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Messages posté(e)s par CortoMaltese
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il y a 8 minutes, metkow a dit :Je ne fais pas confiance a ce genre de calcul, cela prend en compte trop de suppositions :
- Que tout les morts recoivent un avis de déces
- Que tout le monde utilise les réseaux sociaux
- Que tout les morts sont vraiment répertorié (a partir de combien de temps un disparu devient un mort?, il me semble que pour la plupart d'entre eux ils restent a ce statut depuis le début de la guerre)
- et surtout on ne connait pas la proportion de mort/disparu actuelement
Le seule chose qu'on peut dire et que les pertes sont très lourdes pour les deux camps, comme le montre les efforts de mobilisation des deux côtés, il faudra attendre la fin de la guerre pour pouvoir sortir des chiffres
Évidemment, tous les morts ne sont pas comptés, il y a forcément des morts qui passent entre les gouttes. Et bien sûr, ma simple multiplication ne peut prendre en compte le différentiel de mobilisation/volontariat entre les oblasts, le cas des territoires envahis dans les premiers jours de la guerre,etc. Mais le fait que deux sources différentes parviennent à des chiffres très similaires dans des oblasts différents me laisse à penser qu'il y a quelque chose de robuste derrière ces chiffres. Surtout, c'est le seul comptage sur une base factuelle que l'on ait. Le reste c'est des estimations fournies selon des méthodologies totalement inconnues. La même chose s'applique d'ailleurs à la Russie, dont je continue de penser que la plupart des commentateurs surestiment les pertes ('entend encore souvent des gens sensés être sérieux évoquer des bilans à + de 300 000 morts totalement fantaisistes).
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L'article le plus intéressant que j'ai lu à ce jour sur les pertes ukrainiennes, et c'est un média français, en l'occurrence la Croix. Je vous passe les détails mais des groupes d'Ukrainiens comptent les morts dans leur oblasts via les avis de décès et les publications sur les réseaux sociaux. D'après l'article, et sous réserve que le décompte soit fiable (les volontaires affirment que globalement les morts ne sont pas cachées et qu'il n'existe pas de pression particulière du gouvernement pour faire disparaître/retarder les avis de décès), on aurait donc, à date d'il y a quelques semaines :
Oblast de Poltava (pop 2021 : 1 371 000) : 1783 tués soit 1,3 mort pour 1000 habitants
Oblast de Vinnytisa (pop 2021 : 1 529 000) : 2225 tués soit 1,4 morts pour 1000 habitants
Il existe peut être des disparités plus marquées dans certains oblasts, mais en retenant un chiffre de 1,5 mort / 1000 hab et en l'appliquant à la population ukrainienne d'avant guerre, on aurait un chiffre de 61 000 morts, à quoi il faut évidemment ajouter les disparus, (peut être 20 000 ?). L'ordre de grandeur me semble crédible.
RévélationLa Croix
En Ukraine, le difficile décompte des morts
Fabrice Deprez
Le chiffre officiel des pertes militaires ukrainiennes reste, après presque deux ans de guerre, un secret d’État.
Un silence de plus en plus difficile à tenir, alors que la guerre touche tout le pays.
Poltava (est de l’Ukraine)
De notre envoyé spécial
La photo d’Oleksandr Khlistoun est apparue le 5 février sur le site Internet de Poltavchyna, petit média régional de l’est de l’Ukraine. Portrait grisâtre d’un homme mal à l’aise dans sa polaire couleur camouflage, au regard triste cerclé de rides qui tombent comme des larmes le long de ses joues. Une photo et un nom, publié dans la 66e édition d’un article dans lequel Poltavchyna dresse, chaque semaine, la liste des soldats ukrainiens originaires de la région de Poltava tués dans la guerre contre la Russie. Chaque lundi depuis un an et demi, un même titre où ne change que le chiffre : « Durant la dernière semaine, la mort de 24 défenseurs provenant de la région de Poltava a été annoncée. » Les visages des morts de la guerre sont, en Ukraine, partout. À la télévision et sur les réseaux sociaux, où les pages Facebook des conseils municipaux sont bien souvent les premiers à annoncer au public la mort d’un enfant du pays. Sur des affiches collées aux murs ou sur des panneaux érigés dans les centres-villes.
Les morts se comptent enfin dans les cimetières, où s’allonge une litanie de carrés militaires. Omniprésentes, les pertes humaines de la guerre sont dispersées en une interminable succession de nécrologies individuelles alors que, à quelques jours du deuxième anniversaire de l’invasion russe, le 24 février prochain, leur décompte chiffré reste un secret d’État. Seuls une poignée de médias ukrainiens réalisent, comme Poltavchyna, un travail de recensement périodique. « On n’a pas d’ennuis avec les autorités », s’empresse de préciser Viktor Tkatchenko, journaliste de Poltavchyna en charge du projet. « La mort d’une personne individuelle n’est pas un secret, seul le chiffre global l’est. » En scrutant près de 200 pages Facebook des quelque 60 communautés de communes de la région, en se plongeant dans les registres judiciaires et les annonces de décorations attribuées à titre posthume, cet ancien mathématicien de 33 ans ne fait après tout que compiler des informations déjà publiées par des sources officielles. Mais le travail n’est pas à la portée de n’importe quel média, et le sujet reste sensible et difficile à aborder. Les non-dits dominent parfois les nécrologies officielles : absence ponctuelle du nom de l’unité par crainte d’offrir des informations à l’armée russe, omission gênée de la date de mobilisation d’un soldat lorsque celle-ci est trop proche de sa mort, silence inévitable lorsqu’un soldat est porté disparu… Les médias aussi hésitent : à Vinnytsia, dans le centre du pays, la branche locale de la télévision publique Suspilne est un autre rare exemple de média réalisant ce recensement. En plus des noms et biographies, Suspilne indique chaque mois le nombre total de soldats originaires de la région tués depuis février 2022 : 2 225 au dernier décompte. Un chiffre que Viktor Tkatchenko n’inclut pas dans ses articles hebdomadaires. « Je ne sais pas exactement pourquoi… c’est peut-être de l’auto-censure », admet-il.
Après deux ans de guerre, le silence officiel sur les pertes de l’armée ukrainienne pèse de plus en plus face à l’incertitude grandissante. Le sujet a, au mois de janvier, servi de prétexte à des passes d’armes politiciennes lorsque Iouri Loutsenko, soutien de l’ancien président Petro Porochenko et farouche opposant de Volodymyr Zelensky, a enjoint au pouvoir de rendre public le chiffre des pertes, présenté comme catastrophique. Une proposition soutenue en réponse par David Arakhamia, chef du parti présidentiel et proche de Volodymyr Zelensky, assurant que le nombre total de soldats ukrainiens tués est « bien inférieur à 100 000 ».
À Poltava, le nez plongé dans un fichier Excel où défilent les noms de 1 783 soldats de la région tués depuis février 2022, Viktor Tkatchenko hésite : « Le problème, c’est que l’absence de données officielles laisse le champ libre à la spéculation et à la manipulation de la part de l’ennemi. » Invariablement, semaine après semaine, le décompte macabre de Poltavchyna « prend le pouls de la guerre » , note-t-il. Les pertes augmentent brusquement à plus de 100 par mois début 2023, au plus fort de la bataille de Bakhmout. Puis elles chutent de manière d’abord inexpliquée au mois de juin suivant, lorsque l’armée ukrainienne marque une pause juste avant le lancement de son offensive estivale.
L’âge des soldats tués s’avance peu à peu dans le temps : dans la nécrologie du 5 février, Oleksandr Khlistoun fait ainsi partie de six hommes sur 22 à avoir dépassé l’âge de 50 ans. Mobilisé au mois de septembre dans son village de Sourokhabivka, le mécanicien avait murmuré à sa sœur, sa seule famille depuis la mort de leurs parents trente ans plus tôt, qu’il ne pensait pas revenir en vie.
Les nécrologies racontent aussi une guerre qui s’immisce partout, et touche en particulier les campagnes : à deux heures de Poltava, Sourokhabivka est un tranquille village de paysans et de retraités encerclé par les méandres marécageux de la rivière Psel. Sur près de 1 000 habitants, une trentaine d’hommes a déjà été enrôlée depuis le début de l’invasion russe. « Certains ont déjà une expérience militaire, d’autres non… Oleksandr Khlistoun avait servi dans l’armée soviétique en 1986, deux ans en Allemagne », se rappelle Volodymyr Havrilenko, déjà chef du village à l’époque soviétique. La nouvelle de sa mort est tombée trois jours après, le 24 janvier. Deux agents du commissariat militaire, la même institution qui avait, cinq mois plus tôt, envoyé Oleksandr Khlistoun au front, se sont présentés devant la mairie décrépite du village. Volodymyr Havrilenko a enfilé sa casquette en simili cuir noir avant de guider les deux militaires le long de la rue principale.
Valentyna Khlistouna a immédiatement compris, en le voyant pousser son épais portail, flanqué de deux uniformes, l’un tenant dans sa main une trousse médicale. Il a tout de même fallu prononcer les mots : « Valentyna, ton frère est mort. » Deuxième homme du village tué dans la guerre, Oleksandr Khlistoun a été enterré le mardi suivant. Sur le chemin boueux menant au cimetière, les roses jetées au passage de la procession funéraire n’avaient, deux jours avant que son nom n’apparaisse dans l’article de Poltavchyna, pas encore été flétries. À Soukhorabivka, où deux autres soldats du village sont portés disparus, et ailleurs en Ukraine, la scène se répétera à nouveau demain, et le jour d’après.
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il y a une heure, penaratahiti a dit :
Pour Gerasimov, on n'a pas la date de la prise de vue donc ça n'a pas de valeur (comme les affirmations qu'il est mort tant qu'on n'a pas de preuve d'ailleurs).
Honnêtement s'il était mort on le saurait. Les NAFO nous ont déjà fait le coup trente fois avec lui et Choigou. peut être est il en légère disgrâce, peut être à t il un pépin de santé, mais il n'est certainement pas mort.
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Article très intéressant du Guardian sur les collaborateurs ukrainiens actuellement en prison. Les profils et les actes reprochés sont variés : quelques pro-russes convaincus ayant révélés des positions de soldats ukrainiens, des femmes désespérées ayant aidé à tenir un stand lors du référendum d'annexion dans la région de Kherson, etc.
Ils sont un peu plus de 8000 en tout à avoir été condamnés depuis le début de l'invasion, souvent à des peines lourdes, détenus dans des prisons séparées des autres prisonniers. Certains ont subis des abus de la part des autres détenus de droit commun lorsqu'ils étaient en détention provisoire. Aujourd'hui, confrontés à un énorme stigmate social dans une société en guerre, certains demandent à être échangés pour vivre en Russie, quand d'autres souhaitent purger leur peine et faire amende honorable. Mais la Russie semble de toute façon peu intéressée par leur cas pour le moment.
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Les 4 pays nordiques, Danemark, Suède, Norvège et Finlande, viennent de signer une déclaration d'intention en vue d'une intégration très poussée de leurs forces aériennes.
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il y a 6 minutes, g4lly a dit :Ca s'appelle un "ballon d'essai" ... on teste ou prépare l'opinion.
Il faudrait deja determiner si cette histoire a le moindre fond de vérité. À priori, si c'était un ballon d'essai, on le lirait dans la presse occidentale, pas chez RIA Novosti.
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Bonjour
dans Presentez vous
Bienvenu !
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il y a 10 minutes, Wallaby a dit :
Je trouve parfaitement légitime de discuter et de contester ce que j'ai dit sur "surinterpréter comme des initiatives, des politiques qui ne sont que réactives".
À la relecture, j'ai l'impression que le "ne... que" donne à ma phrase une tournure un peu intolérante au sens de "c'est ça et rien d'autre", alors mon intention était juste de dire qu'une réaction, c'est moins (moins quoi ???) qu'une initiative (*). Donc j'aurais mieux fait d'écrire "tout au plus réactives" ou si ç'avait été en anglais "merely reactions" (à contraster avec "only reactions"). Le point étant que quand on réagit, on a moins de temps, on réfléchit moins, on bricole plus, on improvise, on pare au plus pressé, alors que quand on prend une initiative on a but plus clair, on sait mieux où on veut aller, on calcule plus le coût et les moyens à mettre en oeuvre etc...
Donc je ne m'accroche pas comme une huitre à son rocher à ce "ne que", et je suis tout à fait ouvert aux propositions du type "il y a une part de réaction, mais il y a autre chose" : une part d'idéologie, de structure mentale ou de logiciel mental préinstallé qui conditionne cette réaction ?
J'ai peur, à te lire, que ce soit commettre un crime de la pensée orwellien que "d'épouser totalement les vues de Poutine", et que Paul Pillar ait commis un tel crime en disant qu'on a exagéré à l'époque les intentions des Soviétiques en Afghanistan en suggérant qu'ils étaient en train de mettre en œuvre un plan pour mettre la main sur l'Océan Indien, car cela reviendrait à "épouser totalement les vues de Léonid Brejnev". S'interdire de penser une chose parce que Big Brother l'interdit, ça ne rend pas les idées claires. Paul Pillar fait peut-être erreur, mais démontrons le par un raisonnement, et non en appliquant un tabou.
(*) https://www.cnrtl.fr/definition/ne
II B [Ne ... que exprime une restriction par rapport à un ensemble dont les éléments sont perçus comme appartenant à une échelle de valeurs]
Ton message me fait craindre que tu n'aies pas compris le raisonnement que je tiens. A la relecture de mes deux principaux posts sur le sujet, il me semblait pourtant tout à fait clair. Tout le passage sur Orwell et Big Brother est assez lunaire je dois dire et je vois mal comment tu as pu inférer ça de mon message qui explique pourtant clairement que... je suis d'accord avec Pillar sur l'Afghanistan (!). Bref, je ne sais pas quelle contorsion d'esprit étrange t'a amené à penser que j'estimais que Pillar brisait on ne sait quel tabou, car honnêtement j'ai beau relire mon message, j'y écrit en toute lettre l'exact inverse.
Je me permets quand même de m'autociter pour qu'il n'y est pas de méprise : "Ce que dit Pillar, c'est que les USA ont mal évalué les intentions soviétiques. Les USA ont cru que l'Afghanistan était une aventure lancée avec un projet offensif, alors qu'elle visait surtout à limiter la casse. En découle l'idée aux USA que l'Afghanistan était une étape intermédiaire dans un plan plus vaste d'expansion soviétique jusqu'à l'océan indien, plan qui n'a jamais existé ailleurs que dans les esprits inquiets du Département d'État. Sur ce point, de ce que j'ai lu (notamment dans l'ouvrage de Sidos) des débats au Politburo entourant l'intervention, ça me semble tout à fait exact." et j'ajoute même "Donc dire que l'action soviétique était réactive (et donc défensive) du point de vu des membres du Politburo me semble exact. Et comprendre la logique d'action des autres états est évidemment une information importante, puisque l'auraient-ils su, les américains auraient peut être géré la question afghane différemment. "
Et même sur l'Iran, si je ne partage pas son avis (et je n'ai pas souhaité développer plus en avant car nos messages sont déjà particulièrement longs et semi-HS donc je pense qu'on va éviter de s'égarer sur les desseins des gardiens de la révolution sur ce fil), c'est un débat tout à fait légitime et parfaitement valable. Tenter d'estimer comment raisonne un dirigeant/une entité/un pays est un exercice toujours légitime - , et généralement nécessaire à toute compréhension de leurs actions.
De même, épouser les vues de Poutine, où les vues opposées d'ailleurs, ou n'importe quelle autre point de vu, ne me pose aucun problème en soi. Mon message ne visait justement pas à critiquer les vues politiques de Poutine ou les tiennes. On pourra en discuter, en débattre (c'est d'ailleurs ce qu'on fait beaucoup, nous et beaucoup d'autres intervenants, sur ce fils depuis bientôt 2 ans), et s'engueuler toute la nuit pour le plaisir de la disputatio et de l'échange de point de vue.
Le problème que j'ai, et je vais essayer de le réexpliquer pour être sûr qu'il n'y a pas d'équivoques cette fois-ci, c'est qu'en prétendant qu'il existerait des actions intrinsèquement réactives tu naturalises un point de vue politique (indépendamment de ce que je pense de ce dernier).
Ce que j'entends par "intrinsèquement réactives", c'est l'inverse "subjectivement réactives".
Tu répondais en effet à Alexis, qui pensait que ce qui explique la politique ukrainienne de Poutine est de nature identitaire, qu'il était inutile d'aller chercher des explications complexes impliquant des hypothèses sur l'idéologie/la personnalité de Poutine car son invasion de la Crimée n'était que réactive. Si tu affirmes cela, c'est donc que tu considères que l'invasion de la Crimée est une conséquence mécanique, automatique, fatale, de Maïdan. Or, comme j'espère l'avoir démontré, cette conception mécaniste des actions humaines est fausse - et j'insiste, fausse, pas tabou, pas politiquement néfaste de mon point de vue, fausse au sens scientifique du terme, comme est fausse la théorie des humeurs ou le sont les prétentions médicales de l'homéopathie. Il n'existe jamais une seule "solution", une seule réponse possible qui s'imposeraient aux acteurs indépendamment de leur volonté et qui pourrait être déduite de la seule situation sans s'intéresser à la nature des acteurs eux-mêmes. Une autre personne que Poutine aurait pu agir différemment. Des milliers de personne, placés devant la même situation que Poutine auraient agis différemment. Et ils auraient agis différemment précisément car ils ne sont pas Poutine, qu'ils auraient lu la situation différemment, auraient poursuivi d'autres objectifs ou auraient choisis d'autres voies pour les atteindre. Beaucoup d'acteurs, placés face à Maïdan n'auraient sans doute même pas estimés qu'il fallait "réagir" à ça. Le propos que je tiens n'est pas dire que ces personnes auraient eu raison, ou que Poutine a eu tort, je ne suis absolument pas ici dans un débat politique sur la valeur morale ou même sur la pertinence en termes de politique internationale des choix faits par Poutine, je suis seulement en train d'essayer de montrer que les actions de Poutine ne peuvent s'expliquer qu'en s'intéressant à Poutine lui-même, étant entendu que d'autres, dans l'exacte même situation, n'auraient pas agis comme lui. On ne peut pas, en adoptant une pure neutralité axiologique dans l'étude des relations internationales (et des relations humaines en général), considérer qu'une action est intrinsèquement plus réactive qu'une autre. Toutes les actions de tous les acteurs sont le fruit des interactions passées et constituent la réponse qu'un acteur spécifique apporte à un contexte spécifique selon sa propre rationalité, ses propres buts, ses propres valeurs, ses propres perceptions. Il n'existe aucune action qui soit dans l'absolu une initiative ou une réaction en termes scientifiques. Ces termes de réaction ou d'initiative n'ont un sens du point de vue des sciences humaines qu'appliqués aux intentions des acteurs. Un acteur a l'impression de réagir, ou a l'impression de prendre une initiative. Et évidemment, pour comprendre pourquoi tel acteur, dans un contexte donné, à l'impression de réagir, et pourquoi il "choisi" de réagir de telle manière et pas d'une autre, il faut comprendre son but, son idéologie, sa réflexion, sa vision du monde, ses valeurs, ses intérêts, sa personnalité, bref toutes les choses qui président à ce qu'un humain agisse d'une certaine manière dans une certaine situation. C'est dans cette acception subjective que les notions de "réactions" ou d'"initiatives" peuvent exister scientifiquement parlant, en respectant la neutralité axiologique que cela implique. On peut essayer en analysant du mieux qu'on peut le processus décisionnel des acteurs, leurs réflexions, et les projets qu'ils ont dans la tête, de déterminer si leur comportant était de nature (de leur point de vu) réactive, si elles étaient (de leur point de vu) défensive ou offensive, etc. En ce sens, dire, parce qu'on a lu les délibérations du Politburo et les débats entourant l'intervention en Afghanistan que le projet soviétique était (pour les soviétiques) défensif et qu'il n'existait vraisemblablement aucune volonté dans l'esprit des leaders soviétiques de rallier l'océan indien, est une proposition scientifique tout à fait valide qui n'implique aucun jugement de valeur moral sur l'action des acteurs. Puisque que nous ne seront jamais dans la tête de Brejnev ou de Gromyko et qu'on est limité à l'étude d'archives plus ou moins exhaustives et éclairantes, on pourra bien entendu en discuter ou ne pas être d'accord, et peut être que d'autres sources viendront un jour contredire l'un et conforter l'autre, mais on est ici dans le cadre de l'étude scientifique de l'action humaine appliquée aux relations internationales.
En prétendant qu'il ne sert à rien de s'intéresser à l'idéologie ou à l'univers mental de Poutine parce que son action n'aurait été qu'une réaction, tu naturalises son point de vue et ses actions, en en faisant les seuls valables, ce qui est bien évidemment une prise de position politique dans la mesure où cela implique mécaniquement que toutes les autres actions possibles dans cette situation seraient à tes yeux fautives (politiquement parlant). Et, pour être sûr qu’il n’y ait aucune équivoque, mes deux messages n’ont jamais abordé mon avis sur cette opinion politique (d’où l’incongruité de tes réflexions sur Orwell et Big Brother), mais simplement le fait que j’estimais que tu te livrais à un procédé malhonnête (consciemment ou non) puisque cette prise de position politique qui était la tienne n’était pas exprimée explicitement mais au contraire dissimulée par la naturalisation des actions de Poutine en donnant au mot réactif une nature intrinsèque, au sens que j’en ai donné plus haut.
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« le régime de Poutine, [doit être considéré] non comme l’exercice du pouvoir d’un monstre extraterrestre subjuguant un peuple passif et demeuré, mais comme un phénomène compréhensible, qui s’inscrit dans la continuité d’une histoire générale de la Russie »
C'est surtout un immense homme de paille. Je ne connais personne de sérieux qui a jamais prétendu ça. C'est au fond mettre dans la bouche de ses adversaires un propos ridicule qu'ils n'ont jamais tenu pour, en comparaison, sembler raisonnable. Dire que Poutine est un phénomène" compréhensible" est un truisme absolu. Tout phénomène historique, à moins de croire à la magie noire ou à l'intervention de forces occultes, est par définition compréhensible dans la mesure où il est possible d'en établir une généalogie, une origine historique et sociologique. Dire qu'il s'inscrit dans la continuité de l'histoire russe est aussi un truisme. Je pense que ça ne demande pas une connaissance extensive de l'histoire complexe de la Russie que de remarquer que la tradition de l'homme fort est une constante historique, et que Poutine, avec des modalités particulières qu'il convient bien sûr d'étudier finement, ne ressemble certainement pas à une anomalie historique sortie de nul part. Si demain l'Islande devient une dictature militariste, j'avoue que je serai surpris. Que la Russie le soit redevenu était concevable par tous. Je n'ai pas lu Shlapentokh, mais si ça thèse c'est ça, elle n'a rien de particulièrement originale ni d'iconoclaste, et je ne vois pas très bien quelle vision prétendument distordue Todd tente de réfuter en le citant. Le tout laisse quand même l'impression d'un type qui n'a pas lu grand chose sur le sujet, qui infère de ses propres biais ce que pensent probablement ses contradicteurs, pour ensuite venir expliquer à tout le monde, l'air supérieur, que le Poutinisme peut être expliqué par l'histoire russe ; comme si c'était une percée conceptuelle formidable.
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il y a 59 minutes, Wallaby a dit :Est-ce que tu as lu l'article de Paul Pillar, et es-tu d'accord sur le fait qu'on a à l'époque en Occident exagéré l'intention expansionniste des soviétiques, alors qu'ils ne voulaient que conserver l'acquis existant, c'est à dire un gouvernement ami à Kaboul ?
Je l'avais parcouru avant de te répondre et je viens de finir de le lire en entier.
Je pense que Pillar a essentiellement raison pour l'Afghanistan, pour ce que j'en sais (c'est à dire pas mal de bouquins généralistes sur l'histoire de l'URSS et « La Guerre soviétique en Afghanistan » Philippe Sidos comme seul ouvrage spécifique que j'ai lu sur la question) mais tort sur l'Iran.
Mais on est ici sur une définition encore un peu différente du mot réagir. Ce que dit Pillar, c'est que les USA ont mal évalué les intentions soviétiques. Les USA ont cru que l'Afghanistan était une aventure lancée avec un projet offensif, alors qu'elle visait surtout à limiter la casse. En découle l'idée aux USA que l'Afghanistan était une étape intermédiaire dans un plan plus vaste d'expansion soviétique jusqu'à l'océan indien, plan qui n'a jamais existé ailleurs que dans les esprits inquiets du Département d'État. Sur ce point, de ce que j'ai lu (notamment dans l'ouvrage de Sidos) des débats au Politburo entourant l'intervention, ça me semble tout à fait exact.
Je ne rentre pas dans le détail du pourquoi je ne suis pas d'accord avec lui sur l'Iran, mais c'est essentiellement parce que je pense pour le coup que le projet iranien est pour sa part offensif, et qu'ils saisissent toutes les opportunités pour le pousser.
Mais on est là dans l'estimation de l'intention des acteurs, estimation nécessaire notamment pour comprendre quel est le projet plus large poursuivi et quelle est "l'étape d'après". En l'occurrence quand le projet est défensif, il n'y a souvent pas d'étape d'après.
Donc dire que l'action soviétique était réactive (et donc défensive) du point de vu des membres du Politburo me semble exact. Et comprendre la logique d'action des autres états est évidemment une information importante, puisque l'auraient-ils su, les américains auraient peut être géré la question afghane différemment. Dans ce sens, je n'ai aucun problème avec l'usage du mot "réactif", comme je n'ai aucun problème à dire que, dans l'esprit de Poutine, l'invasion de la Crimée et le soutien aux séparatistes était une action au moins partiellement réactive. J'ajoute le partiellement car je pense que la réaction de Poutine est plus complexe. Il a sans doute vu Maïdan comme une menace, mais aussi comme une opportunité. Prendre la Crimée c'est limiter la casse face à une Ukraine qui semble se détacher irrémédiablement, mais c'est aussi décrocher un gain politique inespéré, c'est une opportunité offensive réelle qu'il a sans doute perçu immédiatement. Donc je pense que dans ce cas il y a eu les deux, la défense et l'attaque.
Mais encore une fois, on parle ici du point de vue de Poutine. Si on se détache de l'évaluation de la manière dont il a réfléchi, l'annexion de la Crimée n'est ni plus ni moins "réactif" que n'importe quoi. Un autre dirigeant aurait tout à fait pu, avec des arguments tout aussi convaincants, estimer que s'accommoder de Maïdan était la meilleure option, au moins provisoirement.
Or, je ne crois pas que ton message de réponse à Alexis suggérait un usage du mot "réaction" dans ce sens précis d'interprétation du projet subjectif de celui qui "réagi".
En effet Alexis disait, en gros, que la motivation de Poutine en Ukraine était de nature identitaire, et découlait intimement de l'image très particulière qu'il se fait de l'identité russe comme nécessairement incomplète lorsque l'Ukraine lui est arrachée. À ça, tu lui réponds qu'il faut "se garder de sur interpréter comme des initiatives, des politiques qui ne sont que réactives".
Or, si on utilise le mot "réaction" simplement pour qualifier l'intention subjective de Poutine, il faut bien se demander pourquoi Poutine a eu cette réaction, quel univers mental et quelle vision de la situation l'ont poussé à estimer qu'il fallait réagir, et que cette réaction passait nécessairement par l'annexion de la Crimée, et l'hypothèse d'Alexis sur le caractère identitaire de la politique de Poutine en Ukraine essaye d'y répondre (selon moi de manière tout à fait convaincante). En d'autres termes, Maïdan ne provoque la "réaction" de Poutine que parce que cette dernière est médiée par la vision que se fait Poutine des intérêts de la Russie et de son identité. Avec une idéologie différente dans la tête de Poutine, Maïdan aurait entraîné une autre réaction, ou pas de réaction. Dans cette acception du concept de "réaction", comprendre l'idéologie et le projet de Poutine est justement tout l'enjeu, et la réflexion d'Alexis adresse le noeud du problème.
Donc, si tu lui a répondu ça, c'est bien que tu employais le mot "réaction" dans le sens que je dénonce, celui mécaniste qui voudrait que, parce que selon toi l'invasion de la Crimée était la seule réponse possible et rationnelle pour la Russie, il n'y a nul besoin de s'encombrer d'hypothèses sur la psychée de ses dirigeants : Maïdan -> annexion de la Crimée, point. L'hypothèse sous jacente est que n'importe quel dirigeant russe, gouvernant n'importe quelle Russie (libérale, communiste, démocratique, dictatoriale), avec n'importe quel projet politique, dans n'importe quelle disposition d'esprit, ne pouvait rationnellement que choisir que cette option, car les intérêts russes dans cette situation et les moyens de les défendre sont définis une fois pour toute, comme une donnée fixe et connue, extérieure au problème. Je crois avoir montré dans mon message précédent que cette vision mécaniste de l'action politique est fausse, et charrie systématiquement en sous-marin un jugement de valeur de nature politique dissimulé et naturalisé.
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il y a 2 minutes, Ciders a dit :Si c'est une porte-fenêtre russe, elle est toujours ouverte donc ça va.
Ça fait encore plus mal, mais 5 à 30s plus tard selon l'étage.
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il y a 23 minutes, Wallaby a dit :
Je n'ai pas de problème avec l'intérêt du vassal de se choisir un suzerain puissant, et avec des exigences raisonnables, qui ne fait pas payer un prix excessif.
Mais quel est l'intérêt du suzerain ?
Pour reprendre la terminologie de Walter Lippmann évoquée dans la double recension de Brands et Hendrickson, l'adhésion du Monténégro et de la Macédoine, pour les États-Unis, c'est une "augmentation des engagements".
Si ce que tu appelles "se barrer", c'est une baisse de puissance, alors on aboutit à un déficit de la comptabilité engagements-puissance :
Donc on est dans le cas N°2 : "vivre avec un risque accru (...) en pariant que les adversaires ne testeront pas les engagements vulnérables".
Tu as une vision très pauvre des intérêts d'un pays. L'intérêt des Etats-Unis n'est pas forcément que le Monténégro rejoigne l'organisation, l'intérêt des USA peut être simplement que l'OTAN soit une organisation qui peut être rejointe si on remplie les critères. Dans ce cas, l'adhésion du Monténégro est un co-produit, une conséquence, qui n'a pas forcément d'intérêt en soi. Et cet intérêt à une OTAN ouverte (qui encore une fois, est une perception de la part des dirigeants d'un pays) peut découler de pleins de chose, y compris des questions tout à fait intimes et parfaitement irrationnelles d'identité stratégique pour l'acteur qui la met en place (on peut tout à fait imaginer des raisons moins charitables comme le fait que cette politique était nécessaire en terme de justification pour laisser l'Ukraine ou la Géorgie rentrer, ou alors que c'était pour s'attacher la sympathie politique de X états, etc. Les propositions raisonnables sont infinies et le seul moyen de trancher consiste faire de la recherche historique sur la question quand les sources sont disponibles). Et pour complexifier les choses, cette politique a été implémentée par des gens qui n'étaient déjà plus au pouvoir quand le Monténégro est rentré. Il est probable que Trump n'en n'avait pas grand chose à faire de la politique de porte ouverte de l'OTAN. Mais il est aussi probable qu'il ai estimé qu'il n'était pas rentable/possible/opportun de changer cette politique dans l'immédiat. Donc, on peut tout à fait se retrouver avec les USA, ici Trump et ses conseillers et le Congrès, qui acceptent de faire quelque chose qui leur semble mauvaise (laisser le Monténégro rentrer dans l'OTAN) au nom du maintien d'une politique de porte ouverte qu'ils jugent nuisible, le tout alors même que ceux qui ont implémenté cette politique plus tôt ne le faisaient même pas spécialement POUR que le Monténégro rentre dans l'OTAN au premier chef. Oui, c'est souvent compliqué de répondre à la question "pourquoi un Etat fait ça", surtout quand ledit état est démocratique avec un personnel politique changeant et une organisation interne complexe.
Bref, tu vois que chercher des explications monocausales et évidentes à des décisions (ou des non-décisions) en politique étrangère, en partant du principe qu'à chaque fois qu'un Etat fait quelque chose, c'est parce qu'il y perçoit un intérêt immédiat et évident, c'est passer à côté de la dose phénoménale d'inertie et de complexité au sein des systèmes de prise de décision des Etats.
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- C’est un message populaire.
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il y a 10 minutes, Wallaby a dit :Est-ce qu'il ne faut pas intégrer le conseil de Paul Pillar qui est de se garder de surinterpréter comme des initiatives, des politiques qui ne sont que réactives (*).
Si Poutine a envahi la Crimée, c'est en réaction à Maïdan, mais ce n'est pas lui qui a provoqué Maïdan.
Il peut y avoir plusieurs motivations, mais le discours identitaire, loin d'être une motivation, et encore moins la "motivation prépondérante", pourrait n'être qu'un habillage idéologique à consommation interne pour obtenir un soutien populaire le plus large possible en séduisant diverses catégories de publics.
C'est un sophisme. Toute politique peut être considérée comme réactive à quelque chose. Toute politique, toute initiative, toute décision, s'inscrit dans un contexte et fait suite à des milliers d'autres décisions plus ou moins anciennes prises par soi même et les autres acteurs. Tout est réactif dans ce sens, et rien ne l'est mécaniquement dans la mesure où il n'existe en politique (étrangère ou pas) de situations ou une seule et unique décision est possible. Maidan n'impliquait pas, mécaniquement, une invasion de la Crimée par la Russie. Les sociétés humaines ne sont pas des détentes de pistolet ou des mécanismes chimiques simples dont les réactions attendues sont inscrite une fois pour toute dans l'ordre des choses. Considérer que Poutine ne faisait en 2014 que réagir à Maïdan dans l'absolu, c'est déjà faire de nombreux présupposés sans le dire clairement. Le premier étant que Maïdan est nécessairement inacceptable pour la Russie, et que le recours à la force s'imposait/se justifiait. C'est donc déjà faire des nombreuses hypothèses non clairement formulées sur les intérêts de la Russie. Car, comme l'ont très bien démontrés les membres de l'école constructiviste et même un réaliste complexe comme Raymond Aron avant eux, les intérêts objectifs d'un Etat, ça n'existe pas. Les intérêts d'un Etat, et la manière dont ses dirigeants les perçoivent, sont toujours des construits sociaux qui évoluent dans le temps selon la culture, l'organisation politique du pays, etc. C'est d'ailleurs un sujet sur lequel le plus souvent il n'existe même pas de consensus parfait au sein d'un pays à un instant T (est-ce l'intérêt de la France de rester dans l'OTAN ? ou dans l'UE ? Le fait même qu'une tonne de français puissent s'embrouiller des heures sur ces questions montre bien que les intérêts d'un pays, ce n'est pas un truc évident défini à l'avance et donné une bonne fois pour toute).
On peut à la rigueur dire, en faisant des hypothèses sur l'idéologie/la personnalité/les dispositions d'esprit de Poutine à un instant T, que dans son esprit l'invasion de la Crimée était réactive et était la seule option envisageable. J'aurai même plutôt tendance à être d'accord. Mais c'est déjà une proposition intellectuelle très différente de dire ça que de dire "l'invasion de la Crimée n'était qu'une réaction à Maïdan", qui revient, sans le dire, à épouser totalement les vues de Poutine sur la question, et constitue donc une prise de position de nature purement politique.
A l'inverse, l'hypothèse ou schéma interprétatif proposée par Alexis ne comporte en elle aucune proposition d'ordre politique, mais cherche seulement à comprendre comment les acteurs (ici Poutine, essentiellement) ont interprétés les évènements et quelles ont été les grilles de lecture qu'ils ont utilisés. C'est au fond se poser la question des schémas mentaux, de la cosmogonie et des représentations de la Russie du reste du monde qui irriguent la pensée de Poutine. Et je rejoins totalement Alexis lorsqu'il dit qu'en Russie, la position politique revenant à dire que l'Ukraine est un pays totalement étranger n'a jamais vraiment existé depuis 1991, et que le spectre politique se divise plutôt aux deux extrêmes entre les tenants d'une "amicalité consentie et relâchée" et les tenants d'une "intimité, par la force si nécessaire", avec toutes les nuances de gris possible entre les deux. Et bien sûr, puisque ces positions elles mêmes ne sont pas données de la nature mais des construits sociaux, on pourrait encore creuser sur leurs origines et leurs évolutions, dans un processus sans fin.
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il y a 3 minutes, Wallaby a dit :
Si on regarde la chronologie, on voit l'OTAN s'élargir encore en 2017 avec le Monténégro, puis en 2020 avec la Macédoine du Nord. Cela donne l'impression d'une emprise américaine toujours plus grande en superficie sur le continent européen, donc d'un intérêt croissant. Si ils se "barrent" en même temps, alors pourquoi ces adhésions ? C'est une ruse ?
Oui, c'est vrai que le Monténégro va redéfinir l'équilibre des forces en Europe.. je plaisante.
Plus sérieusement, deja car
1) l'OTAN ce n'est pas que les Américains, et je peux comprendre la rationalité pour des pays de l'ex Yougoslavie d'avoir un accord de défense formel avec le reste de l'Europe+USA.
2) l'appartenance à l'OTAN est aussi un marqueur identitaire, au même titre que l'appartenance à l'UE. Pour beaucoup de pays, les deux constituent un package marqueur d'une intégration à l'occident au sens large.
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il y a 12 minutes, Stark_Contrast a dit :
????
Et encore, sur les 50 000, le nombre réel de fantassin est très faible. Donc oui, clairement, la présence US était tombé à un plus bas historique en 2013 (et n'a pas augmenté entre 2014 et 2022) et on était clairement sur un retrait progressif en faveur d'une réorientation sur d'autres théâtres. Ce graph ne ressemble pas vraiment à celui d'une armée qui s'apprête à envahir la Russie.
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il y a 13 minutes, Alexis a dit :
Je crois qu'il est difficile de ne pas conclure, la motivation de sécurité ne suffisant manifestement pas à expliquer la politique russe vis à vis de l'Ukraine, qu'il existe une autre motivation prépondérante dans cette politique depuis une décennie
Le meilleur nom que je puisse lui trouver est identitaire.
La Russie n'a jamais considéré l'Ukraine comme un pays tout à fait étranger. On peut s'en scandaliser, on peut se dire que c'est compréhensible, on peut en dire ce qu'on veut, le fait demeure.
L'Ukraine c'est "un peu nous et il faut se rapprocher en les respectant", pour les modérés pacifiques, qui ne sont pas au pouvoir. A l'autre extrême, c'est "nous et s'ils nous refusent c'est l'effet d'une idéologie agressive voire maléfique dont il faut les sortir y compris au prix du sang", pour les radicaux au pouvoir.
De mon point de vue, l'histoire des années 2015-2021 est celle de la radicalisation de l'individu Vladimir Poutine depuis une position intermédiaire entre ces deux extrêmes, jusqu'à rejoindre les rangs des radicaux. En 2015 il peut accepter une solution intermédiaire, imparfaite mais plus prudente. A l'été 2021 il publie un essai qui montre sa conversion aux thèses des radicaux, et qui annonce la suite.
C'est pourquoi cette guerre est plus radicale qu'une guerre pour des questions de sécurité - qui peut plus facilement se conclure par des accords comportant des concessions réciproques, car la sécurité est chose relative.
Je ne lui vois que deux issues possibles, toutes deux radicales, celle de la guerre de Sécession et celle de la guerre d'Algérie.
Soit le projet russe réussit, c'est à dire que l'État indépendant le plus long de tous les siècles d'Histoire du peuple ukrainien prend fin. Comme la Confédération a pris fin en 1865.
Soit la Russie finit par se lasser devant la résistance ukrainienne, le front ne faiblit jamais pendant assez d'années pour que d'autres dirigeants arrivent au Kremlin qui décident de renoncer. Comme la France a fini par renoncer dans un conflit à dimension identitaire ("l'Algérie c'est la France") et s'est sorti l'Algérie de la tête.
Je souscris à 100%
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il y a 5 minutes, Wallaby a dit :
Pas totalement. J'ai écrit "ce qui prouve que la Russie poutinienne ne nie pas totalement l'ethnicité ukrainienne". Ton copier-coller ne marche plus : il saute des mots.
Dans ce cas, admettons que la Russie tolère l'existence d'une ethnie ukrainienne en tant que vague variation un peu folklorique de l'ethnie russe. Un peu comme les biélorusses. Ça ne change pas grand chose au constat, les Ukrainiens ne souhaitant pas spécialement être tolérés dans l'empire, mais bien à vivre souverainement dans leur état indépendant.
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il y a 17 minutes, Wallaby a dit :
https://kyivindependent.com/history-behind-russian-lands-recognized-by-zelensky-decree-as-historically-inhabited-by-ukrainians/ (31 janvier 2024)
La Journée de l'unité, célébrée le 22 janvier en Ukraine en tant que jour férié, commémore généralement l'unification de l'est et de l'ouest de l'Ukraine en 1919. Mais cette année, cette date a attiré l'attention en raison d'un décret signé par le président Volodymyr Zelensky concernant les territoires russes actuels qui ont été historiquement peuplés par des Ukrainiens.
Le décret intitulé "Sur les territoires de la Fédération de Russie historiquement habités par des Ukrainiens" contient une directive demandant au gouvernement ukrainien de collaborer avec des experts et d'élaborer un plan visant à rechercher, faire connaître et sauvegarder les identités culturelles des Ukrainiens qui ont vécu dans les régions russes actuelles de Krasnodar Krai, Belgorod, Briansk, Voronej, Koursk et Rostov, qui sont limitrophes de l'Ukraine.
Le décret présidentiel de Zelensky mentionne les régions historiques du Kouban, de la Starodubshchyna et du nord et de l'est de la Slobozhanshchyna, ce qui constitue une reconnaissance passagère de la complexité historique liée à ce décret.
Toutefois, une certaine éthique historique et des évaluations d'experts sont nécessaires pour établir des définitions plus claires de termes tels que "terres historiquement habitées", selon M. Halushko.
Le fait d'être précis et prudent dans la formulation de ces termes permet également de s'assurer qu'ils ne pourront pas être appliqués à un territoire ukrainien à l'avenir, a-t-il ajouté, citant en exemple les revendications de la Hongrie sur la Transcarpatie et les Hongrois de souche qui y vivent.
Le décret ne reconnaît pas explicitement l'histoire antérieure des groupes qui vivaient dans certaines de ces régions avant que les Ukrainiens ne s'y installent.
Il ne mentionne pas non plus le nombre important d'Ukrainiens vivant dans des régions éloignées de la Russie. Par exemple, le district autonome de Khanty-Mansi, en Sibérie, compte plus de 40 000 Ukrainiens selon le recensement russe de 2021.
Ce qui prouve que la Russie poutinienne ne nie pas totalement l'ethnicité ukrainienne.
Et je rappelle que le troisième universel de la Rada, en 1917, laissait de côté la Crimée :
Utiliser le fait que les statistiques de nationalités utilisées lors des recensements en Russie, elles mêmes héritées de l'époque soviétique, incluent une catégorie "ukrainiens" pour en affirmer que "la Russie poutinienne ne nie pas l'ethnicité ukrainienne" c'est aller très vite en besogne et faire dire à un marqueur anecdotique ce qu'il ne dit pas pour confirmer une thèse préétablie. Par ailleurs, reconnaître une ethnicité ne dit pas grand chose de la manière dont on la considère, où de la légitimité qu'on lui reconnaît. En l'occurrence, lorsqu'il s'agit de savoir ce que Poutine pense du droit des Ukrainiens à posséder un état indépendant, le mieux reste toujours de le lire.
http://en.kremlin.ru/events/president/news/66181
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- C’est un message populaire.
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il y a 51 minutes, rendbo a dit :Parce que de tout temps la guerre fait de gros dégâts sur les infrastructure, et que quitte à devoir faire la guerre contre un voisin plus ou moins proche, on préfère la faire chez lui, et si ce n'est pas possible sur le territoire d'un voisin intermédiaire. Il suffit de se souvenir de l'état de la France post 1918 (à comparer avec l'outil allemand au moment de la signature de l'armistice), ou de celui de l'Europe à la sortie de la seconde guerre mondiale comparé à celui des USA pour admettre, même avec de la mauvaise foi, que la guerre à domicile c'est pas bon pour les affaires.
La Sibérie est déjà le glacis qui protège les centres névralgiques russes de toutes attaques venant de l'Est, la Bielorussie la Finlande et l'Ukraine la protègent de toute attaque venant de "l'Ouest", et des territoires où peuvent se dérouler des combats terrestres sans que ça n'ait trop de "conséquences" pour la Russie. Comme tu le fais remarquer à juste titre, maintenant la Finlande fait partie de l'OTAN. Toutefois il est difficile de la voir comme un axe d'attaque terrestre facile à cause de sa géographie, la géographie russe, et du ravitaillement front complexe. Par contre un axe d'attaque par l'Ukraine ou par la Bielorussie serait un boulevard. De plus il suffit de voir comme l'Ukraine est ravitaillée facilement par l'OTAN (mais à titre privé faut pas dec') et par d'autres, en véhicules et munitions, pour comprendre que pour les Russes ces deux pays ne doivent pas faire partie de l'OTAN (régimes "amis" ou neutralité).
On pourra soulever que personne ne veut attaquer la Russie, pas les Américains et pas l'Europe, que nous ne donnons leur aucune raison de s'inquiéter... et que donc les Russes ne sont que des gros paranos. Je suppose que c'est là que les avis divergent. Toutefois je pense que tout le monde peut concevoir que si l'on est prêt à bombarder en Libye et Syrie avec des justificatifs bien flous (je sais, au nom de la liberté, de la démocratie, et de la sauvegarde des populations) alors qu'aucun de nos intérêts nationaux et vitaux ne semblaient menacés, il me semble concevable qu'en face ils fassent de même quand ce qu'ils pensent être une vraie menace contre leur territoire est en jeu.
edit> par rapport à cette philosophie de glacis, je me pose des questions sur la pertinence du concept depuis 2020 (Haut Karabakh puis 2022 avec l'Ukraine) alors que l'on s'aperçoit que le concept de drone permet de changer la donne tactiquement et stratégiquement
Peut être aussi réfléchir à sa pertinence quand
1) on est une puissance nucléaire (et pas une petite)
2) que l'ennemi que l'on craint est (était) en plein désarmement avec des dépenses militaires à l'étiage et dont le seul membre un peu sérieux (les USA) se barrait ostensiblement du continent année après année.
Une fois qu'on a vu ça, on peut même se demander si les russes y croient eux mêmes, et je suis de ceux qui répondent "plutôt non". "Plutôt" car il y a un vrai fond de paranoïa obsidionale chez les russes, par ailleurs entendable compte tenu de leur histoire, et qui remonte à très loin. Mais "non" car ce petit fond de vérité a surtout été très bien instrumentalisé par le pouvoir russe tant envers sa population qu'envers les pays occidentaux qui y étaient sensible pour prétendre que les ambitions indiscutablement offensives et néo impériales du Kremlin n'étaient en fait que des réactions apeurées et fondamentalement défensives dans leur essence d'une puissance déclinante craignant pour sa peau.
Ça se voit très bien notamment dans l'incohérence du discours russe sur l'OTAN. Aux bonnes oreilles occidentales sensibles aux chouineries de la Russie, le Kremlin et des télégraphes dépeindront l'otan et les États-Unis comme un monstre militaire surpuissant, mais surtout culturellement conquérant, capable de créer des révolutions de couleur un peu partout en 3 coups de fil. On va dire que c'est le discours "de gauche", populaire auprès des gauches altermondialistes et antimilitaristes occidentales, typiquement un Mélenchon qui pense que l'OTAN ne doit pas "annexer l'Ukraine" (il a vraiment dit ça).
Aux autres (le sud global, leur propre audience ultra nationaliste, le camps moralement conservateur et anti atlantiste en occident, dont un Todd fair clairement parti), ils présenteront pourtant l'occident comme l'exacte inverse, c'est à dire un empire décadent en déliquescence, dominé par les LGBT, ayant perdu toute capacité à se battre et ne pouvant donc résister à l'offensive de la grande Russie qui s'apprête à reprendre la place qui lui revient de droit pour sauver le monde d'une apocalypse woke et transgenre. C'est le discours de droite, celui qui parle à l'extrême droite européenne (une partie du moins) qui voyait la Russie comme le champion des valeurs traditionnelles contre un Occident devenu Sodome et Gomorrhe, et au sud global dans sa partie qui est sensible au thème de la revanche contre l'occident.
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il y a 8 minutes, metkow a dit :
c'est là le piège des chiffres sans contexe, en fait les deux frappent autant l'infanterie que les véhicules sauf que les russes ont beaucoup plus de matériel roulant qui est utilisé, et donc ciblé
Oui, avec pour conséquences qu'ils frappent ... moins de véhicules proportionnellement à leur nombre de frappes. Ce n'est pas une doctrine, c'est juste qu'il n'y a pas autant de véhicules à frapper côté Ukrainien, surtout en première ligne (où l'Ukraine est souvent en défense).
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Papier intéressant sur comment l'endommagement de l'usine d'un sous traitant en optiques dans la banlieue de Moscou, dans des circonstances peu claires, a fortement ralenti la production de drones Lancet dans la deuxième moitié de 2023.
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il y a 2 minutes, Wallaby a dit :
Je n'ai jamais dit qu'il ne mérite pas d'être discuté. Mais juste balancer des tweets qui disent "ce mec, il est pas crédible", cela me paraissait superficiel. J'ai une présomption de perte de temps face aux tweets de tout acabit.
Ah, ça explique bien des choses. Pour info je n'ai pas posté des tweets mais des threads détaillés, au cas où.
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il y a 13 minutes, Alexis a dit :
C'est plus compliqué je dirais.
Anna Lebedev a raison, Todd est faible sur le sujet de l'Ukraine. Il ne dit pas que des bêtises bien sûr - c'est très difficile d'ailleurs d'y parvenir - mais il y a quand même énormément de conclusions à l'emporte pièce et d'approximations sans nuances. Le plus beau est le passage où il dit que les cosaques c'est les Kazakhs tout ça c'est le système mongol...
C'est rapporté par Schmitt, qui lui est cependant moins convaincant. Son fil est très largement à charge. Anna Lebedev elle se limite à ce qu'elle connait.
Schmidt relève quand même un paquet de passages absolument lunaires. Kyiv serait "individualiste" quand Melitopol serait "anomique" ? Sur quelle donnée tout ça se base ? Quels en seraient les manifestations concrètes dans la culture individuelle des gens qui y vivent ? A-t-il seulement daigné jeter un oeil à tous les travaux sociologiques quantitatifs et qualitatifs accumulés sur l'évolution des cultures post-soviétiques (y compris dans la sphère familiale, sa grande obsession) ? Si on en croit la maigreur des sources utilisées, non.
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- C’est un message populaire.
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il y a 1 minute, Wallaby a dit :Il est vacciné. Quand il prédisait l'effondrement de l'Union Soviétique, personne ne le croyait.
Avoir eu raison une fois il y a 50 ans (!!!) ne fait pas de toi un génie. Surtout quand les mécanismes causaux identifiés à l'époque cadrent imparfaitement avec ce qu'il s'est réellement passé lors de l'implosion de l'URSS, comme Todd l'admettra lui même par ailleurs rétrospectivement.
Bref, je suis désolé Wallaby, mais répondre à deux thread détaillés par des spécialistes des sujets traités (relations internationales pour Schmidt, sociétés post-soviétiques pour Lebedev) sur les bêtises racontés par Todd dans son dernier bouquin par un "il a eu raison il y a 50 ans sur un sujet, donc toute critique actuelle d'un de ses travaux est nulle et non avenue, et ne mérite même pas d'être discutée" suggère quand même fortement que tu défends Todd simplement parce qu'il dit des choses qui te plaisent, qui collent à tes à priori sur le monde, sans vraiment te soucier de la rigueur du contenu.
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20 Janvier 2025 - D. Trump retourne à la Maison-Blanche et dénonce l'OTAN, on fait quoi ici ?
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Ca me fait penser à ce tweet très juste d'Arnaud Vally.