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Messages posté(e)s par CortoMaltese

  1. Il y a 3 heures, Heorl a dit :

    Le problème, là encore, c'est que c'est beau de la part d'une puissance de déclarer quelque chose, mais si elle n'a pas les moyens de l'imposer ni de le légitimer ça ne marche pas.

    Exemple type : no-fly zone et blocus autour de Taïwan. Le lendemain, un 737 chargé jusqu'à la gueule de médocs et dont le chargement a été filmé sur les réseaux sociaux entre droit dedans, direction l'aéroport de Taipei. Que peut faire la Chine ? C'est un avion civil, sans matériel militaire, contre lequel elle n'a aucune légitimité pour frapper. Et si elle le fait c'est un acte de guerre contre les États-Unis. Marrant, hein, si elle ne le descend pas elle perd la face, si elle le descend elle perd la paix. Les dirigeants chinois ont dû se poser la question plusieurs fois et en ont sûrement conclu qu'il n'était pas à leur avantage de chercher le coup de force tant qu'ils n'étaient pas absolument certains que les US ne seraient pas en mesure de mener ça à la confrontation.

     

    Pas impossible non plus que les stratèges chinois aient finement étudié l'épisode du blocus de Berlin qui, par bien des aspects, peut servir d'exemple. La manière dont Staline a perdu le bras de fer contre les USA est assez révélatrice des risques d'un blocus "mou". 

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  2. il y a 12 minutes, Clairon a dit :

    Quand on a vu ce que ça a donné sur Hostomel sur une armée Ukrainienne pas totalement préparée, ça risque d'être joli ... Si en plus y a déjà l'une ou l'autre batterie d'Iris T ou de Nasams qui traine dans le coin, avec en plus quelques Buk et S300 déjà bien entrainés et bien planqués ... Pas sûr que cela soit le plus malin ...

    Clairon

    J'ai envie de dire que si nous, à 2000km de là, on est déjà au courant du truc, c'est déjà foiré avant d'avoir commencé. 

    Et puis surtout, comme tu le dis, comment imaginer que des centaines d'hélicoptères vont pouvoir faire un raid de 200km en plein territoire ennemi, truffé d'AA et de MANPAD, pour arriver à destination. Et quand bien même ça marcherai, ça représenterai peut-être quelques milliers d'hommes au grand maximum, totalement isolés puisqu'un débarquement amphibie en parallèle semble désormais totalement exclu. Et c'est pas les 1 000 clampins prépositionnés en Transnistrie qui vont y changer quoi que ce soit. J'ai vraiment du mal à imaginer l'Etat Major russe assez con pour se lancer dans un plan foireux pareil. 

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  3. il y a 2 minutes, gustave a dit :

    Je doute que la France ait eu l'opportunité de quoi que ce soit: les pays européens n'ont jamais cru à autre chose qu'aux USA comme garant de leur sécurité et objectivement il n'est pas possible pour la France de les remplacer. Et toutes les initiatives françaises en ce sens ont suscité méfiance et rejet.

    Une Europe de la défense suppose une Europe intégrée politiquement car la défense est l'outil le plus souverain du politique. Autant dire que cela me semble très illusoire. Vouloir créer un outil militaire intégré sans intégration politique n'a pas de sens, il n'est que de voir les difficultés du moindre programme de coopération... Donc l'OTAN demeurera la chose des USA, qui font coup double en parvenant à faire croître les dépenses militaires des européens... Après y a-t-il une autre option pour la majorité des pays européens, je ne le crois pas.

    Si je parle de la France, c'est que dans ses multiples tentatives de monter des projets de défense en commun (je ne parle pas des programmes industriels ici), elle a toujours eu tendance à essayer de le faire "contre" l'OTAN, en concurrence, ou du moins ça a toujours été interprété comme tel. Or, la plupart des pays de l'Est n'ont aucune envie de s'embarquer dans quelque chose qui pourrait les brouiller militairement avec les américains. 

    Concernant le problème du manque d'intégration politique, je suis d'accord avec toi mais tout dépend de quoi on parle. Il est évident qu'une armée "européenne" sous commandement supranational n'est ni souhaitable ni possible en l'état (bien que ce fut un truc très sérieusement envisagé dans les années 50). Par contre, avant d'en arriver là, il y a beaucoup de choses que l'on peut faire pour harmoniser nos armées, les faire travailler ensemble, et créer, comme le souligne l'article, des "cagnottes" communes pour financer certains achats qui sont hors de portée des nations à l'échelle individuelle (et le cas des munitions est assez parlant à ce propos). J'avais commis un article d'une dizaine de page il y a quelques années, quand j'étais en licence, dans le journal de mon école sur ces questions et, en le relisant à la lumière des évènements récents, je trouve qu'il n'a pas si mal vieilli même s'il est loin d'être sans défaut. Ci ça intéresse quelqu'un : https://www.transfernow.net/dl/20220825LrC0glaH (et toutes mes excuses pour cette conclusions complètement pédante et hors sujet au passage, clairement le truc le plus loupé) 

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  4. Article publié dans Foreign Affairs qui milite pour que les USA poussent l'Europe à prendre en main sa propre défense, de manière plus intégrée et autonome. J'ai l'impression que c'est une opinion qui devient de plus en plus répandue au sein des élites américaines du département d'Etat et du Pentagone. Ils semblent réaliser que dans une guerre sur deux fronts, à Taiwan et en Ukraine, ils risquent sérieusement de se retrouver écartelés et qu'une Europe capable de gérer la question russe toute seule leur enlèverait une énorme épine du pied. C'est pour ça que je pense que la France est vraiment en train de passer à côté de quelque chose au niveau de la Défense européenne. Les USA vont rentrer dans une période où, après avoir torpillé sans ménagement tout effort d'intégration européenne sur les questions de défense, ils vont de plus en plus avoir tendance à voir ces initiatives d'un oeil soulagé. La condition que tout le monde aura bien compris, c'est que ce processus se fasse sous l'égide de l'OTAN plutôt que sous l'égide de l'UE, en tout cas en ce qui concerne la direction opérationnelle concrète des moyens militaires. 

    J'ai personnellement la conviction que cette différence d'affiliation est moins essentielle qu'elle n'y paraît, et qu'une Europe de la défense accomplie via l'OTAN arriverai sensiblement à la même conséquence qu'une Europe de la défense via l'UE : un affaiblissement de l'influence diplomatico-militaire des USA en Europe. Ce qui rend les USA si puissants et influents en Europe, c'est que tous les européens comprennent très biens qu'en cas de problème vraiment sérieux, l'appui américain sera indispensable. Si demain l'Europe se dote d'un outil correctement intégré et cohérent, capable de sérieusement répondre à une agression russe, cette influence s'affaiblira. Peu importe au fond que le patch porté à l'épaule comporte une rose des vents plutôt qu'un cercle d'étoiles. Si cet outil existe, que l'intégration se fait, les Européens deviennent largement plus libres de décider de leur propre destinée, et ce bloc européen à peu près uni au sein de l'OTAN rééquilibra en même temps sensiblement la dynamique de l'alliance. 

     

    - CI DESSOUS L'ARTICLE - 

    https://www.foreignaffairs.com/europe/europe-its-own

    L'Europe par elle-même

    Par Max Bergmann

    Pourquoi les Etats-Unis devraient vouloir une UE mieux armée

    L'alliance transatlantique connaît une renaissance. La guerre en Ukraine a ramené l'attention de Washington sur l'Europe comme jamais depuis les années 1990, lorsque les États-Unis ont orchestré l'expansion de l'OTAN vers l'est et mené deux guerres dans les Balkans. Les États-Unis ont soutenu l'Ukraine en lui fournissant des quantités massives d'armes, ont rallié l'Occident autour de sanctions économiques sans précédent contre Moscou et ont renforcé l'OTAN en déployant des forces supplémentaires. Il est difficile de penser à un moment de la dernière génération où les relations transatlantiques ont été plus fortes.
    Pourtant, l'engagement de l'administration Biden envers l'Europe n'est pas viable à terme. La Russie et la guerre en Ukraine resteront sans aucun doute une préoccupation majeure des États-Unis dans les mois et les années à venir. Mais même s'il est peu probable que le soutien des États-Unis à l'Ukraine faiblisse, Washington ne pourra pas maintenir le niveau actuel d'engagement diplomatique, de déploiement de forces et de ressources en Europe sur le long terme. Le pivot vers l'Asie n'est pas terminé. Le risque de conflit en Asie, où la Chine pourrait attaquer Taïwan, pourrait brusquement remanier les priorités des États-Unis. L'essor continu de la Chine ramènera l'attention des États-Unis vers le Pacifique. Washington se trouvera probablement dans l'impossibilité d'équilibrer les demandes de ses alliés en Europe et en Asie tout en maintenant la présence des forces nécessaires pour dissuader la Russie et la Chine. Les États-Unis sont débordés.
    Mais au lieu de développer une stratégie pour faire face à ce dilemme, en particulier compte tenu de l'intérêt nouveau de l'Europe pour la sécurité - sans parler de sa population de plus de 450 millions d'habitants et d'une économie égale à celle des États-Unis - l'administration Biden a fait comme si ce problème n'existait pas. Alors que les États-Unis se sont montrés indispensables, ils n'ont pas profité de ce moment pour s'attaquer aux problèmes structurels profondément enracinés qui affectent la défense européenne. Les États-Unis devraient poursuivre une stratégie visant à pousser l'Europe à prendre en charge sa sécurité, en transformant l'Europe d'une dépendance sécuritaire en un véritable partenaire sécuritaire. Les États-Unis devraient appeler à la création d'un pilier européen au sein de l'alliance de l'OTAN et soutenir pleinement l'Union européenne pour qu'elle devienne un acteur de défense plus fort. Le danger est qu'au lieu de transformer la défense européenne en réponse à l'invasion russe et d'inaugurer une nouvelle ère, la réponse ne fait qu'ancrer un statu quo que les deux côtés de l'Atlantique trouvent finalement profondément frustrant et intenable.

     

    L'Ambivalence Américaine

    Washington ne sait pas ce qu'il attend de l'Europe. Tous les présidents américains ont demandé aux Européens de dépenser davantage pour leur défense, mais l'objectif global de la politique américaine n'a pas été de pousser l'Europe à se débrouiller seule, côte à côte avec les États-Unis. Les dirigeants politiques et les hauts fonctionnaires américains peuvent croire que les États-Unis indiquent clairement qu'ils veulent que l'Europe fasse davantage pour assurer sa sécurité. Mais les diplomates et les fonctionnaires qui élaborent la politique américaine à l'égard de l'Europe apprécient la dépendance à l'égard de l'Europe et l'influence qu'elle procure : les États-Unis ont le droit de tirer des coups de feu - et ils veulent que l'influence américaine en Europe soit aussi forte que possible.
    En 2000, Lord George Robertson, alors secrétaire général de l'OTAN, a souligné cette division. "Les États-Unis souffrent d'une sorte de schizophrénie", a-t-il déclaré. "D'un côté, les Américains disent : 'Vous, les Européens, devez supporter une plus grande partie du fardeau'. Et ensuite, lorsque les Européens disent : 'OK, nous allons porter une plus grande partie du fardeau', les Américains disent : 'Eh bien, attendez une minute, essayez-vous de nous dire de rentrer chez nous?'". Près de deux décennies plus tard, lorsque le président français Emmanuel Macron a mené la poussée pour une "autonomie stratégique" européenne, Washington s'est inquiété d'un nouveau complot visant à découpler l'Europe de l'OTAN. En conséquence, les États-Unis ont utilisé leur immense influence en Europe pour bloquer les efforts qui pourraient conduire à une Europe plus indépendante.
    Il serait acceptable de préserver le caractère indispensable des États-Unis si leur attention et leurs ressources étaient illimitées. Mais le défi pour les États-Unis est que l'attention des hauts responsables est limitée. Le temps est précieux, et la lutte pour les ressources au sein du gouvernement et du Congrès est souvent à somme nulle. En outre, les moyens militaires américains ne sont pas illimités, malgré un budget de 750 milliards de dollars. Cela conduit à d'intenses luttes bureaucratiques pour savoir quelle région ou quel théâtre devrait être la priorité des États-Unis en matière d'attention et de ressources de haut niveau.
    L'administration Biden est entrée en fonction en donnant la priorité à l'Asie, décrivant à juste titre la Chine comme la "menace la plus pressante". Mais l'invasion de la Russie a temporairement placé l'Europe en tête de la lutte bureaucratique pour les ressources et la visibilité. En conséquence, l'Europe a été inondée de visites de hauts fonctionnaires américains et de troupes américaines supplémentaires - 20 000 personnes de plus à la fin du mois de juin, partout dans les pays baltes, en Pologne, en Italie et en Espagne.
    Les responsables européens ont salué le retour des États-Unis sur le continent. Mais comme l'a présagé la visite de Nancy Pelosi à Taïwan en août, le pendule de la politique étrangère finira par revenir vers l'Asie. L'Europe perdra cette lutte à somme nulle pour l'attention et les ressources des États-Unis.

     

    Une nouvelle ère pour l'Europe

    À première vue, l'invasion de l'Ukraine par la Russie semble être le choc qui obligerait enfin l'Europe à accepter les supplications des États-Unis d'augmenter ses dépenses de défense. Les pays européens atteindront pour la plupart l'objectif de deux pour cent des dépenses de l'OTAN. L'Allemagne a annoncé une Zeitenwende (nouvelle ère) et approuvé une augmentation de 100 milliards d'euros des dépenses de défense. L'Europe s'est engagée à dépenser environ 200 milliards de dollars dans les années à venir. Ces fonds supplémentaires devraient permettre d'améliorer les capacités médiocres des armées européennes, de renforcer l'OTAN et de réduire la dépendance fondamentale de l'Europe vis-à-vis des États-Unis en matière de combat.
    Mais il est peu probable que l'augmentation des dépenses permette d'alléger la pression exercée sur les forces américaines ou qu'elle aille suffisamment loin sur le long terme. Au cours des six derniers mois, les pays européens ont envoyé d'énormes quantités d'équipements de pointe à Kiev. L'Europe de l'Est a cédé des flottes d'équipements de l'ère soviétique aux mains des Ukrainiens. Les pays d'Europe occidentale ont envoyé des armes antichars et de l'artillerie avancées, épuisant ainsi les stocks qui devront être remplacés à terme. En outre, la hausse de l'inflation érode également la valeur des augmentations des dépenses de défense européennes.
    Le problème structurel le plus important est que les augmentations des dépenses de défense européennes ne sont pas destinées à la défense collective de l'Europe mais à la défense nationale des pays individuels. L'Europe ne dépense pas pour protéger le continent dans son ensemble ; ce sont les États-Unis qui le font. Washington fournit les capacités critiques et les moyens haut de gamme (transport, ravitaillement en vol, défense aérienne et antimissile) qui permettent à l'Europe de se battre pour l'Europe. Presque aucune des dépenses de défense supplémentaires ne sera consacrée à des acquisitions permettant à l'Europe de se battre en tant qu'Europe et donc de réduire la pression sur l'armée américaine. L'Allemagne, compte tenu de sa taille, pourrait combler certaines des lacunes, mais ses besoins sont trop importants ailleurs - par exemple, pour remplacer des flottes d'équipements et accroître la préparation de ses forces. Les armées européennes ont toutes des objectifs de capacité de l'OTAN, qui garantissent que les pays membres peuvent remplir certains rôles, mais ces objectifs sont conçus pour aider les forces européennes à s'intégrer aux États-Unis par le biais de l'OTAN, ce qui signifie que la dépendance à l'égard de l'armée américaine est intégrée. En dépit des sommes considérables consacrées à la défense, l'Europe risque toujours d'être dépendante des États-Unis, ce qui souligne le problème plus général de l'approche actuelle de la sécurité européenne.


    Dysfonction de la Défense 
    L'Union européenne devrait être une puissance militaire mondiale. Elle consacre collectivement 200 milliards de dollars par an à la défense, son économie est égale à celle des États-Unis et ses membres sont liés par une union politique. Pourtant, les armées européennes sont dans un état lamentable, malgré les augmentations des dépenses de défense depuis 2014. L'Europe n'a pas seulement besoin de dépenser plus pour la défense ; elle doit rationaliser et intégrer ses efforts. Mais les propositions de réforme de la défense européenne se heurtent inévitablement à l'opposition des États-Unis, aux guerres de territoire bureaucratiques (notamment entre l'OTAN et l'UE), aux perspectives nationales de clocher et aux intérêts commerciaux et politiques acquis.
    En tant que garants de la sécurité européenne, les États-Unis doivent mener la transformation en insistant sur la création d'un pilier européen fort de l'OTAN, capable de défendre le continent. L'Europe s'efforcerait de fonctionner comme une seule entité au sein de l'OTAN, l'alliance s'attachant à faire des forces européennes une force de combat capable, avec ou sans les États-Unis. Pour créer un pilier européen au sein de l'OTAN, il faudrait renforcer l'Union européenne, une union politique et économique qui veille aux intérêts européens au sens large. La monnaie et la banque centrale communes de l'UE fournissent le soutien financier potentiel permettant à l'UE d'adopter un rôle de défense de premier plan. L'Union dispose d'un levier juridique et institutionnel qui lui permet d'assurer la conformité et la coordination au niveau national, ce qui est essentiel pour rationaliser le secteur industriel de la défense en Europe. L'objectif de l'UE n'est pas de créer une armée européenne, mais de permettre à l'Europe de se défendre.
    L'UE peut assumer le rôle de premier financier de la défense européenne, en comblant les lacunes qui dépassent les capacités des États membres, par exemple en achetant des systèmes de défense aérienne et antimissile, des avions-citernes et des moyens de transport. Rien n'interdit à l'UE d'acheter des équipements militaires, qui pourraient être mis à la disposition des États membres ou de l'OTAN. Par exemple, l'UE pourrait financer l'acquisition de stocks massifs de munitions, de pièces d'artillerie et de missiles à guidage de précision (dont l'Europe a manqué lors de son intervention en Libye). L'UE a déjà joué un rôle similaire en Ukraine, en débloquant 2,5 milliards d'euros de son nouveau fonds d'assistance létale pour renflouer les budgets de défense des pays fournissant des armes à l'Ukraine. En juin, la Commission européenne a également annoncé la création d'un fonds de 500 millions d'euros pour inciter les pays à coordonner leurs nouvelles dépenses de défense, à effectuer des achats conjoints, à accroître l'interopérabilité et à réaliser des économies d'échelle. 

    Il s'agit d'initiatives importantes visant à intégrer et à rationaliser les efforts de défense européens, et les États-Unis devraient faire pression sur l'UE pour qu'elle étende considérablement ces programmes. Bien que l'administration Biden se soit décrite comme l'administration la plus pro-UE de tous les temps, elle ne peut revendiquer ce titre que sur la base de la coopération économique. En matière de défense, elle a largement maintenu le scepticisme traditionnel des États-Unis. Ils n'ont pas encouragé activement les initiatives de l'UE en matière de défense ni demandé à l'UE de les étendre. Par exemple, lorsque le président Joe Biden a assisté à un sommet du Conseil européen en mars, dans les premières semaines de la guerre, il a manqué une occasion en or de soutenir une proposition sur la table pour que l'UE emprunte des fonds pour investir dans la défense. Si le président avait simplement dit aux dirigeants européens que si l'UE pouvait emprunter de l'argent à des fins militaires, comme elle l'a fait pour la pandémie de COVID-19, il aurait pu contribuer à inaugurer une nouvelle ère pour la défense européenne. Les États-Unis conservent une immense influence en Europe, notamment en matière de défense. Si l'UE doit jouer un rôle plus important en matière de défense, elle aura besoin d'un soutien américain fort.

     

    De la dépendance au partenariat
    La question que les responsables américains doivent se poser est de savoir si leur objectif est de rendre les États-Unis indispensables à l'Europe ou de faire de l'Europe un partenaire indispensable des États-Unis. Une Europe capable d'assurer sa sécurité n'entraînera pas de fracture de l'alliance, ne minera pas l'OTAN et ne provoquera pas de découplage avec les États-Unis. Le lien transatlantique se renforcera à mesure que l'Europe se renforcera.
    Il suffit de regarder ce qui se passe sur le plan économique entre les États-Unis et l'UE. La nécessité d'une coopération transatlantique pour fixer les règles économiques de la route face à la montée en puissance de la Chine a conduit au lancement du Conseil américano-européen du commerce et de la technologie. Dans l'ensemble, les relations transatlantiques s'en sont trouvées considérablement améliorées. Une Europe plus forte, dotée de forces terrestres, aériennes et navales performantes, serait une aubaine pour les États-Unis et leurs partenaires asiatiques. Elle entraînerait également une coordination plus étroite au sein de l'OTAN, car les États-Unis cesseraient de considérer l'Europe comme acquise.
    La véritable menace pour l'alliance transatlantique est le statu quo. Les efforts déployés depuis 25 ans par les États-Unis pour empêcher l'UE de devenir un acteur militaire indépendant ont été largement couronnés de succès. Mais si cela a permis de préserver le rôle indispensable des États-Unis, le résultat est que l'état de la défense européenne pourrait difficilement être pire. Il existe également un risque évident que les États-Unis décident qu'ils ne veulent plus être indispensables à l'Europe. Le prochain président pourrait être un anti-atlantiste tel que Donald Trump ou Josh Hawley, ce dernier ayant voté contre l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN le 3 août. Mais il est tout aussi probable que l'Europe soit rétrogradée, que la Russie soit à nouveau considérée à tort comme un tigre de papier et que l'alliance transatlantique souffre du désintérêt de son partenaire indispensable.
    Pour éviter un tel avenir, les États-Unis doivent reconnaître qu'ils veulent que l'Europe soit un partenaire indispensable qui puisse se tenir aux côtés des États-Unis. La poursuite d'une telle stratégie et la construction d'un pilier européen au sein de l'OTAN serait un processus qui durerait toute une génération et qui nécessiterait un engagement intensif des États-Unis, poussant les alliés et partenaires européens dans une nouvelle direction. Le moment est venu d'entamer cette transformation.


     


     

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  5. Il y a 1 heure, Valy a dit :

    Un article du Washington post qui a l'air intéressant et qui est recommandé sur Twitter : https://www.washingtonpost.com/national-security/interactive/2022/kyiv-battle-ukraine-survival/

    Je n'y ai pas accès. Si quelqu'un a accès, merci de partager.

    Excellent article en effet. Je n'ai pas le temps de te le recopier (je suis sur téléphone) mais tu as juste à couper ton wifi/4G/ethernet immédiatement après l'avoir ouvert. Ça neutralise le paywall du Washington Post. 

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  6. il y a 23 minutes, Boule75 a dit :

    Je n'ai pas dit que tu disais le contraire.
    J'accorde une confiance relative aux déclarations de Kiev
    et une confiance nulle, voire négative, aux déclarations de Moscou.

    Sur les pertes dans son propre camp, comme sur bien d'autres sujets, il n'y a pas d'équivalence entre les deux :

    • Kiev affiche des chiffres probablement minorés, et n'en parle pas trop ; mais on avait vu Zelensky parler de plus de 100 morts/jours dans le Dombass, tout de même, on ne nie pas qu'il y ait des pertes.
    • à Moscou, il n'y a pas de guerre, les DNR/LNR ne sont pas aux ordres, Wagner est un entrepreneur privé et, au final, il n'y a pas de morts et "on n'a encore rien vu".

    C'est là où nous divergeons donc, me semble-t-il, je ne considère pas que les deux camps soient symétriques dans leur comm'.

    Assez d'accord, mais le problème est que bien souvent côté Ukrainien le fiable se mélange au n'importe quoi le plus absolu sans qu'on comprenne trop le pourquoi du comment. Un exemple : les pertes matérielles infligées aux russes. Les revendications ukrainiennes sur les blindés détruits se recoupent très bien avec les chiffres disponible en OSINT et les estimations occidentales. À l'inverse, ils revendiquent un nombre parfaitement grotesque d'avions détruits (+ de 200, hors UAV) dans le MÊME graphique. 

    Autant dire que quand ils doivent donner leur propre perte, on peut difficilement leur faire confiance quand bien même ils mentent objectivement beaucoup moins que les russes. Au final, 30% de mensonge produisent le même effet que 100% : c'est pas suffisamment fiable pour être cru en tant que tel, et donc l'info est inexploitable tant qu'elle n'a pas été recoupée via d'autres sources, ce qui est difficile pour des chiffres aussi secrets et sensibles que ceux des pertes humaines. 

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  7. Il y a 3 heures, Banzinou a dit :

    Concernant les pertes ukrainiennes annoncées, une hypothèse qui peut s'entendre

     

    Ça me semble déjà plus raisonnable, bien qu'un peu plus faible que ce que j'imaginerai intuitivement. On pourrait imaginer une ventilation entre armée régulière et territoriale selon le lieu et la temporalité : Marioupol surtout du régulier (marine + azov), Donbass plus de territoriale envoyée comme expédient pour boucher les trous à mesure que les russes avancent 

  8. En tout cas le chiffre de 9000 pertes definitives admises par l'Ukraine me semble excessivement bas, et de beaucoup. Rien qu'à Marioupol ils ont dû y laisser plusieurs milliers de POW et de KIA. Si on ajoute les journées à + de 100 morts dans le Donbass admises par l'E-M UA lui même, je vois pas comment on peut en être à seulement 9 000. Ramené à 180 jours de guerre ça fait moins de 50 morts par jours.

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  9. Il y a 4 heures, Zalmox a dit :

    Les bons journalistes, ils ont une plume, ils écrivent, et ils sont des bons journalistes. Les mauvais journalistes, ils ont une plume, ils écrivent, mais ils sont des mauvais journalistes.

    CQFD

    Cet attentat est quand même super étrange. Qui pourrait vouloir la mort de Douguine (qui était vraisemblablement la cible) ? 

    Les ukrainiens : peut-être. Ils peuvent considérer d'un point de vue symbolique que Douguine est l'idéologue qui a pavé la voie à l'invasion, avec ses écrits sur le "non-etat" qu'est l'Ukraine. A voir s'ils ont vraiment les moyens de mener ce type d'attentat en plein territoire russe 

    Le pouvoir russe : Pas convaincu. Certains disent que de par son radicalisme, il aurait pu être dangereux pour le pouvoir si ce dernier se décidait à désescalader. Mais le poids politique de Douguine en Russie semble très faible en dehors de certains cercles très spécifiques et on voit mal en quoi il aurait pu menacer Poutine quand bien même ça serait son ambition.  De plus, le mode opératoire ne ressemble pas vraiment aux services russes. 

    La "résistance" russe et son communiqué de revendication : très sceptique aussi.

     

    Bref, tout ça ne me dit rien qui vaille 

     

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  10. il y a 1 minute, Heorl a dit :

    Oui. Et surprise, c'est en Russie.

    Lors de la bataille de Moscou des bataillons de prisonniers ont été envoyés au combat et s'y sont surprenamment bien comportés là-bas (en même temps c'était ça ou la mort).

    Yep. Même sous les Tsars, être envoyé servir dans l'armée était une peine fréquente pour les criminels. Ca constitue toujours une réserve de chair à canon aisément sacrifiable politiquement (personne n'ira pleurer un criminel de droit commun). 

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  11. il y a 1 minute, Valy a dit :

    Des témoignages de prisonniers russes ayant vécu les campagnes de recrutement de Wagner dans les prisons russes ici : https://theins.ru/en/confession/254206

    Intéressant. Sur 1300 prisonniers, 300 candidatent, 150 sont retenus, priorité aux meurtriers. Salaires mirobolants, amnistie de toutes les peines après 6 mois, ils annoncent d'entrée de jeu que le taux de perte sera important (2 sources : une à 80%, une autre à 30%). Seulement 2 semaines de sormation avant de partir sur le front.

    Je sais pas ce que valent ces chiffres mais s'ils sont vrais, sachant que la Russie compte 600 000 détenus, ça peut commencer à faire du monde s'ils en recrutent 10% comme dans ton exemple. 

  12. il y a 1 minute, Ciders a dit :

    A confirmer vu que la dernière base aérienne supposée ciblée ne l'avait pas été tant que ça.

    Possible aussi que ça s'affole, que ça tire de partout et que les "explosions" proviennent de la défense antiaérienne.

    Comme d'hab il faudra attendre les images satellites pour pouvoir apprécier quelque peu correctement l'ampleur des dégâts, qui peuvent être n'importe quoi entre la petite bombinette sur un poste électrique qui manque sa cible jusqu'à l'escadron entier de Su-34 carbonisé. 

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  13. il y a 31 minutes, Berezech a dit :

    La position militaire Russe est intenable à long terme (politiquement) dans le rapport de force actuelle (Combien de morts par jour, combien de matériels perdus ? sans doute des centaines de pertes, des dizaines de véhicules, les frappes des HIMARS et les "surprises" ukrainienne diverses) même si je suis d'accord, militairement les ukrainiens ne reprendront pas grand chose de manière conventionnelle. Le minimum qu'exigeront les ukrainiens pour une armistice (et ne parlons pas d'accord de paix) c'est un retour à la ligne pré 22 février.
    Et les russes refuseront d'avoir cassé (en partie) leur outil militaire, pris des dizaines de milliers de pertes, et ruiné une partie conséquente de leur économie pour un statu quo. Cette guerre durera tant que les Ukrainiens seront sponsorisés, et tant que la Russie ne sera pas secouée en interne par des troubles. L'ambiance interne en Russie va être chouette d'ailleurs quand la masse des anciens combattants russes va revenir de cette guerre bien sale.
    Et pour les ricains, pourquoi se priver de laisser la Russie s'engluer dans ce conflit ? Être magnanime aurait peu de chance de les détacher de la Chine ou de ramener la stabilité en Europe

     

    C'est sans doute ce que les ukrainiens font par défaut, mais ça ne marchera pas. Ce n'est pas la VIe armée à Stalingrad, tant que les russes maintiennent leurs appuis derrière le Dniepr et qu'ils bricolent avec leurs bacs et gardent un pont partiellement ouvert, ça devrait suffire à minima à ravitailler les forces sur l'autre rive en bouffe / munitions de petit calibre / munitions pour leurs appuis organiques.
    Je pense qu'ils se contente de fixer beaucoup de russe dans cette boîte ce qui les empêcher de participer à la "grande" offensive frontale dans le Donbass, en attendant l'arrivée des renforts formés à l'ouest. La stratégie ukrainienne est plutôt patiente et économe, et ils ont raison.
     

    Totalement d'accord. La situation est merdique car aucun des deux protagonistes ne peut l'emporter, mais aucun ne peut se satisfaire de la situation actuelle. On rentre en plein dans le biais des coûts irrécupérables. 

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  14. il y a 36 minutes, Valy a dit :

    D'après ce que j'ai entendu des analystes américains, les forces en présence sont minuscules ("tiny) en regard des étendues couvertes. Ainsi on aurait au sud (Kherson + Zaporija) au total 20000 hommes russes pour 300Km de front, la où pendant la seconde guerre mondiale, et pour les mêmes théatres il ya avait des millions d'hommes en présence.

    Question : si un barrage d'artillerie efficiace ne peut être maintenu faute de munitions/logistique côté russe (+ coupure du lien avec la crimée) , est-ce que toute la zone du sud ne pourrait pas devenir 'poreuse', et la présence russe se verrait minée par une guerilla infiltrée ukrainienne qui détruirait toutes les lignes logistiques, de la même façon que cela s'est passé autour de Kiev (où le front était en 'peau de léopard)? L'avantage est que pour ce faire ils ont juste besoin de régiments de marche / garde nationale. Votre avis?

     

    Les concentrations sont faibles, oui, mais des deux côtés. A Kiev (et dans tout le nord du pays en général) on a eu un front en tâche de léopard car les russes avançaient sans sécuriser leurs flancs alors même que les ukrainiens, intelligemment, n'hésitaient pas à se laisser dépasser plutôt que de combattre la pointe lourde des colonnes russes. Ce n'est pas le cas dans la région de Kherson, où le front est globalement fixe depuis la fin Mars (quand les avant-gardes russes qui tentaient de contourner Mikolaïv vers Odessa se sont repliées) et raisonnablement retranché des deux côtés. En plus, la géographie ne se prête vraiment pas à des infiltrations multiples : Le triangle Mikolaïv - Kryvyï Rih - Kherson, c'est plat, très peu boisé et avec une densité urbaine très faible. Autant dire que ce genre de chose se voit facilement. 

    Paradoxalement, vues les forces et les faiblesses ukrainiennes, ils auraient sans doute, toute chose égale par ailleurs, bien plus de faciliter à progresser dans un territoire style Donbass où la présence de couverts, de petits reliefs et le maillage urbain assez dense rend plus facile les opérations de grignotage en saut de puce par une infanterie de qualité. 

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  15. il y a 56 minutes, Poivre62 a dit :

    Suis loin d'être spécialiste de la chose militaire mais si je comprends bien les Ukr qui peuvent difficilement rivaliser en combat direct, au moins sur le plan offensif, cherchent à enserrer les troupes Russes autour de Kherson dans un "étau logistique" en s'attaquant à tout ce qui peut servir à les ravitailler au sens large.  Ca peut marcher?  A relativement court terme?

    La (re)prise de cette région pourrait avoir un intérêt stratégique autant que symbolique?

    J'espère me tromper mais pour le moment je reste relativement sceptique. Cette tentative d'isolement indirect des troupes russes à l'ouest du Dniepr via la destruction des dépôts et des axes logistiques est probablement la meilleure stratégie possible pour l'Ukraine, mais je doute que ça soit suffisant. N'oublions jamais que défendre est beaucoup plus facile qu'attaquer. Aujourd'hui, avec les nouveaux renforts russes, le rapport de force, en nombre d'hommes, semble à peu près équilibré dans la région, bien loin du ratio idéal pour une offensive (au moins 3 pour 1 en général). La Russie conserve une forte supériorité aérienne et un avantage évident en volume d'artillerie. Quand  bien même le ciblage ukrainien étranglerai la logistique russe jusqu'à la limiter à un niveau comparable à celle des ukrainiens, ça restera une parité, au mieux. Or, on a pu voir que les russes ont du obtenir au Donbass un ratio de volume d'artillerie de 1:20 pour avancer, et encore très lentement et à un coût très élevé. L'Ukraine n'atteindra jamais ce ratio pour la simple et bonne raison qu'elle n'a ni les tubes, ni les munitions. Tout ça, alors même que les russes, malgré toutes leurs insuffisances, sont sans doute plus compétents dans l'offensive que les Ukrainiens, car c'est leur doctrine. Les ukrainiens, s'ils sont de très bons défenseurs, ils n'ont pour leur part jamais démontré d'aptitudes brillantes dans l'offensive mécanisée. Il leur manque tout : matériel, doctrine, expérience. 

    En bref, reprendre Kherson impliquerai que l'Ukraine parvienne à faire ce que la Russie a échoué à faire dans le Donbass avec un rapport de force pourtant largement plus favorable. J'espère me tromper, mais j'y crois assez peu. 

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