séance d'écoute communautaire. "Je suis sensible à la situation des migrants, mais nous avons beaucoup d'autres problèmes à régler. Il plaide pour la création de centres de soins sans rendez-vous à Nubian Square, qui se trouve à quelques pâtés de maisons du centre de loisirs et qui a récemment perdu une pharmacie Walgreens. Il souhaite rencontrer Healey et Wu et leur demander de déclarer les limites de Nubian Square, de Mass. Ave jusqu'aux rues Quincy et Warren, comme désert sanitaire.
  9. https://www.tagesschau.de/inland/bundeswehr-personal-soldaten-100.html (2 février 2024) Le nombre de soldats de la Bundeswehr baisse à 181 500 La troupe devrait atteindre 203.000 soldats d'ici 2031. Mais la réalité est tout autre. Fin 2022, la Bundeswehr comptait encore 183 050 soldats.
  10. https://thehill.com/policy/international/4433569-former-nato-head-russia-ukraine-moment-potential-negotiation-after-2024-election/ (28 janvier 2024) L'ancien commandant suprême des forces alliées de l'OTAN, James Stavridis, a déclaré que la Russie et l'Ukraine sont toutes deux épuisées par la guerre en cours, ce qui pourrait créer une fenêtre potentielle pour des négociations à la fin de cette année, lors d'une interview donnée dimanche. "Je pense que vers la fin de l'année, probablement après les élections américaines, nous aurons une occasion de négocier", a déclaré M. Stavridis à l'animateur John Catsimatidis lors de l'émission "The Cats Roundtable" sur la chaîne WABC 770 AM. Bien que les deux parties soient confrontées à des difficultés, l'Ukraine et la Russie reçoivent toutes deux de l'aide de sources extérieures, ce qui retardera probablement tout accord potentiel, a ajouté M. Stavridis. M. Stavridis a ensuite déclaré qu'il pensait que la guerre entre l'Ukraine et la Russie se terminerait "comme la guerre de Corée, c'est-à-dire que la Russie aura probablement encore le contrôle d'une partie de l'Ukraine, de la Crimée, du pont terrestre vers la Russie". "D'un autre côté, je vois l'Ukraine entrer dans l'OTAN", a poursuivi M. Stavridis. "Je pense que les grandes lignes de cet accord deviendront probablement plus claires au fur et à mesure que l'année avancera.
  11. https://www.washingtonpost.com/world/2024/01/31/russia-ukraine-prisoners-war-exchange/ La Russie et l'Ukraine ont échangé des centaines de prisonniers mercredi, une semaine exactement après que la Russie a accusé l'Ukraine d'avoir abattu un avion militaire qui, selon Moscou, transportait des dizaines de prisonniers de guerre ukrainiens destinés à être échangés plus tard dans la journée. L'Ukraine n'a pas nié avoir abattu l'avion, un Iliouchine Il-76, mais affirme que la Russie n'a fourni aucune preuve que des prisonniers de guerre se trouvaient à bord. L'incident a fait craindre que les futurs échanges de prisonniers de guerre soient suspendus. Toutefois, dans une annonce surprenante faite mercredi, le ministère russe de la défense a déclaré que 195 soldats russes avaient été échangés contre "exactement" le même nombre de soldats ukrainiens. "Les militaires libérés seront transportés par des avions de l'aviation de transport militaire des Forces aérospatiales russes à Moscou pour y être soignés et réhabilités", a déclaré le ministère dans un communiqué. Parallèlement, semblant contredire les chiffres de Moscou, le quartier général ukrainien de coordination pour le traitement des prisonniers de guerre a déclaré mercredi que 207 prisonniers ukrainiens avaient été libérés, dont 27 officiers et combattants capturés lors de la bataille d'Azovstal, l'usine sidérurgique de la ville de Marioupol, que la Russie occupe aujourd'hui. Au moins 36 des Ukrainiens libérés souffraient de blessures ou de maladies graves, a indiqué le quartier général de la coordination. Andriy Yermak, chef de cabinet du président ukrainien Volodymyr Zelensky, a confirmé l'échange en publiant sur Telegram des photos des soldats libérés enveloppés dans des drapeaux ukrainiens. M. Yermak a ajouté que parmi les personnes libérées figuraient des soldats, ainsi que des officiers de police et des membres de la garde nationale, saisis à Marioupol, sur l'île des Serpents, à Kherson et à Kharkiv. L'échange s'est déroulé sans que l'on sache précisément qui se trouvait à bord de l'avion militaire russe abattu la semaine dernière au-dessus de la région de Belgorod, à l'ouest de la Russie, près de la frontière ukrainienne.
  12. Je trouve parfaitement légitime de discuter et de contester ce que j'ai dit sur "surinterpréter comme des initiatives, des politiques qui ne sont que réactives". À la relecture, j'ai l'impression que le "ne... que" donne à ma phrase une tournure un peu intolérante au sens de "c'est ça et rien d'autre", alors mon intention était juste de dire qu'une réaction, c'est moins (moins quoi ???) qu'une initiative (*). Donc j'aurais mieux fait d'écrire "tout au plus réactives" ou encore "simplement réactives". Si ç'avait été en anglais "merely reactions" (à contraster avec "only reactions"). Le point étant que quand on réagit, on a moins de temps, on réfléchit moins, on bricole plus, on improvise, on pare au plus pressé, alors que quand on prend une initiative on a but plus clair, on sait mieux où on veut aller, on calcule plus le coût et les moyens à mettre en oeuvre etc... Donc je ne m'accroche pas comme une huitre à son rocher à ce "ne que", et je suis tout à fait ouvert aux propositions du type "il y a une part de réaction, mais il y a autre chose" : une part d'idéologie, de structure mentale ou de logiciel mental préinstallé qui conditionne cette réaction ? J'ai peur, à te lire, que ce soit commettre un crime de la pensée orwellien que "d'épouser totalement les vues de Poutine", et que Paul Pillar ait commis un tel crime en disant qu'on a exagéré à l'époque les intentions des Soviétiques en Afghanistan en suggérant qu'ils étaient en train de mettre en œuvre un plan pour mettre la main sur l'Océan Indien, car cela reviendrait à "épouser totalement les vues de Léonid Brejnev". S'interdire de penser une chose parce que Big Brother l'interdit, ça ne rend pas les idées claires. Paul Pillar fait peut-être erreur, mais démontrons le par un raisonnement, et non en appliquant un tabou. (*) https://www.cnrtl.fr/definition/ne II B [Ne ... que exprime une restriction par rapport à un ensemble dont les éléments sont perçus comme appartenant à une échelle de valeurs]
  13. https://fr.timesofisrael.com/la-belgique-convoque-lenvoyee-disrael-apres-des-frappes-sur-ses-bureaux-a-gaza/ (2 février 2024) La ministre belge des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, a convoqué vendredi matin l’ambassadrice d’Israël en Belgique après des frappes ayant « détruit », selon elle, les bureaux de l’agence belge de développement dans la bande de Gaza. Le directeur d’Enabel Jean Van Wetter a précisé sur X que les bureaux de l’agence, situés dans une tour de six étages dans le quartier central d’al-Rimal dans la ville de Gaza, avaient été « complètement détruits hier dans un bombardement ». https://www.lefigaro.fr/international/colons-israeliens-biden-prend-des-sanctions-face-a-des-violences-intolerables-20240201 Les nouvelles sanctions américaines visent dans un premier temps quatre Israéliens, qui seront interdits de séjour aux États-Unis et leurs avoirs éventuels gelés, selon un communiqué du département d'État. Parmi eux figure David Chai Chasdai, accusé d'avoir fomenté une émeute dans la ville palestinienne de Huwara, au sud de Naplouse, ayant entraîné la mort d'un civil palestinien. Ou encore Yinon Levi, accusé de diriger un groupe de colons autour de l'avant-poste de Meitarim, ayant agressé des civils palestiniens et bédouins, brûlé leurs champs et détruit leurs biens. Début décembre, les États-Unis avaient déjà annoncé des restrictions de visa contre des colons israéliens extrémistes mais il s'agit ici des premières sanctions financières. L'annonce de ces mesures survient le jour où le président Biden se rend dans le Michigan, un État du nord des États-Unis crucial sur le plan électoral, qui est aussi l'épicentre de la colère des Américains d'origine arabe contre la politique pro-israélienne du président démocrate. https://www.aa.com.tr/fr/monde/israël-pressions-pour-lapprobation-de-la-construction-de-7-000-unités-dimplantation-en-cisjordanie-/3125866 (2 février 2024) Les proches du ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, appellent à une approbation rapide des projets de construction de 7 000 unités de colonies en Cisjordanie, selon les médias hébreux. Le site [Ynet] cite également, Shlomo Naaman, président du Conseil des colonies de Goush Etzion (au sud de la Cisjordanie) et président du Conseil des colonies israéliennes en Cisjordanie, qui a fait savoir ce qui suit:"Notre silence jusqu’à présent découle de la prise de conscience que l’État d’Israël traverse une période difficile et très complexe, où les relations stratégiques avec les États-Unis d'Amérique sont tendues". Et d'ajouter: "Il est temps de mettre fin au gel et de nous libérer de la honteuse directive américaine qui empêche apparemment les constructions juives en Judée et Samarie (Cisjordanie)".
  14. https://www.france24.com/fr/émissions/reporters/20240201-torture-en-azerbaïdjan-quand-europe-regarde-ailleurs À l’approche de l’élection présidentielle du 7 février, la répression s’est accrue en Azerbaïdjan, ancienne république soviétique du Caucase, voisine de l’Iran et de l’Arménie. Toute opposition au président Ilham Aliev y est réprimée. Militants des droits humains, journalistes ou encore opposants politiques subissent quotidiennement les foudres du régime. Nos reporters, Karina Chabour et Roméo Langlois, ont rencontré des victimes de torture, qui dénoncent un système répressif violent. Ils se sont aussi penchés sur les liens ambigus qu’entretient le Conseil de l’Europe avec le régime de Bakou.
  15. Oublions le terme "féodal" peut-être mal choisi et la comparaison avec le Moyen Age peut-être inappropriée. C'est une manière de noter la convergence de plusieurs caractéristiques : https://www.academia.edu/37249995/Feudalism_in_Russia_Then_and_Now_Vladimir_Shlapentokh_s_Concept_of_a_Feudal_Society_Феодализм_в_России_раньше_и_сейчас_концепция_феодального_общества_Владимира_Шляпентоха_Studia_Slavica_et_Balcanica_Petropolitana_2_18_2015 Un gouvernement central faible qui engendre de multiples centres de pouvoir ; Une augmentation de la criminalité et de la corruption ; Une sécurité privée, et La domination des relations personnelles dans la politique et l'économie.
  16. Vladimir Shlapentokh, qui est une référence pour Emmanuel Todd à propos de la Russie, a aussi co-écrit un livre sur l'Amérique : "Feudal America" paru en 2011 : https://www.degruyter.com/document/doi/10.1515/9780271056746/html?lang=en Les Américains vivent-ils dans une société capitaliste libérale, où la concurrence équitable règne en maître, ou dans une société où l'argent, la sécurité privée et les relations personnelles déterminent les principaux résultats sociaux ? Vladimir Shlapentokh et Joshua Woods soutiennent que la réponse à ces questions ne se trouve pas dans les modèles conventionnels utilisés pour décrire la nation. Offrant un nouvel outil analytique, les auteurs présentent une explication provocante de la nature de la société contemporaine en comparant ses caractéristiques essentielles à celles des sociétés européennes médiévales. Leur modèle féodal met l'accent sur cinq éléments : la faiblesse de l'État et son incapacité à protéger son territoire, à garantir la sécurité de ses citoyens et à faire respecter les lois ; les conflits et les collusions entre et au sein des organisations qui impliquent la corruption et d'autres formes d'actions illégales ou semi-légales ; la domination des relations personnelles dans la vie politique et économique ; la prévalence d'une idéologie élitiste ; et le recours à des agents et à des organisations privés pour assurer la sûreté et la sécurité. L'Amérique féodale incite les lecteurs à suspendre leurs orientations prospectives et futuristes, à remettre en question les notions linéaires de progression sociale et historique, et à chercher des explications aux problèmes sociaux contemporains dans l'histoire de l'Europe médiévale. « Lorsque j'ai lu l'application par Vladimir Shlapentokh et Joshua Woods du concept de féodalité à la société américaine, j'ai compris qu'ils avaient mis le doigt sur quelque chose d'important, quelque chose qui aide à surmonter les difficultés de compréhension de la société américaine dans les limites des modèles existants de sociétés "démocratiques" ou "autoritaires". Comme l'affirment les auteurs, le "féodalisme" est un complément très utile à l'analyse standard de la société américaine. Il est très utile, par exemple, pour expliquer la récente crise financière américaine et le rôle des "princes du monde financier" dans cette crise. L'Amérique féodale est un livre important, qui oblige le lecteur à réexaminer les hypothèses existantes sur la société américaine. Il devrait être lu par tous les analystes de la politique américaine ainsi que par un large éventail de citoyens impliqués ». Roger E. Kanet, Université de Miami « Dans cet ouvrage ingénieux et imaginatif, Shlapentokh et Woods mettent en évidence des aspects de la vie sociale du Moyen Âge que l'on retrouve aujourd'hui. Une minorité importante d'entre nous vit dans des châteaux ou des communautés fermées et est protégée par nos chevaliers modernes - des agents de sécurité privés. Nous élisons des mini-dynasties pour assurer la continuité de la vie politique et nous célébrons nos guerriers. Si la modernité éclaire les sociétés féodales, les modèles féodaux éclairent également la modernité. Les différences entre les sociétés abondent, mais ce travail historique comparatif minutieux révèle certains éléments universels de l'ordre social » Peter K. Manning, Northeastern University
  17. Il y a deux autres mentions - que personnellement j'appelle "références", n'en déplaise à Mme Lebedev - à Vladimir Shlapentokh dans le chapitre 1 de « La Défaite de l'Occident » d'Emmanuel Todd [1], donc au total 3 mentions de Shlapentokh à savoir : 1 - ce que j'ai déjà indiqué : « Mais, outre l’excellent livre de David Teurtrie, analystes et commentateurs spécialisés disposaient des ouvrages de Vladimir Shlapentokh. Shlapentokh (1926-2015) était né soviétique, et juif, à Kiev. Il fut l’un des fondateurs de la sociologie empirique en langue russe à l’époque brejnévienne. Confronté à l’antisémitisme du soviétisme pourrissant, il émigra aux États-Unis dès 1979, continuant, de là-bas, à travailler sur la Russie, les États-Unis et des questions de sociologie générale. Son Freedom, Repression, and Private Property in Russia a été publié en 2013 aux Cambridge University Press, éditeur qu’on pourra difficilement qualifier de marginal ou de hors système. Ce livre offre la vision nuancée et formidablement compétente (et hostile à Poutine) d’un homme qui a vécu la Russie brejnévienne de l’intérieur et étudié la Russie poutinienne alors qu’il était devenu citoyen américain. Quand on l’a lu, il devient facile de définir le régime de Poutine, non comme l’exercice du pouvoir d’un monstre extraterrestre subjuguant un peuple passif et demeuré, mais comme un phénomène compréhensible, qui s’inscrit dans la continuité d’une histoire générale de la Russie tout en présentant des traits spécifiques ». 2 - Ultime nouveauté, dont Shlapentokh était bien placé pour parler puisqu’il avait dû fuir d’URSS en tant que Juif : l’absence complète d’antisémitisme, qui devrait nous ravir tout en nous confirmant que le régime et la société russes sont dans leur assiette. Traditionnellement, en effet, quand des dirigeants russes rencontraient des difficultés et s’efforçaient de rétablir leur autorité, ils cherchaient dans l’antisémitisme un expédient. Shlapentokh rappelle à quel point, sous Staline, puis à partir de 1968, l’URSS était devenue antisémite. C’est tout simplement pourquoi les Juifs partirent en masse dès qu’ils en eurent la possibilité, après l’effondrement du système. 3 - La baisse de la mortalité infantile doit être considérée comme l’effet et le symbole d’une ambiance mentale et économique paisible qui n’avait jamais existé en Russie. Shlapentokh soulignait, quant à lui, que jamais les conditions de vie en Russie n’avaient été aussi bonnes, liberté comprise, que sous Poutine. [1] Pour les gens qui veulent vérifier, vous pouvez aller sur le lien suivant puis cliquer à gauche sur "extrait gratuit" puis sur "feuilleter" (ou "télécharger", si vous préférez) : https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782073041135-la-defaite-de-l-occident-emmanuel-todd/
  18. Chez moi ça s'affiche directement sans s'inscrire. Si tu veux un autre avis, pose la question à ChatGPT ou à Bing Copilot, tu verras s'ils te donnent des chiffres très différents...
  19. Sur Shlapentokh, Anna Colin-Lebedev [1] semble suggérer que citer un livre entier (un peu comme dans une bibliographie) pour dire qu'on l'a lu et qu'on s'en est inspiré, ça ne compte pas, et que pour elle pour être compté comme "référence", il faut utiliser ce livre avec des notes de bas de pages indiquant des numéros de page, ou encore faire des copiers-collers de phrases pour montrer qu'on s'est approprié substantiellement la pensée d'un auteur et qu'on se tient au courant de ce que cet auteur dit sur le sujet. Je comprends qu'elle exige cela de ses étudiants, mais Todd n'a plus vraiment l'âge pour cette manière un peu scolaire de vérifier que l'élève a bien fait ses devoirs à la maison. Quand Todd dit qu'il a lu Shlapentokh, je lui fais confiance. Est-ce qu'il l'a bien lu, ou mal lu ? Est-ce qu'on peut en tirer la même conclusion que lui, à savoir que « le régime de Poutine, [doit être considéré] non comme l’exercice du pouvoir d’un monstre extraterrestre subjuguant un peuple passif et demeuré, mais comme un phénomène compréhensible, qui s’inscrit dans la continuité d’une histoire générale de la Russie ». Cela n'a pas l'air très extravagant comme conclusion. Mais si Mme Lebedev a lu Shlapentokh et si elle pense que Shlapentokh ne dit pas du tout cela, et que Todd a compris de travers le propos de Shlapentokh, ou encore qu'en lisant Shlapentokh on peut aboutir à des conclusions tout à fait différentes de celles de Todd, ce serait bien de le dire. Mais Mme Lebedev a-t-elle lu Shlapentokh ? Peut-être pas. Elle est spécialiste de la Russie, mais elle ne peut pas lire tout ce qui se publie sur ce vaste sujet, et elle a parfaitement le droit de faire l'impasse sur Shlapentokh. Mais ce serait rigolo que Todd lui donne ainsi l'occasion de découvrir un auteur qu'elle ne connaît pas, et d'enrichir sa vision de la Russie par ce biais. Peut-être, qui sait, finira-t-elle par en être éternellement reconnaissante à Todd ? [1] https://colinlebedev.fr/2024/02/01/la-defaite-de-loccident-de-todd-quelle-credibilite-de-ses-analyses-de-la-russie-et-de-lukraine/#comment-101 2 février 2024 à 12 h 56 min - Le nom est là. Aucune référence de travaux de Shlapentokh n’est mentionnée dans le livre.
  20. 1) Je pense que si on faisait un concours de celui qui arrive à utiliser le plus de fois le mot "Trump" dans un post, ou que si on faisait des statistiques sur qui dans ses message sur ce forum a utilisé le plus de fois le mot "Trump", tu serais le grand gagnant. Ce qui est compliqué, c'est que Trump ne dit pas que des imbécilités. Même une horloge détraquée donne l'heure juste deux fois par jour. Tu peux prendre aussi l'exemple du mur à la frontière mexicaine où l'administration Biden semble donner au moins partiellement raison à Trump : « En accordant la semaine dernière des dérogations à des lois existantes telles que la loi sur la pureté de l'air et la loi sur les espèces en voie de disparition afin d'accélérer la construction, l'administration Biden a signalé l'urgence de la situation - "un besoin aigu et immédiat de construire des barrières physiques", selon le secrétaire du département de la sécurité intérieure, Alejandro N. Mayorkas » : New York Times : http://www.air-defense.net/forum/topic/11243-usa/page/879/#comment-1693130- 2) Ce que prouvent les déclarations de Trump sur Nordstream, que nous a fort opportunément rappelées @Stark_Contrast l'autre jour : Reuters, 11 juillet 2018 : Trump lance des foudres contre l'Allemagne à propos de l'accord sur le gazoduc, la qualifiant de "captive" de la Russie
  21. Intégrer la Galicie à la Pologne, ça a déjà été essayé et le résultat n'est pas très convainquant. Stepan Bandera s'est fait remarquer pour avoir co-animé puis créé une branche dissidente d'une organisation terroriste dirigée principalement contre l'État polonais, en commençant par assassiner le ministre de l'intérieur polonais. Il n'en reste pas moins que les Galiciens sont des catholiques, des ouailles du pape, qui ne fêtent pas Noël à la bonne date. Or on ne peut pas convertir les gens de force, on est des gens civilisés, quand même, pensent les Poutine et autre Dmitri Trenine. On n'est pas des vulgaires Zelensky qui changent la date de Noël. On a des principes. Et pour revenir à Soljenitsyne, ce qui fonde pour lui la russitude, c'est d'avoir combattu contre le catholicisme - terme interchangeable avec "polonisation" :
  22. https://www.spiegel.de/politik/deutschland/afd-verliert-drei-prozentpunkte-im-deutschlandtrend-noch-zweitstaerkste-kraft-a-2968d4ce-6c66-4adb-aa70-b9b2511ff106 (1er février 2024) L'AfD perd trois points de pourcentage, mais reste la deuxième force du pays [CDU 30%, AfD 19%, SPD 16%, Verts 14%]. Selon un sondage, une grande partie de la population montre de la compréhension pour les manifestations contre l'extrémisme de droite. Une interdiction de l'AfD est toutefois rejetée de justesse par la majorité. Le nouveau parti "Bündnis Sahra Wagenknecht" obtiendrait cinq pour cent, ce qui lui permettrait d'entrer au Bundestag. Le FDP, avec un score de 4 %, et Die Linke, avec un score de 3 % (moins 1), ne parviendraient pas à se qualifier. https://unherd.com/thepost/is-germany-entering-a-new-weimar-era/ (31 janvier 2024) De plus, un autre acteur improbable est entré en lice : un nouveau parti appelé Alliance pour la diversité et le renouveau a été fondé il y a quelques jours dans l'espoir d'obtenir des voix lors des prochaines élections européennes. Ce parti, dirigé par des personnes proches des partisans du président turc Recep Tayyip Erdogan et de divers mouvements islamistes, s'adresse aux 3,2 millions d'Allemands d'origine turque. Il n'a pas encore été inclus dans les sondages.
  23. Du soft power russe : https://colinlebedev.fr/2023/12/29/le-film-de-reveillon-arme-politique/ L’URSS de L’Ironie du sort est un pays à mille lieux de ce l’URSS imaginaire des observateurs occidentaux. C’est un univers idéologiquement neutre, riche en émotions, peuplé de personnages fragiles. Les hommes y sont plus vulnérables que virils, les femmes se montrent autonomes et directives. Aucune posture militariste, aucune référence à l’Occident, aucun bâtisseur de communisme en vue. Il m’est souvent arrivé d’utiliser ce film, ainsi qu’un autre film du même réalisateur, pour expliquer la répartition genrée des rôles sociaux à l’époque soviétique, mal comprise et méconnue dans les pays occidentaux. C’est sans doute parce qu’il est une comédie de Noël humaniste qui met en valeur des dimensions non controversées de l’histoire soviétique, que le film fait un retour sur les écrans au milieu des années 1990, quand la déception monte face à une transition démocratique qui ne tient pas ses promesses. La popularité du film dans les pays de l’ex-URSS a été considérable. L’ironie du sort a été ainsi diffusée dans les périodes de fêtes de fin d’année par des chaînes de télévision en Ukraine et en Moldavie, au Belarus et au Kazakhstan, en Lettonie ou en Lituanie, pour ne citer que ceux-là. En Ukraine, le rejet du film ne s’est pas fondé dans un premier temps sur une critique de l’imposition culturelle. Suite à l’annexion de la Crimée et au début de la guerre dans le Donbass en 2014, la critique s’est concentrée sur certains acteurs du film qui avaient publiquement soutenu l’annexion et visité la Crimée occupée. Massivement visionnée sur des sites pirates par les jeunes Ukrainiens, la série [Parole de Garçon / Slovo Patsana / Слово пацана] est accusée par le Ministère de la culture ukrainien de promouvoir les valeurs de l’ennemi et d’être un outil de propagande utilisé par l’agresseur. Des personnalités ukrainiennes se joignent à la critique. « Toutes ces signes d’approbation et ces commentaires du genre ‘retournons en URSS’ sont aussi dangereux que la guerre elle-même« , affirme l’actrice ukrainienne Irma Vitovska. Comment comprendre la popularité de la série, y compris en temps de guerre ? https://www.la-croix.com/international/En-Russie-Slovo-Patsana-serie-gangs-rue-provoque-polemique-2023-12-04-1201293328 Slovo Patsana, série télévisée à succès consacrée aux gangs de jeunes dans la Russie de la perestroïka, est aujourd’hui accusée d’inspirer des actes violents chez les jeunes, notamment après la mort d’un adolescent à Irkoutsk. « Nous devons réagir à ces films (qui) romantisent la période de l’émergence des gangs d’adolescents », a déclaré le 1er décembre Roustam Minnikhanov, président de la région russe du Tatarstan, dont Kazan est la capitale. Reste que, aux yeux du critique russe Anton Khitrov, Slovo Patsana est la série russe qui capture le mieux l’air du temps de la Russie en guerre. « Aujourd’hui, les villes russes sont inondées de gens souffrant de stress post-traumatique et d’ex-taulards amnistiés, et les experts et opposants alertent sur le risque de nouvelles années 1990», écrit-il dans un article publié par le média indépendant Meduza.
  24. Que pour les Moscovites et les Petersbourgeois, le conflit du Donbass soit une nuisance, admettons, mais pour les donbassiens ? Pour les réfugiés donbassiens à Rostov et Belgorod ? D'autre part, le projet de l'accord de Minsk, c'est que les Donbassiens soient réintégrés dans le jeu électoral ukrainien et pèsent sur la politique de l'Ukraine. Je me demande s'il ne faut pas voir l'espoir et la patience de Vladimir Poutine dans la réussite de l'accord de Minsk comme un sablier qui s'égraine progressivement, et que 2022 correspond à la fin du sable dans le sablier. Donc à la fois c'est un événement, mais c'est le même sablier et le même sable qui s'écoule depuis 2015. Il n'y a pas une si grosse différence entre 2015 et 2022. Pourquoi ça s'appelle Minsk II ? Parce qu'avant il y a eu Minsk I. Et qu'est-ce qui s'est passé entre les deux si j'ai bonne mémoire, il y a eu reprise des combats. Minsk I n'étant pas respecté, il y a reprise des combats. Minsk II n'étant pas respecté, il y a reprise des combats. Ce qui doit nous surprendre c'est qu'il se soit passé autant de temps entre Minsk II et et la reprise des combats en 2022.
  25. Est-ce que Poutine et les élites autour de lui "refuse[nt] la volonté [ukrainienne] d'être indépendante" ? Sur le plan stratégique et militaire, oui. Sur les autres plans, je pense que la position de Poutine est plus souple. Je ne vois pas pourquoi elle ne serait pas au moins aussi souple que celle de Staline vis à vis de la Finlande, surtout depuis la résistance farouche ukrainienne de 2022 qui a rapproché le cas ukrainien du cas finlandais. Mearsheimer dit que Poutine n'est pas assez fou pour envisager d'occuper durablement l'Ukraine de l'Ouest. Il l'envisage peut-être à court terme pour faire capituler l'Ukraine et lui dicter ses conditions. Mais je pense que le Diktat en question ne serait pas pire que celui de Staline vis à vis de la Finlande.
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