[Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires]

Dernières news :

Axe Tokmak - Les ukrainiens ont sécurisés les hauteurs de Robotyne (la grosse forêt à l'est), l'artillerie russe tire dessus, mais c'était le point dur de la résistance russe. A priori les russes devraient reculer jusqu'au colline au sud est.
Axe Bilmak - Idem les russes tirent tout ce qu'ils ont sur Staromaiorske ce qui indique que les ukrainiens la contrôle (sûr et certain pour la partie nord, on a des vidéos), ils sont en train de nettoyer le terrain entre Staromaiorske et Urozaine
Axe Bakhmut - Les russes se sont retirés de Klishchiivka et Andrivka. Malheureusement seulement après qu'une unité de VDV aient pris un carton, je ne poste pas les vidéos c'est hors charte, et en gros ils se sont fait massacrés par de l'artillerie.
Les ukrainiens sont en train de nettoyer la zone qui est abondamment minée et piégée. Et couvertes de milliers de cadavres en décomposition des deux camps.

Il y a eu une nouvelle crise avec le haut commandement russe, avec le chef des VDV, le général Teplinsky qui a été limogé par le chef d'Etat major, une espèce de protestation en bloc des troupes des VDV a suivi qui ont obtenu son maintien à la tête des VDV du secteur de Bakhmut ... et ont été expédié à Klischiivka, vous connaissez la suite. assez confus, mais il y a une longue histoire de tension entre Gerasimov et Teplinsky depuis le début de l'opération, et le fait que ses hommes le soutiennent donne une assez bonne indication que la structure des rapports de force féodales se retranscrit aussi dans les rapports internes de l'armée russe.

Axe- Svatove, pas de news de la contre attaque russe mais elle semble s'être immobilisée après ses succès sur la 1ere ligne Ukr.

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Quelques échos sur l'axe Svatove
J'étais prudent hier, OSINT Defender (qui raconte parfois délibérément n'importe quoi) rapportait que les russes avaient atteint Borova (au bord de l'Oskil, sur l'axe de Svatove). C'est la troisième fois au moins que je le prends délibérément à raconter n'importe quoi, (par ex il annonçait l'effondrement de la France pendant les émeutes du début du mois). Je suis quasi certain maintenant que c'est un compte un peu subtil de désinformation prorusse. Méfiez vous de ce compte.
Les échos que j'ai c'est que la poussée russe sur cet axe s'est arrêtée après la prise du hameau de Novohieorivka et de la première ligne Ukr. Pas de bol pour les russes ils ont pris pied sur un plateau surplombé par une 2e ligne de hauteur fortifiée et des creux de vallée difficile à exploiter.

Dans le secteur de Klishchiivka c'est pire pour les russes, qui continuent d'occuper le village en ruine dont les accès sont sous le feu ukrainien ... qui est littéralement devenu une killbox.

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Les SAM ukrainiens dans le secteur Odessa / Mykholaiv utilisent un panaché de SAM soviétiques, d'après ce que je sais : S-125 Neva/SA-3 Goa fournis par la pologne, et semble t-il un sam ukrainien domestique. peut être l'origine des cubes en tungstènes (ou alors un reste de S-300)

 

à l’instant, Poivre62 a dit :

 J'ai vraiment l'impression qu'il y a beaucoup de 2S7 Pion Russe  détruit ces derniers temps.

Volonté délibéré des Uk de se débarrasser de ce type de canon de gros calibre? Difficulté plus grande à les cacher ou à se faire repérer par la contrebatterie.

Ou alors juste une impression de ma part sachant que je suppose que leur destruction n'est pas forcément beaucoup plus facile à filmer ni que je ne pense pas qu'elle soit plus mise en avant.

Leur portée utile est courte non ? (pas trop d'après wiki)
Tous les canons (y compris OTAN) sont utilisés jusqu'à la corde, quand le canon faibli on diminue la charge donc aussi la portée. Donc on prend beaucoup plus de risques.

J'ai des infos contradictoires sur la contre attaque russe secteur Svatove. (11 juillet à maintenant)
D'un côté (on va dire les nombreux posteurs de cartes et le twitter un peu fiable) les russes auraient percé la 66e brigade ukrainienne à Novohieorivka grâce à leur supériorité numérique. (5 km de profondeur, 15 de large si on en croit Macette Escortet qui a synthétisé les cartographes)
De l'autre (Tom Cooper) est d'accord ils ont aussi un peu avancé mais moins et se sont assez vite arrêté après avoir pris des pertes assez terrifiantes.(mais ses infos date d'il y a quelques jours 19 juillet je crois).
Ils ont aussi capturé un hameau le long de l'Oskil au nord mais idem c'est peu significatif.

Je passe sur les attaques de moindres envergures de part et d'autres mais ça a beaucoup saigné dans les deux camps.

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Il y a 14 heures, Fusilier a dit :

J'avoue ne pas bien comprendre leur manoeuvre défensive. J'aurais pensé qu'ils laisseraient venir jusqu'aux défenses principales (derrière les fossés anti char) et ce n'était pas nécessairement une "bataille de manoeuvre ouverte".  

Je vais finir par penser, qu'ils se sont faits couillonner par les "déboires initiaux" (vrais ou supposés) des UKR  

Plus prosaïquement je soupçonne le pouvoir politique russe d'avoir décrété un ordre général de type "No step back", pas un pas en arrière. Il faut garder le terrain à tout prix.
Cette approche a préalablement fonctionné à la fin de l'ofensive de Kharkiv ou l'arrivée de mobiks a permis de geler le front sur la ligne.
Par contre ça requiert du sang. Exemple la 72e brigade mécanisée qui défend Klischiivka depuis mai, si j'en crois Tom Cooper : 200% de pertes en deux mois, la brigade existe toujours grâce à l'arrivée constante de remplacement sur le champ de bataille. Les gars continuent de défendre les ruines du village alors que les ukrainiens sont maintenant retranchés sur les hauteurs, ça doit être un enfer ce secteur.

 

EDIT : Pour illustrer la joie de servir dans la 72e brigade :
 

 

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il y a 7 minutes, Fusilier a dit :

Ben dis-donc, si tes infos sont bonnes, ce n'est pas folichon pour les russes. 

NB quand t'écris 2 brigades UKR (3000 h) faut-il entendre 3000 par brigade? 

Nope, 1500 combattants / brigades. le reste tourne très vite en 2e échelon ou en réserve (ou pertes). Il y a aussi les brigades d'artillerie en réserve.
Le front fait 10km / 5km de profondeur dans le secteur de Robotyne. La densité des feux rend de toute façon des effectifs trop importants inutiles si on veut limiter les pertes.

. Les russes n'ont pas les moyens de défendre "haut" comme ils le font en empêchant la bataille de manœuvre (qu'ils ont appris à craindre l'an dernier) tout en défendant la profondeur. Une bataille manoeuvrante qui réduirait l'avantage de leurs feux, et je vois mal les mobiks briller par miracle à la manoeuvre, ils les gardent en position statique pour une bonne raison => C'est plus facile de défendre une tranchée que de bouger en combattant.
Bref les russes ont un dilemme : reculer et défendre en profondeur mais dans un style de combat ou ils sont moins avantagés, ou continuer à tenir le terrain en engageant continuellement des réserves, ce que les frappes sur leurs arrières, et les autres fronts actifs rend difficile.

Oui, les russes sont en difficultés, et si Popov est sorti le dire publiquement malgré la culture de son orga, c'est que c'est sérieux. Est ce que l'offensive ukrainienne culminera assez longtemps pour épuiser les réserves russes ? ça je ne sais pas.

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Il y a 9 heures, vincenzo a dit :

le commandant de la 58 Armée Rus (une des meilleures à priori) Ivan Popov a été relevé de son commandant.

Alors, les infos que j'ai c'est qu'à priori la 58e armée combinée a vu toutes ses brigades mécanisées réduites en pièces depuis début juin (mais genre littéralement réduites à 2-3 bataillons), que le successeur de Popov (Lyamin) a rushé la totalité de ses réserves (4 BARS) et la 100e brigade de reconnaissance sur le front, et qu'il ne lui reste qu'une poignée de fantassins de marines (336e brigade d'infanterie de marine), deux brigades de spetnaz rincées (22e et 45e) ) en réserve pour colmater son front. Les russes manquent de canons en particulier.
Sachant qu'elle gère tout le secteur de Robotyne, et qu'en gros pour l'instant ils ralentissent les ukrainiens en jetant les unités de réserves dans leurs roues. Et que son QG a visiblement pris un Stormshadow vu que le général adjoint de la 58e armée combinée (Lt Général Tsokov) est mort.
En ayant rameuté toutes ses forces les russes ont autour de 10 000 hommes à Robotyne face à deux brigades ukrainiennes (3000 hommes).

Au niveau des réserves de front les russes ont la 42e division d'infanterie mécanisée mais elle est assignée à la garde de Tokmak, deux petites PMC de quelques centaines de types (Redut et Plamya), soit environ 4000 hommes, 30-40 chars, et quelques canons. Et ils peuvent prélever des unités mais au dépend des fronts voisins eux mêmes attaqués.

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Un docu par la 24e brigade mécanisée ukrainienne elle même sur la bataille de Popasna, avec de nombreux survivants et témoins interrogés que vous pouvez trouver sur Youtube sur leur chaîne : 24 ОМБр імені короля Данила.
C'est en ukrainien sous titré en anglais en activant les sous-titres, désolé pour les non anglophones.

Je ne la reposte pas ici même si 99% de la vidéo est constituée d'interviews, il y a un cadavre à la 30e minute.
Beaucoup de détails intéressants sur la "tactique" russe (vague humaines de LPR/DPR, puis de mobiks et de prisonniers Wagner soutenues par des tanks, puis au fil du temps, plus petits groupes d'assauts VDV et Wagner), le manque de munitions des ukrainiens à partir d'avril, l'épuisement des hommes, l'usure des canons (les SPG s'approchent de plus en plus près du front pour diminuer les charges au fur et à mesure, jusqu'à 5Km), le carnage chez les russes, le bombardement constant avec sans doute une des plus fortes concentrations d'artillerie de la guerre, les tactiques de petits groupes d'ukrainiens qui arrivent à masquer leur infériorité, les évacutations de blessés, les tactiques d'embuscades des chars (les russes attaquant quotidiennement à heure régulière de jour).
Il y a bien sûr un petit côté propagande, mais les survivants ne cachent pas les saloperies de la guerre ou les difficultés endurées. Un point particulier, je n'envie pas le sort des civils restés sur place, dont un grand nombre ont l'air d'être mort.

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il y a 41 minutes, Colstudent a dit :

Question peut-être bête mais disons que si ce bradley ou tout autre véhicule prêté ou donné aux Ukrainiens était dans le temps transféré en Syrie et qu'une patrouille US croisent un de ces véhicules , ils seraient en droit de le reprendre ?

Pour l'heure le Bradley en question est toujours là ou il a été immobilisé (on a des photos), vu qu'il semble que le moteur a cessé de fonctionner peu après la vidéo. Et pour une raison mystérieuse (peut être que ça n'est pas possible) les russes ne remorquent/démolissent pas les véhicules immobilisés/abandonnés.

 

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Il y a 7 heures, CortoMaltese a dit :

L'affaire autour de Torsk'e n'est pas très claire pour l'instant. La vidéo alléguée de troupes russes bombardées aux abords de la ville pourrait en fait être des ukrainiens bombardés par les russes. Les gens qui suivent le coin disent qu'une poussée soudaine russe (en 24h) sur plusieurs kilomètres semble très improbable vue la configuration de la zone entre Torsk'e et Kremlina. Surtout, le tout n'est basée que sur une seule vidéo, les sources russes ne mentionnant cette poussée qu'après que la vidéo ai été reprise par les comptes de mapping ukrainiens/occidentaux, ce qui est un schéma de diffusion de l'information assez inhabituel. Bref, difficile d'y voir clair au delà de la poussée russe sur l'ensemble front nord, qui est elle attestée. 

Les infos que j'ai c'est que les russes ont avancé de 500m sur cet axe, se sont fait étrillés sévèrement (plusieurs groupes d'assaut avec le classique chars / Bmp qui brûlent, fantassins éparpillés et choqués), ont bombardé dans tous les sens, puis sont revenus sur leurs positions de départ. raisons pour laquelle j'ai été laconique, Gustave va sinon me dire "qu'on en sait rien", et pour le coup il aurai raison d'être prudent. C'est le black out quasi total partout sur la ligne de front niveau info.

Près de Novoseliske, ou les mappers ont marqué une avance, c'est pas non plus évident, il semble surtout que la ligne de front ait été rectifiée.

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J'ai fini "l'Ours et le Renard" de J-Lo (pas celle-ci, celui là), et de Michel Goya. Chouette synthèse et analyse de la première année, sous forme de dialogues entre l'expert historique de l'armée rouge de la 2e guerre mondiale et le militiaire-sciences sociales. Si vous avez suivi tout le fil, vous apprendrez quelques petits trucs mais globalement c'est une surtout une bonne synthèse de tout ce qui s'est passé (donc de la veille), et l'aspect opératif/strat qui est quali.

Bon, j'ai sinon des news vraiment intéressantes, le témoignage d'un des sapeurs qui gardait le passage vers la Crimée le 24 février, jour ou les russes ont enfoncé le front Ukr sud et capturés le sud de l'Ukraine.
Pour faire cours : soit sabotage des mines, soit un obus de mortier a coupé les fils, brouillage bloquant tout déclenchement à distance. Le témoin ukrainien indique que les russes avaient des pontons et que ça ne les aurait pas beaucoup retardés. Visiblement les Ukr n'avaient ni artillerie, ni moyens antichars, vu qu'ils se sont immédiatement repliés je dirais même qu'il n'y avait sans doute pas grand chose d'autre qu'une compagnie d'infanterie légère gardant les positions les plus critiques de tout le front.

https://www.pravda.com.ua/eng/articles/2023/07/6/7410027/
 

Citation

 

Le 23, il y avait déjà des mouvements des Russes sur la péninsule. Tout le monde attendait, et nous étions un paquet de nerfs. Personne ne dormait, juste peut-être fait une petite sieste. Nous nous sommes réveillés vers 15 h. Tout le monde était en position.

Le commandant, l’officier supérieur sur le poste, et je suis allé connecter les dispositifs pour faire sauter les ponts. Je suis resté là-bas, et il s’occupait de gérer le personnel.

Tout a commencé par des tirs de mortier en Crimée. Ils ont frappé nos positions et celles des gardes-frontières. Il était environ 16 h 30.

L’ordre de faire sauter des ponts a dû m’être donné par le commandant immédiat sur place, et qui à son tour a dû recevoir un ordre des officiers supérieurs.

Les sapeurs ont élaboré un plan spécial : il y avait des enveloppes qui seraient ouvertes au besoin, et ces enveloppes contenaient des instructions pour connecter les dispositifs explosifs. On a vérifié la connexion, et on m’a laissé faire les explosions.

Il n’y avait pas de communication, car nos radios ne fonctionnaient pas. Le commandant gérait le personnel en courant d’un poste à l’autre pour donner des ordres. Des explosifs explosaient déjà. C’était très fort, donc vous ne pouviez entendre personne.

Par conséquent, j’ai pris ma propre décision et j’ai pris personnellement la décision de faire sauter les ponts.

Environ 10 minutes après le bombardement, j’ai décidé de faire sauter les ponts.

J’ai essayé de les faire sauter, mais il n’y a pas eu d’explosion. J’aurais dû le voir, car je me tenais près des ponts, sur la première ligne [de défense – ndlr].

J’ai essayé de reconnecter la charge, de vérifier les fils à nouveau : peut-être qu’il y avait eu une erreur, quelque chose avait été mal connecté. Je l’ai fait trois fois, mais il n’y a pas eu d’explosion.

Je ne suis pas un sapeur, mais il y a deux explications possibles. Soit un groupe de sabotage était arrivé, soit les fils de démolition ont été endommagés par des tirs de mortier.

Et puis j’ai fait ce qui était ordonné, comme nous avons dû battre en retraite vers d’autres positions.

Il a été convenu que si quelque chose se produisait, si je ne pouvais pas évacuer, je partirais dans mon véhicule personnel. Et c’est ce qui s’est passé – je n’ai pas eu le temps de partir avec tout le monde.

Par conséquent, j’étais en train de partir avec deux autres conscrits en voiture. Quand nous sommes partis, la fusillade a commencé. Puis un tir d’un lance-grenade a atterri juste devant nous; la voiture a été soufflée de côté et j’ai été blessé.

La voiture était endommagée, il n’était donc plus possible de se déplacer. Avec les conscrits, j’ai essayé de m’éloigner à pied le plus loin possible, j’avais déjà tracé un itinéraire. Puis nous avons été rejoints par trois gardes-frontières, qui n’ont pas eu le temps de partir avec leurs unités.

J’ai vu les premiers chars russes entrer [sud de l’Ukraine - ed.], puis la défense aérienne est entrée. Les communications mobiles fonctionnaient toujours, alors j’ai contacté le commandant de la compagnie et je lui ai parlé. Au début, nous comptions combien et quels types de véhicules avançaient. De mon côté, j’ai fait tout ce que je pouvais.

Vers 16:00 ce soir-là, nous étions encerclés, de sorte qu’il n’y avait nulle part où aller. Puis nous avons été faits prisonniers.

On nous a emmenés en Crimée.

Ils ont immédiatement demandé si quelqu’un avait des problèmes de santé ou avait besoin de soins médicaux. Mon bras était cassé, car un fragment [d’une explosion - ed.] l’avait percé. Un conscrit avait une fracture et un garde-frontière avait une blessure par éclat d’obus.

Nous avons été emmenés tous les trois dans la ville de Dzhankoi, où il y avait un hôpital de campagne. Ils ont fourni de l’aide médicale et mis un plâtre. Le deuxième jour du matin nous avons été transportés à l’hôpital à Simféropol.

Au début, nous étions ensemble avec des soldats russes blessés. Il y en avait beaucoup, alors que nous n’étions que 14 ou 15 Ukrainiens blessés. Seulement 3-4 jours plus tard, nous avons été transférés dans une salle séparée et la sécurité a été mise en place.

Les Russes ne savaient pas que c’était moi qui devais faire sauter les ponts. Bien sûr, j’ai été interrogé. Si j’avais dit qui j’étais, j’aurais été interrogé encore plus intensément, alors j’ai décidé de garder le silence.

Ils avaient un ensemble standard de questions : où sont les entrepôts [de matériel - ed.], où sont les carburants et les lubrifiants, et où sont-ils déplacés. Ils s’intéressaient à tout. Au début, il y avait des questions au sujet des ponts, mais ma réponse était : je ne suis pas un sapeur, je ne sais rien.

Pendant que nous étions en Crimée, les conditions étaient plus ou moins humaines. Dès que nous sommes arrivés en Russie, tout a changé. Nous étions en prison, et la première série d’interrogatoires était effectuée "avec passion", chaque jour, parfois même trois fois par jour, avec des examens et des vérifications. Ils ont utilisé des tasers, des matraques en caoutchouc, et nous ont donné des coups de pied avec leurs jambes.

Pendant environ une semaine nous avons été gardés à Taganrog, qui est dans l’oblast de Rostov, alors nous avons été emmenés à l’oblast de Voronej, la ville de Borisoglebsk. Et de là, nous avons été transférés au village de Pakino, Vladimir Oblast.

Ils m’ont donné des papiers à signer, qui disaient que j’étais traité comme un témoin. Le FSB et le Service de renseignement ont communiqué avec moi. Ils ne se présentaient pas habituellement : tout le monde est entré avec des cagoules, même les gardes, pour que je ne voie pas leurs visages. Tout le monde portait des masques, même ceux qui nous apportaient à manger.

Il serait un peu exagéré d’appeler cela de la nourriture. Je ne peux pas expliquer ce que nous avons été nourris, mais c’est difficile de l’appeler de la nourriture. Au mieux, c’était une sorte de bouillie faite de pâtes.

Les parents n’ont pas été autorisés à communiquer avec nous, et nous n’avons reçu aucune information sur l’Ukraine. Ma famille savait que j’étais en captivité. J’ai eu l’occasion d’appeler ma femme de l’hôpital. Une fois par semaine, vous pouviez demander à quelqu’un un téléphone, tranquillement, pour que personne ne puisse voir ou entendre, et aller aux toilettes pour passer un appel.

Avant d’être capturé, j’ai appelé mon fils alors que nous avions encore une connexion mobile, avant midi. Mon fils est aussi soldat; nous servons dans le même bataillon, mais dans différentes unités.

Quand je suis arrivé à Sébastopol – ils ont ouvert une sorte de camp de démonstration là-bas – nous n’avions plus de lien. Les gars ont demandé à communiquer avec leurs proches, et les Russes ont répondu : "Oui, nous sommes d’accord sur cette question, et dès que tout est prêt, nous vous donnerons l’occasion d’appeler."

Une fois dans la ville de Borisoglebsk, oblast de Voronej, on nous a donné un stylo et du papier – nos ravisseurs nous ont dit d’écrire des lettres à la maison. J’ai tout de suite pensé qu’il s’agissait d’une sorte de provocation, ou peut-être que quelqu’un pourrait écrire quelque chose de compromettant, ou le CSF ou des psychologues examineraient ces lettres.

Je ne pensais pas qu’ils pourraient envoyer une lettre à ma femme. Ils pourraient peut-être le réécrire ou prendre une photo et l’envoyer par courriel, mais l’envoi d’une lettre est un peu archaïque à notre époque. Je ne pouvais même pas imaginer que des gens le feraient encore. Ou peut-être n’ont-ils pas encore changé d’époque.

Ma femme a reçu cette lettre. Quand je l’ai appris, j’ai ri. Elle a envoyé deux lettres en réponse, mais elles ne m’ont jamais rejoint.

Personne n’a parlé d’un échange. À différents moments, des gens ont été retirés des cellules. Qu’ils aient été transférés ou renvoyés chez eux dans le cadre d’un échange, nous ne pouvions que deviner et espérer pour le mieux.

J’ai deviné que je serais assez chanceux pour être échangé quand ils m’ont sorti de la cellule. On était 14 dans la cellule, et ils m’ont emmené seul et transféré dans un autre bâtiment. Le gardien qui me transférait m’a immédiatement demandé la pointure de mes chaussures. On espérait déjà que ce serait un échange.

J’ai été placé dans une cellule séparée et habillé en civil, parce que jusqu’alors j’avais été gardé dans l’uniforme qui m’avait été donné en prison. Puis, d’autres gars ont été traînés dans la cellule. Quand ils nous ont emmenés, ils nous ont mis des sacs sur la tête.

Habituellement, lorsque nous étions transportés quelque part, c’était soit dans des wagons à riz ou des véhicules à rideaux. Ici, par contre, on nous emmenait directement à l’aérodrome pour monter à bord d’un avion.

J’ai été échangé le 26 avril. Il y avait un autre garde-frontière avec moi, avec qui j’ai été en captivité pendant 8-9 mois. Je ne connais pas le sort de ceux avec qui j’ai été capturé, puisque j’ai été transféré à Sébastopol. Un conscrit est toujours en captivité, et l’autre semble avoir été échangé.

Je suis maintenant de retour en service. Pour l’instant, je suis à un endroit permanent. Je vais bientôt retourner à Donbas.

Je ne me souviens pas exactement comment j’ai appris que l’histoire des ponts de Chongar est largement discutée en Ukraine. Mais quand je l’ai appris, j’ai été choqué. Comment est-il possible que personne ne sache vraiment comment c’est arrivé et que quelqu’un soit accusé?

Je crois personnellement que si les ponts avaient été dynamités, cela n’aurait pas arrêté l’offensive [russe - ed.]. Cela ne ferait que le retarder, mais pas longtemps – peut-être une heure et demie. Ils auraient simplement jeté des pontons. Ils se préparaient à cette guerre.

L’enquête officielle n’a pas encore communiqué avec moi. Les dirigeants militaires ne m’ont pas parlé de cette histoire. Peut-être parce que j’étais encore en réadaptation et que je subissais un examen médical. Je vais devoir leur parler de toute façon.

Mon commandant immédiat à Chonhar est mort. Parmi les autres témoins de ces événements, un seul autre est vivant, un marin.

Je n’ai pas été récompensé. Je ne pense pas que ce soit nécessaire. Ceux qui le méritent devraient être récompensés. Ma mission n’a pas été accomplie.

Pourquoi les ponts n’ont-ils pas explosé ? Je connais la réponse : soit c’était l’œuvre d’un groupe de sabotage russe, soit les fils ont été endommagés par un mortier. Je n’ai pas d’autre réponse, et je ne la cherche pas.

 

 

 

 

 

EDIT :

Pas beaucoup de news du front, si ce n'est que les Ukr ont été repoussé de Robotyne par de (couteuses) contre attaques russes, et semble plutôt essayer de l'envelopper. Klishivka (du moins la partie importante, c'est à dire les hauteurs) confirmée capturée. Poussée russe vers Lyman. Les russes arrivent à recompléter sur le front leurs unités dans les secteurs de Louhansk et de Donetsk, par contre ils semblent avoir plus de mal sur l'axe Zapo ou certaines brigades sont en sous effectif chroniques désormais. La guerre de l'artillerie bat son plein.

[Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires]

La ration THEORIQUE russe est pas cata (même si sur le plan nutritionnel on peut grincer des dents, je pige pas qu'on soit encore aux graisses saturées pour faire monter le niveau de kcal par 100g), par contre beaucoup de soldats se sont plaints d'avoir des produits ersatz, avariés ou de la patée pour chien de la viande avec des éclats d'os dedans. Le genre qui peut te tuer quand tu les mange. Une grosse partie de la ration je dirais que c'est au niveau qualitatif de ce qu'on te sert dans un self scolaire, c'est chimique, insipide mais ça fait le taf.
Et selon les russes que j'ai pu voir sur les réseaux sociaux, on trouve les authentiques rations en vente dans le commerce ...

ya pas photo côté Ukr on mange, globalement, mieux, essentiellement parce que les soldats achètent directement de la nourriture aux civils qui se sont organisés pour produire eux mêmes et en masse des repas pour le front.

[Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires]

Il y a 1 heure, Manuel77 a dit :

Ici, je peux compléter quelque chose, car j'ai vu l'interview du colonel Reisner. Je ne suis pas un expert en tactique, mais c'est ainsi qu'il le décrit :

Il dit qu'il faut imaginer le terrain là-bas comme un échiquier, où les lignes entre les champs sont constituées de végétation qui empêche l'érosion par le vent. Un peu comme le bocage en Normandie.
Or la tactique de l'OTAN, qui ne fonctionne pas bien, était d'avancer d'un champ à l'autre, comme un pion.

La nouvelle tactique, meilleure, consiste à se déplacer soi-même avec des forces légères dans les lignes envahies par la végétation. 

Les Ukr le font déjà depuis un moment. C'est visible, sur les images sat les russes écrasent par le feu chaque ligne de bocage et n'hésitent pas à transformer des secteurs entiers en désert.
On revient en fait sur l'impasse de la WW1 : les zones découvertes sont trop longues à traverser pour l'infanterie sous le feu des armes (de tout types), mais le recours au blindage ne garantie pas la protection des hommes du fait de la masse des armes lourdes et collectives des défenseurs. La solution historique c'est d'attaquer par armes combinées en de multiples points avec une supériorité et une précision de la puissance de feu, une infanterie dont la puissance de feu est augmenté,  un travail de contrebatterie méthodique et en frappant jusqu'à trouver un endroit qui craque. Là aussi c'est ce que font les Ukr. Mais avec 60% seulement du matériel promis livré, un manque terrible de camions, et un adversaire qui a beau être tactiquement inepte, qui contre attaque tout le temps avec une forte puissance de feu, et assez de mobiks en réserve.
Le prob c'est que la Russie 2023 c'est pas Germania 1918 avec l'arrière qui crève de faim en révolte ouverte et des unités de réserves qui ne veulent plus remonter en ligne. Si la petite affaire de Prigozhine avait duré quelques jours l'effet sur le front eu été tout autre.

[Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires]

Il y a pas mal d'indices (les images satellites de forêts rasées par l'artillerie russe analysé par Andrew Perpetua, et les annonces de l'EM ukrainien) qui suggèrent que les ukrainiens ont pris les hauteurs de Klischchiivka au sud de Bakhmout, je suis sans certitude sur la redoute mais je voyais déjà des images il y a une semaine suggérant que les ukrainiens nettoyaient déjà les tranchées périphériques de l'ouvrage, je pense donc qu'il est fort probable qu'elle soit sous contrôle ukrainien.
Idem à Kurdiumivka ou les forêts rive gauche au bord du canal sont aussi passées à la broyeuses.

La vitesse de progression ukrainienne et les moyens impliqués ne me font pas penser que ces changements locaux auront un effet majeur à court terme.

[Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires]

Les Ukr signalent des attaques (mais rien d'inhabituel dans ce secteur), par contre c'est surtout le volume du barrage d'artillerie et les (nombreuses) attaques aériennes (essentiellement des SU25 qui lâchent des roquettes) qui semblent les préoccuper.

[Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires]

Il faut dire que la déshérence stratégique des partenaires OTAN est un sujet gravissime (déjà pointé ici, en particulier par Akhilleus). Les pays occidentaux n'ont pas de strat, de buts définis très clairs, ni même réfléchis au fait que la guerre allait durer longtemps (ce que certains ont pourtant compris ici même dès la fin du mois de février 2022 quand la marche sur Kiev a échoué), résultat l'aide est arrivé aux ukrainiens au compte goutte et sous la forme essentiellement de la quincaillerie de la fin de la guerre froide qui restait en stock, plus de quelques matériels performants de l'interlude de paix 90's-20's mais en quantité limitée. Ces livraisons et surtout le soutien économique significatif à l'Ukraine (techniquement tous les revenus du pays sont payés avec de l'argent public occidental), sont corrélés à une exigence disproportionné faite aux ukrainiens de pulvériser les russes le plus vite possible pour qu'on passe à la phase d'après.
On dirait un comptable min-maxeur qui essaye de gagner une guerre en calculant au plus juste. Autre exemple l'outsourcing de l'aide dans les pays proches ou voisins qui bénéficient des retombées industrielles alors que le complexe militaro-industriel ukrainien pourtant relativement performant avant guerre (franchement c'est fou ce qu'ils ont fait avec des moyens dérisoires) n'est pas assez soutenu.

Les russes sont peut être des tanches et se sont engagés dans la guerre mal préparés, mais eux mènent la guerre sans compter (ni leurs hommes, ni leurs moyens, ni les sacrifices économiques et géopolitiques) et avec la volonté intacte d'un seul décideur qui y joue tout ou rien. Ils finiront peut être la guerre sur T-54, D-30, technicals et BTR-60 (mais toujours avec la domination du ciel, de la guerre électronique et de quelques domaines de pointes ou ils ont la supériorité technologique sur les ukrainiens) mais ils "mènent toujours actuellement au score" quoiqu'on en pense, ils occupent partiellement 6 oblasts ukrainiens et c'est pas avec ce qu'ils ont actuellement que les ukrainiens peuvent les sortir dans un délais rapide. 

[Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires]

il y a une heure, Akhilleus a dit :

Petite remarque food for thought comme disent les anglosaxons

par rapport à l'AMX10RC mais aussi d'autres systèmes d'armes, il se passe ce que je subodorais qu'il se passerait à savoir que les habitudes tactiques ukrainiennes sont très différentes des doctrines d'usage OTAN (et plus spécifiquement de chaque pays de l'OTAN)

bilan, au lieu d'être des valeurs ajoutées, les différents véhicules OTAN deviennent des boulets à l'usage dans le contexte ukrainien par les ukrainiens

Pourquoi ? parceque on ne change pas des habitudes drillées intensivement facilement et encore moins une philosophie d'usage (qui se reflète dans l'architecture d'un système d'arme par exemple)

Exemple simple : les tankistes ukrainiens sont habitués à leurs T64 de 40t et se retrouvent à piloter des Leo2 de plus de 50 tonnes. Les gars ont l'habitude de passer des endroits prévus pour des 40t et risquent de planter les 52 t des chars occidentaux. Ce n'est qu'un exemple mais ce sera probablement le même problème avec toutes plateformes très différente des systèmes d'armes soviétiques (on parle des avions OTAN versus PAVA qui ont des philosophies quasi opposées ce qui se ressent dans les perf, la log et le cockpit ?)

Seuls les systèmes "simples " sont pris en main facilement (un VAB c'est pas très différent d'un BTR, une paire de roues en moins)

Il aurait peut être été mieux d'entrainer des recrues complètement vierges de pré requis. C'est contre intuitif, on se dit qu'avec quelqu'un qui a un peu d'XP ca ira plus vite. Mais les instructeurs militaires ont déjà tous fait cette observation à un moment ou à un autre; à savoir que quelqu'un qui a des habitudes militaires ancrées est plus difficile à reformater/réentrainer pour un contexte différent que quelqu'un qui n'en a pas

Ou alors d'affecter certains systèmes d'armes a des habitués (les 10RC, il doit bien y avoir des anciens de la légion ukrainiens qui sont passés dessus)

Autre problème, déjà relevé par plusieurs observateurs, les EM ukrainiens ne décentralisent pas assez et ont tendance à micromanager des trucs parce que pendant longtemps ils ont eu peu de moyens mobiles et qu'ils ont pris la mauvaise habitude de la guerre de position où il fallait bouger peu de pièces et ou le tempo le permettait. Il semble qu'un EM de front va venir chapeauter beaucoup d'unités (ce que soulignait Goya, il manque un échelon divisionnaire semble t-il) et planifier parfois des opés au niveau brigade, voir bataillon. Et je doute que chaque EM ukrainien connaissent les doctrines d'emplois de tous les matos OTAN (et en particulier les matos exotiques et échantillonaires comme nos 10-RC qui ont assez peu d'équivalents). Sans doute sous un contrôle assez étroit du haut qui subit une forte pression politique et diplomatique pour attaquer.
 

[Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires]

il y a 5 minutes, Coriace a dit :

Il y a quand même une question de quantité au bout d'un moment.
Comment tu équipes ces 100 000 hommes ou les (combien?) que tu veux mobiliser en fin d'année?
Au delà du treillis, des équipements d'hiver, il faut des armes, des protections, des logements, des munitions, des équipements de spécialité... Sinon tu conscris juste des cibles pour l'artillerie Ukrainienne

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Non en vrai je pense que les Russes achètent des stocks de matos civils non homologués aux chinois. Ou ils font comme les Ukr, ils laissent leurs soldats s'équiper (à la différence que la solde des Ukr est assez élevée)

[Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires]

*Bug*

[Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires]

Il y a 2 heures, Clairon a dit :

Je me demande si A. Colin Lebedev ne confond pas avec la levée des conscrits qui a lieu chaque année en avril-mai et octobre-novembre, sauf que les conscrits remplacent d'autres conscrits qui partent à la quille et qu'ils ne peuvent pas combattre en dehors du territoire russe ...

Clairon

En lisant le fil en gros, les conscrits sont incités à signer un contrat de volontaire qui leur donne un statut leur permettant d'aller se battre.
Il doit y avoir quelques vrais volontaires, tu peux récup d'ancien Wagner, récupérer encore quelques prisonniers de ci delà, et tu as les conscrits "punis". ça permet aussi de mesurer l'état de mobilisation de la société.
Donc en gros on est sur une mesure de faible ampleur qui permet d'éviter les effets sociaux et politique négatifs d'une vraie mesure de mobilisation, mais je pense que ça n'est qu'une mesure intermédiaire. La Russie aura besoin d'une nouvelle vague de mobilisation cet automne. (En tout cas si le front reste aussi meurtrier / générateur de blessés et de malades)

[Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires]

il y a une heure, jojo (lo savoyârd) a dit :

À priori, pas de nouvelle mobilisation en Russie pour le moment ...

https://www.lepoint.fr/monde/russie-pas-de-nouvelle-mobilisation-pour-remplacer-les-soldats-de-wagner-03-07-2023-2527115_24.php

Ils ont appelés 114 000 hommes en plus à bas bruit au mois de mai (signalé par Anna Colin Lebedev). Assez pour repousser une mobilisation plus massive à l'automne.
Ils injectent plus ou moins 20 à 25 000 personnels par mois sur le front depuis l'automne dernier. En perdent au feu 15 000 (blessés/tués/prisonniers), + une part de fin de contrat et une part sans doute significative de maladies/accidents/invalidité difficile à évaluer. Sur un effectif de front qui est resté stable. Les russes enrayent systématiquement les attaques ukrainiennes en engageant leurs réserves (d'une manière qui peut nous sembler peu efficiente, mais qui atteint son effet quoiqu'on en pense).

Je serai aussi prudent par rapport à ce que dit Goya qui déduit les pertes des pertes de véhicules comptabilisés, un biais possible de comptage au mois de juin c'est que les Ukr ont plus utilisés leurs éléments mécanisés (dont une partie protègent un peu mieux les équipages), alors que pour les russes sur la défensive la proportion d'infanterie (sacrifiable à outrance) a été plus élevée, et la part mécanisée un peu moindre. Cela dit il n'a pas tord d'alerter sur un rapprochement du rapport de perte qui n'est pas tenable pour les Ukr. Les russes ont encore un réservoir humain conséquent, même si celui qui coutait le moins cher politiquement à recruter commence effectivement à s'épuiser (la ruralité et les villes moyennes de l'immense espace russe pas très densément peuplé), les prochaines réserves sont plutôt dans les villes moyennes plus à l'ouest ...

Edit :

D'après Tom Cooper (carte de Don Hill) sur le front de Zapo (il y a déjà 48h)

Série d'offensives à tiroir au niveau brigade sur l'axe de Robotyne. Dès que les réserves russes se jettent en avant les Ukr lancent une attaque sur la zone affaiblie. ce qui aurait permis quelques gains.
A noter que les KA-52 et les VKS seraient à nouveau actifs de manière importante.
Zherebansky serait partiellement aux mains des ukrainiens près de Vasssyliska. Moins certains, il y aurait peut être une infiltration ukrainienne entre Myrne et Nesterianka.
Les unités russes de l'avant russe ont l'air d'être bien rincées dans le récit qu'il fait des 4-5 derniers jours, mais les russes amènent continuellement des réserves.

EDIT 2 : direction Bakhmut, les russes auraient amené des renforts conséquents.

[Guerre Russie-Ukraine 2022+ : considérations géopolitiques et économiques]

Via Cedric Mas  (je mets le RT complet) :
 

Des soucis dans l'approvisionnement en artillerie ? Je ne sais pas ce que vaut l'info, j'imagine que le gouvernement va reprendre la main pour maintenir la production.

[Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires]

Il y a 3 heures, Heorl a dit :

C'est bizarre pour Robotyne, l'axe en direction de Tokmak est censé grouiller de défenses dans tous les sens.

D'après ce que je comprends des sources les plus sérieuses, environ la moitié des défenseurs du front de Zaporizhia se trouve sur ce seul axe. ça me paraît énorme. Plutôt à mon avis la moitié de Polohy à Vassiliska en sachant que les russes ont essayé de déployer leurs réserves (ou peut être une partie) "vers l'avant" sur les flancs de la progression Ukr vers Robotyne plutôt qu'en profondeur.
Le fait que certaines unités de réserves envoyées en contre attaque soient des mobiks inexpérimentés fraîchement arrivés en Ukraine m'interroge quand même. De même les BARS semblent eux aussi avoir des problèmes de fiabilité. Possible que les russes essayent dans leur économie de force de garder leurs "meilleures" troupes*, et se contente de jeter les plus médiocres dans les roues de l'attaque Ukr, en laissant leurs appuis attritionner l'adversaire.

* si quelqu'un a une vague idée des "meilleures troupes" en question suis preneur. Le réservoir VDV/Marines semble être vide ou limité à faire les pompiers là ou c'est chaud sur le front.

En tout cas mon impression c'est que les Ukr veulent couper la route transversale Polohy/Tokmak (et Vassiliska/Tokmak) plutôt qu'aller ensuite attaquer les "boxs" fortifiés autour des agglomérations, les russes défendent statiquement, il faut donc chercher à passer entre les points durs. Malheureusement les russes ont de très bon ingénieurs, leur ligne défensive est bien organisée (j'ai plus de toute sur les troupes qui l'équipent, et la doctrine de contre attaque systématique allié à "tenir le terrain à tout prix" mais c'est un autre sujet).

[Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires]

Pour ceux qui ont suivi les podcasts de Vincent Tourret et Michel Yohann.
Un fil très bien argumenté.

 

[Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires]

Il y a 1 heure, Poivre62 a dit :

L'impression qui ressort des twittos ukrainiens depuis hier c'est que des choses bougent plutôt favorablement pour eux. Autour de Bakhmut notamment mais pas seulement. Pas un effondrement russe mais plusieurs reculs ou ligne qui pourraient reculer. A voir si ça se confirme ou si on est dans une communication de guerre destinée à garder un bon moral.

Idem à Avdivka et au nord de Marinka.
En fait il y a pas mal de positions russes qui ont été conquises pendant l'offensive automne/hiver qui ne sont vraiment pas idéales à défendre si la Russie n'a plus l'initiative. ça ne me choque pas qu'il y ait de petites "rectifications" sans que les deux belligérants soient mis KO. Si les deux camps ne sacralisaient pas autant le terrain ils reculeraient même plus dynamiquement pour éviter d'avoir à défendre des cuvettes intenables, ou des positions battues par l'artillerie sous de multiples angles.
Deux exemples : Klischiivka et à priori la colline de Krasnohorivka (près d'Avdiivka) qui sur le papier sont deux excellentes positions mais qui sont vulnérables pour tout un tas de raisons (et en particulier la qualité de la reco aérienne et leurs voies de ravitaillement assez exposées)  Sauf que tellement de milliers de russes sont morts pour les prendre qu'on imagine pas les lâcher.

[Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires]

Par curiosité j'étais sur Gmap, et il semble que récemment certaines tuiles de cartes aient été mise à jour dans la zone à l'est de Bakhmut. Si vous voulez vous faire une idée de l'intensité du feu de l'artillerie russe je vous recommande autour de Popasna (du nord ouest jusqu'à Troitske), ça donne une assez bonne idée de la quantité dingue d'obus que les russes ont appliqué pour percer ce coin.
Toutes les tranchées Ukr d'avant guerre sont visibles et on voit l'ouest de Popasna entièrement détruit.
Il y a d'autres tuiles un peu partout de manière aléatoire comme au sud de Yakovlivka / Poprovske par exemple.

EDIT : quelqu'un sait-il ou est positionné le bataillon Stugna et à quelle brigade il appartient ? Parce que je les ai vu en vidéo nettoyer une grosse redoute et je soupçonne que les Ukr aient considérablement avancé à un endroit important du front.