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Messages posté(e)s par Shorr kan

  1. Il y a 14 heures, loki a dit :

    A propos de celui-ci :

    https://www.mediapart.fr/journal/international/091223/vincent-lemire-les-moments-historiques-tragiques-creent-des-espaces-de-politisation-inedits

    VincentVincent Lemire est professeur d’histoire à l’université Gustave-Eiffel Paris-Est, ancien élève de l’École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud (1994), agrégé d’histoire (1998), docteur en histoire (2006), ancien directeur du Centre de recherche français à Jérusalem (CNRS-MAE) entre 2019 et 2023 et directeur du projet européen www.openjerusalem.org.

    Il a notamment publié La Soif de Jérusalem. Essai d’hydrohistoire (1840-1948) (Éditions de la Sorbonne, 2010) ; Jérusalem 1900. La Ville sainte à l’âge des possibles (Armand Colin 2012, réed. Points Seuil 2016) ; Au pied du Mur. Vie et mort du quartier maghrébin de Jérusalem (1187-1967) (Seuil, 2022) et une Histoire de Jérusalem en bande dessinée aux éditions Les Arènes (2022), en cours de traduction dans une dizaine de langues, dont l’arabe et l’hébreu.

    Pour Mediapart, il revient, deux mois après les attaques du 7 octobre, sur l’histoire dense et les projections possibles de la guerre en cours. 

    Pourquoi Gaza est-elle le pivot de la résistance palestinienne et le cœur du conflit actuel ?

    Aujourd’hui, 80 % de la population de Gaza est composée de réfugiés ou de descendants de réfugiés. Gaza, c’est un modèle réduit de la Palestine : les villes, les camps, les quartiers sont structurés en fonction des régions d’origine des réfugiés palestiniens.

    À cela s’ajoute une très forte tradition d’autonomie et de résistance, qui a fait de Gaza un verrou stratégique dans toutes les conquêtes de l’histoire, qu’il s’agisse de l’armée romaine au premier siècle de notre ère, des Britanniques en 1917 (qui doivent s’y reprendre à trois fois pour conquérir la ville), de l’armée israélienne qui y mène une longue incursion en 1956-1957 avant d’évacuer la zone, ou de cette même armée israélienne qui met plus de quatre ans, entre 1967 et 1971, pour en reprendre le contrôle.

    En fait, Israël n’a jamais su quoi faire de Gaza. Elle y a d’abord installé des colons, mais en relativement petits nombres, avant de s’en retirer unilatéralement en 2005. L’Égypte elle-même n’a fait qu’administrer la bande de Gaza après 1949, elle s’est toujours refusée à l’annexer, à la différence de ce qu’avait fait la Jordanie avec la Cisjordanie, au même moment. Aujourd’hui, la bande de Gaza est une agglomération d’immenses camps de réfugiés, ce qui en fait un imprenable îlot de résistance. D’un point de vue sociologique, la résistance palestinienne s’est toujours structurée dans les camps de réfugiés, comme on le voit aussi à Jénine en Cisjordanie. Les populations déracinées sont plus disponibles pour la lutte armée que les populations enracinées et encadrées par des logiques familiales ou claniques.

    Mais, après les massacres du 7 octobre, après le déplacement forcé de plus de 1,5 million de Gazaouis du nord vers le sud, avec l’intensification actuelle de l’offensive dans le Sud, toute cette longue histoire de Gaza a basculé dans autre chose : le vrai enjeu, dans les jours qui viennent, c’est de savoir si la situation humanitaire va devenir à ce point catastrophique qu’elle obligerait l’Égypte à ouvrir ses frontières, comme Israël en fait probablement le pari, en rendant la situation tellement impossible et effroyable pour les Gazaouis que cela force la main de l’Égypte sous la pression internationale.

    C’est le plan israélien d’une seconde « Nakba » [la « catastrophe », l’exode palestinien de 1948 – ndlr], explicitement exprimé ces jours-ci à l’extrême droite du spectre politique. Et de fait, d’un point de vue historique, l’usage du terme nakba n’est pas exagéré : en 1948, le premier exode a concerné 750 000 Palestiniens ; aujourd’hui, on parle de 2,3 millions de Palestiniens menacés d’expulsion à Gaza.

    Ce plan de l’extrême droite israélienne a peu de chances de se réaliser, car l’Égypte est le seul pays de la région à n’avoir jamais accepté de camps de réfugiés palestiniens sur son sol, contrairement à la Syrie, la Jordanie ou le Liban. Elle n’y est pas plus disposée aujourd’hui, d’abord sur le plan sécuritaire parce qu’elle ne veut pas abriter les futurs camps d’entraînement du Hamas, affilié aux Frères musulmans qui sont les ennemis du régime égyptien actuel ; et puis, sur le plan politique et historique, parce qu’elle sait qu’aucun réfugié palestinien, après avoir été soi-disant provisoirement établi dans un camp, n’est jamais rentré en Palestine.

    Le Hamas a baptisé son attaque du 7 octobre « Déluge d’Al-Aqsa », ce qui nous ramène à Jérusalem, que vous qualifiez d’« œil du cyclone » du conflit actuel. Pour s’extraire de cette actualité dramatique, à quelles conditions pourrait-on imaginer que « Jérusalem 2100 » ressemble à votre livre « Jérusalem 1900 », dans lequel vous exhumiez les éléments d’une possible « histoire partagée » ?

    Jérusalem n’a jamais été le véritable verrou du processus de paix. C’est un sujet moins difficile que celui des réfugiés côté palestinien, ou des colonies côté israélien. En réalité, c’est le vocabulaire anglo-saxon des négociations d’Oslo qui en a fait une impasse, en préférant la notion de « partition » à celle de « partage », c’est-à-dire en privilégiant une logique de séparation sur une logique de coordination.

    Pourtant, à l’échelle de Jérusalem, cette logique de séparation est impossible à réaliser parce qu’elle est concrètement impraticable. Pour y parvenir, il faudrait tracer de nouvelles lignes de démarcation dans des espaces où tout s’entrecroise : entre les quartiers, les rues, les bâtiments, les étages des bâtiments, la souveraineté sur le sous-sol, sur la surface et dans les airs, etc.

    À l’échelle urbaine, cette logique est effrayante, avec des barbelés horizontaux entre les étages des bâtiments comme on le voit à Hébron, avec des miradors, des check-points, des armements un peu partout : toutes choses dont on a vu les limites sécuritaires le 7 octobre.  

    En se focalisant sur cette volonté de faire coïncider la carte d’identité et le territoire, on est certain de ne jamais y arriver… ce qui était d’ailleurs peut-être le but recherché ! Mais si on remplace la logique de partition par une logique de partage, alors Jérusalem devient au contraire la matrice d’un horizon atteignable, à savoir la capitale de deux États, ce qui est la position de la diplomatie européenne.

    Concrètement, pour Jérusalem, cela supposerait une extension du périmètre de compétence de la municipalité, pour que cette institution représente véritablement les intérêts de tous ses habitants, y compris les 40 % de Palestiniens, et une extension du périmètre territorial de la ville vers l’est, en y intégrant notamment Abou Dis où se trouve l’ex-futur Parlement palestinien bâti par l’Autorité palestinienne et qui existe toujours.

    Il faut souligner que toutes les grandes institutions nationales israéliennes – la Knesset, la plupart des ministères, la Banque centrale – se trouvent très à l’ouest des murailles de la vieille ville, puisque c’était le seul territoire disponible lorsque les autorités israéliennes ont fait de Jérusalem leur capitale, en 1950. De ce fait, les institutions nationales palestiniennes auraient toute latitude pour se déployer à l’est de la ville, comme en miroir. On a bien des exemples de capitales qui sont à la tête d’entités différentes, par exemple avec Bruxelles (Europe, Belgique, provinces…). Jérusalem pourrait remplir ce rôle, et faire coexister des citadins ayant des cartes d’identité différentes.

    Quand le projet d’une coexistence judéo-arabe en Palestine a-t-il déraillé – ou inversement, quand celle-ci aurait-elle pu se matérialiser ?

    Le premier rendez-vous manqué avec l’histoire, c’est 1947. L’été de cette année-là, les Britanniques annoncent qu’ils quitteront la Palestine en mai 1948 et remettent donc aux Nations unies le mandat qu’ils avaient reçu de la Société des Nations trente ans plus tôt et qu’ils n’arrivent pas à honorer. Après la Première Guerre mondiale et la chute des empires, austro-hongrois et ottoman, on avait prétendu appliquer les 14 points du président Wilson, et notamment le droit à l’autodétermination des peuples, mais en considérant que certains de ces peuples n’étaient pas assez « mûrs » pour cela et en les confiant alors à une tutelle coloniale.

    La Grande-Bretagne, pour administrer la Palestine, n’avait même pas créé une entité ad hoc, elle avait confié cette tâche au Colonial Office qui y appliquait les mêmes méthodes brutales que dans ses autres colonies, tout en prétendant travailler à l’éclosion du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Tout cela dans un cadre intellectuel étroit issu de l’histoire de l’Europe occidentale qui considère alors que chaque « nation » doit obtenir son État. Cette démarche contradictoire aboutit au constat d’échec dressé en 1947.

    La question de la Palestine constitue alors le premier grand dossier de l’ONU, au moment où il faut décider que faire de ce mandat confié à la Grande-Bretagne sur le territoire en 1917 : un mandat qui a été lui-même structurant dans la fondation de la Société des Nations (SDN). Au-delà du fait que la Palestine soit le berceau des trois grands monothéismes (plus de 50 % de l’humanité aujourd’hui), cela explique que ce qui s’y passe concerne à ce point ce qu’on appelle la « communauté internationale », car tout y est corrélé à la notion même de « droit international ».

    En 1947, un comité spécial des Nations unies sur la Palestine propose deux options : un État fédéral binational assurant l’égalité des droits entre Arabes et juifs et l’unité économique du territoire, ou bien une partition en deux États. Les organisations sionistes font en sorte que cette option de l’État fédéral ne soit pas mise au vote, à une époque où les juifs représentent environ 15 % de la population de la Palestine historique et possèdent seulement 10 % du sol. Ce qui est mis au vote, c’est un projet de partition territoriale offrant 55 % des terres au futur État juif de Palestine et 45 % à l’État arabe de Palestine. Chacun sait pertinemment quelles seront les réactions des parties en présence.

    En effet, quelle entité politique accepterait de passer de 92 % de la terre à 45 %, en signant un plan de partage ? La première guerre israélo-arabe se produit donc en toute logique et impose une ligne de cessez-le-feu qui octroie à Israël 78 % de la Palestine mandataire pour 22 % aux Palestiniens, à savoir la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est.

    L’autre rendez-vous raté, c’est le processus Oslo, dans les années 1990. En préalable, on exige un aggiornamento majeur de la part des Palestiniens, qui acceptent de ne plus revendiquer toute la Palestine historique mais seulement 22 % de celle-ci, en reconnaissant l’existence d’Israël dans les frontières issus du cessez-le-feu de 1948.

    Alors que la charte de l’OLP de 1964 prévoyait un État palestinien indépendant de la mer au Jourdain, l’OLP opère donc au début des années 1990 un tournant historique fondamental. Il faut noter que cette évolution arrive juste après la première Intifada, ce qui rappelle que les périodes d’insurrection ne sont pas incompatibles avec les périodes de négociation, au contraire. En tout cas, la déception des Palestiniens est à la mesure de la concession historique qu’ils ont opérée : les Israéliens, avec le soutien tacite des États-Unis, sabordent l’esprit des accords d’Oslo en cherchant à s’approprier toujours plus de territoires en Cisjordanie.

    C’est sans doute l’erreur historique des Israéliens au moment d’Oslo : plutôt que de s’assurer du contrôle définitif de 78 % de la Palestine mandataire, ce qui leur aurait garanti une paix globale avec l’ensemble des pays de la région, ils ont voulu pousser leur avantage grâce aux colonies, au risque de fragiliser ce qui constituait le cœur du projet sioniste, un refuge sûr aux frontières stables et reconnues.

    On fait aujourd’hui porter beaucoup la responsabilité de la situation actuelle sur les ministres suprémacistes et messianistes Itamar Ben Gvir ou Bezalel Smotrich. Même des inconditionnels d’Israël comme Alain Finkielkraut voient dans leur présence au gouvernement une « honte ». Leur départ, s’il est sans doute une condition préalable à toute évolution positive, suffirait-il à dessiner une solution ?

    De même que le Hamas du côté palestinien, Ben Gvir et Smotrich doivent être perçus comme les symptômes d’une situation politique dysfonctionnelle qui laisse la place aux plus extrémistes. Pour autant, n’y voir que des symptômes parmi d’autres, ou des anomalies dont il serait possible de se débarrasser facilement, fait obstacle à la réalité.  

    Il faut faire une distinction entre racisme et suprémacisme. Une société peut vivre avec une certaine dose de racisme. On ne s’aime pas, on ne se respecte pas, on ne se parle pas, mais la puissance publique prévient la majorité des passages à l’acte et régule les relations.

    L’horizon suprématiste est totalement différent, surtout s’il est au pouvoir. On passe du « je ne t’aime pas » au « je te supprime », « je t’expulse » ou « je t’extermine ». Aucune société humaine ne peut vivre avec, en particulier à la tête de l’État, des gens qui considèrent qu’ils peuvent supprimer tous ceux qui ne vont pas dans leur sens, qu’il s’agisse de Yitzhak Rabin en 1995 ou des Palestiniens aujourd’hui.

    À cela s’ajoute la dimension messianique. On parle aujourd’hui beaucoup de « course à l’abîme », mais pour ces acteurs, la fin des temps n’est pas un problème, au contraire, c’est la solution. Pour les évangéliques chrétiens, il faut que tous les juifs retournent en terre d’Israël pour que l’apocalypse et le jugement dernier adviennent. Pour les messianistes juifs, il faut hâter la fin des temps pour permettre l’arrivée du Messie. Notons que les combattants du Hamas se situent eux aussi dans cette même dimension eschatologique. C’est très compliqué pour nous de penser une rationalité si différente de la nôtre, d’imaginer cette attente de la fin des temps, ce désir d’apocalypse. Mais il le faut, car ces pensées délirantes fabriquent du réel bien concret, des projets, des mobilisations, des guerres, des massacres.

    La présence au pouvoir en Israël de suprémacistes et de messianistes change donc profondément les coordonnées politiques, mais on ne la comprend pas sans l’inscrire dans un temps plus long et sans impliquer d’autres acteurs dans l’équation, notamment la droite israélienne « classique ».

    L’évolution socio-démographique israélienne qui a engendré la situation actuelle est profonde et en partie souterraine. Quand Yigal Amir assassine le premier ministre Yitzhak Rabin en 1995, on a tendance à en faire un monstre isolé, sans se rendre compte qu’il a derrière lui une masse démographique et une armée idéologique structurée. En réalité, ceux qui ont armé Yigal Amir étaient déjà nombreux et ils sont aujourd’hui au cœur du gouvernement.

    Une autre erreur d’analyse assez répandue est de considérer cette histoire comme un processus linéaire, une histoire de kibboutz laïc et de sionisme progressiste qui aurait déraillé au profit d’une droite religieuse ethno-nationaliste qui a au même moment le vent en poupe ailleurs dans le monde.

    Il y a pourtant, dès les origines du mouvement sioniste, les ferments de ce à quoi on assiste aujourd’hui. Vladimir Jabotinsky (1880-1940), qui est une référence explicite de Nétanyahou et possède une avenue à son nom à Tel-Aviv et à Jérusalem, juge d’emblée que les kibboutz, l’agriculture, la renaissance de l’hébreu, le sionisme culturel, c’est bien gentil, mais que ce sera insuffisant pour donner naissance à l’État d’Israël. Jabotinsky martèle qu’il existe en Palestine une population autochtone qui n’acceptera jamais de se voir déposséder de sa terre, et qu’il faudra donc l’expulser, par la force. Pour ce faire, il organise dès les années 1920 des milices paramilitaires qui sont les ancêtres directs des groupes de colons aujourd’hui surarmés par Itamar Ben Gvir.

    Quant au rabbin Abraham Kook (1865-1935), sa doctrine et son parcours rappellent que la jonction historique à laquelle on assiste aujourd’hui entre le sionisme ethno-nationaliste et une partie du monde ultra-orthodoxe a des racines profondes, bien avant la proclamation de l’État d’Israël. Aujourd’hui, leurs adversaires accusent à bon droit Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich de mettre en péril les juifs d’Israël et donc de dévoyer le projet sioniste originel, mais ces derniers peuvent se targuer de puiser eux aussi dans des matrices idéologiques anciennes.

    Avec une telle histoire et dans un tel moment, les discussions sur une solution à un ou deux États peuvent-elles être autre chose que cosmétiques ?

    D’abord, on doit se méfier d’une tendance à présenter le problème israélo-palestinien comme « insoluble », parce que cela permet de se déresponsabiliser. C’est immoral, mais c’est aussi très dangereux. Dans cette perspective, la solution à deux États serait impossible parce qu’il y a maintenant 750 000 colons, dont une partie surarmée, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, et qu’on se souvient qu’il a fallu 24 000 soldats pour évacuer les 8 000 colons de Gaza en 2005.

    La solution à un État serait impossible, au motif que Palestiniens et Israéliens sont arrivés à un niveau inédit de rage et de désir de vengeance, encore plus depuis les massacres du 7 octobre d’un côté et l’écrasement de Gaza de l’autre.

    Cet horizon occulté, en forme de double aporie, constitue bien un piège moral et politique. En réalité, l’État unique existe déjà de facto puisque, de la mer Méditerranée au Jourdain, il n’existe qu’une seule armée (l’armée israélienne), une seule monnaie (le shekel israélien) et une seule frontière internationale, contrôlée par Israël.

    Cet État binational de facto est bien sûr investi différemment par l’extrême droite israélienne et par la jeunesse palestinienne. Les premiers se projettent dans un État d’apartheid, alors que les seconds imaginent pouvoir se battre pour l’égalité des droits.

    Ces deux camps travaillent donc dans des directions opposées mais on ne peut pas dire aujourd’hui que personne ne pense et ne travaille l’avenir. Pour l’extrême droite israélienne par exemple, le terme de nakba, qui a longtemps été un tabou, est désormais un slogan.

    Un tout autre projet existe au sein de la gauche radicale israélienne, mobilisant y compris des Palestiniens d’Israël, celui dit « Two States, One Homeland », qui envisage deux États, de part et d’autre de la ligne de cessez-le-feu de 1949-1967, mais qui autoriserait d’un côté les colons israéliens à demeurer sur le territoire de l’État palestinien, et de l’autre les réfugiés palestiniens à revenir s’établir en Israël.

    Dans ces conditions, les 7 millions d’Arabes palestiniens et les 7 millions de juifs israéliens qui vivent aujourd’hui entre la mer Méditerranée et le Jourdain seraient tous représentés, protégés et contrôlés par une entité étatique stable, représentative, efficiente et reconnue, sans forcément habiter sur son sol. On comprend pourquoi, pour les militants du mouvement « Two States, One Homeland », l’Europe représente un modèle extraordinaire dont il faut s’inspirer.

    Pour finir, la mainmise des colons suprématistes sur le gouvernement israélien est-elle un horizon indépassable ? Un ancien ambassadeur d’Israël en France comme l’historien Elie Barnavi va jusqu’à évoquer une guerre civile…

    Il y a aujourd’hui un choix historique de leadership qui se pose pour les Palestiniens comme pour les Israéliens. Mais les premiers ne peuvent qu’espérer la libération du « Mandela palestinien » par les autorités israéliennes, Marwan Barghouti, alors que les seconds peuvent voter.

    Rappelons d’abord que les moments historiques les plus tragiques créent des espaces de politisation inédits. Aujourd’hui, il y a sans doute trop d’émotion et de rage de part et d’autre pour que nos capteurs habituels fonctionnent correctement : nos grilles de lecture héritées des séquences précédentes se sont effondrées comme un château de cartes. En Palestine, on ne voit pas comment l’ascension du Hamas pourrait être freinée, et en même temps tout indique que si Marwan Barghouti était libéré demain, il remporterait les élections haut la main, à la fois contre les affidés de Mahmoud Abbas et contre le Hamas. Car les Palestiniens sont aujourd’hui face à un risque véritablement existentiel.

    De même en Israël, on ne voit pas qui pourrait freiner l’ascension de l’extrême droite, car la gauche a trop longtemps voulu croire que l’assassin d’Yitzhak Rabin était un marginal isolé. Mais c’est le cœur du projet sioniste qui est aujourd’hui atteint, alors qu’il se trouvait au centre des manifestations de ces derniers mois, qui jugeaient que ce gouvernement était incapable d’assurer la sécurité d’Israël. Là encore, c’est bien un risque existentiel qui était et qui est dans tous les esprits.

    Partant de ce constat, Elie Barnavi, historien des guerres de religion en Europe, évoque la possibilité – ou la nécessité – d’une « guerre civile », au cours de laquelle « le sang coulera », pour réussir à désarmer les colons les plus radicaux de Cisjordanie. On n’en est pas là, bien sûr, ce n’est même pas le chemin qui se dessine, mais cette prise de parole surprenante, de la part d’un diplomate israélien modéré, révèle cependant un point fondamental : la guerre actuelle, qui fait peser un risque existentiel pour les deux peuples – risque existentiel à court terme pour les Palestiniens, risque existentiel à moyen et long terme pour les Israéliens –, fait bouger les lignes, à un rythme jamais vu au cours de ces dernières décennies. Ce constat ne doit nous rendre ni optimistes ni pessimistes ; il doit seulement nous faire admettre que le champ des possibles s’est soudain élargi devant nous, pour le pire ou pour le meilleur.

     

     

    Une vraie bouffé de bon sens !

    • Upvote (+1) 4
  2. il y a 32 minutes, Yoram a dit :

    Je sais pas mais je te trouve très très affirmatif.

    Nous avons très peu d’infos vérifiées si ce n’est le nombre de mort total que semble corroborer les 2 parties (et non pas la répartition homme/femme/enfant du Hamas).

    Le fait est que Tsahal est dans Gaza, avec très peu de morts par rapport à ce qu’on s’attendait, très peu de vidéos du Hamas circulent.

     

    Il faut le reconnaître : une quinzaine de milliers de morts pour un tonnage de bombes balancé équivalent à celui sur Hiroshima ........Tsahal a bien du mérite !

     

    Révélation

     

    quality-work-thumbs-up-0435b4ia2g835r69.

    Chapeau l'artiste !

     

     

     

    « « Achtung ! Ironie » » Ayant utilisé cette substance à une dose qui peut être létale , il faut mettre en garde contre une exposition trop prononcée, sait-on jamais…

    • Haha (+1) 2
  3. il y a 34 minutes, Yoram a dit :

    C’est marrant parce que

    - Vous avez une opinion très proche de celle du Hamas pour la plupart, à la limite (pour être soft) de l’apologie du terrorisme. 

    - La moindre réflexion décrivant simplement les actions israéliennes ou un avis sur une situation vaut une flopée de réflexions désagréables personnelles.

    Un modérateur pour modérer un administrateur ? 

     

     

     

     

    Quoi ? Tu ne savais pas que la plupart des membres de AD étaient membres du HAMAS ?

    En fait, même les modos en font partie, si, si !

    Tu veux que je te montre ma carte d'adhèrent ?

     

    • Haha (+1) 2
  4. à l’instant, Ciders a dit :

    Le Parti est le prolongement du petit peuple paysan et prolétarien. Il est naturellement frustre car proche des valeurs de la terre et de l'usine. Toutes les rumeurs propagées sciemment par des contre-révolutionnaires et des officines aux ordres de l'ennemi capitaliste apatride et vaguement levantin sur un supposé enrichissement des serviteurs du peuple ne sont que de basses attaques destinées à saper la cohésion de l’État.

      Masquer le contenu

    Les Miliciens du Commonwealth, les seuls vrais communistes de Boston !

     

    Hum....Là, je crois qu'on va devoir embaucher un exorciste.

    • Haha (+1) 2
  5. il y a 4 minutes, Ciders a dit :

    Le Parti ne doute jamais. Le doute n'est inscrit nulle part dans ses statuts. Celui qui en doute sera amené à comparaître devant la justice populaire. Alors ne doutez pas - JAMAIS - de la bienveillance du Parti qui lui seul sait ce qui doit être fait, par qui et pourquoi.

     

    Raisonnement un peu frustre, mais qui a pour lui d'être particulièrement "ergonomique"...

     

    Révélation

     

     

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    J'approuve !

     

     

  6. il y a 10 minutes, Hypsen a dit :

    Quel est l'intérêt pour les Américains de nous aider ? Partager le fardeau nucléaire ?

     

    - Coté fusées sondes, les américains commercialisent des solutions prêtes à l'emploi. C'est un marché -presque- comme un autre.

    - Pour ce qui est des recherches sur l'hypersonique, Ils ont aussi besoin de remonter la pente - ils ont une logue série de tests infructueux- et ils ne dédaignent pas des collaborations sur le sujet. Ils sont déjà en cheville avec les australiens et les japonais qui buchent sur ce sujet. 

     

    • Upvote (+1) 1
  7. il y a 1 minute, olivier lsb a dit :

    Mais tu peux comprendre quand même qu'à leur place aux Baltes, s'ils repassent sous influence Russe, les droits civiques seront à nouveau à géométrie variable, et à leur détriment. 

    Et qu'à choisir, mieux vaut des droits à géométrie variable pour les minorités au sein de l'UE, que des droits à géométrie variable pour la majorité Balte, sous domination Russe. Mais à la fin de Diou ! Les gens se protègent comme ils peuvent quand ils sont que 6 millions à 3 pays et sans nuke, en jouant les règles acceptées (au sein de l'UE), donc il est où le problème ? Comment peut-on sincèrement le leur reprocher ? Vraiment, j'essaie de comprendre. 

    Je crois que les nombreuses déportations en cours, mouvements de population si t'as pas de passeport Russe dans les territoires occupés etc... parlent d'eux même et résonnent terriblement dans les territoires ex URSS. 

     

    ça ne m'intéresse plus. Bonne nuit.

  8. il y a 2 minutes, Obelix38 a dit :

    Et une installation "multistatique" pourrait fonctionner ? (quelques sources "simples" et un récepteur)

     

    Sachant que l'émetteur et le récepteur sont très proches, mais physiquement séparés sur les radars à ondes continues, on se demande si le passage au multistatique n'est pas la suite logique. En fait, camarade, c'est la première pensé qui m'ai venu après avoir fini l'article.

    Surtout que l'émetteur est peu couteux/low-tech, mais le récepteur le contraire. Il est donc intéressant d'éloigner le segment réception et de profiter de sa passivité, pour le dérober à la vue de l'ennemi. 

    Mais je ne sais pas ce qui est nécessaire pour réaliser cette architecture. Probablement une synchronisation très précise, genre avec une horloge atomique.

     

    • J'aime (+1) 1
  9. il y a 18 minutes, olivier lsb a dit :

    L'UE je pense en sait un peu plus que toi (nous) sur la question, et n'a pas trouver matière à redire, c'est un fait. Donc on va le répéter: la minorité en question est étrangère au pays d'accueil. Et elle n'est absolument pas privée de droit: ils peuvent travailler, aller à l'Eglise de leur choix y compris celle qui a une forme de Mosquée, avoir accès aux soins dans les mêmes conditions que les Lettons, être propriétaires, exprimer leurs opinions, ne pas être poursuivi pour celles-ci, manger de la salade Russe, péter en cyrillique etc...

    Seules certaines professions leurs sont interdites, celles qui sont régaliennes. Et le droit de vote idem. Mais que l'on me dise à la fin où est le drame dans cette situation ? C'est celle de millions d'étrangers installés dans l'UE et parfois depuis longtemps.

    Ils sont étrangers dans ce pays, même s'ils y vivent depuis 30 ans. On en trouve aussi en France, je ne comprends pas où est le drame mais je prendrais très mal qu'un Allemand où un Grec me dise quels droits accorder aux minorités vivant en France. Ou articule toute son action diplomatique autour de ce qu'il pense que je devrais faire sur la question.... Ca n'est pas çà le respect des souverainetés. 

    C'est bien le problème du piège Russe, doublé d'une pose en cheval de Troie quand la communauté est installée à l'étranger. Peut pas en vouloir aux Baltes d'être méfiants sur ce point, les exemples sont légions. 

    Ce n'est pas simplement de droits dont on parle, c'est de naturalisation et donc de droit de vote national. Quand on voit les compromissions et trahisons des pantins du Kremlin, élus en Ukraine dans le passé, en Géorgie et je ne parlerais même pas de celui mal élu en Biélorussie, il suffirait qu'une minorité pro-russe un peu motivée et toujours fidèle à Moscou, "Lettone de papier", fasse basculer une fois les résultats d'une élection pour qu'il n'y ait plus de retour en arrière possible. Couplé aux techniques de guerre hybride, la conquête du pouvoir dans des démocraties libres et ouvertes aux idées et aux informations, c'est devenu un jeu d'enfant pour Moscou. 

    Je reste toujours fasciné par les milliers de déclinaisons de whatboutism qu'on a pu lire sur ce topic. C'en est devenu presque un jeu pour moi, où je tâche de deviner le prochain point "GodWinBlessFuckin'Merica"

    La Lituanie, c'est une frontière avec le reste de l'UE, la seule des trois pays Baltes, et autour de 10% de minorité Russophone. Ce n'est ni le même cul de sac, ni le même enjeu démographique que pour la Lettonie et l'Estonie. 

    Dire que ça détend un peu plus les 2,8 millions de Lituaniens sur la question, par rapport aux 1,8 millions de Lettons, ce n'est pas exagéré. Et ça permet de trouver un autre consensus national.

    Ou les droits civiques sont à géométrie variable, et surtout pas pour tout le monde...

    Merci, mais j'avais déjà compris la première fois.

    Bon, là je crois qu'on a plus rien à se dire sur le sujet. Merci, au revoir.

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  10. il y a 49 minutes, Wallaby a dit :

    OK. Merci.

    Je retrouve l'histoire de la force de Coriolis ici :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Gulf_Stream

    D'autre part, le courant océanique de jet, c'est-à-dire la déviation des vents par la rotation de la Terre ou force de Coriolis, apporte en hiver sur le continent, grâce aux vents d'ouest dominants, de l'air océanique beaucoup plus doux que l'air continental.

    Donc ce serait plus pour l'air que pour l'eau.

    Ah ! La force le Coriolis.......ça me rappel une blague du physicien George Gamow à la revue Nature

    https://fnep.org/blog/2021/05/13/mai-2021-pigeon-vache-mouton-chat-grenouille-ou-demon-letonnant-bestiaire-des-physiciens/

    Révélation

     

    George Gamow (1904 – 1968) est un physicien hors norme né en Union Soviétique et devenu américain en 1940. Véritable touche-à-tout au caractère facétieux, il a eu des contributions considérables dans bon nombre de domaines de la physique. Il a expliqué la radioactivité alpha, travaillé sur la formation de l’univers et celle des étoiles. Il a contribué à l’élaboration de la bombe atomique. Il a même mené des recherches sur l’ADN et la génétique. Hormis tout cela, qui ne lui valut pas le prix Nobel au demeurant, Gamow était un aimable plaisantin qui raffolait de canulars. Il raconte que, quand il était au Danemark, il aimait se promener en campagne et regarder les vaches. Il avait remarqué, disait-il, que les vaches danoises mâchaient dans le sens des aiguilles d’une montre. Plus tard, lors d’un voyage au Brésil, il s’aperçut que les vaches locales mâchaient dans le sens opposé. Gamow rédige alors un article qu’il envoie à la fameuse revue Nature, dans lequel il étudiait la possibilité que la force de Coriolis soit responsable de ce mâchage « hémisphéro-dépendant ». Mais la revue rejeta l’article. C’était en fait une blague de Gamow ! La force de Coriolis peut en effet expliquer que le sens de rotation des vortex des ouragans diffère entre l’hémisphère Nord et l’hémisphère Sud. En revanche elle ne s’applique pas à des phénomènes de bien plus faible ampleur, comme l’écoulement des bondes de baignoire ou le sens de mastication des bovidés !

     

    :laugh::laugh::laugh::laugh::laugh::laugh::laugh::laugh:

     

     

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  11. il y a une heure, Umbria a dit :

     

    C'est facile de parler d'attrition, mais c'est plus compliqué à mettre en place sur le front, d'autant plus quand la guerre se joue sur le territoire de celui qui appelle à l'usure.

    L'attrition implique de laisser à l'ennemi une marge d'initiative pour engager ses forces, alors que pour soi, il doit y avoir une restriction des manœuvres et des effectifs mobilisés. C'est une méthode très dangereuse qui peut très vite tourner contre soi-même.

    ...

     

    Je découvre - et suis étonné !- que toutes sensibilités comprises, vous soyez aussi nombreux à faire grand cas des capacités russes à mener de grandes offensives.

    Pour ma part je reste persuadé que l'armée russe n'avait, n'a et n'aura dans un avenir prévisible, que des capacités limité à mener opérations de grand ampleurs contre l'Ukraine.

     

    il y a une heure, Umbria a dit :

    ...

     

    L'exemple typique est celui de Bakhmut. À force de ne faire que se défendre et de ne pas lancer de contre-attaques, les Ukrainiens ont perdu Bakhmut et les villages alentours. À l'époque, la chute de Soledar avait été vue comme une défaite politique pour le haut commandement ukrainien qui n'avait pas réagi en conséquence : il avait préféré abandonner la ville minière et replier les troupes dans un réseau de tranchées au nord de Blahodatne. À force de ne défendre que les zones fortes de la ville (station de train, site industriel AZOM, quartier administratif), les Ukrainiens ont fini par se faire piéger dans Bakhmut et ont subi eux-mêmes un ratio de pertes défavorable dû à l'artillerie russe et aux lignes de logistiques harcelées. On peut dire que la défaite ukrainienne de cet été est d'ailleurs partiellement due à cette bataille, qui a obligé Zelensky à attendre 2-3 mois de plus que prévu pour régénérer les unités épuisées.

    ...

    L'idée de mener une bataille strictement défensive à Bakhmut, pour saigner l'ennemi, ne semble pas idiote en soi.

    L'erreur de la part des ukrainiens est d'avoir insisté au-delà du point où le "rendement" devenait pour eux décroissant, pour des motifs symboliques.

    Mais bon, je ne connais pas assez bien la bataille pour donner un avis vraiment éclairé dessus. 

     

    il y a une heure, Umbria a dit :

     

    ...

     

    Pointer du doigt la responsabilité de l'Ukraine ou de l'OTAN dans l'échec de la contre-offensive est tâche aisée après que la dite opération fut terminée. Pour autant l'Ukraine a eut largement assez de temps pour se préparer, se fournir en équipement (ils en avaient même tellement assez qu'ils ont avaient envoyé des CV-90 et STRV-122 à Kupiansk :biggrin:) et entraîner les soldats aux quatre coins de l'occident. Des fois, le problème n'est pas dans la préparation mais dans l'exécution de la tâche : la fameuse Maxime dit que "Aucun plan de bataille ne survit au premier contact avec l'adversaire"... c'est dans la maneuvre que les ukrainiens se sont plantés, pas dans la planification.

     

    Dans l'absolu, ils ont eu moins d'un an. C'est peu.

     

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  12. il y a 10 minutes, Rivelo a dit :

    Tu raisonne comme un Français habitué au droit du sol. Va dire à des allemands que les turques non naturalisés qui vivent en Allemagne sont des citoyens comme les autres et tu verras leur tête...

    Pour rappel et mémoire, les "russes" dont on parle sont des immigrés (et leurs descendants) installés en Estonie après la deuxième guerre mondiale, sur des zones frontalières vidées de leurs habitants d'origines jugés non-fiables, par Staline (encore lui). La date limite pour avoir de droit la nationalité, c'est d'être présent sur place avant 1940. Les russophones présents avant cette date (peu nombreux, c'était en grande partie des russes blancs qui ont été purgés) sont estoniens.

     

    Je connais bien la différence avec les pays d'Europe centrale et orientale qui font la différence entre citoyenneté et nationalité, et qui les mettent en porte-à-faux avec les conceptions plus universelles de la citoyenneté en Occident.

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