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CortoMaltese

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Tout ce qui a été posté par CortoMaltese

  1. Massacre de Bucha : après des mois d'enquête, les autorités locales annoncent un bilan de 458 morts, dont 419 ayant été abattus ou comportant des traces de torture. Dans ce total, on compte 366 hommes et 86 femmes (et 5 corps trop abimés pour estimer un sexe), et 9 enfants de moins de 18 ans. Sur une population de 40 000 habitants avant-guerre, les enquêteurs estiment qu'il en restait 4 000 dans la ville lorsque les russes sont arrivés. Ca ferait donc 10% de la population tuée en 1 mois d'occupation. washingtonpost.com/world/2022/08/08/ukraine-bucha-bodies/
  2. Absolument. Paradoxalement, l'URSS, du fait du fonctionnement du régime, de son idéologie et du modèle d'armée (conscription stricte), ne pouvait pas vraiment décider d'épargner certaines couches sociales ou ethniques plutôt que d'autres. Poutine peut, pour sa part, se livrer à un monitoring beaucoup plus fin à ce niveau, et ça se voit en Ukraine où les minorités ethniques des confins du pays sont employées comme chair à canon, alors que les russes ethniques (et surtout les russes ethniques riches de Moscou et Pétersbourg) sont largement épargnés.
  3. Après du 18nm c'est le niveau de gravure qu'on savait faire en 2014, ce qui, à l'échelle du milieu, est presque une éternité. C'est très bien pour beaucoup de puces pas chères dont nos objets du quotidien regorgent, mais c'est pas avec ça qu'on va aller produire du smartphone, puisque ça impliquerai une puce plus grosse, donc qui chauffe plus et qui coute plus cher à nombre de transistor égal.
  4. Il me semble justement que non, à partir du moment ou tu signes ton contrat, tu est un kontraktniki et tu deviens donc déployable en OPEX. J'ai d'ailleurs vu passer une info il y a quelques temps comme quoi la Russie a abaissé la durée minimum avant qu'un conscrit puisse devenir kontraktniki. C'est désormais 2 ou 3 mois (il me semble qu'avant c'était 6 mois) de formation initiale seulement, et ça permet donc d'envoyer plus de gars en Ukraine.
  5. Je suis pas un expert du fonctionnement de la DGSE, mais du peu que je crois en comprendre, j'ai aussi l'impression que le volet "analyse stratégique" est un peu léger. Et ça explique peut-être d'ailleurs le loupé sur l'invasion russe. Un service moderne ne doit pas seulement récolter de l'intel et l'analyser la tête dans le guidon dans une optique de très court terme, il doit aussi bénéficier d'expertises (notamment universitaires) pour comprendre les pays avec lesquels on traite, leurs ambitions de long terme, leur culture, ect. Peut-être que si on avait plus de profils typés "docteur en war studies", on aurait mieux compris les intentions de Poutine. Et ça j'ai l'impression que ça pèche un peu en France. D'ailleurs ça me fait penser à une conversation que j'ai eu la chance d'avoir autour d'une bière avec un jeune chercheur affilié à Fondation pour la Recherche Stratégique en marge d'EUROSATORY en Juin dernier. Il me disait qu'en France, ce type de recherche en géostratégie et étude de la guerre, c'est un tout petit milieu, chroniquement sous financé, et qu'on a pas mal de retards sur d'autres pays, notamment anglo-saxons. Il y a peu de très bons masters/doctorats en France, les postes sont rares à l'Université donc faut aller du côté des think-tank qui se comptent sur le doigt d'une main et dont beaucoup fonctionnent par cooptation en circuit clos (coucou Boniface et l'IRIS). Au final, les meilleurs qui arrivent à tirer leur épingle du jeu se barrent en Grande-Bretagne, aux US ou au Canada et leur expertise est plus ou moins perdu pour la France dans la mesure où la probabilité que leurs recherches finissent par tomber sur le bureau d'un type avec un peu de pouvoir en France devient mécaniquement assez faible.
  6. Je dirais que, dans l'absolu, les russes ont quand même plus de réserve. On pourrait dire que l'Ukraine est "à fond" (mobilisation générale, toutes les réserves mobilisées) alors que la Russie a encore théoriquement des cartes qui n'ont pas été abattues (mobilisation générale, déclaration de guerre qui permettrait de faire participer d'avantage la société et l'économie, ect.). Maintenant, il faut voir si Poutine veut ou peut effectivement aller un cran plus loin sans prendre trop de risque politique. Ce n'est pas certain. Côté ukrainien, il est en tout cas difficile de faire plus que ce qu'ils font déjà sans une augmentation drastique de l'aide occidentale.
  7. Je suis d'accord avec toi, l'un des noeuds du problème est le désintérêt total pour la géopolitique du français moyen, et surtout l'absence de consensus dans la population sur ce que devrait être la politique étrangère française. Aux USA par exemple, il y a globalement un large consensus transpartisan sur la place qu'ils doivent occuper dans le monde (même s'il peut naturellement y avoir des désaccords ponctuels), et cette forme de stabilité contribue largement à leur puissance. Et ça participe je pense beaucoup à l'inconsistance de notre politique étrangère. Dans la mesure où le Français moyen ne s'intéresse pas à ces questions et a l'impression que ce qu'il se passe ailleurs dans le monde n'a aucun impact sur sa vie, il n'est pas prêt à faire de réels sacrifices au nom des intérêts géopolitiques de son pays à long terme. Se faisant, l'état, qui en a conscience, ne peut se permettre de mener une politique extérieure ambitieuse qui impliquerai des sacrifices ponctuels ou de long terme (budget de l'armée élevée, ect.). Il y a donc en France, une faible capacité globale à mobiliser les ressources du pays au service de la politique étrangère, contrairement à des pays comme la Russie ou, dans une moindre mesure, les USA. Forcément, quand t'as des élites qui pensent que leur pays à un rôle à jouer dans le monde et parallèlement un peuple qui refuse de voir sa facture de gaz de 5% ou de monter le budget des armées à 3% du PIB, ça abouti à des concepts géostratégiques parfaitement creux comme la notion de "puissance d'équilibre" et à l'improvisation complète dont je parlais précédemment EDIT: Il y a clairement un travail d'éducation à faire sur ces sujets. Que le français moyen comprenne que dans un monde globalisé, sa sécurité, sa fiche de paye et son confort matériel sont très largement dépendants de ce qu'il se passe ailleurs dans le monde sur le long terme.
  8. Mais l'un des non-dits de la politique française c'est de s'interroger sur ses buts profonds. L'autonomie d'accord, mais pour en faire quoi ? On a l'impression que la France a vécu un tel traumatisme en 40, un tel sentiment d'humiliation face aux anglo-saxons (plus que face aux Allemands paradoxalement) que toute la politique étrangère française est obsédée par cette idée de ne surtout pas être "inféodée" aux americains, coûte que coûte. La politique de "grandeur" du général, c'est fondamentalement ça. Mais ça c'est transformé en objectif en soi, un truc performatif qui n'a d'autre vocation fondamentale que de se convaincre qu'on est encore un peu une grande puissance, même si on a aucune idée de ce qu'on pourrait faire de cette puissance. Il faudrait peut être un jour faire un inventaire honnête : Qu'à t-on gagné géopolitiquement à notre politique de "d'indépendance stratégique" depuis l'après-guerre ? C'est pareil avec notre obsession d'être les gendarmes de Afrique. On aime bien ça, on parle de zone d'intérêt, d'influence, ça sonne "grande puissance". Mais la France aurait elle, structurellement, perdu quelque chose à ne pas se mêler de trop près des affaires africaines après 1960 ? Je crois que ça se discute largement. En fait plus j'y réfléchi plus je trouve qu'on ressemble à un pays paumé et nostalgique qui aime jouer aux grandes puissances d'opérette, sans en avoir les moyens, pour atténuer un peu son mal-être existentiel post-45 Il n'est pas impossible aussi qu'il y ai quelque chose à chercher dans la culture politique française post-révolutionnaire elle même issue des lumières, avec cette idée que la France a vocation à illuminer l'humanité et à faire triompher la civilisation. La France républicaine et post-révolutionnaire a des "projets mondiaux" fortement idéalistes, avec une grande portée morale. On est un pays qui renacle à devoir se contenter d'objectifs modestes et terre à terre (même si on y a aussi parallèlement été contraint entre 1870 et 1940). Cette vision de soi-même comme d'un phare qui possède une place "spéciale" dans le monde, après 100 ans de déclin relatif et alors qu'on ne pèse plus que quelques pourcent du PIB mondial, ça aboutit in fine à des concepts bancaux et inopérants comme le fameux "puissance d'équilibre" qu'on nous rabâche à toutes les sauces sans jamais fournir de définition convaincante ni d'exemple de ce que ça pourrait impliquer en terme de politique concrète.
  9. Je trouve que ce thread d'Olivier Schmitt sur l'incurie de notre positionnement diplomatique (et de la nullité du débat démocratique sur la question) très véridique bien que cruel pour la France. Schmitt est très clairement atlantiste et je ne partage pas forcément son opinion sur tout, mais il faut admettre qu'il a raison quand, paraphrasant Revel, il dit que si on enlève un vague fond d'antiaméricanisme plus ou moins tempéré (auquel j'ajouterais une nostalgie diffuse et mal assumée pour notre grandeur passée), il ne reste rien de la pensée géopolitique française.
  10. Pas lu mais tu me l'as bien vendu, je rajoute ça à ma pile de 453512 bouquins que je dois lire
  11. Je me tâte vraiment à écrire un truc qui s'intitulerai "La France, une diplomatie à la dérive". Et ça s'explique largement je pense par le fait que la France ne sait pas (plus) ce qu'elle est, ce qu'elle veut, qu'elle place elle veut occuper et comment. Quelle place dans le monde ? Quelle place au sein de l'Europe ? Personne en France n'en a aucune idée. À part des idées creuses et des phrases toutes faites qui ne renvoient à rien ("puissance d'équilibre") et ne nous aide absolument pas à nous positionner sur les grandes questions internationales contemporaines, on a rien à proposer. On est en permanence à la remorque des évènements, naviguant à vue au grès des présidents et de l'ambiance du moment. On peut penser ce qu'on veut des anglais, mais eux ont une identité géopolitique marquée et cohérente : ils sont les brillants seconds des américains et le font très bien. Leur diplomatie est lisible et relativement constante. Sur l'Ukraine ils ont pris un leadership à leur échelle, l'assument, et le revendiquent.
  12. Ouais ça pue le fake à plein nez. On peut toujours imaginer du bricolage un peu baroque mais bon, très dubitatif.
  13. La plupart ont les armatures pour installer les Briques de blindage, afin de les transformer en T-80BV (qui n'est rien d'autre qu'un T-80B avec du blindage réactif).
  14. Le twittos mili Def Mon, qui fait un gros travail sur l'Orbat russe (et ukrainien) en Ukraine, vient de publier une carte de son estimation de la répartition des BTG russes par secteurs. Comme on le voit, et à supposer bien sûr que la figure soit à peu prêt correcte, l'effort dans le Dombass semble désormais terminé et on retrouve une densité de force russe relativement homogène tout le long du front, avec des extrêmes de 17km/BTG dans le sud Donbass et 9km/BTG au nord Donbass. Tout le reste du front maintient des densités comprises entre 11 et 13km/BTG. Ca signifierait que les combats qu'on voit aujourd'hui à Bakhmut et dans la Banlieue de Donetsk ne constituent qu'un effort "secondaire" et que les russes ont visiblement laissé tomber, pour l'instant, l'idée de prendre Kramatorsk et Sloviansk. C'est assez cohérent également avec la baisse sensible du volume d'artillerie tiré dans la zone depuis la prise de Sievierodonetsk/Lyssytchansk. On remarque par contre que toute la zone à l'est du Dniepr à proximité de Kherson grouille de troupe russe, avec 27 BTG en attente ne sécurisant à priori rien du fait de l'extrême largeur du Dniepr dans la zone. C'est le signe que le prochain effort russe (défensif ou offensif) se concentrera à priori dans le sud, à Kherson ou (moins probablement) vers Zaporizhzhia. Pour comparaison, la distribution des forces russes calculé par le même twittos à la fin juin :
  15. Pour Kyiv, Paris progresse mais peut mieux faire Stéphane Siohan Correspondant à Kyiv Appréciant le soutien de la France, l'Ukraine demande un peu plus d'aide militaire et économique de la part de l'Elysée, considéré comme trop complaisant avec la Russie. Officiellement, tout va bien entre l'Ukraine et la France. Dans la capitale ukrainienne, les officiels ont apprécié la réaction sans ambiguïté de l'Elysée et de la diplomatie française au «massacre perpétré par les forces armées russes à Olenivka». 53 prisonniers de guerre ukrainiens ont péri dans le bombardement de ce centre pénitentiaire, près de Donetsk, imputé aux forces russes. Un événement qualifié de «sidérant» par une source française. «Survie». Cependant, dans l'opinion ukrainienne, la France n'émarge pas naturellement au rang des alliés les plus fiables. «On dénote chez les Français et chez Macron une attitude de beaux parleurs, mais on ne sait pas trop où ils veulent en venir, s'ils ont réellement compris les enjeux de cette guerre, qui, pour l'Ukraine et le peuple ukrainien, est une question de survie. On a l'impression que Paris croit qu'on peut encore parler, alors que c'est le temps de l'action», confie un journaliste politique de Kyiv. Du côté gouvernemental, on salue la «décision responsable» des dirigeants français et allemands, lorsque ces derniers sont venus à Kyiv le 16 juin, apportant aux Ukrainiens le statut de pays candidat à l'UE. «La relation avec la France est forte, mais il serait possible d'ajuster un peu le focus sur la manière dont Paris et Berlin envisagent [l'invasion russe] et y répondent», confie à Libération un officiel du gouvernement ukrainien. «La France est une amie et un partenaire de l'Ukraine et nous apprécions vraiment son soutien militaire, économique, politique et l'appui aux sanctions contre la Russie», ajoute-t-il. Mais, selon cette source dans l'appareil d'Etat, «[Paris et Berlin] doivent changer leur logique et passer du "nous n'allons pas laisser l'Ukraine perdre" à "nous allons tout faire pour que l'Ukraine gagne", car on voit encore certains qui espèrent convaincre Poutine de stopper la guerre en lui présentant une seconde chance, en lui permettant de sauver la face. Or, c'est une stratégie perdante, cela fait huit ans que la diplomatie ne marche pas et que Poutine ne comprend que le langage de la force». Canons. Quant à la «perception française» de la guerre, le haut responsable estime que «[la France] a essayé à plusieurs reprises d'être constructive dans le dialogue avec Poutine, Macron a fait de son mieux, mais ça n'a pas marché. Les résultats de cette approche parlent pour eux-mêmes». Citant l'exemple des canons français Caesar, déployés sur le front ukrainien, et qui procurent une grande satisfaction aux artilleurs ukrainiens, le responsable appelle la France à «livrer plus d'armes et de munitions». «Bien entendu, nous ne pouvons dicter leurs décisions à nos partenaires, nous discutons. Mais il y a des pays plus petits [que la France] qui ont apporté plus de soutien si on le mesure par habitant. Or, c'est également dans l'intérêt de la France que cette guerre se termine le plus rapidement possible», conclut la source interrogée, alors qu'à Kyiv, l'humeur est à accélérer l'effort de guerre et obtenir une victoire militaire et psychologique décisive à Kherson, avant que le froid et la neige n'embourbent les fronts.
  16. vidéo amateur d'une 20aine de T-80B/BV montés sur des wagons.
  17. Tout à fait d'accord, au delà de la prolifération d'armes "complexes" post conflit, type MANPAD/JAVELIN et autres, le gros problème va être le risque de développement par des organisations terroristes/criminelles de petits drones bricolés dont la guerre d'Ukraine a montré l'efficacité et le potentiel de destruction, même contre une armée régulière très bien dotée en moyens anti-air.
  18. Il y avait une histoire comme quoi les missiles Minuteman III américains tournaient avec un système à base de disquette et que ça posait un vrai problème entre le manque de pièces de rechange et l'utilisation d'obscures langages de programmations des années 80 que plus personne ne maîtrise vraiment
  19. Quand l'objet de la guerre est d'emporter l'adhésion d'une population (c'était le cas en Algérie et ça l'est devenu de facto en Irak à partir de 2004), probablement. Quand ton mari/frère/fils s'est fait torturé/tué par l'occupant, t'es rarement prompts à le soutenir.
  20. Après il est plus simple, si ça fonctionne, de se fournir en composants civils pas chers et largement produits, surtout quand on est un pays sous embargo.
  21. Lorsque l'adversaire est l'envahisseur et l'initiateur de cette guerre, si, on s'offusque qu'il rase la zone en question, pour la simple et bonne raison que la zone en question n'aurait pas été rasé s'il était resté sagement chez lui. A partir du moment où tu démarres une guerre, tu es par définition responsable de tous les tords qu'elle causera. Mais on s'égare du sujet.
  22. Amnesty a raison. Il est honteux que les soldats ukrainiens se permettent de chercher des couverts et de s'appuyer sur le tissu urbain pour se battre. Ils devraient plutôt se mettre en rang serré au milieu des champs pour être bien sûr que la Russie puisse les viser sans faire de dommage collatéral. Plus sérieusement, je trouve le rapport d'Amnesty ridicule. Autant il peut y avoir des choses très limites quand on défend une ville (prendre les civils en otage, utiliser des hopitaux comme base, ect.) autant reprocher à une armée, qui plus est en position défensive et attaquée, de se retrancher dans les villes est ridicule, surtout que les ukrainiens essayent vraisemblablement de les évacuer dans la mesure du possible.
  23. Peut-être qu'elles ont pu être perçues, mais il faut voir aussi le scénario d'emploi. Au-delà de la propagande officielle, les militaires russes s'estimaient ils prêts à lancer une guerre de haute intensité avec 80% de l'ORBAT russe mobilisé ? On en sait rien.
  24. On a quelque part un peu le même problème en Europe pour d'autres raisons que la corruption : quand on a dégraissé l'armée à partir de 1991, on a essayé de maintenir au maximum les unités nobles de 1ère ligne tout en bazardant les arrières. Après tout, en temps de paix, une logistique faiblarde ne se remarque pas et il est moins couteux en terme de prestige de dissoudre un régiment du train qu'un régiment blindé.
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