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Tancrède

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Messages posté(e)s par Tancrède

  1. 1 hour ago, MoX said:

    Je vous rejoint dans et je me retrouve dans vos arguments.  

    En fait,  sur ton dernier post, Tancrede, on fini par comprendre que le service idéalement proposé par Uber, c'est "bonne berline avec chauffeur disponible pour toutes courses, n'importe quand" 

    Je ne vois pas comment,  in fine,  une telle offre puisse être cheap, à moins d'envisager des chauffeurs bénévoles !

    De facto, et si la majorité des chauffeurs pouvaient faire une compta raisonnable, cad en pensant à plus d'un mois à l'avance (impliquant donc les coûts d'entretien et de renouvellement de leur outil de travail), c'est ce qu'ils sont: le revenu, même le maximum possible, est en-dessous du seuil de durabilité de leur activité. De facto, ils sont tous des micro-entreprises non rentables, dans la plupart des cas parce qu'ils n'ont pas les moyens de refuser de grapiller du cash pour survivre dans l'immédiat et penser qu'ils peuvent ainsi s'insérer sur le "marché du travail" (comme si être chauffeur Uber allait "ouvrir des portes"). On est bien d'accord qu'il faut avoir une activité pour s'insérer ou se réinsérer, et on sera aussi d'accord pour dire que, dans le cas des jeunes ou des gens en difficulté essayant de "revenir" dans l'activité, on peut accepter une période où on sacrifie un peu plus que ce qu'on peut se permettre (exemple typique, une certaine durée de stage avec un salaire réduit, en échange de l'apprentissage, de la référence et de la porte ouverte), mais encore faut-il qu'elle puisse vous nourrir et servir de marchepied, et qu'elle n'ait qu'un temps limité. Uber vend, pour l'image, le mythe du complément de revenu avec quelques courses par jour, sorte de version commerciale du de l'étudiant-sportif pro, ou du chercheur-enseignant (ici l'actif-chauffeur), mais la réalité de son modèle repose sur les plein temps ou quasi plein temps (qui sont aussi ceux qui auront plus d'expertise, cad de capacité à bien gérer la relation client, et à mieux connaître les trajets, le timing, le positionnement, pour optimiser les courses). Et ce sont ces gens là qui sont de fait des bénévoles, gagnant déjà à peine assez pour survivre, et y perdant dès lors qu'on inclue la réalité comptable de leur "entreprise individuelle". 

  2. 38 minutes ago, Shorr kan said:

    Bonne remarque sur la démographie des chauffeurs. Ça rejoint ce qu’en dit Erik Gordon, professeur à l'Université de Ross School of Business Michigan, qui rappel que le business model d’Uber consiste à optimiser l’utilisation des voitures mais que cette volonté se heurtera à un mur vu que forcément, un jour, il n’y aura plus de surcapacité à optimiser ; au point qu’ils seront  peut être contraint de posséder leurs propres flotte de voitures et les confier à des gens qui n’en n’ont pas pour augmenter le bassin de chauffeurs disponibles.

    Mais ce temps n’est pas encore venu et cette entreprise aura probablement le monopôle du marché avant d’en arriver là. Leur stratégie est celle du Winner Takes All en remontant les prix une fois bien installé, quitte à en redistribuer un peu plus en salaires/commissions.

    Il ne faut pas trop espérer non plus : Il y a encore beaucoup trop de mecs  sans qualification et dans le besoin pour qui ça reste l’eldorado, qu’Uber sait d’ailleurs très bien appâter en jouant sur la fibre du « devenez votre propre patron ». Quand on y pense, c’est vraiment glauque :destabilisec:

    Le marché est fondamentalement déflationniste. Une demande rigide et une offre bien plus abondante ne peut que déboucher sur des prix bas, avec les chauffeurs comme 1er variable d’ajustement vu que c’est le maillon de la chaîne le plus vulnérable, et ils seront pressé comme des citron avant qu’Uber ne songe à rogner sur sa marge.

    Je n’ai pas beaucoup d’espoir d’amélioration des conditions salariales ( Oui je sais, officiellement ils ne sont pas salarié :combatc:...) malgré un meilleurs rapport de force en faveur des chauffeurs que pourrait induire un manque de mains d’œuvre. A la limite, fini ceux qui font tout juste du 6/7 euros (une fois défalqué toutes les charges)  de l’heure et ils arriveront peut être à faire remonter leur rémunération à un plancher de 9/10 euros de l’heure, soit le SMIC à raison de 35 heures par semaine, mais pas beaucoup plus. Pour moi la profession est durablement « prolétarisée ». 

    Ca dépend de beaucoup trop de facteurs pour qu'on puisse avoir des certitudes ici; j'aurais du ajouter ceux de la concurrence qui, malgré tout, se développe, et peut-être plus encore la "contre-attaque" des régulateurs nationaux et locaux, motivée par l'interprétation des lois ou principes des lois, et les divergences d'opinion qui vont avec, ou une volonté plus active de protection (aiguillonnée ou non par des intérêts locaux) se maquillant sous ces batailles juridiques et/ou promouvant des législations différentes. 

    Quote

    Il ne faut pas trop espérer non plus : Il y a encore beaucoup trop de mecs  sans qualification et dans le besoin pour qui ça reste l’eldorado, qu’Uber sait d’ailleurs très bien appâter en jouant sur la fibre du « devenez votre propre patron ». Quand on y pense, c’est vraiment glauque :destabilisec:

    C'est un business model très glauque de toute façon, comme à peu près tout le reste de ce qui est vendu sous le terme corporate-propagandist de "sharing economy" (c'est pas du partage si on paye pour, d'abord et avant tout). Mais je crois que le pool disponible peut s'effondrer bien plus vite qu'on le croit, vu qu'il dépend en grande partie non du nombre de gens pas/peu qualifiés et/ou de gens ayant besoin de fric (bien plus large, et ça inclue BEAUCOUP de gens ayant des qualifications), mais du nombre de telles personnes ayant une voiture, et surtout une voiture en relativement bon état et présentable. L'offre d'Uber dépend très disproportionnellement de gens faisant ça à plein temps ou presque, et ayant une voiture dans laquelle on a envie de monter, ou en tout cas une dans laquelle on n'est pas trop dégoûté de monter, et l'évolution de leur service a encore accru le "segment haut" de cette offre (plus cher, à marges plus fortes), requérant pareillement des chauffeurs et véhicules plus "customer friendly". Le tout en plus à un moment où ils se sont rendus plus que jamais dépendants de leur image, laquelle est avant tout liée aux réseaux sociaux, bien plus qu'aux médias traditionnels: il suffit de voir l'impact sur la société de cette micro-polémique sur leur tarification le jour de la manif contre le "travel ban" trumpiste. Si la vitesse de réaction de la boîte est indicative, ils ont du chier dans leur froc. 

    Mais démographiquement, la nécessité d'avoir BEAUCOUP de monde dans les rues en permanence (seule garantie de rapidité du service, qui a fait toute la différence pour Uber) implique un très fort besoin en chauffeurs (combien doivent être actifs à un moment donné dans une zone donnée pour qu'il y ait une course?) qui doivent être prioritairement des gens dépendant de l'activité (cad bossant plein temps ou presque) et soient propriétaires d'une bagnole (et d'une pas trop gerbante et en bon état)? Si on ajoute en plus la pondération par la "qualité" du couple chauffeur-voiture (acertainée par la notation), difficile à évaluer dans son impact quotidien sur les rythmes d'activité, je ne pense pas que le volant de renouvellement de l'offre soit si aisément garanti, même à relativement court terme. Surtout si les chauffeurs commencent à plus se concerter. 

  3. 1 hour ago, Ojs.Fisher said:

    Un G2 pour la légion et personne ne crie au scandale (et puis je ne parle pas de l'Eoetch qui tient sans PGMP) ?!

     

    Parce que tu crois que beaucoup de gens font attention à ce qu'elle a dans sa main? Ca pourrait être une kalash, une banane ou une tablette que 99% de l'audience ferait pas la différence. Ce qui est un peu l'idée générale. 

    Debout les paras (visage pas très réussi, mais bon....)

    beret_rouge_by_riguel_by_riguel3d-d32ro7

    Et il lui faut des ennemis à combattre:

    garde_noir_by_riguel3d-d7rgpd5.jpg

    schutzin_g43_by_riguel3d-d8unw7y.jpg

     

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  4. Just now, Gibbs le Cajun said:

    S'est toi qui l'a fait ?

     

    Nope, un gars sur Deviantart (français) qui fait ça pour beaucoup d'armées. Apparemment, un capo du 2ème REG lui a demandé un tirage grand format et l'autorisation de l'afficher au régiment.... Mais encadré et tout bien présenté, hein? On reste dans l'esthétique et la dignité :laugh:

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  5. Dans la lignée de l'analyse des coûts potentiel d'une version ou d'une autre d'un recours "milicien" à la population: garde nationale sous forme de réserve étendue (ce qui semble vouloir se faire), milice volontaire de plus ou moins grande échelle, service militaire partiel ou général, devoir de milice à la suisse (qui implique de former tout le monde pendant une période minimale de classe pour avoir une vaste réserve, mais pas d'avoir une "active" conséquente).... Une grande partie du problème de coût est le coût initial de "réinvestissement": refaire du bâti à grande échelle (selon la taille du dispositif envisagé, la durée de la période de formation/mobilisation et des périodes de rappel....), constituer des stocks.... Mais plus basiquement encore, et toujours dans la limite de la dimension du dispositif, quid du sol? Quelqu'un a une idée de l'état du patrimoine foncier "brut" disponible de l'Etat (ou d'un endroit où on pourrait se renseigner) en terme de superficies, surtout vides? Ce réinvestissement initial impliquerait-il de racheter de vastes espaces, ou surtout de (re)construire des trucs dessus, ou les deux? 

  6. 52 minutes ago, christophe 38 said:

    et le pioupiou, en un mois, il a le temps de voir quoi ???

    Qu'il n'existe qu'en rêve parce qu'il ne s'agit que d'une promesse de campagne, faite pour essayer de trancher sur le paysage électoral ambiant et se donner une consistance..... On devrait s'en réjouir sur ce forum: les sujets militaires parviennent jusqu'au seuil de la grande exposition médiatique, ce qui n'arrivait plus qu'en temps de crise aigue (et certainement pas pour parler de l'armée elle-même) depuis la fin de la guerre froide; on mesure le chemin parcouru si ces démagos se sentent obligés, consciemment ou non, d'évoquer divers aspects de ce domaine hors des quelques rituelles interviews spécifiques à la défense, longtemps un minimum syndical imposé juste pour la présidentielle, vite amené, vite oublié. Maintenant, ils se lancent tous dans une surenchère en la matière: c'est pas la panacée, c'est sûrement pas non plus ce qu'ils vont évoquer spontanément à la moindre occasion, mais c'est infiniment plus que ce qui a été vu depuis plus de 25 ans. Qu'ils disent n'importe quoi pendant une campagne, quoi d'étonnant? C'est le règne de la démagogie, et la façon d'aborder le sujet ne répond qu'à des logiques marketing, destinée à créer des moments et objets médiatiques dont les politiques espèrent qu'ils aideront à les faire sortir du lot, à concourir à ce vaste exercice généraliste de contrôle continu qui consiste à "faire présidentiel" dans la tête et l'inconscient des électeurs. Non, ce qui compte, c'est que maintenant, pour faire ça, le domaine militaire soit revenu dans le mix général dont il était absent depuis plus d'une génération, ce qui veut dire qu'il y a de la demande, et qu'il y a donc du capital politique à faire et à utiliser avec. Bonne nouvelle.

    Après, qui croit une minute que ce qu'ils disent en campagne aura quoi que ce soit de commun avec ce qu'ils feront une fois élu? 

     

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  7. 18 minutes ago, Shorr kan said:

    Uber est une véritable imprimerie à billet grâce au produit de la tonte des chauffeurs par les marges mirifiques que se permet la boite. Sauf que ça ne se voit pas car ils ont décidé de favoriser la croissance la plus rapide possible au détriment de leur rentabilité pour occuper le terrain le plus rapidement possible et étouffer la concurrence, quitte à dépenser plus qu’ils ne gagnent. Mais malgré leur perte ils ont de grosses réserves de cache et des investisseurs solides qui sont sur la même longueur d’onde que le PDG, et qui sont prêts à attendre le temps qu’il faudra.


    Les chauffeurs mécontents, les autorités de régulation et surtout la concurrence qui commence à sérieusement montrer les dents, sont de véritables problèmes ; mais justement la puissance de frappe en termes d’argent et de lobbying que lui donne sa taille et ses ressources, permet à Uber  de faire face.

     

    La vrai difficulté est ailleurs et est beaucoup plus pernicieuse, et c’est la taille du marché…


    Dans une ville comme San Francisco le marché a quadruplé et les gens ne savent plus ce qu’est un taxi. Mais c’est un cas un peu à part, et ce qui est évident pour une ville de hipsters friqués, l’est beaucoup moins dans les autres villes – même grandes comme NY- où le taille dudit  marché n’a pas bougé. Le truc est que la demande est très peu élastique et que les gens passent difficilement d’un mode de transport à l’autre. En fait, leur offre de service est adaptée aux classes moyennes hautes qu’ils s'échinent à conquérir, mais une fois ce « gisement » épuisé ils auront beaucoup de mal à descendre en gamme pour élargir leur clientèle, et pour cause, leur model est structurellement coûteux avec des voitures hauts de gamme renouvelés souvent –mêmes s’ils se défaussent de ce poids sur les autres – nécessité d’un chauffeur…ecetera.


    Donc, selon moi Uber a les reins solides à court et moyens termes, mais pour le long terme il va falloir attendre une petite dizaine d’années avant de se prononcer, à condition que Travis Kalanick, patron d’Uber, vu son rythme de travail, ne fasse pas de crise cardiaque entre temps… 


    Je pense aussi qu’à un moment, pour continuer à progresser, ils vont devoir aussi élargir leur offre, ce qui implique un gros remaniement de leur model d’affaire, par exemple en possédant leur propre flotte de voitures. Bref, qu’ils vont devoir se réinventer. L’enjeu est surtout là.
     

    L'un des problèmes réside dans le fait que les chauffeurs Uber sont tellement arnaqués par le système que ce qu'ils gagnent est déjà insuffisant, ou à peine suffisant au mieux, pour les faire vivre.... Et ne leur permet en aucun cas de compenser l'usure de leur voiture pour l'entretenir correctement, ou surtout à terme la remplacer: soit ils s'enfoncent dans une spirale de dette, soit ils continuent avec une voiture qui se dégrade jusqu'à ce qu'elle ne soit plus "customer-friendly" ou soit trop chère à entretenir, soit ils lâchent l'affaire. Est-il sûr qu'il y ait pour longtemps un volant suffisant de nouveaux chauffeurs proprios de leur voiture et capables d'assurer les longues heures, vu qu'Uber repose très modérément sur les "part timers" occasionnels qui s'offrent un petit complément de cash de court terme avec 3-4 courses/jour (mais ce sont eux qu'on met en avant pour la pub)? Sans compter qu'avec le temps, la réalité de l'impact de ce modèle économique sur les chauffeurs, leur vie et leurs revenus, devient connue: les vidéos sur l'analyse à froid du dit modèle, surtout en prenant l'angle de vue et le calcul du chauffeur, se multiplient, et malgré la commodité du service (vu côté client, qui réfléchit peu au sujet) et la forte pub de la société, cela devient lentement un savoir courant. Sans compter qu'on arrive aussi dans des générations qui achètent moins de voitures que leurs parents, surtout en ville (raisons de revenus, de convictions, d'image de soi, de rapport à la voiture....), réduisant d'autant le pool de futurs chauffeurs et accroissant l'importance pour Uber de ceux qui voudront le faire à plein temps ou presque (auquel cas, d'une façon ou d'une autre, ils se syndiqueront/négocieront plus durement), réduisant graduellement la spécificité initiale de ce modèle économique assez cynique. 

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  8. Sondage Fox de la semaine écoulée, qui confirme toutes les tendances observées, et surprend par certains aspects. Mais 2 choses sont sûres: les deux entités politiques les plus populaires (et pas que d'un peu) aux USA sont un vieux juif new yorkais qui râle et gueule sans arrêt, et le truc qui "tue les bébés";

    https://img.washingtonpost.com/wp-apps/imrs.php?src=https://img.washingtonpost.com/news/politics/wp-content/uploads/sites/11/2017/03/FoxFaves_A2.jpg&w=1484

    Clinton n'apparaît pas dans le sondage, mais les derniers qu'on a vu d'elles indiquaient qu'elle plafonnait autour de 35% en "favorables" (et toujours avec un solde très négatif quand les "unfavorables" sont pris en compte). 

    Bref, le Bern est populaire partout, sauf dans les instances dirigeantes du parti démocrate qui ont, depuis quelques semaines, encore accéléré, amplifié et diversifié les manoeuvres pour resserrer leur emprise sur l'appareil du parti et l'ensemble de ses avatars. 

  9. 54 minutes ago, Alexis said:

     

    Si j'essaie de deviner les raisons pour lesquelles ces choses arrivent, et arrivent maintenant, je ne peux tenter que deux hypothèses :

    - Auto-perception de la Turquie comme isolée, puisque d'une part elle ne peut pas faire vraiment partie de l'Europe et ne sera jamais acceptée dans l'UE telle qu'elle est, d'autre part ne se sent pas proche non plus de ses autres voisins, puisqu'il n'existe aucun "sentiment de groupe" au Moyen-Orient comparable à celui qui unit les Européens - qu'ils soient d'ailleurs européistes ou souverainistes - mais plutôt de la méfiance envers Arabes et Persans, tandis que la relation avec la Russie est incertaine.

    (A noter qu'il existe ici une part de responsabilité européenne, celle d'avoir laissé croire aux Turcs qu'ils pourraient entrer dans l'UE, alors qu'il doit être évident à tout responsable européen sérieux que cela n'arrivera pas, rien qu'à voir l'état des opinions publiques sur le sujet. Seulement voilà, le courage moral n'est pas la qualité première de beaucoup de politiques, et plutôt que de prendre une position nette, franche, et respectueuse de l'interlocuteur turc, il était beaucoup plus facile de dire oui oui tout en faisant traîner les choses et en reportant tout ça aux calendes grecques. Le résultat étant que si les Turcs ont l'impression que les Européens les ont collectivement tourné en bourriques, ils n'ont pas tout à fait tort)

    - Déséquilibre démographique interne, puisque la transition démographique déjà complètement achevée dans la partie turque du pays n'est qu'entamée dans la partie kurde, dont le poids démographique relatif aura donc tendance à augmenter fortement dans les années et décennies qui viennent

    Ces deux facteurs qui m'apparaissent quand même à la fois structurels et massifs doivent tendre à diminuer sévèrement la confiance des Turcs dans leur propre position. Cette forte insécurité contribuerait à expliquer ce besoin d'affirmation nationale non seulement malhabile, non seulement virulente, mais carrément délirante. Accuser tel ou tel pays européen de "nazisme", de "déclencher une guerre de religions", ce ne sont pas quelques supporters excités ni même tel idéologue allumé qui le disent, ce sont les plus hautes autorités de l'Etat !

    Reste qu'il faut garder en mémoire que les sondages sur le référendum sont à plus ou moins 50% pour... et donc plus ou moins 50% contre. La Turquie n'est pas Erdogan.

     

    J'invoquerais une troisième raison qui, si elle concourt de la deuxième, est en elle-même aussi une force autonome: il y a un pouvoir en place, très implanté (avec de forts relais dans la société civile, notamment la religion et ses prêtres et héraults) et par beaucoup d'aspects, sinon tous, inamovible, et ce pouvoir est depuis longtemps plus que proactif dans le domaine de la manipulation d'une forte portion de son opinion publique. Tant par des moyens étatiques (répressifs ou non) que "grassroots" (cependant sponsorisés, organisés, encadrés, entraînés avec l'appui de l'Etat), cette forte portion, dont on voit ici les franges mener la danse, devient plus que simplement une force populaire plus ou moins disparate, mais bien un outil d'auto-légitimation du pouvoir, chose qui ne pourrait arriver par l'existence d'un seul sentiment d'isolement géopolitique et de menace démographique: ces sentiments sont professionnellement exploités et canalisés à grands frais par un appareil de parti et d'Etat qui y consacre des ressources conséquentes, et depuis longtemps. Sans cet élément, ces "nationalistes de rue" serait comme le FN ou la droite Breitbart: dispersés même si nombreux, sans porte-parole unifiant, sans "protection" venue d'en haut (garantissant l'impunité), sans relais omniprésents (médias, mosquées, réseaux sociaux "concrets" massifs -en plus des virtuels-, réseaux d'entreprises et de financements....), et avec une vraie concurrence politique et médiatique organisée (celle qui est précisément battue en brèche par Erdogan depuis longtemps, avec une accélération brutale depuis la tentative de putsch). L'organisation à grande échelle et dans le temps coûte très cher (en argent et ressources, en efforts et effectifs, en volonté, en leaders de tous échelons -qui sont longs et durs à trouver et former/faire "grandir"), et les mouvements spontanés, aussi sincères soient-ils, ne peuvent pas faire le dixième de ce qui est nécessaire pour atteindre cette efficacité (parfois, ça peut se faire pendant un très court instant, lors d'une crise particulière, mais ça s'évapore vite). 

     

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  10. 16 minutes ago, mehari said:

    J'avais déjà entendu parler et une question me venait à l'esprit: ils connaissent le paracétamol aux États-Unis?

    Parce que j'ai déjà passé pas mal de temps sur une table d'opération au cours de ma courte vie (je suis étudiant) et je crois n'avoir reçu qu'une ou deux fois autre chose que du Paracetamol1 à l’hôpital. Qu'est-ce qui fait qu'autant d'américains ont besoin (et se voient prescrire) des anti-douleurs aussi fort?

     

    1 Et peut-être de l’Ibuprofène

    L'industrie pharmaceutique a besoin d'un marché, alors elle achète les vendeurs (aussi appelés "médecins" et "psys"), et se met d'accord avec les autres intervenants sur ce marché (les assureurs) pour se payer sur la bête (l'Etat) qui sponsorise la clientèle dont une bonne partie serait sinon insolvable, et qui les autorise à surfacturer la demande qui a les moyens.... Le tout pour profiter d'un terrain favorable, à savoir une société qui produit beaucoup de désoeuvrement, de surmenage, d'hypocondriaques, de victimes (on fait ce que le docteur dit) et de gogos (si, si, le "restless leg syndrome" est une vraie maladie, et tous vos enfants ont un "trouble de l'attention": il leur faut de la ritaline à chaque repas). 

    Les USA sont en train de commencer à dépasser le Royaume Uni pour le titre de plus grand dealer de l'histoire: les seconds ont fait 2 guerres pour imposer l'opium à la Chine (et ailleurs), les seconds légalisent un usage décomplexé des opiacées sous ecouvert de raisons médicales, un usage propre à créer suffisamment de dépendants contraints (par renouvellement des prescriptions) ou naturels (qui constituent un pourcentage donné mais minoritaires des utilisateurs, qui rechercheront d'eux-mêmes la poursuite du "traitement" auprès de leur médecin, ou d'un autre genre de dealer) pour en faire une rente sans cesse croissante. Parlons d'un taux de fidélisation à aucun autre pareil: j'ai entendu récemment un joli renvoi à Marx, genre "la religion est l'opium du peuple, mais de nos jours, l'opium est la religion des Américains". C'est pas pour rien que les contrefaçons de médicaments (calmants et antidépresseurs en tête) sont passées devant les "drogues dures" auxquelles on pense spontanément (héro, coke et dérivés, dorgues de synthèse....) en termes de chiffre d'affaire mondial. Les cartels mexicains et consorts, à côté des grandes pharmas, c'est des tarlouzes, mais comme ces dernières ont pignon sur rue et achètent la légalité de leurs procédés et produits, on y prête peu attention, et on salue leur métier comme un bienfait. 

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  11. 1 hour ago, Wallaby said:

    https://www.washingtonpost.com/national/trump-seeks-47-billion-in-cuts-to-usda-discretionary-spending/2017/03/15/c8fd5622-09ab-11e7-b77c-0047d15a24e0_story.html (16 mars 2017)

    Article beaucoup plus détaillé sur le budget de l'agriculture :

    L'aide alimentaire "food stamps" et les subventions aux récoltes sont maintenues.

    L'aide alimentaire WIC passera de 6.4 à 6.2 milliards de dollars, donc c'est une légère baisse.

    Le programme McGovern-Dole qui fournit une aide alimentaire à des pays comme le Cambodge, l'Éthiopie, Haïti etc... est supprimé : 200 millions de dollars.

    Au niveau des forêts c'est assez flou, la seule précision étant que les forêts seront entretenues, mais qu'il n'y aura pas de nouveaux achats de forêts.

    La formulation de l'idée de continuer les efforts de recherche agronomique est formulé en annonçant des priorités, si bien que cela peut vouloir dire des coupes dans ce qui ne sera pas jugé prioritaire.

    L'aide à l'irrigation et aux déchets est supprimée (500 millions de dollars).

    Le Rural Business-Cooperative Service qui soutient le développement rural et l'emploi est supprimé car soi-disant "redondant" avec d'autres programmes tels que ceux de l'agence de l'environnement.

    La baisse du budget agriculture est de 21%, sur un chiffre de 140 milliards: 29 milliards à trouver, alors que les food stamps (qui ont déjà été tronçonnés depuis un certain nombre d'années) y pèsent 112 milliards. Difficile de croire que ce chiffre va être maintenu. 

     

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  12. 3 minutes ago, Wallaby said:

    Je ne sais pas ce que représente ce budget, si c'est important pour les agriculteurs ou pas, mais à première vue, cela a l'air assez ingrat pour les agriculteurs qui ont voté très largement Trump :

    Environs 140 milliards, dont la grande majorité (112 milliards) va à l'aide alimentaire dans le pays (essentiellement l'anciennement nommé "food stamps program"), ce qui est, sur le plan business, et vu la façon dont c'est goupillé, un marché captif pour les agriculteurs américains. Les coupes seront avant tout dans cette partie du budget, et seront claironnées comme une attaque contre les "parasites", les "takers" (rappelons qu'une partie non négligeable des familles militaires ne pourrait vivre sans le supplément des "food stamps", ce qui ferait d'eux, dans la rhétorique républicaine, des parasites?): des gens vont crever la dalle, et des agriculteurs vont se retrouver sur le carreau, mais personne ne verra ça passer aux nouvelles. 

  13. 8 minutes ago, Alexis said:

    Comme le disait en 2004 Monsieur le Dick, "Reagan proved that deficits don't matter" 

    Ce qu'a omis de dire monsieur Cheney, c'est qu'à l'époque où Reagan a fait son truc, outre le fait que c'était très contesté, l'Amérique avait meilleure réputation et était un placement sans concurrent, mais surtout.... Elle avait une dette à 30% de son PIB. Et on paierait cher pour savoir si, quand Dick a balancé cette connerie, il était sincère ou si c'était juste une autre façon de dire "allez vous faire foutre, j'ai le pouvoir maintenant et je me fous d'après et du reste". 

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  14. 8 minutes ago, Alexis said:

    Il faut dire que : "Il parle chinois."

    Tout est logique. facepalm.gif

    C'est d'autant plus incompréhensible qu'il a un autre défaut pour la fonction..... C'est pas tellement parce qu'il est mormon, mais malgré son conservatisme sincère, il souffrirait d'une grande tare pour Washington: de mauvaises langues disent qu'il serait un honnête homme (un gage sur le sujet: les Huntsman et les Romney, 2 familles importantes dans la communauté mormone, sont en froid depuis longtemps). Serait-ce pour se concilier aussi les bonnes grâces de l'une des filles de Huntsman (la jolie) qui est présentatrice à FoxNews (anciennement sur MSNBC)? 

    2 minutes ago, Ciders said:

    La Russie est en Asie non ? Et elle ne vend pas de micro-ondes que je sache

    Non, juste les radiations. 

     

  15. 5 hours ago, Chaps said:

    Et si on dit ses 4 vérités à tout le monde , on sera juste tout seul. Erdogan s'enfonce tout seul pour le moment. Comme dit le dicton, il suffit d'être patient et on verra son cadavre passer dans la rivière.

    Et faut arrêter avec la bonté messianique de l'Europe.

    On a de sacrés défis à venir très rapidement comme le veillissement de la population, l'hyper concentration des revenus et des patrimoines, l'impossibilité de trop taxer les sociétés et les plus riches dans une économie dématérialisée et hyper fluide, les robots et l'IA qui vont rendre obsolètes des millions de citoyens (et donc menacer leur statut sociale -  équilibre psy et estime d'eux-mêmes)... inutile d'entrer dans le jeu de guerre de civilisation et de religion.

    Et si certaines forces (des vraies, des puissantes, qui ont accès au "grand jeu" au moins dans leur pays, et peuvent peser) étaient branchées sur le fait que le jeu des guerres de civilisation et de religion était un moyen de canaliser les ressentiments et problèmes que tu décris? On re-mentionnera ce qui motive la "vision" politique et géopolitique du trumpisme, tel qu'articulé par Banon avec l'assentiment de Trump (difficile de voir s'il y croit ou non, mais si ses nominations et sa première propale budgétaire sont révélateurs, c'est vraiment en train d'arriver): une perception "traditionnelle" de l'occident qui implique de favoriser le phénomène national-nationaliste avec ou non une dimension religieuse, dans l'idée qu'il y a une conflagration inévitable et déjà entamée avec l'Islam. Pas avec le "monde musulman" (si une telle bête existe), pas avec les Arabes, avec l'Islam en tant que concept religieux, social et politique: c'est hallucinant, c'est bordeline du n'importe quoi, mais c'est bien comme ça que beaucoup de monde dans les sphères du pouvoir américain voient la chose. Accessoirement, ils pensent qu'un conflit avec la Chine est à terme inévitable et entendent s'y préparer. Quel que soit le niveau discutable de rationalité de ces façons de voir, la question n'est pas là: c'est ainsi qu'ils conçoivent le monde, c'est dans ce sens qu'ils vont gouverner. Et ils viennent d'annoncer des coupes dans tout ce qui concerne le "soft power" au profit d'augmentations du "hard power", entre autres choses, tout en redoublant d'effort pour stigmatiser et antagoniser autant qu'ils le peuvent les populations musulmanes aux USA et ailleurs. En attendant, tout est fait pour consolider ce "camp" dans les milieux dirigeants et/ou influents aux USA, et transformer ce corpus d'idées en tendance lourde pour le pays (donc restant la ligne directrice en cas de changement de majorité), qui était déjà sur ce chemin de différentes façons (politique extérieure interventionniste, guerre "secrète" omniprésente, politique iranienne....). 

    Et cette voie trumpienne, on en retrouve des échos, ou des avatars, chez certains populismes européens actuellement en vogue (conjoncturelle ou structurelle, ça reste à voir), notamment chez nous, aux Pays-Bas, en Angleterre, et maintenant (potentiellement bien plus qu'il y a encore quelques mois via cette montée des tensions avec Ankara) en Allemagne. Je serais Erdogan, je serais plus accommodant avec Washington.... Ou je me trouverais vite un autre "sugar daddy" pour m'aider à être dissuasif. 

    5 hours ago, Chaps said:

     

    Chaque fois que l'Europe va freiner ses entreprises, d'autre prendront la place.

    Ca.... Tant qu'on ne monnaye pas l'accès au marché européen aussi durement que le font des joueurs comme la Chine ou les USA.... 

  16. 1 hour ago, Chaps said:

    Pour l'assurance santé, Tancrède tu as raison (et l'éducation), pour le reste: essence, gaz, élec, eau , immobilier, vêtement, nourriture, ca semble similaire à ici sinon sensiblement moins cher.

    Pas vraiment, mais comme je l'ai mentionné, la réalité varie énormément aux USA, selon les Etats et leurs législations et gouvernances particulières, selon les Etats et les zones et leur attractivité/dynamisme économiques propres, selon les villes et leur niveau de développement et de population. L'amplitude de ces variations est proprement incompréhensible pour nous autres qui sommes plus "homogènes" à l'échelle du territoire (au moins métropolitain). Mais dès lors que tu es dans une zone économiquement porteuse, aux USA, ces coûts sont le plus souvent très importants (plus que par chez nous), et/ou très subventionnés (donc payé par le péquin moyen d'une autre façon, ou foutus sur sa note de "long terme", cad la dette). L'immobilier est un cas exemplaire en la matière: dès que tu approches d'un bassin d'emploi, c'est trop cher par rapport aux revenus de la majorité, et les grandes villes amputent littéralement le niveau de vie, si bien que pour les moins de 35 ans, la donne dominante est d'être locataire chez leurs parents, ou de s'entasser en coloc dans des apparts pas prévus pour (on a remarqué une explosion des ventes de placo depuis un bail, répondant à la construction de murs de séparation dans de petits apparts). Mais on peut citer d'autres trucs, comme l'électricité en Californie (hors de prix), l'accès à internet en général (vraiment cher, et surtout de qualité oscillant entre moyen-bas et merdique). 

  17. 41 minutes ago, Shorr kan said:

    Depuis sa création, Le Department of Homeland Security n'avait pas apporté un surplus d'efficacité des services de sécurités/renseignements US en mettant -un peu - d'ordre dans le bordel des agences?

    Rooooooooob, au rapport !

    Cette partie là de la page wiki est bien sourcée (pas d'origine polémique, et ça critique des deux bords politiques):

    https://en.wikipedia.org/wiki/United_States_Department_of_Homeland_Security#Excess.2C_waste.2C_and_ineffectiveness

    L'organisation a été mal conçue, pas pensée, et s'est avérée être depuis le début un fourre-tout pour des agences disparates juxtaposées et flanquées d'une importante bureaucratie tout sauf unifiante, qui d'emblée (de mauvaises langues diront que c'est du pur "système Cheney") s'est surtout servie de son budget pour faire de la politique et bâtir des baronnies et des réseaux de services rendus entre copains. Et au niveau transparence, tant du côté du respect des libertés que du côté financier, ça n'a jamais été la panacée, et le temps n'a rien amélioré. On a constaté par exemple, il y a 10 ans comme il y a 2 ans, une propension à un abus de budgets d'investissements dans les bases de données et centres d'analyse qui, outre le fait de mal faire leur métier (et de piétiner quelques libertés, notamment dans un scandale de fichage abusif, aussi utilisé pour des raisons politiciennes et idéologiques, locales et nationales), n'ont jamais été pensés en tant qu'outil, et plus comme un truc de "pork barrel politics" pour les copains, et de prétexte pour grapiller plus de budgets, de personnels et de réseaux (et donc bâtir ou accroître sa baronnie administrative). 

     

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  18. Les discours de Trump sont vides de sens, c'est un fait, et de toute façon, vu qu'il dit tout et son contraire, parfois d'une minute sur l'autre, parfois au cours de la même phrase, pas la peine de s'y arrêter. Les choix parlent plus fort. La Maison Blanche a émis sa première proposition de budget:

    Les hausses:

    - Défense: +9%

    - Homeland Security: +7%

    - Veterans Affairs: +6%

    Le reste:

    - State Department: -28%

    - Agriculture: -21%

    - Labor: -21%

    - Health & Human Services: -18%

    - Commerce: -16%

    - Education: -14%

    - Environmental Protection Agency: -31% 

    La frontière avec le Mexique va recevoir 1,7 milliards supplémentaires cette année, et 2,6 l'an prochain.

    Dans l'ensemble, rien de surprenant, mais l'Amérique va le sentir passer, notamment dans le temps via l'attaque du State Department. Il ne faut pas croire que les services tronçonnés vont compenser ceux augmentés: les tailles ne sont pas les mêmes. L'éducation, par exemple, est un petit budget: il s'agit d'un ministère de pilotage et de compensations financières, l'essentiel des dépenses d'éducation passant par les Etats. Dépenser plus dans la Défense et le DHS est en plus une erreur, vu l'état de mauvaise gestion de ces services: l'argent supplémentaire ne produira pas, loin de là, d'effet supplémentaire proportionnel. Le DHS, depuis sa création (réunion de tout un tas d'agences très différentes sous une seule enseigne), est l'exemple même de la machine bureaucratique contre-productive. 

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  19. 2 actus rapides en direct de la majorité républicaine au Congrès:

    - une  proposition de loi a été introduite pour faire disparaître l'essentiel des restriction à la vente et à l'usage des silencieux pour armes à feu, qui sont très sévèrement réglementés depuis 1934 en raison de l'effet "multiplicateur" qu'ils peuvent avoir sur l'usage des armes à feu (enlève des inhibitions, attire moins l'attention....)

    - une autre proposition a commencé le processus législatif, qui vise à autoriser les entreprises à rendre obligatoires le test génétique de leurs employés, et le fichage des résultats. Essentiellement, on est dans Bienvenue à Gattaca, là: outre la création de fichiers revendables aux pharmas et assureurs, le risque est ici le profilage génétique des actifs, avec toutes les conséquences potentielles que cela suppose en matière de discrimination à l'avancement ou à l'embauche, d'accès à une assurance (ou en tout cas à une correcte), à un logement, un prêt bancaire, un voisinage/immeuble.... Les propensions de chacun à telle maladie ou tel comportement (que la chose soit scientifiquement fiable ou non) fondées sur le test génétique l'emporteront sur tout autre critère (parce que "quantifiable", contrairement à un entretien, une évaluation interpersonnelle ou psychologique) et se joindront à la longue liste des éléments de fichage de toutes sortes qui deviennent la norme (bancaire....) dans les sociétés développées, avec bien peu de chance de faire valoir sa motivation, sa qualification, son expérience, sa bonne volonté, sa sociabilité.... Et surtout sans aucun respect pour la vie privée qui le cède en tout aux exigences paranoïaques et toujours croissante des big brothers corporate. 

     

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  20. 47 minutes ago, Chaps said:

    Le niveau totale des taxes aux USA est autour de 25% . Contre 50-52% en France. Ils ont de la marge en cas de besoin (par exemple aucune taxe sur les héritages jusque 5 millions de $ aux USA).

    Les USA sont aussi le premier acheteur d'un nombre incalculable d'autres pays. Personne ne veut voir son premier client faire faillite.

    Et puis le "monde des prêteurs" est convaincu que si les USA doivent rendre 20 millions d'Américains SDF pour améliorer leur économie et continuer à payer leurs dettes, ils le feront.

    Pour les taux évoqués, là tu parles uniquement du niveau fédéral: le taux cumulé des principaux impôts fédéraux (essentiellement "income tax" et "payroll tax" -impôts sur le revenu et cotisations sociales- plus droit d'accises et ) est au plus de 22-23% pour les tranches supérieures de revenus (20-21 et 14 pour les deux plus hauts quintiles), mais l'imposition des Etats et des comtés et villes en rajoutent une bonne couche, surtout dans les Etats où il y a une vraie activité économique et une pensée pour le futur (va voir le Massachussets, le Connecticut, NY, la Californie, l'Illinois ou l'Etat de Washington, et la fiscalité ne t'y dépaysera pas). Il est très difficile de faire une moyenne "nationale" tant la diversité des cas est grande, mais surtout, il faut comparer ce qui est comparable si on veut évoquer la France: 1 dollar d'impôt/cotisation/prélèvement public "moyen" (tout cumulé) aux USA n'achète pas et ne couvre pas les mêmes choses aux USA que dans l'hexagone, tout connement. Les coûts structurels de la vie aux USA sont bien plus élevés (et souvent bien plus mal rendus) et commencent APRES l'impôt, à commencer par l'assurance santé, la formation continue et les études, sans même parler de certains biens et services semi publics ou très régulés (y compris leur prix) en France comme l'eau, le gaz et l'électricité: aux USA, leur prix est douloureux, et leur qualité.... Aléatoire. Le cas de l'assurance santé, qui est au coeur de l'actualité, souligne à quel point ce seul poste de dépense est une nécessité et un handicap quand son coût est hors de contrôle: en ce moment, ses augmentations permanentes depuis 20 ans, leur ralentissement avec l'ACA, et leur probable explosion quand le GOP passera son bouzin, décideront en essence du sort socio-économique d'une bonne moitié, sinon plus, de ce qui reste de la "middle class" aux USA, qui pourra ensuite garder la prétention, mais pas le style de vie allant avec cette aspiration fondamentale des Américains. Le tout pour avoir des assurances santé hors de prix (du genre qui tronçonne le revenu annuel de la majorité des gens), couvrant généralement très mal, et qui n'ont aucune garantie d'être gardées (ce qui impacte la politique générale de santé). 

    Faire une équivalence à partir de l'imposition générale formelle est tout simplement erroné même si cela montre qu'en France (comme ailleurs, mais selon nos termes), on ne se rend plus compte de ce qui est "socialisé" (impôts et dépense publique proprement dits, cotisations et caisses communes, entreprises publiques....) et de ce qui ne l'est pas, ce qui tend à en dévaluer l'apport. 

    1 hour ago, Chaps said:

    (par exemple aucune taxe sur les héritages jusque 5 millions de $ aux USA).

    Va dire ça aux électeurs républicains: à chaque élection, ça revient, et les candidats GOP continuent à balancer à leurs ouailles qu'une augmentation de ces droits de succession spécifiques (sur le patrimoine économique en fait: l'objectif de ce plafonnement -et ce à quoi il s'applique- concerne les actifs économiques et vise à empêcher de toucher aux petits commerces et petites exploitations agricoles) va toucher les "petits patrons".... Ils arrivent à empêcher ce plancher de 5 millions d'entrer dans les codes médiatiques. Dur de comprendre comment ça passe. 

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  21. 6 minutes ago, Alexis said:

    Il plaît peut-être - sans doute - à une grande partie de ses partisans. Mais enfin si un ivrogne m'apostrophe dans la rue et commence à m'abreuver d'injures, au mieux j'essaierais de lui faire une réplique à la Cyrano "Ah ? … Et moi, Cyrano-Savinien-Hercule De Bergerac" :happy: 

    Déjà essayé qyand j'étais petit..... Ca marche que dans la fiction, ce genre de réplique.Pire encore si tu le fais pour une audience autre que l'interlocuteur: devine qui passe pour un con?

    Quote

     

    Je veux surtout dire que ce n'est pas forcément une bonne idée d'entrer dans son jeu.


     

    Dans le cas évoqué, soit laisser ou non des propagandistes (à propos flirtant avec l'incitation à la sédition et/ou une forme ou une autre de radicalisme religieux/communautariste) opérer sur notre territoire, l'option de ne pas entrer dans son jeu existe t-elle? Refuser l'entrée, c'est faire un choix par rapport à son jeu, l'accepter l'est aussi. L'indifférence n'existe pas dans cette situation, et elle n'est certainement pas représentée par le fait de donner les apparences de la posture "je suis une démocratie pluraliste, ouverte à tout propos même méprisable, et par ce choix, je suis meilleur que vous".... Parce qu'en l'occurrence, faire ce choix, même s'il a des points en sa faveur (comme l'option opposée), a des conséquences (encourager l'adversaire, encourager les radicalismes extérieurs et domestiques) et un impact sur l'image ("européens/démocrates = tarlouzes"). Difficile de concilier le fait de rester ouvert et démocratique avec un message clair genre "don't tread on me". L'idéal serait de laisser ces connards faire de tels rassemblements chez nous, mais d'avoir une politique active à l'intérieur (assimilation/intégration, communication pour stigmatiser un peu cette posture turque et ceux qui la suivent, moyens de renseignement/suivi) et à l'extérieur (inciter plus activement à un repositionnement européen sur la Turquie). 

    Quote

     

    En revanche, dans l'un quelconque des cas suivants :

    - Appel aux Français qui ont une double nationalité, non pas à conserver un lien avec le pays de leur origine, mais à refuser l'assimilation

    - Incitation à la haine religieuse ou raciale

    - Incitation à la violence envers des personnes en raison de leurs appartenances politiques


     

    On est d'accord; l'un des problèmes là réside aussi dans le fait que peu de choses dans cette politique d'agit prop turque se fait à mots ouverts. L'essentiel est en langage "imagé", codé, et en échanges informels et sentiments bien compris. Difficile ensuite de trouver les méthodes concrètes pour faire sentir qu'une ligne a été franchie, mais sans en arriver à quelque chose de disproportionné en apparence. 

    Quote

    Ce qui m'inquiète, c'est que sous couvert de défendre la France - et là je suis pour bien sûr ! - on soit en fait en train de s'immiscer dans des querelles qui ne soient pas les nôtres. Je pense que le mieux est d'être sans concession sur le premier sujet, mais de se garder tout-à-fait du second.

    Je suis encore une fois d'accord dans le principe, mais c'est plutôt Erdogan, avec une telle politique pro-active de propagande/lobbying/rassemblement communautariste, qui fout sa politique et ses conflits dans notre bac à sable: quelle que soit notre réaction (ou pire, notre non réaction) face à cela, c'est déjà une réaction dans le cadre de cette merde qu'il nous a refilé. Quand à séparer défense et immixtion, j'ai un doute sur le fait que la distinction, dès lors qu'on parle de la posture de l'Etat et de ses actions, soit encore faisable: conceptuellement et sémantiquement, on peut séparer les choses, mais le registre des actions, choix, mots et postures concrets est beaucoup plus limité, et recouvrira forcément plusieurs des domaines que tu voudrais séparer. Il n'y a pas vraiment de position neutre dans le monde; sauf si ton territoire, ta population, ton pays, n'ont strictement aucun intérêt pour qui que ce soit en aucune façon. 

  22. 5 minutes ago, Alexis said:

     

    Pour le moment, nous avons Erdogan qui agonit d'injures les Néerlandais, les Allemands, traite de nazi tous ceux qu'il rencontre, et d'une manière générale se ridiculise en public.

    Est-ce si évidemment le cas? Il se ridiculise certes face aux chancelleries et auprès d'une certaine portion des journalistes et politiques, mais quid du reste? Il ne se ridiculise certainement pas auprès de sa base électorale ou de la portion de "tangeants" (pas forcément pro-Erdogan, mais resserrant les rangs turcs quand il y a du grabuge.... Et il est désormais le seul autour de qui se resserrer en Turquie), ni sans doute auprès de la majorité de ses fans dans la diaspora, ce qui lui suffit: le reste, c'est anecdotique. 

    Quote

     

    Bien sûr, un régime qui fait dans l'islamo-nationalisme, qui a soutenu un temps l'E.I. à cause de l'ennemi commun kurde, qui va répétant aux Européens par exemple aux Français d'origine turque que non faut surtout pas s'intégrer et qui réalise une véritable épuration de sa police, de sa justice, de son armée en faveur de l'homme fort n'a pas grand chose pour plaire... mais il y a la question de la justice envers l'ensemble des pays étrangers.

    - Est-on prêt à interdire à des politiciens italiens de faire une réunion publique destinée aux Français qui ont la double nationalité italienne ?

    - Et si un politicien démocrate ou républicain veut s'adresser aux Américains établis en France, ou aux Franco-Américains, va-t-on lui refuser l'entrée ? Je n'en vois pas la nécessité.

    Certes Italie comme Etats-Unis ne posent aucun problème démocratique, tandis que la Turquie prend une direction inquiétante. Mais si on commence à vouloir interdire les réunions politiques seulement des pays dont le régime ne nous revient pas... ça risque de devenir rapidement "à la tête du client". Ce qui d'une part signifiera prendre position dans des disputes qui ne sont pas les nôtres - affaires internes de chaque pays, ce genre de choses - d'autre part sera très rapidement pris comme une démonstration d'hostilité contre tous les ressortissants du pays concerné, et ça doit être évité.

    Je répète qu'à moi non plus la tête d'Erdogan ne revient vraiment pas. Mais il y a un problème de fond derrière tout ça.

     

    Problème épineux: à partir de quel "seuil" tangible peut-on décréter que l'invité est en train de commencer à cracher sur le tapis de son hôte, au lieu d'être juste le mauvais coucheur de la soirée (ce qui est son droit)? L'Etat d'origine et sa politique jouent un rôle dans l'affaire, c'est évident, et c'est déjà problématique en ce que cela permet de faire une différence entre les migrants suivant leur origine. Mais quid encore du cas de pays comme la France qui ont une conception plutôt "active" de l'assimilation (même si ça a sérieusement levé le pied dans les faits depuis quelques décennies)? Une chose est sûre, ne pas prendre de position claire sur le sujet arrange peut-être le politicien finasseur qui pense être malin sur le moment, mais c'est un mauvais message envoyé généralement, un appel d'air pour ceux qui veulent abuser et conquérir des parts de marché dans telle ou telle diaspora, et un facteur de plus de frustration pour tous les "gens du cru" désespérés par la déliquescence de leur société civile d'appartenance, et par là de ce à quoi ils réfèrent en termes plus affectifs/subjectifs sous l'appellation "d'identité" ou de "culture" nationales..... Bref, ce genre de postures à tendance à créer des radicalismes et fachos de toute sorte, sous couvert de la jouer "tolérant, ouvert, multiculturel, gentil et bisounoursien" sur le moment. 

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  23. 1 hour ago, Boule75 said:

    En pratique ils ont bien un problème de fiscalité parce qu'en lieu et place de TVA ils traînent encore des taxes très mal foutues. 

    Ca.... L'empilement des législations fiscales fédérales, d'Etat et locales, des régimes d'exceptions (achetés via lobbying et se cumulant avec les années) et des jurisprudences permanentes (et les frais juridiques constants qui vont avec pour se dépatouiller), crée à l'arrivée une situation un tantinet complexe pour les boîtes américaines qui sont pourtant les premières à alimenter ce système.... En ayant toujours des avocats sur la brèche pour demander un truc ou un autre, mener une action ou une autre, obtenir un jugement (qui fera jurisprudence souvent, au niveau local).... Et des lobbyistes pour faire pencher les règles en leur faveur (correspondant à leur situation du moment, mais pas celle de demain, alors que la loi obtenue restera) et obtenir subventions ou exemptions fiscales. A l'arrivée, c'est tellement dans les moeurs qu'ils ne se rendent même plus compte de ce qu'ils dépensent en temps et en argent dans ces trucs, tout en subissant la lourdeur d'un système dont ils sont de fait les premiers à lui ajouter du poids; c'est d'ailleurs particulièrement sensible pour les PME et les "petites grandes" entreprises, plus vulnérables aux réalités locales et aux complexités et lourdeurs du commerce international, étant donné que les 3/4 des règlementations dont ils se plaignent ne sont pas fédérales, et même bien souvent pas du fait des Etats, et, ironie, même pas du fait du législateur ou du régulateur (les agences fédérales et d'Etat créent la majorité des règlementations venant "d'en haut", le niveau législatif émettant juste des directives générales), mais de la jurisprudence et donc des tribunaux (ce qui veut dire un processus long, cher, incertain), y compris en matière fiscale. 

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