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Messages posté(e)s par CortoMaltese
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il y a 12 minutes, Clairon a dit :
Quand on a vu ce que ça a donné sur Hostomel sur une armée Ukrainienne pas totalement préparée, ça risque d'être joli ... Si en plus y a déjà l'une ou l'autre batterie d'Iris T ou de Nasams qui traine dans le coin, avec en plus quelques Buk et S300 déjà bien entrainés et bien planqués ... Pas sûr que cela soit le plus malin ...
Clairon
J'ai envie de dire que si nous, à 2000km de là, on est déjà au courant du truc, c'est déjà foiré avant d'avoir commencé.
Et puis surtout, comme tu le dis, comment imaginer que des centaines d'hélicoptères vont pouvoir faire un raid de 200km en plein territoire ennemi, truffé d'AA et de MANPAD, pour arriver à destination. Et quand bien même ça marcherai, ça représenterai peut-être quelques milliers d'hommes au grand maximum, totalement isolés puisqu'un débarquement amphibie en parallèle semble désormais totalement exclu. Et c'est pas les 1 000 clampins prépositionnés en Transnistrie qui vont y changer quoi que ce soit. J'ai vraiment du mal à imaginer l'Etat Major russe assez con pour se lancer dans un plan foireux pareil.
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il y a 2 minutes, gustave a dit :
Je doute que la France ait eu l'opportunité de quoi que ce soit: les pays européens n'ont jamais cru à autre chose qu'aux USA comme garant de leur sécurité et objectivement il n'est pas possible pour la France de les remplacer. Et toutes les initiatives françaises en ce sens ont suscité méfiance et rejet.
Une Europe de la défense suppose une Europe intégrée politiquement car la défense est l'outil le plus souverain du politique. Autant dire que cela me semble très illusoire. Vouloir créer un outil militaire intégré sans intégration politique n'a pas de sens, il n'est que de voir les difficultés du moindre programme de coopération... Donc l'OTAN demeurera la chose des USA, qui font coup double en parvenant à faire croître les dépenses militaires des européens... Après y a-t-il une autre option pour la majorité des pays européens, je ne le crois pas.
Si je parle de la France, c'est que dans ses multiples tentatives de monter des projets de défense en commun (je ne parle pas des programmes industriels ici), elle a toujours eu tendance à essayer de le faire "contre" l'OTAN, en concurrence, ou du moins ça a toujours été interprété comme tel. Or, la plupart des pays de l'Est n'ont aucune envie de s'embarquer dans quelque chose qui pourrait les brouiller militairement avec les américains.
Concernant le problème du manque d'intégration politique, je suis d'accord avec toi mais tout dépend de quoi on parle. Il est évident qu'une armée "européenne" sous commandement supranational n'est ni souhaitable ni possible en l'état (bien que ce fut un truc très sérieusement envisagé dans les années 50). Par contre, avant d'en arriver là, il y a beaucoup de choses que l'on peut faire pour harmoniser nos armées, les faire travailler ensemble, et créer, comme le souligne l'article, des "cagnottes" communes pour financer certains achats qui sont hors de portée des nations à l'échelle individuelle (et le cas des munitions est assez parlant à ce propos). J'avais commis un article d'une dizaine de page il y a quelques années, quand j'étais en licence, dans le journal de mon école sur ces questions et, en le relisant à la lumière des évènements récents, je trouve qu'il n'a pas si mal vieilli même s'il est loin d'être sans défaut. Ci ça intéresse quelqu'un : https://www.transfernow.net/dl/20220825LrC0glaH (et toutes mes excuses pour cette conclusions complètement pédante et hors sujet au passage, clairement le truc le plus loupé)
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Article publié dans Foreign Affairs qui milite pour que les USA poussent l'Europe à prendre en main sa propre défense, de manière plus intégrée et autonome. J'ai l'impression que c'est une opinion qui devient de plus en plus répandue au sein des élites américaines du département d'Etat et du Pentagone. Ils semblent réaliser que dans une guerre sur deux fronts, à Taiwan et en Ukraine, ils risquent sérieusement de se retrouver écartelés et qu'une Europe capable de gérer la question russe toute seule leur enlèverait une énorme épine du pied. C'est pour ça que je pense que la France est vraiment en train de passer à côté de quelque chose au niveau de la Défense européenne. Les USA vont rentrer dans une période où, après avoir torpillé sans ménagement tout effort d'intégration européenne sur les questions de défense, ils vont de plus en plus avoir tendance à voir ces initiatives d'un oeil soulagé. La condition que tout le monde aura bien compris, c'est que ce processus se fasse sous l'égide de l'OTAN plutôt que sous l'égide de l'UE, en tout cas en ce qui concerne la direction opérationnelle concrète des moyens militaires.
J'ai personnellement la conviction que cette différence d'affiliation est moins essentielle qu'elle n'y paraît, et qu'une Europe de la défense accomplie via l'OTAN arriverai sensiblement à la même conséquence qu'une Europe de la défense via l'UE : un affaiblissement de l'influence diplomatico-militaire des USA en Europe. Ce qui rend les USA si puissants et influents en Europe, c'est que tous les européens comprennent très biens qu'en cas de problème vraiment sérieux, l'appui américain sera indispensable. Si demain l'Europe se dote d'un outil correctement intégré et cohérent, capable de sérieusement répondre à une agression russe, cette influence s'affaiblira. Peu importe au fond que le patch porté à l'épaule comporte une rose des vents plutôt qu'un cercle d'étoiles. Si cet outil existe, que l'intégration se fait, les Européens deviennent largement plus libres de décider de leur propre destinée, et ce bloc européen à peu près uni au sein de l'OTAN rééquilibra en même temps sensiblement la dynamique de l'alliance.
- CI DESSOUS L'ARTICLE -
https://www.foreignaffairs.com/europe/europe-its-own
L'Europe par elle-même
Par Max Bergmann
Pourquoi les Etats-Unis devraient vouloir une UE mieux armée
L'alliance transatlantique connaît une renaissance. La guerre en Ukraine a ramené l'attention de Washington sur l'Europe comme jamais depuis les années 1990, lorsque les États-Unis ont orchestré l'expansion de l'OTAN vers l'est et mené deux guerres dans les Balkans. Les États-Unis ont soutenu l'Ukraine en lui fournissant des quantités massives d'armes, ont rallié l'Occident autour de sanctions économiques sans précédent contre Moscou et ont renforcé l'OTAN en déployant des forces supplémentaires. Il est difficile de penser à un moment de la dernière génération où les relations transatlantiques ont été plus fortes.
Pourtant, l'engagement de l'administration Biden envers l'Europe n'est pas viable à terme. La Russie et la guerre en Ukraine resteront sans aucun doute une préoccupation majeure des États-Unis dans les mois et les années à venir. Mais même s'il est peu probable que le soutien des États-Unis à l'Ukraine faiblisse, Washington ne pourra pas maintenir le niveau actuel d'engagement diplomatique, de déploiement de forces et de ressources en Europe sur le long terme. Le pivot vers l'Asie n'est pas terminé. Le risque de conflit en Asie, où la Chine pourrait attaquer Taïwan, pourrait brusquement remanier les priorités des États-Unis. L'essor continu de la Chine ramènera l'attention des États-Unis vers le Pacifique. Washington se trouvera probablement dans l'impossibilité d'équilibrer les demandes de ses alliés en Europe et en Asie tout en maintenant la présence des forces nécessaires pour dissuader la Russie et la Chine. Les États-Unis sont débordés.
Mais au lieu de développer une stratégie pour faire face à ce dilemme, en particulier compte tenu de l'intérêt nouveau de l'Europe pour la sécurité - sans parler de sa population de plus de 450 millions d'habitants et d'une économie égale à celle des États-Unis - l'administration Biden a fait comme si ce problème n'existait pas. Alors que les États-Unis se sont montrés indispensables, ils n'ont pas profité de ce moment pour s'attaquer aux problèmes structurels profondément enracinés qui affectent la défense européenne. Les États-Unis devraient poursuivre une stratégie visant à pousser l'Europe à prendre en charge sa sécurité, en transformant l'Europe d'une dépendance sécuritaire en un véritable partenaire sécuritaire. Les États-Unis devraient appeler à la création d'un pilier européen au sein de l'alliance de l'OTAN et soutenir pleinement l'Union européenne pour qu'elle devienne un acteur de défense plus fort. Le danger est qu'au lieu de transformer la défense européenne en réponse à l'invasion russe et d'inaugurer une nouvelle ère, la réponse ne fait qu'ancrer un statu quo que les deux côtés de l'Atlantique trouvent finalement profondément frustrant et intenable.L'Ambivalence Américaine
Washington ne sait pas ce qu'il attend de l'Europe. Tous les présidents américains ont demandé aux Européens de dépenser davantage pour leur défense, mais l'objectif global de la politique américaine n'a pas été de pousser l'Europe à se débrouiller seule, côte à côte avec les États-Unis. Les dirigeants politiques et les hauts fonctionnaires américains peuvent croire que les États-Unis indiquent clairement qu'ils veulent que l'Europe fasse davantage pour assurer sa sécurité. Mais les diplomates et les fonctionnaires qui élaborent la politique américaine à l'égard de l'Europe apprécient la dépendance à l'égard de l'Europe et l'influence qu'elle procure : les États-Unis ont le droit de tirer des coups de feu - et ils veulent que l'influence américaine en Europe soit aussi forte que possible.
En 2000, Lord George Robertson, alors secrétaire général de l'OTAN, a souligné cette division. "Les États-Unis souffrent d'une sorte de schizophrénie", a-t-il déclaré. "D'un côté, les Américains disent : 'Vous, les Européens, devez supporter une plus grande partie du fardeau'. Et ensuite, lorsque les Européens disent : 'OK, nous allons porter une plus grande partie du fardeau', les Américains disent : 'Eh bien, attendez une minute, essayez-vous de nous dire de rentrer chez nous?'". Près de deux décennies plus tard, lorsque le président français Emmanuel Macron a mené la poussée pour une "autonomie stratégique" européenne, Washington s'est inquiété d'un nouveau complot visant à découpler l'Europe de l'OTAN. En conséquence, les États-Unis ont utilisé leur immense influence en Europe pour bloquer les efforts qui pourraient conduire à une Europe plus indépendante.
Il serait acceptable de préserver le caractère indispensable des États-Unis si leur attention et leurs ressources étaient illimitées. Mais le défi pour les États-Unis est que l'attention des hauts responsables est limitée. Le temps est précieux, et la lutte pour les ressources au sein du gouvernement et du Congrès est souvent à somme nulle. En outre, les moyens militaires américains ne sont pas illimités, malgré un budget de 750 milliards de dollars. Cela conduit à d'intenses luttes bureaucratiques pour savoir quelle région ou quel théâtre devrait être la priorité des États-Unis en matière d'attention et de ressources de haut niveau.
L'administration Biden est entrée en fonction en donnant la priorité à l'Asie, décrivant à juste titre la Chine comme la "menace la plus pressante". Mais l'invasion de la Russie a temporairement placé l'Europe en tête de la lutte bureaucratique pour les ressources et la visibilité. En conséquence, l'Europe a été inondée de visites de hauts fonctionnaires américains et de troupes américaines supplémentaires - 20 000 personnes de plus à la fin du mois de juin, partout dans les pays baltes, en Pologne, en Italie et en Espagne.
Les responsables européens ont salué le retour des États-Unis sur le continent. Mais comme l'a présagé la visite de Nancy Pelosi à Taïwan en août, le pendule de la politique étrangère finira par revenir vers l'Asie. L'Europe perdra cette lutte à somme nulle pour l'attention et les ressources des États-Unis.Une nouvelle ère pour l'Europe
À première vue, l'invasion de l'Ukraine par la Russie semble être le choc qui obligerait enfin l'Europe à accepter les supplications des États-Unis d'augmenter ses dépenses de défense. Les pays européens atteindront pour la plupart l'objectif de deux pour cent des dépenses de l'OTAN. L'Allemagne a annoncé une Zeitenwende (nouvelle ère) et approuvé une augmentation de 100 milliards d'euros des dépenses de défense. L'Europe s'est engagée à dépenser environ 200 milliards de dollars dans les années à venir. Ces fonds supplémentaires devraient permettre d'améliorer les capacités médiocres des armées européennes, de renforcer l'OTAN et de réduire la dépendance fondamentale de l'Europe vis-à-vis des États-Unis en matière de combat.
Mais il est peu probable que l'augmentation des dépenses permette d'alléger la pression exercée sur les forces américaines ou qu'elle aille suffisamment loin sur le long terme. Au cours des six derniers mois, les pays européens ont envoyé d'énormes quantités d'équipements de pointe à Kiev. L'Europe de l'Est a cédé des flottes d'équipements de l'ère soviétique aux mains des Ukrainiens. Les pays d'Europe occidentale ont envoyé des armes antichars et de l'artillerie avancées, épuisant ainsi les stocks qui devront être remplacés à terme. En outre, la hausse de l'inflation érode également la valeur des augmentations des dépenses de défense européennes.
Le problème structurel le plus important est que les augmentations des dépenses de défense européennes ne sont pas destinées à la défense collective de l'Europe mais à la défense nationale des pays individuels. L'Europe ne dépense pas pour protéger le continent dans son ensemble ; ce sont les États-Unis qui le font. Washington fournit les capacités critiques et les moyens haut de gamme (transport, ravitaillement en vol, défense aérienne et antimissile) qui permettent à l'Europe de se battre pour l'Europe. Presque aucune des dépenses de défense supplémentaires ne sera consacrée à des acquisitions permettant à l'Europe de se battre en tant qu'Europe et donc de réduire la pression sur l'armée américaine. L'Allemagne, compte tenu de sa taille, pourrait combler certaines des lacunes, mais ses besoins sont trop importants ailleurs - par exemple, pour remplacer des flottes d'équipements et accroître la préparation de ses forces. Les armées européennes ont toutes des objectifs de capacité de l'OTAN, qui garantissent que les pays membres peuvent remplir certains rôles, mais ces objectifs sont conçus pour aider les forces européennes à s'intégrer aux États-Unis par le biais de l'OTAN, ce qui signifie que la dépendance à l'égard de l'armée américaine est intégrée. En dépit des sommes considérables consacrées à la défense, l'Europe risque toujours d'être dépendante des États-Unis, ce qui souligne le problème plus général de l'approche actuelle de la sécurité européenne.
Dysfonction de la Défense
L'Union européenne devrait être une puissance militaire mondiale. Elle consacre collectivement 200 milliards de dollars par an à la défense, son économie est égale à celle des États-Unis et ses membres sont liés par une union politique. Pourtant, les armées européennes sont dans un état lamentable, malgré les augmentations des dépenses de défense depuis 2014. L'Europe n'a pas seulement besoin de dépenser plus pour la défense ; elle doit rationaliser et intégrer ses efforts. Mais les propositions de réforme de la défense européenne se heurtent inévitablement à l'opposition des États-Unis, aux guerres de territoire bureaucratiques (notamment entre l'OTAN et l'UE), aux perspectives nationales de clocher et aux intérêts commerciaux et politiques acquis.
En tant que garants de la sécurité européenne, les États-Unis doivent mener la transformation en insistant sur la création d'un pilier européen fort de l'OTAN, capable de défendre le continent. L'Europe s'efforcerait de fonctionner comme une seule entité au sein de l'OTAN, l'alliance s'attachant à faire des forces européennes une force de combat capable, avec ou sans les États-Unis. Pour créer un pilier européen au sein de l'OTAN, il faudrait renforcer l'Union européenne, une union politique et économique qui veille aux intérêts européens au sens large. La monnaie et la banque centrale communes de l'UE fournissent le soutien financier potentiel permettant à l'UE d'adopter un rôle de défense de premier plan. L'Union dispose d'un levier juridique et institutionnel qui lui permet d'assurer la conformité et la coordination au niveau national, ce qui est essentiel pour rationaliser le secteur industriel de la défense en Europe. L'objectif de l'UE n'est pas de créer une armée européenne, mais de permettre à l'Europe de se défendre.
L'UE peut assumer le rôle de premier financier de la défense européenne, en comblant les lacunes qui dépassent les capacités des États membres, par exemple en achetant des systèmes de défense aérienne et antimissile, des avions-citernes et des moyens de transport. Rien n'interdit à l'UE d'acheter des équipements militaires, qui pourraient être mis à la disposition des États membres ou de l'OTAN. Par exemple, l'UE pourrait financer l'acquisition de stocks massifs de munitions, de pièces d'artillerie et de missiles à guidage de précision (dont l'Europe a manqué lors de son intervention en Libye). L'UE a déjà joué un rôle similaire en Ukraine, en débloquant 2,5 milliards d'euros de son nouveau fonds d'assistance létale pour renflouer les budgets de défense des pays fournissant des armes à l'Ukraine. En juin, la Commission européenne a également annoncé la création d'un fonds de 500 millions d'euros pour inciter les pays à coordonner leurs nouvelles dépenses de défense, à effectuer des achats conjoints, à accroître l'interopérabilité et à réaliser des économies d'échelle.Il s'agit d'initiatives importantes visant à intégrer et à rationaliser les efforts de défense européens, et les États-Unis devraient faire pression sur l'UE pour qu'elle étende considérablement ces programmes. Bien que l'administration Biden se soit décrite comme l'administration la plus pro-UE de tous les temps, elle ne peut revendiquer ce titre que sur la base de la coopération économique. En matière de défense, elle a largement maintenu le scepticisme traditionnel des États-Unis. Ils n'ont pas encouragé activement les initiatives de l'UE en matière de défense ni demandé à l'UE de les étendre. Par exemple, lorsque le président Joe Biden a assisté à un sommet du Conseil européen en mars, dans les premières semaines de la guerre, il a manqué une occasion en or de soutenir une proposition sur la table pour que l'UE emprunte des fonds pour investir dans la défense. Si le président avait simplement dit aux dirigeants européens que si l'UE pouvait emprunter de l'argent à des fins militaires, comme elle l'a fait pour la pandémie de COVID-19, il aurait pu contribuer à inaugurer une nouvelle ère pour la défense européenne. Les États-Unis conservent une immense influence en Europe, notamment en matière de défense. Si l'UE doit jouer un rôle plus important en matière de défense, elle aura besoin d'un soutien américain fort.
De la dépendance au partenariat
La question que les responsables américains doivent se poser est de savoir si leur objectif est de rendre les États-Unis indispensables à l'Europe ou de faire de l'Europe un partenaire indispensable des États-Unis. Une Europe capable d'assurer sa sécurité n'entraînera pas de fracture de l'alliance, ne minera pas l'OTAN et ne provoquera pas de découplage avec les États-Unis. Le lien transatlantique se renforcera à mesure que l'Europe se renforcera.
Il suffit de regarder ce qui se passe sur le plan économique entre les États-Unis et l'UE. La nécessité d'une coopération transatlantique pour fixer les règles économiques de la route face à la montée en puissance de la Chine a conduit au lancement du Conseil américano-européen du commerce et de la technologie. Dans l'ensemble, les relations transatlantiques s'en sont trouvées considérablement améliorées. Une Europe plus forte, dotée de forces terrestres, aériennes et navales performantes, serait une aubaine pour les États-Unis et leurs partenaires asiatiques. Elle entraînerait également une coordination plus étroite au sein de l'OTAN, car les États-Unis cesseraient de considérer l'Europe comme acquise.
La véritable menace pour l'alliance transatlantique est le statu quo. Les efforts déployés depuis 25 ans par les États-Unis pour empêcher l'UE de devenir un acteur militaire indépendant ont été largement couronnés de succès. Mais si cela a permis de préserver le rôle indispensable des États-Unis, le résultat est que l'état de la défense européenne pourrait difficilement être pire. Il existe également un risque évident que les États-Unis décident qu'ils ne veulent plus être indispensables à l'Europe. Le prochain président pourrait être un anti-atlantiste tel que Donald Trump ou Josh Hawley, ce dernier ayant voté contre l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN le 3 août. Mais il est tout aussi probable que l'Europe soit rétrogradée, que la Russie soit à nouveau considérée à tort comme un tigre de papier et que l'alliance transatlantique souffre du désintérêt de son partenaire indispensable.
Pour éviter un tel avenir, les États-Unis doivent reconnaître qu'ils veulent que l'Europe soit un partenaire indispensable qui puisse se tenir aux côtés des États-Unis. La poursuite d'une telle stratégie et la construction d'un pilier européen au sein de l'OTAN serait un processus qui durerait toute une génération et qui nécessiterait un engagement intensif des États-Unis, poussant les alliés et partenaires européens dans une nouvelle direction. Le moment est venu d'entamer cette transformation.
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Il y a 1 heure, Valy a dit :
Un article du Washington post qui a l'air intéressant et qui est recommandé sur Twitter : https://www.washingtonpost.com/national-security/interactive/2022/kyiv-battle-ukraine-survival/
Je n'y ai pas accès. Si quelqu'un a accès, merci de partager.
Excellent article en effet. Je n'ai pas le temps de te le recopier (je suis sur téléphone) mais tu as juste à couper ton wifi/4G/ethernet immédiatement après l'avoir ouvert. Ça neutralise le paywall du Washington Post.
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Macron s'adresse au peuple Ukrainien à l'occasion du jour de l'indépendance ukrainienne
https://twitter.com/EmmanuelMacron/status/1562385021260156929?t=bf9BF9K5LfcCJ6vXjg_K7A&s=19
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il y a 23 minutes, Boule75 a dit :
Je n'ai pas dit que tu disais le contraire.
J'accorde une confiance relative aux déclarations de Kiev
et une confiance nulle, voire négative, aux déclarations de Moscou.Sur les pertes dans son propre camp, comme sur bien d'autres sujets, il n'y a pas d'équivalence entre les deux :
- Kiev affiche des chiffres probablement minorés, et n'en parle pas trop ; mais on avait vu Zelensky parler de plus de 100 morts/jours dans le Dombass, tout de même, on ne nie pas qu'il y ait des pertes.
- à Moscou, il n'y a pas de guerre, les DNR/LNR ne sont pas aux ordres, Wagner est un entrepreneur privé et, au final, il n'y a pas de morts et "on n'a encore rien vu".
C'est là où nous divergeons donc, me semble-t-il, je ne considère pas que les deux camps soient symétriques dans leur comm'.
Assez d'accord, mais le problème est que bien souvent côté Ukrainien le fiable se mélange au n'importe quoi le plus absolu sans qu'on comprenne trop le pourquoi du comment. Un exemple : les pertes matérielles infligées aux russes. Les revendications ukrainiennes sur les blindés détruits se recoupent très bien avec les chiffres disponible en OSINT et les estimations occidentales. À l'inverse, ils revendiquent un nombre parfaitement grotesque d'avions détruits (+ de 200, hors UAV) dans le MÊME graphique.
Autant dire que quand ils doivent donner leur propre perte, on peut difficilement leur faire confiance quand bien même ils mentent objectivement beaucoup moins que les russes. Au final, 30% de mensonge produisent le même effet que 100% : c'est pas suffisamment fiable pour être cru en tant que tel, et donc l'info est inexploitable tant qu'elle n'a pas été recoupée via d'autres sources, ce qui est difficile pour des chiffres aussi secrets et sensibles que ceux des pertes humaines.
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il y a 6 minutes, Valy a dit :
Selon la Croix Rouge il y a 9000 prisonniers Ukrainiens. Ce seraient donc des pertes hors POW.
Ça ferai donc peut être 26 000 pertes definitives en comptant les POW, ce qui pour le coup me semble plausible
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Il y a 3 heures, Banzinou a dit :
Concernant les pertes ukrainiennes annoncées, une hypothèse qui peut s'entendre
Ça me semble déjà plus raisonnable, bien qu'un peu plus faible que ce que j'imaginerai intuitivement. On pourrait imaginer une ventilation entre armée régulière et territoriale selon le lieu et la temporalité : Marioupol surtout du régulier (marine + azov), Donbass plus de territoriale envoyée comme expédient pour boucher les trous à mesure que les russes avancent
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En tout cas le chiffre de 9000 pertes definitives admises par l'Ukraine me semble excessivement bas, et de beaucoup. Rien qu'à Marioupol ils ont dû y laisser plusieurs milliers de POW et de KIA. Si on ajoute les journées à + de 100 morts dans le Donbass admises par l'E-M UA lui même, je vois pas comment on peut en être à seulement 9 000. Ramené à 180 jours de guerre ça fait moins de 50 morts par jours.
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Il y a 4 heures, Zalmox a dit :
Les bons journalistes, ils ont une plume, ils écrivent, et ils sont des bons journalistes. Les mauvais journalistes, ils ont une plume, ils écrivent, mais ils sont des mauvais journalistes.
CQFD
Cet attentat est quand même super étrange. Qui pourrait vouloir la mort de Douguine (qui était vraisemblablement la cible) ?
Les ukrainiens : peut-être. Ils peuvent considérer d'un point de vue symbolique que Douguine est l'idéologue qui a pavé la voie à l'invasion, avec ses écrits sur le "non-etat" qu'est l'Ukraine. A voir s'ils ont vraiment les moyens de mener ce type d'attentat en plein territoire russe
Le pouvoir russe : Pas convaincu. Certains disent que de par son radicalisme, il aurait pu être dangereux pour le pouvoir si ce dernier se décidait à désescalader. Mais le poids politique de Douguine en Russie semble très faible en dehors de certains cercles très spécifiques et on voit mal en quoi il aurait pu menacer Poutine quand bien même ça serait son ambition. De plus, le mode opératoire ne ressemble pas vraiment aux services russes.
La "résistance" russe et son communiqué de revendication : très sceptique aussi.
Bref, tout ça ne me dit rien qui vaille
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il y a 10 minutes, nemo a dit :Je parle de traiter leur impérialisme de la même manière. Après vu que nous sommes alliés des tazus (hélas!) forcément que l'impérialisme russe va se confronter à nos intérets (et notre impérialisme!). Le caractère démocratique des tazus est discutable mais à la limite on s'en tape : en tant que puissance impérialiste que ce soit une démocratie ou une dictature ça fait aucune différence pour les gens qui sont sous les bombes. Si on parle géopolitique on parle pas de la façon dont est (mal)traité la population chez eux. Comme je souhaiterais que la France cesse de servir de jouets aux tazus surtout quand c'est contre ses intérêts (comme c'est AMHA le cas en Ukraine) je met en garde contre la propagande "les occidentaux lavent plus blanc" ce qui bien sur chagrine tout ceux qui voudrait qu'on devienne la Pologne bis.
Donc, quel est ton projet sur l'Ukraine concrètement : On laisse faire Poutine ? On l'aide carrément ? On justifie ça comment vis à vis de nos voisins ? Quand ça sera plus l'Ukraine mais les pays baltes, on fait pareil ? C'est quoi notre ligne rouge, la Pologne ? L'Allemagne ? L'Alsace ?
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il y a 9 minutes, nemo a dit :non je te signale juste que de dire "stalinien" pour cela était disons tendancieux. Mais évidemment que le comportement tazu ne justifie pas celui des autres impérialismes. Juste on devrait tous les traiter de la même manière.
Les "Tazu" annexent des pays européens et menacent l'Europe par la voix de leur porte-parole de guerre thermonucléaire tous les 4 matins ? Je ne crois pas. Les "Tazu" sont un pays déclinant avec le PIB de l'Italie ? Les "Tazu" sont une dictature ? Partant de là, exiger qu'on traite les USA comme on traite la Russie ne fait pas sens. L'Europe a vocation, en tout cas devrait avoir vocation, à s'extirper de sa dépendance militaire et diplomatique vis à vis des USA. Mais sauf à ce que les USA se transforment en dictature expansionniste, ou que la Russie devienne une démocratie pacifique, je ne vois pas dans quel monde on a un intérêt à mettre les Russes et les américains sur un pied d'égalité dans nos relations.
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Thread hyper intéressant sur la consommation de munition d'artillerie par les russes
En ordre de grandeur, les russes tirent autant de tonne de munition par jour que l'URSS en 1942 (et environs la moitié de ce que tiraient les français/allemands/anglais en 14-18). Le gars estime aussi la production russe de munition à environs 1,5 millions d'obus par an, avec un stock "à jour" de 15 millions + 100 millions de vieux obus à l'état incertain.
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il y a 1 minute, Heorl a dit :
Oui. Et surprise, c'est en Russie.
Lors de la bataille de Moscou des bataillons de prisonniers ont été envoyés au combat et s'y sont surprenamment bien comportés là-bas (en même temps c'était ça ou la mort).
Yep. Même sous les Tsars, être envoyé servir dans l'armée était une peine fréquente pour les criminels. Ca constitue toujours une réserve de chair à canon aisément sacrifiable politiquement (personne n'ira pleurer un criminel de droit commun).
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il y a 1 minute, Valy a dit :
Des témoignages de prisonniers russes ayant vécu les campagnes de recrutement de Wagner dans les prisons russes ici : https://theins.ru/en/confession/254206
Intéressant. Sur 1300 prisonniers, 300 candidatent, 150 sont retenus, priorité aux meurtriers. Salaires mirobolants, amnistie de toutes les peines après 6 mois, ils annoncent d'entrée de jeu que le taux de perte sera important (2 sources : une à 80%, une autre à 30%). Seulement 2 semaines de sormation avant de partir sur le front.
Je sais pas ce que valent ces chiffres mais s'ils sont vrais, sachant que la Russie compte 600 000 détenus, ça peut commencer à faire du monde s'ils en recrutent 10% comme dans ton exemple.
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il y a 1 minute, Ciders a dit :
A confirmer vu que la dernière base aérienne supposée ciblée ne l'avait pas été tant que ça.
Possible aussi que ça s'affole, que ça tire de partout et que les "explosions" proviennent de la défense antiaérienne.
Comme d'hab il faudra attendre les images satellites pour pouvoir apprécier quelque peu correctement l'ampleur des dégâts, qui peuvent être n'importe quoi entre la petite bombinette sur un poste électrique qui manque sa cible jusqu'à l'escadron entier de Su-34 carbonisé.
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(Thread à dérouler)
La Russie envisagerait de relancer la production de BMP-2, plutôt que de BMP-3. Info utile au passage, la production de BMP-3 (seul IFV en production en Russie à ma connaissance hors prototypes) semble s'établir à 250 par an maximum d'après ce type.
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- C’est un message populaire.
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De nouvelles infos concernant le traitement des volontaires étrangers au sein de la légion internationale. Je vous laisse découvrir l'article mais, une nouvelle fois, c'est pas très flatteur pour l'Ukraine. Mention spéciale toutefois au Kyiv Independent d'avoir écrit honnêtement sur le sujet. Je ne tiens pas cette source en haute estime d'habitude, mais là ils ont fait un très beau boulot, et que cet article puisse sortir dans un média ukrainien est en soi très rassurant à propos de la liberté d'expression dans le pays.
EDIT : d'ailleurs d'un point de vue opérationnel, les témoignages semblent confirmer que l'entrée de la légion internationale dans Severodonetsk en train de tomber était du grand n'importe quoi complètement improvisé, les unités ukrainiennes (notamment des FS) sur zone n'ayant même pas été prévenues. Ca confirme les témoignages de tirs amis sur la légion que j'avais lu quand la bataille faisait rage en Juin.
RévélationMissions suicides, abus, menaces physiques : les combattants de la Légion internationale dénoncent l'inconduite des dirigeants
par Anna Myroniuk et Alexander Khrebet
Les combattants de la Légion internationale accusent certains des commandants de leur unité de vol d'armes et de biens, de harcèlement sexuel, d'agression et d'envoi de soldats non préparés dans des missions imprudentes.
Avis de non-responsabilité : The Kyiv Independent publie cette enquête pour faire la lumière sur l'abus de pouvoir présumé dans la direction d'une aile de la Légion internationale - une légion créée pour les combattants étrangers dédiés à la défense de l'Ukraine dans le cadre des Forces de défense territoriales. Les membres de l'unité de la Légion disent qu'ils ont signalé l'inconduite de leurs commandants aux forces de l'ordre ukrainiennes, au parlement et au bureau du président Volodymyr Zelensky, mais n'ont vu aucune réaction appropriée et se sont donc tournés vers les journalistes en dernier recours. Les soldats qui ont pointé du doigt les problèmes au sein de cette unité de la Légion affirment avoir reçu des menaces pour avoir parlé. Pour leur sécurité, nous ne divulguons pas leur identité.
Principales découvertes :
La direction de l'aile dirigée par le renseignement de la Légion internationale serait impliquée dans diverses violations, notamment des abus, des vols et l'envoi de soldats non préparés dans des missions imprudentes.
L'un des commandants de l'unité et sujet fréquent des plaintes des soldats est un ancien membre présumé d'une organisation criminelle polonaise, recherché chez lui pour escroquerie. Au sein de l'unité de la Légion, il participe à la coordination des opérations militaires et de la logistique.
Les combattants de la légion l'accusent d'abus de pouvoir en ordonnant aux soldats de piller les magasins, en menaçant les soldats avec une arme à feu et en harcelant sexuellement les infirmières de la légion.
Début mai, un lieutenant du Brésil est arrivé en Ukraine pour rejoindre la Légion internationale suite à l' appel du président Volodymyr Zelensky aux « citoyens du monde » de venir aider à défendre l'Ukraine.
Il pensait que sa vaste expérience dans l'armée brésilienne l'avait préparé à pratiquement n'importe quelle tâche.
Pourtant, il n'était ni prêt à mener des missions suicides sur ordre de son commandement, ni à tolérer des ordres de pillage et de vol.
En tant que commandant de peloton de la Légion internationale, il a reçu l'ordre de faire exactement cela.
L'officier brésilien se souvient de ses subordonnés disant, avant de démissionner de la légion : « Nous sommes venus ici pour aider ces gens à se battre pour ce pays, contre cette invasion. Nous ne sommes pas venus ici pour faire exactement ce que font les putains de Russes lorsqu'ils sont sur le sol ukrainien.
L'enquête du Kyiv Independent révèle des problèmes endémiques dans l'une des ailes de la Légion internationale supervisée par les services de renseignement ukrainiens.
Certains des commandants de l'unité sont impliqués dans des vols d'armes et de biens, du harcèlement sexuel, des agressions et l'envoi de soldats non préparés dans des missions imprudentes, selon plusieurs sources.
Les allégations de cette histoire sont basées sur des entretiens avec des légionnaires, des témoignages écrits de plus d'une douzaine de membres anciens et actuels de la légion, et un rapport de 78 pages qu'ils ont rédigé sur les problèmes au sein de cette unité particulière de la Légion internationale.
Depuis environ quatre mois, des combattants étrangers frappent aux portes des hautes fonctions pour demander de l'aide. Le rapport a été déposé au parlement et des témoignages écrits ont été envoyés au bureau de Zelensky. Alyona Verbytska, commissaire du président aux droits des soldats, a confirmé qu'elle avait reçu les plaintes des légionnaires et les avait transmises aux forces de l'ordre.
Mais les autorités, disent les soldats, hésitent à résoudre le problème.
Direction ratée ?
La Légion internationale, disent les soldats, se compose de deux ailes. Les forces terrestres ukrainiennes en supervisent un. La Direction du renseignement du ministère de la Défense, connue sous son acronyme ukrainien GUR, coordonne l'autre.
GUR n'a pas répondu à la demande de commentaires de Kyiv Independent au moment de la publication.
Selon les membres de la branche du renseignement de la Légion, leurs commandants relèvent directement du chef du GUR, Kyrylo Budanov, que Zelensky a également nommé à la tête du comité du renseignement au bureau du président fin juillet.
Officiellement, l'aile GUR de la Légion est dirigée par le major Vadym Popyk. Cependant, il ne dirige pas l'unité tout seul.
Le pouvoir est entre les mains de quelques personnes : le bras droit de Popyk, le major Taras Vashuk (que les soldats appellent « le jeune Taras »), un officier du renseignement fin vingtaine ou début trentaine, selon les combattants étrangers ; l'oncle de Vashuk, aussi Taras (appelé « vieux » Taras) et aussi un officier du renseignement ; et Sasha Kuchynsky, 60 ans.
"Ils sont comme les meilleurs amis", a déclaré un légionnaire américain au Kyiv Independent à propos des trois hommes.
Le jeune Taras, le vieux Taras et Sasha dirigent les opérations de l'unité. Ils envoient des soldats en mission et coordonnent l'aile du renseignement du travail de la Légion. Sasha est également en charge de la logistique et des approvisionnements.
Les légionnaires accusent le trio de divers méfaits. Pour les deux Tarases, les plaintes majeures concernent l'envoi de soldats en mission suicide.
Un soldat américain interrogé par le Kyiv Independent a décrit quelques missions qui se sont déroulées près de la ville méridionale de Mykolaïv, l'un des points chauds de la guerre.
Les troupes russes ont découvert la position de leur escouade et ont commencé à la bombarder lourdement. Le reste des troupes s'est retiré de la position secondaire derrière eux, laissant l'escouade tenir seule la ligne de front, sans renfort.
« Nous étions littéralement laissés (derrière) et ils ne voulaient pas nous évacuer », a déclaré le soldat. Son compagnon d'armes, Scott Sibley, a été tué , tandis que trois autres ont été grièvement blessés lors de cette mission.
Peu de temps après que l'escouade ait échappé au bombardement, un autre groupe de la même unité a reçu l'ordre de prendre la même position.
« Nous avons dit au commandant que ces positions avaient été découvertes par des Russes… Si nous y retournons, nous sommes tous morts », a déclaré le soldat américain au Kyiv Independent.
Les Taras plus âgés n'ont pas écouté et ont envoyé un autre groupe au même endroit, a déclaré le soldat. L'histoire s'est répétée, mais cette fois avec quatre morts, plusieurs blessés et un fait prisonnier . Le soldat captif, Andrew Hill, fait maintenant face à un faux "procès" et à une possible exécution à Donetsk sous occupation russe, accusé d'être un mercenaire.
Les actions de Sasha Kuchynsky, cependant, se distinguent par l'ampleur de leurs actes répréhensibles présumés.
En plus d'envoyer des combattants mourir, ont déclaré des légionnaires, Kuchynsky les a forcés à l'aider à piller des magasins. Des combattants ont déclaré au Kyiv Independent qu'il était aussi un gros buveur qui maltraitait ses subordonnés.
Un autre soldat, un Juif américain, a déclaré au Kyiv Independent que les soldats juifs avaient subi l'antisémitisme de Kuchynsky. Il a souligné qu'il ne l'avait rencontré de personne d'autre dans l'armée ukrainienne.
Le soldat dit également que Kuchynsky a exigé d'avoir une part de l'équipement et de l'équipement que le soldat a achetés pour ses pairs proches de la légion. Lorsque le soldat a refusé de le donner, Kuchynsky a pointé une arme sur lui.
"Et puis Sasha (Kuchynsky) a juste commencé à crier, à hurler", se souvient le soldat. "Il a dit:" Je sais qu'il y a des trucs ici. Donnez-moi vos trucs "."
« Et devant le traducteur, il lève son arme sur moi. Et je me suis dit : 'Tu vas me tirer dessus ? Tu vas me tirer dessus. Et puis il y a comme ce genre de regard, honnêtement, de remords, mais comme "Oh, putain" et il a posé son arme », a poursuivi le soldat.
Il a dit qu'il avait rencontré une fois un légionnaire à qui Kuchynsky avait également levé une arme à feu.
Selon un autre légionnaire américain, Kuchynsky a également harcelé des femmes médecins de leur unité, utilisant un langage sexuellement suggestif avec elles. Selon le soldat américain, les médecins de la légion se sont plaints, mais personne n'a rien fait à ce sujet. Le médecin étranger qu'il connaissait et qui a été harcelé par Kuchynsky n'est plus avec la Légion et a depuis quitté l'Ukraine, a-t-il dit.
En cas de problème, disent les légionnaires, Kuchynsky se tournait vers Taras Vashuk pour une dissimulation.
"Sasha appellerait Taras et obtiendrait la confirmation qu'il peut faire ce qu'il veut faire. Et Taras le soutenait constamment », a déclaré un soldat scandinave au Kyiv Independent.
Cependant, à ce jour, Kuchynsky reste dans son poste de commandement de facto dans la Légion malgré les plaintes de ses subordonnés et malgré le fait que, selon la loi ukrainienne, il ne peut pas, en tant qu'étranger, occuper des postes de direction dans l'armée.
Confronté aux accusations des légionnaires, Kuchynsky a refusé d'y répondre.
"C'est au bureau du procureur militaire de répondre à ces questions", a-t-il déclaré au Kyiv Independent par téléphone. "Sans commentaires. Je suis occupé."
Il a ensuite raccroché.
Une enquête du bureau du procureur militaire ne serait pas la première fois que Kuchynsky a des démêlés avec la justice.
'Sasha Kuchynsky'
Selon les sources du Kyiv Independent au sein de la légion, Sasha Kuchynsky n'est pas le vrai nom de l'homme. Il s'agirait de Piotr Kapuscinski, ancien membre d'une organisation criminelle polonaise, qui aurait fui vers l'Ukraine après plusieurs démêlés avec la justice.
À la demande du Kyiv Independent, nos collègues du groupe de journalisme d'investigation Bellingcat ont effectué une comparaison d'images des photos de Sasha Kuchynsky, fournies par les légionnaires, et des photos de Piotr Kapuściński des médias polonais. Les résultats appuient la conclusion que les photos sont de la même personne.
En Pologne, Kapuscinski est recherché pour escroquerie et risque jusqu'à huit ans de prison. Selon la gazette polonaise Wyborcza, il a déjà purgé sa peine.
Il a fui la Pologne en 2014 et a refait surface en Ukraine deux ans plus tard. Il a fait l'objet d'une enquête en Ukraine pour vol aggravé et agression sexuelle en octobre 2016, mais n'a été inculpé que de vol qualifié . En novembre 2016, il a été arrêté et a passé plus d'un an derrière les barreaux.
Varsovie a demandé à Kiev d' extrader Kapuscinski en 2017, mais les autorités ukrainiennes ont déclaré qu'elles le jugeraient d'abord elles-mêmes.
Il a refait surface en mai 2021, lorsque les forces de l'ordre ont fouillé son véhicule où ils ont trouvé un pistolet semi-automatique et des balles et ont procédé à la fouille d'un bâtiment qu'il utilisait, trouvant des explosifs. Il risquait jusqu'à sept ans de prison pour possession d'armes illégales, mais a été presque immédiatement libéré sous caution de près de 2 500 dollars.
Après le déclenchement de la guerre russe totale en février, Kapuscinski a rejoint l'armée, à quel point les tribunaux ont suspendu son affaire, puis ont remboursé sa caution en mai 2022.
Son passé criminel n'a pas empêché Kapuscinski d'entrer dans la Légion et d'y obtenir un poste de direction. La législation stipule que toutes les recrues étrangères doivent passer par une vérification des antécédents avant de rejoindre l'armée ukrainienne. Il n'est pas clair si un casier judiciaire compte comme un briseur d'affaire.
En Ukraine, les citoyens peuvent servir dans l'armée s'ils ont une procédure pénale en cours ou une condamnation passée. La loi, cependant, ne fait pas référence aux étrangers. Ainsi, lorsqu'un tribunal ukrainien a suspendu l'affaire de Kapuscinski et remboursé sa caution, il appliquait la même norme qui s'applique aux Ukrainiens.
Dans la Légion, Kuchynsky (Kapuscinski) se dit colonel et porte une épaulette de colonel, selon les témoignages des soldats et les photographies de Kuchynsky les légionnaires fournies au Kyiv Independent. En fait, les étrangers ne sont autorisés à servir dans les forces armées ukrainiennes que dans les rangs inférieurs, en tant que soldats, sergents et sous-officiers.
Depuis le début de l'année, celui qui se fait appeler Sasha Kuchynsky serait passé d'un suspect criminel sous caution à un homme libre et commandant de facto dans une unité militaire ukrainienne de haut niveau.
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Passé polonais : Broda, le gangster
Selon des informations parues dans les médias polonais, en Pologne, Piotr Kapuscinski est connu sous le nom de « Broda » (Barbe), un ancien membre influent du gang Pruszków , autrefois la plus grande mafia du pays.
Il était le bras droit de la direction interne du groupe, "Wanka" et "Malizna", et blanchissait de l'argent pour eux, selon Mariusz Kaminski, vice-président du parti Droit et Justice et actuellement ministre de l'Intérieur de Pologne et coordinateur. des services secrets polonais.
Les médias polonais ont rapporté qu'il aurait évité au moins 71 chefs d'accusation, dont un enlèvement contre rançon, en coopérant avec les forces de l'ordre en tant que «témoin à charge» en 2009 dans l'affaire du gang Pruszkow.
Vers 2010-2011, Kapuscinski a témoigné contre les meurtriers de Marek Papala, le chef de la police polonaise, assassiné en 1998. Kapuscinski aurait avoué avoir aidé les deux tueurs, un Russe et un Biélorusse, en les aidant à louer un appartement à Pologne.
Suite à ses témoignages dans "diverses affaires contre le crime organisé", au moins 20 personnes, dont les patrons et d'autres membres du gang Pruszkow, ont été inculpées de participation au crime organisé. Neuf ont été condamnés tandis que les poursuites contre Kapuscinski ont été suspendues, selon les médias polonais examinés par le Kyiv Independent.
En février 2020, il a été déchu du statut de «témoin de la Couronne», en partie pour ne pas avoir comparu devant le tribunal et lorsqu'il a été appelé à comparaître au bureau du procureur.
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Pour ses méfaits présumés dans la Légion internationale, Kuchynsky a déjà été interrogé à plusieurs reprises.
D'abord par le Service de sécurité ukrainien (SBU) après avoir menacé l'un des soldats américains avec une arme à feu. Selon le soldat, Kuchynsky n'a subi aucune conséquence.
Ensuite, par le bureau du procureur militaire suite aux plaintes d'autres légionnaires contre lui, selon les sources de l'application de la loi de Kyiv Independent. Les plaintes alléguaient un abus de pouvoir, une fraude et des voies de fait. Kuchynsky a nié les accusations et a conservé son emploi. L'enquête est cependant en cours.
Envoyé pour mourir
L'enquête sur Sasha Kuchynsky, entre autres épisodes, concerne l'envoi de soldats dans ce qu'ils appellent une mission suicide à Sievierodonetsk , une ville clé de l'oblast de Lougansk dont les troupes russes se sont emparées fin juin.
Selon le lieutenant brésilien qui s'est entretenu avec le Kyiv Independent, les ordres de Kuchynsky étaient incohérents.
Au début, l'unité brésilienne a passé deux semaines à préparer une mission de déminage dans l'oblast de Zaporizhzhia, une région du sud.
Début juin, quelques jours après le début de la mission, ils ont été soudainement déplacés vers un autre endroit. Kucnhysky leur a ordonné de se rendre à Sievierodonetsk dans l'est de l'oblast de Lougansk et de tenir une position à proximité des lignes ennemies.
Se rendre dans l'un des principaux points chauds de la guerre était très différent d'une mission de déminage. Cela n'aurait pas été un problème s'ils s'y étaient préparés, a déclaré l'officier brésilien, mais ils ne l'ont pas été.
« Nous avons passé deux semaines à préparer ces gars avec tout le type d'entraînement et de détecteurs de métaux et d'anti-mines… et maintenant vous allez nous envoyer dans la zone industrielle pour le type de combat urbain. Sasha, c'est fou », se souvient le légionnaire en disant à son commandant.
"Je comprends. Je suis avec vous là-bas, mais c'est l'ordre », aurait répondu Kuchynsky.
Le lieutenant brésilien a commencé à planifier l'opération à Sievierodonetsk, mais ni Kuchynsky ni Taras Vashuk, l'autre commandant, ne lui ont donné d'informations - ce qu'il a dit qu'ils étaient censés - sur la situation sur le terrain. À ce moment-là, Sievierodonetsk était un centre de violents combats. Les troupes ukrainiennes se retireraient de la ville quelques semaines plus tard.
"Beaucoup de questions posées sont restées sans réponse, comme où se trouvaient les troupes amies", a déclaré l'officier brésilien.
Ce n'est que plus tard qu'il a appris que le groupe précédent envoyé pour cette même mission avait essuyé des tirs amis de soldats ukrainiens. Un autre légionnaire brésilien a été tué et ils ont dû battre en retraite.
"Nous sommes entrés sur le terrain sans savoir ce qui se passait", a déclaré l'officier.
"J'ai réalisé que ces enfoirés ne nous laisseraient pas planifier", a-t-il déclaré à propos de Sasha et Taras. "Ils nous amèneraient simplement au milieu de l'endroit, nous y jetteraient pour nous battre, nous y jetteraient pour mourir."
À leur arrivée, un militaire des forces spéciales ukrainiennes les a renseignés. Il a dit au Brésilien que les troupes ukrainiennes se trouvaient à l'intérieur des bâtiments le long de leur chemin, mais qu'elles n'avaient aucune communication établie avec elles, alors elles tiraient sur tous ceux qui pénétraient.
"Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Comment allons-nous passer ? Ces gars (ukrainiens) vont nous tirer dessus ? le Brésilien a dit qu'il avait demandé.
"Oui c'est vrai. Nous devons nous cacher », lui aurait dit le soldat ukrainien.
Ils y ont passé quatre jours au lieu des deux prévus. Ils ont manqué de nourriture et d'eau et ont demandé une rotation, mais Kuchynsky, qui les a envoyés là-bas, n'a pas répondu.
« Personne n'a dormi, tout le monde est super fatigué. Certains de mes gars sont déshydratés et un gars blessé. Et nous sommes restés là. C'est alors que Sasha (Kuchynsky) a disparu du radar », a-t-il déclaré.
Bientôt, quelqu'un qu'ils ne connaissaient pas est entré en contact par radio en disant qu'un nouveau groupe était en route. Les soldats sont arrivés puis sont repartis au milieu de la nuit sans rien dire. Le lendemain, une autre équipe est venue les remplacer.
Le Brésilien pense que Kuchynsky n'avait aucun plan pour leur extraction.
"Un groupe d'aspirants, jouant avec la vie des gens", a-t-il déclaré à propos de la direction de l'unité. Son récit de missions suicides est confirmé par d'autres soldats - à la fois dans leurs conversations avec le Kyiv Independent et dans leurs témoignages officiels qu'ils ont déposés au bureau du président.
Le chef de peloton brésilien et quelques-uns de ses soldats ont été blessés mais ont survécu. Après avoir finalement été évacués de Sievierodonetsk, la plupart des combattants de l'escouade ont décidé de quitter la Légion.
« Nous n'allons pas rester. Nous partons », se souvient le lieutenant en leur disant.
L'équipe du combattant brésilien n'est pas la seule à avoir quitté la Légion, déçue.
Les étrangers quittant la Légion internationale en raison d' une mauvaise organisation , d'un manque d'équipement et de contrats à durée indéterminée ont déjà fait la une des médias internationaux.
Pillage des centres commerciaux
Au moment de la bataille de Sievierodonetsk début juin, les légionnaires ont reçu une tâche controversée de Kuchynsky : conduire de leur base à un centre commercial local dans la ville de première ligne de Lysychansk dans l'oblast de Louhansk et prendre des marchandises dans les magasins.
"J'ai directement entendu l'ordre de Sasha Kuchynsky aux soldats de mon unité de pénétrer par effraction dans le centre commercial, de récupérer les meubles et les appareils électroniques dès que possible et de récupérer tous les objets de valeur possibles en cours de route", a écrit un combattant canadien dans sa déclaration à la suite de l'incident.
Selon les témoignages officiels des soldats obtenus par le Kyiv Independent, « Sasha » a également dit à ses subordonnés de prendre tout ce qu'ils voulaient : chaussures, vêtements pour femmes, bijoux, montres et appareils électroniques.
De nombreux soldats ont obéi car ils viennent de milieux militaires professionnels où ils ne remettent pas en question les ordres de leurs supérieurs.
« (Normalement) vous devriez dire « oui, monsieur » et le faire. Parce que vous croyez que votre commandant sait ce qu'il vous demande de faire… Vous supposez simplement que cette action est légale, et vous allez y aller. Vous n'êtes pas censé le remettre en question », a déclaré le légionnaire brésilien au Kyiv Independent.
"Les habitants ont vu comment nous avons chargé les meubles, ce qui m'a mis très mal à l'aise. C'était comme si nous les volions. Je ne suis pas venu en Ukraine pour ça », lit-on dans le témoignage d'un soldat colombien.
«Il y avait des riverains près du centre commercial, dont l'un, voyant cela, a crié des insultes, et les autres nous ont regardés avec reproche et condamnation. Je ne sais pas si c'était légal ou non, mais j'avais honte d'exécuter l'ordre de Sasha Kuchynsky et d'emporter des meubles et des objets de valeur dans les magasins pendant les hostilités et devant les résidents locaux qui ont souffert de la guerre », a écrit un légionnaire français. dans sa déclaration.
Certains soldats ont refusé de suivre l'ordre.
Dans une vidéo obtenue par le Kyiv Independent, certains étrangers peuvent être entendus dans le centre commercial remettre en question la légalité des commandes de "Sasha".
« Nous ne serons en aucun cas impliqués en tant que pillards. Nous ne tolérerons pas cela », entend-on dire un soldat anglophone.
Il dit alors à la foule qu'il ne restera pas devant les biens volés et descendra pour attendre que la voiture vienne le chercher et le ramène à la base. "Sasha" se met en colère contre le refus des soldats d'exécuter ses ordres.
« Écoutez, (ne fixez pas) des conditions pour moi. C'est un ordre, de rester ici et d'attendre le commandant. Ceci est une commande. Vous comprenez? Une commande. C'est l'armée », dit le commandant polonais dans un russe approximatif.
« Je ne trouve pas cet ordre légal. Nous ne considérons pas cela comme raisonnable », répond le soldat.
La vidéo se termine avec le soldat disant à ses pairs : « On descend les gars. Nous ne jouons pas à ces jeux.
Selon les légionnaires, Kuchynsky a ordonné des pillages similaires à plusieurs reprises et les soldats ukrainiens ont également reçu l'ordre d'y participer.
Les légionnaires ne savent pas où les objets ont été envoyés. Dans une vidéo obtenue par le Kyiv Independent, on entend un soldat dire en russe que les meubles et les appareils électroniques pris dans le centre commercial étaient destinés au quartier général de leur unité à Kyiv.
Allégations de vol
Selon les légionnaires, ils ont régulièrement été témoins de ce qu'ils croient être des mouvements d'armes suspects.
"La voiture arrive, les voitures partent, les caisses d'armes arrivent, les caisses d'armes partent", a déclaré l'un des soldats américains.
Bien que les salles d'armurerie de la légion soient chargées de toutes sortes d'armes lourdes et de munitions, les soldats disent qu'elles ne se sont souvent pas retrouvées entre leurs mains.
"Pendant mon séjour à Sievierodonetsk, un véhicule civil peint en camouflage contenant des imageurs thermiques est arrivé", a écrit un soldat colombien dans son témoignage. « Ils n'ont pas été répartis entre les soldats en raison de leur absence présumée. Pendant ce temps, Sasha Kuchynsky a proposé au personnel militaire de la Légion internationale d'acheter ces caméras thermiques pour 300 dollars.
"Je pense que Sasha Kuchynsky a créé artificiellement l'impression d'une pénurie de certaines munitions pour s'enrichir illégalement en les fournissant aux combattants (contre de l'argent) comme si de lui-même", a écrit un autre combattant de Columbia dans son témoignage.
Selon lui, deux de ses camarades soldats ont endommagé leur ouïe en raison du manque d'écouteurs qu'il savait se trouver dans leur armurerie, sous le contrôle de Kuchynsky.
Les soldats disent que Kuchynsky emporterait une partie des munitions qu'ils recevraient indépendamment des volontaires et des donateurs. Ils l'appelaient la « taxe Sasha ».
« Alors tu dois donner à Sasha ce qu'il veut. Et puis vous pouvez donner (le reste) de ces trucs à vos gars », a déclaré l'un des soldats américains. « Tout ressemble à une dissimulation. C'est très étrange. Cela ressemble à une entreprise (organisée)."
La même chose est arrivée à un autre soldat américain. Sa cargaison est arrivée à la base alors qu'il était en mission. À son retour, certains colis avaient disparu.
« Il a été étiqueté pour notre équipe. Donc, fondamentalement, aussi simple que cela, la moitié des choses n'étaient pas là.
En attente de solution
Les soldats étrangers disent qu'ils ne voulaient pas faire connaître la crise de la Légion internationale et ont tenté de résoudre le problème dans les coulisses.
Ils se sont d'abord plaints à leurs commandants, puis aux législateurs, et sont finalement allés jusqu'au bureau du président. Depuis que la Légion a été créée sur l'ordre de Zelensky, les combattants étrangers comptaient sur le soutien de son administration, mais n'en recevaient pas beaucoup d'aide, ont-ils déclaré.
Alyona Verbytska, commissaire du président aux droits des soldats, a déclaré au Kyiv Independent qu'elle avait informé ses supérieurs des plaintes des légionnaires. Elle n'a pas précisé à qui elle relevait exactement.
Au bureau du président, deux personnes supervisent la Légion pour Zelensky, selon des sources du Kyiv Independent proches du bureau. Il s'agit de Vitaliy Martyniuk, expert en sécurité nationale , et de Roman Mashovets, chef adjoint du Bureau et ancien employé de l'agence de renseignement GUR.
Le bureau du président n'a pas répondu à la demande de commentaires du Kyiv Independent avant la publication.
Se plaindre au bureau du président n'a pas fonctionné. Les choses ont même empiré, ont déclaré les soldats, car ceux qui ont sonné l'alarme au sujet de la direction de la Légion ont commencé à se sentir sous pression et à recevoir des menaces.
Pendant ce temps, de nombreux membres professionnels ont quitté l'unité en raison d'une prétendue mauvaise gestion et de problèmes de paperasserie. La Légion n'a pas réussi à fournir à certains d'entre eux des contrats officiels.
«Il y avait de très bons gars (des forces spéciales). Je veux dire, pas de l'armée régulière. Beaucoup de gars (des forces spéciales) ont littéralement dit : « Non, merci. Nous ne pouvons plus travailler comme ça », a déclaré un soldat américain.
Ceux qui sont restés dans l'unité veulent qu'elle continue à aider l'Ukraine à tenir tête à la Russie. Pour le faire efficacement, croient-ils, la Légion doit être réformée sous une nouvelle direction.
"J'ai une expérience très, très, très agréable avec tout le monde dans l'armée ukrainienne en dehors de Sasha et Tarases", a déclaré l'un des soldats américains.
"J'ai toujours gardé la bouche fermée. Tout simplement parce que des gens comme Sasha discréditent vraiment tout cela », a-t-il déclaré.
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il y a 31 minutes, Berezech a dit :
La position militaire Russe est intenable à long terme (politiquement) dans le rapport de force actuelle (Combien de morts par jour, combien de matériels perdus ? sans doute des centaines de pertes, des dizaines de véhicules, les frappes des HIMARS et les "surprises" ukrainienne diverses) même si je suis d'accord, militairement les ukrainiens ne reprendront pas grand chose de manière conventionnelle. Le minimum qu'exigeront les ukrainiens pour une armistice (et ne parlons pas d'accord de paix) c'est un retour à la ligne pré 22 février.
Et les russes refuseront d'avoir cassé (en partie) leur outil militaire, pris des dizaines de milliers de pertes, et ruiné une partie conséquente de leur économie pour un statu quo. Cette guerre durera tant que les Ukrainiens seront sponsorisés, et tant que la Russie ne sera pas secouée en interne par des troubles. L'ambiance interne en Russie va être chouette d'ailleurs quand la masse des anciens combattants russes va revenir de cette guerre bien sale.
Et pour les ricains, pourquoi se priver de laisser la Russie s'engluer dans ce conflit ? Être magnanime aurait peu de chance de les détacher de la Chine ou de ramener la stabilité en EuropeC'est sans doute ce que les ukrainiens font par défaut, mais ça ne marchera pas. Ce n'est pas la VIe armée à Stalingrad, tant que les russes maintiennent leurs appuis derrière le Dniepr et qu'ils bricolent avec leurs bacs et gardent un pont partiellement ouvert, ça devrait suffire à minima à ravitailler les forces sur l'autre rive en bouffe / munitions de petit calibre / munitions pour leurs appuis organiques.
Je pense qu'ils se contente de fixer beaucoup de russe dans cette boîte ce qui les empêcher de participer à la "grande" offensive frontale dans le Donbass, en attendant l'arrivée des renforts formés à l'ouest. La stratégie ukrainienne est plutôt patiente et économe, et ils ont raison.
Totalement d'accord. La situation est merdique car aucun des deux protagonistes ne peut l'emporter, mais aucun ne peut se satisfaire de la situation actuelle. On rentre en plein dans le biais des coûts irrécupérables.
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- C’est un message populaire.
- C’est un message populaire.
Il y a 1 heure, olivier lsb a dit :D'abord un grand merci à toi @CortoMaltese pour l'article et tes notes de lecture. Incontestablement, l'investigation de la presse US reste encore d'un niveau au dessus (et les journalistes sont en retour alimentés, dans un contexte culturel qui ne leur affiche pas d'hostilité de principe comme les administrations par chez nous).
Je suis de plus en plus sévère sur la position FR dans ce conflit, suite à la lecture de ce reportage. Il me semble qu'un certain nombre de fautes et d'opportunités ratés pour la France y sont indirectement illustrées.
Quelques passages qui ont retenu mon attention et quelques remarques pour débat:
Nous étions plusieurs à avoir relevé la popularité déclinante au début du conflit, du PR ukr. Dans mon souvenir, le règlement de la question Crimée et Donbass faisait partie de son programme électoral et avait pour beaucoup contribué à son élection. Solution recherchée à l'époque parmi l'éventail de celles qui sont pacifiques bien entendu.
Avec le recul, difficile pour les Ukr d'en vouloir à leur PR de n'avoir pas tenu promesse en quelques sorte, faisant le constat qu'aucun règlement pacifique avec le pouvoir Russe n'était possible. Dans ce contexte, le PR Ukrainien me parait être absous du principal reproche politique qui lui était adressé avant guerre. Cela et la résistance impulsée au plus haut de l'état, dès le début du conflit, doivent beaucoup jouer dans sa popularité et la stabilité politique du pays, pourtant en pleine guerre.
De la difficulté à exploiter un renseignement précieux et obtenu au plus haut niveau. Ceci explique grandement l'attitude mi chou mi raisin de l'Ukraine qu'on avait relevé avant guerre et qui interloquait plusieurs d'entre nous.
Faut bien reconnaître que le point est pertinent. Par ailleurs, c'est peut être mon interprétation, mais à la lecture de plusieurs passages de l'article, on dirait que l'Ukraine accepte à reculons et avec réticence l'aide et le renseignement Américain. Et j'y vois une énorme opportunité ratée:
Il y a une énorme erreur d'interprétation de la causalité de la position de l'Ukr: ce pays ne peut pas pleinement croire au rens US, sous peine de déclencher la panique des citoyens et précipiter l'effondrement de sa monnaie et de son économie.... Précisément l'effet recherché par les Russes. Cela est interprété en FR et en ALL (puisqu'on ne semble pas avoir de renseignement propre en la matière) comme le signe que l'Ukr ne croit que moyennement au scenario d'une invasion, or rien n'est plus faux.
VZ (et l'administration Ukr) ont en définitive eu le nez assez creux, en gardant les gens à domicile et en les armant et les regroupant dans les territorial defence force. Je relève quand même une pointe d'agacement du pouvoir Ukr face à l'insistance des US à exploiter le renseignement et précipiter des décisions dont les Ukr ne voulaient pas spécialement.
Et c'est là ou de notre coté, en n'étant pas plus offensif dans notre soutien, on laisse l'Ukraine (qu'on va finir par intégrer dans l'UE un jour) en tête à tête avec les US, qui finiront par lui présenter d'une façon ou d'une autre, la facture de ce soutien.
On peut gloser sur les erreurs du renseignement Russe, mais nous n'avons pas mieux fait ici que Staline à l'époque, juste avant Barbarossa: des renseignements précis qui concordent et viennent du terrain, et annoncent une invasion imminente. Des leaders persuadés du contraire par une supposée connaissance intime des objectifs politiques de l'adversaire, une croyance infondée dans la méthodologie appliquée par l'adversaire (rationalité de l'adversaire) et une conviction absolue qu'une invasion se passerait forcément mal si elle avait lieu.
Ce qui me choque, c'est que la chaîne du renseignement qui est ici illustrée (enfin chaîne
plutôt Jupiter qui fait la collecte, l'analyse et l'exploitation du rens à lui tout seul) consiste non pas à connaître, voir décoder les intentions adverses. Mais plutôt à simuler des décisions à la place de l'adversaire, tout en conservant un schéma culturel et des logiques décisionnelles propres à un dirigeant FR (ou occidental). N'ayant pas de renseignement brut, on s'en invente (et jusque là, c'est pas absurde l'idée de se mettre dans la peau de VVP) et en plus on le fait très mal.
Une erreur dans l'exploitation du renseignement, impardonnable à mon sens.
Ce que je ne comprends pas, c'est que l'on a plusieurs dates ou les Américains parlent aux Russes à très haut niveau (je pensais que ces derniers avaient été un peu plus ignorés que çà par les US, mais ce n'est pas le cas). Les US rejettent les demandes objectivement assez extravagantes des Russes, mais font des contre-propositions. Tout cela assez tôt dans le calendrier.
Ce que je ne comprends pas avec cette chronologie, c'est qu'en France on devait la conaître, et malgré tout on a continué de croire que la diplomatique FR du téléphone pouvait fonctionner là ou les US avaient échoué, tout en sachant qu'on avait rien de concret à mettre dans la balance face à VVP.
C'est Edouard Philippe qui disait, pour excuser en quelque sorte la démarche du PR, qu'il fallait du courage pour appeler VVP car il faut avoir une main très solide... Preuve en est qu'on avait rien d'autre à proposer le 20 février qu'une rencontre US/Russie, et possiblement sans la présence de la France si la Russie en décidait ainsi. Quelle incroyable main de négociation... A croire que les US étaient d'ailleurs incapables de réaliser seuls une telle proposition.
Soit nous avons pêché par naïveté, soit (encore plus grave), nous n'étions pas au courant de l'avancée des discussions entre Russes et US où nous avons choisi de sciemment l'ignorer. Pensant réussir la ou les autres, ayant pourtant du meilleur rens, avaient déjà échoué.
La suffisance de nos responsables politiques me sidère. Difficile de dire si cela relève d'une initiative solo de la présidence ou si c'est tout notre appareil de renseignement qui a merdé et poussé dans cette voie, mais on n'en sort pas grandi je trouve.
Et pourtant, pour faire suite à mes premières remarques, je trouve que l'Ukr était (est toujours ?) désireuse de ne pas se jeter corps et âme dans le soutien US. Nous avons manqué de flair politique en choisissant la voie de la diplomatie ans avoir rien de neuf à apporter qu'un rdv qui nous échappe entre deux puissants, et des déclarations malheureuses sur la thématique de l'humiliation nationale, qui ne peut pas raisonner en géopolitique Slave comme elle a raisonné un siècle plutôt entre Français et Allemands.
Sinon à quoi bon étudier l'Histoire ? Et pourquoi même l'Histoire existerait-elle s'il suffisait simplement d'une poignée de commandements ?
Cette conclusion est lumineuse, paradoxalement donnée par un Français. C'est à mon sens ici la supériorité réelle des Américains sur nous dans ce début de conflit: elle n'est pas tant technologique ou financière, elle est culturelle, s'agissant du respect et de la rigueur donnée au renseignement.
2003 - 2022 les rôles se sont inversés: les Américains sortent le renseignement soigneusement collecté et analysé, sous divers angles, et se donnent le temps de mûrir leurs conclusions. Nous Français, à poils et sans un indice, on s'invente au plus haut sommet de l'Etat (je dis çà car nos services "en dessous" avaient peut être une appréciation différente des choses) des scénarios qui relèvent plus de la fiction politique que du travail de renseignement. On veut croire ou ne pas croire à des choses, indépendamment de ce qu'on sait. On prête des intentions à VVP ou des lignes rouges avec notre propre grille de lecture.
Bref, on est les Américains de 2003: arrogants, prétentieux, aveuglés. Et encore, les Américains de 2003 savaient qu'ils mentaient. Nous avons découverts l'ampleur de nos illusions le 24 février au petit matin. Chose qui, dans un autre contexte, ne pardonne pas.
Je ne pourrais pas être plus d'accord avec tes conclusions. Plus on apprend des choses sur les tractations politico-diplomatiques pré-24 février, plus la position française semble avoir pué l'amateurisme. Macron en cavalier seul, renseignement soit défaillant soit pas écouté (j'espère...). Et comme tu le dis très bien, il y a avait vraiment une carte à jouer dans cette histoire pour la France, pour se montrer digne d'un grand pays, leader de l'Europe sur les questions de sécurité et de défense et capable de réunir dernière elle le volet européen du soutien à l'Ukraine. Mais Macron a visiblement préféré jouer les psychologues de luxe au téléphone avec Poutine, persuadé que son génie et ses bons mots sauraient ensorceler le maître du Kremlin.
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- C’est un message populaire.
- C’est un message populaire.
Un (très) long et passionnant article du Washington Post, très bien documenté, qui fait échos aux discussions que nous avions quant à l'origine des renseignements américains sur les intentions russes, et la réception que ces informations ont eu côté ukrainien. L'article est notamment issu de longues entrevues avec une douzaine de sources de hauts niveaux aux Etats-Unis, en Ukraine et dans plusieurs pays européens.
En résumé (dans le désordre, à mesure que je lisais l'article) :
- En octobre 2021, réunion dans le Bureau Ovale : les renseignements américains, via un mélange d'images satellites + interceptions + HUMINT, pensent que Poutine veut envahir l'Ukraine via une opération de grande envergure. Jake Sullivan lui-même, après avoir été sceptique, devient convaincu à mesure que les renseignements s'accumulent que c'est bien ce que compte faire la Russie.
- Les USA ont visiblement accès, de plusieurs manières, à des conversations/documents de très hauts niveaux, aussi côté civil que militaire.
- Biden est hésitant. Il ne veut pas embarquer les USA dans une nouvelle guerre, et sait que le pays jouis d'une crédibilité assez faible, surtout après les désastres Irakiens et surtout Afghans. Il ne veut rien entreprendre en dehors de l'OTAN, mais au niveau de l'alliance, les positions concernant la Russie sont alors extrêmement divergentes.
- Conjonctions de facteurs qui expliquent que les russes passent à l'attaque maintenant : Perception d'une fenêtre d'opportunité crée par le Coronavirus, la faiblesse de Biden, le manque de temps dont Poutine estime disposer avant sa propre fin, élections en France, transition politique en Allemagne, problèmes post-Brexit au R-U, ect. Parallèlement, plus les années passeront plus l'Ukraine sera occidentalisée et réarmée, rendant l'opération plus difficile.
- Forte croyance côté russe que la réaction occidentale sera peut-être très forte au niveau symbolique, mais finalement assez faible pour tout ce qui est concret.
- L'axe principal d'attaque, depuis la Biélorussie et constitué d'une double pince se refermant sur Kiev est identifiée très tôt.
- L'attaque était prévue en Hiver car l'E-M russe considérait que le sol gelé faciliterait la mobilité des chars.
- Tempo prévu pour prendre Kiev : 3 à 4 jours.
- Parallèlement à cet effort principal et aidée par l'effondrement politique du pays, avancée depuis le sud vers Odessa, et depuis l'Est vers le Dniepr. Délai prévu : plusieurs semaines
- A la fin de cette première phase, nouvel effort pour atteindre les frontières de la Moldavie et l'ouest de la Biélorussie. De l'Ukraine ne doit subsister qu'une petite poche autour de Lviv, que Poutine juge définitivement irrécupérable politiquement.
- A ce moment de l'histoire, la priorité US, dans l'ordre, est : 1) ne pas se retrouver dans une confrontation cinétique entre l'OTAN et la Russie 2) Contenir la guerre au sein des frontières géographiques de l'Ukraine 3) Ne pas faire exploser l'OTAN 4) Renforcer l'Ukraine autant que possible et lui donner les moyens de se battre
- Relative confiance des renseignements US avant la guerre concernant la volonté ukrainienne de se battre et sur sa capacité à résister au moins un temps si elle est correctement renseignée et aidée, mais sans espoir de victoire "Kiev ne tombera pas aussi vite que les russes ne l'espèrent, mais elle tombera".
- Grandes inquiétudes des Rens' US concernant Zelenski, qui est alors vu comme faible, peu compétent sur ces questions, et mal aimé par son opinion publique.
- Zelenski est informé des intentions russes par Blinken lors du sommet sur le Climat de Glasgow. Zelenski a écouté, mais précisé que les russes avaient déjà fait le coup de la fausse invasion de nombreuses fois.
- Selon les Ukrainiens, les USA n'ont commencé à fournir des preuves solides à l'Ukraine que quelques jours avant l'invasion, en dépit des demandes des SR ukrainiens
- Les ukrainiens n'ont pas forcément beaucoup apprécié la politique de "transparence" américaine sur le risque d'invasion. Les déclarations publiques américaines faisaient courir un vent de panique dans la société ukrainienne, impactaient directement l'économie ukrainienne (taux de changes, ect.) sans forcément beaucoup aider le pays à s'y préparer
- Les USA pour leur part disent qu'ils ont très vite fournis des preuves et des renseignements circonstanciés aux Ukrainiens pour étayer leur conviction d'une attaque imminente et de grande ampleur
- Mais en tout cas les USA n'ont pas tout fournis à l'Ukraine car ils craignaient que cela ne puisse servir aux ukrainiens à lancer une attaque préventive sur la Crimée, et ils considéraient en plus les services ukrainiens comme totalement infiltrés par le FSB, même à haut niveau.
- Biden fourni du renseignement sensible à la France, au R-U et à l'Allemagne en marge du G20 à Rome pour les convaincre de l'imminence de l'attaque. Les français et les allemands sont resté très sceptiques, contrairement aux britanniques et aux baltes (informés entre temps aussi). Il semble que l'épisode des ADM en Irak, et celui de l'effondrement soudain de l'Afghanistan n'y soient pas pour rien dans le scepticisme franco-allemand.
- Les français ne considèrent pas les SR américains comme une source fiable et sincère avec eux.
- Les allemands et les français considèrent que bien souvent les USA déforment volontairement les conclusions de leurs services pour les faire apparaître comme plus certaines qu'elles ne le sont vraiment, pour servir leurs intérêts politiques (c.f. Irak)
- Rapidement, trois camps dans l'OTAN :
Europe de l'Ouest/Sud : pas d'inquiétude, c'est le jeu habituel de Poutine
Europe Centrale : Possibilité que quelque chose se passe mais d'ampleur limitée
US + UK + Baltes : L'invasion sera massive et certaine
- A ce moment là, les SR ukrainiens sont aussi convaincus que les US que la guerre est inévitable, mais restent sceptique sur l'idée d'une frappe de décapitation sur Kiev. Pour eux, ça restera limité au Donbass. Zelenski est lui relativement sceptique, bien qu'inquiet également.
- Les USA ont proposé début Janvier au Russes une conversation de haut niveau avec la possibilité de discuter d'une limitation des systèmes américains en Europe et des déploiement de troupes dans les pays de l'Est, en échange d'une désescalade et du retrait des troupes russes de la frontière ukrainienne. Les Russes semblaient frustrés que les USA fassent des concessions, ce qui a encore renforcé la conviction US que c'était de la pure diplomatie performative destinée à justifier à posteriori l'invasion par l'intransigeance de l'OTAN.
- Dans les mois précédents l'invasion : passage de 74 000 à 100 000 soldats US en Europe, repositionnement de ces troupes (et des stocks) depuis l'Italie et la Grèce vers la Pologne et les pays Baltes, 12 escadrons de chasse au lieu de 4, et passage de 5 à 26 navires US autour de l'Europe.
- Mise en place parallèlement d'une ligne ultra sécurisée entre le US Europan Command et l'E-M Ukrainien.
- A partir de Décembre, accélération de la livraison d'équipements légers vers l'Ukraine, JAVELIN, MANPADs.
- Les ukrainiens sont informé des détails de l'assaut prévu sur Hostomel dès le 12 janvier
- Les US urgent Zelenski de préparer son opinion publique à l'inévitable. Zelenski les prends totalement à contrepied : si je dis au gens de stocker de la nourriture et de se préparer à la guerre, la moitié du pays fuira avant même que les russes arrivent, et ils prendront le pays en 3 jours. L'essentiel, c'est de garder les gens au pays, là où ils peuvent se battre.
- La position de Zelenski ne faisait pas l'unanimité au sein de son entourage et des SR ukrainiens qui pressaient le Président de prendre des mesures préventives sérieuses. Il semble d'ailleurs que ça a été fait localement sans ordre d'en haut : stockage de carburant et de munition, ect.
- Blinken a dit à Zelenski en Janvier qu'il devait envisager d'avoir à quitter Kiev si les russes s'approchaient de la ville, Zelenski a répondu que c'était hors de question.
- Zelenski s'est même mis à penser que ces appels du pied des américains pouvaient être une manière déguisée de l'écarter rapidement après le début de la guerre afin que l'Ouest puisse négocier avec le pantin russe qui sera installé à sa place.
- Macron persuadé que son coup de fil à Poutine le 20 février était "une percée", le lendemain, Poutine reconnaissait la DPR et la LPR.
- Les européens (français, allemands) ont surestimé leur compréhension de Poutine et de son fonctionnement
RévélationLe chemin de la guerre : Les États-Unis ont eu du mal à convaincre leurs alliés, et Zelensky, du risque d'invasion.
Par Shane Harris, Karen DeYoung, Isabelle Khurshudyan, Ashley Parker et Liz Sly
Le 16 août à 7 h 39.
I
Par une matinée ensoleillée d'octobre, les principaux responsables du renseignement, de l'armée et de la diplomatie du pays se sont rendus dans le bureau ovale pour une réunion urgente avec le président Biden. Ils sont arrivés munis d'une analyse de renseignements hautement confidentielle, compilée à partir d'images satellites récemment obtenues, de communications interceptées et de sources humaines, qui correspondait aux plans de guerre du président russe Vladimir Poutine pour une invasion à grande échelle de l'Ukraine.
Pendant des mois, les responsables de l'administration Biden ont observé avec circonspection Poutine masser des dizaines de milliers de soldats et aligner des chars et des missiles le long des frontières de l'Ukraine. À la fin de l'été, Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale, s'était concentré sur le volume croissant de renseignements relatifs à la Russie et à l'Ukraine. Il avait organisé la réunion dans le Bureau ovale après que sa propre réflexion soit passée de l'incertitude quant aux intentions de la Russie à la crainte d'être trop sceptique quant aux perspectives d'une action militaire, puis à l'inquiétude.
La session était l'une des nombreuses réunions que les responsables ont tenues au sujet de l'Ukraine cet automne - se réunissant parfois en groupes plus restreints - mais elle s'est distinguée par le tableau détaillé des renseignements présentés. Biden et le vice-président Harris ont pris place dans des fauteuils devant la cheminée, tandis que le secrétaire d'État Antony Blinken, le secrétaire à la défense Lloyd Austin et le général Mark A. Milley, président des chefs d'état-major interarmées, ont rejoint les directeurs du renseignement national et de la CIA sur des canapés autour de la table basse.
Chargés par M. Sullivan de dresser un tableau complet des intentions de la Russie, ils ont déclaré à M. Biden que les renseignements sur les plans opérationnels de M. Poutine, ajoutés aux déploiements en cours le long de la frontière avec l'Ukraine, montraient que toutes les pièces étaient désormais en place pour un assaut massif.
Selon des responsables américains, la communauté du renseignement des États-Unis avait pénétré en de multiples points de la direction politique, de l'appareil d'espionnage et de l'armée de la Russie, des niveaux supérieurs aux lignes de front.
Bien plus radicaux que l'annexion de la Crimée par Moscou en 2014 et l'instigation d'un mouvement séparatiste dans l'est de l'Ukraine, les plans de guerre de Poutine envisageaient une prise de contrôle de la majeure partie du pays.
À l'aide de cartes montées sur des chevalets devant le Resolute Desk, Milley a montré les positions des troupes russes et le terrain ukrainien qu'elles avaient l'intention de conquérir. Il s'agit d'un plan d'une audace stupéfiante, qui pourrait constituer une menace directe pour le flanc oriental de l'OTAN, voire détruire l'architecture de sécurité de l'Europe après la Seconde Guerre mondiale.
Alors qu'il absorbait le briefing, Biden, qui avait pris ses fonctions en promettant de maintenir le pays à l'écart de nouvelles guerres, était déterminé à dissuader ou à affronter Poutine, et à ce que les États-Unis n'agissent pas seuls. Pourtant, l'OTAN est loin d'être unie sur la manière de traiter avec Moscou, et la crédibilité des États-Unis est faible. Après une occupation désastreuse de l'Irak, le chaos qui a suivi le retrait américain de l'Afghanistan, et quatre années où le président Donald Trump a cherché à saper l'alliance, il était loin d'être certain que Biden puisse diriger efficacement une réponse occidentale à une Russie expansionniste.
L'Ukraine était une ancienne république soviétique troublée, avec des antécédents de corruption, et la réponse des États-Unis et de leurs alliés aux précédentes agressions russes avait été incertaine et divisée. Lorsque l'invasion survient, les Ukrainiens ont besoin d'un nouvel armement important pour se défendre. Une quantité trop faible pourrait garantir une victoire russe. Mais une quantité trop importante pourrait provoquer un conflit direct entre l'OTAN et une Russie dotée de l'arme nucléaire.
Ce récit, qui contient des détails inédits, jette une lumière nouvelle sur l'âpreté du combat pour restaurer la crédibilité des États-Unis, sur la tentative de trouver un équilibre entre le secret entourant les renseignements et la nécessité de persuader les autres de leur véracité, et sur la difficulté de déterminer comment l'alliance militaire la plus puissante du monde pourrait aider une démocratie imparfaite à la frontière de la Russie à résister à une attaque sans que l'OTAN ne tire un coup de feu.
Premier d'une série d'articles sur le chemin de la guerre et la campagne militaire en Ukraine, il est tiré d'entretiens approfondis avec plus de trois douzaines de hauts responsables américains, ukrainiens, européens et de l'OTAN au sujet d'une crise mondiale dont la fin n'est pas encore déterminée. Certains ont parlé sous le couvert de l'anonymat afin de discuter de renseignements sensibles et de délibérations internes.
Le Kremlin n'a pas répondu aux demandes répétées de commentaires.
Alors que Milley exposait l'éventail des forces en ce matin d'octobre, lui et les autres ont résumé les intentions de Poutine. "Nous estimons qu'ils prévoient de mener une attaque stratégique importante contre l'Ukraine à partir de plusieurs directions simultanément", a déclaré Milley au président. "Leur version de 'choc et effroi'. ' "
D'après les renseignements, les Russes viendraient du nord, de part et d'autre de Kiev. Une force se déplacerait à l'est de la capitale en passant par la ville ukrainienne de Tchernihiv, tandis que l'autre flanquerait Kiev à l'ouest, en poussant vers le sud depuis le Bélarus par une brèche naturelle entre la "zone d'exclusion" de la centrale nucléaire abandonnée de Tchernobyl et les marais environnants. L'attaque aurait lieu en hiver, afin que la terre dure rende le terrain facilement praticable pour les chars. Formant une tenaille autour de la capitale, les troupes russes prévoient de s'emparer de Kiev en trois ou quatre jours. Les Spetsnaz, leurs forces spéciales, trouveront et destitueront le président Volodymyr Zelensky, en le tuant si nécessaire, et installeront un gouvernement fantoche favorable au Kremlin.
Séparément, les forces russes viendraient de l'est et traverseraient le centre de l'Ukraine jusqu'au fleuve Dniepr, tandis que les troupes de Crimée prendraient le contrôle de la côte sud-est. Ces actions pourraient prendre plusieurs semaines, selon les plans russes.
Après avoir fait une pause pour se regrouper et se réarmer, ils ont ensuite poussé vers l'ouest, vers une ligne nord-sud s'étendant de la Moldavie à l'ouest du Belarus, laissant un État ukrainien croupion à l'ouest - une région qui, dans le calcul de Poutine, était peuplée d'irrémédiables néonazis russophobes.
Les États-Unis avaient obtenu des "détails extraordinaires" sur les plans secrets du Kremlin pour une guerre dont il continuait à nier l'intention, a expliqué plus tard la directrice du renseignement national Avril Haines. Il s'agissait non seulement du positionnement des troupes, de l'armement et de la stratégie opérationnelle, mais aussi de détails tels que "l'augmentation inhabituelle et brutale du financement des opérations militaires d'urgence et de la constitution de forces de réserve par Poutine, alors même que d'autres besoins urgents, comme la réponse à une pandémie, manquaient de ressources", a-t-elle déclaré. Il ne s'agissait pas d'un simple exercice d'intimidation, contrairement à un déploiement russe à grande échelle en avril, lorsque les forces de Poutine avaient menacé les frontières de l'Ukraine sans jamais attaquer.
Certains membres de la Maison Blanche ont eu du mal à se faire une idée de l'ampleur des ambitions du dirigeant russe.
"Cela ne semblait pas être le genre de chose qu'un pays rationnel entreprendrait", a déclaré plus tard un participant à la réunion au sujet de l'occupation prévue de la majeure partie d'un pays de 232 000 miles carrés et de près de 45 millions d'habitants. Certaines parties de l'Ukraine sont profondément anti-russes, ce qui fait planer le spectre d'une insurrection même si Poutine renverse le gouvernement de Kiev. Et pourtant, les renseignements montrent que de plus en plus de troupes arrivent et s'installent pour une campagne complète. Des munitions, de la nourriture et des fournitures essentielles étaient déposées dans les campements russes.
Biden a pressé ses conseillers. Pensaient-ils vraiment que cette fois-ci, Poutine était susceptible de frapper ?
Oui, ils l'ont affirmé. C'est bien réel. Bien que l'administration ait publiquement insisté au cours des mois suivants sur le fait qu'elle ne croyait pas que Poutine avait pris une décision finale, la seule chose que son équipe ne pouvait pas dire au président ce jour d'automne était le moment exact où le président russe appuierait sur la gâchette.
Le directeur de la CIA, William J. Burns, qui avait été ambassadeur des États-Unis à Moscou et qui, de tous les membres du gouvernement Biden, avait eu les contacts les plus directs avec M. Poutine, a décrit aux autres le dirigeant russe comme étant obsédé par l'Ukraine. Le contrôle du pays était synonyme de la conception que Poutine se faisait de l'identité et de l'autorité russes. La précision de la planification de la guerre, associée à la conviction de Poutine que l'Ukraine doit être réabsorbée par la mère patrie, ne lui laisse aucun doute sur le fait que Poutine est prêt à envahir le pays.
"J'ai cru qu'il était très sérieux", a déclaré Burns des mois plus tard, en se souvenant du briefing.
II
Les renseignements avaient souligné la promesse des propres mots de Poutine. Trois mois plus tôt, en juillet, il avait publié un essai de 7 000 mots, intitulé "Sur l'unité historique entre les Russes et les Ukrainiens", rempli de griefs et d'affirmations douteuses. Selon lui, les Russes et les Ukrainiens forment "un seul peuple" - une idée qui trouve son origine dans les affirmations de Poutine sur les "liens du sang" - et Moscou a été "spolié" de son propre territoire par un Occident intrigant.
"Je suis convaincu que la véritable souveraineté de l'Ukraine n'est possible qu'en partenariat avec la Russie", a écrit M. Poutine.
Quelques semaines avant la parution de cet essai, M. Biden et M. Poutine avaient tenu, le 16 juin, un sommet qu'ils avaient tous deux déclaré "constructif". À ce moment-là, l'Ukraine était une préoccupation, mais les responsables de la Maison-Blanche estimaient qu'elle pouvait être traitée. Lorsque la délégation de la Maison-Blanche a quitté la réunion, qui s'est tenue à Genève, un collaborateur de haut rang de M. Biden se souviendra plus tard que "nous ne sommes pas montés dans l'avion pour rentrer chez nous en pensant que le monde était à l'aube d'une guerre majeure en Europe."
Mais la publication ultérieure de Poutine "a attiré notre attention de façon importante", a déclaré plus tard M. Sullivan. "Nous avons commencé à nous demander ce qui se passait ici, quel était son objectif final ? Jusqu'où va-t-il aller ?" Par précaution, le 27 août, Biden a autorisé que 60 millions de dollars d'armes largement défensives soient puisés dans les stocks américains et envoyés en Ukraine.
À la fin de l'été, alors qu'ils reconstituaient les renseignements en provenance de la frontière et de Moscou, les analystes qui avaient passé leur carrière à étudier Poutine étaient de plus en plus convaincus que le dirigeant russe - lui-même ancien officier de renseignement - voyait une fenêtre d'opportunité se refermer. Les Ukrainiens s'étaient déjà soulevés à deux reprises pour réclamer un avenir démocratique, libéré de la corruption et de l'ingérence de Moscou, lors de la révolution orange de 2004-2005 et des manifestations de Maidan de 2013-2014 qui ont précédé l'annexion de la Crimée par la Russie.
Bien qu'elle ne soit pas membre de l'OTAN ou de l'Union européenne, l'Ukraine se déplace désormais régulièrement dans l'orbite politique, économique et culturelle de l'Occident. Cette dérive alimente le ressentiment plus général de Poutine concernant la perte de l'empire russe.
Dans une sombre évaluation actuarielle, les analystes ont conclu que M. Poutine, qui allait avoir 69 ans, avait compris qu'il lui restait peu de temps pour cimenter son héritage en tant que l'un des grands dirigeants russes, celui qui avait restauré la prééminence de la Russie sur le continent eurasien.
Selon les analystes, M. Poutine a calculé que toute réponse occidentale à une tentative de reconquête de l'Ukraine par la force serait marquée par l'indignation mais limitée en termes de sanctions réelles. Le dirigeant russe, ont-ils dit, pensait que l'administration Biden était châtiée par le retrait humiliant des États-Unis d'Afghanistan et voulait éviter de nouvelles guerres. Les États-Unis et l'Europe sont toujours aux prises avec la pandémie de coronavirus. La chancelière allemande Angela Merkel, leader européen de facto, quitte son poste et transmet le pouvoir à un successeur qui n'a pas fait ses preuves. Le président français Emmanuel Macron était confronté à une bataille de réélection contre une droite résurgente, et la Grande-Bretagne souffrait d'un ralentissement économique post-Brexit. De grandes parties du continent dépendaient du pétrole et du gaz naturel russes, que Poutine pensait pouvoir utiliser comme un coin pour diviser l'alliance occidentale. Il avait accumulé des centaines de milliards de dollars de réserves de liquidités et était convaincu que l'économie russe pourrait résister aux inévitables sanctions, comme elle l'avait fait dans le passé.
Lorsqu'on lui a présenté les nouveaux renseignements et les nouvelles analyses lors du briefing d'octobre, M. Biden a eu " essentiellement deux réactions ", a déclaré M. Sullivan. Tout d'abord, pour tenter de dissuader Poutine, ils "devaient envoyer quelqu'un à Moscou pour s'asseoir avec les Russes à un niveau élevé et leur dire : 'Si vous faites ça, voici les conséquences. ' "
Deuxièmement, ils devaient informer les alliés des renseignements fournis par les États-Unis et les rallier à ce que l'administration considérait comme une position unifiée et sévère de menaces de sanctions contre la Russie, de renforcement et d'expansion des défenses de l'OTAN et d'aide à l'Ukraine.
Burns a été envoyé à Moscou et Haines au siège de l'OTAN à Bruxelles.
Des mois plus tard, Milley avait toujours dans sa mallette des fiches résumant les intérêts et les objectifs stratégiques des États-Unis discutés lors du briefing d'octobre. Il pouvait les réciter du bout des doigts.
Problème : "Comment garantir et faire respecter l'ordre international fondé sur des règles" contre un pays doté d'une capacité nucléaire extraordinaire, "sans aller jusqu'à la troisième guerre mondiale ?"
N° 1 : "Ne pas avoir de conflit cinétique entre l'armée américaine et l'OTAN avec la Russie." No. 2 : "Contenir la guerre à l'intérieur des frontières géographiques de l'Ukraine." No. 3 : "Renforcer et maintenir l'unité de l'OTAN." No. 4 : "Donner à l'Ukraine les moyens de se battre."
Les conseillers de M. Biden étaient convaincus que l'Ukraine se battrait. Les États-Unis, la Grande-Bretagne et d'autres membres de l'OTAN avaient passé des années à former et à équiper l'armée ukrainienne, qui était plus professionnelle et mieux organisée qu'avant l'assaut de la Russie contre la Crimée et la région orientale de Donbas, sept ans plus tôt. Mais la formation a porté presque autant sur la manière d'organiser la résistance interne après une occupation russe que sur la manière de l'empêcher en premier lieu. Les armes fournies étaient principalement de petit calibre et défensives, afin de ne pas être perçues comme une provocation occidentale.
L'administration était également très préoccupée par le jeune président ukrainien, un ancien comique de la télévision qui était entré en fonction grâce à une énorme vague de soutien populaire et au désir d'un changement fondamental, mais qui avait perdu la cote auprès du public en partie parce qu'il n'avait pas réussi à tenir sa promesse de faire la paix avec la Russie. Zelensky, 44 ans, ne semblait pas être à la hauteur de l'impitoyable Poutine.
Les mathématiques ne jouaient pas en faveur de l'Ukraine. La Russie disposait de plus de troupes, de plus de chars, de plus d'artillerie, de plus d'avions de chasse et de missiles guidés, et avait démontré lors de conflits précédents sa volonté de soumettre ses adversaires les plus faibles, sans se soucier des pertes civiles.
Les Américains ont conclu que Kiev ne tomberait peut-être pas aussi rapidement que les Russes l'avaient prévu, mais qu'elle tomberait.
III
Le 2 novembre, Burns a été escorté dans le bureau du Kremlin de Yuri Ushakov, conseiller en politique étrangère de Poutine et ancien ambassadeur aux États-Unis. Le patron d'Ushakov était à l'autre bout d'une ligne téléphonique et parlait à Burns depuis la station balnéaire de Sochi, où il s'était retiré pendant une autre vague d'infections au coronavirus à Moscou.
Le dirigeant russe a récité ses plaintes habituelles concernant l'expansion de l'OTAN, la menace pour la sécurité russe et le leadership illégitime en Ukraine.
"Il ne voyait pas du tout le président Zelensky comme un leader politique", se souvient Burns.
Habitué à écouter les tirades de Poutine depuis ses années à Moscou, Burns a délivré son propre message énergique : Les États-Unis savent ce que vous préparez, et si vous envahissez l'Ukraine, vous en paierez le prix fort. Il a dit qu'il laissait une lettre de Biden, affirmant les conséquences punitives de toute attaque russe contre l'Ukraine.
Poutine "était très concret", a déclaré M. Burns. Il n'a pas nié les renseignements qui pointaient vers une invasion russe de l'Ukraine.
Le directeur de la CIA a également rencontré un autre conseiller de Poutine, Nikolai Patrushev, un ancien officier du KGB, originaire de Saint-Pétersbourg, la ville natale de Poutine, qui dirigeait le Conseil de sécurité de la Russie.
M. Patrushev pensait que M. Burns s'était rendu à Moscou pour discuter de la prochaine rencontre entre M. Poutine et M. Biden et semblait surpris que le chef de la CIA soit venu avec un avertissement concernant l'Ukraine.
Dans ses discussions avec Burns, il a repris presque exactement les griefs de Poutine concernant l'histoire et l'OTAN. Il ne semblait pas y avoir de place pour un engagement significatif, et le directeur de la CIA s'est demandé si Poutine et son cercle restreint d'assistants avaient formé leur propre chambre d'écho. Poutine n'avait pas pris la décision irréversible d'entrer en guerre, mais son point de vue sur l'Ukraine s'était durci, son appétit pour le risque avait augmenté et le dirigeant russe pensait que le moment opportun allait bientôt passer.
"Mon niveau d'inquiétude a augmenté, il n'a pas diminué", a rapporté le chef des espions à Biden.
IV
Alors que Burns s'entretenait avec Poutine, Blinken s'asseyait avec Zelensky, à Glasgow, en Écosse, en marge d'un sommet international sur le changement climatique. Il a dressé le tableau des renseignements et décrit la tempête russe qui se dirigeait vers l'Ukraine.
"Il n'y avait que nous deux, à deux pieds l'un de l'autre", se souvient Blinken. C'était une "conversation difficile".
M. Blinken avait déjà rencontré le président ukrainien et pensait le connaître suffisamment pour parler franchement, même s'il lui semblait surréaliste de "dire à quelqu'un que vous croyez que son pays va être envahi".
Il a trouvé Zelensky "sérieux, délibéré, stoïque", un mélange de conviction et d'incrédulité. Il a dit qu'il allait informer ses équipes principales. Mais les Ukrainiens avaient "vu un certain nombre de feintes russes dans le passé", savait Blinken, et Zelensky était clairement inquiet d'un effondrement économique si son pays paniquait.
La présentation de Blinken, et le scepticisme de Zelensky, ont établi un modèle qui allait se répéter en privé et en public au cours des mois suivants. Les Ukrainiens ne pouvaient pas se permettre de rejeter en bloc les renseignements américains. Mais de leur point de vue, l'information était spéculative.
M. Zelensky a entendu les avertissements américains, comme il l'a rappelé plus tard, mais il a déclaré que les Américains ne proposaient pas le type d'armes dont l'Ukraine avait besoin pour se défendre.
"Vous pouvez dire un million de fois, 'Ecoutez, il pourrait y avoir une invasion'. Ok, il peut y avoir une invasion - vous nous donnerez des avions ?" a dit Zelensky. "Allez-vous nous donner des défenses aériennes ? Eh bien, vous n'êtes pas membre de l'OTAN... Oh, ok, alors de quoi parlons-nous ?"
Les Américains ont fourni peu de renseignements spécifiques pour étayer leurs avertissements "jusqu'aux quatre ou cinq derniers jours avant le début de l'invasion", selon Dmytro Kuleba, le ministre des affaires étrangères de Zelensky.
Moins de deux semaines après la réunion de Glasgow, lorsque Kuleba et Andriy Yermak, le chef de cabinet de Zelensky, se sont rendus au Département d'État à Washington, un haut fonctionnaire américain les a accueillis avec une tasse de café et un sourire. "Les gars, creusez les tranchées !" a commencé le fonctionnaire.
"Quand nous avons souri en rentrant", se souvient Kuleba, le fonctionnaire a dit : "Je suis sérieux. Commencez à creuser des tranchées. ... Vous allez être attaqués. Une attaque à grande échelle, et vous devez vous y préparer". Nous avons demandé des détails ; il n'y en avait pas."
Si les Américains ont été frustrés par le scepticisme de l'Ukraine à l'égard des plans de la Russie, les Ukrainiens n'ont pas été moins déconcertés par les avertissements de plus en plus publics des États-Unis quant à l'imminence d'une invasion.
"Nous avons dû trouver un équilibre entre une évaluation réaliste des risques et la préparation du pays au pire... et le maintien du fonctionnement économique et financier du pays", a déclaré Kuleba. "Chaque commentaire venant des États-Unis sur le caractère inévitable de la guerre était immédiatement répercuté sur le taux de change de la monnaie [ukrainienne]."
Un certain nombre de responsables américains ont contesté les souvenirs des Ukrainiens, affirmant qu'ils ont fourni au gouvernement de Kiev des renseignements spécifiques dès le début et tout au long de la période précédant l'invasion.
Pourtant, lorsqu'il s'agissait de l'Ukraine, les services de renseignement américains n'étaient pas vraiment des livres ouverts. Les directives officielles interdisaient aux agences d'espionnage de partager des informations tactiques que l'Ukraine pourrait utiliser pour lancer des attaques contre les troupes russes en Crimée ou contre les séparatistes soutenus par le Kremlin dans l'est du pays.
L'appareil de renseignement ukrainien était lui aussi truffé de taupes russes, et les responsables américains craignaient que des informations sensibles ne tombent entre les mains de Moscou. Après le début de la guerre, l'administration Biden a changé de politique et a partagé des informations sur les mouvements de troupes russes dans toute l'Ukraine, au motif que le pays se défendait désormais contre une invasion.
V
Lors d'une réunion parallèle à la conférence du Groupe des 20 à Rome fin octobre, M. Biden a partagé certaines des nouvelles informations et conclusions avec les plus proches alliés des États-Unis, à savoir les dirigeants de la Grande-Bretagne, de la France et de l'Allemagne.
À la mi-novembre, M. Haines a profité d'un voyage prévu à Bruxelles pour informer un cercle plus large d'alliés : le Conseil de l'Atlantique Nord de l'OTAN, le principal organe de décision de l'alliance des 30 membres. S'exprimant dans un grand auditorium, elle a limité ses remarques à ce que la communauté du renseignement estimait être des preuves et n'a pas formulé de recommandations politiques.
"Un certain nombre de membres ont soulevé des questions et se sont montrés sceptiques à l'idée que le président Poutine se prépare sérieusement à l'éventualité d'une invasion à grande échelle", se souvient M. Haines.
Les responsables français et allemands ne comprennent pas pourquoi Poutine tenterait d'envahir et d'occuper un grand pays avec seulement les 80 000 à 90 000 soldats qui seraient massés à la frontière. Des images satellites ont également montré que les troupes allaient et venaient de la frontière. D'autres ont avancé que les Russes effectuaient un exercice, comme le Kremlin lui-même l'a affirmé, ou qu'ils jouaient un tour de passe-passe destiné à dissimuler un objectif autre qu'une invasion.
La plupart étaient dubitatifs, et ont noté que Zelensky semblait penser que la Russie n'attaquerait jamais avec l'ambition et la force que les Américains prévoyaient. L'Ukraine n'est-elle pas celle qui comprend le mieux les intentions de la Russie ?
Seuls les Britanniques et les États baltes sont entièrement d'accord. À un moment donné, un fonctionnaire de Londres s'est levé et a fait un geste en direction de Haines. "Elle a raison", a dit le fonctionnaire.
Mais Paris et Berlin se sont souvenus des affirmations catégoriques des États-Unis concernant les renseignements sur l'Irak. L'ombre de cette analyse profondément défectueuse planait sur toutes les discussions précédant l'invasion. Certains estimaient également que Washington, quelques mois plus tôt, avait largement surestimé la résilience du gouvernement afghan au moment où l'armée américaine se retirait. Le gouvernement s'était effondré dès l'entrée des talibans à Kaboul.
"Le renseignement américain n'est pas considéré comme une source naturellement fiable", a déclaré François Heisbourg, expert en sécurité et conseiller de longue date des responsables français. "Il était considéré comme enclin à la manipulation politique".
Les Européens commencent à s'installer dans des camps qui ne changeront guère pendant plusieurs mois.
"Je pense qu'il y a eu fondamentalement trois variantes", a déclaré un haut fonctionnaire de l'administration. Pour beaucoup d'Européens de l'Ouest, ce que les Russes faisaient était "de la diplomatie coercitive, [Poutine] était juste en train de construire pour voir ce qu'il pouvait obtenir. Il ne va pas nous envahir... c'est de la folie".
De nombreux nouveaux membres de l'OTAN en Europe de l'Est et du Sud-Est pensaient que Poutine "pourrait faire quelque chose, mais que ce serait de portée limitée", a déclaré le fonctionnaire, "... une autre morsure à la pomme [ukrainienne]", similaire à ce qui s'est passé en 2014.
Mais la Grande-Bretagne et les États baltes, qui sont toujours nerveux quant aux intentions de la Russie, croient qu'une invasion à grande échelle se prépare.
Lorsque des États membres sceptiques ont demandé davantage de renseignements, les Américains en ont fourni quelques-uns, mais se sont abstenus de les partager tous.
Historiquement, les États-Unis ont rarement révélé leurs renseignements les plus sensibles à une organisation aussi diversifiée que l'OTAN, principalement par crainte d'une fuite de secrets. Si les Américains et leurs partenaires britanniques ont effectivement partagé une quantité importante d'informations, ils n'ont pas divulgué les interceptions brutes ou la nature des sources humaines qui étaient essentielles pour déterminer les plans de Poutine. Cela a particulièrement frustré les responsables français et allemands, qui soupçonnaient depuis longtemps que Washington et Londres cachaient parfois la base de leurs renseignements pour les faire paraître plus définitifs qu'ils ne l'étaient réellement.
Certains des pays de l'alliance ont fourni leurs propres conclusions, a précisé M. Haines. Les États-Unis ont également créé de nouveaux mécanismes pour partager des informations en temps réel avec leurs partenaires étrangers à Bruxelles. Austin, Blinken et Milley étaient au téléphone avec leurs homologues, partageant, écoutant, cajolant.
Au fil du temps, s'est souvenu un haut fonctionnaire européen de l'OTAN, "les renseignements ont été présentés de manière répétée, cohérente, claire, crédible et très détaillée, avec un très bon scénario et des preuves à l'appui. Je ne me souviens pas d'un moment clé où l'ampoule s'est allumée" dans les efforts déployés pendant des mois pour convaincre les alliés, a déclaré le responsable. En fin de compte, "c'était le volume des lumières dans la pièce".
VI
Macron et Merkel ont traité avec Poutine pendant des années et ont eu du mal à croire qu'il était irrationnel au point de lancer une guerre calamiteuse. Dans les semaines qui ont suivi la réunion de Genève de M. Biden, ils ont tenté d'organiser un sommet UE-Russie, qui a été rejeté par les membres sceptiques du bloc qui y voyaient une dangereuse concession à la position agressive de la Russie.
Des mois plus tard, malgré les nouveaux renseignements américains, les Français et les Allemands insistent sur le fait qu'il y a une chance pour la diplomatie. Les Américains et les Britanniques ont peu d'espoir que tout effort diplomatique porte ses fruits, mais sont prêts à laisser la porte ouverte - si les Européens donnent quelque chose en retour.
"Une grande partie de nos efforts, se souvient Sullivan, consistait essentiellement à leur dire : "Écoutez, nous allons suivre la voie diplomatique et la considérer comme sérieuse... si vous prenez au sérieux la planification du dispositif de forces [militaires] et des sanctions". ' "
Chaque partie était convaincue d'avoir raison mais était prête à faire comme si elle pouvait avoir tort.
Au cours des mois suivants, les Américains se sont efforcés de montrer aux Européens de l'Ouest et à d'autres qu'ils étaient toujours disposés à rechercher une solution pacifique, même si, au fond d'eux-mêmes, ils étaient convaincus que tout effort de négociation de la part de la Russie était une mascarade. "Cela a fondamentalement fonctionné", a déclaré M. Sullivan à propos de la stratégie de l'administration.
Le 7 décembre, Poutine et Biden se sont entretenus lors d'un appel vidéo. M. Poutine a affirmé que l'expansion vers l'est de l'alliance occidentale était un facteur important dans sa décision d'envoyer des troupes à la frontière de l'Ukraine. Selon lui, la Russie ne faisait que protéger ses propres intérêts et son intégrité territoriale.
M. Biden a répondu qu'il était peu probable que l'Ukraine rejoigne l'OTAN dans un avenir proche et que les États-Unis et la Russie pouvaient parvenir à des accords sur d'autres préoccupations de la Russie concernant le placement de systèmes d'armes américains en Europe. En théorie, il y avait matière à compromis.
Pendant un certain temps, alors que M. Blinken dirigeait l'effort diplomatique américain par des visites répétées dans les capitales de l'OTAN et au siège de l'alliance à Bruxelles, les Ukrainiens ont poursuivi leurs contacts avec les gouvernements européens qui semblaient encore beaucoup moins convaincus des intentions de Poutine que les Américains.
Kuleba et d'autres membres du gouvernement croyaient qu'il y aurait une guerre, a déclaré plus tard le ministre ukrainien des Affaires étrangères. Mais jusqu'à la veille de l'invasion, "je ne pouvais pas croire que nous serions confrontés à une guerre d'une telle ampleur. Le seul pays au monde qui nous disait avec autant de certitude qu'il y aurait des frappes de missiles était les États-Unis d'Amérique. (...) Tous les autres pays ne partageaient pas cette analyse et [au contraire] disaient, oui, la guerre est possible, mais ce sera plutôt un conflit localisé dans l'est de l'Ukraine."
"Mettez-vous à notre place", a déclaré Kuleba. "Vous avez, d'un côté, les États-Unis qui vous disent quelque chose de complètement inimaginable, et tout le monde qui cligne des yeux en vous disant que ce n'est pas ce que nous pensons qui va se passer."
En fait, les Britanniques et certains responsables baltes pensaient qu'une invasion complète était probable. Mais Kuleba était loin d'être le seul à être sceptique. Son président le partageait, selon les assistants de Zelensky et d'autres fonctionnaires qui l'ont informé.
"Nous avons pris au sérieux toutes les informations que nos partenaires occidentaux nous donnaient", se souvient Yermak, le chef de cabinet de Zelensky. "Mais soyons honnêtes : imaginez si toute cette panique que tant de gens poussent avait eu lieu. Créer la panique est une méthode des Russes. ... Imaginez si cette panique avait commencé trois ou quatre mois auparavant. Que serait-il arrivé à l'économie ? Aurions-nous été capables de tenir pendant cinq mois comme nous l'avons fait ?"
VII
Début janvier, la secrétaire d'État adjointe Wendy Sherman a conduit une délégation diplomatique à Genève et a rencontré son homologue russe, Sergei Ryabkov, qu'elle connaissait bien. Celui-ci a réitéré la position de Moscou sur l'Ukraine, formellement proposée à la mi-décembre dans deux propositions de traités - à savoir que l'OTAN doit mettre fin à ses plans d'expansion et cesser toute activité dans les pays qui ont rejoint l'alliance après 1997, ce qui inclut la Pologne, la Roumanie, la Bulgarie et les États baltes.
Rejetant la proposition de fermer les portes de l'OTAN et de réduire le statut des membres existants, l'administration a proposé des pourparlers et des mesures de confiance dans un certain nombre de domaines de sécurité, notamment le déploiement de troupes et le placement d'armes sur le flanc est de l'OTAN, le long de la frontière avec la Russie. Cette offre était conditionnée à la désescalade de la menace militaire contre l'Ukraine. M. Ryabkov a déclaré à M. Sherman que la Russie était déçue par l'attitude américaine.
La Maison Blanche avait envisagé la réunion de Sherman avec Ryabkov comme "une chance de tester si les Russes étaient sérieux quant à la substance des préoccupations ... et s'il y avait une voie à suivre pour toute forme de diplomatie", a déclaré Emily Horne, alors porte-parole du Conseil de sécurité nationale. "Je pense qu'il est devenu assez clair, assez rapidement, que [les Russes] faisaient de la diplomatie, sans vraiment en entreprendre. Ils ne le faisaient même pas avec beaucoup de sérieux."
"Tous les alliés occidentaux voulaient faire comprendre qu'il y avait une voie alternative impliquant le dialogue et le respect de la Russie en tant que grande puissance", a déclaré un haut fonctionnaire du gouvernement britannique impliqué dans les négociations. "Ce qui est devenu de plus en plus clair, c'est que la Russie n'était pas intéressée par ces éléments".
Tout en poursuivant la voie diplomatique, les États-Unis ont également positionné des forces pour défendre l'OTAN, toutes visibles pour Moscou et les Européens et démontrant la volonté des Américains de s'impliquer dans le jeu. Alors que M. Biden n'a cessé de répéter qu'il n'y aurait pas de troupes américaines en Ukraine, le Pentagone a augmenté les stocks d'armes prépositionnées en Pologne et y a transféré un bataillon d'hélicoptères depuis la Grèce. Des parachutistes du 171e Airborne ont été déployés dans les États baltes. Des troupes supplémentaires ont été envoyées d'Italie vers l'est de la Roumanie, et d'autres sont allées en Hongrie et en Bulgarie.
Au cours des mois suivants, la présence militaire américaine en Europe est passée de 74 000 à 100 000 hommes. Quatre escadrons de chasseurs aéroportés sont devenus 12, et le nombre de navires de combat de surface dans la région est passé de cinq à 26. Des patrouilles aériennes de combat et de surveillance effectuent des missions 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 sur le flanc oriental de l'alliance, avec une visibilité jusqu'en Ukraine.
Nous disions : "Écoutez, nous prenons la diplomatie au sérieux, mais nous sommes tellement inquiets que nous déplaçons des hommes et du matériel", se souvient M. Sullivan.
Avec l'autorisation de la National Security Agency, les États-Unis ont établi une ligne de communication directe entre l'armée ukrainienne et le Commandement européen des États-Unis. Ce système hautement sécurisé permettrait aux Américains de rester en contact direct avec leurs homologues ukrainiens au fur et à mesure de l'évolution des événements.
L'administration envoyait également des armes à l'Ukraine. En décembre, M. Biden a autorisé l'envoi de 200 millions de dollars d'armes supplémentaires provenant des stocks américains, alors même que le gouvernement de Kiev, de nombreux membres du Congrès et certains membres de l'administration elle-même affirmaient que si les États-Unis pensaient réellement qu'une invasion à grande échelle se préparait, ce n'était pas suffisant.
Mais chaque étape de la campagne de l'administration était fondée sur la volonté d'éviter une implication directe des États-Unis dans un affrontement militaire. La préoccupation dominante de la Maison Blanche concernant la provocation a influencé chaque décision concernant le niveau d'assistance et le type d'armes à fournir aux Ukrainiens pour qu'ils puissent se défendre.
"Je ne m'excuse pas du fait que l'un de nos objectifs ici est d'éviter un conflit direct avec la Russie", a déclaré M. Sullivan à propos de la période d'avant-guerre.
Les Russes allaient faire ce qu'ils ont fait indépendamment de ce que les alliés ont fait, a déclaré un haut fonctionnaire impliqué dans les décisions, et l'administration a trouvé "incroyable" l'idée, comme certains l'ont affirmé plus tard avec le recul, que "si seulement nous avions donné" plus d'armes aux Ukrainiens, "rien de tout cela ne serait arrivé".
Déterminer si la Russie interpréterait un exercice militaire ou une livraison d'armes comme une provocation ou une escalade relève "plus de l'art que de la science", a déclaré le fonctionnaire. "Il n'y a pas de formule mathématique claire et facile. (...) Il y a toujours eu un équilibre entre ce qui est nécessaire pour se défendre efficacement et ce qui va être perçu par la Russie comme les États-Unis garantissant essentiellement le meurtre d'un grand nombre de Russes."
Les responsables ukrainiens ont exprimé une gratitude sans fin aux États-Unis pour ce qu'ils ont fourni depuis le début de la guerre. "Aucun autre pays au monde n'a fait plus pour que l'Ukraine obtienne les armes nécessaires que les États-Unis depuis le 24 février. Aucun autre pays au monde", a récemment déclaré M. Kuleba. Mais dès le début, a-t-il ajouté, lui et d'autres responsables ukrainiens ont estimé que la stratégie de "non-provocation" était la mauvaise.
"Où nous a-t-il emmenés ?" a déclaré Kuleba. "Je pense que cette guerre - avec des milliers de morts et de blessés, des territoires perdus, une partie de l'économie détruite... est la meilleure réponse à ceux qui prônent encore la non-provocation de la Russie."
VIII
Dans le cadre de sa campagne permanente visant à convaincre le monde de ce qui se prépare - et à dissuader les Russes - la Maison Blanche a décidé, vers la fin de l'année 2021, de remettre en question sa propre réticence, ainsi que celle des agences de renseignement, à rendre publiques certaines de leurs informations les plus sensibles.
Les services de renseignement américains avaient repéré des opérations "sous faux drapeau" planifiées par les Russes, dans lesquelles ils mettaient en scène des attaques contre leurs propres forces comme si elles venaient d'Ukraine. Exposer publiquement ces plans pourrait priver Poutine de la possibilité de concocter un prétexte pour une invasion, ont estimé les responsables de l'administration.
Dans un premier temps, la Maison Blanche a décidé de révéler l'ampleur du renforcement des troupes qui se poursuit aux frontières de l'Ukraine. Début décembre, l'administration a publié des photos satellites, ainsi qu'une carte créée par des analystes américains montrant les positions des troupes russes et une analyse de la communauté du renseignement sur la planification russe.
Selon l'analyse, les Russes prévoyaient des "mouvements importants" de 100 groupes tactiques de bataillons, impliquant jusqu'à 175 000 soldats, ainsi que des blindés, de l'artillerie et des équipements. L'image que les responsables de l'administration avaient élaborée pendant des semaines en secret était maintenant visible dans le monde entier.
En prévision de divulgations plus sélectives de renseignements, M. Sullivan a mis en place un processus régulier à la Maison Blanche dans lequel une équipe détermine si une information particulière, si elle est rendue publique, pourrait contrecarrer les plans ou la propagande russes. Dans l'affirmative, l'information serait alors soumise à la communauté du renseignement, qui formulerait des recommandations sur l'opportunité et la manière de la diffuser.
Fin janvier, le gouvernement britannique a publiquement accusé la Russie de comploter pour installer un régime fantoche à Kiev. Cette allégation, fondée sur les renseignements américains et britanniques, a été révélée dans une déclaration de presse très inhabituelle du ministre des affaires étrangères, Liz Truss, tard dans la soirée à Londres mais juste à temps pour les journaux du dimanche matin.
Et début février, l'administration Biden a révélé que Moscou envisageait de filmer une fausse attaque ukrainienne contre le territoire russe ou des personnes parlant russe - le faux drapeau que les services de renseignement avaient détecté. Selon les responsables, le film de propagande ferait la part belle au spectacle, avec des scènes graphiques d'explosions, accompagnées de cadavres présentés comme des victimes et de personnes en deuil faisant semblant de pleurer les morts.
"J'avais vu Poutine établir faussement le récit trop souvent", a déclaré un autre responsable américain. Maintenant, "vous pouviez le voir planifier de manière assez spécifique dans les faux drapeaux [de l'est de l'Ukraine]. C'était assez précis".
Les divulgations des services de renseignement avaient elles-mêmes un aspect théâtral. La révélation initiale d'images satellites pouvait être corroborée par des images commerciales, même si l'analyse était propre à la communauté du renseignement. Mais le fait que le public croie ou non les révélations ultérieures dépendait de la crédibilité du gouvernement. Et les responsables de l'administration Biden savaient qu'ils devaient faire face à un public, dans leur pays et à l'étranger, qui pouvait être profondément sceptique à l'égard du "renseignement", à la suite de la guerre en Irak et de la prise de pouvoir par les talibans en Afghanistan.
D'une manière générale, la campagne d'information publique des États-Unis a fonctionné. L'attention mondiale s'est concentrée sur le renforcement des troupes russes. L'idée que Poutine falsifierait les raisons de son invasion semblait plausible, peut-être parce qu'en 2014, il avait nié totalement la présence de ses troupes en Crimée, une affirmation qui a conduit à des descriptions de "petits hommes verts" en uniformes militaires sans insigne occupant une partie de l'Ukraine.
Étant donné le scepticisme de certains alliés à l'égard des renseignements, l'effet le plus important de leur divulgation a été de façonner le comportement de la Russie et de priver Poutine du pouvoir d'utiliser la désinformation, ont déclaré les responsables américains.
IX
Le 12 janvier, Burns a rencontré Zelensky à Kiev et lui a livré une évaluation franche. Les services de renseignements ont compris que la Russie avait l'intention de frapper Kiev et de décapiter le gouvernement central. Les États-Unis ont également découvert un élément clé de la planification du champ de bataille : La Russie essaierait d'abord de faire atterrir ses forces à l'aéroport d'Hostomel, dans la banlieue de la capitale, où les pistes pourraient accueillir d'énormes transports russes transportant des troupes et des armes. L'assaut sur Kiev commencerait là.
À un moment de leur conversation, Zelensky a demandé si lui ou sa famille étaient personnellement en danger. Burns a répondu que Zelensky devait prendre sa sécurité personnelle au sérieux.
Les risques pour le président étaient croissants. Les services de renseignement de l'époque indiquaient que des équipes d'assassins russes pouvaient déjà se trouver à Kiev, attendant d'être activées.
Mais Zelensky résiste aux appels à la délocalisation de son gouvernement et est inflexible sur le fait qu'il ne doit pas paniquer le public. Il pensait qu'en suivant cette voie, il s'exposait à la défaite.
"Vous ne pouvez pas simplement me dire : "Écoutez, vous devriez commencer à préparer les gens maintenant et leur dire qu'ils doivent mettre de l'argent de côté, qu'ils doivent stocker de la nourriture"", se souvient Zelensky. "Si nous avions communiqué cela - et c'est ce que voulaient certaines personnes, que je ne nommerai pas - alors j'aurais perdu 7 milliards de dollars par mois depuis octobre dernier, et au moment où les Russes ont attaqué, ils nous auraient pris en trois jours. ... En général, notre sens intérieur avait raison : si nous semons le chaos parmi les gens avant l'invasion, les Russes nous dévoreront. Parce que pendant le chaos, les gens fuient le pays."
Pour Zelensky, la décision de garder les gens dans le pays, où ils pouvaient se battre pour défendre leurs maisons, était la clé pour repousser toute invasion.
"Aussi cynique que cela puisse paraître, ce sont les personnes qui ont tout arrêté", a-t-il déclaré.
Les responsables ukrainiens sont restés irrités par le fait que les Américains n'en disent pas plus sur leurs sources de renseignement. "Les informations que nous recevions étaient, je dirais, un exposé des faits sans que soient révélées les origines de ces faits ou le contexte dans lequel ils s'inscrivent", se souvient M. Kuleba.
Mais les services de renseignement occidentaux n'étaient pas les seuls à penser que Zelensky devait se préparer à une invasion à grande échelle. Certains responsables du renseignement ukrainien, tout en restant sceptiques quant à l'éventualité d'une attaque de Poutine, se préparaient au pire. Kyrylo Budanov, le chef du renseignement militaire ukrainien, a déclaré avoir déménagé les archives de son quartier général trois mois avant la guerre et avoir préparé des réserves de carburant et de munitions.
Les avertissements américains ont été réitérés le 19 janvier lorsque Blinken s'est rendu brièvement à Kiev pour une réunion en tête-à-tête avec Zelensky et Kuleba. À la consternation du secrétaire d'État, Zelensky a continué à affirmer que tout appel public à la mobilisation provoquerait la panique, ainsi qu'une fuite des capitaux qui pousserait l'économie ukrainienne, déjà chancelante, dans le précipice.
Bien que Blinken ait souligné, comme il l'avait fait lors de conversations précédentes, l'importance de préserver la sécurité et l'intégrité de Zelensky et de son gouvernement, il était l'un des nombreux hauts fonctionnaires américains qui ont réfuté les informations selon lesquelles l'administration les avait exhortés à évacuer la capitale. "Ce que nous avons dit à l'Ukraine était deux choses", a rappelé plus tard M. Blinken. "Nous vous soutiendrons quoi que vous vouliez faire. Nous vous recommandons d'examiner ... comment vous pouvez assurer la continuité des opérations gouvernementales en fonction de ce qui se passe." Cela pourrait signifier se retrancher à Kiev, se relocaliser dans l'ouest de l'Ukraine ou transférer le gouvernement dans la Pologne voisine.
Zelensky a dit à Blinken qu'il restait.
Il avait commencé à soupçonner certains responsables occidentaux de vouloir le faire fuir pour que la Russie puisse installer un gouvernement fantoche qui parviendrait à un accord négocié avec les puissances de l'OTAN. "Les partenaires occidentaux voulaient - je suis sûr que quelqu'un était vraiment inquiet de ce qui allait arriver à moi et à ma famille", a déclaré Zelensky. "Mais quelqu'un voulait probablement en finir plus rapidement. Je pense que la majorité des personnes qui m'ont appelé - enfin, presque tout le monde - n'avaient pas la foi que l'Ukraine peut résister à cela et persévérer."
De même, avertir les Ukrainiens de se préparer à la guerre comme certains partenaires le souhaitaient, a-t-il dit, aurait affaibli le pays sur le plan économique et facilité la capture par les Russes. "Que les gens discutent à l'avenir pour savoir si c'était bien ou mal", a rappelé le dirigeant ukrainien, "mais je sais définitivement et intuitivement - nous en discutions tous les jours au Conseil de sécurité nationale et de défense, etc... - j'avais le sentiment que [les Russes] voulaient nous préparer à une reddition en douceur du pays. Et ça, c'est effrayant".
X
Lors d'une conférence de presse le 19 janvier, Biden a déclaré qu'il pensait que la Russie allait envahir le pays. Poutine était allé trop loin pour se retirer. " Il doit faire quelque chose ", a déclaré le président.
M. Biden a promis que l'Occident répondrait à l'attaque de la Russie. "Nos alliés et partenaires sont prêts à imposer des coûts sévères et des dommages importants à la Russie et à l'économie russe", a-t-il déclaré, prédisant que si Poutine ordonnait une invasion, cela s'avérerait un "désastre" pour la Russie.
C'était l'un des avertissements les plus fermes de Biden à ce stade. Mais le président a également brouillé les pistes, suggérant qu'une "incursion mineure" des forces russes, par opposition à une invasion à grande échelle, pourrait ne pas entraîner la réponse sévère dont lui et ses alliés avaient menacé.
"C'est une chose s'il s'agit d'une incursion mineure, et nous finissons par devoir nous battre sur ce qu'il faut faire et ne pas faire, etc. ", a déclaré M. Biden, signalant que l'OTAN n'était pas unie dans son opposition à tout recours à la force par la Russie. "Si les forces russes franchissent la frontière, tuent des combattants ukrainiens, etc., je pense que cela change tout ", a déclaré M. Biden lorsque, plus tard au cours de la conférence de presse, un journaliste lui a demandé de préciser ce qu'il entendait par " incursion mineure ".
"Mais cela dépend de ce qu'il [Poutine] fait, en fait, dans quelle mesure nous allons pouvoir obtenir une unité totale sur le front de l'OTAN".
Les commentaires de Biden ont révélé les fissures dans la planification de sa propre administration, ainsi que dans l'OTAN. M. Blinken était à Kiev, où il a promis que les États-Unis soutiendraient l'Ukraine, de toutes les manières possibles, sauf en engageant leurs propres forces, si le pays était attaqué. Mais en privé, les responsables de l'administration réfléchissaient depuis des semaines à la manière dont ils répondraient à une attaque "hybride", dans laquelle la Russie pourrait lancer des cyberattaques préjudiciables à l'Ukraine et un assaut limité sur la partie orientale du pays.
M. Zelensky et ses assistants, qui n'étaient toujours pas convaincus que Poutine irait en guerre, ont répondu aux commentaires de M. Biden concernant une "incursion mineure" par un tweet caustique.
"Nous voulons rappeler aux grandes puissances qu'il n'y a pas d'incursions mineures et de petites nations. Tout comme il n'y a pas de pertes mineures et de petits chagrins dus à la perte d'êtres chers. Je dis cela en tant que président d'une grande puissance."
Le lendemain, Biden a précisé que si "des unités russes assemblées franchissent la frontière ukrainienne, il s'agit d'une invasion" pour laquelle Poutine paiera. Mais les responsables de la Maison Blanche ont discrètement regretté que, alors que l'administration tentait de rallier le soutien de l'Ukraine, Zelensky était plus intéressé par le fait de piquer le président dans les yeux à propos d'une
"C'était frustrant", a déclaré un ancien fonctionnaire de la Maison Blanche. "Nous prenions des mesures qui tentaient de l'aider, et on avait l'impression qu'il protégeait sa propre marque politique en étant dans le déni ou en projetant de la confiance parce que c'est ce qui était important pour lui à ce moment-là."
Un collaborateur de Zelensky qui a participé à l'élaboration du tweet a déclaré qu'il était destiné à réfuter Biden, mais aussi à être léger et humoristique, une façon de désamorcer la tension naissante. Les proches de Zelensky craignaient que les prédictions de Washington selon lesquelles la guerre était imminente n'aient des conséquences inattendues.
Alors que Biden clarifiait la situation, l'équipe de Zelensky a tenté d'apaiser Washington avec un message conciliant.
"Merci @POTUS pour l'assistance diplomatique et militaire sans précédent [des États-Unis] pour [l'Ukraine]", a tweeté Zelensky, avec des emoji des drapeaux américain et ukrainien.
XI
Le 21 janvier était une journée froide et morne à Genève, avec des rafales de vent fouettant la surface du lac habituellement placide qui partage le nom de la ville suisse. Alors que M. Blinken et ses collaborateurs étaient assis en face de leurs homologues russes à une table dressée dans la salle de bal d'un hôtel de luxe situé sur la rive, le secrétaire d'État a proposé les moutons blancs comme métaphore. Peut-être, a dit M. Blinken au ministre russe des affaires étrangères Sergei Lavrov, pourraient-ils calmer les eaux turbulentes entre leurs deux pays.
Ils ont échangé des amabilités tendues et ont abordé d'autres sujets - une prise de bec sur la taille et les activités de leurs ambassades respectives dans la capitale de l'autre, l'accord sur le nucléaire iranien - avant d'aborder l'Ukraine. M. Blinken a de nouveau exposé la position des États-Unis. Si Poutine avait des préoccupations légitimes en matière de sécurité, les États-Unis et leurs alliés étaient prêts à en parler. Mais si une invasion de l'Ukraine commençait, les sanctions occidentales seraient rapides et impitoyables, isolant la Russie et paralysant son économie, et l'alliance fournirait à l'Ukraine une aide militaire massive. Si un soldat ou un missile russe touchait un pouce du territoire de l'OTAN, les États-Unis défendraient leurs alliés.
Blinken a trouvé les réponses de Lavrov stridentes et inflexibles. Après une heure et demie de va-et-vient infructueux, il semble qu'il n'y ait plus grand-chose à dire. Mais alors que leurs assistants commençaient à sortir de la salle de bal, Blinken s'est retenu et a demandé au ministre russe de lui parler seul à seul. Les deux hommes sont entrés dans une petite salle de conférence adjacente et ont fermé la porte alors que les équipes américaine et russe se tenaient ensemble, mal à l'aise, à l'extérieur.
Au cours des presque 18 années passées par M. Lavrov en tant que ministre des affaires étrangères de la Russie, une succession de diplomates américains l'ont trouvé brusque et doctrinaire, mais parfois franc et réaliste sur les relations entre leurs deux pays. Après avoir passé en revue la situation en Ukraine, M. Blinken s'est arrêté et a demandé : "Sergei, dites-moi ce que vous essayez vraiment de faire ?". S'agit-il vraiment des préoccupations sécuritaires que la Russie a soulevées à maintes reprises, à savoir l'"empiètement" de l'OTAN sur la Russie et la perception d'une menace militaire ? Ou s'agit-il de la conviction quasi théologique de Poutine que l'Ukraine fait et a toujours fait partie intégrante de la Mère Russie ?
Sans répondre, M. Lavrov a ouvert la porte et s'est éloigné, suivi de son personnel.
C'était la dernière fois que les hauts responsables de la sécurité nationale de la Russie et des États-Unis se rencontraient en personne avant l'invasion.
M. Biden s'est entretenu une nouvelle fois avec M. Poutine par téléphone. Le 12 février, selon la Maison-Blanche, il a dit au président russe que "si les États-Unis restent prêts à s'engager dans la diplomatie, en pleine coordination avec nos alliés et partenaires, nous sommes également prêts pour d'autres scénarios."
XII
Un jour plus tôt, le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, s'était rendu à Moscou pour rencontrer son homologue russe, Sergei Shoigu, un survivant de longue date du Kremlin qui a contribué à sculpter l'image de dur à cuire de Poutine.
M. Wallace a voulu demander une fois de plus s'il était possible de négocier sur les exigences de M. Poutine concernant l'expansion de l'OTAN et les activités de l'alliance en Europe de l'Est. Les Russes, a-t-il dit, n'ont montré aucun intérêt à s'engager.
Wallace a averti Shoigu que la Russie ferait face à une résistance féroce si elle envahissait l'Ukraine. "Je connais les Ukrainiens - je me suis rendu cinq fois en Ukraine - et ils se battront".
"Ma mère est ukrainienne", a répondu M. Wallace, laissant entendre que M. Shoigu connaissait mieux le peuple. "Tout cela fait partie de notre même pays".
Wallace a ensuite évoqué la perspective de sanctions. Shoigu a répondu : "Nous pouvons souffrir comme personne d'autre. Et j'ai répondu : 'Je ne veux pas que quelqu'un souffre. ' "
M. Shoigu a présenté une longue liste de plaintes, désormais bien connue, et a déclaré que la Russie ne pouvait tolérer la trajectoire occidentale de l'Ukraine. "C'était à certains égards incompréhensible", a déclaré un fonctionnaire britannique qui a assisté à la réunion. "Tout le monde voulait poursuivre les négociations - nous lancions des rampes de sortie, mais ils ne les prenaient pas."
Alors que les officiels britanniques étaient sur le point de partir, Shoigu s'est adressé directement à Wallace. Il m'a regardé dans les yeux et m'a dit : "Nous n'avons pas l'intention d'envahir l'Ukraine", se souvient Wallace. "Cela vous montre à quel point c'était un mensonge".
Une semaine plus tard, le 18 février, M. Biden a appelé les dirigeants de plusieurs alliés de l'OTAN pour leur faire part de la dernière analyse américaine. Plus tard ce jour-là, Biden a déclaré aux journalistes dans la salle Roosevelt de la Maison-Blanche : " À ce moment précis, je suis convaincu qu'il a pris la décision " d'envahir. "Nous avons des raisons de le croire."
Les Français, cependant, continuent à chercher une issue à la crise.
Le 20 février, Macron a appelé Poutine et lui a demandé d'accepter une réunion à Genève avec Biden. Cette conversation a amené le président français à penser que Poutine était enfin disposé à chercher un règlement.
"C'est une proposition qui mérite d'être prise en compte", a dit Poutine, selon un enregistrement de la conversation diffusé des mois plus tard dans un documentaire de France TV, "Un président, l'Europe et la guerre".
Macron a pressé le dirigeant russe. "Mais peut-on dire, aujourd'hui, à l'issue de cette conversation, que nous sommes d'accord sur le principe ? Je voudrais une réponse claire de votre part sur ce point. Je comprends votre résistance à fixer une date. Mais êtes-vous prêt à aller de l'avant et à dire, aujourd'hui, 'je voudrais une réunion [en face à face] avec les Américains, puis élargie aux Européens' ? Ou pas ?"
Poutine ne s'est pas engagé et a semblé avoir des affaires plus pressantes en main. "Pour être parfaitement franc avec vous, je voulais aller [jouer] au hockey sur glace, parce qu'en ce moment je suis à la salle de sport. Mais avant de commencer ma séance d'entraînement, je vous assure que je vais d'abord appeler mes conseillers."
"Je vous remercie, Monsieur le Président", a conclu Poutine en le remerciant en français.
On entend Macron rire de plaisir en raccrochant. Le président français et ses conseillers pensent avoir fait une percée. Le conseiller diplomatique de Macron, Emmanuel Bonne, a même dansé.
Mais le lendemain, lors d'une allocution télévisée, Poutine a officiellement reconnu deux provinces ukrainiennes séparatistes du Donbas, dont un territoire contrôlé par Kiev, comme des États indépendants. C'était un signe évident que Poutine - mis à part ses plaisanteries en français - avait l'intention de démembrer l'Ukraine.
XIII
Alors que la Grande-Bretagne et la France font de ultimes efforts diplomatiques, les dirigeants mondiaux se réunissent à Munich pour une conférence annuelle sur la sécurité. Zelensky était présent, ce qui a suscité l'inquiétude de certains responsables américains qui craignaient que son absence ne donne à la Russie le moment idéal pour frapper. D'autres se sont demandé si le dirigeant ukrainien pensait que la Russie allait attaquer et s'il en avait profité pour quitter le pays avant que les bombes ne commencent à tomber.
Dans un discours, Zelensky a rappelé que son pays était déjà en guerre contre la Russie, les troupes ukrainiennes combattant les séparatistes de l'Est depuis 2014.
"Pour aider réellement l'Ukraine, il n'est pas nécessaire de ne parler constamment que des dates d'une invasion probable", a déclaré Zelensky. Au contraire, l'Union européenne et l'OTAN devraient accueillir l'Ukraine au sein de leurs organisations.
Certains responsables européens n'étaient toujours pas convaincus de l'imminence d'une attaque. L'un d'eux a déclaré à un journaliste : "Nous n'avons pas nous-mêmes de preuves claires que Poutine a pris sa décision, et nous n'avons rien vu qui puisse suggérer le contraire."
"On se sentait dans un autre monde", a déclaré le fonctionnaire britannique. Dans les conversations à bâtons rompus, les responsables américains et britanniques étaient convaincus de l'imminence d'une invasion, mais "ce n'était pas l'ambiance dans la salle".
Certains à Londres ont commencé à douter d'eux-mêmes, a déclaré le responsable britannique. "Les gens disaient que [nous] nous étions trompés sur l'Afghanistan. Nous sommes revenus et avons à nouveau effacé les renseignements [sur l'Ukraine]."
Ils sont arrivés à la même conclusion : la Russie allait envahir le pays. Mais malgré la campagne diplomatique et de partage des renseignements menée par les États-Unis, le projet est resté difficile à vendre.
"Si vous découvrez les plans de quelqu'un pour attaquer un pays et que ces plans semblent complètement farfelus, il y a de fortes chances que vous réagissiez rationnellement et que vous considériez que c'est tellement farfelu que cela ne va pas se produire", a déclaré M. Heisbourg, l'expert français en sécurité.
"Les Européens ont surestimé leur compréhension de Poutine", a-t-il déclaré. "Les Américains, je suppose... plutôt que d'essayer de se mettre dans la tête de Poutine, ont décidé qu'ils allaient agir sur la base des données et ne pas s'inquiéter de savoir si cela a un sens ou non."
Il y avait de nombreuses raisons d'être mystifié. Les services de renseignement américains ont montré que les plans de guerre du Kremlin ne parvenaient pas jusqu'aux commandants du champ de bataille qui devaient les exécuter. Les officiers ne connaissaient pas leurs ordres. Les troupes se présentaient à la frontière sans comprendre qu'elles se dirigeaient vers la guerre. Certains analystes du gouvernement américain ont été déconcertés par le manque de communication au sein de l'armée russe. Les choses étaient tellement tordues, pensaient les analystes, que les plans de la Russie pouvaient en fait échouer. Mais cela reste un point de vue nettement minoritaire.
Pour Kuleba, le tournant s'est produit dans les jours qui ont suivi la conférence de Munich du 18 au 20 février, lorsqu'il s'est à nouveau rendu à Washington. "C'est à cette époque que j'ai reçu des informations plus précises", se souvient-il. À un aéroport spécifique A en Russie, lui ont-ils dit, cinq avions de transport étaient déjà en état d'alerte, prêts à prendre des parachutistes à tout moment et à les faire voler en direction d'un aéroport spécifique B en Ukraine.
"C'est là que vous voyez la séquence des événements et la logique de ce qui se passe", a-t-il dit.
Les responsables des services de renseignement occidentaux reconnaissent, au vu de ce qui s'est avéré être une attaque russe désordonnée contre Kiev, qu'ils ont surestimé l'efficacité de l'armée russe.
"Nous avons supposé qu'ils envahiraient un pays de la même manière que nous l'aurions fait", a déclaré un fonctionnaire britannique.
XIV
Tôt dans la soirée du 23 février, la Maison Blanche reçoit un flash de renseignement urgent. Il y avait une "forte probabilité" que l'invasion ait commencé. Les troupes sont en mouvement et les Russes ont tiré des missiles sur des cibles en Ukraine. Les principaux conseillers du président se sont rassemblés ; certains se sont réunis dans la salle de crise, tandis que d'autres les ont rejoints sur une ligne sécurisée.
Sullivan a parlé avec Yermak, le chef de cabinet de Zelensky. Il y avait "un niveau d'agitation extrêmement élevé" à Kiev, a déclaré une personne familière de l'appel. "Ils ne sont pas devenus incontrôlables. Ils étaient juste extrêmement émotifs, mais de la manière à laquelle on pouvait s'attendre."
Yermak dit à Sullivan de patienter - il voulait faire venir Zelensky au téléphone pour parler directement à Biden. Sullivan connecta l'appel à la Treaty Room, une partie de la résidence de la Maison Blanche au deuxième étage utilisée comme bureau, et obtint le président au bout du fil.
Zelensky a imploré Biden de contacter immédiatement le plus grand nombre possible d'autres dirigeants et diplomates mondiaux. Il devrait leur dire de s'exprimer publiquement et d'appeler directement Poutine pour lui dire "d'arrêter ça".
"Zelensky était alarmé", se souvient la personne. Il a demandé à Biden de " 'nous fournir tous les renseignements que vous pouvez maintenant. Nous allons nous battre, nous allons nous défendre, nous pouvons tenir, mais nous avons besoin de votre aide. ' "
M. Harris était à Washington et à Londres, M. DeYoung à Washington, à Bruxelles et aux bases conjointes de Ramstein et de Stuttgart en Allemagne, M. Khurshudyan à Kiev, M. Parker à Washington et M. Sly à Londres. Paul Sonne et Olivier Knox à Washington, Souad Mekhennet à Berlin, Rick Noack à Paris et Serhiy Morgunov à Kiev ont contribué à ce rapport.
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il y a 36 minutes, Valy a dit :
D'après ce que j'ai entendu des analystes américains, les forces en présence sont minuscules ("tiny) en regard des étendues couvertes. Ainsi on aurait au sud (Kherson + Zaporija) au total 20000 hommes russes pour 300Km de front, la où pendant la seconde guerre mondiale, et pour les mêmes théatres il ya avait des millions d'hommes en présence.
Question : si un barrage d'artillerie efficiace ne peut être maintenu faute de munitions/logistique côté russe (+ coupure du lien avec la crimée) , est-ce que toute la zone du sud ne pourrait pas devenir 'poreuse', et la présence russe se verrait minée par une guerilla infiltrée ukrainienne qui détruirait toutes les lignes logistiques, de la même façon que cela s'est passé autour de Kiev (où le front était en 'peau de léopard)? L'avantage est que pour ce faire ils ont juste besoin de régiments de marche / garde nationale. Votre avis?
Les concentrations sont faibles, oui, mais des deux côtés. A Kiev (et dans tout le nord du pays en général) on a eu un front en tâche de léopard car les russes avançaient sans sécuriser leurs flancs alors même que les ukrainiens, intelligemment, n'hésitaient pas à se laisser dépasser plutôt que de combattre la pointe lourde des colonnes russes. Ce n'est pas le cas dans la région de Kherson, où le front est globalement fixe depuis la fin Mars (quand les avant-gardes russes qui tentaient de contourner Mikolaïv vers Odessa se sont repliées) et raisonnablement retranché des deux côtés. En plus, la géographie ne se prête vraiment pas à des infiltrations multiples : Le triangle Mikolaïv - Kryvyï Rih - Kherson, c'est plat, très peu boisé et avec une densité urbaine très faible. Autant dire que ce genre de chose se voit facilement.
Paradoxalement, vues les forces et les faiblesses ukrainiennes, ils auraient sans doute, toute chose égale par ailleurs, bien plus de faciliter à progresser dans un territoire style Donbass où la présence de couverts, de petits reliefs et le maillage urbain assez dense rend plus facile les opérations de grignotage en saut de puce par une infanterie de qualité.
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il y a 6 minutes, Poivre62 a dit :
D'où vient cette info? Télégram?? Rien trouvé la dessus. Ou alors c'est un problème d'orthographe du lieu?
Visiblement le nom ukrainien ("Hvardiïske") est plus usité que le nom russes dans les sources pro-UA (ce qui est logique).
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il y a 56 minutes, Poivre62 a dit :
Suis loin d'être spécialiste de la chose militaire mais si je comprends bien les Ukr qui peuvent difficilement rivaliser en combat direct, au moins sur le plan offensif, cherchent à enserrer les troupes Russes autour de Kherson dans un "étau logistique" en s'attaquant à tout ce qui peut servir à les ravitailler au sens large. Ca peut marcher? A relativement court terme?
La (re)prise de cette région pourrait avoir un intérêt stratégique autant que symbolique?
J'espère me tromper mais pour le moment je reste relativement sceptique. Cette tentative d'isolement indirect des troupes russes à l'ouest du Dniepr via la destruction des dépôts et des axes logistiques est probablement la meilleure stratégie possible pour l'Ukraine, mais je doute que ça soit suffisant. N'oublions jamais que défendre est beaucoup plus facile qu'attaquer. Aujourd'hui, avec les nouveaux renforts russes, le rapport de force, en nombre d'hommes, semble à peu près équilibré dans la région, bien loin du ratio idéal pour une offensive (au moins 3 pour 1 en général). La Russie conserve une forte supériorité aérienne et un avantage évident en volume d'artillerie. Quand bien même le ciblage ukrainien étranglerai la logistique russe jusqu'à la limiter à un niveau comparable à celle des ukrainiens, ça restera une parité, au mieux. Or, on a pu voir que les russes ont du obtenir au Donbass un ratio de volume d'artillerie de 1:20 pour avancer, et encore très lentement et à un coût très élevé. L'Ukraine n'atteindra jamais ce ratio pour la simple et bonne raison qu'elle n'a ni les tubes, ni les munitions. Tout ça, alors même que les russes, malgré toutes leurs insuffisances, sont sans doute plus compétents dans l'offensive que les Ukrainiens, car c'est leur doctrine. Les ukrainiens, s'ils sont de très bons défenseurs, ils n'ont pour leur part jamais démontré d'aptitudes brillantes dans l'offensive mécanisée. Il leur manque tout : matériel, doctrine, expérience.
En bref, reprendre Kherson impliquerai que l'Ukraine parvienne à faire ce que la Russie a échoué à faire dans le Donbass avec un rapport de force pourtant largement plus favorable. J'espère me tromper, mais j'y crois assez peu.
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Chine - Taiwan : Rivalité Militaire
dans Politique etrangère / Relations internationales
Posté(e)
Pas impossible non plus que les stratèges chinois aient finement étudié l'épisode du blocus de Berlin qui, par bien des aspects, peut servir d'exemple. La manière dont Staline a perdu le bras de fer contre les USA est assez révélatrice des risques d'un blocus "mou".