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CortoMaltese

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Tout ce qui a été posté par CortoMaltese

  1. Oui, les russes combattent comme une armée de masse, alors qu'ils n'ont plus de masse. En occident, on a perdu de la masse (ce qui pose tout un tas de problème), mais on a compensé par une professionnalisation, un meilleur entrainement des troupes, et des progrès technologiques. La plupart des unités conventionnelles occidentales actuelles auraient été considérées comme des unités d'élites il y a 40 ans. En Russie par contre, la perte de masse s'est faite à qualité constante (au mieux) voir à qualité déclinante sur beaucoup de points (notamment la disponibilité du matériel).
  2. Concernant la motorisation de la Heer, je pense que les allemands sont ceux qui ont le plus rapidement et le plus profondément compris l'intérêt de formations 100% motorisées dans la guerre de mouvement. Mais ils ne pouvaient tout simplement pas se permettre de motoriser trop de divisions pour des questions industrielles et pétrolières. Par exemple, dans leur "Barbarossa 1941", Lopez et Otkhmezuri soulignent bien qu'il aurait fallut dans l'idéal 1 Groupe Panzer de plus afin de pouvoir former en permanence 2 pinces blindées complètes, plutôt que d'envoyer successivement le Panzer Group du groupe armé centre jouer la 2e pince pour les panzer group nord et sud, mais que c'était impossible matériellement pour l'Allemagne sauf à faire trop de concession ailleurs. La guerre d'Espagne a surtout permis de travailler la coordination air-sol au profit de la Luftwaffe, il me semble.
  3. A mon avis on peut pas comparer les deux. L'Europe post-WWII s'est construite sur le refus absolu du conflit armé comme mode de gestion de nos différents. On a développé des liens économiques et une culture de pacifisme interne qui font qu'il est totalement impossible, peu importe le contexte, que l'Allemagne envahisse la France ou inversement. Non seulement le pays envahisseur aurait automatiquement l'ensemble du continent à dos (sans même parler des américains avec l'OTAN), et de toute façon la population du dit pays ne suivrait pas son gouvernement. C'est donc assez différent des relations sino-indiennes, qui se font entre deux pays émergents, aux dents longues (humiliations passées/colonisations toussa toussa) et dont les élites et populations respectives baignent dans dans un contexte largement plus nationaliste qu'en Europe.
  4. Oui, en plus, quoi qu'on en pense, les guerres restent largement moins meurtrières qu'à l'époque. Admettons que les russes aient perdus 25 000 hommes (KIA), c'est évidemment un chiffre effarant pour les standards du XXIe siècle mais ça reste fondamentalement très faible pour une guerre de haute intensité si on compare avec le XXe siècle. Quand bien même ils perdraient en tout 100 000 hommes d'ici la fin de la guerre, ça représente 1,2% de leur population masculine entre 18 et 29 ans (environs 8 millions d'individus). Je veux pas paraître complètement froid avec mes calculs d'épiciers, chaque vie humaine enlevée pour les délires de Poutine est un drame absolu, mais si on regarde ça d'un point de vu Macro, la Russie va perdre bien plus économiquement que démographiquement dans cette histoire.
  5. Le scénario est perdant-perdant depuis le début (à partir du moment ou le plan russe initial a échoué et que les occidentaux ont imposés des sanctions massives, faisant que même une victoire russe "à minima" dans le Dombass ne compensera pas les pertes économiques et diplomatiques). Simplement pour l'Ukraine, on est passé d'une situation ou "perdre" signifie la fin du pays en tant qu'état-nation indépendant à une situation où "perdre" signifie quelques dizaines de milliers de morts, la destruction quasi-totale des infrastructures sur 25% du pays et plusieurs millions de réfugiés internes. C'est un prix lourd mais qui ne semble pas déconnant au vu de l'alternative, d'autant plus quand ça permet de remporter une victoire morale inespérée qui va sans doute constituer un acte fondateur pour l'identité nationale du pays pour au moins un siècle.
  6. J'avais plutôt l'image d'une retraite de Kyiv en bon ordre globalement. On a pas vu de quantités délirantes de matos perdus *toute proportion gardée* au vu des standards russes en la matière ni grosse désorganisation. Il me semble que ça aurait pu être bien pire. Qu'est ce qui te fait considérer que ça c'est très mal passé ?
  7. En fait la cinématique de la retraite est relativement étrange. On est pas sur une retraite "organisée" comme à Kyiv où toutes les troupes se retirent rapidement en bon ordre en quelques jours. Pour autant, il est vrai que les combats ont été, en tout cas de ce qu'on en voit en Open Source, relativement rares et de faibles intensités, or quelques cas précis. On a plutôt l'impression que les russes se sont retirés partout où les ukrainiens ont poussés, sans pour autant livrer de vrais combats retardateurs comme on en attendrait dans le cas du retraite pied à pied. J'avoue avoir du mal à distinguer la part de volontaire et de subit dans ce retrait russe. Si l'objet est de réarticuler rapidement ces troupes vers l'est, pourquoi ne pas faire un mouvement "à la kiyv" de manière rapide ? Et surtout, quel intérêt de ne pas au moins laisser un filet de troupe pour fixer les ukrainiens (d'autant plus facilement qu'on est à quelques dizaines de kilomètre de Belgorod et qu'il peuvent rapidement envoyer du renfort si besoin) ? Alors que là, tout le flanc ouest des troupes russes dans le saillant d'Izium se retrouve sous la menace d'une offensive ukrainienne.
  8. La dernière analyse de @JominiW vient de tomber. Pas de grosses nouveautés, le scénario de ces derniers jours confirme globalement ses analyses précédentes quant aux chances de succès russe dans le Dombass. Pour résumer : -> Le dégagement de Kharkiv et la pression que fait peser l'armée ukrainienne sur l'Ouest du saillant d'Izium obligent les Russes à disperser leurs forces pour sécuriser leurs lignes d'approvisionnement et empêcher une offensive UA qui viendrait sectionner le saillant. Combiné au manque de progrès dans cette direction depuis 15 jours, il est probable que les russes aient totalement laissé tombé l'idée d'avancer substantiellement sur cet axe. Les troupes fraiches avec une capacité offensive conservée qui opéraient dans la zone, sont en train d'être redirigé vers l'est. -> Le nouveau centre de gravité russe, plus modeste, s'est donc déporté vers l'est, avec comme objectif d'encercler puis de liquider les troupes ukrainiennes autour de Sevierodonesk. La tentative de passage du Donets par les russes, qui s'est traduit par une déroute comme on le sait, s'inscrit dans ce mouvement. C'est le seul endroit où les russes réalisent encore des gains sensibles depuis 1 semaine : prise de Popasna et de Rubizhne. -> L'effort russe va probablement culminer d'ici environs 2 semaines, après quoi l'intensité des combats ne peut que ralentir du fait de l'attrition et de la fatigue des troupes. Selon l'auteur, au vu de la vitesse de l'avance russe et du coût de chaque avancée, il est peu probable que les russes parviennent à s'emparer de Severodonesk d'ici début juin même s'il est probable qu'ils parviennent à s'emparer de plusieurs localités.
  9. Comment pourrait-elle s'auto-envahir ? PAS TAPER !!
  10. Je resterai extrêmement sceptique sur cette histoire tant qu'on aura pas vu ne serait-ce qu'un bout de débris en provenance de ces avions. J'ai du mal à croire que les ukrainiens qui arrivent à filmer des carcasses de chars en pleine zone de combat n'aient pas pu fournir une seule image d'avions de 250t tombés en territoire ukrainien.
  11. Cette hypothèse de la diversion est d'autant plus stupide que pour qu'une diversion fonctionne il aurait fallut prendre de vitesse les ukrainiens en rapatriant ses propres troupes des environs de Kiev vers le Dombass plus vite que les Ukrainiens pour créer une supériorité locale temporaire. Or, je signale quand même que 1) Les russes ont annoncés leur retrait AVANT qu'ils ne le fassent (tu parles d'une diversion) 2) que les troupes étaient tellement abimées qu'elles ont du passer 2 semaines minimum à se reconstituer en Biélorussie/Russie 3) que de toute façon, essayer de prendre de vitesse un adversaire qui est chez lui et qui bénéficie des lignes intérieures est complètement con.
  12. Tu as tout à fait raison, c'est un cas de figure assez inédit à ma connaissance. A la rigueur on peut penser à la guerre des six jours (je viens de lire l'excellent bouquin de Pierre Razoux aux éditions Economica sur le sujet que je recommande chaudement) où la décision israélienne d'attaquer a été très rapide et s'est faite sans préparatifs avancés. Après, sur ce cas précis, Tsahal était quand même en état d'alerte depuis un moment (mais l'armée russe aussi en théorie ?) et la qualité de l'encadrement israélien, du général au sous-officier, a permis d'accomplir une offensive efficace, surtout combinée avec les énormes succès aériens des premières 48h qui laisse le ciel complètement dominé par Israël.
  13. C'est tout le paradoxe de la préparation ukrainienne. Elle a été excellente sur le long terme (constitution d'unités territoriales, adaptation de la doctrine, ect.) mais visiblement déficiente sur le court terme, et ils ne s'attendaient visiblement pas à être attaqué à ce moment là, comme l'ont révélés pas mal d'interview avec de hauts responsables ukrainiens. Dans le sud notamment, on peut penser que les succès russes auraient été beaucoup plus coûteux avec une armée ukrainienne en ordre de bataille le 24 février. EDIT : Rien qu'en Crimée, vu le goulet d'étranglement naturel formé par les deux étroits passages entre la péninsule et le reste de l'Ukraine, c'est presque criminel de ne pas avoir attendu les russes sur le pied de guerre à cet endroit là.
  14. Il va finir par faire de l'ombre à nos pigeons voyageurs de la Grande Guerre dans la catégorie "animaux héros de guerre".
  15. Je le trouve même meilleur que Goya qui est parfois un peu superficiel je trouve sur l'Ukraine (même si c'est très bien, on est d'accord). J'ai l'impression que Jomini monitore la situation de beaucoup plus près que Goya avec une analyse plus fine au niveau tactique et une information plus complète, là où Goya reste sur un niveau opératif/stratégique.
  16. Personnellement j'ai beaucoup de respect pour le compte Twitter "Jomini of the West" qui est, de tous les comptes "analystes" que je suis, celui qui a livré les meilleurs prédictions depuis le début de la guerre, avec toujours beaucoup de professionnalisme en croisant les sources. Il "prédit" quelques victoires tactique russe mais une défaite stratégique globale dans le Dombass et son analyse me semble pertinente et correctement sourcée.
  17. C'est un avis russe. Il repompe la propagande russe, les éléments de langage, le narratif géopolitique, les images, les obsessions. Va te balader sur les télégrammes pro-russes ou sur VK, c'est exactement la même tambouille à la virgule près. Peu importe que le gars se trouve physiquement aux US, le package idéologico-rhétorique est bien d'origine 100% russe. Ca nous apprend juste que des gens aux USA s'en abreuvent et la répercutent à destination du public local, ce qui n'est pas spécialement étonnant quand on sait que l'opinion public US en général et l'Alt-Right / Extrême gauche "tankies" en particulier ont été un terrain de jeu privilégié des russes depuis 5-6 ans pour leurs opérations hybrides. Va sur 4chan ou ce genre de trucs, c'est un mélange de théories Qanon et de délires pro-russes sur l'importance de Poutine pour la lutte des forces du bien contre l'état profond. EDIT : Et c'est très bien de vouloir aller pêcher ses infos des deux côtés de la ligne de front, mais quitte à lire du "pro-russe" il y a quand même des trucs plus sérieux, notamment des Telegram de militaires/ex-militaires russes qui, tout en soutenant leurs pays, essayent d'analyser la situation et de comprendre ce qui se passe avec une bonne lucidité quand à la fiabilité de leur propagande. Et ça pour le coup, oui, je suis d'accord c'est très intéressant. C'est pareil côté ukrainien, on peut lire de l'analyse "pro-ukrainienne" intéressante tout comme on peut lire des torchons genre Kyiv Independent qui retweet toutes les rumeurs pro-ukrainiennes qui passent (dernièrement la fameuse frégate qui n'a finalement pas coulé) sans une once d'esprit critique.
  18. Mais on est tous d'accord sur la "stratégie" russe, qui est décrite et analysée en long, en large et en travers depuis des semaines. La question c'est "est-ce que ça va marcher" et "Cela va-t-il permettre à la Russie de gagner" ? Le bloggeur, qui a l'air d'en avoir très envie, répond un grand oui. Mais ce que j'essaye de souligner, c'est que les arguments sont médiocres et se basent sur 1) du repompage du MinDef Russe 2) des preuves anecdotiques. A l'inverse, cela va à l'encontre de l'évolution de la situation sur le terrain qui montre plutôt un essoufflement de l'offensive russe. Ca ne veut pas dire qu'ils ne peuvent pas remporter des succès tactiques, mais il semble quand même que l'effondrement "imminent" des ukrainien pronostiqués ad nauseam par tous les commentateurs pro-russes depuis 2 mois n'est pas pour tout de suite.
  19. Pour le coup, j'ai lu l'article personnellement. Oui le mec site des sources, mais extrapole aussi beaucoup. Ca ressemble en plein à un exercice de cherry picking où tu pioche ce qui t'arrange un peu de partout afin de construire un récit qui colle à ce que tu as envie de croire en dépit d'une montagne de preuves qui vont dans l'autre sens. Attention, beaucoup de journaux/sources/analystes font pareil du côté "pro-ukrainien", on est d'accord, mais là c'est typiquement ça appliqué côté russe. Si tu veux on peut déconstruire chaque affirmation : "The Russian military forces are grinding down Ukrainian ground forces by extensive use of heavy artillery. The Ukrainian artillery has been destroyed or lacks ammunition." -> C'est très discutable. Oui l'artillerie russe est plus nombreuse que l'artillerie ukrainienne, mais cette dernière, comme le prouvent d'innombrables preuves vidéos, est encore active et contribue largement à la forte attrition russe depuis le début du conflit. Et, comme on l'a dit avant, une artillerie est avant tout efficace sur des cibles concentrées et à découvertes. Or, vu la physionomie du conflit, les russes sont mécaniquement bien plus souvent concentrés et à découvert que les ukrainiens, ce qui explique qu'en dépit de l'affirmation de l'article, on a peu de preuves de cartons massifs de l'artillerie russe sur des cibles ukrainiennes. "The Ukrainian forces have orders to stay in their position and to hold the line. That only makes sure that Russian artillery strikes will destroy them." -> Pareil, on est en plein wishful thinking. Les ukrainiens tiennent la ligne car ... les russes ne parviennent pas à avancer sur la majorité du front. Vu ce qu'on a vu depuis le début de cette guerre, les prédictions MadameIrma-esque sur la destruction prochaine des forces ukrainiennes est ... douteuse ? Je n'évoque même pas "l'ordre de tenir" qui essaye de sous-entendre que l'E-M ukrainien enverrai ses troupes se faire décimer, ce qui est cocasse quand on voit le mépris absolu dont fait preuve la Russie pour la vie de ses soldats. "The order was given because the 'west' has pushed the Ukrainian president to not make peace with Russia. The consequence will be the assured destruction of the Ukrainian military." -> Bon là on sombre complètement dans la théorie du complot avec le grand méchant oncle Sam qui forcerai (de quelle manière d'ailleurs ?) des ukrainiens réticents au combat à se faire exterminer au nom de sombres desseins géopolitiques. Honnêtement, quoi qu'on puisse penser du conflit, je ne vois pas comment quelqu'un de sain d'esprit peut encore douter de la volonté propre du peuple ukrainien à se battre après 75 jours de guerre qui ont montrés un degré d'unité et de patriotisme côté ukrainien rarement vu dans l'histoire. La suite de l'article est un mélange de citations de Clausewitz et d'autres auteurs sur l'importance de l'artillerie dans la guerre moderne (sans déconner ? merci Captain Obvious) avec des témoignages anecdotiques de militaires ukrainiens qui disent en gros "c'est dur, on se fait bombarder en permanence" et "on veut plus d'artillerie de la part des occidentaux". Que de découvertes qui remettent en cause notre compréhension de la situation actuelle ! La dernière partie est du même acabit avec un repompage des communiqués du MinDef russe dont la fiabilité légendaire n'est plus à prouver et ferait presque passer la propagande du MinDef ukrainien pour une source valable (ce qui n'est pas le cas non plus, hein). La toute fin, théorie du complot et wishful thinking bis : "It is the 'west' that is preventing Zelensky from suing for peace. The 'west' has fallen for its own propaganda. It believes that the Russian troops near Kiev were defeated by Ukrainian forces. In reality they retreated in good order after the diversion they constituted was no longer needed. The 'western' fairytale that they were 'defeated' gave hope that Russia could be 'weakened', as the U.S. Secretary of State said. The war will hardly 'weaken' Russia. But the war will destroy the Ukrainian military and many, many of its men." -> la fameuse histoire de la "diversion russe sur Kiev" (qui peut croire ces conneries débunkées 36 fois ?), la Russie qui sortira encore plus forte de la guerre, l'Occident qui manipule Zelenski, ect. Bref, je ne pense pas avoir besoin d'en rajouter, ce torchon propagandiste ne vaut absolument rien et n'apporte aucune information nouvelle à notre compréhension du rapport de force.
  20. Je sais que l'habit ne fait pas le moine mais rien que la gueule du site qui fleure bon le skyblog amateur des années 2000 n'inspire pas spécialement confiance de toute façon. Mais pour en revenir à l'artillerie russe : Oui, ils ont incontestablement plus de tubes. Et oui, ça doit entraver (avec la supériorité aérienne de concert) la capacité des ukrainiens à se concentrer. C'est d'ailleurs pour ça que les ukrainiens, intelligemment, emploient une défense flexible qui 1) s'accroche à tout ce qui est un peu protégé de l'artillerie (tranchées, tissu urbain, ect.) 2) évite les concentrations trop fortes, avec une faible densité qui évite les cartons d'artillerie. A l'inverse, les russes, puisqu'ils attaquent, sont bien obligés à un moment donné de former des schwerpunkt pour casser les lignes. En plus, comme le montre l'exemple de ce BTG réuni sur l'espace d'un terrain de foot, même en position d'attente, les besoins logistiques obligent souvent à rassembler les véhicules en ordre serré, même en dehors des opérations offensives. Or, si l'artillerie ukrainienne arrive à monter en gamme tant en terme de nombre de tube que de portée/précision, ça peut devenir touchy pour les russes qui vont devoir se diluer.
  21. A mon avis le chiffre des pertes "cachées" est plus haut actuellement. Quand la plupart des pertes sont des colonnes de blindés détruites en pleine pampa avec des civils qui se baladent autour c'est assez facile à filmer. A l'inverse, avec une guerre qui se transforme en match de tennis géant à base d'artillerie de part et d'autre d'une ligne de front relativement statique, le taux de perte "montrable" baisse mécaniquement, hors frappe de drone filmée. EDIT : Je parle surtout des pertes russes. Pour les pertes ukrainiennes, honnêtement on en sait rien. Les mecs évitent évidemment de filmer les carcasses de leurs blindés, les russes filment beaucoup moins, ect. Par rapport aux pertes compilés par Oryx je pense que ça peut se situer n'importe où entre 1,3x et 2,5x plus.
  22. Excellent papier que je conseille à tout le monde de lire. Deux points importants selon moi : 1) La Russie ne pourra pas déclarer une victoire le 9 mai. Au lieu de ça, cette date symbolique marquera sans doute le passage à une phase de mobilisation globale de la société russe, avec peut-être l'utilisation officielle du mot "guerre". Ca concorde avec la réorientation de la communication à usage domestique de l'état russe et des ses faux-nez depuis la mi-mars. Le narratif russe lors du début de l'opération était de présenter cela à son opinion publique comme une guerre très limitée dans le temps et le niveau de violence, d'où l'usage du terme "opération spéciale", avec l'idée de présenter un "fait accompli" à la population, sur le modèle du coup de force en Crimée. Face à l'échec de l'offensive initiale, les russes avaient deux choix devant eux à la mi-mars : la désescalade ou la surescalade, ils ont clairement choisis la surescalade, et se préparent désormais à une guerre longue. 2) Cette guerre longue à venir implique de faire passer l'économie du pays en mode "économie de guerre". C'est d'autant plus vrai que le niveau de perte et de consommation de munitions ne permettent pas de vivre très longtemps sur les réserves pour un certain nombre de vecteurs critiques, à commencer par les missiles stratégiques dont les stocks semblent très bas après 2 mois de guerre. Or, les sanctions économiques rendent l'approvisionnement en composants électroniques occidentaux très compliqués. L'article démontre bien à quel point l'industrie militaire russe est dépendante de l'occident à ce niveau, et combien leurs missiles, blindés et avions en sont truffés. Les sanctions sont donc non seulement un défi économique mais aussi militaire, et il semble que la direction russe en a tout à fait conscience. Le papier explique que le FSB met les bouchées doubles depuis 1 mois pour créer des lignes d'approvisionnement parallèles à travers des pays "neutres" (l'Inde en tête), particulièrement sur les composants à double usage (civils et militaires) qui sont plus durs à tracer et à mettre sous embargo strict sans créer de crises diplomatiques. Bref, les services occidentaux vont avoir du boulot pour empêcher la Russie d'accéder à ces composants stratégiques sans se brouiller avec les pays neutres.
  23. Ce que j'aime bien avec les tentatives de damage control russes c'est que leur scénario officiel les fait encore plus passer pour des branquignoles que le scénario ukrainien. En gros, d'après les russes, leur navire amiral aurait sombré tout seul du fait d'un incendie inopiné et mal contrôlé alors que le bateau naviguait avec seulement la moitié de ses effectifs en zone de guerre, dont beaucoup de conscrits. Je sais pas trop si c'est plus glorieux que d'admettre que le Moskva a été coulé par un missile.
  24. Je suis totalement ignorant de la chose industrielle mais ça me semble ahurissant qu'un centre où l'on manipule des manières inflammables en "grande quantité" (pas une éprouvette quoi) et qui possède en plus une importance stratégique ne soit pas au top de ce qui se fait en terme de norme anti-incendie, que ce soit dans la structure du bâtiment ou dans les équipements de sécurité.
  25. Oui, ça commence à faire beaucoup d'installations "sensibles" qui crament en pas longtemps en Russie. Bon après, on connait la loi des séries, un hasard n'est pas à exclure non plus. Par contre je suis impressionné par la "puissance" de l'incendie, on parle pas d'un petit départ de feu.
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