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CortoMaltese

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Tout ce qui a été posté par CortoMaltese

  1. " 2) j'ai du mal à comprendre le paradoxe entre les efforts faits pour faire adhérer la population à ce "roman national" et le fait qu'on se contente de son apathie. Et puis c'est zapper la question des désertions, de l'émigration... Ca montre que les Russes ne sont pas tellement adhérents au roman ni apathiques, mais que leur pouvoir d'action est très limité en options (Poutine leur ayant totalement retiré celle de pouvoir remettre en cause certaines de ses décisions). " C'est un truc qui m'a longtemps paru contradictoire à moi aussi, mais finalement, il y a une certaine cohérence. Le Kremlin veut un peuple dépolitisé, c'est à dire qui ne s'implique pas activement dans le débat sur la politique de la nation, qui ne forme pas de clubs de débats, de partis politiques, qui ne conteste pas la légitimité du pouvoir. Mais le Kremlin ne veut pas d'une nation désidéologisée, totalement individualiste et indifférente aux grands discours sur la Patrie et sa protection, car sinon elle pourrait quand même finir par être lassée des efforts qu'on lui demande au nom de buts supérieurs, et commencer justement à se repolitiser à cause de ça. Au fond, le Kremlin veut un peuple qui a bien appris le catéchisme néo-nationaliste et néo-impérial de la Russie contemporaine, et qui réagi de manière pavlovienne dès qu'on évoque la Patrie en danger, l'OTAN et les néonazis ukrainiens. Mais de manière un peu lointaine et docile tout de même. C'était déjà ça en URSS finalement : un peuplé dépolitisé mais pas dé-idéologisé. On voulait que le citoyen soviétique soit un bon marxiste, qu'il croit sincèrement que Staline est le petit père du peuple qui va tous les guider vers le paradis terrestre qu'est le socialisme. Mais on ne voulait certainement pas par contre qu'ils deviennent vraiment politisés et que les ouvriers de Moscou se mettent à avoir entre eux des débats passionnés sur la théorie marxiste-léniniste ou sur l'adéquation entre la dialectique marxiste et la politique menée par le Politburo. Pire, l'idéologie justifiait la dépolitisation. En URSS, surtout sous Staline, toute personne exprimant une opinion légèrement différente de la ligne du parti à un instant T se voyait accuser de "déviation gauchiste" ou, à l'inverse, d'être un contre-révolutionnaire. Etre politisé c'était au fond être un ennemi objectif de la Révolution, dont l'accomplissement passait mécaniquement par une dose de coercition. On retrouve un peu la même chose, en moins structuré certes, dans la Russie poutinienne. L'idéologie officielle à laquelle le Kremlin essaye de faire adhérer les russes, c'est une idéologie qui prône l'homme fort (en agitant le repoussoir des années 90) et où l'agitation politique intérieure servirait les intérêts des nombreux ennemis de la Russie (d'où la volonté de faire passer toutes les ONG, et toutes les têtes qui dépassent au sein de la société civile, pour des "agents de l'étranger").
  2. Heu, je sais pas ce qu'a fumé Cooper, dont je trouve le travail plutôt bon. Si les ukrainiens sont vraiment à Krasna Polyana, il semble être la seule personne sur terre à être au courant car personne n'en parle. Au dernières nouvelles, ils étaient au mieux devant Staromlynivka, 25km au nord, à 10km de leur position de départ, et même plus probablement seulement à Makarivka.. que les russes affirment même avoir repris.
  3. Et il ont maintenant confiance dans leur matos, en plus de ça. Franchement faire la guerre dans un truc qui n'attend que de te satelliser à la moindre pénétration, ça doit pas être marrant (à l'échelle de la guerre qui est déjà pas marrante à la base).
  4. Bien sûr, il n'empêche qu'un équipage qui survit, c'est un équipage qui, à condition qu'on lui trouve un autre tank, peut reprendre le combat, avec son expérience, sa formation, ect. Les bons tankistes (ceux avec un sens tactique, une formation à la guerre de mouvement) ne courent sans doute pas les rues dans l'armée ukrainienne, et ça reste une ressource extrêmement précieuse. Tout le monde préférerai que le char ne soit pas out, mais quitte à ce qu'il soit out, il vaut mieux que les types dedans aient une chance raisonnable de s'en tirer, d'un point de vue froid et rationnel.
  5. Des nouvelles de la gueguerre entre le MoD et Wagner. L'un des comptes Telegram principaux de Wagner vient de poster ça (traduction très approximative via Google) : "Il est déjà clair que l'effondrement du front a commencé. Tout le reste n'est que bla bla bla et complaisance. La région de Kharkov se répète. Ensuite, Borya Rozhin a également parlé d'opérations défensives ingénieuses, du fait que les léopards des neiges tenaient bon et que les réserves étaient sur le point de monter. En fait, à cette époque, les troupes de coq, sous la direction du dégénéré Tuvan, s'enfuyaient partout où elles regardaient et jetaient le dernier T90M en bon état. La ligne Surovikin, derrière laquelle les correspondants militaires se cachent maintenant, ce sont les cabines et les pyramides de Kuzmich qui ne peuvent arrêter personne. Dans la région de Belgorod, il y avait aussi la ligne Surovikin, et elle ne pouvait retenir aucun des DRG ennemis." J'invite tout le monde à ne pas surinterpréter la portée du message. Déjà lors de la petite contre-offensive ukrainienne autour de Bakhmout il y a quelques semaines, Wagner et Prigojine lui même abreuvaient leurs réseaux de messages apocalyptiques selon lesquels le front était au bord de l'effondrement à cause de ces incapables de l'armée russe qui ne savent pas se battre et s'enfuient devant leur ombre - contrairement aux vrais gars de Wagner. On sait ce qu'il en a été : quelques kilomètres de progression par endroit, rien de décisif pour l'instant. Mais ça signifie (on le savait déjà mais ça le confirme) qu'on a atteint le stade où Wagner espère presque voir les ukrainiens foutre une branlée à l'Armée russe dans l'oblast de Zaporijia, ce qui en dit quand même beaucoup de l'ambiance en coulisse.
  6. Sur l'ampleur historique des combats ça dépend de quoi on parle. Il ne faut absolument pas imaginer un truc épique à la Koursk avec des milliers de chars se tapant dessus nuit et jour depuis 1 semaine le long d'un front de 150km. Ce sont des allez retours, des assauts, de la taille de la compagnie ou du bataillon sur le prochain village en passant la zone grise. Si ça tape trop fort ou que les champs de mines bloquent la progression, on recule, et on réessaye plus tard et/ou un peu plus loin. C'est ce qu'on voit depuis une semaine, et le densité des forces en présence ne permet pas vraiment plus. Sur l'opsec encore une fois il y a beaucoup de fantasmes. Oui il y a de l'opsec sur le plan, les dépôts, les unités à l'arrière. Mais sur les combats eux mêmes pas tant que ça, et pour cause : les deux ennemis sont au courant d'où ils se battent et il n'y a rien à cacher de particulier à ce niveau. Donc on a une vision assez claire des combats et de l'avancée ou pas des troupes, avec un retard de quelques heures et une incertitude de quelques centaines de mètres la plupart du temps. Évidemment quand la situation est fluide (village contesté), le temps que l'information parvienne, la situation a pu évoluer. Mais en gros il n'y a pas de percées cachées ou je ne sais pas quoi, on a une vision assez fiable et précise d'où se situe la ligne de front. Pour la corruption russe, il ne faut pas abuser non plus. Oui l'armée russe est notoirement corrompu, oui il y a eu, et il doit y avoir encore ici et là, des gabegies. Mais 18 mois de guerre ça épure aussi pas mal, d'un coup tout le monde est plus regardant et, en ce qui concerne les fortifications, tout le monde s'accorde à dire qu'elles sont globalement bonnes. J'ai souvenir d'un volontaire russe assez objectif militairement parlant (un mec du bataillon néo nazi russe dont j'ai perdu le nom, je crois) qui avait visité pas mal de positions. Son impression générale était que tout n'était pas parfait, il évoquait des tranchées souvent trop droites et n'exploitant pas de manière optimale le relief notamment, mais l'ensemble se tenait et avait été pensé avec bon sens. Conjugué aux champs de mines, ça reste redoutable. En face c'est pas l'US army non plus. D'ailleurs, les positions ukrainiennes dans le Donbass, surtout celles réaménagées après le début de la guerre dans l'urgence, n'envoient pas du rêve non plus. Et pourtant elles ont bien résistés. Vues les limites tactiques des deux camps, de l'infanterie légère richement dotée en ATGM dans des réseaux de tranchés et protégés derrière des champs de mine, c'est une noix difficile à casser.
  7. Le fameux opsec ukrainien ... L'opsec a bon dos, il constitue surtout une bonne excuse pour ne rien dire quand ça ne se passe pas très bien. Bizarrement, dès qu'on a eu la confirmation de trois villages libérés, on a eu des photos des troupes ukrainiennes prenant la pose, avec même la vice-ministre de la défense qui a confirmé nominalement le nom des patelins de 150 habitants repris aux russes. Pour le reste : la motivation oui c'est important, j'en convient, malheureusement le déminage via la force de la volonté ça ne fonctionne pas très bien, une bonne douzaine de Bradley pouvant en témoigner. Sur la taille de l'économie russe : c'est à nuancer. En PPA on se rapproche de l'Allemagne, et avec une mobilisation, un gouvernement qui a les latitudes pour flécher le budget vers l'armée plutôt que les pensions sans se manger une révolution et des stocks de matos pléthoriques, on peut faire beaucoup de choses, l'Ukraine, encore incomparablement plus pauvre en étant la preuve. D'ailleurs le soutien économique occidental, pour essentiel qu'il soit, n'est pas enorme. On est en dessous de 200 milliard, soit moins de 10% du PIB russe, en comparaison.
  8. Heu le gars ne semble pas du tout pro russe, ça semble être un pro ukrainien très très assumé vu le ton de l'article et le reste de ses articles de blog. Où alors c'est un russe en pleine décompensation psychique à la Girkin qui en est venu à éprouver un délire presque masochiste en voyant son armée faire n'importe quoi depuis 18 mois.
  9. A première vue j'aurai tendance à être très dubitatif sur ces chiffres, qui me semblent énorme. Sur les effectifs déjà, en ce qui concerne l'Ukraine, ça donnerai + de 30 brigades à effectifs complets (ce qui est rare). On est sur la limite très haute de ce que l'orbat ukrainien permet, et avec dans doute beaucoup d'unités territoriales au potentiel offensif limité. Sur les pertes ensuite, qui me semblent énormes, des deux côtés. Honnêtement, et je suis pourtant des chaînes Telegram des deux camps qui ne se privent pas de partager les cadavres d'en face, je n'ai pas vu tant de KIA/WIA. Certes, ça peut être beaucoup d'artillerie au loin à 10km du premier soldat ennemi, mais même là, avec tout ce qui vole comme capteur, si on avait des concentrations d'infanterie déchiquetées à la pelle, on finirait par en voir un certain nombre en vidéo. Surtout que les russes sont censés être plutot retranché et qu'on a pu constater dans le Donbass que même un déluge de feu ne permet pas d'hanihiler à lui seul une défense bien fortifiée. D'ailleurs l'une des seules choses qui me console un peu dans l'orgie de matos occidental perdu c'est que les M2/Leo2 semblent avoir fait leur boulot et sauvés des équipages qui seraient probablement morts s'ils avaient été dans des BMP et des T-64. Mais bref toujours est il qu'on aurait déjà 8 500 KIA en 5 jours que personne n'a vu. Ça signifierai aussi, si on prend le chiffre de 45 000 KIA russes depuis le début de la guerre, qui me semble être une estimation médiane, que + de 10% de tous les morts russes de la guerre l'auraient été ces 5 derniers jours vers Zaporijjia ... Ca me semble très douteux honnêtement. Bref, je sais pas mais intuitivement les ordres de grandeur ne semblent pas correspondre à l'image que je me fait des combats actuellement, mais c'est peut être cette image qui est totalement à la ramasse, j'en convient. édit : J'ai lu tout l'article, pour moi le gars vit son meilleur rêve humide et en a laissé un peu sur le clavier en écrivant. Les cartes sont encore plus optimistes que celles les pro-ukrainiens les plus biaisés sur twitter, son blog semble être une collection de "pourquoi l'armée du Luxembourg pourrait battre l'armée russe". J'aimerai que ce qu'il raconte soit vrai mais je n'y crois pas un seul instant.
  10. J'ai un peu de mal avec lui, assez imbuvable en commentaire, souvent à reprendre des rumeurs non confirmées et à te répondre "ta gueule j'ai mes infos" pour le justifier quand tu lui demandes une source, avant que ladite rumeur se révèle parfois fausse. Bravo pour ses cartes et le temps qu'il y passe, mais le mec est particulier.
  11. On est complètement HS mais admettons. Si j'en crois Wikipédia, un "écocide" renvoi à "la destruction ou l'endommagement irrémédiable d'un écosystème par un facteur anthropique". Un écosystème étant, toujours selon Wikipédia, "un ensemble formé par une communauté d'êtres vivants en interaction (biocénose) avec leur environnement (biotope)." Si on suit ces définitions, qui me semblent relativement consensuelles, on a bien un facteur anthropique (la destruction du barrage) qui a causé des dommages irrémédiables (car il ne sera plus jamais le même) à un écosystème (le delta du Dniepr). On ne parle nul part de l'artificialité éventuelle de la création dudit écosystème.
  12. Je te rejoins sauf pour le "pays tiers", tu penses à qui ? Car je ne vois rien qui ne me vienne en tête. La Moldavie ? Avec quoi ? Les USA ? en pénétrant dans l'espace aérien ukrainien ? Et pourquoi faire ?
  13. Un écocide vient de l'action brutale sur l'environnement. Je suis tout à fait d'accord pour dire que sa construction peut être considéré comme un écocide, mais sa destruction l'est aussi. Car en 70 ans, un écosystème s'adapte et se reconstruit, et il semble que le delta du Dniepr était une importante réserve de biodiversité. Et quand tu détruis un barrage (à supposer que ça soit volontaire) en déversant soudainement des millions de tonnes d'eau sur un écosystème qui s'était recrée, tu le détruit à nouveau, et tu commets donc un nouvel écocide. Honnêtement, je pense que ce n'est pas le plus grave dans cet histoire. C'est peut être mon affreux spécisme qui parle, mais les conséquences humanitaires et économiques (notamment sur l'agriculture) m'émeuvent beaucoup plus que deux espèces de loutres endémiques qui vivent un sale quart d'heure (même si l'image d'animaux morts du fait de la connerie des hommes m'émeut aussi, évidemment). Je ne vois pas très bien l'intérêt de nier l'impact écologique évident d'une telle catastrophe. Ca reviendrait à dire qu'un incendie majeur d'une forêt artificielle ne serait pas une catastrophe écologique sous prétexte que cette forêt aurait remplacé une forêt primaire sous l'action de l'homme.
  14. Et le peu d'armées qui en ont assez, en fait la seule, l'US Army, compte bien être capable de continuer à faire la guerre dans un futur proche et ne va pas se déplumer d'une capacité aussi critique.
  15. Allez, pour penser contre moi même, un dialogue intéressant entre deux membres des forces armées Ukrainiennes pour qui j'ai beaucoup de respect qui sont présents sur Twitter et pas vraiment connus pour leur tendresse envers le haut commandement UA (les deux considèrent plus ou moins Syrski, le commandant des forces terrestres UA, comme un incapable à qui on ne devrait même pas confier un bataillon), et qui, d'après ce qu'ils en savent, sont raisonnablement optimiste sur ce qui se déroule. @Tatarigami_UA Drawing conclusions solely from a few images and videos from the russian side doesn't provide the understanding of the situation. While I don't have all the details, I do have more knowledge than a few Twitter videos. I would advise to wait before jumping into conclusions. @Tatarigami_UA You know that I have being criticizing our approaches, especially our command, Syrski and soviet mindset for very long time. In fact, many people unfollowed and blocked me for that. I am just asking public to wait for more data (that I know) before running into conclusions @ekat_kittycat I have the same criticism, and I think certain things are lacking (training of officers, overly optimistic loss projections during planning, and idiotic decisions like giving all new equipment to inexperienced new brigades). Overall, situation is looking better each hr, however
  16. Voilà mon avis un peu plus structuré : Les premiers jours catastrophiques de la contre-offensive, et le niveau de perte ahurissant subit par les Ukrainiens, le plus souvent de manière stupide, montrent sans contestation possible qu’en l’état les forces armées ukrainiennes ne sont pas aptes à mener une guerre offensive interarme efficace capable de forcer un front fortifié et correctement défendu. Cette offensive doit s’arrêter le plus tôt possible, toute journée supplémentaire à envoyer des colonnes de Bradley et de Léopard se faire tirer au pigeon par l’artillerie, les drones, les Hélicos ou se perde dans les champs de mine est un gaspillage obscène de ressources matérielles et humaines que l’Ukraine n’a pas le luxe de se permettre. Cette incapacité découle de deux problèmes principaux : 1) Un manque de certains matériels spécifiques, au premier rang desquels la défense antiaérienne courte portée contre les menaces des munitions rodeuses, de matériel de déminage, d’une force aérienne capable de contester le ciel, de capacités de frappe dans la profondeur (au-delà des HIMARS et d’une poignée de SCALP) 2) Du mauvais niveau tactique des officiers, du manque de sous-officier et plus globalement d’une mauvaise doctrine. Si l’occident n’est pas prêt à redoubler d’efforts, notamment financier, il doit acter que l’Ukraine ne sera pas en mesure de récupérer le gros de son territoire actuellement sous occupation russe, et convaincre le pays, aussi dur que cela soit, d’adopter une attitude défensive, visant à parer les offensives russes qui arriveront mécaniquement un jour ou l’autre, avec une structure de force adaptée à cet objectif unique. Si en revanche il souhaite voir l’Ukraine gagner, il va falloir immédiatement commencer à augmenter l’effort de soutien militaire, et à le structurer efficacement, pour faire naître rien de moins qu’une nouvelle armée ukrainienne. Cela impliquerait notamment : 1) Une augmentation massive du soutien matériel, en quantité et en diversité. L’Ukraine a probablement besoin d’une centaine de MBT, de 50 pièces d’artillerie et de 200-300 IFV/APC PAR MOIS. Elle doit aussi bénéficier de suffisamment de munition. Il faut que l’Ukraine puisse tirer de manière régulière 10 000 obus de 155/152/122/105 par jour, avec des pointes beaucoup plus hautes lors d’offensives. Elle doit surtout combler les lacunes importantes dans certains matériels critiques : La Défense antiaérienne, sur tous les spectres, notamment le SHORAD pour protéger les pointes blindées et les zones de concentrations des munitions rodeuses. Le matériel de déminage, afin d’ouvrir les itinéraires rapidement, sur des axes larges, et sans avoir à entasser des dizaines de blindés à la file indienne derrière un unique véhicule. Une armée de l’air pérenne (Peut-être 80-120 chasseurs modernes) pour être capable de contester le ciel au moins localement. Des capacités de frappe en profondeur plus nombreuses en quantité, et avec plus d’élongation. Les roquettes d’HIMARS qui portent à 70km et une poignée de SCALP ne suffiront pas. 2) Proposer une vraie formation cohérente, uniformisée, de niveau brigade voir supérieur, assurée par les forces de l’OTAN. Chaque brigade ukrainienne ayant une vocation offensive devrait passer 4 à 6 mois à subir un entraînement intensif à la manœuvre interarme, aussi bien pour le soldat de base que pour les officiers. 3) Créer une filière de sous-officiers aux normes OTAN pour l’Ukraine 4) Créer des brigades de soutien et de logistique à la norme OTAN. Le système D et la démerde caractéristiques de la logistique ukrainienne ne sont pas tenable dans un environnement offensif de haute intensité. 5) Pour chapeauter tout ça, un centre de doctrine mélangeant officier de l’OTAN et ukrainiens afin que la formation proposée soit cohérente avec les nouveautés introduites par cette guerre, et adaptées aux limites résiduelles qui demeureront nombreuses au sein des forces ukrainiennes par rapport à une armée comme celle des Etats-Unis. EDIT : 6) Une formation initiale pour toutes les recrues ukrainiennes, d'une durée d'au moins deux mois, centrée sur l'acquisition des savoirs fondamentaux, afin d'assurer un niveau minimal et cohérent avant l'entraînement organique en brigade. Reformer au cas par cas les soldats déjà incorporés (notamment les mobilisés et les unités territoriales) pour les porter à un niveau correcte avant même de songer à former leur brigade. EDIT : 7) Un pôle en innovation reliée à l'industrie Européenne et US pour tout ce qui est drone. On arrête les DJI bricolées dans des caves pour emporter trois grenades, et on dote l'Ukraine de dizaines de milliers de drones de tout type, avec une boucle production - RETEX - Amélioration la plus rapide possible. Penser aussi au développement de drones terrestres, en exploitant les dernières percées dans l'automatisation et l'IA et ce qu'offre sur étagère l'industrie civile.
  17. Ce n'est pas comme si les 6 derniers mois avaient été un long fleuve tranquille non plus. Les ukrainiens perdent des dizaines de véhicules tous les jours en ne faisant rien de particulier. Je crois que beaucoup se fourvoient sur les réserves ukrainiennes imaginant qu'ils peuvent se permettre de perdre 10 bradley et 5 léo par jour pendant 2 semaines le temps de trouver la faille. Q Quand tu as moins de matos de l'ennemi, et aucune perspective sérieuse dans avoir plus que lui un jour, tu dois te concentrer sur des opérations où tu sais que tu peux imposer un ratio de perte à l'ennemi. C'était déjà douteux à Bakhmout, c'est clairement l'inverse là. L'obsession ukrainienne pour le territoire me semble décorrélé du rapport de force réel qui imposerai plutôt à l'Ukraine de faire saigner la Russie coûte que coûte, quitte à perdre 500km² de territoire par mois. Pour moi ils font cette guerre à l'envers depuis 8 mois. C'est un peu le défaut de tous les pays qui se battent sur leur sol. Je ne les blâme pas, on a fait un peu pareil en France en 14-18, Goya en parle très bien. Mais vu de loin, et n'ayant personnellement, dans l'absolu, pas grand chose à foutre de savoir qui contrôle x village vidé de ses habitants dans le Donbass, je pense que les Ukrainiens gagneraient beaucoup à revenir à une stratégie semi-asymétrique, en n'employant leur force blindée qu'en réaction dans des coups tactiques exploitant l'offensive adverse (c'est un peu la non-bataille de Brossolet). Là, ils se prennent pour les américains dans Tempête du Désert sans le matos, ni la supériorité aérienne, ni le savoir faire tactique pour, et contre un adversaire mieux préparé que les divisions de Saddam.
  18. Moi. C'est ce que je perçoit du contexte médiatique actuel et de l'état des opinions occidentales : oui pour soutenir l'Ukraine tant que ça coûte pas grand chose et qu'on écoule nos stocks, mais on va pas passer en économie de guerre et investir 2% de notre PIB pour que les ukrainiens puissent mettre leur drapeau sur la mairie de Tomak, Svatove, ou autres villes exotiques dont personne ne connaissait l'existence il y a 10 mois. J'entends beaucoup de "oui, c'est la guerre, ce sera une opération longue, qui durera plusieurs semaines", et on est tous d'accord. Sauf, qu'à ce rythme, les ukrainiens n'auront ni les chars ni les munitions ni rien pour avancer. Vu les réserves ukrainiennes, ça devait être un one shot, rapide et sans trop de casse. Ce n'est pas ce qu'on voit (et je le redoutais), et je ne vois pas dans quel monde les ukrainiens peuvent subir ce genre de niveau de perte pendant plus de quelques jours.
  19. En gros : On a aucune avancée majeure depuis hier en dépits d'attaques lourdes qui ne sont clairement plus de la simple reconnaissance en force, du précieux équipement occidental que les ukrainiens ont du mendier 6 mois pour les obtenir en quantités homéopathiques détruits par pack de 5 au milieu des champs de mine, des stocks de munitions dont rien ne prouvent qu'ils soient sensiblement en meilleur état qu'à l'hiver. A ce rythme là, l'Ukraine aura perdu une bonne part de son équipement occidental avant même d'avoir atteint le moindre objectif (je ne parle même pas de Tomak). Le tout, dans une contre-offensive qui a été tellement criée, attendue, désirée, montée en épingle qu'un échec serait une catastrophe pour le soutien allié à l'Ukraine, accélérant sans doute dans l'esprit des décideurs occidentaux que l'Ukraine ne pourra pas reprendre son territoire sans consentir à des efforts que ni eux ni leurs populations ne sont prêts à consentir. Quitte à ce que cette contre-offensive qui ne me disait rien aient lieu, j'avais au moins l'espoir de voir l'Ukraine innover : essaims de drones, phase de modelage très active, ect. Au lieu de ça on a de bonnes vieilles colonnes de blindées entassées à la queue leuleuh derrière un véhicule de déminage se faisant pulvériser par l'artillerie et les ATGM au milieu de la pampa, rappelant les pires assauts russes ratés contre Vuhledar.
  20. La catastrophe continue. https://twitter.com/BarracudaVol1/status/1667154618617298945
  21. L'Ukraine aurait récupéré l'un des Léo 2A4 endommagés. Dur de dire s'il fait parti de ceux qu'on a vu en vidéo où si c'est une autre perte non encore documentée.
  22. Maïdan est le fruit des pressions, tout à fait documentées, exercées par le Kremlin pour obliger Ianoukovitch à renoncer à un accord qui allait être signé la semaine d'après, au grand désarroi d'une partie des Ukrainiens. Tu vois, on peut faire pareil, isoler un élément de la chaîne (qui implique le camps qu'on aime pas), et dire que c'est l'explication causale ultime du processus. A vrai dire, je ne pense pas non plus que l'explication que je viens de fournir est vraie, elle n'est au mieux que l'une des péripéties qui ont mené à Maïdan. L'accord de libre échange de menait pas mécaniquement aux pressions russes, et ces dernières ne menaient pas mécaniquement à la révolution, tout comme cette dernière ne menait pas mécaniquement à la guerre d'Ukraine. On est en pleine téléologie qui nie totalement la complexité des faits et qui cherche une intention cachée derrière un processus essentiellement chaotique.
  23. Ah donc on passe déjà d'une invasion à un "affaiblissement", à partir d'une citation datant d'après le déclanchement de la guerre. Et la culture à ses limites. Sauf à penser que nous vivons dans un monde magique où la pensée crée la matière, il existe, dans notre terne univers composés d'atomes, des faits objectivement vrais et objectivement faux. En l'occurrence, le bouquin de Menic montre que les russes ont raisonné depuis 30 ans (en fait depuis plus longtemps) à partir de faits objectivement faux. Si tu penses que la CIA possède des technologies secrètes de contrôle mental, ce n'est pas un point de vue culturel, c'est une croyance objectivement fausse. Quand on pense que Maïdan est principalement le fait de forces occultes venues de l'extérieur et pas d'une dynamique interne propre à l'Ukraine, c'est la même chose (et je t'arrête tout de suite, je tiens le même discours sur le volet anti-maïdan. Non pas que la Russie n'y ai été pour rien, mais prétendre que les troubles dans le Donbass ne sont QUE le fait de la Russie et pas du tout du fait du mécontentement sincère de la population locale contre Maïdan me semble tout aussi faux). Globalement c'est une vision du monde fausse car elle sous-estime gravement l'agentivité des acteurs locaux, comme si faire prendre les armes à une population était un truc trivial que n'importe quel gouvernement étranger peut accomplir avec un peu de pognons et quelques médias complaisants. Et pour le qualificatif de thuriféraire, désolé mais lorsqu'on s'emploi, contre toutes les évidences, à tenter de trouver des justifications cohérentes à une politique précisément menée, comme le montre Menic, sur des présupposés faux, on essaye quelque part de blanchir ladite politique, à faire dire qu'au final, la réaction russe est bien compréhensible de bonne fois et qu'on aurait au fond tous réagis pareil à leur place. Une étude serrée et dépassionnée des agissements russes revient précisément à comprendre comment un pays avec un immense potentiel économique (que l'Occident était d'ailleurs ravis de développer dans son intérêt bien compris) s'en est mis à se persuader que le monde entier lui en voulait et qu'il faisait face à une menace existentielle. Et, quand on étudie un peu l'histoire de la Russie, on constate que ces reflexes culturels remontent à loin, au moins au XVIIe siècle, et que l'idéologie communiste du XXe siècle qui voyait des complots et des ennemis partout, n'a fait que rajouter une couche de paranoïa sur l'ensemble. Si on se concentre précisément sur Maïdan, puisque tu sembles tout comme les russes persuadé qu'elles n'est que le fruit artificiel d'un complot américain, ça signifierai que les Etats-Unis, qui ont échoué sur toute la ligne à créer un début d'Etat stable en Irak malgré 8 ans de présence, 150 000 hommes sur place et des centaines de milliards injectés, auraient soudainement trouvé la martingale pour provoquer des révolutions sorties de nulle part avec 3 ONG et les journalistes de RadioFreeEurope. Il me semble qu'une vision beaucoup plus réaliste du processus revient à considérer que Maïdan, comme la révolution orange, reflète avant tout les tensions INTERNES de la société ukrainienne, tiraillée depuis l'indépendance entre l'Europe et le Monde russe, entre une population de l'est russophone plutôt attirée par le second et une population de l'ouest ukrainophone plutôt partisane de la première. Et que dans ce grand schéma, la tournure insurrectionnelle que prirent les manifestations de 2013 s'expliquent bien plus par des facteurs locaux et conjoncturelles (la répression féroce de la police décidée par Ianoukovitch au premier rang) que par une quelconque intervention extérieure occulte et secrète. Hormis la visite sur place de responsables américains venus rencontrer les manifestants et le travail diplomatique, tout à fait légitime et documenté, mené par les USA (tout comme la Russie et les Européens) pour trouver une sortie de crise conformes à leur intérêt, je n'ai jamais vu passer aucune preuve convaincante d'une implication des Etats-Unis.
  24. Pauvre petite Russie, au territoire minuscule et sans accès à la mer, menacée d'invasion de toute part. Le raisonnement est totalement à la ramasse sur le tous les points. Personne n'a jamais eu de revendications territoriales sérieuses sur un quelconque territoire russe depuis 80 ans. Le pays dispose de l'arme nucléaire, jouie de ressources naturelles immenses, de débouchés commerciaux vers tous les pays du tiers-monde, dont la Chine. Il jouit d'une population relativement éduquée (il a fréquemment été ces 30 dernières années le pays sortant le plus d'ingénieurs par an). Bref, la Russie du début des années 2000 avait de l'or dans les mains. Mais on va essayer de nous faire croire que la seule trajectoire possible pour ce pays était de se transformer en dystopie militariste et d'aller envoyer sa jeunesse se faire massacrer dans la banlieue de Kiev et de Kharkiv pour conquérir des territoires où vivent des gens qui ne veulent pas d'eux dans leur immense majorité. Et le truc est tellement indéfendable, que pour le sauver, ses thuriféraires en sont contraints à chercher des comparaisons douteuses avec la situation d'un pays enclavé d'Amérique du Sud au XIXe siècle confronté à des revendications territoriales très concrètes pour le coup de voisins beaucoup plus grands et peuplés, tout en sachant que même la politique de Lopez, pour le peu que j'en sais, me semble très loin d'être au dessus de tout soupçon. Prétendre que Poutine n'aurait fait "qu'accélérer" l'histoire, comme si l'OTAN allait envahir le pays, ça me rappelle un peu les justifications de certains nostalgiques du 3e Reich qui prétendent encore contre toutes les évidences que Hitler n'aurait fait que devancer une attaque soviétique, qui n'a jamais existé ailleurs que dans leur imagination fertile. Ce n'est pas rendre service à la Russie que de prétendre que la paranoïa géopolitique de ses dirigeants, qui est l'une des causes centrales des malheurs de son peuple depuis au moins l'époque Tsariste, aurait un quelconque rapport avec la réalité complexe du monde. Il faut lire Menic et son excellent "Pensée et culture stratégiques russes" pour comprendre à quel point militaires, services de sécurité et dirigeants russes vivent dans un univers parallèle, où l'idée que les USA disposeraient de technologies cachées capables de reprogrammer le cerveau des gens est considéré comme une banalité qui ne mérite même plus d'être discutée.
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