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Tancrède

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Messages posté(e)s par Tancrède

  1. 2 hours ago, Alexis said:

    Attends, il y a encore mieux ! Chaque année on découvre en France quelques tonnes de nouvelles armes chimiques, on a même construit une usine spécialisée pour pouvoir les détruire proprement

    Ça ce n'est pas du terrorisme djihadiste, d'extrême-truc ni même anglo-saxon. L'identification des auteurs est en cours, le mystère reste entier jusque-là... sauf si tu as une petite idée à proposer :happy: ?

    Angela ? T'es où Angela ? Mince, elle a repris l'avion pour Berlin schnell schnell schnell je me demande bien pourquoi :tongue: ?

    Là, tu fais de la germanophobie, c'est mal et discriminatoire: tu vas te faire attraper..... Ah, non, c'est bon de nos jours: les Allemands ne sont pas une catégorie protégée, donc tu peux dire toutes les horreurs que tu veux sur eux. Cool, on peut se lâcher sur les fridolins. Comme le disait courageusement un ex-voisin, éminent résistant de la première heure.... De l'an 46: "dehors les boches". 

  2. Note: ce sujet est pour l'instant dans le registre "criailleries", mais pourrait assez vite avoir un upgrade et aller sur le fil USA "sérieux", voire sur un sujet générique existant ou nouveau.

    Mark Zuckerberg, le patron-créateur de Facebook, était interrogé par une commission d'enquête au Congrès aujourd'hui, et on voit des lignes de bataille se dessiner dans les débats sur la propriété des données individuelles, le droit à la vie privée et la liberté d'expression. Un peu attaqué par certains élus, Zuckerberg n'a pas vraiment brillé, notamment quand il a été interrogé sur la douteuse neutralité politique de son site (et la définition très politiquement malléable du "discours d'incitation à la haine" ou encore le harcèlement indirect de certaines opinions), mais plus encore, sur la nature juridique de Facebook. Quand la question lui a été posée de dire si Facebook était une plate-forme ou un média (au sens d'une publication), il a directement répondu que c'était une publication, ce en quoi son avocat s'est empressé de le prendre à part pour le corriger (trop tard). C'est un point que le géant des médias sociaux va devoir désormais sérieusement aborder, ne pouvant plus exister dans le flou. La question est tout sauf anodine: si Facebook est une publication, alors TOUT ce qui y est écrit est de sa responsabilité, texte, photos, vidéos, dessins.... Si quelqu'un est pas joasse avec même un détail, Zuckerberg est responsable et un procès est possible, ce qui, vu le volume de publication, rendrait la société non viable en deux temps trois mouvements. Mais s'il est une plate-forme, le site ne peut jouer les éditeurs hors de quelques grandes lignes définies dans les lois, notamment celles liées à la liberté d'expression (1er Amendement) qui limitent la censure à certains trucs consensuels et évidents comme l'incitation directe à la violence (mais il reste beaucoup de moyens réglementaires et techniques de tricher avec ça). Jusqu'à maintenant, les médias sociaux ont pu exister dans un flou juridique entre les deux définitions, avec un très faible effort de l'Etat pour essayer de regarder de près. La situation a changé, mais il n'en reste pas moins que, surtout dans les dernières années, les grands sites sont devenus de plus en plus ouvertement activistes et tout sauf neutres politiquement, outre leurs menus problèmes sur les sujets comme l'exploitation des données privées et le datamining sans restriction (bien au-delà du mandat induit par les conditions d'utilisation.... Ce texte qu'aucun humain n'a jamais lu avant de cliquer "j'accepte"). 

     

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  3. Normal, il sait lire les chiffres et les tendances: non seulement la vague démocrate est de plus en plus probable en novembre (et, à moins d'un changement cataclysmique, la Chambre sera perdue pour le GOP; pour le Sénat, c'est encore jouable), mais plus près de chez lui, il semble qu'il n'ait pas beaucoup de chances dans sa propre circonscription, face à un représentant syndical dont la moustache est désormais une célébrité locale (surnom: "the Iron 'stache"). Donc il fait semblant de se retirer de lui-même sous le prétexte habituel: "rien ne dure dans la vie, et j'ai envie de passer du temps avec ma famille". Y'en a qui croient que ça sauve la face. 

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  4. On 4/7/2018 at 8:12 AM, collectionneur said:

     

     imposée aux donneurs d’une des principales banques du sperme de Pékin, dans un contexte de raidissement idéologique en Chine.

     

    Désolé. Puéril. Pas pu m'empêcherde noter le champ lexical à thème de la phrase.... 

     

    Mais tous les conservateurs le savaient: le communisme, ça s'attrape par les parents. 

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  5. Le problème du Brésil est beaucoup moins racial qu'économique et social (et dans ce contexte économique et social, il y a ensuite une composante raciale héritée de l'histoire) lié à un système qui a fondamentalement peu évolué depuis les origines, à savoir une féodalité coloniale. Une relative démocratisation et l'ère industrielle ont favorisé un certain niveau de développement et de mobilité sociale pour une portion de la population, mais le sommet de la pyramide reste globalement inchangé dans sa composition (en tout cas, il change trop peu) et surtout dans sa mentalité et ses comportements, et la "classe professionnelle", ou les "classes moyennes" plus généralement, sont trop petites en proportion de la population, et souvent trop promptes à singer à leur échelle les comportements du "haut", pour que le reste de la population ait au moins l'espérance d'un progrès. Ils sont de fait dans une situation de "perpétuel XIXème siècle": mentalité de caste en haut, avec des aspects purements féodaux en particulier dans les zones rurales (grands propriétaires, "patrons de droit divin"....), effectifs gigantesques qui galèrent, entre campagnes très difficiles et prolétariat urbain énorme et congestionné dans un habitat inadapté, avec entre les deux mondes des classes moyennes trop petites et dont une partie galère pas mal, ou pire encore, est trop proche de la galère pour ne pas haïr ceux qui la vivent. Les services publics sont souvent trop limités, dysfonctionnels, corrompus, et les abus du "haut" souvent trop manifestes. Comment s'étonner que le cocktail qui en résulte soit détonnant à la minute même où la croissance cesse d'être assez soutenue pour créer assez d'activité et au moins l'espoir qu'il y a un peu plus de places au soleil? 

    La chose qui continue à me surprendre est le fonctionnement de la justice brésilienne, au moins au niveau de la lutte anticorruption qui a lieu depuis le début de cette crise: chapeau, honnêtement! Non seulement déterrer ce cadavre et trouver les autres, mais en plus pouvoir continuer à le faire sur une si longue période, il y a là de la solidité institutionnelle. 

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  6. On 3/27/2018 at 1:37 PM, Alexis said:

     

    Did a white cis hetero penis-haver interrupt her gender studies lecture?

    ... euh, @Boule75... c'est toi qui l'a ouverte :unsure: ?

     

    Je rappelle en passant cet extrait de “Epistemic Privilege and Victims’ Duties to Resist Their Oppression” par Ashwini Vasanthakumar publié dans le Journal of Applied Philosophy 2016, p. 4 :

     

    Oui, si vous interrompez quelqu'un - et si vous êtes un homme hein - c'est aussi grave ou du moins aussi vicieux que de torturer quelqu'un. L'oppression n'a pas de bornes...

    Surtout qu'on sait bien que le manterrupting dégénère souvent en mansplaining (donc par définition pire que la torture.... Mais moins que le womansplaining?), et de là, les portes du manspreading sont grandes ouvertes (si j'ose dire)..... Dans quel monde vivons-nous. 

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  7. 13 minutes ago, Alexis said:

    Le journaliste Daniel Larison a publié 7 questions pour Mohammed ben Salman, qu'un interviewer qui ferait son métier pourrait poser au prince héritier et homme fort de l'Arabie saoudite.

    Bien sûr, ces questions ne lui seront pas posées. Aucun journaliste digne de ce nom ne peut être autorisé à interroger le prince, et de toute façon la plupart des grands médias projettent une image positive du jeune "réformateur" et "modernisateur".

    Les questions mettent en cause cette image et montrent la réalité derrière la communication de Ben Salman :

    • Famine organisée pour des millions de Yéménites
    • Répression et exécutions pour les chiites saoudiens
    • Torture pour les victimes de purge
    • Embargo raté contre le Qatar
    • Guerre ratée contre le Yémen
    • Attaques aériennes systématiques contre la production et la distribution de nourriture au Yémen
    • Interdiction des autres religions que l'islam et enseignement de la haine contre leurs croyants

     

    L'erreur de M. Larison est de croire qu'il y a encore des journalistes dans le jeu. Lui n'aura jamais accès au personnage, et à aucun autre auprès de qui des questions brûlantes et utiles doivent être posées, et s'il avait cet accès, il ne poserait pas ces questions; ça en fait un théoricien. Des journalistes qui ont à la fois les couilles, la possibilité/l'accès et les bonnes questions.... Sont une espèce qui n'existent que dans les séries télés et films. 

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  8. Politiquement (et du coup, géopolitiquement) significatif: la grande ligne de partage, voire de division, de la société américaine, repose nettement moins sur un ou des sujets politiques donnés que sur l'identité politique, le camp, l'équipe, d'appartenance, un phénomène qui existe toujours et partout à un niveau ou un autre, généralement assez bas, mais qui n'a fait que se renforcer aux USA au point d'atteindre des seuils inquiétants, sans doute renforcés par les nouveaux médias qui accélèrent et intensifient la tribalisation d'une société vaste et complexe en favorisant ses tendances à la division, en permettant à chacun de se faire sa bulle informationnelle particulière, en poussant plusieurs crans plus loin l'atomisation naturelle du paysage médiatique du pays (trop grand, divers et peuplé pour réellement s'en tenir à un nombre réduit de médias absolument dominants).... 

    https://theintercept.com/2018/04/03/politics-liberal-democrat-conservative-republican/

    J'en ai déjà parlé sur ce topic, mais la polarisation américaine est une réalité qui se retranscrit dans bien des domaines, de la famille aux produits de consommation en passant par les sports préférés et, évidemment, la politique. L'étude sur laquelle repose l'article pointe à l'aspect avant tout identitaire du phénomène: on se rattache à un camp désormais bien plus qu'on ne se fixe sur un sujet politique donné, ou de quel côté de la barrière on se trouve sur ce sujet politique. Cela renvoie essentiellement aux "culture wars" qui définissent plus que beaucoup d'autres choses l'Amérique d'aujourd'hui, et qui pèsent bien plus dans l'appartenance et la décision de vote que l'opinion sur un sujet ou un autre, ou un groupe de sujet; techniquement, cela peut vouloir dire qu'un type votera républicain ou démocrate même s'il est en grande majorité plus d'accord avec les propositions particulières du camp opposé (les sujets comptent encore, évidemment, surtout certains particuliers qui polarisent et identifient plus ou moins absolument le camp politique -avortement, armes à feu). Et c'est une tendance générale qui s'est renforcée dans la décennie écoulée.

    Quote

    While support for same-sex marriage has increased, for instance, support for “interpolitical marriage” — specifically, Gallup asked adults about the prospect of their son or daughter marrying someone of a different political background — has actually gone down.

    But what if the source of this polarization has little do with where people actually fall on the issues, or what people actually believe in? What if people are simply polarized by political labels like “liberal” and “conservative” and what they imagine their opponents to be like more than they are by disagreements over issues like taxes, abortion, and immigration?

     

    Quote

     

    She found that the political identity people adopt was far more predictive of their preferences for social interaction.

    For instance, “moving from the least identified to the most identified with an ideological label increases preference for marrying inside the ideological group by 30 percentage points.” In other words, if you are a committed liberal, you’re much more likely to want to live next to other committed liberals. But if you just disagree strongly with them about a specific issue like abortion, not so much.

    She writes, “The effect of issue-based ideology is less than half the size of identity-based ideology in each element of social distance. … These are sizable and significant effects, robust to controls for issue-based ideology, and they demonstrate that Americans are dividing themselves socially on the basis of whether they call themselves liberal or conservative, independent of their actual policy differences.”

     


     

    Quote

     

    “I’m sort of making this argument that as you have multiple social identities that line up together, people hate their out groups more regardless of their policy positions.”

    She noted, for instance, that Americans who identify most strongly as conservative, whether they hold more left-leaning or right-leaning positions on major issues, dislike liberals more than people who more weakly identify as conservatives but may hold very right-leaning issue positions.

    THE LOOSE CONNECTION some voters have with policy preferences has become apparent in recent years. Donald Trump managed to flip a party from support of free trade to opposition to it by merely taking the opposite side of the issue. Democrats, meanwhile, mocked Mitt Romney in 2012 for calling Russia the greatest geopolitical adversary of the United States, but now have flipped and see Russia as exactly that. Regarding health care, the structure of the Affordable Care Act was initially devised by the conservative Heritage Foundation and implemented in Massachusetts as “Romneycare.” Once it became Obamacare, the Republican team leaders deemed it bad, and thus it became bad.

     

     

    Quote

    Mason believes the implications of such shallow divisions between people could make the work of democracy harder. If your goal in politics is not based around policy but just defeating your perceived enemies, what exactly are you working toward? (Is it any surprise there is an entire genre of campus activism dedicated to simply upsetting your perceived political opponents?)

    The fact that even this thing’s that supposed to be about reason and thoughtfulness and what we want the government to do, the fact that even that is largely identity-powered, that’s a problem for debate and compromise and the basic functioning of democratic government.Because even if our policy attitudes are not actually about what we want the government to do but instead about who wins, then nobody cares what actually happens in the government,” Mason said. “We just care about who’s winning in a given day. And that’s a really dangerous thing for trying to run a democratic government.”

     

    Quote

    Talking to each other about political stuff is sort of the worst solution ever, because all that’s going to do is activate our political identities, which cause us to dislike each other. 

     

    Suivant la proportion de la population qui entre dans ce schéma, ce peut être profondément inquiétant.... Notamment parce que ça arrive à la première puissance mondiale.... Et c'est aussi chez nous. 

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  9. 44 minutes ago, collectionneur said:

    @Libanais_75

    Ouais. RTL recycle les Dossiers du Paranormal. Il s'agit juste d'une erreur de cartographie comme la chaîne de montagne imaginaire en Amazonie. Il n'y rien sur les photo satellites dans la zone et les navires mexicains ont trouvé le fond de l'océan a 1500 m de profondeur. 

    Ooooo, t'arrêtes de faire ton sceptique qui sait tout mieux que tout le monde, hein?! C''est quoi la prochaine sur l'Amazonie? Tu vas nous sortir que les Cités d'Or existent pas? 

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  10. Suite à la reprise de la série Roseanne après un hiatus (initialement définitif) de plus de 20 ans, et à son score d'audience impressionnant (du jamais vu sur un network depuis facilement 10-15 ans avec plus de 20 millions de spectateurs), le microcosme médiatico-politique a commencé à s'agiter pour trouver des explications, le plus souvent celles qui arrangent ou confirment le plus les vues des uns ou des autres. C'est que la série n'est pas anodine politiquement: en son temps, elle reflétait le déclin de la classe moyenne "basse"/classe ouvrière dans l'Amérique reaganienne puis post-reaganienne des "flyover states", les sentiments de ces catégories à l'égard d'un parti démocrate tablant sur leur vote par habitude, et divers changements sociétaux. 20 ans après la fin de la série, sa reprise décrit une Roseanne trumpiste (au grand dam de ses enfants), tout comme l'actrice elle-même (progressiste notoire depuis longtemps, mais qui a publiquement "montré son majeur" à Clinton, aux démocrates et à la "politics as usual"). Certains (surtout côté conservateur)  lisent dans la série une fausse tentative d'excuser/comprendre/rallier une partie des électeurs trumpistes (cette classe ouvrière de fait.... Déclassée, qui a voté Trump pour des raisons de colère avant tout économique), d'autres (démocrates) s'interrogent ou pointent le doigt. Il faut dire que dans un paysage audiovisuel entièrement dominé par des productions dont le recrutement est de plus en plus idéologiquement homogène et politiquement contraignant, alors même qu'elles étaient depuis très longtemps déjà très marquées à gauche, la série fait tache. Pour être concret, aujourd'hui, tout ce qui s'apparente de près ou de loin au business de la production est non seulement hyper-idéologiquement "liberal", mais l'est de façon rageuse et intolérante, avec un agenda politique à imposer avec la délicatesse d'un propagandiste soviétique. Et la GRH s'apparente à un mélange des "mean girls" d'un lycée (ostracisme des déviants dans la profession, ridicule public, lynchages en meutes) et d'un comité d'épuration de n'importe quelle révolution historique. Il suffit de voir le ton général, les codes visuels et narratifs de la dernière décennie dans les productions ciné, mais surtout télé, pour constater la réalité de la chose, et l'évolution depuis 3-4 ans dans les nouvelles prods pour voir son accélération et son intensité.... Avec des résultats d'audience en conséquence: les nouvelles productions sont plus souvent clivantes pour les audiences, encensées par des critiques hyper-politisés (ou, comme on dit de nos jours, "woke", cad envisageant tout dans le monde sous un angle politique très influencé par l'endoctrinement reçu dans les universités: "diversité", intersectionalité, théorie critique....), et..... Réalisant des audiences assez modérées, déclinant rapidement dans une saison.... Et extrêmement concentrées sur les côtes (et dans des milieux sociaux, ethniques et socio-économiques très précis). 

    L'ère est certes à la tribalisation des audiences, et à une offre qui segmente et cible fortement, mais c'est un problème pour des networks qui visent plus, et ont régulièrement la preuve que de plus larges scores sont atteignables. Mais il est difficile de circonvenir un milieu ciné-TV entièrement "woke", hillariste et lourdement anti-Trump jusqu'au point de la rage quotidienne (constatée dans les comedy shows). 

    Ces faits renvoient cependant à ce qu'on a déjà pu évoquer ici et là en ce qui concerne la segmentation du pays en "bulles" informationnelles/médiatiques de plus en plus séparées, et, pour certaines, complètement abandonnées. Un sondage de Politico s'est penché sur la démographie de la profession journalistique: le pourcentage des journalistes en activité vivant dans un comté où Hillary Clinton l'a emporté en 2016 avec 30% de marge ou plus, était de 32% il y a 7 ans, et de 51% aujourd'hui. La chose correspond à un double mouvement: hyperconcentration croissante de la profession, et déclin/disparition des médias locaux. Il faut aussi souligner qu'il s'agit d'une proportion de la profession en général: les effectifs, surtout de médias locaux, étaient déjà, il y a 7 ans, en grand déclin. Bref, déjà tout sauf neutres politiquement, et idéologiquement marqués par leurs écoles de formation (les universités très à gauche, et dont beaucoup de cursus apprennent moins l'esprit critique qu'un credo politique), les journalistes vivent de plus en plus dans un nombre réduit de petites bulles hyper marquées politiquement, où ils pratiquent en plus (inconsciemment, mais aussi, assez souvent, consciemment) une censure à l'encontre des idées divergentes. Le niveau de revenus dans la profession (énorme au sommet, très peu en bas, avec un milieu en cours de disparition) n'aide pas non plus: il favorise la radicalisation, la médiocrité du recrutement, l'entrisme excessif, le conformisme, la crainte de sortir des clous.... 

    De fait, le marché de vastes parties du pays se vide sur le plan journalistique et artistique.... Et certains commencent à essayer d'occuper ces espaces que les médias semblent désormais regarder comme des terres étrangères, exotiques, voire hostiles, mais surtout, connaissent de moins en moins. La chose est néanmoins grave à l'heure d'internet: sur le marché de l'info, occuper ces espaces qui se vident n'est pas rentable (c'est pour ça qu'ils se vident avant tout), et l'info locale est mourante, même dans beaucoup de capitales d'Etat, ce qui favorise la corruption, mais surtout, nationalise beaucoup d'élections locales et laisse l'espace médiatique ouvert à divers cocktails de médias nationaux (retransmis sur des chaînes locales) et de contenu sponsorisé (essentiellement pubs et publi-reportages politiques, voire des infos payées par de grands acteurs politisés, comme le très conservateur Sinclair Group, qui est devenu de très loin le premier réseau de médias locaux et centralise beaucoup de sa production à agenda politique chargé). 

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  11. Pour faire suite à mon dernier post sur les réalités (très différentes des apparences) de la March for our Lives.

    Les Américains semblent beaucoup plus prêts à sortir manifester que dans les décennies précédentes (sondage NBS/WSJ de ce mois): 57% se disent suffisamment énervés par un sujet ou un autre pour sortir et râler, là où 40% disent non. Evidemment, vu les conditions, les cultures politiques et le pouvoir en place, la chose n'est pas équitablement répartie:

    - 69% des démocrates se disent prêts à le faire, et 29% ne le sont pas

    - 50% des républicains sont prêts à manifester, 48% pas

    Evidemment, sur les chiffres de ceux prêts à aller manifester, il faut compter une proportion variable de gens qui disent oui, mais ne se bougeraient jamais concrètement le cul si ça demandait un effort, si ça cadrait pas avec leur emploi du temps, si la manifestation réellement planifiée ne cadrait pas, pour une raison ou une autre, avec certains de leurs critères.... Les chiffres du "non" sur de tels sujets, tendent à être plus proches de la réalité. 

    Plus révélateurs: quels sont les sujets qui feraient sortir les Américains de chez eux?

    - pour les démocrates, ce sont les sujets d'égalité raciale et ceux liés au changement climatique

    - pour les républicains, ce sont ceux liés aux frontières et à l'immigration, d'une part, et ceux liés aux droits de posséder des armes à feu

    Le sujet de la diversité (sous-entendue "ethnique") a eu droit à une emphase particulière dans ce sondage. A l'assertion (approx) "je suis à l'aise avec ce changement, car ce qui rend notre pays spécial est de prendre ce qu'il y a de mieux de gens de tous contextes et expériences", 74% des démocrates penchent de ce côté, contre 29% des républicains. L'assertion antagoniste était: "je ne suis pas à l'aise avec ce changement, parce que ce qui rend notre pays spécial est la particularité de notre expérience américaine, parler anglais et un contexte partagé qui nous rassemble". 11% des démocrates sont en phase avec cela, contre 43% des républicains. Il est intéressant de noter que 12% des démocrates et 26% des républicains ne se reconnaissent dans aucune des deux phrases, soient des proportions pas anodines. 

    Dans l'ensemble, la population est plutôt plus agitée que ce qui a jusque récemment été la norme (Obama avait été l'un des premiers signes), et les sujets les plus clairement identifiés qui peuvent canaliser cette énergie ne sont pas forcément ceux qu'on croit. Mais immigration/race (deux aspects du même problème, au fond assez "identitaire" mais aussi économique et social), environnement et armes à feu/sécurité semblent bien venir en tête. La corruption, la faible représentativité des institutions et l'économie viennent régulièrement aussi en tête dans les sondages, mais sont moins facilement identifiables à un sujet précis valant manif et pouvant mobiliser du monde.... Ironiquement parce que s'ils sont des sujets plébiscités dans le principe, ils sont aussi complètement bipartisans.... Et les manifs tendent plus à être partisanes, au moins parce qu'elles sont organisées par des groupes et réseaux très partisans, et font plus appel à des logiques tribales pour la partie plus hardcore de leurs effectifs (avec une proportion très variable de gens qui viennent pour des raisons plus conjoncturelles). Ce qu'on a vu avec la March for our Lives, alors même que plus de 90% du pays est, dans le principe général, pour une législation claire et plus stricte des armes à feu, de même que la vaste majorité des membres de la NRA; c'est dans les mesures préconisées, leur cohérence, leur pertinence et la réalité de leur application que les divisions apparaissent, et que les hypocrisies et méfiances partisanes (justifiées: 50% des démocrates veulent abolir le 2nd Amendement ou le vider de sens, et beaucoup de républicains veulent des règles qui sonnent bien mais sont bouffées par des amendements et exemptions, et dont l'application serait impossible ou oubliable)  bloquent toute discussion très tôt dans le processus. 

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  12. 17 minutes ago, Alexis said:

    Oh réconcilier les Américains et les Français n'est pas si difficile :smile:

    A un moment, disons, délicat des relations entre les deux pays - mars 2003 quand même - l'humoriste Dave Barry s'y essayait avec des arguments intéressants

    Oui, à un moment il fallait quand même que quelqu'un dise la vérité :happy: !

    Ces stéréotypes sont honteux, et tu devrais te cacher au fond de ton placard (où tout le monde sait ici que tu fais et planques des trucs pas nets.... Et je ne parle pas de tes sous-vêtements) pour oser abonder dans ce sens et les perpétuer! Les Français utilisent certes beaucoup moins de savon que les autres pays développés.... Mais ils sont, et de loin, les premiers consommateurs de gel douche par tête. Et les Américains ne mettent pas du ketchup sur tout..... C'est le boulot de la sauce BBQ ou de la sauce Ranch dressing d'aller sur tout. Mais surtout, ils mettent TOUT à frire. Même le beurre. Ou la glace. 

    take-a-tub-of-ice-cream---deep-fried-ice

     

     

    Là, ça devait être dit. 

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  13. Oh putain! Namého, c'est Pâques et tout, et on me demande un pavé???!!!! FLEEEEMMMMME (brâme du Tancrède à certains moments clés). Je vais adopter une réponse politicienne sur ce coup là..... Plus tard, mais je note la question et c'est très important et intéressant et je vous remercie de me l'avoir posée. 

    Cependant:

    Quote

    a t-il ou peut-il gagner la guerre ou quelques batailles contre le capitalisme spéculatif virtuel cosmopolite 

    Qui te dit qu'il la livre, ou a même envie de la livrer? T'as vu son cabinet? Ou son activité réglementaire, surtout dans le domaine bancaire? L'a pas vraiment cherché à contredire les envies de la Chambre.... Il les a même devancées. Et puis on ne nomme pas Mnuchkin au Trésor quand on a l'intention de "livrer bataille" au capitalisme spéculatif dans son itération la plus rapace, irresponsable, court-termiste et franchement criminelle (faut voir la carrière du gars). Sérieusement, le type a le CV, la voix, les idées et le physique d'un super-vilain de James Bond (version un peu satyrique). 

    20 minutes ago, Shorr kan said:

     

     

                                                                                       Un pavé ou la mort !!!!!!!

    A ce moment précis, en cette veille de WE long et de crise de foie.... Je me tâte (et non, ce n'est pas sale). 

     

     

     

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  14. 3 hours ago, Patrick said:

    L'explication est encore plus débile que ça: ils ont surproduit en tablant sur une victoire de Clinton en 2016 et incapable d'écouler le surplus. Ajoute par dessus des problèmes de qualité récurrents affectant la sécurité (les modèle 700 à verrou, LE fusil emblématique de la marque avec le 870 à pompe, qui tirent tout seuls quand on les secoue...) tu remues, et paf, ça fait des schoolshooters des chocapics une société qui ferme. Les tireurs US n'ont pas trop l'air de s'en plaindre de ce qu'on lit sur les sites/forums...

    Oui, mais ça, ce sont des directives du fonds d'investissement qui les a repris: délocalisation de la production historique et donc perte de la qualité, production massive sous license de fusils d'assaut (sans expérience de la chose)... Qui s'ajoutent aux inconvénients traditionnels des reprises par LBO: le dit fond de private equity a racheté la boîte avec de la dette, et s'est massivement repayé sur une bête qui était rentable, mais pas au point de pouvoir repayer en plus son propre rachat, qui plus est sur une période de temps aussi courte. Demande à Toys'R Us ce qu'ils pensent du sujet et de la "méthode" Bain Capital (oui, Mitt Romney a tué les jouets :biggrin:). . 

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  15. 11 hours ago, Gibbs le Cajun said:

    @Tancrède

    Effectivement, c'est incroyablement dingue se système qui s'auto alimente, et qui est intouchable :ohmy:

    Mais est-ce que se système va un jour se gripper de manière grave, ou il va pouvoir perdurer éternellement ? 

     

    J'ai franchement du mal à voir le système capable de se réformer: on peut toujours rêver d'un "homme providentiel" qui arriverait et sabrerait brutalement la bureaucratie pour une simplification géante, mais vu la taille du mastodonte, son immense complexité (je doute qu'une seule personne, ou même un petit groupe, soit capable de réellement comprendre la machine dans son ensemble), sa résilience, la vie propre qu'il a acquise (subdivisant toujours plus ses structures, diluant toujours plus la responsabilité, brouillant la visibilité, favorisant ses chapelles, ses mentalités....) et ses soutiens politiques, j'ai plus que des doutes. 

    La seule possibilité de réforme, à ce stade, et hors d'une intervention miraculeuse d'un petit groupe de gens décidés, capables et ayant tout le soutien politique nécessaire de façon durable (ouaaaaaiiiiis, crédible!), serait une catastrophe militaire majeure pour secouer ce baobab. Peut-êre suis-je pessimiste, mais à mon sens, il sera irréformable tant qu'il pourra compter sur deux ressources majeures:

    - une classe politique et un establishment politico-militaire essentiellement d'accords sur la majorité des décisions militaires et de politique extérieure, quel que soit le parti, avec une très forte imbrication des questions d'intérêts locaux, de carte militaire, et d'implantations industrielles

    - des financements quasi infinis (et le consensus non exprimé pour les allouer)

    Peut-être que l'économie américaine et les niveaux d'endettement du pays auront un jour un impact drastique qui déboulonnera le dollar et ramènera le pays dans le monde réel, dégommant ce consensus politique et forçant le changement. Peut-être que les réalités politiques internes des partis seront bouleversées par les populismes montants. Peut-être que l'inflation liée aux matériels militaires sera trop importante et créera un rift entre l'establishment militaro-politique et les industriels, forçant à revoir certaines choses. Beaucoup de peut-êtres, mais tous impliquent que quelque chose d'assez fondamental change dans l'équation. Et j'ai du mal à imaginer quelle dimension de branlée militaire serait nécessaire, suffisamment importante, humiliante et spectaculaire (cad un truc brutal, pas une guerre d'usure) pour imposer le changement.... Qui ne soit pas aussi l'équivalent d'une guerre mondiale et/ou nucléaire. Parce que je ne crois pas qu'aucune défaite par les talibans ou un énième groupe jihadiste, même si elle était choquante, même si elle impliquait quelques centaines d'hommes (parce qu'aucun groupe ou adversaire de ce type ne peut amener des milliers de gusses dans ce qu'on pourrait apparenter à une bataille), ne produirait cet effet. Et je vois mal un quelconque pays moyen avoir ce genre d'effet. Si ça arrivait, ce serait plus sur un théâtre, choisi ou subi, TRES sérieux et majeur.... Et vaut mieux pas trop y penser, parce qu'à ce stade, y'aura plus prioritaire que tailler dans le Pentagone (même si c'est sans doute ce qui sera fait alors, dans l'urgence.... Et sans doute pas très bien). 

    Peut-être un joker: l'énorme et croissant problème de recrutement et de personnel en général qui ne fait que croître pourrait induire un grand questionnement national et changer les vents de la politique, remettant des questions dérangeantes sur le tapis, comme la conscription, ou une immigration militaire massive, ou une privatisation partielle de l'activité combat....Le bordel créé pourrait être une de ces occasions rarissimes. 

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    Pour le M16, je savais qu'il y avait eu pb mais je ne m'imaginais pas un tel merdier . 

     

     

     

    Imagine le F-35: coût et complexité infiniment supérieurs, durées de développement et risques du produit (plus complexe) énormes, et un "merdier" qui a 60 ans d'expérience et d'expansion en plus. 

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  16. Un article intéressant du WaPo (c'est devenu plus rare depuis sa reprise qui en a fait un organe militant et une putaclics comme les autres), sur la réalité de la March for our Lives du WE dernier, qui a rassemblé entre 1,2 et 2 millions de manifestants sur l'ensemble des USA. Les journalistes sont apparemment coutumiers de cette méthode d'enquête intéressante: ils circulé dans la foule réunie à Washington pour en faire un échantillonnage selon une méthode apparemment relativement fiable, interrogeant 256 personnes selon un espacement déterminé (1 participant sur 5 dans des endroits jugés clés/représentatifs) et leur posant diverses questions sur eux-mêmes, leurs motivations et leur activité militante. Il y a évidemment un peu de doigt mouillé dans la procédure, mais c'est assez parlant quand même, et, comme façon de "prendre le pouls de la rue", c'est assez impressionnant.  L'équipe commence à assembler une base de donnée sur les grandes manifs anti-Trump à Washington (à peu près la seule ville où des non locaux se déplaceront pour manifester) de personnes ainsi interrogées, et a un dataset de 1745 personnes. 

    Les infos sont recoupées avec d'autres observateurs, notamment le National Park Service et la police de Washington, plus certaines associations. 

    https://www.washingtonpost.com/news/monkey-cage/wp/2018/03/28/heres-who-actually-attended-the-march-for-our-lives-no-it-wasnt-mostly-young-people/?utm_term=.5a71748fcccc (je ne sais pas s'il y a un paywall dessus: là, ça a marché pour moi)

    Contrairement à l'idée matraquée sur les médias, surtout les plus à gauche, ce n'est ni un mouvement de la jeunesse ni un mouvement mené par la jeunesse. Les victimes de la tuerie de Parkland ont bien sûr été utilisées comme figures de proue et speakers (on notera cependant que dans ce groupe, ceux qui ne sont pas d'accord avec les conclusions bien en cour se sont vues fermé l'accès aux médias), avec 2 ou 3 "stars" qui se détachent du lot (David Hogg et Emma Gonzalez, accueillis sur tous les plateaux télés et mis en avant comme "pleins de sagesse" alors que, surtout pour le premier, leur discours a sérieusement commencé à devenir de la rhétorique assez haineuse et insultante, pas conductrice de dialogue). Mais dans l'ensemble, cette foule n'est pas très jeune, et pas si diverse:

    - 70% des manifestants étaient des femmes (85% à la Women's March de 2017)

    - 72% avaient un Bachelor's degree (4 ans d'université) ou un diplôme supérieur

    - 10% au maximum des manifestants avaient moins de 18 ans

    - l'âge moyen des adultes présents était autour de 49 ans. Ce chiffre est plus élevé que la moyenne des marches précédentes, mais équivalent à celle de la "Million Mom's March" de 2000 (aussi une marche pour le "gun control")

    - il y avait plus de primo-participants: 27% n'avaient jamais manifesté de leur vie. 

    - moins d'engagement politique en moyenne dans cette foule: plus d'un tiers n'avaient pas contacté leur élus dans l'année écoulée (et pour être réaliste, on peut douter qu'ils l'aient jamais fait de leur vie)

    - chez les primo-participants, seuls 12% semblaient motivés par le débat sur les armes à feu: le reste était là pour "la paix" (56%) et pour manifester contre (ou pour) Trump (42%)

    - 60% des manifestants expérimentés étaient là pour le débat sur les armes à feu (le reste, c'est contre Trump)

    - une proportion plus élevée de modérés politique que dans les autres manifs (16%), mais dans l'ensemble, c'est très à gauche: 79% sont de gauche (de tous les degrés d'intensité) et 89% avaient voté HRC

     

    Bref, ce qui a manifesté, ce sont surtout des femmes adultes, éduquées, de gauche, et peut-être plus anti-Trump ou "pro-paix" que motivées par le "gun control". Par ailleurs, il faut signaler que de récents sondages ont révélé que la motivation pour le gun control est moindre chez les "millenials" et les jeunes que chez les 35-55 ans. On a en fait, il me semble, une masse de manoeuvre de militants plus réguliers qui s'est formée depuis la fin 2016, et qui continue à croître (bien moins vite qu'au tout début) et s'habitue à se mobiliser et à agir dans la rue comme sur les médias sociaux, constituant aussi des réseaux de financement "grassroots" pour l'action politique. 

    En face, la mobilisation récente (et le backlash initialement massif contre l'organisation, y compris par des sponsors corporate) a eu son "effet Streisand": les donations individuelles à la NRA ont été multipliées par 3 dans le mois après Parkland (248 000$ collectés en janvier, 779 000 en février), et le nombre de donateurs a été multiplié par 5 (c'est souvent un effet termporaire après une tuerie qui provoque une polémique nationale). La durée de la mobilisation présente pourrait aussi faire durer ces résultats pour la NRA. Cependant, il ne semble pas qu'il y ait eu d'explosion concomittante des ventes d'armes, contrairement à ce qui a suivi de précédents massacres médiatisés. Remington a mis la clé sous la porte (après 202 ans d'existence), mais c'est plus du à la gestion par le fond d'investissement qui l'avait racheté et dénaturé; il  est peu probable qu'un boom momentané des ventes d'armes aurait pu sauver la boîte. Dans l'ensemble, le marché des armes se porte mal sous un président républicain: Obama et la perspective de HRC étaient bien meilleurs pour les ventes. Peut-être que l'actuelle mobilisation, si elle continue à faire du bruit, et surtout à être instrumentalisée par les médias, changeront la tendance de fond qui reste, pour l'instant, un "Trump slump". 

     

     

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  17. Il a certes de tout cela, mais l'article cité parle ici uniquement des officiers, et en fait presque exclusivement des officiers de carrière entrés dans le cursus pour être (hauts) officiers dès le début, c'est à dire même pas ceux (presque la majorité, je crois, en tout cas pour l'Army) passés par les cursus alternatifs (principalement les Officer Candidate Schools pour civils et militaires -essentiellement des sous-offs passant de l'autre côté-, et les ROTC pour les réservistes), qui représentent 80% des officiers mais presque rien au-delà du rang de major. On parle bien ici de la direction de l'armée et de sa qualité, de ce qui détermine les parcours de carrière, dont dépendent, au final, la gestion des forces, leurs orientations, leur emploi, leur équipement.... Et pour cela, l'essentiel revient aux grandes écoles militaires (1 par service). 

    Après la Seconde GM, les forces US ont adopté un programme de massification de la formation d'officiers, pour ne pas être pris au dépourvu à l'avenir si besoin était d'une massive remontée en puissance. Allié à la bureaucratisation du Pentagone, les aléas politiques américains quand à la carte militaire (pork barrel politics des élus locaux), l'énormité sans cesse croissante des programmes d'armement et de leur gestion, ou encore le maintien pendant près de 30 ans d'une conscription aussi massive que viciée, ce facteur a largement concouru à créer la très lourde structure potentiellement irréformable à la tête des forces US, qui a de facto formé une caste de hauts officiers et hauts officiers en devenir qui fonctionnent selon des règles presque totalement détachées des impératifs liés à la mission première, faire la guerre (et la gagner). La gestion des carrières, surtout longues et haut de gamme, est un parcours où les impératifs impliquent la déresponsabilisation, la cooptation, le copinage, la bureaucratie, les liens politiques, et le vrai Saint Graal: le pantouflage vers le privé une fois gagné une ou plusieurs étoiles aux épaules. Réformer le système ne peut à aucun moment devenir un impératif, dans ce cadre; c'est même la dernière chose que ces gens souhaitent, et ils réagiront violemment, et en groupe, contre toute tentative en ce sens. A mon avis, au moins initialement, la création de l'USSOCOM comme service quasi indépendant a initialement été motivé en bonne partie par la lourdeur de ces dispositifs, avant d'en devenir un de plus. 

    L'un des plus grands problèmes d'un tel système est qu'il finit assez rapidement par ne recruter et attirer que des gens qui lui correspondent, ou bien les moule à son image. Ceux qui ne cadrent pas (dont une bonne partie sont ceux dont une armée a le plus besoin) partent plus ou moins rapidement, ou au mieux végètent dans des voies de garage ou à de bas rangs. Si on ajoute l'éloignement croissant des valeur militaires de celles de la vie civile contemporaine, l'espérance du confort et les meilleurs salaires du privé pour ceux qui ont le niveau d'une formation universitaire, voire, ce qui est souvent évoqué, la baisse des standards, de l'exigence et de l'enseignement, on a cette effet de médiocrité croissante constaté dans les chiffres évoqués, de démotivation des bons et de cynisme carriériste des autres. 

    Et la divinisation artificielle (et incapable d'examen critique) des forces armées ces dernières décennies n'aide pas: elle sacralise les communicants militaires et interdit toute critique des forces, immédiatement qualifiée comme anti-patriotique: les généraux, aboutissement de ce système essentiellement corrompu, sont intouchables et ont donc carte blanche pour continuer. Et c'est pas ce que pointe la troupe qui y changera quoique ce soit. Le général imposera toutes les mesures politiquement correctes du moment, dans le recrutement, l'entraînement et la gestion de carrière, tout en refusant toute responsabilité et en encourageant l'inflation des coûts et des budgets, sans être jamais mis en cause pour l'absence totale de résultats et les errements de politique étrangère. 

     

     

    Un exemple amusant, et qui pourtant remonte à une époque où, censément, les choses fonctionnaient mieux, avec des gens plus intelligents (en moyenne) et plus motivés par de vrais impératifs: l'acquisition du M-16, vue sous l'angle bureaucratique/politique:

    https://www.theatlantic.com/magazine/archive/1981/06/m-16-a-bureaucratic-horror-story/545153/

    C'est long, très long, même, mais assez édfiant pour ceux qui aiment les histoires de processus. Si ce problème, à une époque où les choses fonctionnaient mieux, et pour un "petit" équipement, semble choquant.... Imaginons ce qu'il en est aujourd'hui pour le F-35 ou le remplacement de l'Abrams, avec les personnels et structures actuels. 

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  18. L'article vient de RT (donc à prendre avec précaution, par principe), mais il en recoupe bien d'autres, et renvoie à de multiples commentaires par des connaisseurs du sujet, souvent dans les institutions elles-mêmes (les écoles militaires):

    https://www.rt.com/usa/407045-military-academy-investigations-criticism/

    Suite à un scandale autour d'un diplômé de West point qui avait posté des photos de lui en uniforme avec des messages pro-communistes:

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    In response, retired Lieutenant Colonel Robert Heffington, a former professor at West Point, wrote an open letter to the Academy’s graduates, blaming the cadet’s behavior on a “culture of permissiveness and apathy” at the Academy.

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    He blamed the Academy’s senior leadership for turning West Point into “a third-rate civilian liberal arts college.”

    The Superintendent refuses to enforce admissions standards or the cadet Honor Code, the Dean refuses to enforce academic standards, and the Commandant refuses to enforce standards of conduct and discipline. The end result is a sort of malaise that pervades the entire institution. Nothing matters anymore,” Heffington wrote. “Cadets know this, and it has given rise to a level of cadet arrogance and entitlement the likes of which West Point has never seen in its history.”

     

    Même genre de trucs ailleurs. Ici à Annapolis (Ecole Navale), aussi par un professeur:

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    Fleming said there are few reasons to attend a military academy when cadets can receive an education from an Officer Candidate School, or the Reserve Officers’ Training Corps (ROTC) programs, where cadets are allowed to party, have sex and major in what they want.

    He also refuted the idea that cadets at military academies are the “best and the brightest,” claiming that while he served on the Admissions Board, they considered about 4,500 applications for about 1,800 admittances and those admitted had SAT scores about 100 points lower than students at Ivy-level schools.

     

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    “The vast majority are going through the motions, sleeping in class, memorizing, then mind-dumping largely technical material they forget anyway and whose utility has never been shown," Fleming wrote. 

    In the end, Fleming compared military academies to Disneyland, saying they are “run for the benefit of the brass and the tourists, not the taxpayers who pay their way and want better-than-average officers.”

    The service academies are now the vanity projects of the military brass, not viable contributions to US defense. They’re like all those military jets the current cabinet members love to use: flashy, expensive, and lots of fun,” Fleming wrote.

     

     

    Un autre angle d'attaque.... L'intelligence comme critère d'analyse:

    https://www.brookings.edu/blog/brookings-now/2015/07/24/understanding-the-steady-and-troubling-decline-in-the-average-intelligence-of-marine-corps-officers/

    Quote

    the quality of the force as a whole actually increased over time. In 1977, 27.1 percent of new enlisted recruits met the military’s standard for being “high quality,” meaning that they possessed a high school diploma and above-average intelligence relative to the U.S. population as a whole. Decades later, at the height of the conflicts in Iraq and Afghanistan, 60 percent of new enlisted recruits met the high quality standard. 

    But what about military officers?

     

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    After analyzing test scores of 46,000 officers who took the Marine Corps’ required General Classification Test (GCT), Klein and Cancian find that the quality of officers in the Marines, as measured by those test scores, has steadily and significantly declined over the last 34 years.

    gctscores_watermark.jpg?w=541&crop=0,0px

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    The GCT dates back to World War II, when it was developed to help classify incoming servicemen. Designed to have a mean score of 100, with a standard deviation of 20, 120 was used as the bar for entry into Marine Officer Candidate School (OCS).

    (Note: les autres services ont abandonné ce test GCT, mais les Marines le gardent, le jugeant un bon indicateur de succès. Et voir son évolution sur le temps long est utile, étant donné que l'USMC tend à attirer de meilleures recrues en moyenne que l'Army: si ça baisse côté Marines, ça doit être plutôt pire côté Army)

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    After analyzing the data, the authors uncovered a startling trend: A statistically significant decline in scores over the past 34 years, the magnitude of which, the authors say, “is relevant given the distribution of the scores.”

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    Other key findings include:

    Eighty-five percent of those taking the test in 1980 exceeded a score of 120, which was the cut-off score for officers in World War II. In 2014, only 59 percent exceeded that score.

    At the upper end of the distribution, 4.9 percent of those taking the test scored above 150 in 1980 compared to 0.7 percent in 2014.

    Over 34 years, the average score decreased by 6.6 percent, from 130.9 to 122.1.

    Taken together, the 8.2-point drop in average score represents 80 percent of an entire standard deviation’s decline (from 10.5 in 1980 to 9.6 in 2014). In other words, today’s Marine officers scored nearly an entire standard deviation worse, on average, than their predecessors 34 years ago.

     

     

    Quote

    The authors note that the decrease of GCT scores over time correlates to an increase in the college participation rate during that same period.

    A four-year degree is required to become an officer. Therefore, the authors posit, as more people who may not have obtained four-year degrees in the past receive them, more people who would otherwise not be eligible for commissions become viable applicants. 

     

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