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Tancrède

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Messages posté(e)s par Tancrède

  1. Dans la série "état des lieux sur le pouls de la population US", un petit truc du WaPo qui a son intérêt:

    https://www.washingtonpost.com/graphics/2017/national/democracy-poll/?utm_term=.dce304a1064e

    (Je ne sais pas s'il y aura un paywall sur la chose; j'ai pas suivi la politique de ce journal en la matière. Il est accessible à certains moments, complètement fermé à d'autres)

    Un des graphiques est particulièrement parlant, répondant, catégorie par catégorie, item par item, à la question de savoir ce qui (ou qui), selon le public, mérite le plus de blâme pour le dysfonctionnement politique du pays:

    (NB: chaque item a 3 réponses possibles: "très responsable", "en partie responsable", "pas responsable".... Désolé, le graphique est pas copiable)

    (Re-NB: les réponses sont ordonnées, du plus au moins blâmable)

    L'argent en politique: 65/31/4

    Les riches donneurs politiques: 56/38/6

    Les gens ayant des vues extrêmes (un peu spécieux comme formulation, selon moi): 56/37/6

    DJ Trump: 51/34/14

    Les médias sociaux: 49/44/7

    Les médias d'information (traditionnels): 49/39/11

    Les élus du Congrès: 47/47/4

    Le "politiquement correct" (vaste nébuleuse): 41/43/15

    Les activistes "liberals": 40/47/11

    Le Parti Républicain: 38/53/8

    Les élections peu concurrentielles au Congrès: 35/51/12

    Le Parti Démocrate: 32/54/13

    Les activistes conservateurs: 30/52/16

    Barrack Obama:  25/38/36

    L'électeur moyen (toujours pur et innocent, celui-là): 19/55/24

     

    Le décalage entre ces faisceaux d'opinions (évidemment pas objectifs mais représentant l'état d'esprit de la population sur ces points) et les sujets traités par les médias, mais aussi l'opinion générale exprimée sur les dits sujets par les mêmes médias, devrait servir d'indicateur pour ceux qui croient pouvoir se faire une idée de la "zeitgeist" américaine du moment. 

    Intéressant de noter que dans les familles de facteurs expliquant le plus le dysfonctionnement actuel, le niveau extrême d'esprit partisan, la polarisation si souvent évoquée (et la radicalisation/le retranchement dans la "famille" d'appartenance, même si on est en désaccord avec la majorité de ses idées), d'une part, et l'argent en politique, d'autre part, sont les deux sujets qui reviennent le plus dans tous les sondages et enquêtes, quelle que soit la façon de formuler la chose. Et le rôle des partis et médias (des gens eux-mêmes aussi, dans une moindre mesure) est surdimensionné dans ces deux choses, pour attiser les premières et protéger/maintenir/développer la seconde. Et cette critique de l'argent en politique se retrouve à des niveaux comparables aussi bien chez les électeurs démocrates que républicains ou indépendants. 

    Le "liberal bias", si inexistant sur les sujets économiques, est cependant souvent évoqué et largement ressenti comme réel pour ce qui concerne la politique et les sujets sociaux/sociétaux. 

    Assez représentative:

    Quote

     

    Gina Haag, a high school government teacher in Cedar Rapids, Iowa, said she believes two of the biggest culprits contributing to political dysfunction are “hyper-partisanship” and the amount of money in politics.

    “It’s gotten to the point where money matters more than who’s running or what they stand for,” said Haag, 24, a registered independent.


     

    Plus inquiétant encore (mais dans la ligne de nombreuses choses dites sur ce fil);

    Quote

     

    The poll also suggests that Americans are using political labels to define people more broadly.

    Half of Americans say that if they know someone is a Democrat, that not only indicates what they think about government policies but also how they live their lives. More than half of Americans say the same thing about Republicans.

    At the same time, many Americans feel less commonality with their neighbors. A 56 percent majority says there are fewer things that bind Americans together today than in the past, a view shared by majorities across party lines and most demographic groups.

     

    Cela pourrait, en soi, ouvrir un sujet sur les sociétés modernes/urbanisées/post industrielles et multiculturelles, les USA en représentant peut-être une forme plus extrême: les "nouvelles solidarités" tant vantées, les "valeurs" dont on nous rebat les oreilles (au point qu'à force, elles deviennent encore plus abstraites et assez vaines à invoquer), les "villages" créés par les nouveaux médias.... Peuvent-ils remplacer les anciennes formes de solidarité (ethniques, géographiques, religieuses, socio-professionnelles, culturelles, claniques/familiales....) qui ont été battues en brèche par la sécularisation, l'urbanisation, l'atomisation sociétale (restriction de l'horizon familial à une famille nucléaire, qui plus est moins permanente), la mobilité professionnelle et géographique (sans cesse accélérée et accrue), l'individualisme érigé en norme absolue (de fait par le mode de vie autant que de par la mentalité du temps), "l'hédonisme" (à prendre avec des pincettes pour éviter de tomber dans une mentalité de vieux réac critiquant la "mollesse", la "paresse", l'égoïsme et l'égotisme par essence forcenés des jeunes :dry:).... 

    Bref, tous ces éléments pas/peu visibles, moins sensibles dans le court terme, qui forment la solidité d'un tissu social et d'une collectivité, sont-ils nettement plus fragiles qu'auparavant, les nouveautés censées les remplacer/développer ne pouvant en aucune mesure les remplacer? 

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  2. 7 minutes ago, Boule75 said:

    Je te soupçonne d'être quelque peu injuste sur cette affaire. :dry:

    Pas au vu du nombre de fois où je l'ai surprise en train de mentir de façon éhontée, mais surtout du nombre de fois où ses biais se manifestent. Elle a à 300% dans la vision clintonienne des choses, extrêmement remontée contre tout ce qui déroge aux sacro-saintes règles de "l'identity politics" (bref, si vous êtes blanc, et pire encore, un homme, votre opinion ne compte pas, sauf marginalement pour confirmer la sienne, et vous êtes sans doute un nazi sexiste), et tout ce qui va contre la ligne des élites actuelles du parti démocrate (les affairistes à l'étiquette Clintoniste/new democrat, cad la version locale du Blairisme) est coupable de quelque chose, forcément biaisé, et sans doute directement lié à la vague de nazis/white supremacists qui, à en croire les gens comme elle, menacent d'engloutir le pays (ces mêmes gars qui ont du mal à rameuter plus de 500 losers à Charlottesville malgré des semaines de préparation). Le niveau de mauvaise foi et d'obsession sur 2 ou 3 sujets qu'on voit sur son show (et d'autres) me fatigue, à force. C'est évidemment pas encore, loin de là, à l'échelle (stratosphérique) de FoxNews (pour l'autre côté), mais c'est une méthodologie de plus en plus voisine. 

    D'ailleurs, sur le sujet de l'affaire de l'uranium, j'entends d'autres versions que celles évoquées dans ta vidéo: c'est un dossier riche (c'est le cas de le dire) et complexe, avec de multiples facettes et (encore) pas mal d'inconnues; sans être la balle magique qu'espère Trump, ou un hypothétique clou dans le cercueil de l'ex-candidate, c'est pas non plus le truc à balayer d'un geste comme c'est fait sur MSNBC. C'est pas parce qu'ils sonnent plus crédibles et plus sérieux que Fox quand ils balancent leurs trucs qu'ils sont moins partisans ou garantis d'être rigoureux à tous les coups (j'ai même l'impression, ces derniers temps, qu'ils abusent de cette réputation établie sous d'autres climats politiques). 

    2 minutes ago, kalligator said:

    Lécher les fions ? t'es dur T.

    Non, je la regarde toutes les semaines depuis un bail. Et elle, comme d'autres à MSNC et ailleurs, ont très clairement choisi leur patronnage pendant la campagne présidentielle (soit depuis 2015), renforçant de beaucoup des biais déjà présents, accompagnant le changement de direction de la chaîne et répondant aux modèles de financement de la télé tels qu'ils ont évolué. Le clientélisme politique des journalistes (surtout TV) est par ailleurs bien connu, ce n'est pas du complotisme. 

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  3. 53 minutes ago, Boule75 said:

    @rogue0 et @Tancrède : à propos de la controverse générée par Trump & Co. autour du soit-disant scandale à propos d'uranium et de Clinton, une bonne petite remise en place d'une polémiste par une journaliste de MSNBC :

     

    Une verve qui rappelle un peu celle de Rachel Madow, en plus froide, moins provocante, moins crispante. Je prendrai bien un petit pari sur le futur positif de Mme. Reid.

    Oui, elle lèche tous les fions qu'il faut, a tous les préjugés qu'il faut: ses maîtres au DNC la récompenseront pour services rendus. 

  4. 33 minutes ago, rogue0 said:

     

    J'ai peut être l'esprit mal tourné, mais le ton fait un peu "quelqu'un veut il s'occuper de ce prêtre ? (qui embêtait un roi anglais: cf archevêque de canterbury). Ou à tenter des manifs de masse dans la rue façon catalogne ? 

     

    "Will no one rid me of this meddlesome priest?"

    Métaphore bien choisie en l'occurrence, mais j'ai entendu l'hypothèse émise plusieurs fois, le Thomas Beckett de l'affaire pourrait surtout être Mueller lui-même, sinon juridiquement, au moins politiquement/médiatiquement, car il était patron du FBI pendant l'affaire reprochée aux Clintons, apparemment, et donc celui qui a enquêté sur le dossier (rapidement, semble t-il) et a blanchi/.n'a pas inculpé le couple ex-présidentiel. C'est une attaque très douteuse, sur un personnage peu attaquable, et si cette histoire d'uranium/corruption a des aspects puants (notamment dans le comportement des Clintons), la voir comme un ensemble cohérent destiné à "livrer" 20% de l'appro US en uranium contre pots-de-vins est essentiellement du conspirationnisme. Mais le président actuel n'est pas un juriste, c'est un tribun de la plèbe, et il utilise les armes d'un tribun de la plèbe, puisque tout mouvement anti-Mueller ne peut venir que du Congrès, et surtout du Sénat, dont les raisons d'agir sont avant tout politiques, et dont les membres ne se bougent que par des biais politiques (et financiers), avant tout leur électorat et leurs perspectives de réélection. Donc, y'en a qui font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont (ou comprennent). 

     

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  5. De toute façon, les Kurdes viennent de perdre, quasiment sans coup férir, la seule chose qui leur permettait d'avoir une prétention un peu crédible à l'indépendance: le pétrole des alentours de Kirkouk. Sans cette ressource, ils n'ont rien: on sait depuis un moment qu'il n'y a pas vraiment de "miracle économique" kurde, comme cela a pu être prétendu ici et là depuis quelques années, que le gouvernement Barzani, c'est un mélange de brigandage et de bricolage saupoudré d'expédients divers et de clientélisme éhonté, le tout fondé sur le seul atout de la très relative stabilité de la zone (comparé à ce qui l'entoure), mais seulement s'il est associé à la volonté de soutien occidentale (surtout étasunienne) et au pétrole. Ce dernier vient pour l'essentiel de partir, l'avant-dernière vient d'être démontrée comme étant très conditionnel, et la première est désormais moins certaine, surtout si l'équilibre précaire co-créé par Barzani part avec lui, et si les milices chiites, voire d'autres, s'en mêlent. 

    Je sais pas s'ils vont encore beaucoup crier "welcome America", après ce coup là (et les précédents). En tout cas s'ils vont le crier fort. 

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  6. 17 minutes ago, rogue0 said:

    McConnell, "leader" des républicains traditionnels tente une contre-attaque sur Bannon.

    https://www.washingtonpost.com/powerpost/gops-insurgents-step-up-campaign-against-mcconnell/2017/10/25/ec3a5af4-b9a0-11e7-9e58-e6288544af98_story.html?tid=hybrid_collaborative_3_na&utm_term=.8ed1fb3b8a89

    https://amp.thedailybeast.com/establishment-republicans-agree-steve-bannon-is-kicking-our-ass

    En résumé

    Bannon, alias le théoricien suprémaciste/populiste en soutien de Trump, veux transformer le GOP à son image.
    Tout élu républicain coupable de "mollesse" ou de "trahison" verrait la nomination d'un candidat populiste de Bannon (genre Roy Moore).
    ça fait des mois qu'il fait le rouleau compresseur (et a déjà poussé Corke et Flake à sortir).

    Les Républicains traditionnels tentent une réplique tardive, avec la création d'un PAC spécial anti-Bannon (pour l'instant, ne vise pas Trump).

    L'enjeu ? (EDIT et pourquoi je ne l'ai pas mis dans le fil criailleries)
    Savoir si le GOP garde son identité (parti de "gouvernement" au sens large US du terme...),
    ou s'il se transforme en une machine de guerre populiste dédié à perpétuer les idéologies de Bannon (populiste, suprémaciste) .


    Mon opinion : action (très?) tardive, et trop timide.
    Pour tuer Bannon appuyé par Breitbart et sa galaxie alt-right, il faut aller beaucoup plus loin dans le rouge bien saignant ...
    Ou directement passer par la case judiciaire / barbouzerie.

    Par exemple, j'ai vu passer des fuites d'email, montrant les liens explicites de Bannon avec les félés radicaux (Milo, gamersgate)...
    Et ça a fait psshhhht.
    Noyé dans le flot des fake news.

     

    De ce que je vois, faut pas trop croire à ce raz de marée populiste non plus: Banon est très impopulaire, y compris à droite, et l'audience de Breitbart est très limitée (y compris intellectuellement, diront les mauvaises langues): le ras le bol par rapport aux establishments de partis est réel, et causera encore des problèmes, tant que ceux-ci ne changeront pas, mais pas au point de propulser les banonites au top en suffisamment de lieux (et l'argent des Mercer ne pèse pas aussi lourd, très loin de là, que l'argent des Koch et consorts), surtout face à la nullité gouvernementale de Trump, quand bien même une part de l'électorat l'attribue au Congrès. Bannon, depuis le 8 novembre, essaie de se présenter comme celui qui a décidé de l'élection et en a conçu l'architecture, qu'il pourrait reproduire à l'envi, alors qu'on sait très bien:

    - que l'élection fut la conjonction de dizaines de phénomènes et hasards différents (et que le rejet de Clinton y a pesé plus que beaucoup d'autres choses)

    - que Bannon était un carabinier d'Offenbach dans cette élection

    - que la victoire a surpris avant tout le camp Trump qui pliait déjà bagage plusieurs jours avant le résultat

    Donc présenter la chose comme un calcul, ça vous donne peut-être de la gueule dans certains cercles, mais c'est peu crédible, surtout pour Bannon. Il joue un peu le rôle du gars qui persiste à danser pendant des mois pour faire venir la pluie, alors qu'il ne fait que l'attendre, et qui, quand elle vient, dit que c'est parce qu'il a dansé. 

    Quand on regarde les électorats, les tropismes.... Dans la galaxie républicaine, on se rend compte que si la colère est bien là, Bannon et Breitbart en font partie, mais n'en sont qu'une partie, et ne l'influencent que peu. A gauche comme à droite, il y en a qui se font beaucoup d'illusions sur leur pouvoir et leur popularité, et de là, sur les prérogatives qu'ils pensent pouvoir accaparer. Evidemment, l'illusion peut se maintenir auprès de certains tant que les médias bien-pensants ont besoin d'un épouvantail à agiter (Bannon et le 4ème Reich planqué partout) et que tout ce que le GOP met en avant est Mitch McConnell, hautement impopulaire. Mais bon, l'illusion vend plus de papier et de clics, ces temps-ci, du moins dans le marché médiatique actuel, cad une petite minorité des électeurs américains, généralement déjà convaincus par leur camp et quasi impossibles à bouger. Tout ce théâtre influe donc assez peu sur les groupes politiques organisés, bien retranchés dans leurs certitudes et dans leurs bulles. 

     

  7. Just now, Boule75 said:

     

    • A-t-il été signalé que le Ministère de l'Environnement US a interdit de conférence (publications, etc...) tous ses chercheurs qui mentionnaient le changement climatique ? Trop polémique.

     

    Tout en ayant ouvert les eaux préservées de l'Alaska à l'exploitation pétrolière sans frein après une visite d'1h d'un PDG. Exit le système de protection fastidieusement érigé pendant des années. 

     

    Sinon, il y a quelques années, sur ce fil, j'avais sorti les résultats d'une enquête sur la répartition des divers électorats (considérés comme relativement cohérents) composant les partis américains. En voilà une récente du Pew Research Centre, qui décrit le même genre de catégories, mais -intéressant filtre ajouté- selon les niveaux de participation politique, et soulignant les divisions et rapports de forces au sein de chaque grand camp:

    http://www.people-press.org/2017/10/24/political-typology-reveals-deep-fissures-on-the-right-and-left/

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    Définitions des groupes:

    Core Conservatives: In many ways the most traditional group of Republicans. Overwhelmingly support smaller government and lower corporate taxes, and a majority think U.S. involvement in the global economy is a good thing.
    Country First Conservatives: Older and less educated than other GOP-leaning typology groups. Unhappy with the nation’s course, highly critical of immigrants and wary of U.S. involvement abroad.
    Market Skeptic Republicans: Stand out from other Republican-oriented groups in their negative views of the economic system. Skeptical of banks and financial institutions, and support raising taxes on corporations
    New Era Enterprisers: Optimistic about state of the nation and its future. Younger and somewhat less overwhelmingly white than other GOP typology groups. Most say U.S. involvement in the global economy is a good thing and that immigrants strengthen the nation.
    Devout and Diverse: Majority nonwhite, highly financially stressed, religiously observant and older than other Democratic-leaning groups. The most politically mixed typology group, with about a quarter leaning Republican. Take somewhat more conservative views than other Democratic-leaning groups on a number of issues.
    Disaffected Democrats: Majority-minority group and highly financially stressed. Have positive feelings about the Democratic Party and its leaders, but are highly cynical about politics, government and how things are going in U.S.
    Opportunity Democrats: Less affluent, less liberal and less politically engaged than Solid Liberals, though the two groups agree on many major issues. Believe most people can get ahead if they work hard.
    Solid Liberals: Largest group in the Democratic coalition. Highly educated and largely white. Express liberal attitudes on virtually every issue. Say the nation should be active in world affairs.
    Bystanders: A relatively young, less educated group that pays little or no attention to politics.

     

    Où on constate que les deux groupes qui pèsent disproportionnellement lourd sont les "Core conservatives" et les "Solid Liberals", soient essentiellement la partie en moyenne la plus éduquée, active et aisée (ou au moins plus tranquille financièrement) de la nation: depuis la Rome antique, rien n'a changé, ce sont bien les gens les plus aisés (relativement) qui votent plus et ont plus de convictions établies. L'érosion, cependant, de la classe moyenne, du niveau de revenu disponible, de la confiance en l'avenir (et plus encore en celui des enfants) a grignoté cet état de fait, s'il faut en croire la popularité de certains politiciens et de certaines causes dépassant les lignes de partage de l'enquête, dans ces électorats même (cf Sanders, l'élévation du salaire minimum, le Medicare for all, le lire-échange, l'argent en politique, la présence et action outre-mer....), et en observant que la définition qui est souvent donnée à "conservative" et "liberal" dans les sondages, enquêtes et reportages peut varier plus que les catégories statistiques ne peuvent l'indiquer. A noter aussi une possible érosion des avantages de taille suggérés par les graphiques, via un plus grand niveau d'organisation et d'activisme hors des groupes principaux, au sein même des partis ou en-dehors d'eux, facilité par un ras le bol et des craintes accrus, ainsi que par les médias sociaux (qui ont un peu démocratisé le coût de certains dispositifs jusqu'ici plus l'apanage des grandes organisations établies et des gens plus fortunés). 

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  8. 53 minutes ago, rogue0 said:

    Voici un deal un peu moins déséquilibré, mais laissant plein de questions.

    Foxconn a signé un accord avec le Wisconsin pour ouvrir une énorme usine pour écrans LCD.
    La subvention accordée par l'Etat est de ... 3 G$ (2.85 milliards en cash échelonnés sur 15 ans + exemption de la plupart des impôts société et sur les bénéfices + ristourne sur la construction).
    Ceci en échange de:

    • un investissement privé de Foxconn jusqu'à 10G$ (détails un peu flou, et sans engagement)
    • la création de 3000 emplois au démarrage ( sans garantie de la part de Foxconn)
    • un rêve d'extension du projet jusqu'à 13 000 emplois directs.

    Dans le meilleur des cas, il faudra au moins 25 ans pour que ça soit rentable pour les contribuables du Wisconsin (break even).

    J'ai moins d'objection sur ce type de projet, qui peut aider à faire décoller une région.
    Par contre, on notera que les GOP n'ont pas voulu ou réussi à mettre des engagements fermes de Foxconn sur l'emploi.

    Par exemple, si Foxconn construit l'usine, puis la ferme sans embaucher (crise économique, changement de stratégie, etc), il auront droit à la moitié de la somme (1.5G$).
    Et si plus tard, il y a 300 employés et 13 000 robots, Foxconn sera éligible à la totalité de l'aide pour l'emploi :dry:

    La chose intéressante serait de pouvoir faire le tour des donations aux élus locaux et nationaux du Wisconsin, des dons faits aux PACs/SuperPACs/501(c)s locaux: le lien de cause à effet est évident, mais aux USA, ça s'appelle des activités légitimes. En Chine, on qualifie ça de corruption; forcément, c'est moins bien organisé, et au lieu de passer par des intérmédiaires bien habillés qui vous font la paperasse de ces activités, il faut aller trouver les gens à qui filer des enveloppes ou des titres de participation dans une quelconque boîte, dont il faut relever le RIB ou à qui il faut donner des numéros de compte dans des endroits discrets. 

  9. 1 hour ago, rogue0 said:


    Je croyais que l’objectif était de drainer le swamp ?
     

    Ben oui.... Faut bien le drainer si tu veux en amener l'eau sale et la boue (et tous les autres trucs chelous qu'il peut y avoir dedans) dans TON lopin de terre, et le faire puer pour ton compte. Logique, non? 

    Quote

     

    C'est tellement gros que ça serait presque comique, sauf que c'est de l'argent public (swamp), et 80% des habitants n'ont toujours pas l'électricité après 1 mois ...


     

    A mettre en parallèle avec le forcing fait par l'administration Trump pour "annuler"/réduire la dette de Porto Rico, notamment soutenu par quelques-uns des créanciers de l'île, qui ont pris les devants: l'idée serait de racheter au moins une partie de la dite dette avec de l'argent fédéral prêté à Porto Rico (en montants contingentés), les nouveaux bons (à 80 et quelques dollars pièce, je crois) rachetant des anciens dont la valeur s'est effondrée (théoriquement près de 100 dollars pièce, mais actuellement négociés à 43$ tant les perspectives de l'île sont mauvaises, et l'étaient avant l'ouragan), le tout garanti par Washington. Donc un bénef à peine masqué pour les dits financiers, aux frais de la princesse. Les autorités portoricaines ont émis de forts doutes sur le processus, mais apparemment, la MB, et pas mal de monde au Congrès, entendent se passer de leur avis et forcer leur "générosité". 

    Il y a déjà eu quelques tentatives pour utiliser l'argent donné par la FEMA à l'île pour repayer de la dette (évaluée à 74 milliards -en théorie- plus 49 milliards de pensions non financées), ce qu'un juge de NY (à la demande du gouvernement portoricain) a empêché hier:

    https://www.reuters.com/article/us-usa-puertorico-debt-fema/puerto-rico-bankruptcy-judge-forbids-disaster-funds-for-credit-repayment-idUSKBN1CU392

    La Chambre vient d'approuver un premier package de 5 milliards à Porto Rico (ça va passer au Sénat incessamment sous peu), mais ce n'est pas une aide: c'est un prêt, "fondu" dans la loi "multi-désastres" que Ryan a concocté, qui adresse en une fois toutes les zones touchées par les grandes catastrophes naturelles de l'été. Cela s'apparente à ce que Naomi Klein appelle la "shock doctrine", ou le "capitalisme de crise", où l'on voit les Parlements, dans l'urgence, voter tout et n'importe quoi sous les auspices des listes au Père Noël de ceux qui ont beaucoup à profiter (BTP, construction électrique, traitement des eaux, promoteurs immobiliers et évidemment, financiers), essentiellement aux dépends de ceux qui viennent d'en prendre plein la gueule. Les après-catastrophes de la Nouvelle Orléans et de Haïti ne sont que deux exemples récents de ce qui est arrivé aux populations frappées par de tels événements (et la réalité est loin des "success stories" présentées partout.... En tout cas pour la majorité de ceux qui vivaient dans ces zones). 

    Soulignons aussi qu'aux USA, les obligations émises pour le financement de la reconstruction post-catastrophes naturelles sont exemptes d'impôts: ceux qui vont racheter (de fait) de la dette portoricaine existante (pour un meilleur prix que ce qu'ils peuvent en tirer réellement à l'heure actuelle, malgré une apparente décote), souvent d'ailleurs de la dette qu'ils détiennent déjà, vont en plus avoir un bonus via cette exemption (qui ne touche pas la dette existante, qui a été contractée normalement). Ces mêmes financiers se servaient déjà auparavant de leur emprise sur l'île (sur l'autorité locale ET à Washington (Porto Rico n'ayant qu'une autorité tronquée) pour forcer des réformes brutales (le plus souvent sur les pans de population les plus vulnérables et les moins responsables de la situation financière de l'île) et s'offrir des biens (terrains, infrastructures, services) à vil prix et dans des conditions outrageantes et/ou douteuses (comme, je sais pas moi, l'infrastructure électrique? Au hasard). A noter que Washington, notamment sur instance de tels financiers, avait depuis longtemps sapé l'autorité déjà limitée du gouvernement de PR en forçant le contrôle de ses finances aux mains d'une autorité spéciale, le Financial Oversight and Management Board, que les locaux appellent "La Junta". Parlant, non? Cela s'apparente aux mécanismes d'exception que l'on voit implémentés ailleurs, qui désaisissent les autorités démocratiques, tels les "emergency managers" qu'on a vu fleurir ici et là dans de multiples villes et comtés, notamment la ville de Flint, Michigan (et oui, c'est l'emergency managers qui a sciemment causé le problème de la gestion de l'eau, avec l'aval du gouverneur, parfaitement informé). 

    Beaucoup de citoyens de Porto Rico, déjà habitués au phénomène, ont commencé à en guetter les signes dès le lendemain des ouragans, refusant de voir plus de leurs terrains et maisons accaparés (pour une bouchée de pain) par des promoteurs voulant bâtir encore plus de terrains de golf, résidences secondaires et hôtels de luxe, plus de leur infrastructure privatisée (aux tarifs exposés par Rogue, mais à un prix de rachat symbolique).... L'idée d'être des réfugiés sans le sou dans leur propre pays ne les enchante pas, qu'ils soient forcés à l'émigration sur le continent ou condamnés à errer sans rien sur leur île. Ils n'apprécient pas non plus d'être caricaturés comme des inutiles ou des irresponsables ayant créé leur propre situation, ce qui renvoie à l'histoire particulière de l'île depuis que les USA en ont pris possession (1898) et ont accordé la citoyenneté à ses habitants (1917, juste à temps -et c'était le but- pour être envoyés au front en Europe), et à son statut de territoire aux prérogatives législatives et économiques très encadrées et contrôlées par Washington (l'exemple du Jones Act qui force l'approvisionnement de l'île à être sous pavillon US est l'exemple iconique, qui renchérit de beaucoup le coût des denrées). Il n'est pas jusqu'au secteur caritatif qui est légalement en position d'exploiter un désastre, puisqu'une bonne partie de l'aide DOIT passer par des organisations américaines dont les coûts peuvent être dramatiquement élevés (et peu contrôlés: le secteur "non profit" représente 10% du PIB US, et une bonne part est juste du paravent pour blanchir ou exempter des profits et abus), souvent à dessein, ce qui limite d'autant les ressources servant réellement à la reconstruction, mais alimente un secteur très profitable pour ceux qui y appartiennent et se donnent bonne conscience en disant qu'ils "aident" (mais qui, même authentiquement bien intentionnés, coûtent une blinde rien que pour être amenés et entretenus sur place -et qui sont souvent surfacturés par d'autres profiteurs, avec ou sans accord préalable). Financer des organisations locales serait bien plus productif. 

    Porto Rico a bien peu de moyens matériels et constitutionnels de se défendre face à cette nuée de prédateurs. 

     

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  10. 26 minutes ago, Algerino said:

    Bon je mets ça ici  parce que je ne sais pas où le mettre. Des haut-gradés américains sont inquiets pour les armées british. Apparemment une nouvelle série de coupes budgétaires est en préparation, et les mesures de leurs derniers livre blancs ont vite été oubliées. Les promesses n'engagent que ceux qui y croient après tout. Bref, on parle de raboter les Royal Marines d'environ 1000 hommes, de balancer le Bulwark et l'Albion (la MN devrait songer à les racheter si le MoD anglais va au bout de cette folie), de réduire de nouveau les rangs de l'Army de 82 000 à 65 000 gus (déjà qu'ils ne remplissent plus leurs quotas de recrutement), et enfin d'acheter moins de "fast jets" (de F35 quoi). Ouille ouille ouille ça fait mal aux couilles. 

    http://www.forces.net/news/us-military-chiefs-warn-damaging-cuts-royal-marines

    Ca plus le Brexit, la menace d'un nouveau referendum en Ecosse, les résultats des dernières élections en Ulster, la fragilité du gouvernement... Ca sent la fin. 

    On a une idée si ces rumeurs sont fondées, ou si c'est juste la déclaration d'un général US? Quelqu'un a eu des rumeurs? Les éléments de coupe envisagés semblent étrange: ne couper "que" 1000h aux RM (cad gicler un des bataillons d'infanterie et son soutien) mais se débarrasser de deux grands bâtiments amphibie d'un coup, ça me semble étrange . Faire passer l'Army de 82 000 à 65 000h, c'est plus "rationnel" s'il y a une optique de se mettre en mode "hibernation"; on concentre, on maximise le fric dispo par tête de soldat, et on accepte la perte quantitative de capacité pour "rester au niveau" côté qualitatif. A part cibler le F-35 (s'rait temps), rien d'autre n'est mentionné, ce qui, s'il faut encore une fois se fier à ce commentaire, laisserait une Navy macrocéphale (2 PA) avec une flotte de surface disproportionnée par rapport aux ambitions que le nouveau format d'armées (et d'AdA) suggèrerait. 

  11. Y z'ont pas déjà plusieurs projets de telles "villes du futur" en cours, ou au moins en projet, de toute façon? MBS veut en créer combien, comme ça? 

    Plus largement, il veut les peupler avec quoi? Je sais que désormais, il y a plein d'étudiants saoudiens dans les plus récentes universités dont le financement est obscène (mais dont la valeur reste peut-être à déterminer: ça fait des décennies qu'un diplôme de fac en AS vaut que dalle, avec des profs occidentaux qui y font de la figuration contre rémunération), dont une majorité de femmes, mais est-ce suffisant pour alimenter un tel changement, si tant est que tous les projets donnant naissance aux entreprises qui feraient marcher ces villes pouvaient être lancés et financés (et trouver un marché)? Ca ressemble à des projets créés par fiat, pas par croissance organique. Et tout cela est évidemment sans tenir compte des réalités sociales/sociétales et culturelles. J'ai pas regardé la situation budgétaire de l'AS ces derniers temps, mais beaucoup de monde dans le pays semble appelé à l'avoir plus mauvaise: si c'est pour drainer les fonds vers une future potentielle nouvelle élite, ça risque de péter, parce que le clergé aura vraiment une vaste part de marché grande ouverte pour lui. 

    Je ne peux m'empêcher de me demander s'il s'agit d'un pur caprice du prince, d'une envie née chez un gamin pourri gâté avec un mélange de rêves de grandeur et d'une vision de l'évidence des besoins de l'AS pour le futur (et des méthodes de tyran, avec les moyens de les mettre en oeuvre), ou de gesticulation complètement alimentée par des délires personnels (voire une jalousie de l'occident appelant compensation). Quoiqu'il en soit, j'avoue avoir du mal à estimer, même à la louche, les chances de réussite de tels projets: les projections grandioses faites par les cabinets de consulting américains ont été légion depuis des décennies en AS, l'absence de prise en compte de la réalité sociopolitique du pays faisant partie du paysage avec les limites des capacités locales, mais d'un autre côté, les réalisations pharaoniques ont aussi été légions et les moyens financiers restent dantesques, sans pour autant qu'il soit aisé d'évaluer la réussite et l'utilité des projets réalisés. 

     

    7 minutes ago, Shorr kan said:

     

    Pour la premières fois depuis longtemps on aura peut être droit au courant de ce vingt-et-unième siècle à la décapitation d'un roi... 

    Cool, espérons que Youtube la retirera pas trop vite. Comme le monde est plein de bon goût, il y aura rapidement des manips et memes avec ce matériau de base, et on pourra bien se marrer en voyant se pays tomber par terre et la région partir encore plus en fumée qu'elle ne le fait actuellement. Pour paraphraser: "comment j'ai appris à arrêter de m'en faire et aimer la fin du monde".  

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     Pays dont on se doute qu'il est complètement déconnecté de la base, alors que je suis sur qu'il pense le contraire avec la ruche de de supers cadres supers dynamiques qui bourdonnent autours de lui. Une tragédie en puissance, moi je vous le dis...

    C'est tout le trip: pour un changement de l'ampleur voulue, est-il même possible de le faire par décrets et grands projets? Y'a t-il assez de diplômés réellement qualifiés et d'étudiants dans de vrais cursus pour mener ce changement et avoir un impact macro-économique suffisant? Serait-il même possible de leur trouver du boulot à tous dans un monde déjà hyperconcurrentiel où chaque % de part de marché est âprement disputé par des secteurs et entreprises établis? Quelle est la part réelle de la main d'oeuvre étrangère dans l'activité productive en AS? Une corpocratie familiale reposant sur l'armée et une élite occidentalisée peut-elle tenir en AS, surtout si le drain de ressources (financer un tel mode de croissance nouveau sera beaucoup plus cher que l'ancien équilibre) tape sévèrement dans le mode de vie du reste de la population? 

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  12. 8 minutes ago, Shorr kan said:

    Un quelconque rapport de parenté politique avec ce légume et son anatomie si particulière par hasard ? :rolleyes:

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    J'ai pas dit un rad-soc. Mais si t'as l'adresse de l'assiette au beurre, je suis preneur :rolleyes:.

     

  13. 46 minutes ago, collectionneur said:

    Projet annoncé par le prince Mohammed ben Salmane de super mégapole haute tech sur le bord de la Mer Noir avec des  femmes vêtues à l'occidentale travaillant à côté d'hommes  pour 500 milliards de dollars :bloblaugh:

     

    Je me disais "l'Arabie Saoudite va installer un comptoir en Ukraine? Pfff, juste une coquille. 

    Mais je me demande surtout si on ne devrait pas prendre les paris: MBS se prépare t-il un avenir façon Shah d'Iran, ou a t-il une chance de réussir son truc, auquel cas, comme le dit le commentateur, c'est Bienvenue à Gattaca (avec fort accent sur le côté élitiste de ces nouveaux Elohim saoudien dans une mer de Morlocks)? 

     

  14. 9 minutes ago, Patrick said:

    Tu te radicalises Tancrède... Attention à ne pas basculer dans l'extrême centrisme. (une idéologie qui nous promet les nuit les moins claires de notre futur).

    Je me suis toujours considéré comme un modéré enragé d'extrême centre. On nous voit jamais venir.... On aime les clair-obscurs, les demi-saisons, la sauce aigre-douce et les power ballads. Et on se trouve toujours très mal représentés en politique, sans aucun parti même un peu satisfaisant..... Et puis on a tendance (ou c'est peut-être juste moi) à être un peu contrariens et vouloir dire merde à tout le monde. De vrais rebelles, mais bien habillés, l'agenda rigoureux dans une main et le majeur levé dans l'autre. 

     

     

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  15. 4 hours ago, Boule75 said:

    A ce propos, le Military Times aurait fait un sondage chez les militaires qui conforte l'idée selon laquelle le principal danger perçu par ces braves gens est domestique : l'extrême droite dans les rangs de l'armée. The Independent en cause :

     

    L'un des grands problèmes que je vois actuellement aux USA réside dans l'interprétation de ce qui est considérable comme terroriste/raciste/nazi/white supremacist, mais aussi, pour être équilibré, de ce qui est interprété comme socialiste/communiste/anti-blanc.... Le manichéisme politique si particulier aux USA, ajouté au niveau de polarisation actuel de la société (de la politique aux loisirs, en passant par l'habitat, le mode de vie....), à l'enfermement sur soi, à la perte de civilité et d'ouverture à l'autre, au retranchement idéologique.... Ont créé des réflexes terrifiants, qui ont été poussés à un niveau assez impressionnants, aidés/aiguillés par une scène médiatique dont on a du mal à voir si elle a plutôt encouragé ce phénomène ou si elle en résulte. Une histoire de poule et d'oeuf, mais je crois sincèrement que la plus grande part de responsabilité est du côté institutionnel (politique et médias, plus les divers types d'acteurs politiques organisés) vu le différentiel de moyens et la logique fondamentale de marché qui préside à leur fonctionnement (segmenter, fidéliser, encourager, pousser toujours un cran plus loin dans la dépendance au produit, créer une communauté soudée se différenciant fortement "du reste"....).

    Et c'est là qu'est l'os, ce qu'on a pu voir (en France aussi d'ailleurs) avec les excès des mouvances et de la mentalité "antiracistes": si on est contre eux, c'est qu'on est raciste, quoiqu'ils fassent, même quand ils passent le cap idéologique et inventent des trames narratives toujours plus détachées d'une analyse objective des faits et d'une recherche de la vérité (qui n'a pas forcément de cohérence fondamentale), simplistes, caricaturales et parfois franchement tarées (afin de mieux "vendre"). Avec cela viennent des codes et lois non écrites de comportement, des hiérarchies (la hiérarchie victimaire désormais bien connue, qui détermine votre statut dans ces groupes, votre droit à la parole et la validité de votre propos) et des systèmes de mérites et de punitions, le tout chapeauté par une "élite" et une bureaucratie qui, comme toutes les bureaucraties, veut toujours plus s'étendre, avoir toujours plus de budgets et de prérogatives, avoir son mot à dire sur toujours plus de choses (et, au final, d'aspects de la société), parce qu'il ne s'agit au final que de pouvoir. 

    Le résultat est tel, après des décennies de développement de ces processus, que l'interprétation de ce qui est considéré comme "nazi", "communiste" ou autres trucs, est plus que biaisé, et souvent plus un terme ombrelle, un mot code pour dire "pas du club, donc ennemi", "hérétique". Mais aussi d'être dressé depuis l'enfance à tout interpréter, tout voir, tout entendre sous l'angle de ces oeillères idéologiques: quoique vous fassiez, surtout si vous ne correspondez pas au profil voulu par certains (traduction: pour un SJW, si vous êtes un homme blanc, vous ne pouvez que dire ou penser des choses racistes/sexistes, pour un white supremacist, si vous n'êtes pas blanc et ne présentez pas d'une certaine façon, vous êtes un coco/antiaméricain), vous êtes automatiquement classifié comme hostile, et même si vous parlez de la pluie et du beau temps, quelque chose dans ce que vous dites ou dans votre façon de regarder la personne concernée vous révèlera comme coupable. Bref, si vous êtes blanc, y'aura bien un truc que vous faites ou dites (ou même pas: ce sont les sentiments qui comptent plus que les faits actuellement) dans une journée qui sera interprétable (souvent honnêtement "ressenti") comme raciste. Le simple fait de n'être pas d'accord à 100% avec de telles personnes, de ne pas approuver, valider émotionnellement (on ne va pas dire "intellectuellement" avec de tels drones) le propos et l'individu d'en face, vous classifie comme coupable. 

    C'est le genre d'ambiance qu'on trouve dans beaucoup d'endroits aux USA, dans certains milieux: c'est pas la majorité de la population, mais ça touche à divers degrés suffisamment de monde pour pourrir l'ambiance, créer sentiments et réflexes paranoïaques, contribuer à réduire les interactions et échanges avec des gens hors de votre communauté/groupe.... Dans les médias, c'est radicalement le cas, eux qui semblent passer la moitié du temps d'antenne à guetter un faux pas sémantique chez les personnalités politiques, médiatiques ou artistiques pour lancer une campagne d'indignation et exiger des excuses publiques pour tout et rien, lancer des imprécations, procès d'intention et chasses aux sorcières permanentes. Ou le plus souvent, des chasses au dahu: s'il n'y a rien à trouver, ça peut durer plus longtemps, on peut sans cesse grandir la menace et fantasmer. Ainsi, personne ne veut rappeler qu'à Charlottesville (ground zero du nouveau Reich), il y avait à peine 500 connards (dont une bonne part de suiveurs essayant juste d'appartenir à un groupe), alors que les micro-organisations composant la manif avaient passé plus d'un mois à essayer de créer un événement massif. Et la moitié des participants étaient pas des perdreaux de l'année. Qu'on compare avec les années 20, où le KKK avait fait défiler près de 40 000 membres à Washington (et vu le coût des transports à l'époque, ça veut dire que la plupart ne venaient que des comtés et Etats voisins), dont un certain Fred Trump (si, si), sans arriver pour autant à influer sur les primaires démocrates. 

    C'est franchement pitoyable, et je vois quelques personnes qui essaient de souligner que les USA réagissent à la chose exactement comme la république de Weimar a réagi en son temps au couple méphitique nazis-communistes au début des années 20: en faisant tout pour leur donner une importance et une audience qu'ils n'auraient pas pu atteindre seuls. La peur de l'un ou de l'autre mouvement provoque, avec le temps, des ralliements au camp opposé, surtout quand on voit le refus de l'Etat de franchement faire son boulot et d'empêcher les violences entre les deux (en en punissant un plus que l'autre, en laissant faire....). Les deux pôles se nourrissent de l'inquiétude créée par la violence de rue et la parano démesurée créée par les médias, et ont un besoin vital l'un de l'autre, deux parasites se nourrissant du dommage qu'ils créent sur le corps social. Pour l'instant, c'est de la petite échelle, mais l'inquiétude, voire la peur, que chacun peut créer sur des pans de population entiers (surtout par le biais non de leurs antennes, mais de groupes et tendances partageant certaines de leurs peurs -à degré moindre- et certains de leurs sujets de prédilection ou traits socio-économiques et culturels), provoque dans un tel climat des ralliements de fait, lors d'élections (et là, ce qui compte n'est pas d'être grand, mais de pouvoir être présent dans le petit univers des primaires d'un parti aux USA, où tout est possible), sur les réseaux sociaux, dans la rue.... 

    3 hours ago, g4lly said:

     

    Et encore plus rarement avec des lions

     

    Je suis personnellement plus sur le cas de Kevin Richardson: va voir sa chaîne "The lion Whisperer". C'est le cador du domaine: la réserve qu'il a créé (pour des animaux ne pouvant être réintroduits dans la nature) est extraordinaire (il gère une trentaine de lions, plus un paquet de hyènes avec qui il fait aussi des mamours). 

     

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  16. 7 minutes ago, rogue0 said:

    ça me rappelle un tweet alt-right qui est magnifique dans sa contradiction

     

    (oui je sais, on peut trouver l'équivalent chez les écolos ou les coco, mais je l'avais sous la main celle là :tongue:)

     

    Oh! C'est tellement beau, sniff :pleurec:: la connerie n'a pas de couleur politique. Au-delà des partis et de tout ce qui nous divise, nous sommes unis par notre bêtise crasse et profonde..... Brel avait tort: c'est pas "quand on n'a que l'amour". On n'a jamais QUE l'amour. La connerie est aussi toujours là, fidèle au poste, quoiqu'il arrive, dans les bons moments comme pour les coups durs (juste histoire de gâcher les premiers et amplifier les seconds, certes), comme cet ami d'enfance dont, quoique vous fassiez, vous n'arrivez jamais à totalement vous débarrasser et qui se pointra immanquablement à votre mariage et vous foutra la honte en public. 

    Mais bon, c'est quand même beau: par delà les barrières de langage et de culture, par delà la haine, on se retrouve tous frères et soeurs quand on foire quelque chose ou qu'on affirme un truc stupide. Mais c'est là où l'internationale de la connerie s'arrête: on pardonne plus volontiers à nos cons qu'à ceux d'ailleurs, dont les bêtises nous semblent bien plus graves, moins pardonnables, et imperceptiblement.... Différentes en nature. Les tweets et décisions à l'emporte-pièce du Donald nous touchent-ils de la même façon que les bévues et débilités d'une présidente Marine LePen? Que nenni! Elle, c'est la nôtre, et on l'assumerait. Crédiou! Lui, c'est vraiment crasse, con, nul et dangereux à l'extrême: bien un truc de ricains, c't'histoire! Y'a qu'eux pour faire des trucs pareils. 

     

     

  17. 23 minutes ago, seb24 said:

    C'est comme tout, la mondialisation a uniformise même la connerie ^^ . Pourtant le public en question devrait être le premier a demander a faire du protectionnisme pour les connerie importée: Reprenons le contrôle de notre connerie !!!

    Bien dit! Il faut des barrières douanières taxant la connerie étrangère, des cours de connerie nationale à l'école, des émissions de connerie "de terroir" aux heures de grande audience, des chaînes et fils sur les médias sociaux, des associations réunissant des cons bien de chez nous qui organisent des activités communes (débiles évidemment), des quotas de connerie nationale dans les productions culturelles et dans la parole publique (que devient la loi Toubon/Toucon?).... Quoi, toutes ces mesures sont connes selon vous? Evidemment. C'est tout le point. 

  18. 6 minutes ago, rogue0 said:


    Ca vient sans doute de la nébuleuse Koch / Mercer ...

     

    Attention: petite précision sur l'état de la féodalité à l'américaine: Koch et Mercer ne sont pas dans les mêmes "nébuleuses". La sphère Koch est un monde en soi (le premier "bundler" de fait du parti républicain et de la politique américaine) qui mélange tendances "pro-business" traditionnelles américaines et divers degrés d'idéologie libertarienne (les frères Koch, Charles en particulier, donnant dans ce registre à titre personnel, ou au moins s'affichant tels). Mercer est un truc plus "petit", mais très particulier, à cheval sur une idéologie de dérégulation absolue (lui ne voit rien de problématique dans l'idée du "renard libre dans le poulailler libre" et ne s'en cache même pas) et un nationalisme ultra tendance tradi incarné par Bannon. 

    Les deux ne fréquentent pas les mêmes cercles, n'attirent pas les mêmes foules. 

    Quote

    Ce sont des petites sommes pour Washington, mais on parle d'influencer la nomination d'un juge (fut-ce-t-il de la Cour Suprême)

    Rien de nouveau (voir déjà, entre autre, le cas de Clarence Thomas). 

    Quote

    S'ils sont disqualifié, tant mieux.

    Nope. Comme le président le montre tous les jours, on peut être en poste et s'accommoder de l'opprobre. Voir s'y prélasser. C'est l'inconvénient d'un système encore très XVIIIème siècle, où beaucoup de choses qui auraient du être des lois et règlements se sont imposées par l'usage, la norme non écrite. On s'aperçoit toujours trop tard que ça ne marche à tous les coups que si on l'écrit. 

    Quote

     

    Si ça ne te dérange pas, un lien serait bien utile.
    A ressortir pour briser les idées reçues.
    (tout comme je ressors l'étude US qui prouvait que la peine de mort coûte en fait ... plus cher que la prison à vie).


     

    Je peux pas, justement: j'avais chopé le nom du gars dans une interview de Larry Elder et regardé son étude, puis ce qui en avait été dit (surtout, on l'imagine, dans les cercles "liberals" que ça dérangeait). Le truc était assez carré, et aucunement contestable (sauf sur le fait que ça ne concernait que quelques zones urbaines aux USA.... Mais justement les plus problématiques: NY, Baltimore, Chicago....), et permettait d'ailleurs de reprendre Elder (tout sauf neutre) qui se contentait de citer la statistique sur les actions létales et omettait le reste. Problème: je n'avais fait que regarder, j'ai pas noté les références. Faudrait déjà que je retrouve l'interview de Elder où il en parlait..... 

  19. 4 minutes ago, rogue0 said:

    Décidément, les criailleries nous poursuivent même ici.

    Un drapeau anti-Trump (et le bâtiment qui l'héberge), installé à Nantes, a été pris en cible plusieurs fois...
    Dont une tentative d'incendie par drone :rolleyes:

    Auteurs présumés ? soit des jeunes cons, soit des sympathisants alt-right de chez nous.
    Voire un mélange des deux :dry:

    http://www.liberation.fr/france/2017/10/25/qui-veut-faire-disparaitre-le-drapeau-anti-trump-de-nantes_1605593

    Pourtant, le slogan reste sobre : "he will not divide us", slogan de Shia LeBoeuf (et honnêtement, mission failed sur ce point)

     

    Voir comment LaBeouf a été trollé (magnifiquement, il faut le dire) par des trolls de 4chan: ça vaut le détour pour claquer le beignet de cet abruti. 

    Mais maintenant, si la connerie made in America s'exporte à ce point, c'est choquant: où est la connerie bien française, AOC et tout et tout? On ne doit pas se laisser piétiner par la connerie des autres! Restons cons à la française! 

     

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  20. 17 minutes ago, jojo (lo savoyârd) said:

    Bah, cherches pas... Rien à voir au scénario du romand, juste je te trouve un poil sanguinolent (humour) pour le coup(e) de tête ... :happy:

    Tancrède, le Guépard ... Félin, hémoglobine ... Juste un clin d’œil humoristique au personnage du nom et au film ... Dont je ne doutais pas un seul instant que tu étais fan (> pseudo) ! Bref voilà, rien à comprendre (d'autre) ... :smile:

    Et merde, c'est vrai qu'à l'usage, je pense pas à mon pseudo.... Qui n'a, soit dit en passant, rien à voir avec le film ou le roman (ne serait-ce que parce que j'ai jamais pu piffrer Alain Delon ou croire à son jeu d'acteur). 

    Par ailleurs, je m'insurge monsieur! Le guépart n'a rien d'un animal sanglant (du moins pas contre les humains): c'est un gros chat très sociable et aimable, assez aisément familiarisé dans un environnement humain (contrairement aux autres gros chats): je ne te laisserai pas salir sa bonne réputation. C'est un gros minou qui ronronne beaucoup. 

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    La seule chose à vraiment craindre avec eux, c'est quand ils vous lèchent (la langue est littéralement barbelée): trop d'amour peut faire très mal. 

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  21. 1 hour ago, Alexis said:

     

    Bah, faute avouée est à moitié pardonnée.

    Ça fait plus que 25%. :happy:

    Donc il ne faut punir que 25% de Rogue0? J'ai la solution: comme le dit la reine de coeur, "qu'on lui coupe la tête" :amusec: (à la louche, ça fait environs 25% de la hauteur, ou du poids, ou quéqu'chose comme ça :huh:). Comme ça, tout le monde est content et a l'âme et la conscience pures. Mais si, Rogue sera ravi, lui aussi. 

    2 hours ago, rogue0 said:

    ça dépend, tu parlais bien de chocolat non ? :bloblaugh:

    Merci pour la nuance apportée.

    A noter que le biais de violence policière contre les noirs américains est quand même bien établi par les statistiques globales (5x plus de chance de se faire tuer par la police qu'un blanc, incluant les "vrais" criminels).
    Je pense que même si on exclut les incidents avec les vrais criminels, et on ne compte que les bavures et dommages collatéraux, il restera un biais significatif.

    Pour le reste, sans vouloir généraliser, il y a eu quelques faits divers assez révélateurs sur l'arrogance de certains flics américains.
    Genre l'affaire du viol d'une gardée à vue, mineure et menottée ... Et l'avocat des 2 stups NY qui se défendent en l'accusant d'être consentante.
    Il ne peut pas tenter une autre défense puisqu'elle a les preuves ADN :rolleyes:.
    Idem, dans plusieurs cas, les caméras embarquées n'ont pas toujours eu d'effet attendu : certains ripoux ont été grillé dans leurs petites affaires, parce qu'ils les continuaient, même avec la caméra:rolleyes:

    Ce n'est apparemment pas si évident: on trouve certes sans arrêt de tels cas très choquants, mais soulignons qu'on parle là d'un pays de plus de 320 millions d'habitants: des saloperies, il y en aura tous les jours, et beaucoup, quoiqu'il arrive, en tout cas largement de quoi saturer les newscycles (qui n'ont besoin que d'une histoire à matraquer pour tenir une ou deux semaines et saturer les consciences). Rappelons aussi que la police aux USA est essentiellement une réalité locale, pas nationale (pas comme chez nous): il y a de tout et son contraire, des lois et dispositifs différents, des niveaux de formations et des qualités de recrutement très différents, des organisations et systèmes de responsabilité différents, des histoires locales et réalités très différentes (notamment dans les Etats ex-confédérés, évidemment). Qui plus est, autre facteur particulier, il y a plus de 300 millions de flingues officiellement en circulation et Dieu sait combien de millions d'autres non officiellement (et surtout dans les pattes de criminels): du point de vue de base de la police, ça crée un terrain radicalement différent dans lequel on pense sa journée et sa carrière, avec une létalité bien plus grande. Il y a donc des endroits aux USA où les conditions peuvent être remplies pour créer ou laisser passer plus d'incidents qu'ailleurs. 

    On trouve aussi, et c'est aussi injuste qu'inévitable, des similarités avec la situation d'autres polices: les zones défavorisées et plus dangereuses ont plus de surveillance et d'interventions, ce qui fait que l'impunité y sera moins grande, notamment pour les petits délits qui passent comme une lettre à la poste ailleurs; typiquement, le petit blanc d'une banlieue confortable aura bien plus de chances de ne pas se faire choper avec de la beuh dans son sac à dos, parce que personne n'ira le contrôler. C'est pas qu'il consomme moins, juste qu'il y a peu de patrouilles et de fouilles dans son coin. De même pour la fréquence des contrôles, là aussi c'est injuste et inévitable (jusqu'à un certain point en tout cas), mais les populations défavorisées seront plus touchées par la chose (qu'elles pourront, à tort et à raison, vivre comme du harcèlement) parce que leurs quartiers sont souvent plus touchés par la criminalité, et qu'ils correspondent plus souvent aux "profils types" signalés dans les crimes et délits. Problème récurrent, les minorités ethniques sont souvent sur-représentées dans les populations défavorisées, ce qui a tendance à créer les situations qu'on connaît. 

    Que la police abuse sur une base plus ou moins fréquente, ça fait aussi partie du paysage, et dans certains coins, il y a de vrais problèmes. Mais quand on parle de la violence policière entraînant la mort aux USA, il faut relativiser grandement ce que balancent des groupes comme BLM: si, du total des gens tués par la police chaque année, on enlève ceux qui étaient armés (grande majorité) et ceux qui ont résisté violemment à leur arrestation, on arrive déjà à des chiffres plus "raisonnables". Et si on les replace en contexte, cad qu'on observe la dispersion géographique du phénomène, on retombe sur ce que je disais auparavant: c'est un phénomène avant tout local, du registre de l'exception statistique. Un chercheur de Harvard (noir, puisque apparemment, il faut que ça compte) dont il faut que je retrouve le nom avait d'ailleurs analysé le phénomène et trouvé des conclusions qui grattaient certaines personnes aux entournures: tout en étant lui-même militant anti-violence policière et "liberal", il avait observé que, sur le plan de la violence létale pour des suspects non armés, les blancs avaient plus de chances d'être abattus par la police que les noirs (notamment parce que les flics se posent depuis longtemps plus de questions angoissantes sur ce qu'il se passe s'ils tirent sur un noir). Là où les noirs, dans son étude, reprenaient "l''avantage", était dans la violence non létale: à situation/crime équivalent, les policiers avaient tendance à traiter les noirs plus rudement dans les petites choses (façons de s'adresser au suspect, tendance à le foutre au sol, manipulation du suspect menotté....). 

    Rappelons que dans pas mal de cas très médiatisés qui ont indigné du monde, voire eu des conséquences lourdes, il s'est avéré que la police était en fait dans son bon droit. Iconiquement, ce qui s'était passé à Ferguson était en fait entièrement justifié: le type qui fut présenté pendant des semaines comme un "gentil géant" venait de voler un magasin sous la menace, il avait résisté violemment à son arrestation (face à un flic seul plus petit que lui) et cherché à lui prendre son arme (à un moment, ils étaient au corps à corps, le suspect au-dessus du flic, à l'intérieur de la voiture de police), puis avait été abattu alors qu'il chargeait le policier. Là-dessus, il s'est avéré que les 17 (je crois que c'est le chiffre) témoins qui avaient soutenu mordicus la version des faits qu'on a vu dans les médias et qui a fuelé les émeutes subséquentes.... Avaient tous menti comme des arracheurs de dents, la majorité d'entre eux n'ayant même pas été en position d'être témoins. Le cas a pu être jugé au-delà du "doute raisonnable" assez aisément, mais à aucun moment les médias n'ont changé leur version, si bien qu'aujourd'hui, le cas est toujours cité dans la conversation quand on parle des abus et violences policières. Et il est loin d'être un cas exceptionnel. Il y a des camps en présence qui sautent à la moindre occasion pour l'exploitation médiatique d'un événement sur lequel ils plaquent d'emblée leur narration pré-écrite afin de lancer leurs accusations préprogrammées et rassembler leur tribu. Dans les cas de violence contre les afro-américains, on a ainsi, maintenant, BLM, mais ils manquent de figures reconnaissables, donc on recourt à des gens comme l'éternel (et assez puant) "révérend" Al Sharpton. En face, s'ils n'osent pas utiliser un intervenant blanc pendant le plus chaud de l'affaire, ils sortiront des gens comme Larry Elder (qui passe sa vie à être traité "d'Oncle Tom" dans les médias de gauche), et tous réciteront leur partition qui a, au final, été la même depuis plus de 20 ans. 

    Comme pour les tueries "de masse", les équipes sont en place, les récits sont en place, les camps sont distincts.... Et au final, l'événement dans ses spécificités compte peu: il sert juste de signal de départ pour que chacun se rue dans sa tranchée et commence à sortir sa formule tactique habituelle. Encore et encore. 

     

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