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Tancrède

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Messages posté(e)s par Tancrède

  1. 35 minutes ago, Boule75 said:

    Un point que je ne vois pas souligné souvent et en rapport direct : la captation des revenus par le 1/1000 est aussi, et mécaniquement, un facteur d'abaissement de la demande générale, et donc de la croissance, puisque les plus riches peinent à dépenser et tendent à placer beaucoup plus que les plus pauvres. C'est cohérent avec tout cet "excès d'épargne" constaté un peu partout, avec la baisse de la vitesse de circulation de la monnaie aussi dont tu parlais l'autre jour.

    C'est aussi ce qui rend largement inopérante les politique d'allègement quantitatif des banques centrales ces dernières années : les liquidités sont captées par les plus aisées et "mises à l'abri" de manière largement improductive.

    Oui, c'est entièrement vrai, mais là je citais juste l'étude (dont je n'ai lu que les conclusions, en plus) dont ce n'est pas le focus: ils ont surtout étudié l'état du "rêve américain" et lancé quelques pistes pour indiquer comment lui redonner de l'élan... Et comment ne pas le faire, notamment en poursuivant ce qui a été fait depuis 30-40 ans, à savoir tout faire pour le top 10% (et en fait surtout pour le top 1%, voire le 0,1%) selon ce mythe qu'ils seront les "job creators" relançant toute la machine (cad "reaganomics", "trickle down economics".... Qui ne sont que des mythes de communication politique pour emballer le produit), là où le constat est qu'ils s'approprient l'essentiel des richesses créées et constituent de fait une impasse économique où s'accumule un argent peu productif. Et plus on suit leurs demandes d'abaisser tout ce qui peut soi-disant faire obstacle à un seuil de rentabilité imaginaire à partir duquel ils investiront à tout va..... Plus on constate que pas grand-chose ne se produit. On pourrait d'ailleurs ajouter qu'il y a aussi un changement de mentalité (sans doute avant tout induit par le progrès technique qui a accéléré la prise de décision, le fonctionnement de l'économie....) orientant vers la recherche d'un produit extrêmement rapide et démesuré, changeant grandement le niveau des attentes des détenteurs de capitaux. Ca plus une évolution marquée vers un fonctionnement plus ploutocratique qu'auparavant: le temps des "200 familles"? Pfff, un truc de communistes. 

  2. Une statistique indicative pour le problème des inégalités de revenus en général, et son impact au niveau générationnel en particulier (la source est un livre, résultant d'une étude: The fading American dream: trends in absolute income mobility since 1940): 

    playfair1.png

    (Titre: proportion d'enfants gagnant plus que leurs parents selon l'année de naissance). 

    Quote

     

    Absolute mobility fell in all 50 states although the rate of decline varied, with the largest declines concentrated in states in the eastern Midwest, such as Michigan and Illinois. The decline in absolute mobility is especially steep—from 95 percent for children born in 1940 to 41 percent for children born in 1984—when we compare sons’ earnings to their fathers’.

    Why have rates of upward income mobility fallen so sharply over the past half century? There have been two important trends that have affected the incomes of children born in the 1980s relative to those born in the 1940s and 1950s: lower Gross Domestic Product growth rates and greater inequality in the distribution of growth. We find that most of the decline in absolute mobility is driven by the more unequal distribution of economic growth rather than the slowdown in aggregate growth rates.

    When we simulate an economy that restores GDP growth to the levels experienced in the 1940s and 1950s but distributes that growth across income groups as it is distributed today, absolute mobility only increases to 62 percent. In contrast, maintaining GDP at its current level but distributing it more broadly across income groups at it was distributed for children born in the 1940s – would increase absolute mobility to 80 percent, thereby reversing more than two-thirds of the decline in absolute mobility.

    These findings show that higher growth rates alone are insufficient to restore absolute mobility to the levels experienced in mid-century America. Under the current distribution of GDP, we would need real GDP growth rates (after accounting for inflation) above 6 percent per year to return to rates of absolute mobility in the 1940s. Intuitively, because a large fraction of GDP goes to a small fraction of high-income households today, higher GDP growth does not substantially increase the number of children who earn more than their parents. Of course, this does not mean that GDP growth does not matter: Changing the distribution of growth naturally has smaller effects on absolute mobility when there is very little growth to be distributed. The key point is that increasing absolute mobility substantially would require more broad-basedeconomic growth.

    We conclude that absolute mobility has declined sharply in the United States over the past half century primarily because of the growth in inequality. If one wants to revive the “American Dream” of high rates of absolute mobility, one must have an interest in growth that is shared more broadly across the income distribution.

     

    Pour les intéressés, la méthode:

    Quote

    We measure absolute mobility by comparing children’s household incomes at age 30 (adjusted for inflation using the U.S. Consumer Price Index) with their parents’ household incomes at age 30. We find that rates of absolute mobility have fallen from approximately 90 percent for children born in 1940 to 50 percent for children born in the 1980s. Absolute income mobility has fallen across the entire income distribution, with the largest declines for families in the middle class. (See Figure 1.) These findings are unaffected by using alternative price indices to adjust for inflation, accounting for taxes and transfers, measuring income at later ages, and adjusting for changes in household size.

     

    Et on peut ensuite reparler du vote Trump, et plus encore, de l'abstention et de la perte d'audience des démocrates dans les classes moyennes et la "working class" (surtout blanches). 

    Le nouveau Secretary of Labor est un patron de chaînes de fast-food qui a encore récemment été cité sur son hostilité à l'idée même d'un salaire minimum (lui qui est déjà leader d'une industrie de très bas revenus) et sa volonté de robotiser le service dans les fast food (et de dénigrer les problèmes liés aux serveurs humains). Il ferait bien de relire l'échange, dans les années 50, entre un Henry Ford II s'émerveillant devant l'automatisation croissante de son usine, et Walter Reuter (leader syndical): 

    - Walter, how are you going to get those robots to pay your union dues? (Walter, comment aller vous faire payer vos cotisation syndicales à ces robots?)

    - Henry, how are you going to get them to buy your cars? (Henry, comment allez-vous leur faire acheter vos voitures?)

    Ironique, vu que c'était, 30 ans plus tôt, de ces mêmes usines qu'était venue l'idée que l'ouvrier devait pouvoir se payer le produit qu'il fabriquait, même s'il s'agissait d'un produit cher. A comparer avec le personnel de Walmart aujourd'hui qui n'a pas les moyens de faire ses courses chez Walmart, pourtant une chaîne de grande distribution assez low cost. 

     

     

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  3. Un sondage PPP amusant, qui a visé à prendre le pouls de l'opinion post-élection, et s'est penché en particulier sur les sentiments et rapports aux faits des différents électeurs:

    - 51% des votants (pas des électeurs, donc on parle ici des quelques 55% qui ont voté) n'aiment pas Trump, contre 43% qui l'aiment, soit un rapport favorables/unfavorables de -8%, une amélioration qui représente "l'état de grâce" post élection, et le syndrôme, pour une part de l'électorat, du "give him a chance" (sous-entendu "que vous l'aimiez ou le croyiez ou pas"). Chez ceux qui ont voté Trump, ce rapport est de 87% favorables contre 5% unfavorables (évidemment). 

    - ce rapport favorables-unfavorables en ce qui concerne Obama chez les votants est de 50-45 (il est autour de 55-45 dans l'opinion générale des électeurs), de 5-90 chez les votants Trump, de 9-87 chez les votants républicains

    - le Dow Jones a plus que doublé entre 2008 et 2016: 39% des votants Trump pensent qu'il s'est effondré pendant cette période (celle d'Obama)

    - le chômage (officiel) est passé de 7,8 à 4,6% pendant la période Obama: 74% des électeurs Clinton le savent (contre 18% qui pensent qu'il a augmenté), et avec eux 52% des électeurs Johnson (contre 32% qui pensent le contraire) et 48% des électeurs Stein (contre 32%). Chez les votants trumpistes, 67% pensent qu'il a augmenté, 20% qu'il a baissé. 

    - 40% des votants Trump pensent que leur candidat a gagné le vote populaire, contre 49% qui pensent que Clinton l'a emporté

    - 60% des votants Trump pensent que des millions de gens ont voté illégalement pour HRC, contre 18% qui pensent le contraire, et 22% qui ne sont pas sûrs

    - 73% des votants Trump pensent que George Soros (depuis longtemps pour la droite, surtout complotiste, l'incarnation du diable "liberal" qui finance tout et son contraire pour prendre le pouvoir aux USA; dans les faits, il est un contributeur démocrate important, mais certainement pas un "méga donneur" comme le GOP en a) paye les milliers de manifestants anti-Trump qui ont défilé dans les rues américaines, contre 6% qui n'y croient pas

    - 29% des votants Trump pensent que la Californie ne devrait pas être incluse dans le décompte du vote populaire (NB: c'est là où la communauté complotiste a placé les imaginaires millions d'électeurs illégaux, et c'est aussi un Etat indéracinablement démocrate et "liberal", et de très loin l'Etat le plus peuplé), contre 53% qui pensent qu'elle devrait rester incluse

    - 59% des votants pensent que Trump devrait publier sa feuille d'impôts (seul moyen de connaître ses avoirs, donc les risques de corruption.... Ou sa propension à frauder le fisc), contre 29% qui pensent qu'il ne devrait pas avoir à le faire. Plus précisément: 92% des votants HRC, 62% des votants Johnson (27% de ceux-là pensent qu'il ne devrait pas le faire, approchant la moyenne) et 83% des votants Stein pensent qu'il devrait le faire. 59% des votants Trump pensent qu'il ne devrait pas le faire, 23% qu'il devrait le faire. 

     

    Les points particuliers des questions de ce sondage, de même que trop d'obsession sur l'exactitude des chiffres, comptent assez peu: les opinions sont encore à chaud, le climat n'est pas serein.... Mais la leçon intéressante de ces "photos" de l'opinion à ce stade est l'existence d'un vrai et net décalage entre l'électorat Trump (ou au moins une portion très significative, qui se confond parfois avec les autres électeurs républicains, mais souvent pas vraiment) et le reste des électeurs. Le niveau d'information, ou plutôt de désinformation, dans cet électorat, souligne à quel point la tactique de marketing ciblé de la campagne Trump a été efficace, et à quel degré il l'a été. Une vraie opération de manipulation qui a créé une réalité alternative, en quelque sorte, pour une portion donnée de l'électorat, afin de constituer une "power base" propre, que Banon va maintenant essayer de mieux connaître, de consolider, d'organiser et de garder motivée (alors même qu'il semble désormais en guerre plus ou moins ouverte avec Reince Priebus pour la constitution du cabinet). 

    Le point ici n'est pas de prendre cette enquête trop à la lettre, mais de retenir la leçon globale du poids de la tribalisation de l'information, et d'un reflet partiel du dommage causé par l'utilisation organisée de l'industrie (car c'en est désormais une) des fausses infos, instrumentalisées dans une stratégie qui inclue aussi de leur faire pénétrer la sphère publique systématiquement et profondément (:rougitc: c'est cochon), par exemple par un usage massive de bots comme le mentionnait Boule plus haut (la campagne Trump a ainsi utilisé 5 fois plus de tweeterbots que la campagne Clinton, et la proportion est comparable sur Facebook, le média le plus communément utilisé pour l'info aux USA, et de très loin le premier média social). 

    Evidemment, et c'est peut-être particulièrement mon dada perso, l'une des principales limites de cette étude est qu'elle s'est exclusivement portée sur les votants, par sur l'électorat en général. C'est compréhensible, mais un tantinet dérangeant quand environs 45% des électeurs n'ont pas voté. 

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  4. 1 hour ago, Alexis said:

    Rôooh comment as-tu pu douter ? Homme de peu de foi ! :laugh:

     

    Absolument. Il serait très malavisé et dangereux de tenter sérieusement d'utiliser des provocations lourdes au sujet de Taiwan comme levier de pression sur la Chine. Comme tu le dis, les Chinois peuvent être tout aussi passionnels que n'importe qui. En ce qui concerne les questions de nationalisme, j'irais même jusqu'à suggérer : davantage.

    Cela dit, il n'est pas clair que ce soit ce que prévoit Trump. Le fameux coup de fil peut parfaitement être une simple maladresse, ou encore ça peut être une pique volontairement choisie assez petite pour ne pas vraiment faire mal, tout en passant le message à Pékin qu'on n'a pas froid aux yeux : si on peut "jouer" avec ce sujet-là, même un petit peu, alors quand il s'agira de sujets moins émotionnels et moins dangereux, vous allez voir ce que vous allez voir !

    Trump a quand même un historique de plusieurs décennies dans les affaires et le spectacle, donc dans les deux cas des activités avec une dimension manipulatoire. Je le pense tout à fait capable de choisir consciemment une telle entrée en matière. Tout en sachant fort bien jusqu'où ne pas aller trop loin.

    Nous parlons quand même d'un type qui s'est dit prêt à rencontrer Kim Jong Un pour parler de paix. Bref, exactement ce qu'un président américain devrait tenter, sauf que lui est le premier à au moins en parler. Qu'après avoir montré cette compréhension du point de vue de l'autre - le souci prééminent de la sécurité qui anime le pouvoir nord-coréen - face à ce qui reste une petite puissance même si ce sont des emm...eurs, il se montre incapable de se mettre un minimum à la place de ce qui est rien de moins que la deuxième puissance mondiale... ça me semblerait bizarre.

     

    Ouais, je me garderais encore plus de présenter Trump comme cet expert es manipulation qui sait toujours jouer le jeu sans en avoir l'air, que je ne parlerais de Poutine comme le joueur d'échec implacable et illisible qui a toujours 5 coups d'avance sur tout le monde: les deux sont des constructions délirantes de journaleux et/ou fanboys qui délirent pour l'essentiel. Surtout dans le cas d'un Trump dont il est par exemple assez avéré qu'il ne fait pas ses devoirs, n'a pas ouvert un bouquin depuis plus de 20 ans (à part le sien.... Pour y mettre son autographe), et n'a jamais opéré que sur un marché particulier dans lequel il a grandi. Une énorme partie du travail de négociation, c'est de savoir de quoi on parle dans des détails si minutieux qu'on doit pouvoir présenter le sujet dans sa tête en dormant, et de connaître son interlocuteur/l'adversaire aussi profondément que possible (personnalité, culture, habitudes, tropismes....). Trump a une habitude amplement documentée d'y aller à l'instinct, et pour l'essentiel de sa carrière sur un terrain dans lequel il a grandi, avec des interlocuteurs qu'il connaît; et son bilan en affaires est pour le moins.... Discutable (jusqu'à maintenant, puisqu'avec ce nouveau job, son groupe a des chances de voir les problèmes de dette écrasante et de cash flow réduit qu'il traîne depuis plus de 20 ans résolus). Il sait bien arnaquer le glandu lambda: on ne peut nier qu'il a maîtrisé l'art du vendeur de voiture d'occasion avec Joe Sixpack pour public, mais même là, ses arnaques à deux balles pour lesquelles aucun vrai milliardaire ne risquerait de perdre une seule minute de son temps, ont au final été peu fructueuses, et ont toutes terminé aux chiottes.... Trump U, la seule qui semble avoir rapporté un peu de cash, vient de se terminer avec un règlement qui ne lui permet que de sauver les apparences, pas du fric. 

    Là, il va faire face à des gens et des organisations un tantinet plus préparés et rôdés. Et devoir prendre en charge une position de négo qui a son lot d'éléments imposés: quelles que soient les options qu'on favorise en politique étrangère, et qu'on annonce pendant une campagne, il y a une énorme inertie dans les intérêts fondamentaux et les logiques de fonctionnement d'un Etat, qui contraignent beaucoup. Tout comme il y en a dans les relations internationales. Ca peut être amusant de voir un chien lancé dans ce jeu de quilles, et occasionnellement, ça peut même produire un ou deux résultats ponctuels que certains s'empresseront de porter aux nues pour indiquer que leur champion est génial et révolutionne le monde, mais les logiques lourdes reprennent vite la main. 

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  5. 9 minutes ago, c seven said:

     

    Bien sûr, le contexte n'est pas 100% identique, ça ne l'est jamais. Mais je verrais en ce moment le tout début de la préparation d'une contexte, d'une "ambiance" vis à vis de la Chine en commençant par Taïwan comme levier. Ca va aller crescendo. On parle de "représailles" vis à vis des USA? Ah bon... un peut comme les chinois qui ferrait un Perl Harbour après avoir été emmerdé sur Taïwan? Comme les japonais l'ont fait lorsqu'ils avaient été emmerdés avant la guerre du Pacifique hein? (embargo pétrolier à l'époque, etc...)

    C'est exactement ce que rechercherait les USA de Trump. Ca n'ira pas jusqu'à un Perl Harbour bien entendu mais l'amérique a suffisamment de leviers en soft power, en propagande, en mauvaise fois en en capacité de mobilisation contre un ennemi (réel ou fantasmé) pour faire perdre la boule aux chinois. Taïwan est un excellent levier pour commencer quoi qu'il en soit. Quand aux menaces de "guerre" que font les chinois: gros LOL :chirolp_iei:

    C'est un peut l'erreur que font les régimes totalitaires vis à vis des démocraties. Les chinois méprisent les USA. Ils s'imaginent qu'ils vont capituler et sortir le drapeau blanc du jour où les petit morveux américains n'auront plus de cadeau made in china dans leur menu Mac Do...

    Évitons de faire la même erreur. Si Trump tiens ses promesses, et si l'amérique se met à bouger: ça va être rock'n'roll, ça ira vite et ça sera violent.

    Après est-ce que Trump aura les couilles... c'est du 50-50. Si Taïwan se confirme (avec pourquoi pas une bonne reprise des livraisons militaire sans auto-limitation), ça sera une bonne indication.

     

     

    Sur le point de Taiwan, je suis en désaccord: qu'une attitude moins coulante vis-à-vis des Chinois qui n'ont jamais respecté les principes sur lesquels leur admission à l'OMC était basée, je suis plus qu'amplement d'avis qu'il faille le faire, autant côté USA que côté Europe. Mais le problème de la question d'un jeu de dégonfle sur Taiwan est que les USA ne sont pas prêts à aller très loin par rapport aux Chinois. Ce n'est pas une question de "qui a les couilles" ou pas, c'est simplement une question bêtement pragmatique d'intérêt national et de la façon de le percevoir par les décideurs des pays en question, par leurs appareils diplomatiques et militaires, par leurs populations. Pour la Chine, Taiwan est une question passionnelle, épidermique, et essentielle à toute leur conception du monde, de la Chine, de sa politique extérieure, et d'eux-mêmes: c'est un intérêt vital. Pour les USA, c'est au mieux un truc assez important, un outil géopolitique. Des deux, qui semble prêt à aller le plus loin, à ne rien céder s'il faut en arriver à ce stade d'une négociation? Quelle population, des deux en présence, est prête, pour ainsi dire, à "aller mourir pour Dantzig"? 

    Si Trump a assez peu de jugeotte pour se lancer dans une escalade de tensions en se servant du sujet de Taiwan comme d'un outil de négo pas différent d'un autre, il faut espérer qu'il n'aura pas assez d'ego pour refuser de rétropédaler une fois que le jeu aura été loin, parce qu'en face, ça ne cèdera pas, et ça grimpera vite dans le registre passionnel (loin des images des Chinois comme monstres froids et pragmatiques: ils sont tout aussi chauds que nous autres, et ça, c'est un des sujets où ils grimpent vite au cocotier). Jouer avec la Chine sur ce point particulier n'est PAS une bonne idée pour les ricains: Trump n'aurait pas beaucoup de soutien pour ce faire, et certainement pas celui de la population américaine. Il pourrait vite se ridiculiser en étant forcé de rétropédaler et/ou en voyant qu'en face, ils sont vraiment TRES sérieux là-dessus, pas du tout dans un mode négo. Ce qui est d'ailleurs la raison pour laquelle les USA ont gardé l'actuelle posture depuis Kissinger, qui a défini cet étrange et absurde mais très commode fonctionnement où on nie l'existence de la République de Chine tout en garantissant son intégrité territoriale quand on parle à la RPC. Pékin a accepté le jeu parce que c'est pratique et qu'ils sont persuadés qu'à terme, les taiwanais reviendront d'eux-mêmes au bercail (ce qui relève plus de l'espérance qu'autre chose), et que désormais, les échanges avec les USA sont trop importants pour être risqués. Ca fait partie de ses situations éternellement non résolues qu'il vaut mieux (pour tout le monde) laisser en paix, sous peine de créer une merde monumentale, le genre d'engrenage duquel on ne revient pas (cf le jeu des alliances en 1914: à la mi-juillet, tout le monde pensait encore qu'on pouvait impunément monter le ton et que la guerre était impossible, avant de mesurer la pesanteur, l'inertie et l'implacable logique des systèmes -d'alliance et de mobilisation- en place.... Oups). 

    Mais ça revient toujours à ça: les niveaux d'intérêt des USA et de la Chine sur le sujet de Taiwan sont par trop différents pour que les USA puissent l'utiliser comme bargaining chips dans une négo où l'on doit être prêt à aller loin. Aux USA, pas grand-monde ne risquerait du capital politique pour soutenir un président voulant jouer à qui pissera le plus loin là-dessus. 

     

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  6. 1 minute ago, c seven said:

    Oui. A mon avis les capitaux ne savent plus trop où se placer de manière rentable. Les taux d'intéret rapportent rien, l'immobilier: c'est bon, on a trait la vache à mort et il n'y a plus rien à en tirer.

    Le problème majeur est qu'il y a une masse de cash mouvante énorme d'un côté, et une demande globale aux horizons pas folichons du fait de la polarisation des richesses (même les pays encore considérés comme "émergents" plafonnent assez vite en terme de taille de la demande solvable précisément en raison de ce point: le "piège" des revenus intermédiaires en somme, comme on peut le voir en Chine): le cash doit bien aller quelque part, donc y va quand même. Principalement dans des bulles immobilières (qui restent un endroit où placer quelques années avant éclatement, et favorisant les modes pour telle ou telle ville, et cette nouvelle maladie des grandes cités que sont les immeubles fantômes) et dans les emprunts d'Etats, plus comme tu le mentionnes, d'occasionelles bulles sectorielles comme celle des pétroles et gaz de schiste aux USA (5 trillions d'emprunts, mais ça a l'air de se dégonfler -pour l'instant- sans causer de crash brutal) et au Canada, dont les bénéficiaires survivants vont continuer, avec Trump, à être protégés par tous les artifices possibles (détaxation de fait, vente de terrains fédéraux à vil prix, Etat exemptant les boîtes de royalties, infrastructure en partie payée -c'est l'Army Corps of Engineer qui casque et opère-....). C'est pas seulement les pertes qui sont socialisées aux USA: ce sont aussi les coûts. 

    Mais je doute férocement que les USA puissent réellement "ré-industrialiser" en rétablissant des barrières à l'ancienne: comme précisé plus haut, ils en ont encore pas mal de fait, au niveau fédéral comme local, et il faudrait vraiment beaucoup en faire pour inciter au rapatriement d'activités à une échelle suffisante pour faire une différence notable. Ca coûterait cher, mais surtout, ça aurait des répercussions énormes, bien avant de produire le moindre effet positif: une guerre commerciale serait de fait à l'ordre du jour, ce qui rappelle toujours tout le problème du commerce, à savoir qu'il y a d'autres parties en jeu qui répliquent aussi, lançant une course à l'échalotte qui fait beaucoup de dégâts. Il faudrait aux USA réunir plus de partenaires acceptant un jeu commercial renouvelé, faisant une part plus conséquente non au protectionnisme, mais à un meilleur équilibre entre ouverture et protection (l'actuel ayant tendance à créer des situations de conflits entre pays de toute façon, mais surtout à en créer aussi DANS beaucoup de pays). S'ils y vont solo, ça risque plus d'être plein la gueule pour pas un rond, même si ça offrirait à Trump quelques postures avantageuses à la télé, auprès de son audience (et guère plus). 

    Et évidemment, tout ça évite le sujet initial: il n'a pas de majorité politique au Congrès (et peu de poids politique pour l'influencer) pour aller dans ce sens, et même son cabinet encore en formation est franchement sur une toute autre ligne. 

  7. 13 minutes ago, Shorr kan said:

    Peut être et je ne dis pas spécialement le contraire. Mais la mondialisation tel qu'elle fonctionne aujourd'hui actuel favorise outrageusement les 1% les plus riches des américains qui s'accapare l'essentiel des nouvelles créations de richesses, et ces derniers sont ceux que Donald fréquente quotidiennement, ne serais ce que les membres de sa famille. Et lui même en est.

    ça va être intéressant de voir s'il aura le courage d'aller contre les intérêts de sa propre classe sociale ou s'il se dégonflera comme un ballon de baudruche...

    2ème option en terme de tropisme, comme déjà démontré par le choix de son cabinet.... Mais surtout, la question ne se pose même pas: outre sa position de président -qui n'est pas vraiment tout puissant aux USA- avec une majorité qui n'est pas la sienne -mais bien celle des "one percenters"-, il est littéralement à la merci du Congrès vu l'ampleur des conflits d'intérêts qui lui pendent au nez dès son premier jour en fonction. Seule la majorité républicaine (et essentiellement Ryan) tient une enquête à l'écart, et une probable procédure d'impeachment qui en découlerait. Ca lui laisse pas beaucoup de capital politique, à moins qu'il n'arrive à se bâtir en loucedé une vraie "power base" pesant suffisamment lourd dans l'électorat de droite (cad au moins un quart/un tiers de l'électorat républicain constant, tenu et organisé, et prêt à voter contre le GOP et pour des candidats alternatifs proposés par Trump si le schisme en arrivait là) pour pouvoir trouver quelques marges de manoeuvre. C'est sans doute ce que Bannon va essayer de faire, mais ça va prendre du temps. En attendant, Ryan le tient littéralement par les couilles (ce qui lui fera peut-être comprendre que c'est pas bien d'aggriper les gens par l'entrejambe sans leur demander). 

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  8. 3 minutes ago, Boule75 said:

    Ca m'apprendra à navigouiller pendant les heures de boulot.

    Désolé.

    Repens-toi, mécréant: on ne "navigouille" pas. On fait pas les choses à moitié: "fais, ou ne fais pas, il n'y a pas d'essai"

     Yoda2.jpg

    Et comme Maître Yoda l'a aussi dit, même si c'est moins connu: "quand on fait, c'est pas avec une demi-molle". 

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  9. On 12/6/2016 at 1:39 PM, rendbo said:

     

    C'est même mieux que du Hugo : c'est du Shakespeare !

     

    La partie non publiée de son oeuvre, écrite les soirs où il était beurré à un stade très avancé et dépressif? Ou ses premières oeuvres sérieuses de peinture au doigt, avant qu'il apprenne à écrire et devienne trop commercial? 

    Quote

    Je me suis senti particulièrement blessé par votre la teneur de votre prose... Je me permet donc de vous retirer de suite tout le respect que j'attribuais à vos contributions en attendant vos plates excuses contrites. En effet, comment vous accorder le moindre crédit sur des sujets que je ne maitrise pas, alors que vous vous trompez si lourdement sur la définition de ce film qu'est Underworld !

    Ah mais pardon, je connais l'exacte définition d'Underworld et de ce qui fait sa qualité en tant qu'oeuvre: Kate Beckinsale en latex avec des flingues. Je connais et apprécie, et c'est la raison pour laquelle je les ai tous vus. Quel hétéro normalement constitué pourrait résister à un tel.... Scénario? 

    Just now, g4lly said:

    Parce qu'il y a Ali Larter dedans et que ça suffit a en faire un film a ne pas critiquer!!!

    Bouef: pas à son avantage. Le look Mad Max n'aide pas à mettre en avant ses qualités.... Scénaristiques :sleep:. Il faut beaucoup souffrir (cad regarder les films) pour la voir sous un bon angle 2 ou 3 fois. Ca fait cher payé. 

  10. 1 hour ago, g4lly said:

    De toute façon dire du mal d'Underworld c'est comme dire du mal de Resident Evil ... ca mérite une flagellation!!! Limite ... un bannissement!

     

    Il y a autre chose à dire que du mal de Resident Evil :huh:? Personne me l'avait dit, et après avoir subi vu tous les films, je ne l'aurais pas deviné tout seul. Le premier a presque -insistance sur le presque- eu des bons moments, mais à part ça.... Ils auraient au moins pu foutre aussi du latex sur Milla Jovovitch (la faire paraître un peu moins squelettique), mais même pas. Et l'action est passablement ridicule à force de se vouloir over the top, le tout très mal compensé par un travail de caméra bâclé. 

    Mais bon, si c'est ça qui tend vos pantalons... 

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  11. 22 minutes ago, Wallaby said:

    Ce n'est pas ce que dit l'article. Ce que dit l'article, c'est que la grande majorité des gens qui se souviennent d'avoir vu (who recalled seeing) la fausse information la croient.

    L'article ne dit pas quel pourcentage de gens se souviennent de la fausse information et quel pourcentage ne s'en souviennent pas.

    Donc il est impossible de savoir à partir de cet article quel pourcentage d'Américains croit la fausse information.

    Ce qui est établi ici c'est une corrélation entre souvenir et croyance.

    Cela parait logique : lorsqu'on trouve une information qui a l'air tellement énorme qu'on la juge non crédible, on ne va pas s'encombrer le cerveau en la mémorisant.

     

    C'est vrai, j'aurais du le préciser, mais à ton tour, tu devrais remarquer surtout que la même chose vaut désormais les vraies infos: le point ici est l'indifférenciation des deux pour le consommateur, alors même que le flot (de vraies et de fausses infos) est énorme, continu, et très rapide. 

    Par ailleurs on pourrait faire un point, quoiqu'étudier et quantifier la chose doive être dur, sur l'impact de ces infos sur l'inconscient: ne pas se souvenir consciemment d'une info qu'on a vu est certes une chose, mais le cerveau n'oublie jamais rien, et même si on ne se rappelle pas d'un point particulier sur un sujet ou une personne ne veut pas dire que ce point particulier n'a pas été vu et absorbé, contribuant à forger nos opinions, impressions et sentiments sur ce sujet ou cette personne. L'impact du flot continu d'info opère un travai de fond à cet effet (c'est d'ailleurs une des bases de la com). 

  12. 15 minutes ago, Boule75 said:

     

    Et comment compter l'immense couverture médiatique dont ont bénéficié les non-scandales imputés à Clinton : combien d'heures d'antenne, déjà, sur les e-mails dans lesquels il n'y avait rien, en sommes ?

    Ou bien la non couverture des vrais scandales liés à Clinton (aux deux Clinton devrait-on dire: ils fonctionnent comme une unité)? Tous les vrais problèmes de confiance liés légitimement au personnage et à sa posture politique, en somme. Un commentateur politique généralement aussi satyriste (PJ O'Rourke pour ceux qui connaissent) avait évalué les deux candidats au début des primaires: "she's horrible, within normal parameters; he's just horrible". Le fonctionnement des grands médias a cependant égalisé la chose avec cette tendance fondamentale qu'ils ont aux fausses équivalences.... Dans les deux sens pour certains sujets (Trump est nettement plus inquiétant à bien des égards que Clinton, mais les escroqueries de Clinton, si elles lui ont moins rapporté que Trump sur le plan de l'enrichissement personnel, opèrent à une plus vaste échelle vu qu'elle a passé son temps dans le world business, là où le Donald était, à côté, un escroc de quartier), mais globalement plus au bénéfice de Trump qui a été nettement "normalisé" dans le mainstream là où Clinton n'a été qu'adoubée et blanchie en terme de bilan, même si vilifiée en termes de personnalité (surtout pour ce qui permet d'établir une cote de confiance). 

    Dans les grands retours sur la campagne, on a pu voir des méta-analyses sur toutes les interventions des candidats (incluant les débats) indiquant que Trump mentait entre les 2/3 et les 3/4 du temps, là où Clinton ne mentait qu'entre un quart et un tiers du temps. Même avec une marge d'erreur généreuse (nécessaire parce que dans ce domaine, toute affirmation ne peut toujours être aisément classée "vraie" ou "fausse" si facilement), la différence est claire. Tout comme le fait que des analyses du même type ont aussi indiqué que le nombre d'articles et reportages (tous médias confondus) favorables/neutres/défavorables envers les deux candidats tendaient plus à la "normalisation" du Donald (loin des accusations des pro-Trump et de Trump lui-même contre une presse "hostile et menteuse") qu'à la déification de Clinton, qui a néanmoins bénéficié d'une couverture très généreuse pour ce qui est de sa compétence (rendue incontestable -ce qui est plus que débattable- tout comme son bilan a été présenté comme parfait), et exagérément défavorable pour ce qui est de sa personnalité et de ses orientations fondamentales (cad les ingrédients de la cote de confiance). 

    Bilan certain et non polémique en tout cas: les médias classiques n'ont pas été à la hauteur. En même temps, ils avaient le Donald pour attirer l'audience, et la manne publicitaire de la campagne (4 milliards d'investissement pub depuis le début des primaires, tous candidats confondus, juste pour les médias classiques, plus un pour les "alter") pour les encourager dans leur comportement. Qu'y avait-il pour inciter ces junkies àe décrocher? La morale? La décence? Le civisme? Le patriotisme? L'attachement à l'éthique du métier? Ouaaaaaaiiiiiiiiiiis! 

     

  13. 10 minutes ago, Alexis said:

    Ou bien au mieux pour certains d'entre eux la reconstruction d'une vraie crédibilité. Mais il y faudra du travail... en ont-ils la capacité, ou même la volonté, ou même conscience de la nécessité de changer ?

    L'un des problèmes majeurs sur ce thème est qu'il n'y a pas vraiment d'intérêt économique à être un média responsable et en quête de vérité, apte à et désireux d'être le "quatrième pouvoir" qui "dit la vérité en face aux puissants" et n'hésitent pas à les charger. L'intérêt économique, surtout de court terme (le seul qui semble compter désormais) est même à l'opposé: on a vu cette évolution dans les médias US depuis les années 80, grosso modo la période où le "profit motive" est devenu le moteur de la division info des grands networks (avant, c'était considéré comme la tête de gondole de prestige, dont la pertinence donnait une image de marque), aussi bien pour des raisons culturelles et économiques (liées aussi à l'évolution technique) que pour des changements en matière de réglementation. Avec le satellite, le câble puis la numérisation, le gouvernement a perdu tout moyen de pression (avant, le deal était: "vous avez les ondes gratuitement, en échange, vous rendez ce service public une heure chaque soir, ou deux fois une heure chaque jour"), avec le changement de temporalité du cycle de l'info, l'audience a perdu tout repère face à la croissance exponentielle du flot d'informations: la presse perdant toujours plus la chance (et l'intérêt) de mettre les puissants disant ou faisant un truc en face de leur merde: tout est noyé rapidement, sauf un ou deux trucs qui surnagent et sur lesquels on matraque. Ces "un ou deux trucs" suffisent au modèle économique actuel des médias pour se donner des airs de quatrième pouvoir à peu de frais, perdant de fait une grande partie de l'utilité qu'ils ont pu avoir.... Mais aussi parce qu'il y a une quantité limitée d'indignation que nous pouvons avoir à un moment donné et suivre dans le temps. 

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  14. On a évoqué le sujet, et j'essaie de retrouver les chiffrages que j'avais pu croiser récemment, mais ce thème des fausses informations devient vraiment un sujet de discussion dans l'actualité américaine (et j'espère dans toutes les démocraties), non tant parce qu'il est en lui-même nouveau, mais parce qu'Internet et sa maturation (avec maintenant des acteurs de marché de taille suffisante pour peser, et une appropriation culturelle des médias online par les populations qui est suffisante pour en faire des acteurs de premier plan) sont la révolution en la matière, étendant à l'infini ce qui était jadis une ressource rare, et saturant le champ de cognition et de conscience (le temps de cerveau disponible, à la fois conscient et inconscient) des électeurs par un barrage constant d'informations désormais impossibles à trier à moins d'y consacrer beaucoup de temps et d'attention, et de disposer des outils nécessaires pour ce faire (et même là, ça pose problème même aux spectateurs avertis et outillés), et ce alors même que les moyens de défense contre ce flot sont de fait amoindris (les démentis, filtres de l'expertise journalistique, et fact-checkings en tous genres ne peuvent plus suivre le rythme de cette guerre, à la fois blitzkrieg, attaque de saturation et guerre d'attrition en un seul package). Dans cette guerre telle qu'elle s'est développée, le pouvoir est passé de manière quasi exclusive du côté de l'attaquant, surtout s'il se fout de tout rapport à la vérité, du moment qu'il a la force de frappe. 

    Comme le veut l'adage de Marshall McLuhan, "le média EST le message", et on commence à voir le déséquilibre qu'impose Internet au "marché" de l'information politique, jamais vraiment idéal et toujours biaisé, mais qui a été graduellement bouffé par l'évolution des médias (newscycles en accélération constante depuis 30 ans, info 24/24, puis presse et télé en ligne, offre infinie d'espace d'expression et tribalisation de l'électorat, et maintenant médias sociaux de très grande audience) dont l'ère actuelle a poussé les pires tendances à un degré de développement extrême, qui fausse complètement le débat au point de menacer l'idée même d'un "forum" de discussion national sur lequel repose une démocratie. 

    Maintenant la nouvelle sur ce sujet: Buzzfeed (oui, je sais, c'est par de nombreux côté la fosse septique de l'information mainstream) et Ipsos ont conduit la première grande étude sur le thème des fausses infos, sorte de premier grand retour d'expérience de l'élection vue sous cet angle. La méthode est très correcte, même s'il ne faut évidemment pas (faut-il jamais?) prendre la chose comme l'alpha et l'omega de la réflexion sur ce sujet ô combien vaste et complexe. Mais c'est une bonne entrée en matière:

    https://www.buzzfeed.com/craigsilverman/fake-news-survey?utm_term=.yq4DDk04zw#.vr800mzAQj

    La conclusion principale: la grande majorité des Américains qui voient une "fake news" sur un des médias qu'ils consomment.... La croient. 

    Autre point: les "fake news" sont désormais un important secteur économique sur le marché de "l'info" (au sens large), et surtout sur le plan des titres. Il y a des acteurs économiques bien réels derrière, des structures (même si souvent décentralisées), des financements, des intérêts (y compris dans la sphère politique, suivez le regard) et même des médias entiers (on connaît les "grands" noms), et donc des professionnels de la chose, aussi bien qu'une foultitude de semi-pros (youtubeurs, tweeters.... Et autres acteurs des médias sociaux, leaders d'opinion/de "communautés" online, pour des audiences et portions d'audience plus ou moins captives) et d'idiots utiles qui servent de relais et facteurs multiplicateurs pour ce qu'on appelait jadis "la rumeur" (mais qui était jadis cantonné à une échelle artisanale et anecdotique). Et quand on a des structures permanentes, des financements, et des professionnels, on a un savoir-faire et des formes de mémoire institutionnelle qui se développent en parallèle de l'expansion du "marché" et de son intégration indifférenciée au "système" d'information d'un pays: ces "fake news" ne sont désormais plus juste des pets de cerveau de quelques illuminés ou farceurs, ni de quelques opérateurs politiques véreux cherchant à utiliser désinformation et calomnie sur une personne, mais s'inscrivent bien dans des systèmes organisés de parasitage de l'information. Elles n'existent que par rapport à la "vraie" info, sur laquelle elles s'adossent: les créateurs de fausses infos suivent avidement les médias et calquent leurs productions sur les titres et thèmes qui trendent, pour mieux les inscrire dans un champ des possibles crédible/gobable autour de ces authentiques titres et thèmes, inventant ainsi non seulement des faits, mais des timelines qui créent par là des réalités alternatives pour ainsi dire scénarisées, qui restent en lien avec l'actualité "officielle" (évidemment, la qualité souvent discutable et orientée du traitement de l'info par les grands médias classiques, leurs choix très biaisés de traitement ou de non traitement de sujets, ont contribué aussi à leur déclin et perte de crédibilité). Beaucoup de fausses nouvelles sont même parfois en partie vraies, mais complètement décontextualisées pour pouvoir ainsi faire apparaître un fait anodin comme quelque chose de choquant et donc polémique (et générateur de buzz). 

    Mais à l'arrivée, le résultat est là: si l'info "réelle" reste dans l'ensemble plus consommée que les fausses infos (du moins sur les grands médias -classiques/corporate, alternatifs sérieux, et médias sociaux- étudiés dans l'enquête), ce n'est plus désormais par une marge importante, ce qui est l'élément préoccupant. Encore plus par le fait souligné précédemment que les deux sont le plus souvent indifférenciées sur les médias les plus consommés (avant, on lisait un titre sérieux, et on pouvait s'offrir News of the World à côté pour déconner). 

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  15. 22 minutes ago, winloose said:

    Il faut surtout voir s'il ne vont pas remplacer certaines fonctions d'autres appareils sur ces deux la, ou lors du prochain programme car niveau flotte spécialisée entre leurs 4 E-4, les 16 E-6 et les 2 VC-25 il y a sans doute du gras et des fonctions redondantes et pas qu'un peu.

    Les E-6B ne sont pas pour le chef d'Etat ou la plus haute autorité: ils sont plus spécialisés. Ils sont fait pour diriger les forces nucléaires sur une zone donnée, relayant les directives de l'autorité centrale et remplaçant si besoin est les PC au sol s'ils sont détruits ou incapacités. ce sont l'équivalent aérien de PC de "théâtre" pour les forces nucléaires, pas l'autorité centrale de commandement. Pour ça, au niveau aérien, il n'y a "que", les E-4 et les VC-25. Or, comme je le rappelais plus haut, les E-4 ont 42 ans et aucun programme de remplacement, et les 2 VC-25 sont devenus chers à entretenir du fait de leur âge et des obsolescences qui s'accumulent. A moins qu'un programme spécifique soit soudain décidé pour les E-4, ça devient plutôt important de remplacer les VC-25; à ce jour, il semble douteux de voir un remplacement des "Kneecaps", vu les tensions sur le budget et les priorités qui commencent à s'accumuler. 

  16. 15 minutes ago, Boule75 said:

    Vous n'y êtes pas : il vient de tester un truc. Combien il aurait gagné avec ce simple Tweet s'il avait acquis des dérivés, typiquement des put sur l'action Boeing, quelques minutes avant l'annonce, revendus quelques minutes après l'annonce, quand la capitalisation de Boeing a baissé d'environ 1 milliard. Ca joue avec de gros effets de leviers ces machins là, de quoi faire beaucoup de pépettes en peu de temps. Il suffit qu'il prévienne un homme de paille, et hop !

    Dans la même veine, il a tenté de montrer son pouvoir de nuisance au PDG de Boeing qui venait d'émettre des doutes sur la stratégie de la tension douanière. Pas sûr que ça ait vraiment marché : l'action est remonté après avoir baissé d'abord.

    Autre hypothèse : il négocie les dorures.

    Bien vu.... Surtout avec des gars comme Mnuchin et les autres Goldmansachiens de l'équipe: avec Trump en tant que président et directement à leur contact, ils ont LE stimulateur de marché de très court terme par excellence pour organiser des "coups" périodiques. Il suffit de trouver un bon système pour le faire par homme de paille interposé, et ça roule tout seul: on fait chuter ou grimper le dollar de quelques points, on fout les chocottes ou la trique à tel ou tel contractor majeur du gouvernement, on annonce telle ou telle position sur les échanges, telle ou telle politique ici et là. Y'a que l'embarras du choix pour ceux qui ne se soucient que des cours de la journée ou de la semaine, sans horizon plus lointain, et ont les moyens et le savoir-faire pour en profiter. 

  17. C'est une nouvelle de 2016, mais pas une nouvelle POUR 2016: Legendary Entertainment est le plus grand studio indépendant aux USA (la trilogie Batman de Nolan, Inception, 300, Man of Steel, Interstellar, Jurassic World....), et il a été racheté pour 3,5 milliards cette année par une boîte chinoise (on parlait de ce genre de choses sur le topic "Chine"), le groupe Wanda, qui a aussi racheté AMC Entertainment (le 2ème réseau de salles aux USA).... Mais la nouvelle est que Legendary vient d'acquérir les droits ciné de..... Roulement de tambours..... DUNE! Ca y est, je salive. Ca ne donnera peut-être rien, vu que les droits passent souvent d'un producteur à l'autre sans jamais devenir des projets.... Mais c'est Dune, donc l'effet est là..... Le coeur bat plus vite, le souffle se fait court.... 

    Avec le caveat potentiel que le proprio chinois pourrait trucider le matériel original si ça devenait une prod chinoise. 

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  18. 23 minutes ago, Alexis said:

    Sans doute. Et le mec n'est pas président. Pas encore.

    Le problème, pour parler en termes de chevalerie & châteaux, c'est que Trump n'est pas le fou du roi. Il est le roi.

    Qui plus est, il est très loin d'être fou. Même 3 milliards, même pour 2 avions, c'est à peu près 4 fois le prix normal - de l'ordre de 300 à 400 millions pour un 747 dernier cri. Antenne chirurgicale et gadgets à la mode tout ce qu'on voudra, d'une part le prix est évidemment gonflé, d'autre part et surtout dépenser 3 ou 4 milliards pour ces appareils est une dépense somptuaire.

    Honnêtement, là, faudrait demander aux zexperts es aviation du forum, parce que je ne suis pas nécessairement ou si aisément d'accord sur le voume des surcoûts, ayant mentionné que les machins impliquent d'aller bien au-delà de quelques gadgets dispendieux. De fait, ce sont des avions entièrement différents de 747 dont ils ne gardent que la forme générale: tout le reste est pensé et fabriqué spécifiquement pour ce rôle particulier, incluant une capacité de ravitaillement en vol, un doublage complet du câblage contre les impulsions électromagnétiques, 2 fois la longueur de câbles par rapport à un 747 normal, un PC de guerre, des contre-mesures ECM et leurres (chaff et flares) antimissiles (plus un tas d'autres trucs dont apparemment on ne parle pas.... Mais c'est sûrement lié à Roswell :huh:).... Le tout doit être testé et retesté pour voir si ça fonctionne ensemble (ce n'est pas un produit de série, donc il y a peu de repères), bien au-delà de ce qui est exigé d'un avion normal (pour lequel les exigences sont déjà énormes), et pour offrir, bien au-delà des capacités formelles sur le papier, un niveau de garantie de fonctionnement en toutes circonstances qui n'a pas d'équivalent dans le monde (si ce n'est peut-être les trucs qu'on envoie dans l'espace avec des gens à bord). Si on me disait 1 milliard pièce pour le produit brut (sans compter le SAV, les formations....), je ne serais pas nécessairement choqué. 

    Après, oui, c'est sans doute somptuaire, mais pas non plus inutile à bien des égards: au-delà de la liste de services et de capacités spécifiques que de tels engins peuvent offrir (incluant les trucs informels comme la diplomatie de prestige, l'image de puissance.... Mais aussi la capacité très réelle d'opérer comme PC mobile de haute capacité), j'avoue penser que, surtout à notre époque très néo-féodale (abaissement de l'Etat, montée d'autres entités dans le jeu de la puissance), un président doit avoir ce genre de joujoux, de "fuck you money" à étaler pour montrer qui c'est Raoul:laugh:. Plus sérieusement, les Ricains en sont aussi à un stade où cette capacité de gestion de crise/guerre et de préservation en toutes circonstances de la chaîne de commandement est un peu fragilisée: les 4 E-4 (aussi des 747 lourdement modifiés) parfois appelés "Kneecap" (par déformation de leur acronyme officiel, NEACP) sont pas loin de la retraite (ils datent de 1974) et sans programme de remplacement, ce qui augmente de beaucoup l'importance du programme Air Force One. 

  19. 1 minute ago, Alexis said:

    Waouh... Trump "annule" la commande du nouvel Air Force One préparé par Boeing pour la modique somme de 4 milliards de dollars 

    Il ne l'annule pas: il tweete contre. La nuance est fine ces jours-ci, je le comprends, mais elle existe encore. Pour la note, il me semble que la facture est de 3 milliards, pas 4, pour 2 avions. C'est Trump qui a sorti le chiffre de 4 milliards. Il gueule contre pour se faire bien voir, mais faudra attendre janvier pour savoir si c'est autre chose qu'un pet de cerveau ou une petite sortie juste pour se faire de l'image, et éventuellement entamer une renégociation du prix (douteux vu la façon dont ces contrats marchent). Après, c'est effectivement sûrement un prix gonflé, mais savoir dans quelle mesure, c'est autre chose: on parle de 2 avions totalement sur mesure avec des gadgets TRES chers (système antimissiles, équivalent d'un PC de guerre et d'une antenne chirurgicale à bord, communications top niveau, blindage, des redondances pour tout -même par rapport aux standards de l'aviation-....) et une remotorisation complète vu que le produit final pèse pas loin de 2 fois le poids d'un 747 (de mémoire pour ce dernier point; je suis pas sûr du tout). Ce sont de facto des prototypes qui viennent en plus avec tout une chaîne de services et formations ad hoc dont le but est d'établir une garantie absolue de fonctionnement optimal permanent (faut aussi voir le coût côté militaire, rien que pour faire fonctionner la chaîne logistique de l'avion présidentiel: la filière fuel à elle seule mobilise beaucoup de monde). 

  20. 20 minutes ago, Boule75 said:

    Du bon biscuit pour Tancrède ! Le Pentagone a tout fait pour planquer une étude semi-interne évaluant la sur-dépense administrative interne à 125.000.000.000 $ (sur 5 ans).

    Entre autre chiffre rigolo, la proportion d'administratif par rapport aux "combattants" (mécanos compris) : presque 50-50...

    C'est et ça mérite certainement d'être étudié avec un peu de recul, que je n'ai (et n'aurai) pas.
     

    Houlà, qu'est-ce que tu délires? Tu veux parler d'un vrai sujet à ce stade de la discussion; serais-tu très jeune et naïf :tongue:?

    Sinon, nouvelle importante: les manifestants de Standing Rock ont enregistré une victoire notable hier, quand l'Army Corps of Engineer (sans doute aiguillé de "tout en haut") a arrêté les travaux du DAPL en invoquant (ce qui était réclamé depuis des mois et aurait du légalement avoir lieu avant tout projet) l'absence d'étude d'impact sur l'environnement local. Le projet est donc pour l'instant arrêté, même si, vu l'état d'avancement des travaux (tout est construit sauf les traversées de cours d'eau qui sont le centre d'attention), on doute que les choses en resteront là. 2000 vétérans sont bien venus ce WE (il y avait plus de candidats, mais pas assez de place dans le "camp-ville" pour l'hébergement) et se sont bien mis en avant et fait voir, aidant à encore plus attirer l'attention (obligeant les grands médias à évoquer le sujet quasiment pour la première fois), au moment critique de la deadline de dimanche-lundi (date arrêtée par le shériff local pour l'évacuation forcée des lieux). 

     

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  21. 5 minutes ago, Boule75 said:

    Ce n'était pas exactement la même démarche : Bush & co. racontaient des craques, ont mené de la propagande sévère mais toutes ces annonces, nouvelles, analyses allaient dans le sens du même récit, prétendaient s'appuyer sur des faits, le faisait d'ailleurs partiellement à tel point qu'une bonne partie de ceux qui les proféraient étaient effectivement auto-intoxiqués.

    Avec Trump ou Sputnik & cos, on est encore dans une autre démarche : la saturation de conneries sans soucis de cohérences entre elles, éventuellement contradictoires mais ce n'est pas grave, à la limite c'est mieux.

    L'idée de Cheney c'était de tromper le peuple. L'idée de Sputnik & Trump & Koch & co c'est d'aller plus loin : ruiner la démocratie.
    Infowars et Breitbart ce n'est jamais que Fox en encore pire, et c'est un net cran au-dessus de Sputnik d'ailleurs tellement c'est délirant.

    Et ça donne des "citoyens" sous hallucinogènes, mais tristes et en colère.

    @Patrick Et dans le cas des courriels de Podesta, on peut les lire en se persuadant qu'il y a plein de trucs formidablement délictueux dedans, mais en pratique pas grand chose. Et oui, j'en ai lu quelques dizaines : certaines choses moches, comme on en trouve dans tous les courriels de toutes les administrations, de tous les partis, de toutes les entreprises et même de pas mal de particuliers. Enormément de banalités. Plein d'analyses forwardées par on-ne-sait-qui pour information et ne représentant pas les opinions ou options de la candidates, mais traînant dans sa boîte. Etc, etc...

    Dans les dernières semaines de campagne on a d'ailleurs eu droit à tout un lot de "révélations" directement tirées de correspondances d'un gars en contentieux avec la Fondation Clinton, prises au pieds de la lettre, comme si dans les contentieux certains n'enlaidissaient pas un peu la vérité pour charger la barque, genre "Chelsea, elle est méchante !".

    Alors qu'elle est la seule dans l'histoire qui a l'air d'avoir agi moralement, l'ancien aide (et maintenant partenaire de fait) de son papa ayant été furieux de voir son business model puant questionné. 

  22. 12 minutes ago, Alexis said:

     

    Pour voir la chose sous un autre angle, il est effectivement hallucinant qu'un simple post sur un site par un inconnu suffise à déclencher une rumeur de ce genre, et aussi insistante, et qui puisse être reprise par des gens qui se veulent sérieux sans les déconsidérer plutôt eux.

    Imagine-t-on qu'un message sur un site suffise à faire croire sérieusement à des millions de Français que Fillon torture dans sa cave des migrants récupérés par un faux bateau de secours en Méditerranée ? Ou qu'un document anonyme suffise à établir à leurs yeux que Valls se livre en cachette à la zoophilie doublée de pédophilie sur des chatons ?

    Même sur des politiciens plus décriés tels Le Pen ou Mélenchon, ce genre de truc ne passerait absolument pas en France.

    C'est ici que le Français moyen - moi en l'occurrence - est tenté de se raccrocher aux bons vieux clichés sur les Américains - ben oui c'est eux qui sont c... ! Facilité à laquelle il serait coupable de céder.

    Non, la seule conclusion raisonnable, c'est que Clinton est vraiment décriée. A un point qu'on a du mal à imaginer vu de l'autre côté de l'océan.

    Sans oublier bien sûr que Trump... est dans le même cas.

    Mais il a une caisse de résonance suffisamment grande et assez de relais (Fox, Infowars, Breitbart et autres, plus la galaxie d'internautes avec une audience, qui servent à disséminer et entretenir) pour donner corps aux débilités qu'il sort et les faire survivre dans l'environnement médiatique, de façon à l'occuper et le saturer, pour créer cet océan sans repère où distinguer le vrai du faux devient difficile parfois, mais surtout, où on n'a pas le temps et l'attention pour parler de l'un et de l'autre tant le flot est énorme et continu. 

  23. 1 hour ago, Patrick said:

    J'ai presque envie de balancer tout ce qui a été trouvé sur les facebook instagram et autres associés aux gens éclaboussés par cette affaire face à ce genre de réactions. Pas par orgueil, par désespoir.

    Franchement si tu n'as pas vu ces éléments ne dis que ce sont des bêtises. Par honnêteté intellectuelle.

    Des photos de petites filles attachés sur des tables avec du scotch, des hashtags faisant clairement allusion à des pratiques sexuelles sur des photos avec des enfants en bas age, l'utilisation de noms de code et de symboles utilisés par les pédophiles pour reconnaitre leurs préférences à répétition dans des mails entre beaucoup d'individus tous liés de près ou de loin à podesta, noms de code qui prennent tout leur sens quand on connait leur signification associées à des pratiques sexuelles borderline dans certains milieux, signification confirmée par les bases de données afférentes du FBI... (ça doit être des complotistes eux aussi).

    Et ça c'est rien. Je n'ai même pas encore tout épluché de ce qui a été fourni.

    Le simple fait que vous ne daigniez même pas y accorder la moindre importance est sans doute le plus triste.

    C'est vrai qu'une pizzeria comme base de super méchants ça fait con. On se dit "mais quel neuneu peut croire ça ?"

    Peut-être ouais.

    Sauf que le gérant de la pizzeria Comet Ping Pong, un petit établissement miteux et délabré, James Alefantis (seule personne portant ce nom aux USA) a également été invité a au moins 5 reprises à la Maison Blanche : drôle de palmarès pour le directeur d'une simple pizzeria.

    Sauf que quand le magazine GQ met le gérant de la pizzeria comme "l'une des 50 personnalités les plus influentes de washington", alors que la ville compte des milliers de diplomates affairistes lobbyistes etc etc etc... Y a rien qui choque là par contre ?

    Tout ça est vérifiable, recoupable. Les éléments ne manquent pas.

    Traite moi de neuneu si ça te fait plaisir.

    Je ne peux qu'espérer que la vérité éclatera au grand jour, que j'aie tort ou raison.

    Honnêtement, tu tends les verges pour te faire battre: ce proprio de pizzeria, si ses invitations à la MB sont un fait authentique, ne dérogerait en rien à la longue tradition des fournisseurs et restaurateurs de personnalités qui, quand les dites personnalités deviennent des habitués, retirent une certaine notoriété de la chose (qui fait bien ou non pour l'image des parties impliquées), tout comme le pégu lambda aime parfois avoir sa photo prise avec une célébrité. Certains pays poussent le vice en officialisant la relation, ainsi qu'on le voit par exemple dans certaines monarchies avec les "fournisseurs officiels de la couronne" (Japon et Royaume Uni par exemple), avec insistance sur la date à laquelle remonte le lien (pour Toraya, le pâtissier officiel de la couronne japonaise, ça remonte au XVIème siècle) . Je pourrais faire la liste historique des restaurateurs parisiens qui ont eu l'heur, à un moment ou un autre, d'être le "centre" de la vie politique de la capitale, et dont beaucoup se sont sentis des idées de grandeur pour pouvoir frimer, recevant ce genre de distinctions creuses, y compris par la presse, de faire partie des "gens influents" de Paris; ça existe partout, tout le monde sait que c'est le genre d'anecdote à ne pas prendre au sérieux, et tant que le restaurateur en question n'essaie pas de trop frimer avec, on laisse faire parce que ça ne fait de mal à personne. Y'en a quelques-uns qui ont poussé le dit bouchon, et la clientèle politique a déserté leur resto du jour au lendemain. Mais prendre au sérieux le fait qu'un taulier est "une des personnes les plus influentes de la capitale" parce que les politiques viennent bouffer chez lui et tapent occasionnellement le bout de gras avec lui, ça c'est délirer. D'autant plus quand on connaît un peu la mentalité moyenne des politiques: on ne parle pas de choses sérieuses avec "la main d'oeuvre" et autres "petites gens", chez ces oiseaux-là, mais on fait tout pour bien se faire voir en leur compagnie quand il y a une caméra/un appareil photo (bref, aujourd'hui, n'importe quel objet) dans le coin. Et on laisse couler avec un sourire condescendant quand la dite main-d'oeuvre exhibe les photos dans son restau et clame partout qu'il est copain comme cochon avec les dits politiques, et qu'il même a droit à une visite au palais de temps en temps, parce que les gens de pouvoir aiment à montrer leurs animaux de compagnie.

     

    Quand à l'allégation précise de réseau pédophile sur la campagne Clinton (que j'abomine par ailleurs et sur laquelle il y a amplement assez de matériel légitime pour critiquer éternellement), le simple fait qu'une accusation n'ait besoin que d'un tweet par le fils d'un des conseillers de Trump, sans besoin de recherche ou travail quelconque, ni aucun fait établi ou témoignages concordants, me suffit. Vu le climat politique et l'existence d'une faction anti-Clinton au FBI, s'il y avait eu même la moindre once de sérieux dans la chose, il y aurait eu une inquisition lancée qui aurait bouffé l'actualité pendant plusieurs newscycles, parce qu'il y avait trop de personnes souhaitant ce genre de choses pour que ça n'arrive pas. 

    Pour la note sur ce "Pizzagate": les accusateurs décrétaient que le soi-disant réseau était géré depuis la cave de la pizzeria infernale. Dans le monde réel, cette pizzeria n'a pas de cave. 

     

     

     

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  24. Le débat sur les fausses infos pourrait prendre de l'ampleur, notamment en raison de conséquences bien réelles (outre l'élection de Trump) que la saturation de nouvelles délirantes sur des canaux d'information censément fiables (ou assumés comme tels) peut avoir, a déjà eu et aura toujours plus à l'avenir. L'un des pires artisans en la matière dans la campagne Trump fut le nouveau Conseiller à la Sécurité Nationale, l'ex-général Michael Flynn, avec d'ailleurs l'aide de son fils (aujourd'hui son chef de cabinet); il a littéralement passé la campagne à balancer des craques qu'un pêcheur marseillais n'oserait pas inventer, notamment que Hillary Clinton dirigeait un réseau de prostitution d'enfants, réseau dont le centre opérationnel était planqué dans une pizzeria à Washington. Dimanche dernier, cette pizzeria a été attaquée par un homme armé d'un fusil d'assaut, qui a dit être venu pour "enquêter" sur les faits et débusquer les vils souteneurs pédophiles. Il a tiré quelques coups de feu, et par chance personne n'a été blessé, puis a été arrêté. Il va évidemment être jugé pour attaque à main armée. Michael Flynn ne sera même pas évoqué. 

    Vu l'inflation permanente du nombre de fausses nouvelles, et leur tendance à devenir toujours plus outrancières, sans nuance, sans complexes, à inciter à l'action, à la haine, à pointer des doigts.... On peut se demander sérieusement à quoi va ressembler la réalité à l'avenir, dès lors que ce type "d'information" acquiert un buzz suffisant pour se légitimer aux yeux d'une audience de grande taille. Trump a montré qu'on peut désormais vivre dans une réalité différente sans se faire rattraper par les faits (ça a une limite évidemment, mais elle peut tarder à s'imposer), d'autres subissant les conséquences (puisque lui les niera): lui qui a fait dire à l'un de ses affiliés sur CNN (chaîne qui a une "colonie" trumpesque dans son personnel) "there are no facts anymore".... Ca soulève tant de problèmes pour la crédibilité de la gouvernance, celle de la parole publique, du système d'information d'un pays et d'une démocratie, qu'on peut se demander sérieusement si l'ère de la saturation, de l'abondance médiatique ne produit pas exactement la même chose, au final, que l'ère du contrôle de l'info par un Etat autoritaire et/ou un nombre réduit de grands acteurs oligarchiques. 

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