Aller au contenu
AIR-DEFENSE.NET

CortoMaltese

Members
  • Compteur de contenus

    1 695
  • Inscription

  • Dernière visite

  • Jours gagnés

    31

Tout ce qui a été posté par CortoMaltese

  1. Percé me semble être un grand mot. Il n'y a pas de percée au sens propre si on applique une définition stricte : la création d'une faille dans le dispositif adverse et l'absence d'unités organisées ennemies sur une certaine largeur de l'axe de pénétration. Ce n'est pas le cas ici, partout, dans toutes les directions, il y a des unités russes qui se battent et tiennent les nombreuses positions défensives échelonnées en profondeur. Nul part les ukrainiens n'ont le champs libre pour débouler. Ce qu'on a vu depuis 2 mois c'est le retrait progressif des russes derrières Robotyne face à la poussée ukrainienne. L'inconnue étant le taux d'attrition exacte, l'état de fraicheur des deux camps, les stocks de munitions disponibles, et les réserves réellement mobilisables à courte échéance. Après, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais si je devais donner mon "ressenti" sur les perspectives ukrainiennes dans le coin, disons à échéance de fin octobre, je verrai ça comme ça. Percée générale : Melitopol et/ou Mer noire en vue : 5% Prise de Tokmak "propre" et rapide après une percée/retrait russe : 15% Arrivée aux abords de Tokmak après un long combat attritionnel : 25% Arrêt à 5km des positions actuelles (disons pas au délà de Solodka Balka dans la direction sud) : 25% Arrêt sur la ligne actuelle : 15% Contre-attaque russe : 15%
  2. L'Etat russe est homophobe. Les lois sur la "protection de la famille" et autres directives pour interdire la "propagande homosexuelle" (i.e. la représentation de personnages gay/lesbiens à la télé et au cinéma, en gros) s'enchaînent depuis 10-15 ans, et participent au projet de Poutine de donner un vernis "orthodoxe tradi" à une société pourtant largement sécularisée. En Ukraine, l'évolution est inverse. C'était ce que je voulais souligner.
  3. Sur la question spécifique des droits LGBT, il n'empêche que l'Ukraine évolue plutôt dans le bon sens, et les mentalités changent. Tout l'inverse de l'évolution suivie par la Russie au passage. L'engagement de nombreux soldats LGBT au front y contribue notamment beaucoup puisqu'elle "prouve" à ceux qui en doutaient qu'un gay n'est pas forcément une mauviette efféminée incapable de défendre son pays. Sans parler de la question du sort des époux/ses des soldats homosexuel/les en cas de décès de leur conjoint. Faute de statut légal, les conjoints ne peuvent ni percevoir la pension qui revient normalement au conjoint d'un soldat tué, ni même d'ailleurs aller reconnaître le corps à la morgue. La médiatisation de ce genre de cas ont soulevé pas mal d'émoi dans la société Ukrainienne. Mais sinon je suis totalement d'accord avec toi. Des deux côtés on observe un florilège de symboles contradictoires renvoyant souvent à des mémoires largement incompatibles formant des syncrétismes bizarres. Ça témoigne au fond très bien de la déshérence mémorielle de la plupart des sociétés post-soviétiques qui tentent de se reconstruire des identités nationales et historiques à partir d'un matériau de base hétéroclite et mal digéré. Et comme tu le soulignes très bien, c'est au fond assez secondaire par rapport aux actes lorsqu'il s'agit de distribuer des brevets de respectabilité
  4. L'emploi du terme narratif n'était pas dépréciatif, tu peux remplacer le mot par "discours" ou "position". De même, le fait que ce narratif te préexiste est un fait, tout comme le mien. Ça ne fait pas de nous des moutons. Ce n'était ni une critique ni le centre de mon propos et je suis désolé si tu l'as perçu ainsi. Le centre de mon propos c'est : l'élargissement de l'OTAN, c'est des pays qui demandent et une organisation (largement dominée par les usa mais avec un droit de veto de tous les membres) qui dit oui. On peut insister sur le choix de l'organisation de dire oui, mais le problème des positions critiquent cet élargissement est bien souvent qu'elle oublie totalement la partie "ce sont des pays qui demandent", et ne cherchent souvent pas non plus à comprendre le pourquoi de ces demandes. Ça abouti souvent à une vision déformée du processus, comme si les USA en étaient le moteur initial, alors qu'ils ont bien souvent eu à répondre à la demande d'autrui.
  5. On aurait des éléments de la 76e Division aéroportée de la garde (VDV) qui auraient été retirés du front de Kremina pour être réinjectés sur l'axe Robotyne-Tokmak. C'est le premier transfert majeur de ce type. Pour moi ça confirme deux choses : 1) qu'en l'absence de réserve, et malgré toutes les calamités qu'a subit cette offensive ukrainienne, elle n'est peut être pas très loin de percer contre les unités qu'elle a actuellement en face d'elle. 2) Mais que justement, la Russie a encore beaucoup de réserves disponibles sur d'autres fronts à rameuter si besoin, et que toutes les élucubrations qu'on lit sur Twitter sur l'épuisement éventuel de la 58e CAA oublient systématiquement qu'il y a ce qu'il faut ailleurs pour la soutenir/suppléer si nécessaire. Ce qui me pousse à rester globalement très pessimiste sur la capacité des ukrainiens à obtenir quoi que ce soit de décisif d'ici la fin de l'été dans le sud.
  6. Ce que je te dis, c'est que le narratif l'OTAN "s'est étendue à l'est" que tu reprends globalement, c'est un narratif qui nie totalement l'agentivité des pays d'Europe de l'Est, qui sont traité comme une espèce de terre vierge et anhistorique sur laquelle une entité tierce (l'OTAN) aurait pris le pouvoir. La réalité, c'est que TOUS LES PAYS situés entre l'Allemagne et la Russie, à l'exception de la très particulière Biélorussie, ont cherché une adhésion à l'OTAN et à l'UE, le plus souvent avec un très très net assentiment de leur population. Il y a donc un mouvement autonome, volontaire et souverain des pays d'Europe centrale et orientale vers une intégration "euro-atlantique" avec un pilier politico-économique qu'est l'UE, et un pilier sécuritaire qu'est l'OTAN. C'est ce mouvement historique amorcé en 1991 d'arrimage volontaire de l'Europe de l'est à l' "occident" qui est le coeur du problème pour la Russie. Contrairement à l'Occident, toute la zone d'influence que s'était constituée la Russie tenait essentiellement par la force, et dès que cette force a disparu à partir de 1989, cette zone d'influence s'est évaporée d'elle même avec des pays qui sont allé toquer à l'Ouest. Le drame de la Russie c'est ça : son incapacité à se constituer une zone d'influence par son soft power économique et culturel. Son incapacité à devenir un pôle attirant auquel se greffent volontairement des pays tiers. Et puisque malgré tout elle n'a pas renoncé à son ethos impérial, et bien ses seuls outils pour restaurer son "empire" sont la déstabilisation, la menace, et l'invasion. Alors on peut dire que, pour ne pas froisser Moscou, les USA et l'Europe de l'ouest auraient du s'opposer à ce mouvement historique profond. On peut défendre qu'ils auraient du dire à l'Europe de l'est "ok, vous vous voulez de nous, mais nous on ne veut pas de vous". Ca peut s'entendre même si je ne suis absolument pas d'accord. Mais en tout cas il faut vraiment arrêter avec cette vision surplombante d'une OTAN qui "s'étend" comme une flaque d'eau se déverse dans un réceptacle inanimé. Ce sont avant tous des pays souverains qui ont demandé à la rejoindre en estimant que c'était la meilleure option pour eux. Et ce choix découle systématiquement d'une peur plus ou moins diffuse de voir revenir la menace russe un jour ou l'autre. Le point de départ de toute la discussion qu'on peut avoir sur l'élargissement de l'OTAN depuis 1999 devrait être là, à mon humble avis.
  7. La défense du territoire russe menacé ? La Russie possède l'arme atomique, elle ne craint absolument rien à l'intérieur de ses frontières. Pareil pour le reste, pourquoi les gens arrêtaient d'investir en Russie si l'Ukraine était rentrée dans l'OTAN ? Pourquoi ses élites fuiraient tout un coup ? Mystère et boule de gomme. A priori, la capacité d'un pays à éviter la fuite des cerveaux et à attirer les capitaux étrangers est intimement à : sa stabilité, sa compétitivité, sa croissance économique et les opportunités qui y existent. Autant de chose que la politique étrangère de Poutine ont réduit. La Russie a connu sa pire fuite de cerveau depuis les années 90 depuis le début de la guerre. Quant aux investissements étrangers... no comment.
  8. Il y a des images des débris sur Telegram. J'imagine qu'on aura aucun mal à déterminer le modèle à partir de ça.
  9. Un truc qui ne cessera jamais de m'étonner est l'âge des combattants des deux côtés. Je viens de voir passer une photo de 4 pow russes (que je ne reposte pas pour cette raison), ils ont tous plus de 40 ans, plus de 50 peut-être même pour 2 d'entre eux. Probablement des mobilisés. Pareil côté ukrainien, si vous allez voir le compte Instagram du photographe Libkos (https://instagram.com/libkos?igshid=NjIwNzIyMDk2Mg==), dont le travail est exceptionnel, on est frappé par le nombre de soldats d'âge mûr voir très mûr dans les rangs. Vous me direz que la démographie des deux pays l'explique très bien, mais ça reste toujours étonnant comparé à la norme historique.
  10. Le seul et unique tort de l'OTAN est d'être attractive. Le tort de la Russie est d'être un repoussoir quasi total et de ne pas l'accepter, tentant de remplacer son absence de soft power par des colonnes de T-72 et des nuées d'obus pour se reconstituer par la force la zone d'influence qu'elle s'imagine être en droit d'exiger.
  11. Il n'y avait pas aussi une histoire comme quoi les russes auraient profité de la rotation des unités ukrainiennes pour attaquer ?
  12. J'en était resté à la dernière synthèse de Poulet Volant (avant-hier de mémoire dans la zone) qui ne montrait pas de gros changements autour de Koupiansk (Sinkivka toujours ukrainienne malgré les rumeurs) mais s'il y a du nouveau je suis preneur ?
  13. Tout dépend ce que tu entends par "les polonais". Il y a un limite au cynisme et à la Realpolitik. Evidemment que le gouvernement polonais aide l'Ukraine à dessein, et en fonction de ses propres intérêts sécuritaires bien compris. Il n'en demeure pas moins qu'il a aussi fait preuve d'une générosité admirable vis à vis des millions de réfugiés ukrainiens qui ont afflué vers le pays, et cette solidarité ne fut possible que parce que la population polonaise elle même a été solidaire avec les ukrainiens et était prête à faire l'effort (et d'ailleurs la société civile polonaise s'est énormément mobilisée dans le chaos des premiers jours pour aider les réfugiés). Donc dire que les polonais en tant que peuple n'en n'ont rien à faire des Ukrainiens me gêne un peu. Surtout que quand les polonais sont hostile à une certaine immigration, il le font à l'inverse savoir... plutôt bruyamment disons.
  14. Totalement. Il faut les deux. La volonté et le sang peuvent compenser un peu le manque de matériel, et un matériel très supérieur peut compenser un peu un moral inférieur, mais dans les deux cas il faut à la fois une solide volonté de débattre, du troufion à la tête de l'état, et le matos qui permet de le faire.
  15. 3 canons ? Je crois que tu te figures assez mal les volumes dont on parle. Aujourd'hui on est à 600 tank, 600 IFV, 3500+ APC/IMV divers, 450 Canons d'artillerie tracté, 350 canons d'artillerie automotrice, 100 MLRS. Je passe sur l'AA, les hélicoptères, les avions, etc. Et surtout les munitions. Tu crois vraiment que l'Ukraine aurait pu tenir sans les plus d'un million d'obus livrés ? Sans la disruption logistique provoquée par l'arrivée des Himars au début de l'été dernier ? Ça n'enlève rien au sacrifice ukrainien que de dire que sans cette aide, tout le courage du monde n'aurai pas suffit sur le temps long. Je ne comprends pas l'origine de ce négationnisme de l'utilité de l'aide occidentale.
  16. Mouais les doctrines ont bon dos. La guerre telle qu'elle est pratiquée ne. correspond à aucune des doctrines pour lesquels les matos aujourd'hui sur le terrain ont été conçu. Ni les 2S3 ni les M109 n'ont été pensé pour contrer des Lancet, ni les BMP ni les Bradley n'avaient vocation à affronter des tranchées digne de la WW1, etc. Globalement, sans le soutien occidental, l'Ukraine se serait probablement effondré militairement quelque part dans la 2e moitié de 2022. Sans obusiers occidentaux, sans himars, sans les milliers de véhicules blindés de tout type (certains ex sov beaucoup occidentaux), la supériorité du nombre côté russe aurait fini par payer.
  17. Pour moi Wagner en Afrique va subsister. La hiérarchie va juste changer. Je doute que les mercenaires en Afrique (en Ukraine c'est différent) en aient grand chose à cirer de savoir qui les paye.
  18. Clairement. La flotte ukrainienne obéi à une logique de "flotte en vie" : tant qu'elle existe, elle fait pose un problème à la Russie. A côté elle occupe aussi un rôle croissant qui consiste à lancer les munitions complexe que l'Occident lui fourni. Or, pour que la flotte ukrainienne ai un avenir, elle ne peut pas s'appuyer indéfiniment sur un nombre limité et non extensible de vieux avions soviétiques dont le potentiel doit fondre à vue d'oeil et avec un nombre de pièce de rechange limité. Donc à terme, l'Ukraine n'a pas le choix que de passer sur du matos occidental que ses soutiens peuvent effectivement approvisionner en pièce de rechange. Par ailleurs, même si les F-16 MLU ne sont clairement pas ce qui se fait de mieux, ça reste un upgrade appréciable par rapport aux SU-27 non modernisés. Surtout si l'occident fourni un nombre raisonnable d'AIM-120.
  19. De toute façon, vue la densité de défense AA sur le sol russe, je doute que les Ukrainiens s'y seraient risqué même s'ils en avaient eu le droit
  20. Ils ne sont pas dans un pays en guerre, ils sont dans un pays qui fait la guerre chez les autres. Les Ukrainiens sont dans un pays en guerre, eux. Les déchets humains qui rigolent de la mort de cette gamine n'ont aucun risque de voir leur nation disparaître, et la probabilité que leur maison où celle d'un proche soit rasé par des bombardements est probablement inférieure à celle de se faire frapper par une météorite. Ils sont à peu prêt autant en guerre que ne l'était le peuple américain au Vietnam, c'est à dire très peu.
  21. On ne parle pas d'un obscure forum où 4 ultra nationalistes avinés divaguent sur leur haine des arabes. On parle de 60k personnes sur un groupe Telegram qui en compte 160k. Par ailleurs, je peux """"""""""comprendre""""""""" (avec les énormes guillemets de rigueur) que quelqu'un de persuadé que les réfugiés vont islamiser le pays et créer une guerre civile en vienne à se satisfaire quand ces derniers meurent en mer : ils ont essayé de l'""""""envahir""""""", et leur mort est """"""""utile""""""" car ça en fait toujours un de moins qui n'arrivera pas sur le territoire. Mais là même pas, ce sont eux qui envahissent l'Ukraine, et la mort de cette fillette ne les y aide même pas. Un fervent de la cause pourrait te dire que c'est un drame nécessaire, un dommage collatéral malheureux au sein d'une guerre qui n'en est pas moins juste pour autant. Mais ici même pas. C'est juste de la jubilation morbide de savoir qu'une fillette de 6 ans appartement au "camps" des sous-hommes d'en face qu'on tente de mater s'est faite oblitérée de la surface de la terre.
  22. Ca ne devait pas être une guerre. C'est une opération spéciale qui a salement dérapée, comme le montre très bien Dimitri Minic dans le dernier chapitre de son "pensée et culture stratégiques russe". Pour moi la seule vraie menace hors Ukraine/Biélorussie/Moldavie ce sont les pays baltes. Poutine ne fera évidemment rien si l'OTAN est uni. Mais dans l'optique ou un succès en Ukraine aurai entraîné une implosion de l'unité occidentale et avec un président US qui lâche le bateau européen, je l'aurai bien vu tenter un coup d'opportunité là bas, moins pour les réintégrer à la Russie stricto sensu (ce ne sont pas des Slaves) que pour les contraindre à une neutralité bienveillante, relier l'"île" de Kaliningrad et se donner un peu d'air en mer Baltique.
  23. A mon avis ça reste assez vrai côté russe. Les Ukrainiens ont d'autres défauts : incapacité maladive à accepter de céder du terrain car c'est le sol national, besoin de vendre de la bonne nouvelle et de l'espoir pour maintenir le soutien occidental (la survente 6 mois à l'avance de la "grande contre-offensive qui va reprendre Melitopol" reste à ce niveau l'exemple typique de l'effet boomerang que peut avoir la chose quand finalement ça marche pas)
×
×
  • Créer...