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Tancrède

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Messages posté(e)s par Tancrède

  1. Sans vouloir offenser personne ni défendre Gamelin (quoique, un peu de respect tout de même, c'est un héros de guerre), beaucoup de personnes ici parlent avec l'incommensurable sagesse du recul historique, chose dont ne disposent jamais les acteurs d'une époque qui n'ont pas la chance de savoir ce qui va arriver ni comment cela va arriver. Qu'il y ait eu enkystement, erreurs, choix politiques lâches... c'est certain, mais faut pas charger inutilement la mule en pensant qu'on aurait pu faire mieux dans les mêmes conditions (et j'entends par là l'ensemble de la politique de défense des années 30). Sur la question des échelons de commandement, il faut noter, à la grande décharge de tous les chefs, que les radios étaient en très faibles dotations dans l'armée de 40 qui devait dès lors se reposer sur des lignes en dur, donc des postes de commandement très peu mobiles. Dès lors, multiplier les échelons est malheureusement la seule chose à faire, parce qu'il faut avoir des centres de recueil de l'info, de traitement de l'info, et de décision partout. Qui plus est, il en faut plus que nécessaire en raison des bombardements, qui les ciblent et/ou massacrent les lignes en dur à chaque barrage d'artillerie ou raid aérien (au moins sur les plus proches du front). Les autres moyens de circulation de l'info contraignent aussi à cette immobilité, et donc à la multiplication des échelons: pigeons voyageurs, télégraphe optique (encore utilisé marginalement) et estafettes motos.

  2. Hey! Calmos les hystériques: je me fous pas mal de quelques fautes d'orthographes. Mais quand ça commence à nuire à la compréhension, ça en devient assez bourrant. Je ne crois pas que ce soit jouer les réacs que de demander à chacun un minimum d'efforts. C'est une politesse élémentaire.

  3. Y'm semblait bien que ça devait être de côte d'Ivoire. Merci pour le tip. Mais je vais en changer dès que j'en chope un correct truc à la bonne taille. Sur ta remarque sur le renseignement: l'inverse est aussi vraie (la capture d'estafettes), et c'est même un des rôles des unités légères que d'en capturer. Ca fait partie de la "petite guerre". L'essentiel des renseignements opérationnels en campagne n'a pas le temps d'être codé. C'est un des impondérables du business, et les généraux savent composer avec. Mais la synthèse, c'est le rôle de l'Etat Major: Berthier, et Caulaincourt en son temps, ont été les meilleurs à ce rôle. Et les Etats-Majors de division étaient aussi terriblement efficaces. Ces Etats Majors professionnels, permanents et compétents sont une des nouveautés les plus marquantes de ce temps, amenée par un Napoléon quasiment tout le temps en guerre, et pris par les contraintes logistiques de sa stratégie de la guerre de mouvement organisée en divisions jamais espacées de plus d'un jour de marche. Le cryptage a été globalement efficace, mais compte tenu de la vitesse dans une opération en cours, il ne s'applique qu'au renseignement de longue portée (outre le renseignement-espionnage et la diplomatie). Après, c'est l'éternelle guerre des codes entre les deux camps: un code finit quasiment toujours par être craqué, et on ne peut jamais totalement compter dessus. Là encore, cette logique marche dans les deux sens, en permanence.

  4. Sur Schulmeister, évitez la série télé; lisez le bouquin de Douay et Hertault, il est bon. Et lisez avec la biographie de Savary (je me souviens plus de l'auteur, mais le titre exact est: Savary, le séide de Napoléon).

    Au front, le renseignement passe avant tout par les unités de cavalerie légère, qui outre leur rôle dans la bataille, sont les forces spéciales de l'époque: chasseurs (les plus hargneux), chevau-légers, gendarmes à cheval (surtout en contre-espionnage et renseignement en pays conquis ou traversé, sur le parcours d'une armée), dragons (même s'ils sont vus comme cavalerie lourde, parfois, mais surtout comme infanterie à cheval) et surtout hussards (indisciplinés, sans peur, sans foi ni loi).

    Les rôles sont moins définis qu'aujourd'hui: rien de très rigidement attribué. Le service de Savary représente vraiment le renseignement extérieur, de même que les réseaux d'ambassadeurs et de leurs agents (donc Talleyrand), ainsi que nombre d'intermédiaires, banquiers, négociants, financiers, hommes d'affaires... aux loyautés parfois troubles, parfois affirmées, parfois forcées. Miltaires, fonctionnaires et civils s'entremêlent dans ce service.

    Le renseignement militaire est plus nettement opérationnel, même si les cavaliers opèrent régulièrement en civil (quand ils sont loins de l'armée): l'invasion de la Bohême en 1805 a été précédée, outre les hommes de Savary, de vagues de hussards en civil allant aussi loin que Prague ou Budapest. Ces opérations là son sous l'autorité des commandants de division. Murat, en tant que chef informel de la cavalerie, y a une part prépondérante.

    Au plus près de l'armée, le renseignement, c'est la reconnaissance et la "petite guerre" (surtout le combat avec les unités de reconnaissance adverses: embuscades, escarmouches, recherche active de ces unités...), à cheval principalement, même si les unités d'infanterie légère s'en mêlent souvent.

    Regardez comme les traditions se gardent: le 2ème Hussards et le 13ème RDP perpétuent leurs missions historiques. Et ils le font salement bien. Et les escadrons de reco des régiments de cavalerie aussi.

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  5. Sur Borodino, il semble que le tondu n'en était pas à sa première hésitation ce jour-là (plus, voir son état de santé); mais il avait encore des réserves à ce stade, hors la Garde (et puis, faut voir les effectifs de la Garde en 1812: ce ne sont pas les deux régiments des débuts de la Garde Consulaire). La bataille elle-même n'a pas vraiment joué dans la subtilité: c'est le plus gros régime d'attrition de la période! La Grande Redoute a vu quelques hectolitres de sang couler. Mais bon, on va pas refaire l'Histoire; si ma tante en avait... La seule chose qui pourrait permettre de juger de la décision de Napo serait de savoir de quels renseignements il disposait à l'instant T, et quelle vue il avait sur la bataille. Davout n'était pas à côté de lui, et avait vu directement l'opportunité; s'il y a une chose dont je ne doute pas, c'est que si Napoléon avait vu l'ampleur de l'ouverture, il aurait même pu lancer toute la réserve. Pour la bourgeoisie, c'est un terme restrictif; ce sont les élites en général. Et je n'ai pas fait d'analyse marxiste??!! Mon papa aurait honte. Cependant, l'impôt est loin d'avoir financé le règne de Napoléon: le pillage, les tributs, les contributions forcées des Etats vaincus, certaines spoliations ont joué un rôle à la marge, mais non négligeable. L'Emprunt public, les souscriptions ont eu une place très importante. Les patentes (betterave à sucre...), quelques monopoles d'Etat et une activité économique publique ont aussi bien rapporté. Enfin, l'endettement direct auprès de grands financiers a aussi largement contribué. L'impôt avait un mauvais rendement en raison de la forte mobilisation et de l'insuffisance de la perception. Mais le rôle des élites dans la chute de Napoléon n'est pas à négliger: décisions mal appliquées, retardées, inefficience organisée, fraudes en tous genres, racket des fournitures aux armées, espionnage et trahison purs et simples, vente de renseignement... Tous les gens bien placés (pour le renseignement, mieux vaut un bon réseau bancaire qu'un bon réseau d'agents) peuvent nuire à l'Etat: l'Empereur a de moins en moins de relais de son autorité de personnes qui jouent son jeu. Au début de l'Empire, une nouvelle classe, enrichie par les trafics, le pillage, la vente des biens nationaux et surtout de ceux du clergé et d'une bonne partie de la noblesse, est attachée à la fortune de l'Empereur. Le temps passant, ils sécurisent leur position et ne dépendent plus exclusivement de lui. Les trahisons, l'embourgeoisement de nombre de maréchaux, de membres de sa famille (Murat en tête), de personnages comme Talleyrand et d'autres ne sont que la partie la plus visible de ce vaste problème.

  6. Là, malheureusement, c'était le lot de toutes les armées du temps qu d'avoir peu de médecins, et souvent des mauvais. L'armée anglaise avait un peu mieux, mais pas assez pour changer les statistiques de pertes: ils seront néanmoins les premiers à y arriver, pendant la Guerre de Crimée. Ce gâchis n'aurait pu être évité dans le cadre des armées de l'époque napoléonienne: les hôpitaux de campagnes de toutes les armées étaient des mortoirs qui foutaient souvent autant la trouille que le champ de bataille lui-même. Pour la Russie, la logistique a été certes insuffisante (pouvait-on trouver assez de fournitures pour une armée si gigantesque?): mais c'est tout simplement le changement d'échelle dans les distances qui a bouleversé le schéma de la stratégie de la guerre de mouvement, et pour tous. La guerre n'est pas encore (les Allemands le savent aussi), à l'échelle de la Russie. Parce qu'on oublie souvent que les Russes ont encore plus souffert que la Grande Armée pendant cette histoire: quand Napoléon repasse le Niémen, les Russes n'ont quasiment plus d'armée à envoyer à l'ouest; de vastes bandes de cosaques et autres auxilliaires faits pour la "petite guerre" (définition clausewitzienne des opérations spéciales, commandos, d'embuscades, de reconnaissance...) sont encore disponibles, mais l'armée de ligne est moulue, décimée... La maladie, le froid, la malnutrition et la sous-nutrition (le revers de la médaille de la terre brûlée), les combats (les pertes russes sont aussi effrayantes de ce côté)... ont démoli l'armée régulière et une bonne part des unités territoriales (même les unités de la Garde ont rajeuni de près de 5 ans en moyenne après cela, tant il a fallu recruter!!). La gestion du temps, des hommes et de l'espace: tout tient toujours là. Et les deux camps ont subi presque toute cette campagne. La puissance offensive est restée aux Français, mais la longueur des lignes de ravitaillement couplée à l'impossibilité de vivre sur le pays ont démoli l'avantage de mobilité et d'imprévisibilité sur lequel Napoléon fondait sa stratégie. Ca, et le fait que personne n'avait compris, à l'époque, la nature de la Russie, trop grande pour que la chute, même de ses deux capitales, signifie la fin de la guerre. L'avantage du "monarque oriental" (voir Montesquieu) qu'était le Tsar: l'Etat, c'est vraiment lui et lui seul. Le capturer, c'aurait été mettre fin à la guerre, plus même encore qu'anéantir son armée dans une hypothétique bataille décisive (même si je m'énerve toujours en pensant à Borodino et à ces petits hasards de l'histoire qui ont fait que Napoléon, ce jour-là, n'a pas voulu écouter Davout).

  7. Pour justifier mon trip sur le niveau qualitatif de l'armée, il faudrait faire un long exposé sur les bouquins que j'ai lu; j'ai peu de sources internet. Mais grosso modo, les éléments qui permettent d'en juger: - certains indicateurs chiffrés existent: résultats des tirs à l'entraînement, ratio vétérans/soldats expérimentés/recrues fraîches dans chaque régiment, rythme des exercices de manoeuvre à grande échelle... - les commentaires et rapport ("indice de satisfaction") des officiers généraux, spécialement les chefs de régiments et de corps (infanterie légère, types d'unités de cavalerie...) - la reprise d'un entraînement régulier pour les vétérans comme les recrues, chose que l'on n'avait pu voir depuis Boulogne; et surtout d'entraînement à grande échelle - avec la paix relative après Tilsitt, le rythme des opérations ralentit suffisamment pour pouvoir mieux gérer le problème espagnol, mieux former ceux qui y vont (longtemps, on y enverra des recrues sans entraînements recevant leur premier fusil juste avant le premier combat), de les relever plus vite, de ré-unifier un peu l'armée (séparée entre le top, celle d'Europe centrale, la Grande Armée proprement dite, et le bouche trou, celle d'Espagne, d'où tous les bons éléments sont pompés pour être envoyés sur le front principal en Europe centrale). - la campagne de ré-équipement des années 1809-1812, allant avec la nouvelle ordonnance de l'armée - la gestion des élevages de chevaux: ces trois années voient les pertes compensées, et une marge de manoeuvre dégagée. Sans la campagne de Russie, la cavalerie française n'aurait pas été si peu nombreuse et mal montée entre 1813 et 1815. Les désertions massives du début de la campagne de Russie sont plus le fait des unités étrangères (hors Pologne, Bavière, et dans une certaien mesure, les unités italiennes) et de la "grande France": les unités du territoire proprement national (grosso modo nos frontières, plus la Suisse, la Belgique) ont eu peu de désertion avant que la campagne ne vire au désastre. N'oubliez pas que la France à ce moment comprend des départements allant jusqu'au sud du Danemark, jusqu'à la côte yougoslave. Ils ont leurs propres régiments, à numéros français (statut de territoire national), mais sont peu intégrés dans les régiments traditionnels, dont le recrutement se fonde encore, nécessité oblige, sur un minimum de base linguistique. Pour l'histoire de la bourgeoisie, de l'élite en général, des bouquins entiers ont été écrits dessus: mais pour voir la tendance générale, il suffit de voir ce qui la composait sous Napoléon, et comment elle faisait son fric en majorité. La terre restait la première source de revenus, suivie par le petit commerce et l'industrie (manufactures de toutes tailles et artisanat). Le "grand commerce", le négoce, les affaires représentaient évidemment de grosses sommes, mais concentrées dans un nombre très réduit de familles: songez qu'à Nantes, pour le commerce des esclaves (commerce triangulaire en général), il n'y avait à tout péter qu'une quinzaine de familles grand maximum (et trois ou quatre vraiment grosses) qui opéraient le business. Les intérêts du grand commerce sont alors très concentrés, et l'absence d'une Bourse, d'un marché de participations dématérialisé accompagné d'un système bancaire moderne fondé sur le crédit, en limite d'autant l'accès à un plus grand nombre d'acteurs. Les intérêts de la bourgeoisie, de l'élite, hors la fonction publique et de la Cour, les gouvernorats... sont donc moins dépendants du grand commerce que du marché intérieur. Dans ce cadre d'activités, ce qui les énerve, ce sont les levées de paysans, la pression fiscale, la limite de la demande intérieure libre (pour l'armée... les prix sont administrés: ceux qui peuvent tricher sont les grossistes, négociants et fournisseurs aux armées, intermédiaires souvent véreux) et, dans une moindre mesure la limite du commerce extérieur nécessitant un transport maritime (la perte de la clientèle anglaise, qui se fournit désormais au Portugal) a été durement ressentie dans la Bordelais).

  8. D'où vous vient cette idée???!!!! Napoléon était un stratège: c'est peut-être l'un des chefs de guerre qui a le mieux compris la logistique, l'un des chefs qui l'a le mieux gérée dans le déplacement des armées. Après, la question de l'innovation se pose, certes; mais il faut comprendre que produire de quoi équiper un régiment est une chose, une coquetterie de souverain au pire. Equiper toute une armée, surtout aussi gigantesque que la Grande Armée, d'un tout nouveau matériel, en est une toute autre. Le temps d'avoir un modèle satisfaisant, de changer l'appareil industriel militaire très éclaté de l'époque (qui ne produira pas pendant ce temps!!!), et d'acquérir une première série en nombre suffisant pour changer l'équipement d'au moins une partie significative des troupes (sans compter le temps d'y former les troupes et de prendre en compte les modifications tactiques que cela autorise), on en est à compter en années à cette époque. Et plutôt 10 que 3. Et le problème, c'est que la guerre continue pendant ce temps: il faut produire sans s'arrêter, remplacer les armes perdues ou abîmées, équiper de nouveaux régiments... Dans toute l'aventure napoléonienne, la production n'a jamais été à la hauteur de la "consommation" après 1805 (sauf peut être entre 1809 et 1811). Le fameux Baker Rifle a peut être été l'arme la plus précise de ce temps, mais, outre ses défauts (fragilité, nécessité de le nettoyer à chaque coup, difficulté du rechargement, et donc, cadences de feu nullissimes), il n'a pas été produit en nombres suffisants pour équiper un grand nombre de régiments et jouer un rôle significatif. Ce ne sont pas les armes de cette époque qui changent les guerres: ni les fusils, ni les canons, ni même les schrapnells n'avaient d'avantage suffisamment grands entre eux. Les différences, hors quelques ratages monumentaux (sabres de cavalerie anglais souvent, certains fusils...), étaient trop minimes pour jouer un vrai rôle. Même dans une guerre comme celle de 14-18, trop d'historiens considèrent chaque micro-innovation en matière militaire comme un bouleversement stratégique. De même, les sous-marins n'étaient pas encore mûrs. Cependant, sur les communications, je trouve aussi que le télégraphe de Chiappe n'a pas eu le destin qu'il méritait. Peut-être aussi n'y avait-il pas le temps de lui bâtir une infrastructure, surtout humaine; ou peut-être a t-il alors été jugé qu'il pouvait être facilement "piraté". Les montgolfières nécessitaient encore des travaux de développement: trop peu fiables, lourdes et voyageant mal, elles n'étaient pas encore faites pour une guerre de mouvement, même si elles auraient souvent pu servir ponctuellement pour appréhender les mouvements des dispositifs ennemis, et surtout pallier la pénurie progressive d'éclaireurs compétents en nombres suffisants après 1808.

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  9. Moyennement, parce que cette analyse revient à attribuer la faute des guerres de coalition à Napoléon, ce qui est loin d'être le cas. il a sa part, mais pas plus que les autres. Cependant, ces guerres renouvelées l'ont acculé à une surenchère permanente de répliques, toujours plus violentes et moins aisées au fur et à mesure que la Grande Armée s'usait plus vite qu'elle ne pouvait être remplacée et, subséquemment, baissait en qualité (Napoléon compensait alors par plus de canons). Sa mégalo, aussi, allait croissant, à mesure de sa parano, dans cette situation; et il a trop commis d'erreurs d'orgueil en abaissant les vaincus, en refaisant la carte un peu trop à son gré (surtout pour y caser sa famille: comme Guitry le fait dire à Talleyrand, cela vous a un côté maison de commerce avec succursales à l'étranger). Pour le blocus, c'est surtout le commerce de la Russie qui en a souffert au point qu'Alexandre Ier a pris en compte ce fait (l'économie n'est quasiment jamis dans les calculs géopolitiques des souverains de l'époque): réouvrir la Baltique était vital pour les Russes. Au début, Alexandre était prêt à sacrifier cela au profit d'une alliance contre l'Angleterre (il percevait le rôle joué par Londres, et avouait être anglophobe), mais les vexations de Tilsitt, l'attitude unilatérale du tondu et le soutien napoléonien à la Pologne ont eu raison de sa première opinion. Le blocus continental a t-il servi à quelque chose? Contrairement à ce que beaucoup d'historiens ont longtemps dit; oui, il a été en bonne partie efficace. Le commerce anglais, sa principale cible, a bien souffert. Mais les Rosbifs avaient la flotte et l'espace pour faire jouer un commerce de plus en plus mondial qui maintenait leur activité financière, leur économie et leurs ressources. De même, les multiples trous dans le blocus ont maintenu un minimum d'activité tournée vers l'Europe: la contrebande a rarement atteint une telle échelle dans l'Histoire. Mais le reste du monde n'était pas encore assez exploité pour que les revenus compensent totalement le commerce avec l'Europe: l'économie anglaise a été sur le fil du rasoir chaque année jusqu'en 1815, manquant plusieurs fois de s'effondrer (la guerre avec les USA en 1812-1814, combinée à une crise boursière, a failli achever les finances). Mais c'est la solidité de leur système financier qui a permis de continuer. De son côté, la bourgeoisie française et continentale vivait assez peu du grand commerce: la majorité était tournée vers l'intérieur. Seule la bourgeoisie des villes portuaires dépendait de cette activité. Et en France, elle s'adapte comme d'habitude: on arme les vaisseaux en course. Rappelez-vous, pour revenir au sujet, que l'Angleterre a dépensé pour la guerre plus de 5 fois ce que la France de la Révoolution et de l'Empire a dépensé, entre 1792 et 1815!!! Ca montre sa volonté de continuer la guerre à outrance. La politique anglaise: ne pas tolérer une France puissante, à l'activité commerciale florissante (dans les années 1780 et jusqu'en 1792, le commerce français se portait extrêmement bien), et présente aux bouches du Rhin (Anvers, surtout). Le blocus n'était qu'une réponse: les Anglais refusaient de reconnaître Napoléon. Lever le blocus n'était pas leur but premier, loin de là. 1808 et 1812 me semble de options possibles: l'opinion anglaise commençait à se lasser, et ce sont les moments où quelques mois de paix pouvaient aider à reformer la Grande Armée au top de sa qualité (l'équation: plus Napoléon domine facilement, plus la victoire est absolue, et plus il calme d'ardeurs). La campagne de Russie a vraiment gâché un mouvement qualitatif exceptionnel: entre 1809 et 1812, la qualité de l'armée est remontée en flèche (pas encore au niveau de celle du Camp de Boulogne -la meilleure de la période, et de loin- mais sur le bon chemin). Ce la formait un outil dissuasif qui donnait plus de marges de manoeuvres. Je préfère éviter la 2ème partie du sujet: ce ne sont plus des "si", mais des spéculations pensées à partir d'autres spéculations. On peut vraiment dire n'importe quoi. Je m'en tiendrai à la simple uchronie au 1er degré.

  10. Un petit correctif sur la répartition du budget: les soldes, pensions et revenus pèsent beaucoup plus qu'avant sur le budget chinois. C'est le prix d'une montée en qualité: il faut des professionnels, plus expérimentés et qualifiés, surtout dans les armes dites techniques (marine, aviation, artillerie, informatique, satellites, renseignement....). Le coût de la formation a grimpé en flèche continue (et ils ne sont pas encore dans l'optique d'une armée "numérisée"!!). De plus, la concurrence du privé sur la main d'oeuvre qualifiée est désormais une dure réalité en Chine. Hors, la main d'oeuvre qualifiée est une ressource rare, aussi en Chine, à l'échelle des besoins du privé, du public, de l'armée et de l'émigration qui sont leurs destinations possibles. Et même hors des ingénieurs (rappelez-vous qu'en Chine, ce terme s'applique aussi à des techniciens, certes bon, mais loin des critères minimum pour définir l'ingénieur en occident), techniciens et gens qualifiés en tout genre, savoir lire, écrire, compter, comprendre, ou se servir un minimum de l'informatique est aujourd'hui nécessaire dans un armée moderne; et ces qualifications minimales se valorisent déjà bie dans une Chine en pleine expansion, mais où les taux d'alphabétisation et de formation sont, à l'échelle de ce pays-monde, réduits, et vont se réduisant (il y a plus de fric pour la formation, mais de plus en plus concentré sur une partie réduite de la population, efficience oblige; les campagnes et petites villes perdent leurs écoles à vitesse grand V). Tout cela pour dire que, avec en plus une pyramide des âges s'alourdissant gravement au sommet, la recrue moyenne va coûter de plus en plus cher aux Chinois, et la recrue de choix encore plus; et pour attirer, des retraites plus conséquentes seront nécessaires, ainsi que divers avantages, même minimes, en termes de logement... Et à côté, les coûts de formation suivront mathématiquement les coûts d'investissement croissants nécessaires à une armée technicisée.

  11. On peut toujours demander à un libraire de la commander; un exemplaire suffit pour s'abonner. Elle vaut vraiment le détour, surtout par rapport aux revues aseptisées et sans surprises. Mais c'est avant tout un mag sur nos frangins les fantassins (paras, mécas, moto, alpins, marsouins...); pas un généraliste. C'est le mag de l'armée, la vraie... [08] Quoi, je suis de parti pris?! Et alors?

  12. Il ne faut pas forcément aller direct au plus pitoyable et méconnu: prenez John Woo et ses "syndicat du crime" 1, 2 et 3. Jeu d'acteurs pourris, flingues à munitions infinies, clichés à vomir, attitudes pires que caricaturales, personnages blindés au naturel (calcul officiel: un héros, chez John Woo, ne daigne poser un genou à terre qu'après avoir pris sa seizième balle dans le corps)... Et le tout se prend très au sérieux. Du grand, du beau, du fort. Et vraiment beaucoup de rire. Mais bon, faut pas trop entrer dans les films de Hong Kong; c'est un poil trop facile. A côté de ça, Furtif est un sérieux prétendant au titre jusqu'ici immanquablement détenu par les "Aigle de Fer" (Y'en a 4???!!!! J'm'étais arrêté à 3). Un oubli dans les mauvais films de guerre (et violence): les suites des films bons ou moyens: comment gâcher les bons souvenirs. Exemples: "l'ouragan vient de Navarone" (après "les canons de Navarone": moins de budget, des acteurs bon marché....). Ou encore la suite des 12 salopards (pratique: on garde Lee Marvin, et il recrute 12 autres nuls). Et puis, militaire aussi, la plupart des films de chevaliers (Ivanhoé et consorts): surjoués, mal colorisés, costumes ridicules, épées en alu, combats qu'un gamin de 4 ans trouverait pas réalistes... Je préfère encore me mater Papa Schultz (très instructif sur la 2nde GM) et Buffy, tiens...

  13. Bien... Au moins, on va pas gaspiller des hommes des opés spéciales dans du travail d'infanterie légère sur la durée; je ne diminue pas l'excellence nécessitée par ce travail, mais les unités spéciales sont faites pour les missions spéciales: c'est du chirurgical, à un instant T, en un endroit précis. Dans nos FS, seule la 3ème Cie du 1er RPIMA (spécialité PATSAS) a cette philosophie de l'emploi long. Il suffit juste de voir les SAS gueuler qu'on les gaspille dans ce genre de job (comme ils l'ont fait aux Malouines quand l'Etat Major voulait s'en servir comme de l'infanterie d'assaut). Trop de gens confondent "élite" et "spécial". Pour ce boulot en Afghanistan, les régiments paras et de montagne sont les plus indiqués.

  14. En même temps, le Vextra n'a pas été inutile, puisque c'est sur sa caisse (moteur, roulements, trains...) que le VBCI est basé. Quoiqu'on puisse dire du VBCI, le véhicule proprement dit est excellent. Que la tourelle emmerde du monde, je le comprends tout à fait; mais le châssis est sans doute le meilleur actuellement. La seule critique qu'on puisse lui opposer, c'est celle qu'on fait aux principe même de la roue contre la chenille.

  15. "Encerclés et battus?? Combien étaient-ils ces Gaulois? - Ben, ils étaient un - Et pas bien gros avec ça" Des légionnaires rendant compte à leur centurion après une altercation avec un irréductible gaulois à moustaches jaunes.

  16. Les grandes périodes de l'armée au XXème siècle: - 1916-1929: en 1916, les grands schémas tactiques sont adaptés (même si des généraux sont encore sur le point de faire quelques conneries), le matériel s'est adapté à la guerre moderne, la production industrielle prend son rythme de guerre (notamment l'aéronautique), l'artillerie lourde a rattrapé son retard et les hommes sont au top de leurs qualités guerrières. L'après-guerre est l'armée idéale sur les principes de laquelle aurait pu être empêché 1940: des chars, des avions, des canons lourds, une doctrine de mouvement revenue, des schémas tactiques pertinents (troupes d'assaut spécialement équipées, sur modèle des SturmTruppen allemandes, formations de chars autonomes chargées d'exécuter des percées, entraînées à agir en coordination avec une artillerie très puissante ET souple), une priorité accordée aux nouveaux matériels (notamment la TSF, les radios, qui feront cruellement défaut en 1940) et un général en chef (Foch) qui a totalement revu sa position sur la plupart des nouveaux matériels (aviation en tête). Cette armée dure jusqu'à la fin de la décennie, mais sa mort est survenue en 2 temps: la mort de Foch, d'abord, a laissé l'Etat-Major et l'Ecole de Guerre au lobby des vieilles barbes, Pétain en tête. Locarno ensuite, a définitivement empêché la poursuite d'un schéma stratégique offensif au profit de l'enterrement défensif (et donc de toute la politique matérielle et doctrinale qui a suivi), en échange d'une hypothétique garantie des frontières orientales. Locarno a de plus vidé de sa substance toute la politique d'alliances avec l'Europe Centrale et orientale en condamnant l'armée à la défensive, sans pouvoir réellement soutenir offensivement nos alliés. - 1944-années 60: l'armée des corps expéditionnaires. Certes, cette armée eut de grands manques, surtout en Indo; mais quel potentiel humain! Les meilleurs hommes de cette génération: volontaires de la Guerre, résistants, hommes nouveaux.... L'une des périodes les plus brillantes de l'analyse stratégique, faite par toute une génération de soldats venant de multiples horizons, et pas seulement du sérail. Les vieilles barbes foutues dehors! Des officiers venant en grande partie de la gerre, soit par promotion de combat, soit issus du rang. Et toute la doctrine matérielle revue au goût du jour, rapidement adaptée, suivie par une volonté politique continue (moins ferme dans la conduite des conflits cependant), et encourageant l'innovation et les tentatives. Après les insuffisances matérielles de l'Indo, les erreurs sont corrigées. Et, pour le meilleur et le pire, rarement l'armée a été autant sollicitée sur une si longue période: bataillons paras en tête, elle est terriblement expérimentée, et extrêmement bien formée. De l'Indo à l'Algérie, de l'Afrique à Suez en passant par la Corée, sans compter les campagnes de la 2ème guerre mondiale, c'est l'un des outils militaires les plus aguerris que la France ait jamais eu.

  17. Si on entre dans la petitesse des arguments de campagne et la réalité de l'après-élection, on peut aussi dire qu'avant l'élection, les socialistes ont tout intérêt à dire qu'ils arrêteront le PA pour glaner 2-3 pacifistes et démagogues, pour le garder après en se vantant de l'aspect de relanceur de la construction européenne, du projet industriel, des retombées d'emploi... Au cas où personne ici ne l'aurait remarqué, l'opinion publique (qui n'est pas la même chose que le peuple) n'en a pas grand-chose à foutre du PA, ni dans un sens, ni dans un autre. La politique de défense a à peine été mentionnée dans les débats, et les commentaires qui ont été faits sur les débats socialistes n'en parlaient déjà plus 2 jours après, mais continuaient à gloser du reste. Quelle que soit la décision, elle peut se vendre médiatiquement suivant qui contrôle les médias à un moment. Qui plus est, le ressort de prestige international, et le lobby pro-PA dans les grands partis (notamment Chevènement), que j'ai déjà mentionné plus haut, sont des variables très fortes. Pour ce qu'on peut en savoir à l'heure actuelle, il n'est pas dit qu'une majorité de gauche n'aurait pas plus de chance de faire le PA que Sarkozy. ON NE SAIT FOUTRE PAS QUELLES SONT LES VRAIES PROPORTIONS DES POUR ET DES CONTRE AU SEIN DES PARTIS, et quels seront les résultats des législatives qui suivront les présidentielles. Là se feront les arbitrages.

  18. Clairement pas fait pour le combat urbain! Et un peu maousse pour faire joujou en forêt: c'est strictement fait pour le désert (pas trop bosselé) et les plaines? Et ça fait quand même un gros machin pour porter si peu d'armes. Du coup, il peut emporter combien de troufions? Et y va à quelle vitesse (parce que c'est le seul truc qui puisse compenser le faible rapport flingue/mètre carré)?

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