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il y a 13 minutes, Métal_Hurlant a dit :
18 chars de perdus pour les russes rien que pour hier !
Depuis le 6 septembre, en un mois de guerre, les russes ont perdu 260 chars et 300 IFV, si on en croit Oryx. C'est des chiffres assez proches des pertes visuellement confirmées du 1er mois des hostilités. Au 24 mars, on était là aussi à 280 chars et 300 IFV en gros (même si c'est un peu faussé car beaucoup de pertes n'ont pu être confirmé qu'après le retrait de Kiev, donc le total au 24 mars est sûrement sous-estimé).
il y a 6 minutes, Clairon a dit :Ca a un petit côté Sherman dans les proportions avec cette caisse très haute et la tourelle par dessus
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il y a 23 minutes, olivier lsb a dit :J'ignore a quel point VVP subit ou orchestre ces mouvements, ça pourrait ressembler à du diviser pour mieux régner, ou à tout du moins, pour moins se rebeller.
Orchestrer quelque chose contre Wagner, c'est ambitieux
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Il y a 4 heures, herciv a dit :Le renouvellement des munitions dans la LPM :
Le ministère des Armées va recompléter ses stocks de munitions antichars et de missiles de défense aérienne
PAR LAURENT LAGNEAU · 5 OCTOBRE 2022
Dans le document précisant les grandes lignes du projet de loi de finances [PLF] 2023, qui prévoit de porter le budget de la mission « Défense » à 43,9 milliards d’euros, le ministère des Armées indique que 2 milliards de d’euros en autorisation d’engagement et 1,1 milliard en crédits de paiement allaient être affectés au renouvellement des stocks de munitions.
Pour rappel, et alors que certains parlementaires s’interrogeaient justement sur le niveau de ces stocks de munitions à la lumière de la guerre en Ukraine, le ministère des Armées avaient rappelé que, dans le cadre de la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25, une enveloppe de 7 milliards d’euros avaient été initialement prévue pour acquérir missiles et obus… Et que cet effort allait être accentué, avec 110 millions d’euros supplémentaires, après l’ajustement de cette même LPM, décidé en 2021.
Quoi qu’il en soit, dans ce document relatif au PLF 2023, le ministère précise que cet effort de 2 milliards d’euros permettra de commander des « munitions de tout type dans une logique de renouvellement des stocks et de montée en puissance ». Et d’évoquer par ailleurs la livraison, l’an prochain, des « premiers lots de bombes de forte puissance [une tonne] » issus de la filière française [et produits par Aresia, près de Valenciennes, ndlr] ainsi que du premier tir du missile air-air MICA NG.
Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a-t-il pris connaissance de ce document établi par ses services, avant son audition sur le PLF 2023 par commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, ou a-t-il parlé d’un effort supplémentaire?
« Les munitions sont un point absolument central. Voilà un chiffre que nous n’avons jamais diffusé publiquement mais pour 2023, nous vous proposons une somme exceptionnelle de 2 milliards d’euros pour les seules munitions […] c’est à dire 500 millions d’euros de plus que l’année 2022, c’est à dire 60% de crédits en plus par rapport à 2019 », a affirmé M. Lecornu lors de cette audition au format inédit puisqu’il était accompagné par les quatre chefs d’état-major et les principaux directeurs du ministère [DGA, SGA, DGRIS].
Dans cette enveloppe, « il y a des choses qui étaient déjà prévues, il y a aussi des choses évidemment que nous avons choisi d’accélérer au regard de ce que nous connaissons sur le flanc oriental », a souligné le ministre. Et de citer la commande de « 200 missiles moyenne portée [MMP, désormais appelé Akeron MP], de 100 missiles SAMP/T [c’est à dire des Aster 30 de défense aérienne, ndlr], de missiles air-air MICA, de bombes air-sol [sic] et de 10’000 munitions de 155 mm pour les CAESAr [Camions équipés d’un système d’artillerie] ».
Selon les précisions du ministère, les livraisons pour 2023 [pour 1,1 milliard] comprendront notamment une centaine de missile MICA NG, 700 bombes de 250, 500 et 1000 kg, de 10’000 obus de 155 mm edes munitions de petit calibre [pour plus de 50 millions].
C'est bien, mais on reste très en dessous de la cible qu'il faudrait atteindre pour prétendre faire un peu de Haute Intensité en relative autonomie. De toute façon, si on veut avoir un modèle d'armée complet, on est condamné à atteindre les 3% du PIB. On a une dissuasion nucléaire à payer, des intérêts ultramarins qui nous obligent à maintenir une grosse marine (contrairement aux polonais par exemple), si on veut de la masse pour l'AdT, une armée de l'air avec 200 chasseurs minimum et une marine digne de ce nom (20-24 frégates de premier rangs, 2 PA, 8 SNA), il n'y a pas de solutions miracles. Et ça implique effectivement d'accepter de "gaspiller" une bonne partie de la hausse rien que pour l'augmentation des salaires, car sinon on aura même pas les hommes nécessaires à notre remonté en puissance. Après c'est un choix de société.
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il y a 3 minutes, HK a dit :Possible qu’il s’agisse d’une fausse vidéo (!) selon ce journaliste, car on y aperçoit des patches Wagner.
Selon lui on assiste à une lutte de pouvoir entre le Mindef Russe Shoigu et le patron de Wagner qui serait en train monter une campagne médiatique pour décrédibiliser la mobilisation. Si c’est vrai c’est fou… mais en tout cas attention donc à l’authenticité de ce genre de vidéos.
Enfin, je sais pas quel est le pire scénario pour Poutine :
1) Qu'un certains nombres de mobilisés en soient arrivés à un tel niveau d'exaspération qu'ils sont au bord de l'acte de sédition
2) Que Prigojine se croit désormais assez puissant pour monter ce genre de faux avec ses hommes armes à la main pour décrédibiliser le MoD
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Des sources pro-russes affirment qu'après une journée d'aujourd'hui relativement calme et consacrée aux regroupement et à la réorganisation des forces, les ukrainiens essayeront probablement de monter un gros assaut sur Svatove demain. Ils évoquent de grosses concentrations de forces et même la présence de Caesar.
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il y a 8 minutes, Banzinou a dit :Je reviens sur ce post parce que c'est quand même délirant de la part d'un mec qui a Issam Zahreddine en photo de profil et qui vient faire une pseudo moralité sur les des "bons traitements" en prison et autres actes de tortures alors qu'il n'en a rien à foutre et que c'est juste une bonne raison pour prêcher sa haine de l'occident.
D'ailleurs, je suis surpris que la modération ne fasse rien pour une photo de profil de ce type.
Je connaissais pas le bonhomme, je suis allé voir sur Wikipédia :
"
En 2011, Zahreddine réprime les manifestations de l'opposition à Damas, Deraa, Douma et Harasta. Selon le témoignage d'un soldat déserteur, il passe personnellement des opposants à tabac avec un bâton électrique. Il commence alors à se signaler par ses exactions : à de nombreuses reprises au cours du conflit, Zahreddine apparaît dans des photos et des vidéos en paradant près de corps démembrés ou décapités, sur lesquelles apparaissent des marques de torture.
En 2012, il dirige les forces du régime lors du siège de Homs. Il est alors accusé d'avoir planifié le bombardement contre le centre médiatique des militants de l'opposition et causé la mort de la journaliste américaine Marie Colvin et du photographe français Rémi Ochlik, à Homs le 22 février 20121,11. La famille de Marie Colvin dépose plainte contre lui, en affirmant avoir réuni les preuves que l'attaque du centre de presse s'était déroulé sous ses ordres et celui du lieutenant Kenan Muhammad Ghaliya, par la suite félicités pour le succès de l'opération.
En 2013, il combat à Alep, avant d'être envoyé à Deir ez-Zor à la fin de l'année, où il est promu major-général. Il est rappelé avec sa brigade à Damas en avril 2015, avant d'être à nouveau redéployé à Deir ez-Zor le mois suivant. En juin 2015, il part renforcer l'armée syrienne à Hassaké, qui subit une offensive de l'État islamique. En janvier 2017, de retour à Deir ez-Zor, Issam Zahreddine se retrouve encore à la tête des défenses de la ville qui doivent repousser une nouvelle offensive de l'État islamique. Il est toujours à l'intérieur de la ville, lorsque les troupes du régime brisent en septembre 2017 le siège imposé par les djihadistes.
Issam Zahreddine est alors félicité par le président Bachar el-Assad pour sa résistance, mais peu après il crée la polémique en menaçant les réfugiés syriens : « À ceux qui ont quitté la Syrie pour d'autres pays, je vous prie de ne jamais revenir. Même si le gouvernement vous pardonne, nous n'oublierons, ni ne pardonnerons ». Il revient ensuite sur ses déclarations et présente ses excuses à la télévision nationale.
En 2017, Issam Zahreddine fait l'objet de sanctions de l'Union européenne pour sa « responsabilité dans les répressions violentes contre la population civile, y compris durant le siège de Baba Amro en février 2012 ».
Le 18 octobre 2017, il est tué dans la ville de Deir ez-Zor par l'explosion d'une mine."
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il y a 41 minutes, Banzinou a dit :
Première fois que je vois ce type d'image sur le front, des soldats russes et leur BMP qui se rendent
Un truc qui me fait dire que la vidéo est peut-être fake (outre le côté presque trop propre de la manoeuvre), c'est que c'est sensé être tourné vers Kherson alors qu'on voit un paysage relativement vallonné avec pas mal de couvert végétal, ce qui ne correspond pas trop à la région de Kherson. Faudrait parvenir à géolocaliser le lieu (pas simple) pour déterminer si c'est proche des lignes de front actuelles ou pas.
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il y a 14 minutes, Brotsch a dit :
Petite question d'un profane : vous parlez beaucoup de l'hiver qui figerait les positions, mais en est-on si sûr ?
L'Ukraine n'est quand même pas le pôle nord, le climat se réchauffe et les équipements personnels (vêtements) comme collectifs doivent s'être bien améliorés depuis Stalingrad, non ? Et je suppose que des pays comme les Etats-Unis ou la France ont plein d'équipements de neige éprouvés dans les Alpes et le Minnesota à livrer aux Ukrainiens, par exemple (et pour le coup, que ça leur coûtera bien moins cher que des Himars ou des Caesar).... Est-ce que le Dnipr gèle en hiver, par exemple ?Le problème de l'Hiver en Ukraine, c'est les sols, la fameuse Raspoutitsa. C'est un phénomène qu'on connait peu en France mais qui est fréquent dans beaucoup de pays possédant certains types de sols et certains régimes de précipitations, notamment lié à au dégel et glacier du Printemps et aux pluies massives de l'automne. La terre se transforme en gadoue infame qui embourbe même les véhicules chenillés. Certes, le réseau routier ukrainien n'a plus grand chose à voir avec celui de l'URSS de 41 (sans pour autant être au niveau du réseau occidental), mais pour attaquer tu es toujours obligé de sortir des routes à un moment donné. Paradoxalement, pour éviter ce phénomène, un hiver très froid est préférable puisqu'un sol entièrement gelé redevient dur et permet d'opérer plus facilement. C'est d'ailleurs pour ça que la Raspoutitsa est très forte à la fin de l'automne et au début du printemps. La rasputitsa est avant tout due aux précipitations, pas au froid en tant que tel (enfin plus précisément, c'est le froid qui provoque les chutes de neige, et le dégel de la neige qui provoque la Rasputitsa du Printemps).
https://balagan.info/rasputitsa-quagmire-on-the-eastern-front
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il y a 13 minutes, Poivre62 a dit :
Je viens de voir que Kadyrov a été nommé Général par Poutine. Lequel Kadyrov veut envoyer combattre ses 3 gamins qui ont 14 à 17 ans (je crois). Ca devient du n'importe quoi là, non? Me donne l'impression de dirigeants qui sombrent comme ont sombré d'autres régimes à certaines périodes.
* et qui a officiellement demandé à Poutine d'utiliser des armes nucléaires tactiques sur le front pour rétablir la situation.
Au delà de ça, vues les critiques acerbes de Kadyrov contre le Gen. Lapine et le MoD russe en général, je me demande si cette nomination n'est pas un signal politique envoyé par Poutine, surtout après les infos d'hier comme quoi des limogeages massifs se préparent en réaction aux récentes défaites.
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Il y a 4 heures, Wallaby a dit :
C'est le cas de toutes les nations qui sont des "communautés imaginaires" selon Benedict Anderson :
https://en.wikipedia.org/wiki/Imagined_community
Il définit une nation comme "une communauté politique imaginaire"[1] Comme le dit Anderson, une nation "est imaginaire parce que les membres de la plus petite nation ne connaîtront jamais la plupart de leurs confrères, ne les rencontreront jamais, ni même n'entendront parler d'eux, et pourtant dans l'esprit de chacun vit l'image de leur communion"[1] Les membres de la communauté ne connaîtront probablement jamais chacun des autres membres en face à face ; cependant, ils peuvent avoir des intérêts similaires ou s'identifier comme faisant partie de la même nation. Les membres conservent dans leur esprit une image mentale de leur affinité. Par exemple, le sentiment d'appartenance à une nation ressenti avec les autres membres de votre nation lorsque votre "communauté imaginée" participe à un événement plus important comme les Jeux olympiques.
Enfin, une nation est une communauté parce que,
« indépendamment de l'inégalité et de l'exploitation réelles qui peuvent prévaloir dans chacune, la nation est toujours conçue comme une camaraderie profonde et horizontale. En fin de compte, c'est cette fraternité qui a permis, au cours des deux derniers siècles, à tant de millions de personnes, non pas tant de tuer que de mourir volontairement pour des idées aussi limitées...»
Contrairement à Gellner et Hobsbawm, Anderson n'est pas hostile à l'idée de nationalisme, et il ne pense pas non plus que le nationalisme soit obsolète dans un monde en voie de globalisation. Anderson valorise l'élément utopique du nationalisme.
Non, la notion de communauté imaginaire n'implique pas que les objets mentaux et symboliques qui en sont la base soient totalement incompatibles entre eux. Toutes les nations ont leurs contradictions, bien-sûr, mais ça atteint en Russie un stade assez inimaginable quand dans le même souffle, un type peut tout à fait regretter la chute de l'URSS tout en te faisant l'éloge du mysticisme russe traditionnel. Ca ne serait pas grave si c'était que du Folklore, ça l'est un peu plus quand cette espèce de bouilli historico-intellectuelle sert de marche-pied idéologique à des guerres d'agressions.
Concernant le divorce, il ne s'agit pas de le critiquer, je ne suis pas conservateur. Par contre, prétendre que ton pays est le bras armé du retour des valeurs chrétiennes et traditionnelles quand son taux de pratique religieuse est similaire (et donc aussi bas) à celui de l'Europe occidentale et que les avortements se maintiennent à un taux record... c'est compliqué.
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il y a 1 minute, Boule75 a dit :
Disons que si le fil Twitter Rybar en anglais (@rybar_en) est bien une traduction correcte du fil Telegram du Rybar authentique, il faut vraiment considérer ce qui est dit par (et ce que l'on voit sur les cartes) avec un immense recul...
C'est à dire ? Désolé je n'ai pas compris le sens de ton message, tu veux dire que Rybar raconte souvent n'importe quoi ?
Si c'est ça, je suis moyennement d'accord. Il est évidemment totalement partial et ses cartes ont tendance à être en retard avec la situation réelle quand ce sont les Ukrainiens qui avancent, mais dans l'ensemble c'est relativement fiable. Je le considère un peu comme un WarMonitor russe : le traitement est systématiquement biaisé mais les infos concrètes sont souvent fiables (hormis pour les rapport de pertes ennemies qui sont souvent du simple ragot à base de "ennemy suffered heacy losses" sans preuve)
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Il y a 5 heures, U235 a dit :Ce qui suit a été posté sur le télégramme d'un blogueur russe spécialisé dans les moulins. Il en a visiblement assez du chaos informationnel déroutant qui accompagne la vie en Russie.
Ce que je trouve intéressant, c'est que son point principal est que la Russie devrait simplement être honnête sur ce qu'elle veut. Là, je suis tout à fait d'accord ! Je pense que le fait que nous, à l'Ouest, ET les Russes eux-mêmes, n'avons aucune idée de ce que veut vraiment le VVP. L'Ukraine est-elle vraiment une menace existentielle ? S'agit-il vraiment d'une guerre préventive parce qu'il croit que l'Ukraine prévoit d'attaquer la Russie ? Est-ce que c'est parce que la Russie déteste la tolérance envers les gays ? Est-ce l'expansion de l'OTAN ? Est-ce les nazis ? Est-ce un cri d'attention pour être considéré comme une grande puissance ? S'agit-il simplement d'un désir impérialiste de s'emparer de territoires ?
Littéralement, personne ne peut le dire avec certitude car les initiateurs de cette guerre ne peuvent même pas se décider et expliquer pourquoi ils envahissent l'Ukraine. Pour ceux qui prétendent vouloir négocier avec Vlad, que pouvez-vous bien négocier si vous ne savez même pas ce qu'il veut ?
C'est un petit miracle de voir à quel point le peuple russe est passif face à des circonstances aussi vagues entourant une chose aussi sérieuse que la guerre.
Je trouve ce texte très lucide, et il a raison quand il dit que cette rhétorique de "combat civilisationnel" bloque la Russie dans une logique jusqu'au boutiste tout en lui aliénant potentiellement des soutiens "non-alignés" qui seraient sans doute rassuré de voir le Kremlin adopter une approche "rationnelle et modérée" de ses objectifs.
Mais cette rhétorique illustre parfaitement toutes les incohérences de la Russie en tant que nation. La vision qu'à la Russie d'elle même est un espèce de patchwork bizarre d'idées mutuellement incompatibles et pour la plupart intrinsèquement fausses. Elle pense avoir les attributs d'une grande puissance, mais avec un PIB similaire à l'Italie. Elle rêve d'avoir l'influence politique de l'URSS, mais sans idéologie structurée pouvant attirer à elle d'autres pays comme le communisme l'était. Le Kremlin tente de faire revivre le traditionalisme russe à la sauce "Empire des Romanov" alors que 70 ans de Communisme puis sa chute brutale ont fait de la société russe un mixte bizarre d'autoritarisme politique et d'hyper-individualisme dans un cadre à la fois corrompu et hyper libéral économiquement dans beaucoup de secteurs. D'ailleurs le Kremlin mobilise une rhétorique idéologique forte tout en ayant précisément oeuvré à la dépolitisation de ses citoyens pendant des décennies (d'où l'individualisme et le désintérêt pour la politique). La Russie est un pays malade et pétri de contradictions gigantesques, avec un gouffre entre ce qu'elle est, ce qu'elle voudrait être et ce qu'elle affirme être.
En fait, je crois que ce qui explique le mieux la politique russe, même à l'époque de l'URSS, c'est son complexe d'infériorité vis à vis de l'Occident (et particulièrement des américains). Au fond, être russe, c'est vivre dans un pays pauvre, autoritaire, corrompu, où l'Etat maltraite ses citoyens, mais où tu peux te dire qu'au moins ton pays est fort, possède la bombe atomique et parle à la table des grands. La vie russe est une vie par procuration, où tu acceptes de vivre dans des conditions de merde et de crever à 65 ans dans un hôpital miteux car tu sais que ton Président a conquis des terres à 1500km de chez toi où tu n'iras jamais.
Ca me fait penser à ce Thread qui illustre à merveille le sentiment que j'ai et qui vaut le détour :
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il y a 9 minutes, Ciders a dit :
Échos contradictoires encore ce matin pour Novoberyslav. Je me demande s'il n'y a pas un souci de traduction entre "les Ukrainiens arrivent" et "les Ukrainiens sont déjà là". En tout cas, ça continuerait de craquer côté est de la tête de pont.
Novoberyslav ? J'ai rien vu de sérieux qui prétendrait que les ukrainiens y sont déjà. Comme le montrent les cartes compilées par Vroum (merci au passage), tout le monde s'accorde plus ou moins pour placer la ligne de front autour de Mylove.
D'ailleurs, Rybar et Dva Majora (deux milbloggers russes sérieux) confirment qu'on serait sur le point d'assister à un gros remaniement du personnel au niveau du MoD russe. Les changements vont être discrets : les gens vont garder nominalement leur poste, mais d'autres occuperont effectivement leurs fonctions.
Rybar "On dit que nous sommes à la veille d'un changement majeur de personnel. L'essentiel est de ne pas trébucher."
Dva Majora : "Nous confirmons les informations des canaux Mig et Rybar selon lesquelles nous sommes sur le point de procéder à d'importants changements de personnel. Dans un certain nombre de cas, les postes seront officiellement conservés par les titulaires, mais leurs fonctions seront en fait assumées par des militaires plus responsables. Pour qu'il n'y ait pas de paperasse lors des rendez-vous."
https://t.me/dva_majors/2986- 1
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Les sources russes affirment que les russes ont quitté Snihurivka, une ville de 13 000 habitants au nord de l'Inhoulets. Il n'est pas clair si les ukrainiens sont dedans ou si elle est désormais en zone grise
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il y a 4 minutes, olivier lsb a dit :Un témoignages très très intéressants concernant l'effondrement de Kherson.
A kherson, ce soldat Ru explique que les principales raisons et observations de l'effondrement du front sont les suivantes:
- Aucun rotation des unités de la 126e brigade (Ru) depuis Mars (!!). L'usure sur 7 mois a produit ses effets
- Malgré çà, la 128e Brigade Ukr Transcarpathie a été sérieusement étrillée en Aout. Les Ukr ont relevé cette brigade depuis et les nouveaux ont percé leurs positions
- Après des mois de reconnaissance, les Ukr se sont infiltrés entre les points durs de la défense Ru de Kherson, avec des unités très mobiles, pour encercler et faire tomber plus facilement les villes et villages. C'est une tactique nouvelle pour les Russes.
- Les troupes Ru usées n'avaient pas ou peu de réserves mobiles pour contrer les infiltrations Ukr. Les Ukr n'ont pas poursuivi les Ru en retrait et la quasi totalité des troupes Russes défaite se sont repliées en bon ordre, avec peu de pertes.
- Le temps était pas mauvais, pas d'artillerie employée des deux cotés.
- (La remarque la plus intéressante à mon sens): les Ukr ont employé des signes V et Z sur leurs unités mobiles pour faciliter leur infiltration. L'hypothèse de ce soldat, c'est que les Ukrainiens disposent nécessairement d'un système Américain de type "network centric battle management system" (un Scorpion quoi, on lui enverra la brochure). Si c'est avéré, c'est pour lui une très mauvaise nouvelle car ça permet un saut qualitatif dans la gestion des troupes et de l'information terrain.
Si les ukrainiens disposent d'un système comme ça, c'est très certainement via Smartphone/tablette, afin de pouvoir rapidement s'adapter à la myriade de véhicules différents dont ils disposent. C'est un peu comme leur système d'artillerie à la sauce Uber, c'est rapide, efficace, léger, pas cher et flexible. Une vraie leçon à retenir de ce côté là car ça montre qu'on peut créer des systèmes démultiplicateurs de puissance à l'aide de briques technologiques civiles pas chères et facilement accessibles.
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à l’instant, OCB a dit :
Oui en effet, tu as raison ce qui m'apparaissait comme une faiblesse potentielle constitue, dans l'état actuel, un avantage. Mais que diable fait l'artillerie russe ? Impossibilité de cibler précisément les mouvements ukrainiens ? Manque de munitions ?
Le ciblage me semble être clairement en cause, comme d'habitude chez les russes dès que le front est mouvant. Les sources pro-russes rapportent des communications chaotiques, des troupes qui ignorent où se trouve l'ennemi et retraitent "dans le doute". Autant dire qu'entre le moment où quelqu'un voit une colonne ukrainienne et le moment où les obus tapent, ladite colonne a eu le temps de faire 15km.
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il y a une heure, Yorys a dit :Si tu savais comme j'ai peu de considération pour Poutine... surtout depuis quelques années... mais c'est vrai qu'à un moment je l'ai vu en despote peut être, mais en despote éclairé, ce n'est vraiment plus le cas aujourd'hui !
Ma vrai "tâche originelle" ici est ailleurs c'est d'être à peu près aussi désolé pour ce qui arrive au peuple russe pour qui j'ai toujours eu une certaine affection, que pour les ukrainiens qui, quoi qu'on en dise, sont ou étaient quand même des "russes" du sud.
J'avais rêvé après 1994 d'une Europe "de l'Atlantique à l'Oural", je le confesse, mais bon c'est mort : impermanence... tout ça...
C'était un rêve légitime, celui de De Gaulle. Mais il faut admettre qu'en l'état, la Russie n'est intégrable à aucun ensemble géopolitique pérenne. Elle a, profondément enfouie dans sa psyché, une Ethos impériale et revenchiste, une puissance malade qui n'accepte pas de ne pas parvenir à atteindre la place qu'elle croit devoir être la sienne. Tant que la Russie n'aura pas fait un deuil (et un deuil peut être violent) de tout ça, on ira nul part. Il a fallut la capitulation de 1945 et l'occupation de son territoire pour que l'Allemagne rentre dans le rang et redevienne un pays "normal", mais la question nucléaire fait que ça n'arrivera jamais en Russie.
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il y a une heure, Berezech a dit :
Ça souffle très fort l'intoxication de la victoire (et pas au Champomy)côté pro ukr donc faut sans doute prendre ça avec grande circonspection :
Mais les Ukrainiens auraient pris Mylove. (Franchement je suis dubitatif), par contre je suis tout aussi dubitatif sur la capacité des russes à reformer une ligne de défense durable en rase campagne avant Beryslav.
Chuck Pfarrer met déjà la pointe ukr devant Beryslav. (Lui il tourne au LSD depuis balaklia)
Par contre les russes se rassembleraient pour contre attaquer dans le triangle Svatove/ Kremnina/ Starobilisk (dixit des pax russes)
Pfarrer c'est le strapol pro-ukrainien, à l'entendre Zelensky fait la revue de ses troupes dans Moscou jeudi prochain. Mais oui, il semble qu'à Kherson les russes n'aient pas réussi à stabiliser la situation à Duchany contrairement à ce qu'ils espéraient.
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il y a 36 minutes, Buss a dit :
Il y a une question qui me taraude depuis quelques jours, je lis de plus en plus chez rybar que le « manque de communication » est la source des ennuis des troupes RU.
Est-ce quelque chose de nouveau ? Hormis les premiers jours de l’offensive, je n’ai pas vu cette occurrence…
y a t il une explication ? Au moins une source russe (rybar) que je consulte régulièrement et d’autres occasionnelles (peut être moins crédibles) annoncent des abandons de position suite à une absence d’informations. Cela me parait assez étonnant …
Non c'est un problème très commun dans l'armée russe depuis le début de la guerre. Le problème était déjà connu avant par les analystes occidentaux mais pas dans de telles proportions (comme la plupart des problèmes de l'armée russe). Ca vient de plusieurs facteurs : matériel vétuste, corruption, manque de formation. On a vu un paquet d'unités russes communiquer avec des Baofang chinoises à 50€ voir de simples portables, surtout en début de guerre. Une partie du problème vient sans doute aussi de la désorganisation des unités russes : elles sont parties à la guerre formés en BTG ad hoc plutôt qu'en unités organiques (à cause des conscrits), puis ont essayé de plus ou moins se réorganiser au fur et à mesure, mais souvent de manière improvisée et avec des pertes qui n'aident pas. On rajoutera enfin que le fonctionnement même de l'armée russe la rend très vulnérable à la perte des communications. L'armée russe fonctionne sur un modèle très vertical avec peu d'initiatives laissées aux plus bas échelons. Il y a peu de sous-officiers. Donc, pour peu qu'une unité perde le fil avec sa hiérarchie, elle va vite se retrouver laissée à elle-même sans savoir quoi faire, car ses hommes n'ont pas été formé à agir en autonomie.
Du côté ukrainien, c'est plutôt l'inverse : l'échelon brigade est resté la norme et ils se sont évertués à ne pas trop bousculer les unités organiques. Et surtout, l'autonomie tactique et le commandement décentralisé à tous les niveaux ont été un des axes prioritaires des réformes ukrainiennes depuis 2014. Donc quand bien même une unité ukrainienne perdrait ses communications avec l'extérieur, elle sera - toute proportion gardée - plus à l'aise pour agir de manière autonome en attendant de rétablir la liaison.
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à l’instant, Boule75 a dit :
Il n'était pas stupide.
Ce que décrivent les diplomates, et Macron en tête, c'est un interlocuteur complètement à l'ouest, s'écoutant radoter, et mono-maniaque (butter les pédales libérales jusque dans les chiottes du Dombass).
D'accord, mais même en admettant qu'il vieillisse mal et devienne mono-maniaque avec le temps (ce sur quoi je suis relativement d'accord même si je pense qu'il y a plus de continuités qu'on ne le crois dans sa politique), il ne semble pas pour le moment atteint d'un point de vue strictement cognitif, et il capable de comprendre que ça ne se passe pas bien. Et pourtant, on a une impression de passivité incroyable de l'armée russe. Rien ne se passe. Elle ne tente pas de se réorganiser, ou de tenter quelque chose, elle est inerte, attendant de recevoir les coups. Dans une situation pareille, on pourrait imaginer une réorganisation du commandement, un gros turn over des généraux avec promotions express des plus capables sur le champs de bataille. Là, non, on vire de temps en temps un général après une grosse défaite pour le remplacer par son adjoint tout aussi incompétent, rien de plus.
La seule exception, c'est le retrait de Kiev. On parle d'une décision prise relativement rapidement (1 mois), sans doute salvatrice car elle sauve d'une quasi destruction par l'attrition la moitié de l'armée russe, alors même que les russes étaient à 10km du centre-ville. On a vu un paquet de dictateurs s'obstiner bien plus longtemps dans la périphérie d'une grande ville ennemie, obnubilé par cet objectif qui semble si proche (notamment un certain moustachu par deux fois).
il y a 4 minutes, Yorys a dit :*de smartphone, pardon. Et merci pour les leçons sur la propagande, la source c'est le Kremlin lui même, encore une officine de la CIA ? https://tass.com/society/1237157
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il y a 8 minutes, g4lly a dit :
En fait il y a deux catégorie de gens ... ceux qui poste un peu partout sur le forum. Qui participe au débat sur plein de sujet.
Et d'autre qui ne respawn que sur le fil sur la guerre en Ukraine ... étrangement. Ils ne participent nulle part ailleurs ...
En gros le premier groupe a fuit le sujet parce qu'il est devenu sans intérêt ... et le second s'écoute parler sur le malheur des autres.
J'ai du mal à comprendre leur plan à ce sujet. Normalement à l'américaine c'est par là qu'on commence. On prive l'adversaire d'énergie et de communication ... Et là pas grand chose. Soit il ne veulent pas, ou pas encore. Soit il ne peuvent pas/plus. Mais c'est une question qui revient souvent chez les milblogger russe. En gros pourquoi cette invasion a été faite de manière "chevaleresque".
On peut supposer que la Russie espérer ne pas trop s'aliéner la population ukrainienne. Dans les premiers jours ça s'entend. Mais après l'échec des offensives au nord ... ça se comprend moins.
La question c'est surtout pourquoi avoir attendu autant pour mobiliser. On aurait pu imaginer une mobilisation suivant de quelques jours ou quelques semaines le début de l'invasion.
A la vitesse ou cela va, à la fois le "recrutement" et la "reculade" les russes vont se retrouver dans la situation de 2014 à devoir ré-envahir la Crimée.
En tout cas remettre comme ça des pièces dans le bastringue ça laisse présager une guerre longue ...
La mobilisation reste risquée sur le plan intérieur, et je suis de plus en plus convaincu que Poutine n'a/avait qu'une idée très partielle de l'ampleur des problèmes, au moins jusqu'à l'offensive vers Koupiansk. On parle d'un homme qui ne possède pas de téléphone portable, n'a jamais utilisé internet et a une mentalité très "KGBesque". Il est paradoxalement à la fois très puissant et extrêmement dépendant de ses proches, des autorités militaires et du FSB concernant sa compréhension de la situation militaire. Et on peut raisonnablement penser que cet entourage qui lui a fait croire que l'Ukraine tomberait en 3 jours n'est pas forcément devenu honnête du jour au lendemain. C'est presque ça qui est le plus étonnant : que Poutine, qui n'est pas stupide, n'ai pas totalement purgé son entourage et ses services après l'échec initial afin de s'entourer de gens compétents qui lui donneraient une vue réaliste de la situation.
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il y a 3 minutes, Boule75 a dit :A mon sens c'est "pire" que ça, et ça ne concerne pas que la région de Kherson : l'armée russe en général sait que la poursuite du conflit est illégitime, parce que les buts initiaux l'étaient et que maintenant il n'y a plus de but. Les russes sont KO côté renseignement tactique, côté transmissions (sécurisées), côté propagande en direction des opinions occidentales et russes (sinon leurs étudiants seraient restés : ils sont partis), côté logistique, côté aérien, même les forces spéciales. Il n'y a plus de missiles, il n'y a jamais eu d'Armata.
Résumons : plus rien ne fonctionne, c'est plié et perdu.
Seul enjeu désormais : la fierté du Chef et de ses lieutenants, leurs luttes pour le pouvoir.Eh bien l'armée russe a collectivement décidé de ne pas mourir pour ça, et elle a bien raison, pour une fois.
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Un pays on a dit !
(la quantité de HS sur ce fil ce soir est prodigieuse).
La liste de conquêtes ukrainiennes depuis fin aout est impressionnante certes, mais il ne faut pas non plus vendre la peau de l'Ours (c'est le cas de le dire) avant de l'avoir tué. Les russes ont encore des moyens d'escalader avant de passer au nucléaire : destruction systématique des infrastructures, ect. Et leur mobilisation n'en est qu'à ses débuts. Oui, elle est chaotique, mais je ne sous-estimerait pas son potentiel pour autant. Les ukrainiens jouissent aujourd'hui d'une énorme supériorité numérique qui les aide beaucoup, combiné à tout le reste. Si demain la Russie parvient à rétablir un rapport de force équilibré, même avec des troupes médiocres, ça peut sensiblement compliquer les offensives ukrainiennes en émoussant les percées et en obligeant à se battre pour chaque village.
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il y a 1 minute, g4lly a dit :En fait non ... la pyramide des besoins n'est pas la même dans toute les société, ni toutes les cultures, ni toutes les époques.
Certain peuvent faire passer tout un tas de principe religieux, moraux, ou collectif avant leur propre riche, leur propre confort, leur propre vie etc. C'est même assez courant.
La pyramide des besoins est modulée par la culture, oui, mais dans certaines limites. Des gens prêts à tout sacrifier pour des principes spirituels supérieurs ils y en a toujours eu, dans toutes les sociétés, mais ça n'a jamais été une majorité. Mais on rentre dans des débats d'anthropologie totalement HS comme on nous l'a déjà fait remarquer, donc je m'arrête là même si le débat est passionnant.
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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires
dans Politique etrangère / Relations internationales
Posté(e) · Modifié par CortoMaltese
Article du Washington Post sur la percée ukrainienne à Kherson.
"Une retraite russe plus stratégique signale un long combat à venir à Kherson"
Une retraite russe plus stratégique signale un long combat à venir à Kherson
Par Isabelle Khurshudyan, Paul Sonne et Kamila Hrabchuk
RÉGION DE MYKOLAIV, Ukraine - L'opérateur de drone a ignoré le tonnerre occasionnel des tirs d'artillerie au loin et a gardé les yeux fixés sur l'écran d'ordinateur devant lui, attendant l'apparition de l'éclat de fumée. Ses pouces poussaient le joystick vers la gauche, puis vers la droite, avant de passer à l'écran de son téléphone portable pour signaler l'endroit où l'artillerie devrait viser ensuite.
À quelque cinq kilomètres de la ligne de front sud de l'Ukraine, les obusiers M777 fournis par les États-Unis pilonnent les forces russes qui refusent de céder davantage de terrain.
Un autre soldat, dont l'indicatif d'appel est "Dobriy", a ensuite informé ses camarades de cette unité des forces spéciales ukrainiennes que leur drone n'était pas le seul dans le ciel. On venait de lui dire qu'un drone de reconnaissance russe Orlan se dirigeait dans cette direction, et que s'ils étaient repérés, des tirs d'obus suivraient sûrement. La veille, le champ derrière cette courte ligne de tranchées était jonché de roquettes. "C'était spécialement pour moi," dit le Cne Dobriy avec un sourire.
Son commandant, le colonel Roman Kostenko, semble maintenant préoccupé. "Devrions-nous partir ?" a-t-il demandé, faisant référence à lui-même et aux journalistes du Washington Post qu'il avait emmenés avec lui. "Trop tard", a répondu Arthur, l'opérateur de drone, ne quittant toujours pas des yeux l'écran devant lui.
Le lendemain de la reconquête par les forces ukrainiennes de nouveaux territoires dans les régions de Kherson et de Mykolaiv, au sud du pays, la jubilation d'une percée dans cette partie de la ligne de front a été tempérée par l'anxiété liée à la dureté des combats à venir.
L'armée de Kiev a repoussé les Russes de plusieurs dizaines de kilomètres à certains endroits après avoir lutté pendant des mois pour avancer. Mais après la contre-offensive ukrainienne remarquablement réussie dans la région nord-est de Kharkiv, les soldats stationnés près du front sud ont prévenu que la situation restait tendue. Kherson est trop importante, politiquement et militairement, pour que les Russes se retirent de manière aussi désordonnée qu'à Kharkiv, ont-ils déclaré.
"Ce n'est pas Kharkiv", a déclaré Kostenko. "Là-bas, ils ont laissé toutes leurs munitions et leurs véhicules et ont fui. Ici, nous n'avons même pas beaucoup de trophées. Ils se sont simplement retirés du combat, ont tout emporté avec eux sur leur nouvelle position et creusent à nouveau."
Ce que les Ukrainiens ont observé, c'est un retrait russe ordonné de certaines villes et villages dans ce qui pourrait être une préparation pour resserrer la ligne de front autour de la ville de Kherson, la seule capitale régionale que les forces de Moscou ont capturée depuis le début de leur invasion en février dernier, et la ville voisine de Nova Kakhovka, qui abrite une centrale hydroélectrique qui contrôle également un approvisionnement en eau vital pour la Crimée, que la Russie a illégalement annexée en 2014. S'emparer de la centrale et rétablir le flux d'eau, que l'Ukraine avait coupé, était l'un des principaux objectifs militaires de la Russie dans les premiers jours de l'invasion.
Les avancées ukrainiennes interviennent alors que les forces russes se trouvent dans une position de plus en plus précaire à Kherson et dans ses environs. La ville est située sur la seule portion de territoire que l'armée russe contrôle à l'ouest du fleuve Dniepr. Le terrain est plat, ce qui le rend particulièrement difficile à défendre pour la Russie.
La tranche de terre occupée est reliée au reste du territoire contrôlé par la Russie par deux passages principaux sur le Dniepr - le pont Antonovsky à Kherson, qui est très endommagé, et le barrage hydroélectrique de Kakhovka, qui se trouve à environ 45 miles à l'est et qui reste praticable.
Les forces russes risquent d'être isolées à Kherson - entourées par les forces ukrainiennes sur trois côtés et le fleuve sur le quatrième - si les Ukrainiens parviennent à avancer suffisamment près du fleuve pour le rendre infranchissable.
"Si les militaires ukrainiens parviennent à placer leur artillerie à portée des principaux ponts et passages de rivière, la position russe en général pourrait devenir intenable", a déclaré Michael Kofman, analyste militaire au groupe de recherche CNA, basé en Virginie.
Une stratégie militaire prudente consisterait à battre en retraite par la rivière plutôt que de prendre le risque d'être encerclé ou assiégé à Kherson. Mais il est probable que les Russes se battent pour tenir Kherson, car c'est la capitale d'une région que Poutine prétend avoir annexée.
La ville et ses environs constitueraient également une tête de pont utile sur la rive occidentale du fleuve pour les Russes, s'ils parvenaient à reconstituer leur puissance de combat et à passer à l'offensive pour tenter de capturer les villes portuaires de Mykolaiv et d'Odessa.
"Nous pensons qu'il est peu probable que les dirigeants russes approuvent un retrait complet de Kherson pour des raisons politiques", a déclaré un responsable occidental qui a insisté sur l'anonymat pour informer les journalistes sur des informations de sécurité sensibles. "La situation dans le sud pourrait donc devenir de plus en plus désordonnée, avec, potentiellement, une force russe plus désespérée, dos à la rivière".
"Ce ne sera pas une ruée facile à travers un territoire sans contrainte", a ajouté le fonctionnaire. "Ils auront un défi à relever".
Jusqu'à présent, les Ukrainiens ont fait le plus de progrès en repoussant les Russes au nord-est de Kherson. La rapidité avec laquelle le front russe pourrait s'effondrer dépend du fait que les Russes aient mis en place des défenses en échelon pour se replier entre le front et la ville.
Contrairement à Kharkiv, où les miliciens locaux et les gardes nationaux russes étaient les principaux responsables d'un front qui s'est effondré rapidement, la Russie a placé des forces plus expérimentées - parachutistes et marines - dans et autour de Kherson. Ce sont des adversaires plus coriaces, mais même ces unités semblent aujourd'hui désorganisées en raison des lourdes pertes subies.
Le capitaine Andriy Pidlisnyy a déclaré que son unité militaire ukrainienne dans la région de Mykolaiv avait récemment capturé un prisonnier russe qui expliquait ainsi les problèmes de main-d'œuvre de Moscou : Dans l'équipage de trois chars du prisonnier, tous trois provenaient d'unités différentes au sein des forces russes.
Le prisonnier, un parachutiste, était le conducteur. Le commandant, était un mercenaire de l'unité paramilitaire Wagner. Et le tireur a été mobilisé depuis la région occupée de Louhansk, qui est sous le contrôle des proxies du Kremlin.
"Si même au niveau du char, ils ont un tel fatras de différentes unités, alors au niveau où il y a une compagnie, un bataillon et une brigade, il est clair qu'il ne peut y avoir de coordination normale", a déclaré Pidlisnyy.
L'Ukraine cherche maintenant à profiter d'une période de transition clé pour la Russie, avant que les renforts issus de la récente mobilisation de Poutine n'arrivent sur le front. Près de la colonie récemment libérée de Davydiv Brid, il y a eu une activité intense sur la route mercredi, les forces ukrainiennes déplaçant des ponts de pontons, des obusiers automoteurs et des véhicules blindés. L'unité de drones de Kostenko a préparé des explosifs artisanaux dans des canettes de soda recyclées pour les larguer sur les champs autour de Davydiv Brid - une tactique de déminage inventive.
La contre-offensive ukrainienne, qui se déroule sur deux fronts, est désormais si rapide que même les soldats sur le terrain ont du mal à suivre.
"Snihurivka est-elle déjà à nous ?" Kostenko a demandé à son adjoint, faisant référence à une ville de la région de Mykolaiv qui a été un bastion des forces russes depuis les premiers jours de la guerre.
"Presque", a répondu le major Volodymyr Voloshyn.
Reprendre Davydiv Brid et Snihurivka donnerait aux Ukrainiens l'accès aux routes menant plus profondément dans la région de Kherson et augmenterait la pression sur les Russes depuis le nord-ouest.
"Bientôt, nous serons en Crimée", dit Voloshyn en sourdine.
Les deux hommes sont eux-mêmes originaires du sud de l'Ukraine, tout comme le reste de leur unité de 29 hommes. Kostenko, un membre du parlement ukrainien, partage son temps entre ici, à Kiev, et des voyages internationaux pour faire pression pour que l'Ukraine reçoive plus d'armes. Lors d'une récente visite à Washington, il a demandé aux membres du Congrès davantage de chars et de véhicules blindés de transport de troupes.
Sa propre ville natale, Charivne, dans la région de Kherson, est toujours occupée. Mercredi, en regardant une tablette avec une carte du village, il a indiqué à un opérateur de drone où se trouve sa maison. "Quoi que vous fassiez, ne laissez personne tirer là-bas", a-t-il plaisanté.
Expulser les soldats russes de son arrière-cour est une priorité personnelle. Et même s'il ne s'attend pas à ce que ce soit facile, les gains récents ont convaincu toute l'Ukraine que c'est possible.
"Le succès de la contre-offensive à Kharkiv a vraiment motivé les combattants ici", a déclaré Kostenko. "L'instinct pousse à la prudence, mais parfois il faut mettre le pied dedans pour voir que ce n'est pas si effrayant et que l'on peut aller plus loin. Quand ce qui s'est passé à Kharkiv a montré que nous pouvions le faire, le résultat est venu ici aussi. Nous avons commencé à aller de l'avant."
https://www.washingtonpost.com/world/2022/10/05/more-strategic-russian-retreat-signals-long-fight-ahead-kherson/