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Affichage des résultats pour « Walesa » dans contenu posté dans Politique etrangère / Relations internationales.

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  1. je penche aussi vers cette lecture, avec quand même un danger non négligeable pour les pays baltes et la moldavie, puisque les autres morceaux sont de toute manière trop gros, pour une armée russe affaiblie. Les pays baltes doivent être prudents [et surtout éviter d'être cons], car ils comportent d'importantes communautés russes à qui on fait comprendre qu'ils ne sont pas les bienvenus. Je pense sincèrement que les russes ont plus de facilité à accepter la diversité ethnique que la plupart des autres peuples, même s'ils ont des défauts par ailleurs. C'est Lech Walesa qui a le mieux exprimé dans un interview au Figaro le 10/07/2022 cette différence de mentalité et manifesté le risque réel qui pèse concrètement sur le peuple russe : À moins d'un changement complet de régime politique à Moscou, la sécurité mondiale ne pourrait donc être assurée que par un démembrement de la Russie actuelle, restée impériale à ses yeux : «On compte 60 peuples qui ont été annexés comme les Ukrainiens aujourd'hui. Il faudrait soulever ces peuples qui ont été annexés par la Russie (...). Il faut soit changer le système politique de la Russie, soit la ramener à une population de moins de 50 millions d'habitants». La Fédération de Russie compte à ce jour 144 millions d'habitants. [...] Lech Walesa reste sévère vis-à-vis de l'Occident, qu'il estime s'être fourvoyé en croyant que la Russie deviendrait inoffensive. Selon lui, cette erreur remonte aux années Gorbatchev : «Il aurait fallu faire tomber la Russie. Mais Gorbatchev était trop intelligent pour ça. On se disait à l'époque : 'Il y a eu Staline, Brejnev, mais Gorbatchev, il est sympa.' Donc nous les avons laissés tranquilles. La Russie a attendu les temps troubles et maintenant ils veulent continuer comme pendant des siècles et continuer à annexer des peuples dans leur empire. C'était notre erreur à l'époque. Moi, je voulais faire autrement, mais on ne m'a pas laissé faire. » Pour Lech Walesa, le changement de régime politique et l'épuration ethnique anti russe, ou chaque micro peuple sibérien expulserait violemment les russes pour se créer son petit Etat nation, sont strictement synonymes, mais ils ne s'en rend pas compte. Car pour lui, un peuple = un Etat = une langue = une religion... Et çà c'est absolument pas viable dans les espaces de la Fédération de Russie, quoiqu'on pense du poutinisme. L'Etat Nation peut devenir une forme de nazisme dans le discours poutinien. On a donc à l'ouest de l'Europe des peuples qui apprennent progressivement à gérer les différences issue de leur histoire et de l'immigration après avoir fait disparaître sous le pouvoir de l'Etat les différences territoriales. On a donc une Fédération de Russie, qui a conservé des habitudes souvent perdues ailleurs de cohabitation de peuples, poids du passé ou germe pour l'avenir, cela reste incertain. On est une frontière Europe / Russie avec des peuples qui se recentrent sur une idée d'Etat nation étriquée....
  2. Je pense que tu as raison en partie. Un éléphant écrase les fourmis sans volonté explicite d'écraser les fourmis, c'est juste parce qu'elles sont sur son chemin et pas dans son champ de vision. D'où l'expression de "somnambulisme" employée dans la conclusion du rapport des Lords britanniques de 2015 sur la crise. Il y a une navigation à vue, qui ne voit que l'instant présent, et a négligé l'accumulation des rancoeurs russes. Le suivisme des Américains de la part de beaucoup d'Européens participe de cette négligence. Il est plus facile de suivre aveuglément les Américains que de réfléchir par soi même à ses propres intérêts, et de courir le risque de ne pas être d'accord avec les Américains. Mon intuition est que par exemple dans les propos de Lech Walesa de cet été, avec la volonté de «ramener» la Russie à «moins de 50 millions d'habitants», ou un désir "d'humiliation" de la Russie chez Anne Applebaum, ancienne membre du comité éditorial du Washington Post qui officie aujourd'hui à The Atlantic, vient d'une russophobie plus ancienne et n'est pas qu'une réaction épidermique à la guerre d'Ukraine. Il y a tout un mouvement russophobe qui a trouvé dans cette agression russe la justification pour en finir définitivement avec la Russie, en la démembrant, dans une sorte de "plan Morgenthau" : https://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_Morgenthau
  3. @collectionneur C'est bizarre, une recherche sur le mot clé "Lech" ne donne rien après le 8 octobre 2021 : http://www.air-defense.net/forum/search/?q=lech&quick=1&type=forums_topic&nodes=25 Idem pour "Walesa" : http://www.air-defense.net/forum/search/?&q=Walesa&type=forums_topic&quick=1&nodes=25&search_and_or=and&sortby=relevancy et 1er janvier 2017 pour "Wałęsa" : http://www.air-defense.net/forum/search/?&q=Wałęsa&type=forums_topic&quick=1&nodes=25&search_and_or=and&sortby=relevancy @Wallaby Et pourtant, on à déjà indiqué ses propos bien que cela soit sans vraiment beaucoup d'intérêt, il n'est plus au pouvoir depuis 95 et s'est retiré de la vie politique après une très humiliante défaite en 2000. J'en profite pour mettre une carte de ce qu'il pense en parlant d'un démembrement de la Russie - et après le même traitement qu'a connut la Pologne de la part de ces voisins plusieurs fois, cela ne m'étonne pas qu'il puisse penser cela - -
  4. À propos de Privatizing the Police-State: The Case of Poland, 2000 par Maria Łoś and Andrzej Zybertowicz dont Gary Marx est le préfacier : http://web.mit.edu/gtmarx/www/la_chute_du_communisme.pdf Comment l'État-policier a contribué à la chute du communisme en Pologne ? Gary Marx, Passages, mai 2000 La transformation de la Pologne n'a pas fait que traduire l'activité du mouvement social à la base, ou le vide du pouvoir créé par le retrait de l'appui soviétique. Elle a, en fait, mis en jeu toute une série de révolutions négociées en secret au sommet, et qui, tout au moins on début, on semblé avoir bénéficié de l'appui du KGB. Des stratégies soigneusement dosées ont permis de s'en prendre à l'opposition mais aussi, ultérieurement, de l'alimenter. Grâce aux bonnes vieilles méthodes de répression, manipulation, infiltration, division, stigmatisation et, finalement, cooptation, le mouvement Solidarnosc et les autres foyers d'opposition ont été structurés et poussés dans le sens le mieux compatible avec les intérêts de l'élite communiste, qui sentait bien que la situation lui échappait. Armé de manière impressionnante de son expérience, de ses ressources et de tout ce qu'il savait, l'énorme appareil de sécurité d'État a joué un rôle central dans l'effondrement du communisme, qui s'est produit pratiquement sans effusion de sang. Mais le fil de l'histoire ne s'interrompt pas là. https://www.cambridge.org/core/journals/slavic-review/article/abs/privatizing-the-policestate-the-case-of-poland-by-maria-los-and-andrzej-zybertowicz-foreword-gary-t-marx-new-york-st-martins-press-2000-xx-270-pp-notes-bibliography-index-tables-6995-hard-bound/C1B8D6C90F698A0109AF65A5DA9CE646 (Nils Christie, Slavic Review, 27 janvier 2017) Ce livre concerne le changement de régime. En un court laps de temps, la Pologne est passée d'une économie planifiée de type soviétique à un régime moderne doté d'une économie relativement non réglementée et de convictions fermement déclarées quant aux avantages des marchés libres. Bien que cela se soit passé sans grande effusion de sang, cela a donné le sentiment que justice n'avait pas été faite. La thèse centrale est que cette conversion a été, dans une large mesure, avancée par l'ancienne élite de l'économie dirigée afin de lui permettre de préserver ses privilèges et de devenir une élite dans la nouvelle économie de marché. Un outil important dans ce processus a été l'énorme système policier développé pendant la période soviétique. Ce système policier a empêché la révélation des illégalités commises sous l'ancien régime. En outre, le système policier a joué un rôle essentiel dans le processus de conversion. C'était particulièrement le cas dans le processus de privatisation des biens de l'État. Dans ce processus, les anciens fonctionnaires du parti sont devenus des capitalistes ; ils sont devenus les propriétaires des entreprises qu'ils avaient auparavant dirigées au nom de l'État. De même, certains policiers qui, au nom de l'État, s'étaient efforcés de contrôler ces entreprises, sont devenus des partenaires dans la gestion de ces nouvelles entreprises. D'autres policiers ont utilisé leurs connaissances sur les criminels pour ouvrir de nouvelles sociétés de sécurité afin de protéger ces nouvelles entreprises capitalistes. La mondialisation de l'économie a donné une impulsion finale à cette évolution. Les anciens apparatchiks avaient des contacts internationaux bien établis parce qu'ils avaient été autorisés à voyager à l'étranger. Leurs enfants étaient bien éduqués, y compris en langues étrangères. Avec la mondialisation, ils étaient prêts à s'imposer comme les véritables internationalistes, les porteurs d'avenir. Les anciens combattants de la liberté, de Lech Walesa à Solidarité en général, étaient ancrés dans les valeurs nationales, et les travailleurs de l'industrie lourde constituaient leur base de pouvoir. À la lumière de la mondialisation, ils sont apparus démodés et en décalage avec la modernité. C'est ainsi que j'ai lu l'importante histoire racontée par Maria Log et Andrzej Zybertowicz. Néanmoins, je trouve que les auteurs "sur-expliquent" certaines de leurs conclusions. Dans une certaine mesure, ils tendent à voir un "plan directeur", une conspiration, derrière les développements qu'ils décrivent, comme si une personne, ou un groupe, voyant venir les problèmes, s'était assis et avait conçu toute la prise de contrôle. Bien sûr, les gens réfléchissaient et planifiaient. Mais c'était une époque turbulente, pleine de conflits et d'intrigues, avec une myriade d'improvisations, de mouvements et de contre-mouvements des deux côtés. Le système était condamné. Alors que cette idée se répandait, les anciens détenteurs du pouvoir ont fait tout leur possible pour récolter les fruits de l'ancien système. Et l'opposition n'avait ni la perspicacité ni le pouvoir de les arrêter. Ma deuxième préoccupation concerne la question des alternatives. Il est clair que les auteurs n'aiment pas ce qui s'est passé. Mais une transformation plus violente aurait-elle été préférable ? Je partage leurs sentiments négatifs quant à la transformation des membres privilégiés du parti en capitalistes modernes et nouveaux riches. Mais une purge sous la forme d'une guerre civile aurait-elle été préférable, ou même possible ? https://www.researchgate.net/publication/232021869_M_Los_A_Zybertowicz_Privatizing_the_Police-State_The_Case_of_Poland_St_Martin's_Press_New_York_2000_270_pp_6995_ISBN_0-312-23150-4 (Agata Fijalkowski, Netherlands International Law Review, mai 2002) En ce qui concerne l'échelon du pouvoir, de nombreuses anciennes figures de haut rang de la nomenklatura ont survécu politiquement jusqu'à aujourd'hui, malgré leur soi-disant activité et leur dévouement dans l'ancien système. Dans le chapitre 8, Los et Zybertowicz détaillent comment de nombreux d'anciens membres des services secrets et de la milice ont créé des sociétés privées de détective et de sécurité conformément à une loi de 1988 sur l'activité économique. Les auteurs soutiennent de manière convaincante qu'en ce qui concerne les agents des services secrets, ils ont réussi à maintenir l'accès aux diverses ressources des carrières précédentes et restent connectés, par le biais de liens personnels, à tous les niveaux de pouvoir de l'État postcommuniste. Ces développements ont servi de catalyseur à la privatisation de la violence et du crime pratiqués par ces réseaux travaillant pour des entreprises qui servent de façade à des schémas criminels bien élaborés et visent à exploiter et à protéger d'importantes entreprises économiques illégales. Les auteurs fournissent diverses références et sources à l'appui de leurs affirmations. Le chapitre 9 donne un bon aperçu des mesures de lustration et de décommunisation qui ont été prises en Pologne. Il est intéressant de noter que l'opinion publique polonaise a été au mieux incohérente quant à la nécessité de mesures de décommunisation, 42 % des personnes interrogées en 1990 soutenaient une telle initiative de la part du gouvernement, tandis que 52 % la rejetaient seulement un an plus tard". Adam Strzembosz, l'ancien juge très respecté de la Cour suprême, qui a soutenu l'opinion en 1989 selon laquelle le système judiciaire "se nettoiera de ses juges corrompus" (il convient de noter qu'aucune vérification formelle des juges n'a été effectuée) s'est vite rendu compte que ce n'était pas le cas. En ce qui concerne la lustration, il a noté avec justesse en 1994 que "[les difficultés techniques paraissent insurmontables lorsqu'il n'y a pas de volonté politique [de poursuivre]" (p. 187). Ainsi, il est clair que les tribunaux n'ont aucun moyen de s'établir sans les moyens de le faire et c'est peut-être la voie la plus commode pour certains. Les affaires concernant les crimes qui ont eu lieu entre 1944 et 1956 ont été entendues dans des tribunaux situés dans de petites villes, où il y a peu de publicité et encore moins d'intérêt local. En ce qui concerne les critiques, l'une des faiblesses du livre est qu'il n'existe aucun moyen de corroborer les conclusions des auteurs. Pourtant, on sait qu'il y a eu une destruction systématique des documents d'archives, un fait sur lequel l'historien polonais respecté Andrzej Paczkowski a écrit, notamment les documents provenant des archives du ministère de l'Intérieur en 1990. Il suffit toutefois d'examiner l'analyse des auteurs par rapport à l'évolution de la situation dans les pays voisins, comme la Russie, où de nombreux titulaires de postes politiques clés sont en fait d'anciens officiers du KGB.
  5. Là, tu nous parle du Traité de Lisbonne, c'est ça ? Celui qui, de fait, reprenait une bonne partie des dispositions techniques contenues dans le texte de la Constitution européenne, rejetée - de peu - lors d(un référendum en France et aux Pays-bas, Traité négocié par un Président français et finalement ratifié par un Parlement fraîchement élu, par des députés qui avaient annoncé qu'ils le ratifieraient ? "Si je ne suis pas d'accord c'est illégitime" ? -- D'ailleurs les américains ont bien fait de purger l'état irakien de tous les baasistes : ça a fait beaucoup de bien ! Pas d'accord Wallaby, pas d'accord du tout : le serment au régime précédent était imposé. Un serment (comme un contrat) imposé n'a aucune valeur. Tous les fonctionnaires polonais d'avant 1989 prêtaient serment, non ? Le régime précédent avait disparu. Fidélité à rien ça engage à quoi ? Ces juges-là avaient accompagné la Pologne de Walesa depuis 1990, souvent d'ailleurs à des positions où ils n'étaient pas protégés avant d'être promus et nommés à la Cour Suprême. C'est juste un coup d'état lent comme en Turquie, en Hongrie et en Russie pour revenir vers un régime de parti unique avec une pluralité de façade.
  6. https://web.de/magazine/politik/polens-ex-staatschefs-rufen-boykott-praesidentenwahl-34663290 3 anciens présidents (Walesa, Kwasniewski et Komoroski) et 6 anciens premiers ministres appellent au boycott de l'élection présidentielle prévue le 10 mai. L'opposition avait demandé qu'elle soit repoussée en raison du coronavirus. Il y a aussi des doutes sur la capacité de la poste d'acheminer à temps les votes par correspondance.
  7. Comme promis, cette publication d'archives est suivie d'une deuxième série se concentrant sur les relations Clinton-Eltsine : https://nsarchive.gwu.edu/briefing-book/russia-programs/2018-03-16/nato-expansion-what-yeltsin-heard (16 mars 2018) Eltsine a semble-t-il eu quelques faiblesses, avec ses remarques publiques à Varsovie en août 1993, où il a reconnu le droit des pays de choisir leurs alliances dans le cadre de l'Acte final d'Helsinki, et "semblait donner le feu vert à l'expansion de l'OTAN". Ou encore, selon la version de Lech Walesa, Le président polonais Lech Walesa a déclaré à Clinton (document 12) : Eltsine a dit aux Polonais à Varsovie l'été dernier [1993] que la Russie n'avait aucune objection à l'adhésion de la Pologne à l'OTAN ; lui, Walesa, avait un papier avec la signature d'Eltsine pour le prouver. Mais il avait été roulé dans la farine par les Américains : Le compte rendu déclassifié par les États-Unis d'une conversation clé le 22 octobre 1993 (document 8) montre le secrétaire d'État Warren Christopher assurant Eltsine à Moscou que le Partenariat pour la paix visait à inclure la Russie ainsi que tous les pays européens, et non pas à créer une nouvelle liste de quelques pays européens pour l'OTAN ; et Eltsine répondit : "C'est génial !" Christopher prétendit plus tard dans ses mémoires qu'Eltsine avait mal compris - peut-être parce qu'il était ivre - le vrai message que le Partenariat pour la paix "conduirait en fait à une expansion progressive de l'OTAN" ; mais le câble écrit par les Américains, qui rapporte la conversation, corrobore les plaintes ultérieures des Russes qui se plaignent d'avoir été induits en erreur. On soulignera la position modérée de Vaclav Havel : Le président tchèque Vaclav Havel a immédiatement [1994] répondu qu'il n'était ni possible ni souhaitable d'isoler la Russie. Ou même le célèbre discours de Vaclav Havel à une session conjointe du Congrès américain en février 1990 appelant à la dissolution des deux blocs (il changera rapidement d'avis). Et l'ossification des positions américaine et russe, désormais inconciliables, à partir de la publication des documents Primakov en 1997. Ces documents affirment l'existence de promesses américaines à Gorbatchev de ne pas étendre l'OTAN à l'Est. Les Américains ont répondu aux documents Primakov en publiant en interne le mémorandum Kornblum-Herbst qui devait figer la rhétorique américaine dans un état qui n'a guère évolué depuis : Le mémorandum Kornblum-Herbst se concentrait sur les négociations Two-Plus-Four qui ont accouché du traité d'unification allemande, faisant valoir que le traité ne s'appliquait qu'au territoire de l'ancienne Allemagne de l'Est et ne créait pas de précédent pour les limites imposées aux nouveaux membres de l'OTAN. La note décrivait à tort un commentaire de Hans-Dietrich Genscher comme étant "unilatéral" et ne s'appliquant qu'à l'ancienne RDA, alors qu'en fait les câbles diplomatiques du Département d'État et les câbles diplomatiques britanniques de l'époque (février 1990) montraient que Genscher se référait spécifiquement et à plusieurs reprises à l'ancienne RDA ainsi qu'à la Pologne et à la Hongrie comme pays susceptibles de vouloir adhérer à l'OTAN. Mais sinon, le mémo n'abordait pas les assurances de haut niveau sur la sécurité soviétique (comme "pas un pouce vers l'est") fournies à Gorbatchev par un large éventail de dirigeants occidentaux (James Baker, Helmut Kohl, Douglas Hurd, John Major et George H.W. Bush, entre autres).
  8. http://www.rfi.fr/europe/20170131-pologne-experts-confirment-lech-walesa-etait-agent-communiste (31 janvier 2017) Des experts confirment que Lech Walesa était un agent communiste. https://www.nytimes.com/2017/01/31/world/europe/poland-lech-walesa-communist-report.html (31 janvier 2017) Mr Wałęsa avait tout juste 27 ans quand it s'est retrouvé l'un des chefs d'une grève d'importance majeure au chantier naval de Gdansk. Il a été arrêté comme de nombreux autres dissidents et a été confronté à une grave pression pour collaborer, dit Mr Skorzynski [historien]. "C'est l'époque où la police torturait les prisonniers. Wałęsa a signé l'accord de collaboration dans une atmosphère générale de terreur".
  9. Le langage utilisé est un peu trop brut mais il reste qu’en Pologne, avec le remplacement de la court suprême, les accusations sur Walesa, la réécriture globale de l’histoire avec par exemple l’accident d’avion, ce n’est pas vraiment des caractéristiques d’un état de droit. Quand à l’accusation économique, je reconnais que l’aide Européenne n’est pas désintéressée. Il n’empêche que ces pays de l’Europe de l’Est, ils on plus à gagner en négociant directement avec L’Allemagne une aide en échange d’un support électoral que de demander de l’aide à Europe. Aux USA, on parle de Pork Barrel Politics sans en faire une maladie.
  10. Cet appel à Marx m'a fait aussi sursauter, parce que cela colle parfaitement à l'analyse de Witold Wszczykowski : http://www.air-defense.net/forum/topic/19693-pologne/?do=findComment&comment=935790 http://www.bild.de/bildlive/2016/14-polen-minister-44000764.bild.html (3 ? janvier 2016) Berlin. Le nouveau ministre des affaires étrangères Witold Waszczykowski (58) a réfuté auprès de BILD la critique par la commission européenne de la loi sur les médias du parti PiS. « Nous voulons uniquement soigner notre État de certaines maladies, pour qu'il se rétablisse » [1], justifie-t-il eu égard à la démarche de son gouvernement envers les médias publics : « Sous le précédent gouvernement, on y poursuivait un certain concept politique de gauche. Comme si le monde devait, sur le modèle marxiste, se mouvoir automatiquement dans une seule direction.» Pour le PIS, les européistes sont d'anciens communistes recyclés. C'est une sorte d'idée fixe qui leur permet de diaboliser tous les gens qui ne sont pas d'accord avec eux, notamment Walesa qu'ils accusent d'avoir fricoté avec les services de renseignement. Mais il y a peut-être une part de vrai dans l'analyse. Il y aurait une idéologie européiste qui ne serait que cela, dont le seul argument serait : vous ne pouvez pas lutter contre, car on a le sens de l'histoire avec nous. Donc si vous voulez faire carrière, si vous voulez être du bon côté de l'histoire, vous avez intérêt à marcher avec nous.
  11. Oui, mais il faut savoir ce que l'on met dans "collaborer". Par exemple, avoir été membre des Jeunesses Communistes, ça ne signifie concrètement pas grand chose, mais ça fait un titre dans une certaine presse. Défense de Walesa le lendemain.
  12. http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2016/02/18/97001-20160218FILWWW00112-pologne-lech-walesa-accuse-d-avoir-collabore-avec-la-police-communiste.php Vraies archives qui refont surface, ou tentative de déstabiliser / de minorer son influence sur le jeu politique Polonais ?
  13. Il ne s'oppose pas frontalement. Il essaie de peser sur la situation politique, mais diplomatiquement, tout en nuances : http://www.spiegel.de/politik/ausland/polen-lech-walesa-warnt-vor-buergerkrieg-a-1068504.html (18 décembre 2015) Lech Wałęsa : Droit et Justice a raison sur de nombreux points, « mais pas de cette façon ». Les réformes doivent progresser de façon ouverte et démocratique et non « de façon brutale ». « Je vais essayer de convaincre ces gens. Ce sont mes anciens collègues : je ne vais pas me mettre contre eux ».
  14. Lech Walesa s'inquiète, lui qui n'est ni très tendre ni très naïf : j'aurais tendance à lui faire confiance, et à être inquiet avec lui.
  15. Via RFI : « Ce qui se passe en ce moment est très dangereux. Je vais devoir une nouvelle fois guider la bataille pour la liberté. » Ces mots sont ceux de Lech Walesa, fondateur du syndicat Solidarité et héros polonais lors de la chute du communisme en 1989. Il les a prononcés hier en référence à la situation en Pologne depuis l’arrivée au pouvoir des conservateurs populistes. Son niveau d'inquiétude a donc considérablement monté en une semaine...
  16. http://www.letemps.ch/monde/2015/12/07/lech-walesa-devons-aider-russie-realiser-transition-avons-faite (7 décembre 2015) Interview de Lech Wałęsa.
  17. On peut prendre tout argument dans un sens exagéré, et toute critique par exemple de l'occupation israélienne comme une attaque contre l'existence d'Israël. Certaines personnes pourraient m'accuser d'antisémitisme pour avoir écrit dans le post précédent qu'Israël avait des torts. Mais ce n'est pas par antisémitisme que j'écrivais cela, et pas non plus par racisme anti-arabe que j'écris que les Palestiniens ont des torts. Ce que je dis peut être critiqué, mais franchement rejeter un argument parce qu'il sonnerait anti-ceci ou anti-cela n'est pas très convaincant. Concernant les indépendantistes indiens violents, ou d'ailleurs les indépendantistes algériens ou autre, il est clair que toutes les indépendances n'ont pas été obtenues par des manifestations pacifiques, c'est même plutôt l'exception. Mais vu l’enchevêtrement des populations comme la situation du Moyen-Orient le fait est qu'il est très difficile aux Palestiniens de réclamer l'égalité sans en même temps menacer la situation sécuritaire d'Israël. Ce que non seulement Gandhi et Walesa ne faisaient pas, mais même les révolutionnaires algériens : il était évident que pourvu que la France quitte l'Algérie, la France elle-même ne serait plus menacée. Ce genre de lutte armée peut bien marcher dans certains cas, mais certainement pas dans le cas palestinien. La critique que je fais contre les Palestiniens est avant tout une critique pratique : leur méthode ne marche pas, et pourtant ils y reviennent encore et encore.
  18. Exactement. Et ça continue encore et encore C'est que le début d'accord, d'accord... Le conflit ne se laisse pas résumer en trois paragraphes - peut-être même pas en trois thèses de doctorat - mais enfin la principale façon dont Israël maltraite les Palestiniens est en les maintenant depuis presque cinquante ans sous divers régimes d'occupation militaire. Les régimes, voies et méthodes d'occupation et d'auto-gouvernement limité sont divers et variables avec le temps, Gaza n'est pas la zone A, B ni C de la Cisjordanie, et aucune des quatre n'est Jérusalem-Est, mais sans entrer dans les détails la majorité des Palestiniens est née après 1967 et n'a donc jamais connu autre chose. C'est un état de fait assez singulier, à la fois être sous la dépendance d'un Etat, plus ou moins pesante mais plutôt plus, sans être citoyen de cet Etat. Bien des peuples dans le monde connaissent un sort largement pire que celui des Palestiniens, qu'il s'agisse de nombre de tués de mort violente ou de développement contrarié, mais ce qui rend cette situation assez unique est que dans le cas israélo-palestinien c'est un Etat démocratique et développé qui est aux commandes, d'où un contraste vraiment frappant parmi les quelque 13 millions de personnes sous contrôle israélien entre qui est citoyen et qui ne l'est pas. De leur côté, le principal tort des Palestiniens est la méthode choisie pour tenter de faire respecter leurs droits, non seulement mauvaise d'un point de vue moral - meurtres et terrorisme - mais encore totalement inadaptée et stupide d'un point de vue pratique - menacer autrefois d'expulsion de la région et plus récemment de meurtre aléatoire un peuple à la fois puissant et se sentant vulnérable du fait de son histoire, et s'attendre à ce que sa volonté faiblisse. Si les Palestiniens avaient choisi la voie d'un Gandhi ou d'un Lech Walesa, cela fait bien longtemps que l'inimitié aurait disparu et qu'une solution quelconque aurait été trouvée - deux Etats, Etat binational, ou tout autre arrangement qui aurait convenu aux deux parties. C'est que devant une foule de gens sous occupation militaire manifestant pacifiquement pour obtenir des droits égaux, la volonté de contrôle des Israéliens aurait été désarmée comme celle des Britanniques en Inde ou des Russes en Pologne. Alors qu'elle est au contraire renforcée par chaque terroriste palestinien, et peut-être plus encore à chaque fois qu'un terroriste objectivement lâche est fêté comme un héros par les Palestiniens. Et cette fois-ci encore ça n'a pas loupé...
  19. C'est quoi cette histoire... http://www.les-crises.fr/tyagnibok-neonazi-et-decore-par-lech-walesa-pour-son-combat-pour-la-liberte/
  20. http://www.20minutes.fr/monde/1436091-20140902-armement-ukraine-vers-conflit-nucleaire-selon-lech-walesa (2 septembre 2014) Une aide militaire européenne à l'Ukraine pourrait conduire à un conflit nucléaire entre la Russie et l'Otan, a estimé mardi le prix Nobel de la Paix Lech Walesa. http://www.franceinfo.fr/actu/monde/article/cinq-pays-de-l-otan-dont-la-france-vont-fournir-des-armes-l-ukraine-564129 (7 septembre 2014) Plusieurs pays de l'Otan ont démenti dimanche les affirmations d'un conseiller du président ukrainien Petro Porochenko selon lesquelles cinq Etats membres de l'Alliance atlantique, dont la France, avaient accepté de fournir des armes et une assistance militaire à l'Ukraine.
  21. Discours prononcé le 7 mars 2007 à Paris par Nicolas Sarkozy, président de l'Union pour un Mouvement Populaire et candidat UMP à l’élection présidentielle 2007. Source : Site officiel de l'UMP. Mesdames, messieurs, Mes chers amis, Vous me permettrez tout d’abord de vous faire part de ma satisfaction que cette journée, consacrée par notre famille politique aux questions de défense - journée, je le sais, très attendue - ait pu se tenir. Satisfaction de vous voir réunis si nombreux pour participer aux débats. Satisfaction devant la qualité et la densité des travaux sur une matière qui mérite mieux qu’une pensée convenue. Il n’y avait aucune raison qu’en ce domaine nous ne fassions pas preuve d’un aussi important travail de réflexion que dans les autres domaines. Qu’il me soit permis à cette occasion de rendre un hommage plus particulier à Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense, pour la part qu’elle prend à cette réflexion et à la campagne présidentielle, à François Fillon, à Pierre Lellouche, qui a fait un travail tout à fait remarquable, à Guy Teissier, le président de la Commission et à Gérard Longuet. À ces remerciements, je voudrais associer tout particulièrement les personnalités qui nous ont fait l’honneur et l’amitié d’être parmi nous aujourd’hui, avec un clin d’œil affectueux à Dora. Votre présence montre, s’il en était besoin, que la défense est un sujet passionnant qui doit faire débat, tout simplement pour informer les Français. C’est un sujet qui doit faire débat parce que l’essentiel est en jeu. C’est un sujet qui engage l’avenir de la France et avec lui, sans doute, celui de l’Europe. Le Général de Gaulle à Bayeux disait : « La défense ! C’est la première raison d’être de l’État. Il n’y peut manquer sans se détruire lui-même ». Autant dire que nous sommes là au cœur des missions régaliennes de l’État. J’ajouterai que cette défense devra de plus en plus s’affirmer demain comme une des premières missions de l’Europe. Chacun voit bien combien il serait étrange de vouloir construire une puissance économique dont on ne se préoccuperait pas de sa sécurité. Trois raisons placent la défense au premier rang des préoccupations de cette élection présidentielle, décisive entre toutes. D'abord le chef de l'État est le chef des Armées. Et cette fonction régalienne constitue une part éminente de ses responsabilités. Ensuite la France, au-delà de l'impératif d'assurer comme tous les pays sa propre sécurité, doit assumer les obligations qui découlent de son statut de membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU. Et qu’il me soit permis de dire à tous les pays à travers le monde qui souhaiteraient avoir le même statut que la France, qu’ils en voient généralement les droits, peut-être les avantages, mais qu’ils n’en perçoivent pas toujours les devoirs et les obligations, au premier rang desquelles celui d’être prêt à payer le prix du sang au service de la paix dans le monde ! Que ceux qui demandent les mêmes droits que la France soient prêts à en assumer les mêmes devoirs. Enfin, ce début de XXIème siècle est placé sous le signe d'une multiplication des menaces et des risques, André Glucksmann l’a dit avec beaucoup de brio ce matin. Qui peut concevoir que du consensus de l’analyse qui voit se multiplier risques et menaces, nous devrions en tirer la conclusion qu’il faille baisser la garde ? Cela n’aurait pas de sens. Voilà pourquoi la défense doit faire l’objet d’un engagement fort de la part d’un candidat à la Présidence de la République. Voilà pourquoi ma présence parmi vous atteste de mon engagement à faire de la modernisation de la doctrine et de l'outil de défense un axe majeur, fondamental, du quinquennat qui s’annonce. J’appartiens à une génération, et je n’ai nullement envie de le cacher, qui n’a pas été directement confrontée à la guerre Cela, je le dois à nos aînés qui ont combattu, parfois jusqu’au sacrifice ultime, pour notre liberté, celle de la France et de chacun d’entre nous. Je sais la dette que nous avons à leur égard. Mais, la génération qui n’a pas connu la guerre n’a pas moins de responsabilités que celle qui l’a connue, elle en a davantage. Je n’oublie pas non plus les quelque 12.000 soldats français actuellement engagés dans des opérations extérieures pour défendre nos valeurs, préserver une paix fragile et garantir des engagements internationaux. Certains d’entre eux l’ont récemment payé de leur vie. Je veux bien sûr, en votre nom à tous, leur rendre hommage, en assurant leur famille et leurs frères d’armes de notre admiration, de notre gratitude et de notre solidarité. Les soldats morts en faisant leur devoir ont fait honneur à la République française et à la France. Grosso modo, depuis deux générations, c’est-à-dire depuis la fin des conflits de la décolonisation, notre pays connaît pour l'essentiel la paix. Elle a permis la liberté politique, le développement économique et le progrès social. Et, pour la première fois de son histoire, la France ne semble plus exposée à des menaces militaires directes venant d'États ou d'empires hostiles. La guerre n’a pourtant jamais disparu de notre horizon Elle a toujours été en arrière-plan durant la guerre froide, avec la menace soviétique. La chute du mur de Berlin a brutalement mis un terme à ce monde qui offrait une fragile stabilité en contrepartie de l'oppression et du sous-développement d'une majorité des peuples et des nations. C’est la raison pour laquelle je ne me reconnais pas dans l’objectif d’une politique étrangère qui n’aurait pour seul objectif que la stabilité. Jeune, j’ai trop entendu qu’il fallait garantir la stabilité issue de Yalta. C’était la stabilité de la cruauté et de l’injustice et nos frères européens ont payé à cause d’elle. Ce n’est pas ma conception de la politique étrangère consistant à garder les dictatures pour ne rien changer. L’Europe centrale et orientale s'est libérée sans violence : ce fut une période magnifique et extrêmement émouvante. Des hommes de paix et de foi ont joué un rôle considérable. Notamment un grand Polonais que personne n’a oublié, je ne parle pas simplement de Lech Walesa, mais aussi de l’autre… Ils se sont libérés par eux-mêmes et vingt plus tard, force est de reconnaître que certaines illusions apparues alors, depuis les « dividendes de la paix » de M. Fabius, jusqu’à « la fin de l’histoire » de M. Fukuyama, se sont complètement dissipées. Je demande à Monsieur Fukuyama de ne pas m’en vouloir de cette association qui n’est pas de la même importance, j’en conviens. Car, en termes d’illusion, il y a une hiérarchie… À la fin de l’histoire, l’on aperçoit que rien n’est fini. Si l’étau qui enserrait l’Europe a disparu, d’autres menaces et d’autres tensions ont surgi. Depuis la fin de la guerre froide d’ailleurs, nos interventions n’ont cessé de se multiplier. Nos forces sont toujours présentes en Afrique, au nom du maintien de la paix, même s’il faut s’interroger sur ces accords, naturellement. Mais elles ont aussi été engagées dans la première guerre du Golfe, dans des actions de force contre certains belligérants de l'ex-Yougoslavie et même en Afghanistan après les attentats du 11 septembre 2001. 1) Nous vivons désormais, c'est un truisme, dans un monde instable et incertain, caractérisé par la multiplication des risques et la dissémination de la violence. Depuis 1989, innombrables sont les crises qui ont dégénéré en conflits armés, en majorité asymétriques et de basse ou moyenne intensité. Mais l’on y meurt aussi. La rupture avec la période de la confrontation Est-Ouest, qui reposait sur la permanence d’un adversaire bien identifié et la préparation à une guerre totale qui ne s’est jamais produite, est donc totale. La menace d'une confrontation de haute intensité s'est fortement réduite sans disparaître totalement. D'autres sont apparues, certaines à nos portes, avec les guerres accompagnant la dislocation de l’ex-Yougoslavie. Elles ont montré tragiquement que l’Europe n’était pas à l’abri d’un déchaînement de violence et d'un retour en force de la barbarie. Quand j’entends dire que nous n’aurions plus besoin de l’Union européenne, je demande que l’on regarde tranquillement ce qui se passe à nos portes, dans les pays d’ex-Yougoslavie, pour voir combien, au contraire, nous en avons besoin. Par ailleurs, et encore plus préoccupant, la prolifération balistique et nucléaire est en passe de franchir un seuil particulièrement inquiétant, avec la Corée du Nord et surtout l’Iran ; la dissémination des armes bactériologiques et chimiques n'a jamais cessé ; l’hyper terrorisme, qui a frappé notamment New York, Madrid et Londres, excusez du peu, peut sévir à nouveau dans n’importe quel pays, y compris le nôtre. Et les facteurs de crises continuent de s’accumuler Certains proviennent des États. États forts animés d’une volonté de puissance qui met à l’épreuve les règles de la communauté internationale. D’autres viennent d’États affaiblis ou effondrés qui font le lit des organisations criminelles et terroristes. Certains découlent de la compétition pour le contrôle des ressources énergétiques, des matières premières, voire l'accès à l'eau dans certaines régions. Certains naissent des déséquilibres écologiques, démographiques et économiques qui exacerbent les pressions migratoires. À ceux-là s’ajoutent les antagonismes religieux ou culturels que certains fanatiques rêvent de transformer en choc des civilisations. Et la liste n’est pas close. Voilà le scénario… Si elles ne font pas l’objet d’un traitement adapté par la communauté des nations, ces lignes de fracture peuvent déboucher sur des conflits de grande ampleur. Il faut d'autant plus les craindre que la suprématie technologique de l’Occident est contournée par des techniques de guérilla efficaces notamment en milieu urbain. Je voudrais dire combien sont préoccupants les succès militaires du Hezbollah face à l’armée israélienne, acteur pourtant non étatique, et les difficultés de l’armée américaine en Irak. Deux exemples particulièrement révélateurs de la nécessité de relativiser notre supériorité technologique. La France n’est pas à l’abri de ces menaces qui peuvent se concrétiser sur son sol comme porter atteinte à ses intérêts au-delà de ses frontières. Qu’il s’agisse de la protection de nos ressortissants, de la sécurisation de nos approvisionnements énergétiques ou du respect des engagements internationaux. 2) Dans ces conditions, je veux affirmer que sont irresponsables tous ceux qui proposent ou proposeraient de réduire notre effort de défense. Si le mot irresponsable a un sens, c’est bien celui-ci. Si je suis élu Président de la République, je m’engage à maintenir notre effort de défense au moins à son niveau actuel, soit de l’ordre de 2% du PIB. Ce n’est pas une lubie mais un seuil incompressible pour disposer de forces armées bien entraînées, bien équipées, aptes à assurer la protection de notre territoire et la sécurité des Français. J’ajoute qu’il est quand même curieux de dire aux Français « choisissez : soit l’éducation, soit lé sécurité ». C’est un raisonnement étrange qui doit certainement correspondre à une logique, peut-être même à une cohérence, mais je ne les ai pas encore trouvées… Les Français ont le droit à la sécurité et à l’éducation, elles sont même liées. Le budget de la Défense ne constituera pas la variable d’ajustement des finances publiques dans les années à venir. J’ai d’ailleurs le parfait exemple de ce qu’il ne faut pas faire. De 1997 à 2002, le gouvernement Jospin a supprimé une annuité complète d’équipement, 15 milliards d’euros, dilapidée dans le financement de réformes dont la France aurait été bien inspirée de se passer, comme les 35 heures. Voilà leur cohérence, je l’ai trouvée ! C’était les 35 heures ou la sécurité de la France. Maintenant, c’est l’éducation ou la sécurité. Rien n’a donc changé! Cette imprévoyance contraste avec le redressement opéré en 2002 sous l’impulsion personnelle de Jacques Chirac, avec le concours de Michèle Alliot-Marie. L’incurie des gouvernements socialistes a consisté à financer en cours d’année des dépenses civiles non budgétées par des redéploiements de crédits prélevés sur la Défense. Je le dis clairement : ce ne sera pas ma ligne de conduite car elle aboutit à une impasse. Je ne financerai pas les universités ou les lycées en annulant des programmes militaires indispensables à notre sécurité. Il est absurde d’opposer des politiques tout aussi essentielles pour la Nation que la Défense, la Recherche ou l’Éducation. Parmi les préjugés les plus tenaces figure celui qui voudrait que la dépense de défense fut par nature improductive C'est faux, car elle irrigue un secteur industriel qui compte plus de 180 000 emplois. Elle apporte une contribution déterminante à l’effort de recherche et participe à nos exportations, avec plus de 5 milliards d'euros de commandes en 2006. Moi qui suis si souvent accusé d’être intéressé par le modèle américain, s’il y a bien un domaine où il ne faut pas hésiter à s’en inspirer, c’est leur effort de recherche en défense mis au service de l’économie américaine. De surcroît, cela permet face à l’OMC, qui regarde de très près ce qui se passe en Europe et d’un peu moins près ce qui se passe outre-atlantique, de lui dire que nous pouvons le faire puisque les Américains le font. Ce qui après tout est une règle assez loyale. Le projet qui est le mien pour la Défense n’est donc pas dissociable du projet d’ensemble que je propose aux Français. Je le dis d’autant plus volontiers qu’à mes yeux, les militaires, les civils, les industriels qui travaillent dans le secteur de la défense sont d’abord des citoyens comme les autres. Leurs attentes dépassent largement leur seul secteur d’activité professionnelle. Ce serait se tromper et leur manquer de respect que de croire que les militaires se prononcent uniquement en fonction du niveau des budgets de défense annoncés par les candidats. Remarquez, si vous voulez le faire, ne vous gênez pas, nous ne craignons pas la comparaison… Mais c’est manquer de respect à des gens qui ont l’habitude de réfléchir et qui sont des citoyens comme les autres, en tout cas dans leur réflexion. 3) Notre politique de défense ne saurait se limiter à la seule question des moyens : nous devons interroger plus régulièrement ses finalités, son adéquation avec nos besoins de sécurité et l’efficacité de sa mise en oeuvre. Dans ce domaine, comme dans d’autres, je voudrais que nous procédions avec ordre et méthode. Décliner la vision en orientations, en objectifs, en priorités et dans un agenda tendu vers l'action. Quelles conclusions doit-on tirer des évolutions de notre environnement international et stratégique ? Quels sont les objectifs prioritaires qui en découlent ? Que veut-on et que doit-on assumer seuls ? Que veut-on et que doit-on partager avec nos alliés ? Quelles missions et quels contrats opérationnels assigne-t-on à nos armées ? Autant de questions qu’il est de notre devoir de poser et dont les réponses permettront de hiérarchiser nos choix capacitaires et de rendre des arbitrages cohérents. Cet exercice de réévaluation devra être engagé dès le lendemain de l’élection présidentielle et sans doute intervenir à intervalles réguliers. Le dernier Livre Blanc remonte à 1994 et bien des événements ont considérablement modifié l’environnement géopolitique dans lequel nous nous inscrivons désormais. Sans être exhaustif, je citerais les attentats du 11 septembre 2001 et la stupéfaction du monde devant cette barbarie ; l’intervention américaine en Irak ; la crise nucléaire iranienne ; la déstabilisation du Liban et de certaines régions d’Afrique centrale et de l’Ouest ; ou encore la montée en puissance de la question énergétique dans les impératifs de sécurité. Les Livres Blancs, pour être pertinents, doivent être régulièrement actualisés comme le font nos grands alliés, sauf à figer la pensée et l’action, alors même que nous devons être plus réactifs, dans un environnement dont la seule constante, pour au moins les deux ou trois décennies à venir, sera l’instabilité. On ne peut pas dire que le monde est instable, avoir fait un livre en 1994 et dire « circulez, y a rien à voir »… Il est normal de s’interroger, quelle que soit la qualité du livre blanc en question. Dans le cadre des travaux préparatoires de la prochaine loi de programmation militaire, car il en faut une, cette réflexion devra aller de pair avec le réexamen et l’audit systématique des principaux programmes d’armement en cours ou en projet. Cette démarche conduira fatalement à une révision du modèle d’armée 2015. Parce que, construit autour des conclusions du Livre Blanc de 1994, ce modèle d’armée n’a été que partiellement financé par les lois de programmation exécutées depuis, notamment en raison du retard pris pendant la législature socialiste. Ce n’est pas remettre en cause ce modèle, mais tout le monde sait, y compris en respectant les lois de programmation à la lettre, comme Michèle l’a fait depuis 2002, qu’il n’est pas financé. Nous ne pouvons donc pas ériger un livre blanc de 1994 et un projet non financé en référence intangible des lois de programmation. D’ores et déjà, qu’il me soit permis de vous faire part d’un certain nombre de convictions et de grandes orientations qui touchent aux institutions et à la doctrine de défense. Les institutions Je propose une idée qui peut faire débat, mais je vais essayer de m’en expliquer. La politique de défense est une chose trop sérieuse pour continuer à être enfermée dans un domaine réservé, au sens où l’on ne pourrait en parler. C’est un mauvais service à rendre aux militaires et au lien terrorisme que de considérer que le débat sur la défense ne doit pas avoir lieu. J'entends renforcer les pouvoirs du Parlement en matière de contrôle des services de renseignement ; d’approbation de la présence et des modalités d’intervention de nos forces armées à l’étranger, au bout d’un certain délai à discuter ; de lancement des grands programmes d’armement ou encore de ratification des accords de défense. Après ce que j’ai dit sur les impératifs de sécurité, je voudrais rappeler que nous sommes une démocratie. Et dans une démocratie, les choses essentielles doivent être débattues. Bien sûr, il y a la responsabilité de l’exécutif, du président de la République et du ministre de la Défense, mais il y a aussi l’expression de la souveraineté nationale au Parlement. Je souhaite d’ailleurs que le président de la République puisse venir devant la représentation nationale pour présenter et expliquer ses grandes orientations de défense. Dans une démocratie moderne, il ne peut pas y avoir de domaines dont nous ne puissions pas parler. Nous devons également tirer toutes les conséquences des interactions croissantes entre la sécurité intérieure et la sécurité extérieure, illustrées notamment par l’exportation de la menace terroriste sur notre territoire. Plus que jamais, nous devons avoir une approche globale des enjeux de notre sécurité et des réponses que nous y apportons. Sécurité intérieure, politique extérieure, défense militaire et civile ; toutes ces dimensions sont de plus en plus imbriquées et interagissent entre elles. C’est pourquoi je souhaite la création, auprès du président de la République, d’un Conseil de sécurité nationale qui deviendra l’instance centrale d’analyse, de débat et de réflexion en matière de sécurité et de défense, en période normale comme en période de crise. Cette instance aura vocation à se substituer, dans des configurations adaptées, selon les sujets et les circonstances, aux actuels Conseil de sécurité intérieure et Conseil de défense. Ce Conseil sera adossé à un secrétariat permanent qui en préparera les réunions et sera chargé du suivi des décisions prises. Pour avoir participé pendant de nombreuses années à ces deux Conseils, en tant que ministre du Budget, des Finances ou de l’Intérieur, je veux qu’il s’agisse d’un lieu d’échanges entre responsables gouvernementaux, grands subordonnés et experts, et non pas d’une chambre d’enregistrement d’arbitrages préparés, avant la réunion, par un cercle restreint. Cela me paraît essentiel pour que le président de la République soit assuré de disposer des différents éléments d’expertise et de contre-expertise indispensables à la préparation de la décision. Il nous faudra également porter une attention accrue à la défense civile. Cela implique que nous mobilisions davantage nos concitoyens, renforcions nos capacités à prévenir et, le cas échéant, à surmonter des crises liées à la réalisation sur notre territoire de la menace terroriste. Je propose la création d’une agence de défense civile chargée d’animer l’esprit de défense et de coordonner l’action des diverses composantes de notre société ainsi que des pouvoirs publics. Cette agence pourrait être rattachée au ministre de l’Intérieur, voire au Premier ministre, et s’appuyer sur le service civique pour étoffer les moyens d’intervention mobilisables en cas de besoin. Les grandes fonctions de notre outil de défense : dissuasion, prévention, projection et protection La dissuasion reste un impératif absolu. C’est l’assurance-vie de la Nation, la garantie qu’un autre État devra réfléchir avant de s’en prendre à la France sauf à s’exposer à une sanction immédiate et hors de proportion avec les avantages recherchés. Cette garantie pourra bénéficier à nos voisins européens, dans des conditions qui, s’ils le souhaitent, pourraient être définies avec eux. Il ne s’agit en aucun cas d’imposer quoi que ce soit. Il s’agit simplement de réfléchir au fait que les intérêts vitaux de la France ne se réduisent pas à la seule dimension de l’hexagone. C’est un sujet important, nous en débattrons et nous verrons. Mais je crois qu’il faut être capable d’ouvrir les bras et de dire que la France, puissance nucléaire, qui fait un tel effort pour sa défense, est également le cœur de la défense européenne. Si je suis élu président de la République, je prends l’engagement de garantir la crédibilité politique et technique de nos systèmes d’armes, dans le respect du principe de stricte suffisance des moyens déployés. Les programmes de modernisation qui se révèleront nécessaires seront poursuivis et soumis aux mêmes exigences d’optimisation. Un accent particulier doit être mis cependant sur la prévention, grâce à une meilleure coordination des activités des services de renseignement, mais aussi à travers le renforcement des moyens d’acquisition de l’information, tant humains que technologiques. Chacun doit mesurer que le spatial joue aujourd'hui en matière stratégique le même rôle clé qui revint au nucléaire durant la seconde moitié du XXème siècle. Les efforts entrepris depuis dix ans pour développer nos moyens de projection de forces et de frappe dans la profondeur doivent être accélérés. L'objectif consiste à parachever l'évolution vers une armée d'emploi, apte à assurer une défense de l'avant. À l’heure de la mondialisation et de la prolifération, la sécurité de notre territoire et de notre population peut se jouer loin de notre territoire. La réalisation du second porte-avions se situe pour moi dans cette perspective Là encore, c’est une question de cohérence. Soit nous ne construisons pas de porte-avions, et c’est un choix, soit nous en faisons deux. Parce qu’il est curieux de faire un porte-avions, sans se poser la question de la permanence à la mer de notre groupe aéronaval, compte tenu des impératifs sur notre premier porte-avions. Il semble curieux de dire qu’il est capital d’avoir un porte-avions, mais peu importe de n’en avoir aucun pendant dix-huit mois… C’est la raison pour laquelle pour moi c’est soit zéro, soit deux. J’ai pris le second choix parce que c’est la condition de la permanence en mer. Il serait d’ailleurs parfaitement incohérent de plaider comme je le fais pour que la France assume sa responsabilité de puissance méditerranéenne, où tout se joue, le meilleur comme le pire, et d’en tirer la conséquence que nous n’avons pas besoin d’un porte-avions en Méditerranée pour garantir sa stabilité et sa stabilité. La production de ce grand équipement s’inscrit dans une dimension européenne puisqu’elle donne lieu à une coopération industrielle avec les Britanniques. Il ne m’apparaît pas en revanche réaliste, du moins à moyen terme, de miser sur l’européanisation de l’emploi d’un tel équipement. Après avoir été accusée de tous les maux, l’Europe devient la solution à tous les faux-fuyants, disant qu’elle va s’en occuper. Je voudrais rappeler que les caractéristiques de l’aviation embarquée varient d’un pays à l’autre, malheureusement. Ce qui est quand même ennuyeux pour un porte-avions. Ensuite, je n’ai pas vraiment saisi si la Grande-Bretagne était d’ores et déjà une puissance méditerranéenne… Je ne suis pas persuadé qu’elle ait absolument et tout de suite les mêmes priorités que nous. Enfin, il n’y a pas et il n’y aura pas avant longtemps d’entité politique européenne légitime pour décider et répondre de l’engagement d’un tel équipement. Nous avons déjà vu les problèmes occasionnés en commençant avec la monnaie avant le gouvernement économique, il me paraîtrait curieux d’européaniser l’utilisation du second porte-avions sans se poser la question de l’autorité politique et de sa légitimité qui pourrait en décider. Dans le même ordre d’idées, une attention spécifique sera accordée aux autres programmes de projection de puissance. Je pense par exemple au SCALP naval mais aussi au renforcement des capacités de frappe de précision existantes, aux sous-marins nucléaires d’attaque de la génération « Barracuda », au renouvellement de nos frégates ou au transport stratégique aérien et maritime. La protection de notre territoire continuera à s’appuyer sur des moyens militaires et civils qui seront mieux intégrés dans une approche globale de notre sécurité. La protection de la population est depuis trop longtemps un angle mort de notre politique de défense. Et ce reproche vaut aussi au plan européen, alors même qu'il existe une demande très forte des citoyens en la matière, qu'il s'agisse de la protection des infrastructures essentielles, de la surveillance des frontières, de la stabilisation de la périphérie de l'Union. La protection doit naturellement couvrir nos soldats déployés en opérations extérieures. Cela intéresse plus particulièrement les forces terrestres projetées sur des théâtres sensibles, souvent en milieu urbain, au contact direct de populations hostiles. La protection de nos armées sera donc systématiquement renforcée, notamment contre les risques nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique. Les programmes portant sur la défense anti-missile de théâtre seront soutenus et développés. Tout sera mis en œuvre pour garantir l'efficacité et la protection des troupes déployées au sol : numérisation du champ de bataille, équipements individuels, blindage des véhicules, médecine de l’avant, aéromobilité… À cet égard, je considère le programme d’hélicoptères NH90 comme un programme qui devrait être remis en tête des équipements prioritaires pour l’armée de terre. Les hélicoptères actuels, Super Pumas et Frelons, ont rendu de grands services, ce n’est pas leur faire injure de dire qu’ils ont quelque peu vieilli. Nous devrons aussi réfléchir à une meilleure prise en compte du facteur humain. La sollicitation excessive des troupes, la polyvalence des hommes et l’espacement des périodes de remise en condition et d'entraînement épuisent les unités, parfois au détriment de leur sécurité. Cela renvoie directement à la réflexion que nous devrons avoir sur le dimensionnement de notre présence militaire en France et à l’étranger, et sur l’étendue, dans l’espace et dans le temps, des missions confiées à nos militaires en opérations extérieures. Sans doute faudra-t-il un jour se demander s’il ne faut pas hiérarchiser nos interventions et considérer que certaines sont prioritaires et plus légitimes que d’autres. À force, on finit par prendre tous les risques sans en avoir tous les avantages. 4) La réalisation de ces différents objectifs devra s’inscrire dans une volonté constante d’amélioration de la réactivité et de l’efficacité de notre outil de défense. L’effort remarquable mené depuis 2002 pour redresser la disponibilité opérationnelle des équipements sera poursuivi et amplifié, tant sur le plan financier que sur le plan opérationnel. Les budgets d’équipement ne sont toutefois pas suffisamment maîtrisés, comme le montrent des dépassements calendaires et financiers encore trop fréquents et trop importants. La gestion des fonctions de base et de soutien n’a pas été suffisamment modernisée même si l’interarmisation a fait des progrès substantiels. L’externalisation de certaines fonctions de soutien, sans lien direct avec l’activité opérationnelle des forces, devra être recherchée, dans la continuité de certaines réalisations récentes, comme l’externalisation de la gestion des véhicules de la gamme commerciale ou de la formation des pilotes d’aéronefs. De même, il conviendra de confier davantage de tâches administratives aux civils car le statut de militaire doit être réservé au cœur de métier, sous peine de confusion des genres et de mauvaise affectation des ressources. Réciproquement, les militaires n’ont pas vocation pour moi à être mobilisés pour des missions qui ne sont pas les leurs ou pour compenser les lacunes d’autres politiques publiques et d’autres administrations. Les sujétions des militaires sont déjà suffisamment lourdes comme cela, pour qu’on évite de les considérer comme les supplétifs de la République. Aller chercher les militaires quand la République est défaillante n’est pas ma conception de la fonction. Nous devons certainement amplifier les réformes visant à rationaliser et à dynamiser les procédures d’acquisition et de maintien en condition opérationnelle. Cela passe par la rénovation de la fonction achat, avec une profonde réforme de la DGA ; avec une responsabilisation effective des industriels, comme des pouvoirs publics, sur des objectifs précis de délais et de coûts sur la totalité de la vie des équipements, en particulier les opérations de maintenance dont les coûts ont explosé au cours des dernières années. Le recours à des modes de financement innovants pourrait être plus systématiquement recherché pour les programmes d’armement. Les partenariats public-privé sont par exemple parfaitement adaptés pour l’acquisition de capacités, comme les satellites de télécommunication, susceptibles de faire l’objet d’un partage avec d’autres utilisateurs, civils ou militaires. Nous restons encore timides dans ce domaine, en comparaison de nos amis britanniques, alors que nombre d'études démontrent que la qualité du service rendu par les PPP est supérieure à celle de la gestion directe. Dans cette perspective, je crois essentiel, Cher Guy Teissier, que le Parlement soit plus étroitement associé au lancement et au suivi des grands programmes. Une information publique pourrait être assurée sur leur déroulement et sur les causes des éventuels dépassements constatés, à l’instar du rapport annuel du National Audit Office britannique. Pourquoi en outre ne pas réfléchir à une modification de la présentation des lois de programmation militaire, en mettant en avant les capacités attendues, plutôt que la liste des équipements déjà arrêtées pour les satisfaire ? Cela aurait plus de sens, obligerait à exprimer plus clairement les objectifs capacitaires et offrirait davantage de souplesse tout en obligeant à étudier tout le spectre des solutions industrielles et financières possibles. Le recours à des modes de financement innovants ou à des coopérations européennes pourrait ainsi être plus systématiquement recherché. 5) Ces nécessaires efforts de rationalisation ne nous permettront pas de tout faire seul, alors que l’Europe doit rester pour la France un horizon central : nous devons donc accélérer, avec volontarisme et pragmatisme, la construction de la politique européenne de sécurité et de défense (PESD). L’Europe a des intérêts de sécurité qui lui sont propres et sa politique de défense doit aussi être celle de sa géographie, d’autant plus qu’elle ne semble pas être au centre des préoccupations stratégiques de nos amis américains. Même si l’alliance avec ces derniers reste fondamentale, l’Europe doit s’organiser pour être en mesure de faire prévaloir ses intérêts et ses valeurs, assumer ses responsabilités internationales et garantir de façon plus autonome la protection de son territoire et de ses citoyens. C’est dans cette optique que se situe le projet d’union de la Méditerranéenne que j’ai proposé. Le bilan de la politique européenne de sécurité et de défense est loin d’être négligeable : des institutions utiles ont été mises en place, comme l’Agence européenne de défense et l’État-major militaire ; une quinzaine d’opérations ont été menées à bien, souvent de basses intensités mais toujours complexes. Le processus a été lancé, il faut le faire vivre et le conforter. Comment faire ? Avec la mutualisation des équipements lorsque cela est possible. J’ai dit mes réserves sur le second porte-avions, en revanche, a constitution d’un pool d’avions de transport A 400 M, commandés par la plupart des pays européens, constituerait un premier pas intéressant. Et ce d'autant plus que c’est un moyen de soutenir l'activité d'EADS, premier pôle technologique de l'Europe et qui en a bien besoin. Mais d’autres initiatives sont envisageables. Est-il raisonnable que les membres de l’Union européenne alignent encore ensemble 10 000 chars et 3000 avions de combat sans développer une approche industrielle concertée ? Ne pourrait-on pas par ailleurs accomplir des progrès plus rapides dans la mise en commun de forces et de moyens de sécurité civile, mobilisables en cas de crise grave, dépassant les capacités d’intervention d’un État ? Michel Barnier avait fait des propositions très utiles en la matière. La défense européenne sera en outre d’autant plus crédible que sa base industrielle sera dynamisée, grâce à des regroupements et des alliances, en particulier dans les domaines terrestre et naval. Combien de programmes de coopération ont subi les contraintes artificielles du partage industriel sur des bases plus diplomatiques que rationnelles, conduisant à agréger compétences et incompétences ? De ce point de vue, Airbus doit être gérée comme une société industrielle à part entière et non pas comme une organisation diplomatique pour lesquelles j’ai le plus grand respect. Mais, pour construire des avions, il faut les meilleures compétences au meilleur endroit. Ce n’est pas simplement une question de partage entre les uns et les autres. Je suis convaincu, qu’au-delà de la nécessaire préservation des compétences et des technologies clefs, la constitution de champions industriels européens véritablement intégrés est la condition primordiale d’une meilleure coordination des efforts de défense et d’équipement des armées à l’échelle de notre continent. L’Europe de la défense se matérialisera aussi dans la conduite de grands projets. Le système de navigation Galileo en est un. Pourquoi ne pas le consolider en travaillant ensemble sur des systèmes de surveillance de l’espace ou d’alerte avancée ? Il est préoccupant de ne pas réfléchir à un positionnement collectif des Européens vis-à-vis du système de défense anti-missile que les États-Unis sont en train de mettre en place. Je ne vois pas comment on peut dire que c’est simplement le problème de la Tchéquie ou de la Pologne et que ce n’est pas du tout celui de l’Europe, sauf à renoncer à toute ambition d’une politique européenne de la défense. Mais il ne pourra pas y avoir d’Europe de la défense si nous abandonnons le projet d’une Europe politique intégrée. Si je suis favorable à une Europe avec des frontières et chacun connaît mes réserves sur l’entrée de la Turquie au sein de l’Union européenne, c’est parce que je considère qu’à force d’élargir l’Europe à des pays qui n’en sont pas, nous allons finir par tuer le projet de l’Europe politique. Or, nous, ici, sommes attachés à une Europe politique. J’en profite d’ailleurs pour dire à nos amis polonais que j’ai beaucoup plaidé pour faire le G6 avec la Pologne. La question de leur intégration ne se pose pas, les Polonais sont européens. Mais, c’est tout de même une drôle d’idée d’avoir élargi l’Europe sans en modifier les institutions. J’aimerais maintenant que nous réfléchissions à l’endroit et que nous annoncions la suspension de toute nouvelle adhésion à leur modification. Il n’est pas anormal, avant de continuer à s’élargir, d’essayer de conforter ce qui existe. Par ailleurs, l’Europe de la défense ne peut pas exister si seulement trois ou quatre membres de l’Union européenne sur vingt-sept consentent à un effort de défense digne de ce nom. La sécurité de l’Europe ne peut pas reposer sur les seules épaules de 3 ou 4 pays. Je rappelle que le Royaume-Uni et la France représentent à eux seuls plus de 40 % des budgets européens de défense et que le cumul de ces derniers est deux fois et demi moins élevé que le budget du Pentagone. Nous devrons donc faire preuve de pédagogie et de pragmatisme pour convaincre nos partenaires de faire davantage. Je veux bien que l’on nous dise que nous avons les mêmes impératifs de réduction des déficits que les autres, mais il est très difficile d’être à 3% quand, en plus, vous faites un effort de sécurité et de défense pour tous les autres. Un peu comme si un pays avait un budget en équilibre mais en sortant toutes ses dépenses de sécurité. Ce n’est pas cela l’Europe. L’Europe, c’est que tous ensemble, pour la part qui est la nôtre, naturellement, nous prenions ne charge le coût de la défense. Ou alors, que l’on dise aux pays européens qui paient que ces dépenses ne rentrent pas dans les critères de bonne gestion. Je ne vois pas comment avoir une Europe de la défense crédible avec 24 pays considérant que la sécurité est une compétence annexe. Ce serait enfin une erreur d’opposer la politique européenne de défense à l’Alliance Atlantique, alors même que l’Union européenne et l’OTAN sont deux organisations plus complémentaires que concurrentes. En revanche, nous devons veiller avec nos partenaires européens à ce que l’OTAN n’évolue pas, comme sembleraient le souhaiter les États-Unis, vers une organisation mondiale effectuant des missions aux confins de l’humanitaire, du militaire et des activités de police internationale. L’OTAN n’a pas vocation à se substituer à l’ONU. Elle doit conserver un ancrage géopolitique clair en Europe et une vocation strictement militaire. Et, dans le prolongement des Accords dits de Berlin Plus, l’Union européenne doit pouvoir, en tant que de besoin, s’appuyer sur les moyens, notamment de commandement et de planification, que l’Alliance met en œuvre. Ce sont à mes yeux trois conditions du maintien à son niveau actuel de la contribution importante de notre pays à l’OTAN. 6) Enfin, dix ans après la professionnalisation de notre armée, il nous faut veiller plus que jamais à conforter le lien Armée-Nation et la place des militaires dans notre société. La professionnalisation était nécessaire pour des raisons opérationnelles, comme l'a démontré la première guerre du Golfe en 1991. j’ai conscience que cette professionnalisation a considérablement modifié les structures et les habitudes de travail de nos armées. Il n’y a pas un corps de l’État qui a su se remettre en cause de cette manière et avec cette rapidité comme l’ont fait nos armées. On parle beaucoup de la rigidité des armées et parfois des militaires, s’agissant de la professionnalisation, ils ont fait un travail exceptionnel que peu d’administrations, par ailleurs, auraient été capables de faire, avec un tel résultat. Il est juste de le dire et de leur rendre hommage. Il nous faut maintenant réfléchir pour que la communauté militaire puisse continuer à disposer d’un environnement favorable à l’exercice du métier des armes, dont on mesure les grandeurs, souvent, les servitudes, moins souvent, au sein d’une société qui privilégie les valeurs d’épanouissement personnel et même d’hédonisme plutôt que celles du sacrifice ou de l’abnégation. Cela vaut aussi bien sûr pour la gendarmerie dont je confirme qu’elle doit à mes yeux conserver son statut militaire. Je crois à la nécessité en la matière et même à l’obligation de rester vigilants sur la qualité et la diversité du recrutement dans nos armées. On ne soulignera jamais assez la contribution des armées à la cohésion sociale et nationale. Finalement, ce sont les seules administrations à recruter de l’ordre de 30 000 personnes par an, dont beaucoup sont des jeunes peu ou pas diplômés. Leur rôle d’ascenseur social et d’intégration est sans équivalent et doit être absolument préservé, de même que leur politique traditionnelle de promotion interne et de valorisation des acquis de l’expérience, même si j’ai noté ce matin qu’il y avait des progrès à faire. Je souhaiterais par ailleurs dissiper un malentendu: la proposition que je fais d’expérimenter un service civique obligatoire pour l’ensemble des jeunes gens ne doit pas être interprétée comme le rétablissement du service militaire. Ce dispositif ne sera pas mis à la charge exclusive, ni même principale, des armées. Il y aura simplement un volet militaire et de sécurité qui pourra utilement contribuer à renforcer nos capacités de réaction face à des événements exceptionnels, nécessitant le déclenchement d’opérations importantes de protection et de secours aux populations. Ce volet faciliterait la constitution d’une réserve pleinement opérationnelle, affectée en priorité à la protection du territoire et de la population. Nous devons ensuite veiller à ce que les militaires ne décrochent pas du reste de la société. Ce serait un comble. Ce n’est pas parce que l’abnégation et l’esprit de sacrifice demeurent les valeurs de la communauté militaire que nous ne devrions pas considérer le fait qu’ils décrochent comme un problème. Ce n’est pas parce qu’ils sont les derniers à avoir des valeurs bien utiles à la société française, que nous devrions les en récompenser en leur disant que puisqu’ils ont l’esprit de sacrifice, ce n’est pas grave de décrocher… Les conditions d’exercice de leur métier, qui sont très contraignantes pour la vie personnelle et familiale, ne doivent pas les isoler, encore moins les marginaliser. Je soutiendrai toutes les mesures facilitant la conciliation de leur vie professionnelle et de leur vie familiale, comme un meilleur accompagnement de la mobilité géographique tout au long de leur carrière. Ces déménagements fréquents nuisent à la scolarité des enfants, au taux d’emploi des conjoints et compliquent l’accès à la propriété ou la vie de couple. J’ajoute que les militaires doivent néanmoins s’adapter à la réalité du travail féminin. Il y a quarante ou cinquante, la mère de famille suivait son mari. Aujourd’hui, quand les deux travaillent dans le couple, qui peut considérer que ce que décide l’un, l’autre doive s’y adapter ? C’est beaucoup plus difficile. J’observe par ailleurs que la rétribution des services rendus par les militaires n’est pas toujours à la hauteur de la reconnaissance que leur doit la nation, notamment en début de carrière. C’est pourquoi je poserai la question de la revalorisation de leurs traitements indemnitaires, à commencer par l’indemnité pour charges militaires. Il faudra également prendre davantage en compte la féminisation de nos armées, actuellement de 14% mais qui pourrait encore s’élever. Comment ne pas relever, à la veille de la journée internationale de la femme –qui en dit long quand même sur la réalité de la parité…- que cette féminisation rapide a insensiblement modifié les comportements et a beaucoup apporté à nos armées ? Les femmes, naguère essentiellement cantonnées au service de santé des armées, ont aujourd’hui accès à la quasi-totalité des fonctions et c’est une bonne chose. Nous devons nous adapter à cette nouvelle donne et faciliter leur vie familiale. Conforter le lien terrorisme, c’est aussi renforcer la visibilité des débats autour de notre politique de défense, aujourd’hui confinée dans des cénacles trop étroits. Nos concitoyens doivent entendre parler de nos armées et de leurs missions et pas simplement à l’occasion du défilé du 14 juillet. Cette visibilité accrue passera par des réformes institutionnelles que j’ai évoqué mais également par une place plus affirmée de la politique de défense dans les débats du Parlement. Mesdames et Messieurs, La défense ne se distingue pas de l'État, qui reste la colonne vertébrale de la France. Voici pourquoi en 1958, la rénovation des institutions républicaines, le rétablissement de l'autorité de l'État et la modernisation de l'armée sont allés de pair. Cette armée, dotée des équipements nécessaires à son engagement opérationnel, reconnue pour les compétences de ses soldats, est par nature une armée d'emploi. Une armée d'emploi au service de la France, mais aussi de l'Europe. Il ne s'agit pas seulement pour la France d'assurer sa pérennité et son développement en tant que nation. Il s'agit au fond et avant tout de continuer à faire vivre une certaine idée de la liberté et, partant, de la dignité des hommes. Le discours que je viens de prononcer devant vous vaut pour moi engagement. Je sais devant qui j’ai parlé, je sais à qui je m’adresse, à des femmes et des hommes qui ont fait don de leur vie à leur idéal. Et, justement, parce que ce don est total, mon engagement politique à leur service et peut-être demain à leur tête se doit d’être à la hauteur, c’est-à-dire complet.
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