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Messages posté(e)s par Tancrède

  1. 12 minutes ago, nemo said:

    Aujourd'hui il est surtout fort probable qu'un débat à la radio ne serait suivit que par 2 pelé et 3 tondus.

    Mon point étant, dans l'hypothèse évoquée: et si justement, on ne laissait que cela pour une campagne? Si les candidats se concertaient pour ne parler qu'à la radio ou des auditoires physiques et rien d'autre? Forçant ainsi les gens voulant suivre la campagne à changer leurs habitudes? 

     

  2. 19 minutes ago, Kelkin said:

    Le fait que Bloomberg se soit effondré dans les sondages après sa première apparition à un débat tiendrait à laisser penser que les débats ne sont pas tout à fait sans importance.

    Après on peut disserter sur ce qui compte dedans, le fond ou la forme.

    Je me suis mal exprimé: j'aurais du dire que l'exposition a encore de l'importance, mais le contenu de la chose (le "débat d'idées") n'en a pas une énorme. C'est juste de la posture, de l'attitude. Un message très animal, en somme. Sauf si on arrive à sortir quelques belles crasses sur un candidat, pas ou peu entendues avant, ou que beaucoup de monde voulait voir exposées (mais que les médias taisaient).... Parce que tout le monde adore voir les élites se faire mettre le nez dans leur merde. 

    Le problème n'a fait que se développer depuis le début de l'ère de la télé, notamment avec le fameux débat Kennedy-Nixon où il a été montré que le contenu du débat a moins marqué que le jugement des deux candidats sur l'apparence, la posture, le charisme, l'impression qu'ils créaient... Avec un Nixon sans prestance, mal fagotté, en sueur, brouillon et nerveux contre un Kennedy beau gosse, frais et très préparé au mode de communication télévisuel. L'expansion du médium, sa généralisation, le passage au câble puis au numérique, le cycle H24 (puis la vidéo par internet et les médias sociaux), l'hyperexposition qui va avec, nous ont-ils rendus ainsi plus "animaux" dans nos jugements, éliminant toujours un peu plus l'importance de la parole et du discours articulé? Ce serait marrant de pouvoir tester une campagne politique où la médiatisation serait rationnée et ramenée à la seule radio (zéro image) et aux discours et débats devant des audiences réelles. Rien d'autre. Ferions-nous plus attention? Changerions-nous inconsciemment nos critères de jugement? 

     

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  3. 15 minutes ago, Ciders said:

    Biden-la-gaffe ? Il ne tiendra pas trente secondes dans un débat avec Trump.

     

    Broaf! Les débats de 2016 ont montré que ce qui s'y disait n'avait absolument aucune importance: c'était déjà vrai avant, mais tout le monde faisait semblant de ne pas le croire. Y'a juste à démontrer de l'attitude, et vu que Biden, s'il devait être le candidat (douteux à ce stade), est la carte "rassembleuse" au du centre et des indécis, tout ce qu'il a à faire, c'est de projeter du calme, si possible amusé.... Et d'empêcher son dentier de se barrer. Ah oui! Aussi se rappeler dans quel pays il est et pour quel poste il fait campagne, soit deux trucs qui lui ont échappé plusieurs fois ces derniers temps (apparemment, il a du mal à se souvenir de l'Etat où il se trouve, et il fait parfois campagne pour le Sénat). 

    Sinon, c'est bon. Un débat, c'est juste une vitrine de projection de personnalité, avec un petit côté foire aux bestiaux (on vient pour tâter la personnalité/la cuisse, pas blablater sur Shakespeare ou le déficit): le contenu des arguments ne compte pas, à force d'avoir été résumé à des alignements de mensonges et de slogans débiles. C'est une forme de persuasion politique particulièrement stérile. 

  4. 2 hours ago, Alexis said:

    Oui, un autre exemple étant les cathos, incluant d'une part une grosse partie des Latinos - l'essentiel de ceux qui ne sont pas athées / agnostiques - d'autre part des Anglos d'ascendance irlandaise italienne ou allemande.

    Sachant que la majorité des Latinos votent démocrate, on peut deviner que la majorité des Anglos votent républicain, puisque le total arrive à peu près à l'équilibre. Si bien que la catégorie générique « catholique » n'est pas très pertinente pour étudier l'électorat américain

    Tu veux te compliquer encore la tâche sur l'électorat catholique? La géographie, l'Etat d'implantation, compte souvent autant, voire plus, que le groupe ethnoculturel d'appartenance, de même que la génération d'immigration: plus elle est ancienne (y compris pour les latinos), plus ça vote républicain. Plus c'est lié à une communauté active, plus ça vote républicain. Plus c'est atomisé, plus ça vote démocrate. C'est moins vrai pour les Mexicains, du moins ceux d'immigration relativement récente (3 générations maxi), qui, sur bien des plans, se différencient beaucoup de tous les autres latinos en étant plus démocrates. 

  5. 2 hours ago, Skw said:

    Article intéressant. Les chiffres sont néanmoins à analyser en ayant ces chiffres en tête (sachant néanmoins que l'on est sur des mid-terms et pas sur une présidentielle) :

    FT_18.11.07_howFaithfulVoted_white-evang

    https://www.pewresearch.org/fact-tank/2018/11/07/how-religious-groups-voted-in-the-midterm-elections/

    Les Juifs sont très largement pro-démocrates - ce que n'est d'ailleurs pas Sanders - dans l'ensemble. Par exemple, à quelle proportion les Juifs voteraient pour un Bloomberg face à Trump ?

    Pas nécessairement de différence, même chez les New Yorkais (plus forte population juive des USA: 9% de celle de l'Etat). Mais il faut noter que la proportion dem/rep pour ce petit électorat est en trompe l'oeil: contrairement aux idées reçues, il ne s'agit pas d'une communauté très unie; ainsi, la proportion de vote dem/rep s'inverse dès lors qu'on ne regarde que les juifs pratiquants et actifs dans des communautés juives, mais la majorité des juifs américains sont ce qu'on appellerait en France, "assimilés", extrêmement séculaires (voire sécularistes militants, remplaçant la religion/la communauté par un activisme politique ou un autre). Au final, il s'agit plus d'une appellation générique faite de plusieurs communautés, ou électorats séparés: les grandes catégories sur un tableau comme celui-ci sont dans bien des cas beaucoup plus un trompe l'oeil qu'un élément d'information révélateur. C'est l'inverse pour les chrétiens évangéliques, qui, du moins électoralement, fonctionnent beaucoup plus comme un bloc assez unifié, du moins les évangéliques blancs; les évangéliques noirs sont aussi un bloc électoral (beaucoup plus petit) qui à l'inverse vote très démocrate. 

    Il pourrait commencer à y avoir du rift entre deux électorats démocrates dans le Nord Est (surtout NY et New Jersey), les juifs et les noirs. Historiquement alliés, il semblerait que les violences croissantes à l'encontre de la population juive (surtout la religieuse et/ou "visible") viennent de la population noire (la violence par nazillons ne changeant pas/peu en nombre ou proportion), entre autres (peut-être via une croissance d'un certain islam militant). Et la réaction, ou plutôt le déni persistant, des autorités démocrates sur le sujet, pourrait finir par faire plus de bruit. Mais dans ces Etats, on est encore vraiment très loin de voir un tel développement. 

    Pour les juifs, l'une des seules portions potentiellement décisives de l'électorat se trouve en Floride (3,2% de la population de l'Etat): beaucoup de retraités et leurs familles, assez communautaires (cad constituent une communauté active), qui peuvent compter en ce qu'ils sont un électorat plus mouvant qu'ailleurs dans un Etat très disputé où les petits pourcentages de swing voters peuvent peser beaucoup plus qu'ailleurs. Ainsi, l'évolution démocrate vers une position plus anti-Israël, surtout couplée à un Sanders qui continue à commettre des gaffes au sujet de Cuba, pourrait vraiment handicaper le parti en novembre auprès des juifs et Cubains de l'Etat. Surtout en plus quand, dans son entourage, Sanders a des personnalités comme Linda Sarsour et une autre (oublié le nom), qui se sont signalées à répétition comme faisant plus que flirter avec la branche de l'antisionisme qui cache mal de l'antisémitisme, ou en tout cas maintient dans le temps long une ambiguité qui a cessé de pouvoir passer pour pleinement innocente. 

    Autre concentration de l'électorat juif: la communauté californienne.... Elle pourra trouver le moyen de voter démocrate à plus de 95% :blink:... Non que ça puisse faire une différence dans cet Etat. 

     

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  6. 9 minutes ago, Kovy said:

    Buttigieg vient d'abandonner...

    Ca se sentait depuis quelques jours, ça s'est vérifié avec Steyer: Buttigieg n'abandonne pas parce qu'il ne voit pas un coup à jouer (pas la présidence, évidemment). Il prend un coup pour l'équipe, parce qu'il semble bien que tant les modérés que l'establishment se soient réveillés face au phénomène Sanders. Ce ne doit pas encore être trop organisé, sinon Klobuchar aussi, et Bloomberg sans doute auraient aussi décroché. Ou peut-être le prévoient-ils de façon décalée, ou encore attendent-ils de mieux négocier leur retrait. Mais il y a eu un certain tournant dans les médias sur ce sujet, et vu que Buttigieg, pour le peu de chances qu'il avait, restait en tête de liste des modérés (ou apparentés) derrière Biden, son retrait a peu de chances de devoir quoique ce soit à un soudain accès de réalisme. Soit c'est pour être sur le ticket Biden, soit il a obtenu quelque chose d'autre. 

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  7. 47 minutes ago, Shorr kan said:

    Je suis étonné que toi, le fondu d'histoire romaine, tu n'évoque pas le cursus honorum.

     

    J'y ai pas pensé, mais il faut noter que les catégories dans le cas de la république romaine ne sont pas comparables: le cursus honorum n'a aucune analogie avec la fonction publique et sa gestion, vu qu'il s'agit de fonctions électives, hautement politiques, et essentiellement exécutives en nature, même si seulement les plus hautes d'entre elles sont accompagnées d'un "imperium" explicite et effectif (aediles, prêteurs et consuls), les autres étant des sortes d'étapes préparatoires (tribun élu et quaestor). Ce sont un mix de fonctions politiques et de rang de haut fonctionnaire pour les plus bas (de tribun élu à aedile), ceux au-dessus étant un mix plus complexe (notamment les prêteurs qui sont aussi des juges en plus d'être des administrateurs/décideurs, des sénateurs en fonction, et des politiques). Et je ne parle même pas de l'aspect religieux qui rentre de diverses façons dans chacun de ces rôles. 

    La seule chose comparable à la fonction publique sous la république romaine résidait dans l'institution mal définie des tribuni aerari, les fonctionnaires du Trésor, qui pendant longtemps, furent les seuls fonctionnaires de la cité-Etat qui détestait le principe même d'une fonction publique permanente et préférait le fermage/l'outsourcing des fonctions d'un côté, et l'aspect "noblesse oblige" pour les grandes familles, de l'autre, étant attendu d'elles (du moins les sénatoriales), qu'elles consacrent une part de leurs dépenses et/ou de leur temps à des fonctions qu'on considèrerait aujourd'hui étatiques (notamment la diplomatie et ses réseaux, l'espionnage, certaines dépenses d'infrastructures et d'entretien de monuments, beaucoup de cérémonies religieuses, une part du financement des armées en cas de besoin....). Mais pour le Trésor, ils n'ont pas eu le choix, si bien qu'il s'agissait d'une administration prise en charge d'un côté par un corps de fonctionnaires (pour les comptes, les audits, les contrôles....), de l'autre par divers temples (garde et gestion financière des réserves). La collecte était affermée aux publicani, et le cens, opéré tous les 5 ans, était lui aussi outsourcé par divers contrats très surveillés par les censeurs, 2 magistrats hors cursus honorum de très haut rang (cad d'anciens consuls). Les tribuni aerari, eux, venaient d'une partie inférieure de l'élite: ceux qui appartenaient à la première classe par leurs revenus, donc en-dessous des sénateurs et equites (qui eux ne furent séparés en deux classes que sous Auguste). L'avantage est que ces gens voyaient là un moyen de peser auprès de la classe supérieure à laquelle ils cherchaient à appartenir, ce qui offrait des incitations à la corruption qui n'étaient tempérées que par leur envie de faire chier les "grands" pour faire sentir leur pouvoir. 

    Une autre exception vint avec l'empire (qui, après le 3ème siècle, multiplie à l'infini la fonction publique), assez tôt: le tres militiae, sorte de cursus honorum pour les gens aisés/éduqués (généralement la première classe et la partie la moins riche des equites) choisissant la carrière militaire. 

    A noter que l'empire d'orient, surtout après la séparation définitive, adopta de plus en plus l'habitude d'employer des eunuques aux hautes fonctions civiles et militaires.... Cela donne t-il des idées à certains pour optimiser ou conditionner l'accès à la haute fonction publique? Quand je vois la récurrence du phénomène dans l'histoire, dans des civilisations souvent pas en contact, je me dis qu'il doit y avoir quelque chose à gratter (à part ce qui désormais manque le matin au réveil) sur ce sujet: peut-être qu'au final, ça avait vraiment un impact sur le travail :sleep:. Contactons l'ENA et expérimentons en accordant un bonus pour le classement de sortie aux volontaires désignés :rolleyes:. Si ça donne rien, au moins ce pourrait être marrant. 

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  8. 5 minutes ago, Kelkin said:

    Pas de souci, il suffit de considérer l'ovariectomie comme opération équivalente.

    Sois pas barbare et à ce point cis-binaire-patriarcal: un bon traitement aux hormones pour adopter un des 72 à 92 sexes/genres disponibles, un changement de pronoms sur twitter, et c'est bon, de nos jours. On n'est plus à Constantinople ou dans la Cité Interdite: c'est pas beau, le progrès? 

     

  9. 8 hours ago, Chronos said:

     

     

    Le second souci est la marge de manœuvre toujours plus grande dont l'administration dispose en raison d'une imprécisions et d'une politisation toujours plus importante des textes qui guident son action. Et là, le politique devrait sérieusement se regarder en face car on aborde des manquements rédhibitoires dans son cœur de métier. Quand on adopte délibérément des textes mal fichus (mais vendables) pour laisser l'administration se débrouiller avec et en déléguant au juge la tâche de boucher les trous avec les moyens du bord il ne faut pas s'étonner de voir ce personnel progressivement prendre ses libertés, souvent à raison car l'alternative est l'implosion pure et simple du système.

     

    Ca, c'est même pas une discussion: la qualité des textes de lois et ce que les politiciens, moins individuellement que collectivement, avec effet cumulé dans le temps et au fil des gouvernements, refilent "vers le bas" est si souvent un scandale de facilité crasse qui a tellement peu de contrepartie que c'en est risible. Et à notre époque d'hypermédiatisation instantanée, qui a fait passer la tendance naturelle à la démagogie à un stade très supérieur (et , certains diront aussi, en France, avec la baisse de qualité dans nombre d'administration, pour diverses raisons), cette tendance n'a fait que s'accélérer. 

    Quote

    Sur le fond je suis d'accord. Je pense toutefois que l'administration ne se politise pas ex nihilo (en tout cas pas totalement) et que la responsabilité première est à mon estime à trouver dans l'attitude du politique (qui la politise, soit délibérément soit par réaction à la tentative de le faire) et ensuite tend à nourrir le problème par plus de politisation. L'objectif affiché d'une administration étant de se comporter dans le cadre de la légalité et de manière rationnelle, on aura également tendance à retrouver des manifestations concrètes de ses prétentions plus régulièrement que dans le monde politique.

    La responsabilité première, c'est certain: c'est toujours du niveau décisionnel ultime qu'elle vient, autant par ses actions que par ses négligences et lacunes. Après, il y a aussi l'éternel problème dans les organisations (y compris privées, mais surtout au niveau du pouvoir politique) de la "barrière" entre l'échelon le plus bas qui peut et doit être politique (donc changeable avec chaque gouvernement), et l'échelon le plus élevé qui appartient à ce qu'il convient d'appeler l'administration proprement dite, cad ce qui est censé, dans le monde abstrait et théorique, obéir aux règles de la neutralité, de la méritocratie, des comptes à rendre scrupuleusement (on peut rêver), du respect de la loi, et de l'obéissance (en ayant aussi peu que possible à gérer les frictions avec l'impératif précédent) aux ordres venus du politique. Problème dans le monde réel, c'est moins une barrière qu'un spectre plus ou moins vaste où les deux réalités se confondent sur pas mal d'échelons hiérarchiques. Problème particulier dans certains pays: le vivier du second monde est aussi, en plus ou moins grande partie, celui du premier. Problème souvent générique: la gestion des carrières du second monde passe souvent par l'interaction et la dépendance avec le premier. Autre problème générique: les membres du second monde ne sont pas des robots. Ils ont des opinions, parfois très fortes, des ambitions, souvent aussi fortes, des groupes d'appartenance, des loyautés, des intérêts, des réflexes grégaires.... Et, tout comme les lois rédigées avec le cul, ce sont aussi des choses qui tendent à produire des effets et comportements qui s'additionnent avec le temps, créant une autre réalité bien éloignée de la théorie. 

    Et quand vient un point de rupture, on se trouve en face de ce qui arrive maintenant autour de la personne de Priti Patel.... Ou d'un cas analogue à celui de l'empereur Yongle et de sa bande de joyeux eunuques. Ou encore dans celui d'un PDG qui essaie de "faire le ménage" façon cost killer en mode "management à la shlag". 

  10. 5 minutes ago, Wallaby said:

    Je ne comprends pas ce que vous avez contre les eunuques. Puisqu'ils n'ont pas de famille, cela élimine le népotisme. Si Biden avait été eunuque, il n'y aurait pas d'affaire fils Biden. C'est déjà ça. La Chine impériale a eu des eunuques jusqu'à la fin, preuve que le système avait fait ses preuves.

    J'aurais du mettre un smiley pour souligner l'intention ironique dans le commentaire initial, là-dessus; je ne vantais pas particulièrement les eunuques/fonctionnaires pour ce qu'ils sont, ceci dit. Je soulignais juste l'utilité occasionnelle du grand coup de balais et du remplacement par quelque chose de neuf comme, parfois le seul moyen de lutter contre un système ayant atteint l'ultime degré de l'entropie, au point du parasitisme complet.

    Mais d'un autre côté.... Critiquer les eunuques.... C'est pas s'en prendre aux non-binaires? C'est mal, donc. 

    15 minutes ago, Chronos said:

    Oui. Je reste favorable à un régime méritocrate promouvant les gens sur base de leur compétence objectivable et vérifiée. L'alternative, qui ne se manifeste que marginalement chez nous mais plus hors Occident, est juste trop effrayante. Si le concours peut parfois être un bon outil, il faut aussi savoir s'en distancier, compte tenu des effets pervers qu'il peut générer (formatage des esprits au point d'empêcher l'évolution et l'adaptation nécessaire).

    Je me permets toutefois de rappeler la nuance déjà formulée plus haut.

    L'administration cultivant l'apolitisme est aussi à prendre avec des pincettes car elle a tendance à refuser le changement pour des raisons X ou Y et doit pouvoir être mâtée de temps en temps. Sinon elle devient inefficace, se réfugie dans ses propres procédures (qu'elle peut parfois inventer) et tend à amender la loi par voie de circulaire interne (et là, va convaincre le fonctionnaire de base de bouger, il ne le fera pas, et tu te retrouves à devoir assigner l'Etat pour faire avancer le schmilblick).

    On en arrive à un point où l'administration devient anti-démocratique dès lors qu'elle nie le fait qu'il existe une majorité politique qui conserve toute légitimité de changer le paradigme dans lequel l'administration opère.

    Dans un Etat de droit, toutefois, il convient que ce changement se produise dans la légalité existante.

     

    Et la croyance en la neutralité idéologique/politique de l'administration, c'est quelque chose dont je me suis débarrassé depuis un bon moment. Sur ce forum, rien que sur les questions de défense (gestion des armées/industries de défense comme politique étrangère et conduite des guerres et opérations), on devrait d'ailleurs tous en être débarrassé et sans aucune illusion. 

    Qu'il y ait une constante tension historique, sans jamais d'équilibre satisfaisant entre la notion nébuleuse (parce que pouvant avoir des destinations confondues.... Ou séparées) de loyauté (au régime, à la loi/constitution, aux dirigeants légitimes ou en tout cas à leur autorité: les nuances sont parfois inexistantes, parfois délicates) et celle d'impératif absolu de qualification/méritocratie, c'est évident et on ne passera de toute façon jamais outre. Mais quand on se penche sur un sujet précis pour évaluer s'il y a ou non dans une administration donnée, en un lieu et un moment donné, une dérive, et une à un stade avancé de moisissure, c'est un sujet qu'il faudrait plus traiter comme tel. Et là on parle d'un ministère gibi actuel pour lequel c'est très loin d'être la première discussion de ce type, rien que sur les 15-20  dernières années, et qui est le seul, avec l'éducation, à être dans ce cas (quel que soit le gouvernement). Ca devrait, au moins pendant quelques minutes, faire se poser quelques questions autres que de savoir si Priti Patel est une petite cheffe autoritaire ou Johnson un fasciste. 

    4 minutes ago, Wallaby said:

    Zheng He le grand navigateur de l'époque Ming qui a établi des relations diplomatiques jusqu'en Afrique, était eunuque.

    Donc.... Il avait des couilles :wacko:

    Just now, Chronos said:

     

    avec l'erreur de se concentrer sur l'armement, néanmoins.

    Parce que les flingues, ça fait bander même les eunuques et une impératrice douairière. 

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  11. 9 minutes ago, Chronos said:

     

    Dans ce match à la responsabilité, le politique me semble toutefois le plus à blâmer par sa volonté systématique, tous bords confondus, de politiser la fonction publique et de la transformer en extension de son propre parti, notamment afin de pouvoir s'en servir contre l'opposition lorsqu'elle deviendra majorité.

    Ce jeu, pratiqué par l'ensemble du spectre, aboutit à l'inflation toujours plus importante des cabinets et collaborateurs spéciaux (à l'instar de ce special advisor eugéniste récemment remercié) dans le but de se débarrasser des services de l'administration, le recours de plus en plus récurrent à des cabinets d'avocats introduits dans tel ou tel parti pour externaliser l'expertise juridique et se réfugier derrière le secret de la consultation lorsque viennent les questions parlementaires, le placement des cabinettards et conseillers spéciaux dans l'administration à la fin du mandat. On n'évoquera pas non plus les possibles portes tournantes entre cabinets de conseils et équipes de conseillers politiques :rolleyes:.

    Le plus fascinant est que ce cercle vicieux est immédiatement réenclenché par l'opposition devenue majorité car les parachutés de la majorité précédente sont à présent dans l'administration et qu'elle devient indigne de confiance (à l'instar d'informations sur la préparation d'un budget pouvant arriver entre les mains de l'opposition avant d'atterrir sur le bureau du ministre de tutelle...) aux yeux du nouveau gouvernement. Et on recommence à chaque législature jusqu'à obtenir une créature hypercéphale, aux procédures ingérables, ce qui impose un accroissement de l'externalisation de l'expertise interne aux cabinet d'avocats ou de consultance, qui, s'ils souhaitent parvenir à un résultat qui ne leur rejaillira pas à la figure, tenteront d'établir un dialogue avec l'administration non politisée, si elle existe encore.

    Le tout sur nos deniers.

    C'est pourquoi je préfère la méthode d'un empereur Ming (3ème ou 4ème, je sais plus): une fois au pouvoir, il a complètement giclé les mandarins de toute la haute fonction publique, les remplaçant par des eunuques à sa botte, ce qui a été très efficace et sain.... Jusqu'à ce qu'évidemment, les eunuques ne deviennent exactement la même chose que les mandarins qui les avaient précédé. La seule question, c'est de savoir à quelle vitesse ces phénomènes arrivent. 

    Autres contre-exemples historiques: la "légendaire" administration de l'Espagne des Habsbourgs, sa lenteur et sa corruption proverbiales, ou encore l'administration tsariste dont nous vient la si douce expression "langue de bois", soit une référence à ce qui devait être un grand sens de la prise de responsabilité et une constante franchise. 

    Quoiqu'il en soit, dans la situation principale évoquée à propos de Priti Patel, nous n'avons que peu de moyens de savoir ce qui se passe réellement, derrière le kabuki de la scène médiatique. Mais vu l'historique particulier du ministère de l'intérieur britannique, je penche plus dans le sens de la ministre (ça veut pas dire à 100%) que dans celui de l'administration et de ses mandarins. Autre point qui fait pencher dans ce sens: la majorité des hauts fonctionnaires semble être nettement "remainer", et beaucoup d'observations ont été faites quand à une volonté administrative de tout garder "Bruxelles-compliant" en interne, dans l'esprit comme dans la lettre. 

    • Confus 1
  12. 1 minute ago, Rufus Shinra said:

    Vu que c'est toi qui prétend qu'une sitcom comme Yes, Minister décrit la réalité, je sens un grand talent de projection chez toi. :-)

    Et à aucun moment je n'ai dit que la série représentait la réalité, comme quoi.... Je dis qu'il y a souvent des raisons pour lesquelles une chose devient régulièrement caricaturée, et pendant si longtemps, au point de devenir un sujet permanent. Yes minister n'est qu'une des multiples incarnations de cette permanence, et comme son genre l'indique, c'est une caricature. 

    Quote

    Ah, excuse-moi, pas juste de projection, mais aussi de strawmanning, poussant automatiquement la position de l'autre vers un absurde aisément démontable même si ça n'a rien à voir avec ce qui est raconté.

    C'est pourquoi la phrase commençait par "Donc, pour opérer selon ta façon de parler, je déduis de ton avis".... Tu vois l'ironie involontaire dans ta réponse? 

    Quote

    Ah bah merde, alors, se pourrait-il que Yes, Minister soit aussi une caricature de la façon dont les scénaristes imaginent le gouvernement et les hauts fonctionnaires 

    Si cette série avait été la seule, ou l'une des seules choses, à jouer avec le sujet, ton argument serait très pertinent pour une discussion. Mais c'est très loin d'être le cas. Et en l'occurrence, Yes Minister comme beaucoup d'autres oeuvres et avis de tous types sur le sujet se fondent aussi en partie sur des ex-politiques et des ex-fonctionnaires... Dont certains en viennent souvent à écrire sur leurs expériences, y compris pour la fiction. Personne n'a attendu la série Quai d'Orsay pour faire ça. Je précise juste au cas où. 

     

     

     

  13. 14 hours ago, Kovy said:

    Large victoire de Biden en Caroline du Sud.

    Prochaine étape, super tuesday, mardi prochain avec les états suivants

    • Alabama
    • Arkansas
    • California
    • Colorado
    • Maine
    • Massachusetts
    • Minnesota
    • North Carolina
    • Oklahoma
    • Tennessee
    • Texas
    • Utah
    • Vermont
    • Virginia

    Où l'on a découvert récemment que la campagne Biden n'avait développé quasiment aucune infrastructure ou organisation locale pour faire campagne dans ces Etats, ce qui a du laisser perplexe la direction du parti démocrate. Il ne s'y est pas beaucoup déplacé, a peu fait campagne, et n'a pas créé de "ground game".... Soit il se disait que son image, le soutien du DNC et son statut personnel suffisaient (= hubris), soit il est aux fraises et il faisait campagne pour la forme, pour un peu d'attention, un peu de cash.... Ou encore, il est vraiment complètement gâteux et vit dans un autre monde (dans sa tête) la majorité du temps. 

    • Merci (+1) 1
  14. 3 hours ago, Rufus Shinra said:

     

    * Ils étaient redoutables et redoutés dans l'UE pour leur capacité à avoir une influence disproportionnée pour favoriser les intérêts britanniques au sein des institutions européennes.

    Ca, ça n'a rien à voir avec la compétence d'administrateur/exécutant qu'on attend d'un  service public: c'est de la politique/manoeuvre politicienne interne/lobbying. 

    Quote

    Les HF British ont une excellente réputation d'efficacité et de compétence*, là où BoJo et ses copains semblent être parachutés et s'intéresser davantage à leur tête à la TV qu'aux résultats effectifs pour leur pays, donc j'aurais tendance à regarder les nouveaux avec méfiance.

    Le service public britannique, spécialement sur le sujet de sa réforme (comme ailleurs) est depuis longtemps devenu une caricature d'incapacité à se réformer et de présomption de dicter aux élus les politiques à suivre, sans grande possibilité de variation. Et quand je dis "caricature", je n'exagère pas: c'est depuis longtemps un objet de critique et d'humour à la télé britannique (la série iconique des années 80, Yes Minister, était même construite autour du concept). Et dans le registre, il y en a deux qui sont depuis longtemps au-dessus du lot, l'intérieur et l'éducation. La résistance interne des administrations (pour empêcher des politiques amenées par un gouvernement, ou les émousser au point de l'absence de changement réel), le groupthink monoculturel qui y règne, sont iconiques. Le sujet particulier du ministère de l'intérieur a été très documenté ces 15-20 dernières années, d'autant mieux que la critique venait des deux partis dominants. 

    Au final, ce sont des exécutants qui n'exécutent pas, ou ne le font que dans la mesure où cela ne trouble pas leur pré carré tels qu'ils le voient. Soit un phénomène récurrent dans toute organisation, particulièrement de service public, depuis aussi longtemps qu'il y a des Etats, et qui, en certains lieux et à certaines époques, atteint des niveaux problématiques. Le reste, ce qu'on en voit sur la grand-scène, n'est que, j'en ai peur, du théâtre, de la gesticulation politicienne faite pour rallier du monde derrière un "camp" ou l'autre. 

  15. 1 hour ago, Wallaby said:

    https://www.la-croix.com/Monde/Europe/Priti-Patel-ministre-linterieur-britannique-prises-MI5-2020-02-25-1201080357 (25 février 2020)

    Dans son édition du lundi 24 février, le quotidien The Times de Londres évoque de fortes tensions entre la ministre de l’intérieur, Priti Patel, et des fonctionnaires du MI5, le service de renseignement responsable de la sécurité intérieure du Royaume-Uni.

    La veille, le quotidien britannique rapportait que des officiers du MI5 avouaient avoir réduit le nombre de documents transmis à la ministre parce qu’ils n’ont pas confiance en elle.

    https://www.theguardian.com/politics/2020/feb/29/priti-patel-home-office-chief-resigns-unfair-dismissal (29 février 2020)

    L'avenir de Priti Patel en tant que ministre de l'Intérieur est remis en question ce week-end après que le plus haut fonctionnaire de son département ait démissionné dans une dispute liée au fait qu'elle aurait prétendument intimidé son personnel - et ait ensuite annoncé qu'il poursuivrait le gouvernement pour licenciement déguisé.

    Dans un geste qualifié d'"inédit" et d'"extraordinaire" par deux anciens chefs de la fonction publique de l'intérieur, Sir Philip Rutnam a accusé Patel d'avoir orchestré une campagne "vicieuse" contre lui et d'avoir "crié et juré, rabaissé les gens, formulé des demandes déraisonnables et répétées - un comportement qui a créé la peur et qui réclamait un certain courage pour le dénoncer".

    M. Rutnam a déclaré : "L'une de mes tâches en tant que secrétaire permanent était de protéger la santé, la sécurité et le bien-être de nos 35 000 personnes. Cela a créé des tensions avec la ministre de l'intérieur et je l'ai encouragée à changer ses comportements". Il a déclaré qu'il avait été accusé d'avoir informé la presse contre Patel, une affirmation qui, selon lui, était complètement fausse.

    Ca, c'est un des trucs qui m'a le plus fasciné, cette semaine, tant il est quasi impossible de rien savoir effectivement: tous les ministres qui y sont passés depuis au moins deux décennies disent que le ministère de l'Intérieur britannique est absolument ingouvernable, tant ses hauts fonctionnaires et les factions qui les divisent (jusqu'à un certain point seulement) semblent impossibles à contrôler, avec les conséquences qu'on imagine en aval (un certain bordel, l'impossibilité de changer les politiques préférées par les dites factions, gaspillage de fric, sureffectifs là où il faut pas, difficulté à imposer des changements réels....). De tels problèmes de comportement n'ont jamais été signalés auparavant avec Priti Patel, et au final, la chose se ramène maintenant à un "he said, she said" avec un haut fonctionnaire qui semble s'être empressé de jouer les martyrs face caméra. Alors est-ce une histoire de l'outsider contre la technocratie arrogante? D'une torie brexiteuse contre des hauts fonctionnaires remainers? Une pure querelle de personnes/personnalités qui accrochent pas? Une simple résistance "mécanique" au changement par une organisation tendant à la sclérose ? Ou une affaire confrontant une parachutée arrogante à des gens sérieux voulant faire leur boulot normalement? 

  16. 2 hours ago, Rufus Shinra said:

    Ah, on m'annonce un nouveau développement dans la gestion politique de l'épidémie :

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    Au vu des statistiques telles qu'on les connaît (contamination, degrés d'affectation, survie, rapidité de guérison....), au-delà de l'alarmisme extrême, et de l'hyper-concentration du phénomène dans une province chinoise (le reste n'étant que des nombres dans l'ensemble anecdotiques disséminés un peu partout), je pense que l'Italie a, une fois de plus, choisi le mauvais camp, le mauvais envahisseur. Vraiment des doutes sur les qualifications des analystes stratégiques gouvernementaux à Rome. J'attends le repli du régime sur une république artificielle autour de Salo, où le virus pourra encore se lâcher à loisir pendant un temps. Après ça, chaque souche sera dûment jugée à Nuremberg, puis pendue à un croc de boucher congelée. 

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  17. 13 minutes ago, Skw said:

    J'ai quelquefois eu du mal à déterminer si c'était plutôt du militantisme ou un fond de commerce.

    Les deux: c'est le business model des contenus de presse de notre époque (avec des proportions variables entre militantisme et sensationalisme/putaclicage/confirmation des biais pour pure raison commerciale et conformation à l'agenda militanto-mercantile édicté "en haut"), la seule différence entre les titres étant le degré de subtilité dans l'implémentation. 

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  18. 8 hours ago, Wallaby said:

    https://www.ledevoir.com/politique/canada/573155/le-blocus-du-rail (18 février 2020)

    Pour une douzième journée de suite, des militants autochtones bloquent ce segment [à Belleville, Ontario] de chemin de fer crucial pour le transport de passagers et de marchandises dans l’est du pays. Ils manifestent ainsi leur solidarité avec les chefs héréditaires de la nation wet’suwet’en, en Colombie-Britannique, opposés au passage du gazoduc de Coastal GasLink sur leur territoire.

    Ailleurs au pays, d’autres perturbations ont aussi eu lieu, lundi. Des militants ont notamment bloqué le pont des Mille-Îles reliant l’Ontario à l’État de New York pendant environ trois heures, avant de quitter les lieux de leur propre chef. À Montréal, une centaine de manifestants ont formé une chaîne humaine au coin de la rue Sherbrooke Ouest et de l’avenue McGill College afin de « reprendre l’espace » et de manifester leur soutien aux chefs héréditaires wet’suwet’en. Le service de train de banlieue sur la ligne Candiac était toujours interrompu.

    « Actuellement, il commence à y avoir des pénuries dans plusieurs secteurs, [ce] qui a un impact très important sur notre économie », a déploré M. Legault. « C’est inacceptable qu’on ne puisse pas donner de services aux usagers du train. […] Des compagnies souffrent actuellement au Québec. »

    A noter que ces militants ne représentent en rien la nation indienne en question: comme dans la plupart des cas de tel activisme des "first nations" qui apparaissent dans les médias depuis quelques années, il s'agit de groupuscules marginaux agissant de leur propre chef, et la plupart du temps, comme c'est le cas ici, désavoués par les représentants élus des nations indigènes concernées. En l'occurrence, les dirigeants légitimes de la nation wet’suwet’en ont approuvé le projet de gazoduc depuis longtemps, et sont plutôt mécontents de cet activisme qui retarde la création de jobs liés à la construction et à l'entretien, la perception d'une redevance par leurs institutions, et dans l'ensemble une activité plus clean et moins dangereuse que le transport par route et rail de vastes quantités d'hydrocarbures. 

    Mais ça, ça ne fait pas les unes: pas assez mélodramatiques, et ça ne permet pas à des activistes de type universitaire fanatique de prétendre parler à la place de vastes communautés et de leur dire ce qu'ils doivent penser. 

    Une affaire de même type a eu lieu très récemment dans le très grand nord, où un projet de mine à ciel ouvert (certes tout sauf écologique) qui aurait pu presque doubler le revenu actuel par habitant d'une "first nation" sur les terres de qui elle allait être établie (et employer beaucoup de ses membres), a été retardé par un tel lobbying, et possiblement annulé. 

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  19. 2 hours ago, kalligator said:

    D'accord avec Tancrède sur la mauvaise utilisation à des fin vraiment pas essentielles (bouffe de m, fringues superflues etc) mais est-ce la généralité ou seulement la majorité  ou  plus ou moins petite partie ?

    La quantification sur le programme SNAP est la seule qui me soit venue à l'esprit. Je ne sais pas où trouver des quantifications des comportements de consommation qui se fonderaient sur une telle différenciation entre le nécessaire et le superflu, entre l'important et le "somptuaire". L'autre chiffrage que j'ai vu passer récemment concernait les différences de postes de dépenses entre ethnies aux USA, qui voyaient, dans TOUTES les tranches de revenus, les noirs américains (mais, et c'est notable, PAS les migrants d'Afrique subsaharienne) consacrer une part très nettement plus importante de leurs revenus (y compris en incluant de l'endettement) aux dépenses qu'on pourrai qualifier de "somptuaires": bagnole, sorties, bijoux et surtout, fringues. De la même façon, des plus modestes aux plus aisés, ils consacraient une part très nettement inférieure à l'épargne et à l'éducation des enfants. A l'invers, les Asiatiques (et parmi ceux-ci, Iraniens, Asiatiques de l'est et du sud -donc Chinois, Coréens, Japonais, Taiwanais et Indiens) étaient ceux qui faisaient l'exact inverse, suivis de près par les blancs (et parmi ceux-ci, les juifs étaient au niveau des Asiatiques). Les Hispaniques étaient entre les deux, mais c'est une population aussi très différenciée, avec de fortes variations, suivant le pays d'origine (et, on suppose, le cadre et la raison de la migration), la tranche de revenus et l'ancienneté de la famille dans les USA (chez eux, plus les générations passent, moins ils sont distincts des "blancs", sauf, à un certain degré et de façon remarquable, les Mexicains). 

    Je ne sais pas dans quelle mesure de telles variations de comportement sont transposables en France, mais il est à noter que la communauté noire aux USA a été lourdement impactée culturellement par le "black separatism" à partir des années 60 et, ironiquement, de la déségrégation, si bien qu'elle est plus entriste que les autres communautés (66% des noirs américains ne fréquentent pas des gens d'une autre couleur; c'est 75% chez les Blancs, mais la majorité du phénomène concerne les populations non côtières, vivant dans des Etats où il n'y a que peu ou pas de gens d'autres couleurs, à l'inverse des noirs, qui sont surtout en zones urbaines et diverses), signalée comme la plus raciste (en s'en tenant à la définition normale du racisme, pas la version académique récente), mais qu'elle a surtout développé une culture où tout ce qui fonde les conditions du succès dans une société moderne est, à un degré ou un autre, considéré comme "blanc", et donc à rejeter. Même chez les plus modérés, ce fondement a percolé, à divers degrés, et a contribué à cette culture semi-parallèle, avec ses propres codes et modes (visible notamment dans la prolifération de prénoms qu'on trouvera souvent un peu bizarres, et qui sont essentiellement inventés: Lebron, Deshante, LaToya...), et ses propres comportements, notamment dans la consommation, les priorités, la socialisation et les rapports à l'éducation. Cette culture-identité qui s'est plus ou moins constituée en "contre société", pas nettement séparée mais en bien des points à part, est un facteur majeur dont je ne suis pas sûr qu'on puisse trouver tant d'équivalents en Europe, du moins pas à ce point, même si certaines banlieues, surtout à l'ère de l'internet et de l'appropriation toujours plus fine du "modèle" d'outre Atlantique (surtout dans sa composante "ghetto"), mais avec leurs caractéristiques propres (immigration africaine), peuvent illustrer un certain parallélisme. 

     

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  20. 5 hours ago, Shorr kan said:

     

     

    Oui, objectivement le pouvoir d'achat a augmenté au fil des décennies et de croissance continue.

    Le truc c'est juste que cette augmentation n'est pas homogène pour tout les biens et services: ça a augmenté pour certains, beaucoup augmenté pour d'autres ( cas type :l’électronique), ou encore stagné, et même parfois baissé comme avec l'immobilier pour beaucoup de français qui se débattent avec.

    Et ce qui complexifie le tout est que les parts relatives des différentes consommations ont changé et se sont diversifiés avec le temps. Combien de gens ne peuvent plus vivre - prolos compris- sans un abonnement Netflix ? :concentrec:

    Très difficile de comparer le pouvoir d'achat dans sa réalité sur un niveau de vie "objectif", entre différentes périodes. Encore plus quand on parle de politiques pouvant effectivement l'impacter dans un contexte donné, au-delà des effets d'annonce et de possibles impacts de court terme (qui se révèlent n'être que cela et ont des impacts ultérieurs négatifs); dans le cas de la France, ce seul facteur du contexte historique/géopolitique devrait faire réfléchir, vu que la France d'aujourd'hui où même les plus modestes peuvent se permettre de réfléchir à un abonnement Netflix, n'a plus du tout le même poids ou les mêmes leviers économiques que la France de 1980, autrement plus forte dans le monde et l'économie mondiale (elle représentait alors, par exemple, 15 à 20% de l'innovation pharma dans le monde, contre 6 à peine aujourd'hui), avec plus de marges de manoeuvre (déficit/dette, capacité de négo, "irremplaçabilité" relative plus grande dans l'économie mondiale), ce qui permettait de plus grandes politiques (notamment les moyens de se payer une couverture santé finançable), mais où avoir une télé couleur était encore un luxe (et un marqueur social), pour accéder à juste 3 chaînes. 

    4 hours ago, Boule75 said:

    Un abonnement Netflix, jouer au loto, aller aux matches, se payer un iPhone, des bonbons aux mômes en veux-tu-en-voilà. Je vis dans un arrondissement populaire de Paris et le constat, c'est que plein de pas-riches claquent sévèrement du pognon.

    Etonnant comme tant de gamins de banlieues censément fauchés ont de multiples paires de baskets dernière mode, et les tenues qui vont avec. 

    Le rapport à la dépense a grandement changé en quelques décennies, avec beaucoup de choses non essentielles, voire purement triviales, qui ont été intériorisées comme partie intégrante du coût de la vie, souvent aux dépends de choses plus fondamentales. C'est un truc qu'on peut constater dans divers types d'aides sociales: aux USA, une proportion très conséquente du programme SNAP (tickets d'achats alimentaires) va ainsi être dépensée chaque année en sodas et boissons sucrées, bonbons, biscuits/gâteaux et tous types de junk food. En tout, entre 8 et 10 milliards sur 70 sont dépensés pour de la merde (nettement plus si on compte des articles moins purement "junk food", mais pas bons non plus pour la santé: gras, sucres/sels surdosés, peu de valeur nutritionnelle...). 

    C'est pas pour reprocher de tels comportements à qui que ce soit, mais la chose est indicative des comportements de consommation et de sens des priorités parfois.... Déplacés. Avec en conséquence un impact sur les perceptions de coût de la vie et du pouvoir d'achat en général. Après, ce n'est qu'une composante parmi d'autres de ces perceptions. 

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