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Tancrède

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Messages posté(e)s par Tancrède

  1. Le volet financier et l'indexation des revenus, c'est normal. Mais ils n'ont pas été recrutés de force non plus: c'était un contrat d'engagement volontaire. Mais l'absence de reconnaissance, c'est totalement faux, et j'en ai marre d'entendre des "artistes" complètement incultes en parler à la Télé tout bêtement parce que ça vend bien, et s'auréolant d'un mérite qui n'est pas le leur. Classer les gens dans des grandes catégories (les "vous", les "nous", les "eux") et leur attribuer des opinions types, des idées.... est la base même du sectarisme. Et quand ce sectarisme se fonde sur l'ethnie, il a un nom plus précis: le racisme. et cela permet aussi de s'attribuer les mérites et hauts faits, mais aussi les souffrances quand ça arrange, d'autres hommes, sans les avoir vécu soi-même. Que Indigènes soit un film utile, surtout s'il fait accélérer le dossier des pensions, je ne le nie certainement pas. QU'il y ait eu des discriminations, c'est certain et c'est un tort. Maintenant il faut en connaître l'histoire, et savoir pourquoi et comment cela s'est fait pour ne pas voir de telles choses se reproduire. Mais l'histoire ne se juge pas, elle se constate: de quel droit juger des gens qui ont grandi dans un monde différent, avec des moeurs et des usages différents? C'est un peu plus compliqué. Savez-vous, par exemple, que les livres d'histoire des années 20, 30 et 40 accordaient une part dythirambique aux contingents de tirailleurs algériens, marocains, tunisiens, malgaches, sénégalais, annamites et tonkinois, aux goumiers marocains, aux spahis marocains, algériens et tunisiens, et qu'ils étaient appelés tous les ans à défiler le 14 juillet et le 11 novembre, alors qu'en temps normal, les troupes coloniales (pas d'ambiguité: les troupes coloniales, cela veut dire aussi énormément de métropolitains, ce qui est aujourd'hui l'infanterie de marine) ne pouvaient mettre pied en métropole, et qu'ils étaient acclamés par la foule? Les Goumiers et tirailleurs ont même eu l'insigne honneur, rarissime dans l'armée, de défiler sur les Champs Elysées en passant SOUS l'Arc de Triomphe en 1918, en août 44 et lors du défilé de la victoire en 45: j'ai de très belles photos à montrer à M. Debbouze qui a clamé l'inverse. Avant, au prix, il est vrai, d'omissions, de peu de digressions et d'une lecture plus univoque, les manuels d'histoire avaient un sens, une direction, un axe central. De fait, tout devait s'y rattacher. Dans le vieux Michelet du XIXème, les facilités et l'exaltation prennent beaucoup de libertés, mais la lecture est fabuleuse: ça se bouffe comme un roman, dont le héros est la nation depuis Vercingétorix. Le Lavisse, qui a fait la première moitié du XXème, est plus rigoureux, un peu plus austère, et commence à ouvrir des chapitres secondaires détaillant une époque donnée, une région, un fait, une description... Le Malet et Isaac de nos parents est un peu superficiel et trop chapitré. mais ces trois manuels, qui concernent les classes jusqu'à la 4ème-3ème, donnent un fil rouge de l'histoire, une continuité à laquelle on peut se référer en apprenant plus en détail une époque ou un thème donné, dans les classes supérieures, les études ou pour son plaisir. Depuis les années 70, cette continuité est perdue, les livres changent tout le temps et s'adaptent à des modes éducatives diverses, changeantes et polémiques. Un manuel de 3ème, par exemple, résumait la 1ère guerre mondiale à 3 double pages largement illustrées (ça bouffe de la place), dont une pour l'aspect mondial: restent deux pour la France (deux pages écrites, deux d'illustrations et de petits encadrés à thème), tous les aspects politiques, économiques et sociaux, sans parler de la guerre elle-même. Les soldats des colonies y sont mentionnés brièvement, et j'ai entendu un prof bien-pensant dire que ce n'était rien! Mais rien ne peut être bien traité avec si peu. Lui trouvait le reste suffisant. Les manuels récents n'ont pas de sens du récit continu, victimes de l'extrêmisme des historiens suivistes (et mauvais suivistes) de l'école des annales (mouvement d'historiens ayant rejeté l'enseignement d'une histoire trop continue au profit d'une lecture transversale et thématique; mais eux réservaient cela à l'enseignement supérieur, et c'étaient des cadors); résultat? Des livres décousus, chiants, où l'on ne peut voir qu'une succession d'encadrés et de sous-chapitres dédiés à des thèmes très divers, touchant à tout mais n'ayant rien pour les relier entre eux. Cette génération de profs a caricaturé l'enseignement de l'histoire en un fil continu en l'appelan bêtement "histoire bataille", qu'on caricature en disant "1515 Marignan". Sans doute cette méthode a eu des inconvénients (plus focalisée sur l'histoire politique, diplomatique et internationale, recherchant trop la force du propos...) et omettait certaines déviations au profit du récit central, mais elle a bien fonctionné des années 1830-40 (depuis Guizot, premier père de l'école), jusqu'aux années 60, a donné certains des plus grands historiens des XIXème et XXème siècle (on attend toujours de voir des historiens de la génération post-68 atteindre ce niveau, alors que tous les chefs des départements d'histoire des universités et de l'Institut dire que la relève se fait attendre). Un détail: c'est cette "histoire-bataille" qui a intégré la première, et en grande pompe, les combattants des colonies dans le récit national: dans les années 20-30, mais aussi avant, à propos des guerres de Crimée et de 1870 (même s'ils y étaient peu nombreux). Savez-vous que la question des pensions a été traitée des 1919 sur proposition de Millerand et que l'égalité, ainsi qu'un octroi de la nationalité française pleine et entière pour les anciens combattants et leurs familles, a été largement approuvée par la Chambre? C'est un vote bloqué d'une minorité de députés (ceux d'Afrique du nord, évidemment, attachés à leur privilèges) qui a empêché le vote. Savez-vous que les métropolitains ont passé autant de temps en première ligne que les coloniaux, et que, d'ailleurs, les unités étaient mixtes (en plus des divisions d'occidentaux et du cas de la Légion, dans les divisions dites coloniales, au moins 40% de l'effectif était quand même fait d'occidentaux)? Il faut arrêter avec le mythe de la chair à canon: c'étaient des guerres de chair à canon, et tout le monde a pris. Savez-vous que les maréchaux De Lattre, Leclerc et Juin ont manifesté et envoyé des courriers requérant l'égalité de salaires et de statuts, et que de nombreux officiers, sous-officiers et soldats partageaient cette opinion? Et que les soldats des colonies étaient très bien accueillis dans tout le pays? L'historiographie d'après 68 a lentement essayé d'implanter le mythe de la Résistance intérieure qui aurait fait tout le boulot, surtout à l'instigation du PCF qui a tout fait pour s'assimiler tout entier à la résistance, les Gaullistes parvenant à insérer une petite dose de France libre, plus symbolique dans les manuels par rapport à l'omniprésence du couple USA-Résistants. C'est une lutte politicienne au sommet. Cependant, si vous alliez aux commémorations des deux guerres, et il y en a beaucoup partout en France, vous y verriez les régiments coloniaux à l'honneur: jamais les drapeaux de ces unités ne manquent, même s'il n'y a plus de survivant de tel ou tel régiment pour le brandir. J'ai grandi avec ce souvenir, y compris à l'école, et j'ai appris avant l'âge de 10 ans ce qu'étaient les tirailleurs, les goumiers, les Spahis, les Chasseurs d'Afrique ou les Zouaves( même les régiments zouaves étaient à 100% faits de métropolitains dès les années 1850). Plusieurs régiments de l'armée descendent de ces unités et entretiennent leur mémoire, poursuivant leurs traditions et gardant leurs emblèmes au cas où vous l'ignoreriez: 72ème Bataillon d'infanterie de marine (tirailleurs d'Afrique noire), 1er Régiment de Tirailleurs (tirailleurs du Maghreb), 1er Régiment de Spahis, 1er Régiment de Chasseurs d'Afrique, centre commando de Paviers (gardien des traditions du 1er zouave). La part de mémoire nationale est conservée, même dans les institutions: ce qui est à blâmer de ce côté, n'est-ce pas plutôt le désintérêt des jeunes pour l'histoire, la nullité des manuels scolaires depuis les années 70 et le refus général de s'intéresser à ce qui concerne l'armée dans ce pays? Il est toujours difficile de juger des décisions des gouvernants, qui ont aussi à prendre des décisions dégueulasses eu égard à une situation de nécessité, particulièrement en temps de guerre. Et il est difficile de juger de la France des années 45-50 où la cohésion et la solidarité nationale (en plus de la situation matérielle) étaient dans un état déplorable. Des fautes ont été inévitablement commises, certaines lourdes; c'est le propre de l'être humain de faire au plus facile et, trop souvent, au plus égoïste (je crois que personne ne peut donner de leçon à qui que ce soit en ce domaine). Seuls ceux qui en ont été les victimes directes ont la légitimité de la rancoeur, étrangement, ce sont eux qui n'en ont pas (plus souvent de la tristesse). j'en ai croisé suffisamment pour savoir qu'ils n'aiment pas être considérés en victimes. Et ce tort à leur égard n'est pas transmissible par hérédité ou mimétisme. Je suis peut-être naïf, mais pour moi, la seule communauté est nationale, ce qui fait que tout immigré devenant français acquiert aussi des ancêtres gaulois, et que tout Français dit de souche acquiert aussi des ancêtres venant des anciennes colonies. Et que leur mémoire fait aussi partie de la mémoire nationale, mais pas sous forme d'une revendication partielle, du genre, "nous avons tout fait", "la France nous a baisé"... La mémoire doit être un récit commun avec une continuité; et cette continuité commence en Gaule, pas avec la colonisation. Voilà, c'était long, mais y'a des fois où que c'est que ça m'énerve!

  2. Ce qu'on appelle la colonisation n'est qu'une enième version d'un des moteurs de l'histoire: la guerre, la conquête. Ceux qui ont un avantage à un moment tapent sur ceux qui ne l'ont pas et en profitent. Le "crime contre l'humanité" n'est, en l'ocurrence, qu'un résumé de l'histoire de l'humanité. Si un Etat africain moderne avait existé face à une Europe médiévale, il serait allé se servir en Europe; d'un point de vue uniquement pragmatique, il aurait raison. Je vois pas pourquoi il devrait y avoir une quelconque repentance: sur le plan culturel, il y a eu entrave d'une part, et apport d'autre part. les peuples d'Afriques ont été précipité, souvent avec brutalité, dans la Modernité culturelle, technique et économique. Comme toujours avec l'être humain, ce fut dans la douleur, pour le meilleur et pour le pire. Tout à la fois, pas un aspect en particulier. Sur le plan de l'esclavage, je rappelle que l'Europe a souvent du forcer la notion partout dans le monde: cette idée n'a existé qu'en Europe et s'est imposée par la force: aucun continent n'a échappé au phénomène, et toutes les cultures en ont les mains salies. On ne va pas rappeler pour la enième fois les divisions au sein des ethnies africaines, le fait que la colonisation a noué des alliances avec un peuple pour en conquérir un autre, que les marchands d'esclaves européens et arabes avaient de tels accords avec certains rois-négriers qui utilisaient en retour l'appui étranger pour conquérir et asservir leurs voisins. On peut quand même préciser que le fait impérialiste n'est pas étranger à une Afrique qui a aussi vu apparaître des empires autochtones, dont aucun ne s'est fait dans la douceur et les respect de la culture de l'autre: l'empire Songhaï ou l'empire zoulou (même bref celui-là) sont passés par des horreurs sans noms. les polémiques sur la colonisation sont de faux débats qui n'existent réellement qu'en France, à un moment d'incertitude sur l'identité nationale et le destin du pays. Le vrai problème est l'homme lui-même. Que la République reconnaisse des exactions commises, j'ai rien contre: il y a encore des gens qui les ont vécu dans leur chair, dans leur famille et dans leur esprit et leur fierté. Mais se mettre à balancer des excuses de peuple à peuple (sachant en plus tout le flou et le détournement politique de cette notion), se déclarer fautif, se complaire dans l'à plat-ventrisme et la culpabilité, je vomis cette mode! Que des descendants d'esclaves demandent des excuses, voire des dommages et intérêts, me choque vraiment: ils n'ont pas souffert du fouet, et la douleur qu'ils revendiquent n'est pas la leur. Que les nations européennes colonisatrices soient "jugées" sur l'autel médiatique est un scandale: aucun de nous n'a jamais colonisé qui que ce soit, et nous ne portons pas les péchés de nos arrière-arrière grands parents. L'Histoire se constate, elle ne se juge pas: n'oubliez pas, en outre, que la colonisation, ou toutes les conquêtes de l'Histoire se sont faites dans des contextes précis, où la conquête était la chose normale de l'histoire. Le fait de la voir comme un mal est très récent. Qui sommes-nous pour juger une autre époque? Parce que si on commence à juger l'Histoire, on va entrer dans la concurrence des mémoires, ce qui est stupide et sans fin car nous avons tous des conquérants et des conquis, des hommes libres et des esclaves parmi nos ancêtres. Je vais pas aller demander des comptes aux Italiens pour la Guerre des Gaules, au Vatican et aux Capets pour la Croisade contre les Albigeois, aux catholiques pour le siège de la Rochelle et les guerres de Religion, aux aristos parce que j'ai sûrement eu des ancêtres serfs.... Ce genre de récriminations est sans fin.

  3. Si c'est spécifiquement pour une charge en tank, la Chevauchée des Valkyries est de rigueur, plus quelques autres suivant les circonstances: - rolling on a river [22] - Surfin'bird (pour les amateurs de Full Metal Jacket) - La symphonie héroïque de Beethoven - Silmarils, paske ça ne marche pas que pour les Mirages 2000, y'a pas d'raison - Les Chariots de Feu et Windmills of your mind (si on n'est vraiment pas à ce qu'on fait, ou si y'a un truc pas net qu'est passé dans la clim') - Final Countdown: c'est fait pour la cavalerie, paske c'est ringard, mais ça pète toujours bien. - Paint it black, n'importe quand - La BO de Lawrence d'Arabie, si on attaque l'Iran - Emerald Sword, de Rhapsody: là, c'est ma faute de goût personnelle. Le métal/goth/Plouc/harmonique; complètement barré et ringard, pour les geeks de jeux de rôles et soirées goths, mais quand on est dedans, on n'a qu'une envie, c'est de charger dix escadrons. - un mix Korn/Manson/Static X/Tricky/Rammstein si on manque de motivation - WHAM si on a un soudain besoin d'air frais et qu'on a envie de se faire virer du tank par les potes[20] - La BO de Strange Days en intégrale, paske quand on l'entend, on est capable de tout faire [27] Et le morceau de Deep Forest qu'il y a dessus donne envie de se ruer dans la Forêt Noire - John Coltrane, si on a un cigare, du cognaq, et qu'on a vraiment toujours pas compris où on se trouvait [24][09] Mais bon, outre le patriotique, la chevauchée des Valkyrie reste LE morceau: comme le disait Woody Allen, "chaque fois que j'entends du Wagner, j'ai envie d'envahir la Pologne". [08] ais bon, moi j'ai une mentalité de fantassin; et les troufions, y z'ont pas la stéréo.

  4. Le combat des Trente, c'est pas la même chose; en fait, il y eut, au Moyen Age, beaucoup de combats des trentes, mais aussi des combats des 7 et des 10. C'étaient des rituels de chevalerie, quand les plus vaillants de chaque camp voulaient se friter entre deux vraies batailles, ou juste avant une bataille (imaginez l'avantage moral qu'on retire d'une victoire dans ce cas) parce que ces petits messieurs s'emmerdaient. LE Combat des Trente est juste le plus célèbre d'entre ces affrontements: jean de Beaumanoir, "bois ton sang!" et tout le tralala. Le duel médiéval (attention, pas l'ordalie ou "jugement de Dieu", qui est un duel judiciaire) est exactement de la même veine: le plus célèbre reste l'affrontement entre Pierre Terrail de Bayard (LE Bayard) et le plus grand chevalier espagnol, Sotomayor. Bayard te l'a poutré le temps d'éternuer, et les Espagnols l'ont eu mauvaise. Mais dans cette même campagne, Bayard a participé à un "combat des 7". Les 12 du Petit Pont, c'est juste des soldats de paris, morts au champ d'honneur, et accessoirement, assez atrocement.

  5. Le nommer Maréchal? Je suis quasiment sûr qu'il aurait été capable de refuser! C'était un commandant de terrain: un capitaine dans l'âme, expert en tactiques d'infanterie et un meneur d'hommes. A Davout: non, j'suis pas normand (bien que je sois au tiers Suédois; ça rapproche du côté Northman, même si ceux de Normandie, d'Angleterre et d'Irlande étaient plus Danois et Norvégiens): Parigot, Poitevin, Vendéen, Saintongeais, Breton, Aunissois, Cévenol; ouais, y'a de tout ça. De l'Allemand, de l'Italien, un poil de Norvégien aussi. Mais du Normand, pas un brin. Et j'ai cherché dans la généalogie. Pour Rollon; bouef. M'a jamais fasciné çui-là. Chais pas pourquoi; question de goût sans doute. Mais à la même époque, j'ai mentioné les 12 du Petit Pont lors du grand siège de Paris de 885 par les vikings. Mais j'ajoute aussi les deux meneurs de la résistance: l'évèque Gozlin, grand archer et couillu comme tout; et le Comte Eudes de paris, de la famille des Robertiens (d'après Robert le Fort) qui deviendra celle des Capétiens. J'aime bien les religieux cogneurs aussi: outre Gozlin, l'évèque de Beauvais qui participa aux charges de cavalerie à Bouvines avec Philippe Auguste en 1214; mais aussi St Martin de France (évèque d'Orléans si je me souviens bien) et St Germain dit l'Auxerrois qui alla combattre l'envahisseur saxon aux côtés des Bretons (de Grande Bretagne) et fit le coup d'épée en France aussi. Ca me donne envie d'aller me confesser ces gars là.

  6. Debout les Paras La légion s'en va Le Régiment de Sambre et Meuse Au 31 du mois d'août Le motet du souvenir français Képi Blanc Le marsouin Li biaus desconnëus Adieu chers camarades Gwin ar c'hallaoued (le vin gaulois) L'infanterie de Marine Le fanion de la coloniale Rien ne saurait t'émouvoir (paske c'est çui d'mon ex-régiment et que je suis fleur bleue).

  7. La grandeur de Jeanne d'Arc, c'est d'avoir été le plus grand porte étendard de l'histoire du monde. Elle a, à elle seule, inversé le cours de la guerre en faisant changer l'espoir et la résolution de camp. Après cela, qu'elle ait eu ou non des compétences militaires ou le QI d'un pois-chiche, on s'en tape. Ce qui est sûr et accepté par tous les historiens, c'est sa bravoure insensée, son charisme et sa capacité de meneuse d'hommes. Et ça, ça compte sacrément. Sinon, elle est arrivée à un moment où de vrais capitaines compétents émergeaient du processus darwinien qui avait vu disparaître les grands seigneurs qui passaient leur temps à refuser de coopérer, à se tirer dans les pattes et à sa faire des illusions sur le maintien d'une guerre de chevaliers. Dunois, le bâtard d'Orléans, a été la tête pensante de l'armée. Les autres chefs: Alençon, Gille de Rais, La Hire, Poton de Xaintrailles, Jean De Brosse, Jean Burrau... Mais des femmes héroïques au combat et/ou chef de guerre existent autrement que pour l'anecdote. le XXème siècle en est rempli, mais même avant: - Bouddica, reine des Icéniens et chef de la révolte des Bretons contre Rome - Sikelgaita, femme de Robert Guiscard, reine et combattante à Dyrrachium contre les Bizantins - Et une héroïne: Thérèse Figueur, dite Mlle Sans-Gêne (la "vraie" !). D'elle, dans une lettre au colonel Coulommier, le général comte Cafarelli disait : "Je n'ai jamais connu de soldat plus brave ! Née à Talmay, près de Dijon, le 17 janvier 1774, orpheline l'âge de neuf ans, Thérèse se trouve en Avignon avec son oncle, Joseph Viart, sous-lieutenant dans le régiment de Dienne-Infanterie, qui l'a recueillie lorsque la province, irritée par la proscription des Girondins par la Convention le 2 juin 1793, se rebelle contre Paris et arme des troupes. La Convention leur donne le nom de Fédéralistes. Parmi eux, Thérèse Figueur qui confesse avoir eu, à cette époque, des sympathies royalistes. Soldats d'occasion, les Fédéralistes ne tiennent pas devant les Républicains du général Carteaux, et la troupe avec laquelle combat Thérèse Figueur en tenue de canonnier - habit bleu de roi, pantalon de coutil rayé bleu et blanc - est défaite près de Marseille. Emmenée prisonnière à Lambesc malgré de très véhémentes protestations, dans lesquelles son sobriquet puiserait son origine (ou peut-être après on son enrôlement), la jeune fille soldat se voit confrontée à une alternative simple : l'enrôlement sous la bannière de la République ou le "rasoir national" (entendez: la guillotine). Sagement, elle choisit le premier terme, et s'enrôle dans la Légion des Allobroges. A l'automne 1793, elle se retrouve au siège de Toulon (elle est blessée à la poitrine) auquel l'un des subordonnés du général en chef, Dugommier, prend une part active avec ses canons pour chasser les Anglais qui occupent la ville. Ce subordonné deviendra célèbre sous le nom de Napoléon. Mlle Sans-Gêne guerroie ensuite à l'armée des Pyrénées-Orientales en lutte contre les Espagnols. Là, lorsque le Comité de Salut Public décrète que les femmes ne pourront plus servir dans l’armée française, les officiers de l’armée des Pyrénées orientales signent une pétition pour demander une exception pour Thérèse : celle-ci peut rester. Elle fait ensuite la deuxième campagne d'Italie. Sa conduite lui attire une certaine sympathie de la part de Bonaparte qui l'invite à venir tenir le rôle de dame de compagnie auprès de Joséphine. En dépit des avantages attachés à la fonction, Thérèse se lasse vite de cette existence douillette et morne. L'Empire fraîchement institué lui permet de reprendre définitivement le collier militaire. Attachée au régiment de dragons, la demoiselle Sans-Gêne assiste "couverte de boue des pieds la tête et la figure toute noire de poudre", à la capitulation d'Ulm, qui, le 20 octobre 1805, oblige dix-huit généraux autrichiens et vingt-cinq mille soldats à défiler devant leurs vainqueurs. La bataille d'Austerlitz ne laisse, le croira-t-on, aucune impression particulière à Thérèse ! Mais celle d'Iéna, 9 mois plus tard, lui donne la satisfaction du devoir (bien) accompli, car elle a fait sa "petite partie dans le grand concert que nous donnâmes dans les plaines d'Iéna à messieurs les Prussiens".

  8. C'est justement là où le sujet me pose problème chers amis: si on touche uniquement au mythique, aux personnages de dimensions titanesques, on va retomber sur les 3 ou 4 mêmes tout le temps: Alexandre, Gengis Khan, César, Qin, Napoléon, Babhur le grand, Tamerlan et quelques autres, plus peut être un ou deux héros bien sexy et plus ou moins réels (Hector, Roland, Bayard, Guillaume le Maréchal). D'où mon insistance sur le terme de "personnage" et ma classification en chefs de guerres/officiers de tous rangs/soldats/aventuriers. Tous appartiennent à l'histoire, mais ils n'y ont pas participé ni à la même échelle, ni de la même façon. Du coup, on ne les admire pas pour les mêmes raisons. Mais tous sont exemplaires de qualités, de principes, de valeurs, de capacités, mais aussi de défauts et d'erreurs correspondants à leurs niveaux et à leurs modes d'action. Exemples, à chaque degré: - Louis VIII le lion: fils de Philippe Auguste, il n'a régné que 3 ans (1223-1226) en raison d'une mort prématurée. Mais avant même de régner, quelle vie! Il est vainqueur de Jean Sans Terre, roi d'Angleterre, à la Roche Aux Moines dans le même temps où son père ratatine l'Empereur, les Flandres et une troupe anglaise à Bouvines. Avant cela, il a été de toute la reconquête de la France par Philippe Auguste. Et la cerise sur le gâteau, il se voit proposer la couronne d'Angleterre par les barons anglais révoltés. Il envahit l'Angleterre en 1216, prend Londres et s'y fait reconnaître roi (non couronné encore cependant) en recevant l'hommage des grands seigneurs d'Angleterre (y compris du roi d'Ecosse). Pendant un an, il conquiert les deux tiers de l'Angleterre. Seuls la défection des barons anglais (qui, parce que Jean vient de mourir, préfèrent le jeune Henri III, plus faible qu'un Louis VIII énergique et puissant) et l'interdit du pape (qui empêche Philippe Auguste d'approvisionner l'armée de Louis VIII et surtout de lui envoyer des renforts) l'empêchent de s'imposer. Il est contraint de quitter l'Angleterre en 1217. C'est l'un des plus grands "et si ..." de l'histoire européenne. - officiers: le général puis colonel (sur sa volonté) Magrin-Vernerey, dit Monclar: un héros, un chef charismatique, un meneur d'hommes, un tacticien hors pair à la bravoure fabuleuse, mais aussi le 2ème papa de la Légion, celui qui l'a reformée après guerre pour en faire un outil de combat terrible. Héros de la 1ère Guerre Mondiale (7 blessures, réformé à 90%, 2 trépanations, 11 citations), il est de tous les points chauds de l'entre deux guerres (Ukraine, Levant, Rif, Syrie...) où il continue à montrer sa valeur. Vainqueur à Narvik en 40, il est le seul rallié à De Gaulle à ramener une unité complète, la 13ème DBLE. De la Syrie à Tunis en passant par l'Erythrée, il fait toutes les campagnes du Levant et d'Afrique. En 1951, il se porte volontaire pour diriger le bataillon de Corée comme simple Lieutenant Colonel (il était déjà général de division): inutile de rappeler l'eceptionnel comportement de ce bataillon. C'est l'un des plus grands théoriciens et meneur d'hommes de l'histoire de l'infanterie. - Soldats: Théophile Malo Corret de la Tour d'Auvergne. Incarnation de l'honnêteté, de la modestie, de la générosité et du courage; ce fils de régisseur, descendant par la main gauche de la famille de Turenne (il obtient le droit de porter le nom de la famille grâce à un descendant de Turenne qu'il a aidé à recouvrer son héritage; celui-ci lui propose une partie de cet héritage, et l'homme refuse) commence sa carrière dans les mousquetaires du roi, passe un moment au service de l'Espagne, rallie les armées de la Révolution et dirige les compagnies de grenadiers utilisées comme troupes de choc dans l'armée des Pyrénées. Par la suite, prisonnier sur un ponton anglais, il revient en France et remplace le fils d'un ami recruté de force par la conscription, comme simple troufion dans l'armée du Rhin, à 55 ans. Il meurt au combat en 1800. Dans toute sa carrière militaire, il fut loué pour sa bravoure et son efficacité exemplaires autant que pour sa générosité et sa modestie: titulaire de nombreuses décorations (y compris espagnoles), il en refusa toujours les bénéfices financiers (s'offrant aussi le luxe de refuser ceux offerts par le roi d'Espagne). Il refusa de même un siège de Parlementaire au Corps Législatif après le 18 Brumaire, préférant le combat. Lazare Carnot, Napoléon, St Cyr, Hoche, Augereau, Ney, Lecourbe, Dugommier, Turreau, Dagobert, D'Aoust.... Tous ces généraux ne tarissaient pas d'éloges sur le personnage. Tous les généraux sous lesquels il servit demandaient sa présence lors des conseils de guerre, mais il refusa toutes les offres de promotion. Napoléon lui donna le seul titre qu'il accepta, celui de "1er grenadier de la République". A sa mort, l'armée entière observa le deuil, et un monument lui fut dédié. Son nom apparaît sur l'Arc de Triomphe, alors qu'en théorie, il n'y a que des noms de victoires, de révolutionnaires (politiques) et d'officiers. - Les hors catégorie: Sir Sydney Smith; "cet homme m'a fait manquer ma fortune" a dit de lui Napoléon. Que peut-on ajouter?

  9. Faut arrêter de délirer! Le raisonnement qui vous pousse à montrer que c'est la faute de De Gaulle s'il n'y a pas eu de DB est un syllogisme très bas de gamme. Et faut pas non plus pousser mémé dans les orties en présentant les DLM comme des divisions blindées. Elles manquaient de tout ce qui fait la force d'une DB: autonomie, approvisionnements mécanisés, artillerie organique, artillerie anti Aérienne, communications radios (quasiment aucune radion en dotation), doctrine d'emploi en armée autonome, entraînement poussé, expérience.... Tout cela manquait. Et le Somua, comme le B1 ne furent pas n on plus des choix fabuleux: un bon blindage et un bon canon ne font pas un bon tank: ils étaient lents, consommaient comme des monstres (3 à 4 pleins par jour!!!!), avaient une logistique très lourde (mécanismes très complexes) qui, elle suivait rarement entièrement sur camion (lenteur extrême pour opérer ces chars au niveau stratégique). Et il faudrait peut-être éviter de parler de la tourelle monoplace.

  10. Et c'est pourquoi j'ai différencié les choses: tous sont des personnages, généralement exemplaires et/ou exceptionnels, chacun à leur échelle ou à leur façon: essayez de comparer dans vos préférences des chevaliers (qui ne sont PAS des soldats: c'est une autre conception culturelle) avec des conscrits, des militaires du rangs avec des princes du sang, des aventuriers en marge (Lawrence)et des barons brigands ou des soudards parfois grandioses (comme Villars) avec des soldats dans l'âme allant au bout de leur devoir ou au-delà, des corsaires glorieux avec des amiraux d'exception. Chaque catégorie répond à des cadres différents: c'est à ce qu'il fait à l'intérieur de son cadre de contraintes personnelles et de libertés (et ce qu'il fait pour s'en affranchir, ou l'élargir) qui fait de chacune de ces figures un personnage hors normes. Vous y arrivez peut-être, mais je ne peux arriver à comparer Duguay-Trouin à Tourville, Guillaume de Beaujeu à Alexandre le Grand, ou Lawrence d'Arabie à Davout: c'est impossible, parce qu'ils n'ont pas agi au même degré de commandement, à la même échelle, avec les mêmes degrés d'autonomie, avec les mêmes buts ou moyens, avec les mêmes idées et/ou intérêts. Cela n'en fait pas moins de tous des personnages réellement historiques, hors normes, ayant tous eu, chacun à sa façon et à son échelle, du génie, de l'inspiration, du courage, parfois de la folie, du charisme, de l'intelligence, du sang-froid, un coup d'oeil, de la force, de l'adresse... C'est parce que les raisons de mon admiration sont différentes pour chacun que j'en admire beaucoup: je suis totalement incapable de dire "c'est le gars que je préfère dans toute l'histoire de l'humanité". Pour moi, c'est aussi incompréhensible que ces classements des 100 plus grands Français, où l'on voit Bourvil se ballader entre De Gaulle, Jeanne d'Arc, Guy Lux et Clovis. Alors voilà, j'essaie juste d'être honnête. Notez que je ne compte pas l'époque comme un facteur de différenciation. Pas mal, hein?[26] NB: j'ajoute Guillaume de Beaujeu, Soult, Godefroy de Bouillon, Xénophon, Epaminondas de Sparte, Alcibiade, Epaminondas de Thèbes et Hector. Na [08]

  11. Pour préciser, voilà la 27ème BCA: o 7e Bataillon de Chasseurs Alpins (7e BCA) de Bourg St. Maurice: 70 VAB, 12 véhicules de montagne blindés VMB (bientôt les VBMHM) o 13e Bataillon de Chasseurs Alpins (11e BCA) de Barby, sur VAB o 27e Bataillon de Chasseurs Alpins (27e BCA) de Gran Gevrier, sur VAB o 4e Régiment de Chasseurs (4ème RC) de Gap: 36 ERC 90 Sagaie, 20 VAB, 72 VBL et 6 Gazelle o 93e Régiment d'Artillerie de Montagne (93e RAM) de Varces: 24 TRF1 et 24 mortiers de 120, bientôt monté sur CAESAR (c'est le dernier régiment d'artillerie spécifiquement fait pour la montagne en Europe) o 2e Régiment Etranger de Génie (2e REG) de St. Christol Soit un total d'environs 6800 hommes (certaines unités, notamment le 93e RAM, sont très fournies). S'y ajoute la 27° Compagnie de Commandement et de Transmissions de Montagne (27°CCTM). Les deux brigades orientées infanterie légère (27ème BIM et 11ème BP) sont les deux plus nombreuses de l'armée.

  12. Il y en a tellement! Faudrait faire par catégorie (chefs, officiers, soldats, "héros" et personnages hors normes): - Dans les chefs: Turenne, Napoléon, Lannes, Davout, Henri IV, Villars, Frédéric II, Alexandre le Grand, Du Guesclin, le Connétable de Bourbon, Leclerc, De Lattre, Tourville, Clovis, Charles Martel, Louis VIII le lion (le dernier homme à avoir envahi l'Angleterre pour de bon), Suffren, Guichen, Condé, Baudoin IV de Jérusalem (pour la bataille de Montgisard), Robert Guiscard, Bohémond de Tarente, Saladin, Bélisaire, Aétius (pour le côté "dernier des Romains", et celui d'avoir vaincu "le fléau de Dieu"), Suvorov - Officiers (tous rangs, mais ne dirigeant pas une campagne/guerre): Bigeard, Massu, Monclar, Lyautey, Pichegru, le général Dumas, De Broglie, La Hire, Xaintrailles, capitaine Danjou, le chevalier Paul, Louis Marie Maximilien de Caffarelli du Falga (héros des armées de la Révolution), Jean de Médicis (dit Jean des Bandes Noires), Bartolomeo Colleoni, Jauréguiberry, amiral Piquet de la Motte (trop méconnu), le capitaine Bergé, David Stirling Soldats: les 12 du Petit Pont (héros et martyrs du siège de Paris en 885), Bayard (plus chevalier que capitaine), Théophile Malo Corret de la Tour d'Auvergne (héros de l'infanterie de la Révolution, qui aurait pu devenir général mais refusa tout avancement: Napoléon créa pour lui le titre jamais réattribué de "1er grenadier de France"), le soldat inconnu Inclassables (guerriers, aventuriers, indisciplinés...): El Cid de Campeador, Sir Sydney Smith, Lord Cochrane, Surcouf, Jean Bart, Duguay Trouin, Jean Laffitte (célèbre surtout aux USA), Joseph Vantini (aventurier prodigieux, héros de la conquête de l'Algérie), le baron Ungern Von Sternberg (un taré sanguinaire, mais au destin fascinant), Vlad Tepes Dracul voïvode de Valachie (le vrai Dracula, un autre taré, mais couillu comme tout), TH Lawrence (Lawrence d'Arabie) Je sais, il y en a pleins, mais c'est seulement une partie de ceux que j'admire ou qui me fascinent, et c'est une goutte d'eau dans l'océan de tous ceux qui mériteraient qu'on s'attarde sur leur cas.

  13. Faites attention à ce que j'écris, s'il vous plaît: je ne défends pas Gamelin. Et il n'y a pas un Gamelin de la 1ère Guerre, et de la 2ème: c'est le même personnage. Faut arrêter avec ces formules du genre "le Pétain de 1916" et celui de 1940... Je dis que c'est très facile de juger quelqu'un 60 berges après l'événement, quand on sait tout ce qui est arrivé. Peut-être qu'avec les mêmes moyens et les mêmes renseignements que Gamelin, aucun de nous ici n'aurait fait mieux. Il faut arrêter de juger l'Histoire: elle ne se juge pas, elle se constate, et elle s'analyse.

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