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Messages posté(e)s par Tancrède
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Star Trek: Discovery.... Me pose problème. Je sais pas pour vous. J'arrive pas à comprendre mes propres impressions sur cette série: je continue à regarder parce que je suis accro à la SF et au space opera, et qu'il n'y a pas vraiment beaucoup de séries de ce genre, surtout avec un tel budget et les orgasmes visuels qui vont avec, juste pour baigner un peu dans un bon délire visuel fournissant la dose cathartique de batailles spatiales et de décors de vaisseaux qui ne ressemblent pas à des bricolages en carton-pâte. Outre ce phénomène qui fait regarder (avec des passages en accéléré), on peut pointer la déviation par rapport à "l'esprit Star Trek", qui me touche moins parce que je n'ai jamais été un trekkie; elle est notable cependant, en ce qu'effectivement, cela casse la franchise et banalise cette série en en faisant, pour l'essentiel, un truc très générique de SF/action spatiale qui prend juste les oripeaux superficiels de Star Trek pour attirer plus de monde. Dommage pour ceux qui sont vraiment dans le trip si spécifique de l'optimisme fondamental, positiviste, humaniste et pacifiste de l'univers de Roddenberry. A mon sens de consommateur plus générique de SF, cela aurait pu être entièrement pardonnable si, en échange, il y avait eu un bel enfant issu de ce viol (pour paraphraser Dumas), mais là, il n'y a pas vraiment d'histoire, de trame palpable, l'univers est "aménagé" (et tant pis pour ses "règles", codes, conventions et le world building établi de longue date) pour convenir à ce que les auteurs du présent machin veulent mettre en avant. Et plus encore, je ne trouve pas que les personnages soient intéressants, forts, ou même sympathiques, avec un "character building" mal fait et un "charcater development" (au fil des épisodes) artificiel: c'est un casting "Benetton" plus fait pour être de la "peinture par numéro" remplissant une liste de caractéristiques obligatoires: les bonnes couleurs de peau, les bonnes moeurs sexuelles (2 des officiers -mâles- sont un couple marié sur un vaisseau militaire
, et ailleurs, ça drague à tout va), les bons traumas "sexys" (flattant l'ego et les projections d'ados attardés, de façon assez outrancière et bas de gamme), et évidemment, le personnage principal est une Mary Sue combinant trop d'avantages (peu plausibles au regard des règles du réalisme ET de l'univers de Star Trek) et dont il faut, pour une raison ou une autre surcharger l'ego et le valider en permanence (plus que Kirk, pourtant aussi un tantinet Mary Sue, n'en a jamais eu). Tous ces petits personnages sont assez névrosés, plutôt immatures, et beaucoup de leurs paroles, décisions et actions sont d'une débilité confondante qu'aucune dose de techno-jargon (censé donner l'air malin) et de pseudo-arguments construits et répétés habillant les dites conneries ne peut changer.
Mais il y a du visuel, assez souvent du rythme, de l'ambition et des moyens côté CGI.... Et ça me fait regarder, tout en me laissant rager sur certains trucs.... C'est pas sain, je sais. Détail amusant: comme souvent aux USA, une série, surtout issue d'une franchise, est résumée par ses initiales. Dans le cas de celle-ci, l'usage se répand, mais il y a un problème, vu que les initiales, STD, sont l'acronyme générique désignant les MST (Sexually Transmitted Disease).... Les nombreux détracteurs de la série (apparemment, ça a l'air de remuer la communauté trekkie) ne se privent pas de répandre le terme... Un des autres points de critique aux USA réside dans le fait que l'accès à la série a été mis derrière le paywall d'un service de streaming de CBS: le service est à quelque chose comme 5$/mois, alors que STD
semble être le seul item intéressant dessus, dans un pays où l'abonnement au câble coûte déjà 2 fois la moyenne européenne, soit plus de 100$/foyer/mois pour un "bouquet" type... CBS access a néanmoins enregistré une forte croissance après la diffusion "libre" des 2 premiers épisodes, mais depuis, motus sur les chiffres d'audience ou même l'évolution des abonnements depuis la croissance initiale. La critique professionnelle (très politisée de nos jours, et entièrement occupée par des adeptes de la "critique sociale" sur absolument TOUT dans la société US, y compris les divertissements et produits les plus triviaux) est unanime et dithyrambique, la critique amateur/les discussions sont extrêmement polarisées. Comme moi
.
Un truc que j'ai aussi remarqué dans cette série et dans pas mal d'autres, qui semble être devenu un trait caractéristique dans les séries en général depuis quelques années: l'action, l'histoire/le synopsis d'un épisode donné semble représenter désormais une proportion nettement décroissante de la durée de l'épisode, laissant beaucoup d'espace, au début, et surtout à la fin, pour des passages plus longs dédiés à des intrigues annexes et/ou de plus longue haleine (fil rouge d'une saison ou plus... Ce qui est devenu une norme depuis les années 90 mais a eu tendance à prendre plus de place et de temps récemment) et plus encore aux histoires sentimentales, pour le coup vraiment mièvres et prépubères, sous déguisement "d'adultes" -parce qu'on met du sexe- entre personnages (signe que les séries ciblent désormais prioritairement les nanas, gays, émos et militants divers?). Dans le cas de STD
, j'ai ainsi noté que la "viande" des épisodes (son intrigue, avec un début, un déroulement et une fin -qu'il s'agisse d'une fin définitive ou dune simple étape dans un récit plus long couvrant plusieurs épisodes) tend ainsi à peser au maximum 30 minutes, 35 grand maximum, sur des épisodes de 45 à 50 minutes: c'est beaucoup plus court que par le passé, où l'action d'un épisode particulier bouffait 90 à 95% de l'épisode, sans que ça nuise au "character development" (qui se faisait plus et mieux "au fil de l'eau", dans l'action), et en évitant les océans de mièvrerie, de psychologie de comptoir et d'échanges de sentimentalisme adolescent. Rappelons pour cette série qu'elle s'adresse en théorie prioritairement à un public de 19-45 ans..... Signe des temps et d'une adulescence généralisée (en plus de la féminisation des moeurs)?
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Il y a un truc que j'aimerais savoir, pour ceux qui ont suivi ce sujet suffisamment pour connaître la chose: avec ce dernier truc en date, y'a t-il moyen d'évaluer ce que coûtent à la France chaque année les différents dispositifs de défense collective en Europe? Le nombre de personnels affectés à des postes (le plus souvent hors territoire, donc plus cher) et/ou immobilisés à plein temps par ces affectations, les sommes investies.... Parce qu'entre les divers bureaux et EM réclamés par ces structures, les pseudo-battlegroups théoriques, les "concertations" plus ou moins permanentes pour déterminer des besoins et -hypothétiquement- "faciliter" des coopérations temporaires sur telle ou telle OPEX ou mission, le coût de l'abonnement à l'OTAN (oui, c'est AUSSI un de ces dispositifs), sans même parler de la brigade franco-allemande (cela ne coûte t-il que l'entretien des unités participantes, ou coûtent-elles plus cher du fait de la spécificité?).... Ca finit par chiffrer un peu dans le budget annuel: c'est pas des milliards, mais vu qu'on en est chaque année à compter les centimes et qu'on se décarcasse pour trouver quelques millions de plus pour boucler un peu moins indécemment le budget, autant pour le structurel que pour les déploiements (ce qu'on aurait appelé jadis le budget "ordinaire" et "l'extraordinaire" de la guerre), ça pourrait poser quelques questions, et ce d'autant plus sur des sujets comme le nombre d'officiers (surtout de haut rang) réellement utiles (l'hypercéphalie n'est pas bonne pour la santé).
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On 13/11/2017 at 11:27 PM, Shorr kan said:
Comment un pays peut faire pour passer en un peu plus de deux siècles à des types comme Thomas Jefferson ou Benjamin Franklin à..........à...........à euh..........à "ça" ?
Comment ça a pu dérailler à ce point ?
L'Education Nationale y a sans doute envoyé une mission clandestine il y a quelques générations. Apparemment couverte de succès.
Autre hypothèse, par un comique (et principal commentateur de l'UFC -et pratiquant respecté de MMA lui-même) méconnu en France, que j'aime bien (et dont je recommande le podcast sur Youtube: il adresse pas mal de sujets politiques/sociaux/culturels avec des invités de bonne qualité): "dumb people are outfucking smart people at a staggering pace" (les cons se reproduisent plus vite que les malins)....
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Je suis pas sûr d'avoir été si d'accord avec Olliver: au final, ces "techniques" sont juste, pour l'essentiel, une version plus caricaturale et flagrante de ce que les politiciens et personnalités des médias font TOUS (ou presque tous). D Trump se contente de faire la même chose, en plus osé, en plus brut de décoffrage, en plus inique, essayant de jongler avec des mensonges plus flagrants, des positions plus contradictoires encore que la moyenne déjà gratinée du secteur. Il est juste malhabile, trop habitué depuis l'enfance à se voir passer l'éponge sur toutes ses conneries (donc aucun sens de la mesure, et la certitude qu'il sera toujours pardonné/récupéré), bourrin et sans grande finesse ou variété dans les registres qu'il joue, comptant en bonne partie sur ses relais d'opinions dans un paysage multimédia terriblement clivé, ultra partisan et hypersensible pour faire l'essentiel du boulot. Je ne suis pas sûr qu'il use de ses "techniques" comme d'artefacts sciemment pensés, calculés et mis en oeuvre: c'est juste sa façon de faire, d'être et de vendre, ce qu'il a toujours été, mais dans un contexte très différent. Ce faisant, il maintient sa base la plus hardcore, mais dont il n'est pas sûr qu'elle suffise à faire levier, à l'avenir, sur le reste de la base républicaine en nombres suffisants (mobilisation et vote effectif) et encore moins sur les indépendants.... A moins que son meilleur allié ne reste une élite dirigeante démocrate qui, comme le veut l'adage à Washington, reste toujours capable d'arracher la défaite des mains de la victoire (et si on voit ce qui se passe à la tête du DNC depuis la victoire en Virginie, c'est pas forcément exclu).
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6 minutes ago, Wallaby said:
Concurrence politico-religieuse : quid de Daèche, Al-Qaeda & Co ? Ou les Frères Musulmans ?
D'où mon point: Frédéric II n'est pas le meilleur point de comparaison pour décrire MBS.
7 minutes ago, Wallaby said:Le budget saoudien est déficitaire... donc on commence à compter les radis.
Ouais, enfin même au rythme où ils crament, y'a encore des rentrées (un peu plus encore avec ce qu'il vient/est en train de piquer à ses cousins séquestrés) et de quoi faire, quand on compare à un Frédéric II qui avait un Etat décrit comme un banc de sable avec des pins dessus. Même à contexte économique comparable, le derrick de pétrole rapporte beaucoup plus que le pin (mais le pin est plus joli, pas de discussion là-dessus).
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4 minutes ago, Shorr kan said:
Une pensé alors pour les migrants du sous-continent indien et philippins qui vont clamser sur les chantiers de la future ville
Pour l'instant, ils sont pas occupés à crever pour construire les stades de la coupe du monde au Qatar (sauf si l'AS décide que, non, pas au Qatar, finalement)? Laisse leur un peu de temps (aux survivants, j'entends).
6 minutes ago, Shorr kan said:Il avait pas de champs de pétrole mais des champs de patates
.......et pas mal de soldats. Ce qui aide un peu
Et une population, et une noblesse, disciplinées/obéissantes/pas en mesure de lui dire merde, ni sans aucun leader concurrent potentiel (une personne, une idéologie, une identité....).
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11 minutes ago, Shorr kan said:
Plus j'y pense, plus MBS me rappel les monarques européens du XVII/XVIII ème siècles, et tout particulièrement Frédéric II jeune, quand il a démarré sur les chapeaux de roues et .......a pratiquement tout foiré. avec le même coté pressé, velléitaire et gaspillant à vitesse grand V son capital diplomatique, économique et militaire. La question qui se pose pour moi est de savoir à quel point, comme le prussien, il est capable d’apprendre de ses erreurs...
Je sais pas si FII est le meilleur exemple: il avait presque pas un radis, et un Etat pas vraiment riche, d'un côté, et de l'autre, il avait une société très différente, et notamment pas de concurrence politico-religieuse, effective ou potentielle.
Quotepour reprendre l'exemple de St Petersbourg, Pierre le Grand a lancé l’établissement de sa futur cité en commençant à défricher lui même le terrain
Et après, il a fait mourir 40 000 personnes à la tâche pour que le défrichement réussisse....
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Une opinion très différente de ce qui semble être le courant dominant des interprétations actuellement observé:
http://www.arabiafoundation.org/arabia-comment/why-the-saudi-purge-is-not-what-it-seems-to-be/
Ca a beaucoup de sens quand à l'aspect politique et populiste de la chose, tout comme cela renvoie nommément à ce qui s'est passé aux Emirats (dont l'homme fort est le modèle et conseiller de MBS) en 2008-2010 avec un certain succès. Cela étant, évidemment, ce changement politique n'augure pas des chances de succès de la "vision 2030": cela reste encore dans les limbes, et dépend de beaucoup d'autres facteurs, avec pas mal de très lourdes inconnues dans la balance. Mais sur le plan de l'impact sur les élites et du fonctionnement du pouvoir en AS, je trouve cette opinion extrêmement pertinente. Même si, encore une fois, nous en sommes tous réduits aux conjectures, vu l'opacité du fonctionnement interne de l'AS, où nous ne pouvons qu'estimer à la très grande louche les facteurs de pouvoir en interaction.
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- C’est un message populaire.
- C’est un message populaire.
3 hours ago, Boule75 said:Le chef de l'IRS (fisc) est sur le départ et se lâche. Il décrit une administration (super-rentable) en cours de destruction par la volonté du congrès, Républicain. La série de chiffres égrenée est impressionnante (déflation des effectifs de 20% en 7 ans, enquêtes -30%, contrôleurs des impôts -30% aussi, spécialistes du recouvrement -50% depuis 1954, etc...). Attente interminable des administrés au téléphone... Le tout alors que la population a augmenté, bien sûr, et le code des impôts s'est probablement complexifié, ainsi que les possibilités de fraude et leur subtilité.
S'y ajoute une informatique hors d'âge pouvant claquer à tout moment, et il décrit également la vraisemblable apparition de phénomènes de seuil : à un moment, quand le contribuable lambda a l'impression d'être le seul à payer ou s'il juge qu'il a peu de chances de se faire pincer, il est tenté, et ça fait boule de neige...
C'est marrant en quelque sorte (façon humour très noir): à force de considérer les Etats modernes comme un acquis auquel on ne pense plus, à force de lire des bouquins d'histoire où les différents systèmes de gouvernance sont rapidement chevauchés sans que la notion de temps ne nous frappe réellement en tant que lecteur (alors qu'ils ont nécessité des siècles d'évolution, des chocs catastrophiques, des océans de souffrance et de bordel, de lentes reconstruction....), on ne se rend pas compte de ce que des trucs comme ça pourraient nous amener à voir et à subir de notre vivant. Un Etat tient avant toute autre chose à sa légitimité (fondée sur un cocktail d'adhésion et d'atavisme/habitude/coutume/continuité d'un côté, et de contrainte de l'autre, dans des proportions qui varient selon le système et/ou la période) et à sa structure fiscale (la seule chose qui permet de financer les fonctions qui rendent un Etat nécessaire, et dont le reste découle, y compris avant tout la structure même de la propriété privée). Pour un pays comme les USA, laisser l'IRS partir en couille, peut-être au-delà du seuil où le mouvement sera récupérable (surtout si la volonté politique au sommet reste aussi clivée, polarisée, donc bipolaire en comportement, bloquée la plupart du temps, donnant des coups de barre brutaux dans un sens puis un autre pendant de brèves périodes de majorité absolue d'un parti), c'est de facto un danger majeur ET quelque chose qui peut en fait arriver très vite. Et les conséquences en seraient catastrophiques, sur le pays, et, bien au-delà, pour tout le monde, vu le poids de ce pays. L'économie mondiale (dont la stabilité financière dépend tellement de la place de NY, des décisions de la Fed et des bons du trésor US) dans un premier temps, mais au-delà, tout le système géopolitique. Parce que sans un IRS fonctionnel et rapportant suffisamment, il n'y a pas d'Etat fédéral, et les Etats n'ont que des structures de levée d'impôts très limitées.
Je vois déjà les Rand Paul-like (pas lui pour l'instant, il est à l'hosto pour un bon moment) en appeler à un retour à un degré ou un autre d'affermage de la levée de l'impôt, parce que "l'Etat est nul en tout et le privé est magique par essence et s'adaptera super vite et fera tout mieux et moins cher" (on connaît la chanson).... Sans doute via une privatisation de fait de ce qui restera de l'IRS, ou une autre méthode. Et là, la société Big Brother va prendre un sens encore plus radical, parce que les entités ainsi créées, comme les géants de l'internet, ne s'embarrasseront pas d'éthique et de respect de la vie privée ou des libertés fondamentales (avec en plus aucune autorité en mesure de les réguler, ou même de comprendre ou savoir ce qu'elles font). Les Etats se rendront compte de leur dépendance à l'Etat fédéral et devront alors faire face à leurs vraies dépenses (que beaucoup ne réalisent pas aujourd'hui), devant lever nettement plus de contributions et/ou laisser beaucoup de trucs partir en couille, tandis que ce qui restera d'Etat fédéral sera dans une négo permanente avec des "fermiers généraux" privés terriblement puissants (sans doute venus de Wall Street et d'autres secteurs ayant beaucoup de cash à mettre dans l'entreprise initiale), aptes à jouer les tyrans, à se livrer à tous types de comportement pour lever l'impôt, et à imposer leurs conditions à un Etat ne pouvant qu'exprimer un montant donné de recettes attendues. Ces "fermiers", tels des parrains en cols blancs, seront plus accommodants avec les grandes entreprises, qui négocieront leurs impôts entre gens du même monde, et cracheront au bassinet plus ou moins selon leurs "bargaining chips" (bref, les petits sont écrasés).
Ce sera ça ou une lente déliquescence sans affermage: un IRS anémié, une délinquance fiscale croissante impossible à juguler, et un Etat s'asphyxiant lentement, s'enfonçant dans une fuite en avant dans l'endettement (déjà assez gratinée aujourd'hui). Très pré-1789, tout ça.
J'ai l'air de délirer façon Sci-Fi dystopienne, mais beaucoup de ça est assez mécanique. Y'a un moment où quelque chose doit lâcher: la population US ne peut raquer que jusqu'à un certain point, surtout si les 4-5% au sommet (ceux qui peuvent se payer un fiscaliste, voire des lobbyistes) s'exemptent encore plus qu'aujourd'hui et si les 10-15% qui suivent (qui paient l'essentiel de l'IR aux USA, et ce qui donne ses marges de manoeuvre au gouvernement) peuvent plus contourner les règles et obtenir, de fait et/ou de droit, plus de rabais. Et ce qui risque de lâcher, ce sont les grands programmes qui tiennent encore la population ensemble (Medicare/Medicaid et la Social Security avant tout, plus un tas d'autres programmes plus réduits, et nombre d'agences gouvernmentales), parce que les forces maintenant le budget défense tiendront plus longtemps et plus fort avant de devoir lâcher, et celles bloquant l'augmentation de la fiscalité (et/ou plus de justice dans sa conception) encore plus. De fait, dans le système politique tel qu'il fonctionne, la grande majorité de la population est l'entité la moins bien représentée et défendue qui soit.
J'ai surtout une grande impression que le comportement actuel du GOP ressemble à leur projet de loi sur la fiscalité (en traitement accéléré au Congrès): c'est un bordel sans nom, sans cohérence, où tous les gens qui pèsent ont mis leur wish list sans penser à la cohérence d'd'ensemble, au réalisme de la chose, ou aux conséquences (même de court terme), avec personne ne regardant au-delà de la fin de la semaine. Aucune direction, aucune vision, juste le souci de l'urgence purement politicienne du jour (en l'occurrence, pouvoir dire qu'ils ont fait quelque chose en 2017 vu leur bilan absolument vide pour l'instant).
Pour continuer dans la veine dystopienne, si c'est vraiment là que s'aiguillent les USA par ce genre d'entropie accélérée à laquelle s'ajoutent des coups de feux répétés dans les pieds, on peut éviter de penser à la catastrophe globale qui en découlerait, et voir l'aspect comique de la chose: une nation aussi puissante, dominante, qui pourrait être foutue par terre en moins d'une génération par une petite bande de pieds nickelés donnant la pleine mesure de leur nullité et inaptes à l'autocritique, persistant dans l'erreur via un mélange de certitudes idéologiques et de contraintes politiciennes.
3 hours ago, Boule75 said:Sinon, en matière de nomination, il est au moins un domaine ou le congrès trumpien se dépêche : les juges fédéraux d'appel, nommés à vie. Le sénat avait bloqué toutes les nominations d'Obama depuis 2015, 18 nouveaux juges d'appel ont donc été nommés.
La cible dépasse les 150 postes avec tout ceux qui partent en retraite, soit environ la moitié de tous ces juges, qui ont un rôle majeur pour la jurisprudence.Ils nomment des idéologues, certains sans qualification, blancs, mâles, par des votes à la majorité simple, souvent en court-circuitant les auditions préalables traditionnelles par des gens du sérail visant à valider la qualification des nominés et qui rendent un avis.
Un pays magnifique, pourtant.
Il y avait plus d'une centaine de postes de juges fédéraux (de districts et d'appels) non pourvus au départ d'Obama (bloqué dans ses nominations depuis 2010, en fait): le remplissage accéléré qui est fait actuellement est un détournement monstrueux du système, qui sera ensuite bloqué pour une ou deux générations (vu que ces postes sont à vie, indéboulonnables par l'exécutif une fois la nomination faite) avec la barre fixée sur un cap visant le passage entre Charybde (la débilité, l'incompétence, la corruption) et Scylla (l'idéologie.... Le facteur qui doit être accepté en temps normal, jusqu'à un certain point). Parce que tu as oublié une caractéristique des juges nommés: ils sont jeunes. Ils vont être là loooongtemps. Les juges d'appels sont l'essentiel de la jurisprudence fédérale aux USA (ils traitent un truc du genre 94% des dossiers dont ils sont de fait la dernière instance possible), bien plus que la Cour Suprême.... Mais même celle-ci est vulnérable, vu l'âge de deux d'entre eux, dont Ginsberg (plus de 80 piges). Qu'un seul casse sa pipe ou doive se retirer, et la majorité absolue permanente sera un point d'équilibre entre ultra conservateur et taré conservateur.
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4 minutes ago, Boule75 said:
mais où est l'impôt sur les sociétés alors ?
Si tu trouves la réponse, envoie-là à Bercy: ils cherchent aussi
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34 minutes ago, Chronos said:
ça pompe nous sommes d'accord mais cela finance-t-il vraiment la R&D ? Tu évoques toi-même le marketing. On pourrait également rajouter le fait que la recherche a cessé de se concentrer sur le fondamental et vise à créer des maladies chroniques (abordé sur le forum depuis plusieurs années).
Ca aussi, c'est un fait, et complique d'autant plus le problème du chiffrage: la réalité des dépenses R&D des pharmas, c'est comme la réalité des réserves d'hydrocarbures au sein des compagnies pétrolières/gazières (un secret qui vaut beaucoup de pouvoir en interne et en externe). Mais il y a quand même globalement aussi un bénéfice de santé, à côté de nombreux problèmes qui pourraient à l'avenir prendre le pas sur le reste. Difficile de sortir des conclusions catégoriques et unilatérales sur un secteur impliquant une telle part de l'économie mondiale, reflétant et impactant tant de réalités. Dans l'ensemble, oui quand même, la "pure" R&D pharma existe, a des financements très importants (même si une bonne part va à des trucs inutiles/addictifs, et une autre à des maladies inventées ou des affections pathologisées, plus à de multiples gadgets comme la niche évoquée par l'article que je cite -les tests) quand même. Là où on peut effectivement commencer à se poser des questions, c'est si le monstre ainsi créé ne commence pas sérieusement à passer le cap au-delà duquel les problèmes qu'il cause et multiplie approchent le niveau de ceux qu'il aide à résoudre, s'il ne commence pas à coûter au global plus qu'il ne rapporte, en l'état actuel de son fonctionnement. Et ce n'est nulle part ailleurs aussi vrai qu'aux USA.
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3 minutes ago, Chronos said:
La R&D en matière méd icale bénéficie de larges incitants en Europe, qu'il s'agisse des différentes formes de crédit d'impôt à la recherche, le rôle des universités soutenues par les pouvoirs publics, ou encore d'un système de brevets spécifiques aux matières médicales assurant une récupération assurée des investissements consentis ainsi qu'une marge bénéficiaire colossale, et ce d'autant plus que contrairement aux USA, les systèmes de santé européens garantissent le maintien d'une demande solvable.
Je dirais au contraire que c'est l'Europe qui voit ses start-ups et PME médicales largement financées aux subventions et crédits d'impôt rachetées par des acteurs étrangers, en oligopole et disposant d'une force de frappe d'investissement importante, et ce avant que le développement en une entreprise de taille appréciable puisse se faire. En parallèle aussi, "l'obligation" pour les universités d'accorder licence des brevets de recherche fondamentale à des entreprises commerciales, qui se dispensent ainsi du risque de la recherche.
Et quand ce n'est pas le cas, nous sommes victimes d'un brain drain constant.
C'est aussi vrai, ce pourquoi j'ai signalé que le chiffrage de ce que j'évoque est impossible: trop de paramètres. Mais dans l'ensemble, faut bien reconnaître que les plus vastes profits, le niveau d'exploitation de la population le plus conséquent, le nombre de grandes boîtes et les plus lourds investissements, se font aux Youesses. Y'a quand même une ou deux raisons pour ça: le système de drainage du fric au mépris de tout le reste (y compris la santé et la solvabilité des clients -ou celle de l'Etat d'ailleurs) y est bien plus poussé. La chose a sans doute une limite dans le temps, surtout à ce rythme (quand une proportion croissante de la population ne pourra plus raquer assez, quand la dette publique et privée sera trop lourde quels que soient les artifices financiers et les possibilités de la Fed....), mais en attendant, ça pompe.
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2 minutes ago, hadriel said:
Oui ça joue en partie, le marché US est juteux et quand on conçoit des produits on les conçoit souvent d'abord pour eux. Le marché chinois devient aussi extrêmement important cela dit.
Mais si il faut faire une comptabilité cout/bénéfice de la surdépense US et de son impact sur le développement de médicaments et de dispositifs médicaux pour les autres pays, il faut aussi regarder à quoi sert cette surdépense: est-ce que ça finance des produits qui améliorent vraiment la qualité de vie? Et là le chiffrage devient encore plus compliqué...
Cela aussi est vrai, mais il faut bien se rendre compte qu'on parle de marges bénéficiaires gigantesques dans un secteur pesant 18% du PIB de la première/deuxième économie mondiale: des centaines de milliards (de bénefs, pas de CA) représentent une masse de manoeuvre plus que significative pour des investissements de grande ampleur, une échelle peu comparable avec ce qu'on peut trouver ailleurs. Ceci dit, pour alimenter ta remarque, il y a une douzaine d'années, j'avais fait un bref passage dans le secteur pharma, et à ce moment, il était estimé:
- que la moitié des budgets dits de R&D allait en fait à des fonctions plus aisément assimilables au marketing
- que la moitié de ce qui restait se concentrait sur la recherche dans les anti-dépressants, anti-douleurs et calmants en tous genres (aux USA, on résumerait ça par "la recherche sur les opiacées"), soit pas vraiment les trucs les plus utiles pour la santé, et presque une concentration sur le secteur "récréatif"
de la recherche médicale. Le genre qui permet de créer une clientèle captive....
Je n'ai pas vu beaucoup d'indications que ces tendances aient changé significativement. Mais évidemment, quand on parle de ce marché aux USA, une fois encore, on parle de sommes si énormes que cela laisse quand même beaucoup de moyens.
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23 minutes ago, hadriel said:
"Don't get sick in the US"
Except if you're fucking rich (devrait être la suite de la phrase). Dans ce cas, et uniquement dans ce cas, c'est le meilleur système de santé du monde. Vous serez plus que surfacturé, mais la qualité est sans équivalent.
Il faut reconnaître quand même une chose, pour les autres pays de l'OCDE: une partie des dépenses de santé permettant les résultats que l'on obtient par chez nous est de fait assumée par les USA: je parle de l'essentiel de la R&D. A peu près tout vient de chez eux, directement ou non (particulièrement le hardware, mais les médocs et beaucoup des méthodes aussi), et on en fait significativement l'économie. Bien évidemment aussi, ce différentiel représenterait presque une paille dans la masse des abus du système américain, et pourrait (devrait?) être assumé plus par nos pays sans que ça fasse gonfler la facture trop massivement. Il faut bien reconnaître que, comme pour la défense européenne (et japonaise/coréenne) qui est assumée en bonne partie par l'OTAN (donc par les USA), la santé est un domaine en partie couvert par le "grand frère", et avant tout le pigeon/contribuable/vache à lait moyen étasunien, sans qu'il en bénéficie tant que ça: les deniers publics sont essentiellement employés pour faire les profits privés. Sans cette gigantesque surdépense US, largement couverte et encouragée par l'endettement public et privé, la souffrance de vastes pans de population (inégalités extrêmes du système, populations non/peu couvertes, foyers brisés par la dépense, santés bouffées par le stress induit par le système et/ou la faible couverture....) et l'emprise corporate sur la gouvernance du pays, ce n'est pas tant que les Européens et autres ne pourraient se soigner, ou même très bien se soigner, mais on n'aurait pas bénéficié de tels progrès techniques ni, à l'arrivée, des résultats actuels en termes de santé publique.
Donc si on veut finasser, on pourrait aller jusqu'à dire que, dans une certaine mesure (chiffrage impossible, évidemment), la relative bonne santé des Européens s'obtient au prix de la relative mauvaise santé de beaucoup d'Américains. Via les profits gigantesques obtenus par le secteur santé US, et la surdépense en R&D qu'ils autorisent (même si l'usage de la plus grande part des dits profits est contestable).
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10 minutes ago, Skw said:
Comment ? Le léviathan pourrait être libéral ?
Il n'y a pas de Léviathan, quand on parle de l'Etat américain, du moins pas du point de vue des organisations de quelque conséquence: il n'y a qu'une éponge qu'on alimente avec du liquide. Beaucoup de liquide. $
#greenbacks.
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Un exemple parmi mille autre des immenses dérives du secteur de la santé (mais aussi, en fait, d'autres) aux USA, qui décrit par quel type de biais cette industrie (en fait un tryptique entre les assurances, les prestataires et pharmas, et les intermédiaires) parvient à "peser" plus de 18% du PIB (de notre côté de l'Atlantique, on tourne plutôt à 12-14%, avec de bien meilleurs résultats -sauf financiers), au point de constituer un ensemble politico-économique invulnérable à tout effort de réforme, et de facto une bulle financière dangereuse pour l'économie mondiale.
https://khn.org/news/liquid-gold-pain-doctors-soak-up-profits-by-screening-urine-for-drugs/
La croissance de l'industrie du test médical ces dernières années illustre ce phénomène qui se retrouve à tous les étages du système de santé américain, qui invente des services et prestations non nécessaires, voire complètement inutiles, et s'arrange pour les institutionnaliser. Soulignons, à titre d'exemple, des cas comme celui du gouverneur de Floride contraignant tous les fonctionnaires de son Etat à subir des tests anti-drogues fréquents auxquels sont conditionnées leurs prestations sociales (assurance santé en tête); outre le fait que la dite industrie alimente ses comptes de campagne (et ceux de sa législature), on peut noter que lui-même vient de ce secteur (et y retournera sans doute après son mandat), mais surtout que sa femme dirige une boîte de tests antidrogues (et devinez quelle boîte a emporté le marché?).
La facture devient délirante pour le pays, surtout au vu de l'impact sur la santé moyenne des Américains, leur niveau de couverture, ou ce que cette couverture coûte (en proportion de leur revenu disponible) pour la plupart de ceux qui ont la chance 'en avoir une. Quand on voit par ailleurs le rôle de ce système en général dans la crise des opiacées (outre son échelle, on peut aussi s'en servir comme d'un indicateur: la partie émergée d'un icerberg), on a plus l'impression d'une population instrumentalisée par les dites industries, sans grande considération pour le sens initial de la raison d'être d'un système de santé national. Les différents systèmes, en Europe et ailleurs, ont tous leurs problèmes (y compris dans les pays les plus cités en exemple, notamment les Scandinaves -qui ne sont pas si merveilleux qu'on croit), et il y a certainement un argument exonérant une partie (réduite) des excès américains (avant tout le fait que l'innovation médicale -hardware, médocs- vient essentiellement de chez eux, via ces profits gigantesques), mais ces problèmes n'atteignent pas le quart de l'échelle américaine, et surtout, ne portent pas en eux des conséquences macro-économiques potentielles si dévastatrices.
20 hours ago, Rob1 said:Le problème des nombreux postes non pourvus par l'administration Trump va bientôt atteindre une limite qui va l'aggraver : la loi prévoit que certains officiels en poste par intérim perdent leur autorité 300 jours après l'entrée en fonction du Président, soit le 16 novembre prochain.
J'avais pas vraiment pris la mesure de la chose quand tu l'as postée, ne la lisant qu'à l'aune de mon post.... Mais c'est véritablement une apocalypse potentielle, là: le risque de foutoir généralisé est immense, et surtout celui de perte brutale de compétence dans un maximum de domaines d'action du gouvernement. Ca va faire des centaines de responsables qui partent sans pouvoir assurer de transition avec un successeur (et transmettre le savoir-faire, ou même garantir la continuité du service), des vides qui ne seront pas comblés et dont on mettra des mois, voire des années, à comprendre les merdages et les conséquences qu'ils entraînent. Dans quelle mesure cela peut-il être réellement voulu, par une droite idéologiquement déformée au point de croire (pour beaucoup sincèrement) que toute action gouvernementale est par essence inutile, parasitaire, gaspilleuse et foireuse, et par des sponsors corporate qui veulent profiter du chaos et de la perte d'attention pour opérer la version moderne et capitaliste des razzias d'antan? Et dans quelle mesure cela vient-il de l'incompétence crasse de l'administration Trump (et, semble t-il, de la direction du GOP au Congrès) et de son absence totale d'attractivité pour des gens qualifiés de tous domaines d'expertise (qui ne veulent pas de cette tache sur leur CV)?
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2 hours ago, Boule75 said:
J'imagine la honte au Département d'Etat,
S'il y avait encore quelqu'un pour avoir honte, là-bas.... Hé, mais! Voilà l'explication! La réponse au "pourquoi" exprimé par la patronne de l'organisation professionnelle des services diplomatiques US que je mentionnais dans mon post d'hier sur le sujet (sur le fil "USA" sérieux): Trump et Tillerson virent tous les diplomates et pros du StateDep pour qu'il n'y ait plus personne en mesure de faire des facepalms au regard de ce que devient la politique étrangère US. Quand on vous dit qu'il est susceptible et ne supporte pas la désapprobation (et, comme on a pu s'en apercevoir, la critique).... C'est oedipien, chez lui.
Bon, gare au petit Kim: s'il renvoie encore une réponse, Trump passera à la réplique-tueuse du "nananananère", voire du "bisque bisque rage" ("neener, neener" pour le nord des USA, "nanny, nanny booboo" pour le sud: comme on le voit, POTUS a un vaste et redoutable arsenal).
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Je ne peux pas résister: l'inimitable et perpétuellement en colère Lewis Black sur l'usage des vétérans comme outils dans le discours politique. Cela aurait pu aller dans le fil "criailleries", mais en fait, c'est un bon antidote qui résume beaucoup de ce qui devrait être dit et fait contre les criailleries, vu l'usage et l'abus de cette figure collective abstraite du vétéran pour justifier un point de vue, mais surtout un déni, un détournement de conversation.... Après les méprisables et souvent ridicules polémiques aux conséquences bien réelles et parfois dramatiques, avant tout dans la fuite en avant du pays dans la polarisation sur le moindre sujet (notamment ces histoires d'hymne national dans les stades, où les vétérans ont été largement employés comme outils rhétorique), savourez:
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- C’est un message populaire.
- C’est un message populaire.
On peut critiquer beaucoup de choses chez Hillary Clinton, y compris dans son mandat en tant que Secrétaire d'Etat, mais une qu'on doit lui concéder est que le dit mandat, dans le cadre de la présidence Obama et, sans doute, de son "style" de politique étrangère (lui aussi critiquable), a largement favorisé l'image du Département d'Etat et son attractivité, avec un fort impact sur la quantité et la qualité du recrutement. Pendant ces années, le taux de fidélisation ne fit qu'augmenter, la durée moyenne en poste (et le niveau d'expérience moyen) s'est accrue raisonnablement, et le nombre de candidatures a explosé, si bien qu'en 2016, il y avait 17 000 candidats aux postes de début de carrière, soient environs 400 emplois! Cette année, il est estimé que moins de 8000 se seront présentés, pour 100 postes ouverts (un meilleur ratio, diront certains, mais....).
L'arrivée de Trump et le leadership de Rex Tillerson ont largement changé cela: le ministère est en pleine désaffection, sans direction, sans grande influence, sans directives, et souvent sans cadres de terrain, à commencer par les ambassadeurs eux-mêmes. Les services centraux sont en mode survie et leurs bureaux fermés, ou maintenus avec des effectifs squelettiques, des chefs d'équipes se contentant au mieux d'organiser des exercices de simulation divers pour maintenir un peu de moral et d'activité, et entretenir quelques habitudes et routines dans cette machinerie complexe qui pourrait avoir besoin de recommencer à fonctionner en urgence. Les capacités de recherche et de traitement de l'information, voire, dans certains cas, la simple capacité à expédier les affaires courantes (notamment les affaires consulaires, soit le business administratif dont ont besoin tous les Américains hors des USA ou voulant aller hors des USA), sont grandement réduites.
La présidente de l'American Foreign Service Association (organisation professionnelle du service diplomatique et de l'Agency for International Development, ainsi que plusieurs départements "affaires internationales" d'autres ministères et agences, représentant près de 30 000 fonctionnaires retraités ou actifs, dont 15 000 payants) vient de publier une lettre ouverte visant à tirer une sonnette d'alarme à propos de la situation, article qui paraîtra dans la revue du service bientôt. La chose attire évidemment peu l'attention, vu qu'on parle là d'un domaine mal connu, souvent difficile d'approche, pas particulièrement populaire, en grande partie peu transparent (le surnom du StateDep est "foggy bottom" -"cul brumeux"), et n'intéressant de fait que les geeks du sujet et les professionnels. Néanmoins, la lettre décrit une situation alarmante pour la capacité du pays à exercer son rôle de leader via cet outil somme toute peu cher (surtout si on compare au DoD et à ses gaspillages) qui est l'un des plus grands multiplicateurs de force des USA et, soulignons-le, son premier service de renseignement et d'analyse. Ainsi, l'encadrement du ministère serait littéralement décimé: le corps a perdu 60% de ses ambassadeurs de carrière depuis janvier (équivalent d'un général 4 étoiles), ceux ayant le rang de "career ministers" (équivalent d'un général 3 étoiles) sont passés de 33 à 19, et ceux ayant le rang de "minister counselors" (0-8, soit équivalent général de division) sont passés de 431 à 369, avec un rythme de démission et de mise à pied qui tend à s'accélérer. Il y a 74 postes de cadres dirigeants du Département d'Etat qui ne sont plus occupés depuis janvier, et pour lesquels il n'y a même pas de candidats.
Le service n'était pas pléthorique, d'après ce qui se dit, et l'élagage actuel (une bonne partie étant spontané,e et non décidée par une quelconque politique managériale) va bien au-delà de ce qui correspondrait à une "rationalisation"; il faut aussi souligner que pour un cadre sup qui part, il y a une litanie de cadres médians et inférieurs, de techniciens/experts et de fonctionnaires divers, qui partent aussi. Mais ces hauts cadres qui partent sont un matériau très spécifique, qui ne peut être "fabriqué" et entretenu que par le service lui-même, depuis le recrutement au plus bas niveau: aucune autre organisation n'a de cursus comparable ou de spécialités de ce genre, et seule la formation de base, pour les newbes, se fait à l'université (en fait, assez peu d'entre elles ont une "school of government" avec un département international de bon niveau). Et il y a à tout moment une masse de travail critique réclamant un nombre incompressible de décideurs de tous niveaux dans cette structure qui ne peut dédoubler des personnels spécialisés, ni traiter de façon générique les sujets généraux ou ceux concernant différentes parties du monde: les pays et régions du monde, les sujets d'expertise, ne changent pas parce qu'un manager "cost killer" en décide, et un pays, surtout un aussi présent dans le monde, ne peut se permettre de se retirer de certains endroits et sujets, ou de traiter génériquement ces questions avec des "multi-spécialistes", le genre de concept qui ne sonne bien que sur le papier. Pas pour quelques économies de bouts de chandelle, et pas si le dit pays entend rester dans le business, et surtout en position dominante.
Et comme souvent, quand on évoque le nombre de départs, surtout de l'encadrement, on ne peut que sous-estimer un autre phénomène (qui réclamerait de connaître les individus pour bien réaliser l'ampleur du problème): c'est toujours les meilleurs qui partent les premiers. La lettre ouverte de l'association professionnelle des diplomates parle d'une décapitation pure et simple de la politique étrangère américaine et de la capacité diplomatique du pays... Et pose une simple question à laquelle personne n'a de réponse au Congrès ou ailleurs: "pourquoi?".
Est-ce réellement une volonté de l'actuelle administration que de décapiter ainsi la diplomatie et l'expertise internationale du gouvernement? Si oui, jusqu'à quel point la situation actuelle est-elle due à cette volonté (une bonne partie venant aussi de départs volontaires face aux politiques menées, à l'incompétence généralisée, à l'inactivité)?
L'actuel voyage en Chine de Trump pourrait servir d'exemple anecdotique de l'amateurisme grandissant de la diplomatie américaine qui résulte de cette situation: le candidat belliqueux à l'égard de la Chine s'est cette semaine écrasé assez lamentablement et obséquieusement. Confronté aux questions des journalistes présents sur son virage à 180° sur les relations sino-américaines, Trump a littéralement fui et, pour l'essentiel s'est de fait ridiculisé, ce qu'un département d'Etat est généralement là pour éviter (en préparant l'événement, briefant et coachant le président, co-organisant la rencontre, établissant les termes de la négo...), empêchant Xi Jinping de passer pour l'absolu vainqueur de l'échange (sans même qu'il ait eu à être désobligeant, ou avoir l'air de faire quoique ce soit).
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En préparation de la dernière saison, tournons-nous vers le passé et demandons-nous comment les choses auraient pu tourner, quels chemins auraient pu être pris. Parfois, il suffit de petits riens pour changer totalement de point de vue sur une trame narrative. Après tout, les personnages ne sont que ce qu'on en fait, et la façon dont on les voit est tout à fait subjective: les méchants ne sont pas forcément si méchants, ni les "gentils" (ça reste GoT) si gentils/francs du collier, et les fils narratifs que l'on voit ne sont pas forcément si tragiques ou plats, ou grandioses ou vicieux. C'est peut-être juste votre terrible subjectivité qui vous fait voir le parcours d'Arya comme une longue tragédie sanglante, par exemple.
Donc, et si, en fait, GoT avait été un sitcom des années 80? Attention nostalgie dans le son, et changement de perspective sur certaines choses (et je vous assure, tout fait sens
):
Ou s'il s'était agi d'une série des années 90 (et puis c'est une excuse -pour ceux qui en ont besoin- pour écouter Freddy Mercury):
Ultime avertissement: pour ceux qui étaient en âge de regarder la télé à l'époque.... Ca file un coup de vieux.... Et ça remet bien des choses à leur place sur le ton et les défauts de la télé de ces décennies (comme on ne voit que très partiellement le ridicule de ce qu'on regarde actuellement).
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Je crois que la chose avait été évoquée sur ce topic: peu de temps après les événements de Charlottesville, un scandale avait éclaté à l'Air Force Academy, en raison de graffitis racistes peints sur la porte de chambre de plusieurs cadets de couleur. Le directeur de l'Academy avait alors réuni son petit monde et sorti un discours véhément adressant le problème et prenant une position sans nuance sur le caractère intolérable de ce genre d'actes et de l'état d'esprit qui y mène, invoquant Charlottesville pour appuyer son propos et souligner les valeurs essentielles du corps et des forces armées. La vidéo du discours avait été largement diffusée, une énorme volée de tweets, incluant de nombreuses personnalités politiques et des médias avait approuvé, le tout sur fond de l'habituelle avalanche d'articles disant que le racisme c'est mal et que l'Amérique en est remplie jusqu'au trognon par son essence même, donc que toute personne blanche en est suspecte et doit être traitée comme tel (soit en fait la même chose que le contenu des journaux quotidiens).
Après enquête, le coupable vient d'être trouvé, et il s'avère qu'il s'agit de l'une des victimes, qui espérait ainsi se défausser de problèmes disciplinaires et scolaires en "jouant" la carte d'un scandale de racisme. Oups.
Si mon ton est ironique, c'est essentiellement par moquerie du ballet médiatique autour de tels sujets, où les partitions sont toujours pré-écrites, les conclusions prédéterminées, et où, à force, chaque événement particulier sur un certain nombre de sujets (sexe, race, armes à feu....) est généralement oublié pour ne servir que de prétexte aux intervenants habituels pour se lancer dans la même diatribe et le même genre d'exposé idéologique, au service de leurs camps particuliers (et très défini). Il n'y a pas de dialogue, juste des échanges d'artillerie pré-programmés, des accusations lancées dans tous les sens, des procès d'intention en pagaille, et certainement aucun intérêt pour les individus impliqués dans l'événement-prétexte du moment.
Bref, la comédie humaine. Mais quand c'est à ce niveau, avec un tel martelage constant, aussi peu de changement dans le registre ou même les phrases employées, avec autant de venin et d'idéologie (par essence accusatoire), c'est franchement un très mauvais spectacle. Faut pas s'étonner des audiences minables, essentiellement réalisées auprès de publics âgés et/ou captifs/fidélisés, plus ou moins PAS représentatifs.
Et je parie que cette conclusion burlesque (pour une fois, il y a un "plot twist") ne bénéficiera pas du quart du dixième de la couverture médiatique de l'événement initial dans les médias des 2 côtes: faut pas changer la ligne
du partinarrative générale, et les faux-semblants marketing du business, établis de haute lutte: Fox est de droite/taré, MSNBC est de "new left"/bien pensant (dans le social/sociétal), CNN est "équilibré" (clin d'oeil appuyé), les networks sont aux fraises... Et les Américains, pour l'essentiel, regardent des infos locales.[Notons que dans la même veine, ce genre de faux scandale est assez fréquent: une polémique analogue a eu lieu cette semaine dans le Kansas, et on s'est vite aperçu qu'il s'agissait d'un automobiliste noir ayant peint des injures racistes sur sa voiture pour aller hurler au crime.... Et essayer de s'en tirer ensuite en disant que "c'était une vanne".... Ou encore le désormais culte "coup de la banane dans une fac américaine il y a un ou deux ans, où une peau de banane laissée sur une souche d'arbre a donné lieu à une inquisition et un scandale de plusieurs semaines et traité à la télé nationale parce que des étudiants noirs ont fait un patacaisse de la chose en disant que des racistes avaient fait ça pour les assimiler à des singes.... Il s'est avéré que c'était juste un étudiant qui avait eu la flemme de foutre sa peau de banane à la poubelle.... Evidemment, ces anecdotes sont nombreuses, et les incidents à caractère raciste le sont sans doute encore plus. Au global, cela révèle surtout l'état d'humeur du pays, en particulier de certains groupes, de certaines forces en son sein, qui sont à la recherche de telles choses pour y réagir/sur-réagir, extrapoler dessus.... C'est beaucoup plus que juste un certain nombre de sensibilités légitimement à fleur de peau]
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1 hour ago, Boule75 said:
@Wallaby : je ne sais pas trop qui tu cherches à convaincre, en fait. Sur Twitter il y a à la fois des journalistes qui l'utilisent pour présenter des nouvelles (qu'ils pensent) recoupées, des journalistes qui y sont en bonne partie à titre privé voire polémique et ne prétendent pas fournir le même niveau de rigueur que dans leurs rédactions, plein de particuliers, des entreprises, des propagandistes amateurs et professionnels, des fous, et des bots !
A boire, à manger, à vomir.
Tu ne peux pas considérer Twitter en entier comme une source fiable ou pas : c'est intrinsèquement le bazar. Certains tiendront des fils honnêtes, d'autres pas, pour d'autres ce ne sont tout simplement pas des nouvelles mais une extension de leur blog ou un espace de vannes. Le mieux qu'on puisse en tirer, c'est de tenter de sélectionner des fils intéressants parce que régulièrement fiables, drôles ou intéressants d'une autre manière. Pas forcément facile, n'est-ce pas... Mais ça n'est pas pour autant que tout y est à jeter.
Je dois m'inscrire en faux: Twitter est par essence et par sa nature même un chancre sur le débat public. C'est pas 2 ou 3 cellules saines ici et là dans l'organisme qui changent sa nature. La preuve? Etre régulièrement sur twitter est très mauvais pour l'intellect, les nerfs, et la santé
. Le média est le message, et ce média là, c'est pour l'essentiel un multiplicateur (en quantité, en qualité, en rapidité) des tares humaines, de leurs névroses, de leurs calculs antagonistes et de leurs prises de bec. Avec encore moins de temps pour donner la moindre chance au cortex préfrontal de décider de se poser quelques questions, voire, ô chose choquante de nos jours, envisager d'actionner la langue pour qu'elle tourne quelques fois dans la bouche.
Je vais donc de ce pas lancer un fil twitter pour faire fermer Twitter
. Et après, faudra s'occuper de Buzzfeed, le cancer anal de l'internet.
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10 minutes ago, The mouse said:
Malgré une faible participation, le maire sortant a estimé que les New Yorkais avaient, en le réélisant, « envoyé un message à la Maison Blanche », un an exactement après l'élection de Donald Trump
Source: http://www.rfi.fr/ameriques/20171108-elections-etats-unis-parti-democrate-blasio-trump
On verra bien dans un an. Les élections intermédiaires ne passionnent pas les foules aux Etats-Unis, ni les autres élections.
Les politiciens américains sont en mode "repeat" depuis longtemps: chaque fois qu'un vote a lieu, ou que quelqu'un dit quelque chose, ils sortent cette phrase comme des disques rayés: "cela envoie un message".... Vu le vote de la ville de NY aux présidentielles (genre plus de 90% démocrate à Manhattan, pas beaucoup moins dans les 4 autres boroughs), le "message", c'est quoi: "Donald, on t'aime toujours pas"? Le problème de telles proportions dès le début, c'est qu'on ne peut rien dire de nouveau. Et en attendant, la gouvernance de DeBlasio peut se passer médiatiquement d'examen, si il fait tourner la question autour de la présidence..... Et je doute quand même que tant de NewYorkais aient voté en pensant émettre un avis sur Trump: une certaine proportion, certainement, ce qui a suffi à donner à DeBlasio une marge confortable.
Par contre, en Virginie et dans le NJ, c'est la branlée pour le GOP; et -les SJW vont exulter et émettre plein de théories- l'arrivée d'un transexuel au Parlement de Virginie promet des discours édifiant sur la "modernité"
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Pour le New Jersey, rien de très étonnant: non seulement l'Etat est profondément démocrate (et n'avait, initialement, voté pour Christie que par réaction contre la corruption, les problèmes qu'elle implique, de l'équipe précédente, et dans le contexte post crise financière), mais la seule image de Christie a été le nuage noir sur les candidatures républicaines, par association. Il a refilé sa puanteur aux candidats républicains.
Dans un autre registre, ces résultats, surtout ceux de Virginie, en disent beaucoup sur le "pouvoir" de Steve Banon et la soi-disant "vague nationaliste" (sous entendu "white nationalists") qu'il est censé avoir suscité et développé.
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4 minutes ago, Shorr kan said:
Qu'est ce que t'as contre les mecs qui aiment le 155 ? Hein ?! Raciste va !
Bien dit. J'ai toujours trouvé Alexis un peu sectaire, mais un ton aussi critique sur de braves et honnêtes citoyens prêts à sortir à tout instant la pétoire de l'arrière-grand-papa artilleur à Verdun, par civisme évidemment, c'est franchement outrageant! Parce que le monsieur Alexis, il va oser prétendre qu'il n'a pas au moins un 155 GPF dans son garage et un Mo120 dans la buanderie, hein? Vas-y, ose nous le dire dans les yeux!
QuoteMais il y a une distance non négligeable entre "je vote pour des gens qui me promettent de mettre au pas ceux qui se f...ent du monde" et "je vote pour des gens qui sortiront le 155 mm à tout bout de champ"
Plus sérieusement, oui, il y a une distance, mais le sens de mon propos est plus de souligner qu'il s'agit moins d'une distance de principes que d'une de degrés, et qu'à force de frustrer la première proposition, on peut pousser plus de monde vers la seconde.
QuoteMeuh non. Pas besoin de chocolat chaud pour fantasmer.
Ca marche sans. Ca marche encore mieux avec. Si c'était pas le cas, il n'y aurait aucun marché pour les aphrodisiaques
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Malgré des trucs que je trouve personnellement très lourds, et beaucoup de maladresses, The Orville réussit assez bien à maintenir ce genre de ton: on aime ou on n'aime pas, mais avec des moyens très modestes je dirais pas que leur budget de saison équivaut au budget d'un épisode de STD, mais c'est pas forcément si loin), ils ont vite réussi à trouver une audience et à la stabiliser.