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Tancrède

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Messages posté(e)s par Tancrède

  1. Sans animosité, je précise en avant-propos que je trouve le système citation-répartie très néfaste à une conversation: un texte est une globalité (au moins les paragraphes: vous ne répondez qu'à des petites parties de textes en négligeant les autres), pas un amas dont on peut séparer les éléments pour les discuter séparément. Cela tronque le sens général du propos et crée beaucoup d'incompréhension et de malentendus. C'est une remarque générale, pas une attaque. Pour le PNB, ma réflexion vise surtout à souligner que le niveau pertinent est le niveau cohérent (national ou autre), à savoir celui sur lequel peuvent se focaliser tous les moyens de la politique (et je dis bien tous les moyens, au sens le plus large) pour favoriser une activité économique et commerciale au sein d'un espace donné. A cet espace correspondent des caractères, des forces, des faiblesses et des intérêts spécifiques que leur représentation politique prend en charge tels quel totalement afin de veiller à l'intérêt global par tous les moyens possibles (et au sens historique, cela peut aller jusqu'à la guerre). Le niveau européen aliène une bonne part de ces moyens et néglige ou occulte une bonne part de ces intérêts (ce qui est nécessaire vu l'étendue de la "réalité Europe") au profit d'une globalité mal comprise, très imparfaitement et inéquitablement défendue, et surtout avec une partie réduite des moyens nécessaires. Le résultat est plus un handicap partagé par les deux niveaux (national et européen) qu'une synergie efficiente. Le niveau européen n'est ni efficient ni légitime puisqu'il n'y a pas de sens de la communauté européenne: le déficit démocratique est aussi un déficit de légitimité (le Parlement Européen n'en a pas d'autre que celle du processus). Il n'y a pas d'espace politique européen parce qu'il n'y a pas de société civile européenne. Hors, l'Union a des attributs de souveraineté, qui sont censé faire partie des moyens de servir une communauté donnée, au sein de tout un panel de moyens ayant une cohérence globale. Là est le décalage que je souligne: il est vrai que mes posts ne peuvent totalement se comprendre sans la grille de lecture de ce critère de cohérence. Je m'excuse de ce manque. Sur la création monétaire: bien sûr que si, l'essentiel de la création monétaire a avant tout été dans les mains d'un Etat (moins vrais pour l'Angleterre) avant le XXème siècle. La planche à billet a précisément été le principal moyen de création, et il a été quasiment le seul facteur de fluctuation monétaire avant le milieu, et plus encore le dernier quart du XXème siècle (vous sous-estimez les conséquences de la conférence des Caraïbes qui est l'un des événements les plus déterminants de l'histoire économique du monde). La quantité d'or dans la monnaie a été le facteur clé de la création monétaire, de même que la très forte limitation du crédit et des capacités de crédit dans l'économie européenne (hors l'Angleterre d'après la redéfinition monétaire par Newton, et la Hollande d'entre la fin du XVIème et la fin du XVIIème siècle). La seule vraie période d'inflation d'avant la première guerre mondiale, c'est l'arrivée massive de nouvelles quantités de métal précieux du Nouveau Monde pendant une cinquantaine d'année au XVIème siècle (après, les quantités moindres ont peu d'incidence sur la quantité de monnaie). Je ne dis pas bien sûr que les banques n'ont pas créé de monnaie avant 1971, mais que le rapport en volume n'est pas significatif avant les années 60 (affaire des Eurodollars). C'est juste une question de quantité. C'est tout le point de l'encaisse-or et du contrôle qu'on exerce sur les quantités en circulation dans un espace donné. Quand le métal précieux est la chose qui compte, c'est lui l'enjeu et le facteur déterminant. La monnaie papier en particulier et fiduciaire en général sont des faits récents; mais plus récente encore est le fait que la création monétaire via le crédit et le prêt à intérêts soit en grande majorité le produit du système bancaire. Je ne crois pas avoir dit qu'il y avait une loi naturelle quelconque; en revanche, je critique un système supranational qui prend des attributs de souveraineté sans en avoir la légitimité (et les responsables nationaux qui renoncent à ses attributs inaliénables, et surtout ne pouvant fonctionner que dans un ensemble cohérent) et s'en sert dans un sens plus défini par une idéologie particulière que par le sens de l'intérêt général et surtout sans conscience des différences des intérêts des Etats européens. Je ne parle pas des fiertés ou des différences des différents pays. Juste de leurs intérêts matériels, politiques et identitaires. Effectivement, je réagis quand "deux siècles" se substitue à quinze. Je ne parlais que de la France, et dans une certaine mesure des principes des Etats (notamment "imprescriptible", soit atemporel). Vous ne l'avez dit texto qu'une fois, mais en avez toujours parlé dans vos propos comme si le caractère fortuit était un présupposé. Sur la condescendance, on va pas s'éterniser sur les reproches mutuels, ça finit toujours en disputes de boutiquiers stériles et gonflantes (je tiquais juste sur la variété de réflexions tournant autour du thème "enfonceur de portes ouvertes": c'était un peu abuser que de souligner les formulations tautologiques, que vous sépariez du reste du texte en me citant, alors qu'elles étaient suivies d'un texte; vous êtes taquin ou condescendant?).

  2. Cela prouve au contraire beaucoup de chose, que vous refusez visiblement de comprendre: le PNB n'est pas une simple vision comptable retenue à titre indicatif; il est le reflet d'une réalité, réalité sur laquelle on peut, dans une certaine mesure, agir (politiques monétaires, économiques et industrielles). La libéralisation du marché des changes, le développement des systèmes bancaires et la déconnexion de la monnaie en circulation d'avec sa contre-partie en or ont justement déconnecté le contrat de confiance que représente une monnaie d'avec la garantie de l'Etat: aucune entité politique ne peut plus vraiment garantir sa monnaie puisque l'acte de création monétaire n'est plus dans ses seules mains. L'exemple historique des Eurodollars l'a prouvé depuis plus de 30 ans: de facto, la monnaie est une chose fluctuante sur la valeur de laquelle une entité politique n'a qu'un poids modéré (encaisse de la BCE pour une année: 70 millards d'euros; quantité de monnaie échangée chaque jour dans la zone euro: 2000 milliards). C'est pour la même raison que la seule pertinence et la seule force d'une souveraineté économique active résident dans le mix cohérent (et adapté aux productions de la dite entité) des politiques économiques, commerciales, monétaires, douanières, d'infrastructure et de formation d'une entité politique donnée. Désolé, mais sur l'histoire de l'administration, vous avez faux sur la quasi totalité de la ligne: les administrations susmentionnées ne représentent pas des "embryons", comme vous le balancez négligemment. Il s'agit déjà d'administrations complexes et relayées sur le territoire, avec des pouvoirs étendus, notamment sur les forces armées et garnisons (à des époques où les douaniers proprement dits sont moins nombreux et assimilés à des officiers). C'est particulièrement vrai sous les mérovingiens et carolingiens, ainsi qu'aux époques de monarques capétiens forts. Sous les capétiens, s'ajoute à cette administration un vaste ensemble (mais je l'ai déjà dit) de services alloués sous licence (affermés) à des opérateurs privés (fermiers généraux en tête: ce sont les plus connus): de l'outsourcing, quoi. Le fait que j'avance dans mes posts, et que vous évitez soigneusement de prendre en compte dans vos répliques (c'est plus facile de répondre à des morceaux de phrase coupés du reste du texte), est que les époques où des régions ont émis leur propre monnaie et établi un contrôle douanier sont terriblement minoritaires et discontinues dans l'histoire de France. Et si je ramène le sujet à la France, c'est parce que je me fous du reste. C'est le cas de mon pays qui me préoccupe. Un exemple: la politique monétaire actuelle est adaptée à des productions qui sont moins celles de la France et plus celles de l'Allemagne. Intérêt bien identifié? Politique de cohérence? Mais le problème initial (enfin l'un d'eux) qui a engendré cette litanie de posts interminables, c'est votre persistance à dire que le fait que la France contrôle ses douanes, ou ait un Etat centralisé (deux faits qui, apparemment, seraient absolument les seules justifications historiques de qui doit avoir le contrôle des frontières; je le récuse puisque ce n'est pas une affaire de jurisprudence mais une affaire d'intérêt) date de deux siècles à peine, ce qui est catégoriquement faux. De même, votre persistance à présenter comme parfaitement indifférent que le pays ait eu ce contrôle de manière presque fortuite: le contrôle des frontières (politique, fiscal, économique) a été une réalité depuis 1500 ans, autant qu'il a été une construction et un combat, même s'il a eu quelques creux que vous semblez ériger à la hauteur de précédents quasi juridiques justifiant le fait que la France (ou un autre Etat) n'ait pas plus de droits à l'exercer qu'une autre entité. PS: au niveau de la condescendance, vous la jouez pas mal non plus, alors évitez de me la mettre sur le dos.

  3. Je ne sais pas de quand date la coutume, mais la question est que la création des régiments a une date, très souvent antérieure à la Révolution: - le 1er RI est le plus vieux régiment du monde (1479) - le 2ème dragons date de 1556 (compagnie de cavalerie de la maison de Condé) - les 3 autres "vieux" régiments (avec le 1er, Picardie) datent aussi de Louis XI: Navarre, Piémont et Champagne (bon, ces 3 là sont passés à la trappe avec la professionalisation): on ajoute parfois Normandie, bien qu'il date d'un peu après. Et caetera. Nos régiments sont des vieux machins chargés de gloire et d'histoire. Rien que pour le 1er RI, voilà quelques batailles de l'Ancien Régime où il s'est particulièrement distingué (dans le désordre): - Marignan, 1515 (on l'apprend tous à l'école, ça pourrait aller sur un putain de drapeau) - Calais, 1558 - Fontaine Française, 1595 (une compagnie) - Fribourg, 1644 - Nordlingen, 1645 - Zummarshausen, 1648 - Lens, 1648 - Arras, 1653 - Les Dunes, 1658 - Candie, 1669 (l'expédition est un échec, mais le régiment s'y comporte extrêmement bien) - Seneffe, 1674 - Fleurus, 1690 - Steinkerque, 1692 - Neerwinden, 1693 - Friedlingen, 1702 - Höchstädt, 1703 - Malplaquet, 1709 - Denain, 1712 - Fontenoy, 1745 - Rocoux, 1746 - Bergen, 1759 On pourrait bien trouver 3 ou 4 noms là-dedans, au moins.

  4. Quelqu'un a t-il des connaissances sur la manière dont les hauts faits d'armes des régiments et bataillons sont inscrits sur leur drapeaux? Certaines absences me semblent inexplicables. De même, quelqu'un sait-il quand et pourquoi il a été décidé que les victoires et faits d'armes de l'Ancien Régime ne feraient pas partie des honneurs inscrits sur ces mêmes drapeaux? Parce que rien que des régiments comme le 2ème Dragons (aujourd'hui 2ème RD-NBC, à sa création compagnie de cavalerie de la maison de Condé) et le 1er Régiment d'Infanterie, dit "Picardie" (respectivement les plus anciens régiments de cavalerie et d'infanterie au monde) pourraient revendiquer pas mal de noms en plus (rien que Rocroi pour Picardie, ce serait déjà significatif). La République n'a pas renié l'existence de ce qui l'a précédé, pourtant.

  5. Je suis de la dernière promo traditionnelle (diplômé en 2000) avec les sections. Je ne sais pas si les épreuves ont changé.

    Mais l'esprit doit être le même vu que les profs n'ont pas changé. Pour ce qui est de la culture gé, faut se mettre dans le crâne avant l'épreuve qu'Hannah Arendt et Max Weber (et Hegel) forment l'âme et la conscience de toute l'analyse historique, philosophique et politique science-paleuse (oui: on dit un science pal, donc des sciences paux [08]... désolé).

    Mais la culture gé, c'est une analyse globale de sujets en bonne partie tournés vers la science politique au sens large: c'est le mixed martial arts des sciences humaines auquel il faut avoir recours. Histoire, géopolitique, économie, philosophie, histoire des idées politiques, linguistique, sociologie, étude des organisations, histoire des religions, casuistique... Tout est bon pour argumenter et construire son raisonnement (j'étais un adepte des raisonnements construits sur un mix Histoire-histoire des idées politiques), et si tu veux une liste de références, je crains qu'elle ne soit longue.

    La culture gé, c'est l'âme de Sciences Po et sa spécificité, dans ses défauts et ses qualités (en 3ème année au temps jadis, ça devenait même une matière proprement dite, sous le nom caballistique de GEDPES).

    Mais bon, une bonne prépa est quand même utile, surtout pour la culture gé qui est terriblement spécifique dans ses modes de correction et ses processus particuliers: y'a besoin d'un entraînement pour se chauffer la plume.

    Les grands classiques des Puf Majors restent valables: le Touchard pour l'histoire est une somme de références très complète avec une bonne bibliographie. Faut voir l'index de la collection. Sinon, les Berstein et Milza, les Duroselle, René Rémond.... sont les basiques auxquels on n'échappe pas, avec après quelques ouvrages spécialisés (les fascismes de Milza...). Enfin, il faut avoir une structure pour éviter de se perdre car la liste est potentiellement illimitée: ce qu'il faut, c'est avoir une connaissance relativement complète du siècle, et équilibrée dans tous les domaines (relations internationales, histoire économique, politique intérieure française et européenne dans une mesure raisonnable). Les bouquins généraux susmentionnés offrent une bonne grille de leccture à partir de laquelle on peut préciser certains sujets via des ouvrages spécialisés.

    C'est quoi le programme d'histoire? C'est toujours XXème siècle au concours d'entrée? Et y'a toujours des QM avant la dissert?

    Sinon, y'a des matières au choix (géo, histoire XIXème...)?

  6. Les IEP en général (chuis passé par Paris) sont à gauche, mais d'une manière différente: ce qui domine sont une bonne et une mauvaise chose, l'une étant le revers de l'autre. A savoir: - la modération en tout (les militants SUD, par exemple, malgré le trotskysme ambiant au niveau national, sont plutôt centre gauche ou social-démocrate à Sciences Po): le ton et les opinions (et les notes, qui sont harmonisées) sont très aaténués - la pensée molle: les IEP voient le règne de la bien-pensance à son apogée. C'est du consensus mou à tout les étages, de la tiédeur à tout va. C'est le moule très dénoncé de Sciences Po, le revers de son mode d'enseignement (dont l'emblème est le plan en deux parties) très balancé et argumenté, ainsi que d'un certain conformisme. Le tout est de ne pas se laisser trop imprégner. Ceci dit, j'en sais moins sur Bordeaux qui est peut-être un peu plus à droite (rectification: un peu moins à gauche) eu égard à sa spécialisation plus marquée vers la haute fonction publique. Mais bon: outre des militants théoriquement socialistes et plus souvent socio-démocrates, Sciences Po en général forme des enragés d'extrême centre.

  7. Je vois Moscou comme le tournant sur le plan tactique (ou plutôt de la grande tactique): les Allemands perdent le monopole sur l'initiative qu'ils avaient sur ce front. De fait, avec le plantage devant Moscou, l'affrontement ne se fait plus à leur rythme, et la cadence des mouvements se ralentit, autorisant les Russes à se réorganiser à grande échelle, à stabiliser le front, et donc à retrouver de la visibilité sur le cours des événements. Ils sont sur la défensive, mais désormais sur des bases fixes. Cependant, Stalingrad est le tournant sur le plan de la logistique et du moral, surtout chez les Russes: outre l'immense travail autour de la symbolique de la bataille (qui est un facteur stratégique fondamental, notamment dans la réconciliation nationale chez les Russes, la focalisation sur un objectif commun et concret), c'est le tournant international attendu, le prestige retrouvé... En outre, sur le plan logistique, je ne dis pas que le combattant allemand devient naze après 43, mais que la moyenne baisse. C'est mathématique: la somme de vétérans baisse brutalement avec la perte d'une armée, ce qui, outre la baisse de moral, accroît le ratio de bleus dans les unités (par le jeu des rotations...). Enfin, la perte d'une armée, c'est la perte d'une masse de manoeuvre, soit la perte d'un membre entraîné. Reformer un tel outil (on ne le fait pas seulement en agrégeant de nouveaux régiments et/ou en y ajoutant des régiments entraînés prélevés ailleurs) prend du temps; et en temps de guerre, cette ressource déjà ténue devient rare parce qu'on raisonne en flux tendus. La guerre, c'est la gestion de l'espace et du temps au même moment.

  8. C'est un peu rapide: Napoléon a aussi refait ses effectifs après la campagne de Russie. Mais comme pour les Allemands en 1943, ce n'étaient pas les mêmes hommes. Quand on perd une armée complète, on perd plus qu'un effectif; on y perd, même si on peut les remplacer, qualitativement et quantitativement: - quantité: on pousse sur la réserve qui n'est jamais extensive (je rappelle qu'un soldat met 18 ans à pousser [08] et que les meilleurs soldats ont généralement entre 25 et 30 ans, après avoir acquis formation, cohésion en unités et expérience tout en restant dans la primeur de leur jeunesse), surtout face à une Russie qui en a une bien plus grande - qualité: perte d'unités formées et expérimentées, perte de vétérans, d'hommes expérimentés (cad un peu moins que des vétérans, mais pas des bleus non plus), d'officiers aguerris, et pire encore, de sous-off compétents. Immanquablement, la part des bleus, des recrues trop jeunes (les gamins de 18-25 ans n'ont pas encore acquis la résistance, ni l'expérience) grimpe dans l'armée dont la qualité globale baisse. Sans compter les unités formées dont une part plus grande est moins aguerries, moins expérimentée, et n'a donc pas autant de cohérence. On ne peut exiger la même mobilité, la même efficacité, la même complexité de manoeuvres de la part de telles unités. Et pendant ce temps, les Russesayant subi leurs plus gros revers au début, ont déjà pris de l'avance dans ce processus de renouvellement, sans compter le décollage de sa production d'armements (supérieure à l'allemande, avec en plus l'approvisionnement extérieur). L'avance qualitative des troupes allemandes est de moins en moins nette, tandis que l'avantage quantitatif russe se maintient. La ressource allemande est plus ténue.

  9. Ben non, ça suppose un État centralisé, ça, c'est vraiment très récent. Allons, un peu de sérieux, l'administration des premiers capétiens, par exemple, c'est quelques centaines de personnes, tu crois vraiment qu'ils avaient des agents aux frontières et des postes frontières ? Sans parler du Saint Empire Romain Germanique.

    Il se trouve que, pour les États centralisés que nous connaissons depuis quelques siècles en Europe occidentale, les ressources fiscales, y compris la douane, ont été un attribut national. Effectivement, les ressources fiscales, c'est un attribut lié à la souveraineté, et cet attribut a été au niveau national pour une certaine période historique dans nos régions. Ca n'est en rien une "nature" des ressources en question, et il n'y a rien de non naturel à transférer des ressources à un autre niveau de souveraineté.

    Désolé, je ne vois pas de faits, là, ni d'arguments historiques; juste des affirmations plutôt gratuites. Ca ne m'a pas "échappé". Si vous prenez mal la condescendance, n'en faites pas vous même s'il vous plaît et ça nous évitera le concours de gamineries.

    Le fait que vous refusez visiblement de vouloir comprendre dans mes posts, c'est que les seules fois où l'Etat central (et l'Etat central n'est vraimet pas un fait récent dans toute l'histoire de France) n'a pas eu le contrôle de cet attribut de souveraineté correspondent à des moments d'affaiblissement, mais que même dans ces moments, il était admis qu'il en avait en théorie le contrôle. Ce qui s'y est opposé est une politique du fait (usurpations en d'autres termes, et reconnues comme telles), non une politique de droit. Et cela date de bien avant les premiers capétiens.

    Ce n'est pas un "hasard de l'histoire" ou un accident historique, et cela ne fait pas deux siècles que ce droit est apparu dans l'arsenal de la souveraineté nationale: cela existait avant ces deux siècles et les siècles où un tel système était en place constitue plus la règle que l'exception. Le service des douanes remonte d'ailleurs a bien plus longtemps que cela. Et avant lui, la Ferme Générale jouait ce rôle. Et avant la Ferme Générale, les fermes -ou droits affermés- non centralisées dans une organisation générale (les principales étant "les provinces des 5 grosses fermes) remplissaient cette fonction depuis Charles VII. Avant cela, les receveurs des taxes jouaient ce rôle en corrélation avec les commandements militaires aux frontières. Quelques ordonnances de l'abbé Suger sont, sur le sujet, très éclairantes; voir aussi la biographie de Philippe Auguste par P. Baldwyn (notamment son descriptif de l'administration capétienne). Philippe Auguste est particulièrement éclairant sur le sujet puisque la ré-extension du domaine de l'autorité royale est une bonne période d'analyse. Mais même sous les 1ers capétiens, nombre de grands féodaux se voient soit contraints d'aligner leur politique sur celle de l'administration royale (Flandres), soit la suivent (exemples des Comtes de Champagne et de Toulouse). Le fait que certains aient battu monnaie correspond non à un droit établi, mais à un fait imposé.

    Avant cela (et là on est avant les Capétiens), la chose dépendait des Marquis, ou comtes des marches, c'est-à-dire les gouverneurs militaires des provinces frontalières, (pas encore exactement des féodaux parce que la province n'est pas héréditaire) essence de l'administration territoriale carolingienne. Sous les Mérovingiens, la tâche est le fait des commandants militaires supervisés par les administrateurs issus de "l'école du Palais", sorte d'ENA version Haut Moyen Age pour laïcs éduqués par l'Eglise dans la tradition de l'administration romaine.

    C'est de fait un attribut de l'Etat depuis les débuts de l'histoire de France, même si, à certaines époques d'affaiblissement, ce droit lui a été usurpé par des politiques du fait (grosso modo fondées sur la force et rien d'autre).

    Marchandises, monnaies et douanes (même virtuelles) concourent toutes de la même logique et sont aujourd'hui encore des réalités, même dans une économie dématérialisée, puisque la monnaie circule et qu'on peut évaluer sa quantité et sa fiscalité. Les flux de marchandises y sont intrinsèquement liés par simple contrepartie de valeur (les marchandises sont en elle-même des valeurs puisqu'elles ont leur contrepartie en monnaie et que celle-ci doit être labellisée dans une monnaie ou une autre. Si la monnaie n'avait pas de frontières comme on le dit trop facilement, il n'y en aurait qu'une dans le monde, aucun calcul d'agrégats et pas de politique monétaire. Et on ne se foulerait pas à calculer PNB ou PIB (ou plutôt RNB maintenant). La différence est que les frontières, et donc leur contrôle, ne sont plus limités à la seule dimension des frontières physiques.

  10. Mon opinion sur la Françallemagne (avec la Wallonnie) est fondée sur le fait qu'Allemagne et France ont grosso modo les mêmes emmerdes, des économies plus imbriquées qu'aucune autre et une volonté relativement proche d'un capitalisme "calme", en plus d'avoir des volontés de rapprochement plus grandes qu'ailleurs en Europe. L'Italie n'est pas si loin de l'idée, et une vraie opinion d'union politique y existe. L'Espagne est plus ambigue; elle a surtout un débat à tenir sur son atlantisme prononcé.

  11. Les seules définitions de ce qui se passe actuellement: cul entre deux chaises, bricolage permanent, déni de réalité, handicaps auto-infligés, inaptitude à faire de la politique, surpoids des contradictions.... Je ne parle pas en termes d'idéologie, mais de capacités politiques, surtout celles dont dépend une partie de la prospérité économique. Les principes de droits basiques veulent que ce qu'une autorité délègue ne peut à son tour être re-délégué; et que la souveraineté de l'autorité soit inaliénable. Cela a au moins le mérite de clarifier la notion d'autorité de référence. L'Union n'a pas de légitimité, ni historique, ni politique, ni démocratique. Elle ne part que d'une commodité économique. Si on est fédéraliste, on doit souhaiter une union cohérente et volontaire, et cela ne peut se faire qu'avec très peu de participants (qui doivent le vouloir ET le pouvoir) et se faire avec un acte et une volonté forts. Pas par un grapillage progressif. Si on est souverainiste, il faut donner une limite stricte à ce qu'on concède à l'Union. Les deux peuvent être jouables, mais il faut choisir, pas danser entre les deux. Personnellement, je prône la Françallemagne.

  12. Pour revenir au sujet, je rejois fusilier sur l'aspect dissolvant de l'union européenne: symboliquement, quand on en vient à interdire l'andouillette traditionnelle au nom de normes européenne, il ne s'agit pas d'harmonisation ou d'union européenne, mais de grapillage de souveraineté sur des sujets absurdes et, en définitive, contre-productifs pour créer un sentiment européen. Les directives contr eles fromages au lait cru, contre la spécificité de certains produits (échalottes, chocolat...) ressortent plus du lobbying de puissants industriels plus écoutés à Bruxelles que dans des Etats où ce lobbying n'est pas absent, mais est plus contrebalancé. Bien sûr, cela ne concerne pas que des produits alimentaires: plus globalement, cela reflète le poids que peut avoir le niveau local: je renvoie à mes posts plus hauts sur le fait, pour une petite région (donc une identité), de pouvoir peser plus facilement au sein d'un pays de 63 millions d'habitants dont elle connaît les rouages et parle la langue que dans une union de 450 millions d'habitants où beaucoup plus d'intérêts (et des plus puissants) sont en jeu.

  13. @Etienne

    Je n'ai pas dit que c'était un fait acquis: c'est tout le problème du droit coutumier contre le droit romain au Moyen Age. Le roi l'avait en théorie (et reconnu par tous, même les vassaux, en théorie), et toute l'histoire de la monarchie a été de le faire appliquer de facto; c'est une question de moyens. Le contrôle de la quantité et de la qualité de la monnaie (soit la quantité de métal précieux dans chaque pièce; généralement, le seul qui doit avoir le droit de frauder en foutant un max de métal vil dans les pièces doit être le roi) passe par le contrôle des douanes, de même que la taxation des marchandises.

    La lutte entre les seigneurs féodaux et l'Etat central, c'est, quelque soit la forme qu'elle ait prise, toute l'histoire de France. Et ce point est l'un des plus cruciaux. Le droit féodal de battre monnaie n'est pas un acquis, c'est un fait imposé qui s'est auto justifié par la préférence du droit coutumier opportunément imposée par les dits seigneurs, surtout après le XIème siècle. Contrairement à ce que vous dites, cela date de bien avant Philippe Auguste, puisque c'était déjà l'un des moyens de lutte entre les divers rois mérovingiens. Et les premiers carolingiens ont tout fait pour recentraliser la chose (ça a remerdé avec les luttes des petits-fils de Charlemagne qui ont précédé le Traité de Verdun). Tout cela est continu, mais ne je n'ai jamais dit que c'était un fait acquis. Les rois de France ont du batailler pour l'imposer. Ce que Louis VI, Louis VII, puis Philippe Auguste ont réussi à rétablir (après un passage à vide), Saint Louis l'a laissé filer par ses édits sur les droits seigneuriaux. il a fallu Philippe le Hardi, et surtout Philippe Le Bel pour le re-rétablir. C'est en dents de scie. Mais bizarrement, les bonnes périodes correspondent plus aux périodes où le contrôle est unifié.

    Désolé d'être brutal, mais vous n'avez pas donné de faits précis. Ceci dit, désolé si ça peut paraître condescendant: quand je renvoie aux Rois Maudits, ce n'est pas pour railler: les méthodes du personnage de Tolomei (mon 2ème préféré) décrivent très bien le processus, de même que la lutte entre l'attachement des grands féodaux comme Philippe de Valois aux "bonnes coutumes" (terme juridique définissant l'affranchissement par rapport à l'Etat; mais c'est du droit coutumier, pas du droit romain) et la volonté de l'Etat central.

    Je précise mon point pour éviter les malentendus: le contrôle des douanes, et l'argent qu'il rapporte, est un élément de souveraineté et une ressource ressortant de la souveraineté, par conséquent. Pourquoi? Parce qu'il représente l'aptitude à contrôler ses frontières, l'aptitude à contrôler son espace économique et politique intérieur, l'aptitude à coordonner une politique commerciale et monétaire.Ce n'est pas une faculté optionnelle d'un Etat; c'est éminemment politique. Contrôle de la monnaie et contrôle des douanes sont deux faces d'une même médaille (ou pour être moins étroit, deux des aspects d'une même réalité)

    La définition de la souveraineté comporte le caractère d'inaliénabilité. Ce n'est pas séparable: ou on la garde, ou on y renonce pour une union plus grande. Tout compromis avec est bancal parce qu'elle est le reflet d'intérêts particuliers, à savoir ceux d'un Etat et d'un seul.

  14. Je ne crois pas une seconde à la possibilité même d'une union à 27. La volonté d'une Europe politique n'existe comme tendance (même pas nécessairement majoritaire) que dans 3 ou 4 pays. Mais je ne suis pas d'accord, Davout: économie, politique, stratégie, monnaie, culture... Tout cela, c'est la même chose: c'est le business. Un pays, comme entité géopolitique, est fort s'il est cohérent, et doté d'une volonté unique. On ne peut pas limiter une chose à "l'économie", terme vague aux limites totalement confondues avec le reste. MERCOSUR et ALENA ne concernent pas l'économie, mais uniquement les échanges économiques: ce sont des accords de commerce et de libre échange sans visées d'intégration ou d'alignement des monnaies., même si de facto, la puissance américaine fausse le jeu.

  15. Je pense pour ma part qu'à défaut d'une espèce "d'homme providentiel", ou d'une période de crise majeure (genre montée brutale du niveau des océans, guerre mondiale, attaque bactériologique, crise économique totale...) contraignant à l'accélération du processus, on n'ira pas beaucoup plus loin; en tout cas pas de manière durable. Le bon exemple dans le contexte présent est l'unification allemande du XIXème siècle, du zollverein au 2ème Reich. Il y eut d'abord des décennies d'hésitation entre les deux "modèles" d'Allemagne: la grande, avec l'Autriche à sa tête (mais aussi ses nationalité non germaniques), et la petite avec la Prusse à sa tête. C'est évidemment la seconde qui a fini par l'emporter, malgré l'immense prestige des Habsbourgs et leur position de leaders "naturels" et logiques. Le plus petit dénominateur commun l'emporte toujours: ecce homo. Vive l'union franco-allemande (avec la Wallonie)! A bas l'UE.

  16. Je ne méprise pas l'économie de la connaissance, bien sûr: c'est elle qui sera source de grosses pépètes, de valeur ajoutée, de puissance et donc d'indépendance. Mais je déteste la vision monobloc la mettant au pinacle de tout: elle ne créera pas le plein emploi comme beaucoup ont le culot de l'affirmer publiquement (comme si tout le monde, par la simple "formation", pouvait vraiment s'intégrer dans des secteurs ultra-qualifiés et ultra-compétitifs). Elle ne peut concerner, au mieux, qu'un tiers des populations. Le fait est qu'il n'y a pas un pays en Europe dont le taux de chômage réel soit inférieur à 10-12%: c'est d'ailleurs l'énoncé de cette simple vérité qui a valu leur élection aux libéraux suédois, qui, au passage, ont dénoncé les mêmes mensonges ailleurs en Europe (France comprise), égratignant au passage les mythologies politiques créées dans certains pays dits "modèles", comme l'Angleterre (avec ces 2 millions et demie de gens officiellement qualifiés "d'inaptes au monde du travail" et vivant de pensions minables dans des banlieues pourries, mais qui ne viennent pas gêner lles statistiques de l'emploi), le Danemark, ou même les USA (avec son énorme chômage caché) et le Japon (avec ses 3 marchés du travail, mais la publication des statistiques du premier -le meilleur, celui des "employés toyota"- étant la seule autorisée). Ce mouvement indique pour moi la mort progressive de la démocratie, qui disparaîtra avec les classes moyennes. Eh! Fusilier! Me fais pas dire ce que j'ai pas dit non plus![11][08] Le référendum est absolument nécessaire. Tout chef d'Etat quivoudrait s'en passer ici ne connaît vraiment pas la France. Et je signale au passage que les Français ont plus répondu à la question posée lors de ce référendum que d'habitude. L'analyse du non a tendance à le prouver. C'est juste une tendance très européenne

  17. Ainsi on ne fondra pas une Europe unie, quelle qu'en soit la forme et l'étendue, si les concepts et les desideratas ne sont pas clarifiés. Les eurocrates refusent de la faire car ça ferait gueuler beaucoup de monde, notamment tous les pays qui n'en seraient pas (alors qu'ils sont déjà dans l'union). De plus, l'eurocratie est actuellement baignée dans une idéologie absolutiste: le libre-échangisme absolu, additioné d'une absence totale de culture stratégique et de sens de l'intérêt commun. Pour avoir fréquenté le milieu, je peux dire à quel point ça m'effraie. Les autres grands "blocs" mondiaux ne se privent pas d'user de toutes les méthodes (des droits de douane élevés à tous les moyens de pression politiques ou économiques, des barrières et normes non tarifaires, malgré l'OMC, à tous les ressorts de l'intelligence économique, du militaire à des politiques économiques et monétaires concertées...). Même si les débats sur ces sujets étaient résolus, rien n'existe dans les mentalités pour agir comme une puissance égoïste et cynique comme tous les autres pays. Et en économie pure et dure, l'idéologie néo-classique/monétariste y est à un tel point que ces abrutis seraient capables de spécialiser l'ensemble du continent dans un seul secteur d'activité s'ils en avaient les moyens. Malgré tous ses abus, ses gaspillages, sa focalisation sur les grands propriétaires, je dis vive la PAC, rien que parce que cela les emmerde et qu'ils refusent de comprendre que maintenir une économie complète est crucial. De même qu'ils refusent de voir que leur thématique de "l'économie de la recherche" n'est un schéma d'avenir que pour un tiers de la population européenne au maximum. Sur le plan défense, ils ont une mentalité de colonisés, et leur idéal d'une défense européenne, c'est une force d'assistantes sociales chargées d'aller nettoyer après le passage des Ricains. Je suis anti-européen, pour le moment, parce que l'Union est animée par une idéologie, chose que je déteste au plus haut point. S'il y avait avant toute autre chose, une bande de bons vieux cyniques un peu aiguillonnés par des faucons et un peu tempérés par des bien-pensants, je voterai des deux mains et des pieds.

  18. Sauf qu'il y a un décalage entre les opinions publiques et les élites politiques, même dans les pays qui ont voté oui par voie parlementaire; et même en Espagne, le taux de participation au referendum n'indique pas un ralliement massif. La question est que cette constitution a été présentée comme le seul compromis possible. S'il n'y a qu'une possibilité, il n'y a pas de libre choix. Ergo, c'est que c'est pas encore le moment: on ne fonde pas une chose aussi fondamentale par défaut. Et surtout pas avec un texte de 400 pages. Les grandes choses et les actes fort sont simples. L'Histoire l'a montré. Tout le reste n'est qu'une intrigue. Sur les sondages, ce sont des sondages, et rien de plus: ce sont des moments; et si l'Europe doit se faire, je refuse de penser que cela ait à se faire sur de la conjoncture. On le fait sur une volonté, pas sur un désir (lire Platon pour ceux qui ne voient pas la nuance).

  19. J'ai dit que c'était le privilège du Prince depuis les débuts de la monarchie: on ne fait pas de l'histoire avec de l'idéologie mais avec des connaissances. Toute l'histoire des capétiens a été précisément de créer l'Etat central: au début, seul le domaine royal pouvait être contrôlé directement, et cela s'est étendu et rétracté à plusieurs reprises: la conquête de Philippe Auguste de l'essentiel du domaine Plantagenêt comporte notamment de très éclairants edits sur le contrôle des entrées et sorties de monnaie; de même sous St Louis, et surtout Philippe le Bel. Coup de froid pendant la Guerre de 100 Ans (avec encore des hauts et bas: le contrôle est rétabli par Charles V puis Charles VII), puis Louis Xi le porte à un optimum... Faudrait voir à apprendre l'histoire de France qui est précisément celle de l'Etat Central. Parce qu'avant toute l'histoire capétienne, l'histoire carolingienne a aussi été cette tentative d'un Etat centralisé; et plus encore l'histoire mérovingienne. Et devinez quoi? Le contrôle de la quantité d'or et de la qualité des monnaies était déjà un enjeu. La douane est une des plus anciennes ressources d'un Etat, et étendre et unifier a toujours été un objectif primordial. Allez au Château de St Germain et vous y trouverez une histoire des monnaies très éclairante à cet égard.

  20. Brenus: vérifie encore, mais la TVA n'est pas un impôt communautaire, vu que son taux et son assiette diffèrent totalement d'un pays à l'autre (il n'y a qu'une fourchette d'harmonisation qui varie du simple au quadruple suivant l'endroit). Après, oui, leur évolution est soumise à décision concertée, et reste de fait quasi inchangeable. Par ailleurs, seule une part très réduite va au budget communautaire. Crois-moi, les constitutionaliste aimeraient pouvoir être aussi catégoriques, mais l'UE, si elle a des véléités fédérales, il lui manque trop de choses d'un côté (à commencer par les pouvoirs régaliens), et elle en a trop de l'autre: les Etats-membres ont moins d'autonomie qu'un Etat américain ou un länder allemand, et l'UE cherche à légiférer à tort et à travers sur trop de sujets. C'est une caricature d'habitude née dans les années 70 après l'eurosclérose, qui consiste à grapiller tout ce qu'on peut dans tous les domaines afin de dire que quelque chose se passe: cela a rendu l'UE omniprésente, trop légiférante, et c'est en grande partie ce qui a initié le sentiment anti-européen, la commission cherchant à grignoter petit à petit toutes les miettes de souveraineté possibles, et les Etats cherchant en retour à préserver au mieux leur autonomie. 30 ans après, on en est à la caricature de cette lutte, avec le résultat splendide qui est que la majorité des opinions publique tend plutôt vers l'anti-européisme. Sur le plan des dépenses militaires, nucléaires en particulier, mon point est purement comptable: au cas où vous ne sauriez pas, l'UE n'est qu'une grande discussion d'épicier permanente sans le moindre sens commun. Comment on évalue un effort soutenu de défense qui représente des points de PNB? Comment évalue t-on un parapluie nucléaire, même s'il n'est pas aussi maousse que l'américain? Et comment évalue t-on l'atlantisme ultra de la plupart des membres qui ne se cachent même pas de voir l'union comme une simple commodité dont le statut de semi-protectorat américain leur convient tout-à-fait? Je ne vois pas ce que le fond ATHENA vient foutre ici, dans la mesure où l'effort de défense n'est pas déductible de la contribution à l'UE. Je signale à tout hasard que l'union politique n'est une opinion politique significative qu'en France, en Allemagne, en Belgique et dans une moindre mesure en Italie. Le reste des pays-membres n'a pas vraiment cela comme objectif. Dans la perception de la majorité, l'UE est une zone économique, pas une puissance économique (et certainement pas politique), ce qui supposerait d'autres étapes que quasiment aucun pays n'est prêt à franchir. Sur le blocage actuel, sans entrer dans le débat (quoique j'ai déjà du mal, avant tout autre analyse, avec une constitution européenne qui commence par "Nous, Albert, roi des Belges...), c'est une crise qui devait arriver tôt ou tard: trop de contradictions accumulées depuis trop longtemps. Et personne n'essaie de poser les grandes questions (limites de l'Europe, identité, mise en cause de l'idéologie ultra libre-échangiste...). Il n'est pas totalement vrai que les Etats seuls décident: la commission, appuyée ou non par le Parlement a aujourd'hui une très importante marge de manoeuvre et de décision, ne serait-ce que par l'expertise sur les dossiers communautaires et leur aplication. La capacité d'arbitrage est en soi une puissance certaine. Après, il y a le jeu des coalitions politiques. La question n'est pas de l'union, mais de comment elle est faite, de la définition qu'on lui donne, des objectifs qu'on lui assigne et de qui elle inclut. Et aucune de ces questions n'a eu de réponse; aucune n'a même été posée parce que les réponses détruiraient le mythe fragile de fonctionnaires qui ont poussé dans la fuite en avant à l'élargissement pour éviter d'avoir à traiter les principes. L'euro est une autre fuite en avant qui va empêcher le débat, étant donné certains des membres inclus, entre une intégration plus poussée pour certains Etats (dite à plusieurs vitess, qui était la seule possibilité un peu crédible).

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