Aller au contenu
AIR-DEFENSE.NET

Orgueil et préjugés


Tancrède
 Share

Messages recommandés

Se connaître soi-même et connaitre son ennemi sont les premières clés de la victoire, avec comme corollaire direct d'aider au maximum l'ennemi à mal se jauger lui-même et à mal vous jauger (la déception donc): on peut citer Sun Tsu et Platon ou tout autre penseur militaire, mais au final, la première loi absolument incontournable de l'art de la guerre repose sur ce regard sur soi et sur l'autre, le regard de soi par rapport à l'autre et ce qu'on peut faire pour manipuler le regard de l'autre sur soi et ses intentions pour lui faire commettre des erreurs. Ca vaut à la plus petite échelle du combat comme au plus haut degré de décision de la guerre.

Ceci étant dit, l'histoire militaire est remplie de conneries et de réussites qui peuvent pour la plupart reposer en partie plus ou moins dominante sur ce principe.... Et plutôt plus que moins, étant donné qu'il est peu de conflits "joués d'avance" par une simple comparaison des rapports de force (sauf évidemment dans des cas de disproportion absolue de quelque nature qu'elle soit: taille de population rapportée ou non à l'espace, différentiel technique trop décisif sur une majorité de plans niveau d'organisation....). On peut factoriser autant qu'on veut, estimer les systèmes d'armes (matériels et humains) pour eux-mêmes et par rapport à ceux de l'adversaire, estimer les réserves, "l'arrière", l'Etat ou l'organisation qui sous-tend l'organisation militaire, estimer les quantités, ou même la "volonté" de faire la guerre/de la poursuivre (facteur absolument fondamental), sur le plan pratique, on en revient toujours avant tout à ce principe: savoir ce qu'on est, ce qu'on a, ce qu'on veut et ce qu'on peut en faire de la façon la plus juste possible, savoir la même chose de l'adversaire, influer sur la perception de l'adversaire et agir en conséquence. Et il est facile de se leurrer sur ses capacités dans différents types de circonstances, face à différents types d'adversaires qu'on perçoit plus ou moins bien.

Une des questions les plus terre à terre, avant d'élargir, est de savoir estimer au plus juste le potentiel de guerre de son seul appareil militaire, qui ne peut être mesuré "dans l'absolu" mais seulement face à divers scénaris de conflits/conflictualités, différents lieux, différents adversaires.... Soient face à divers agencements de circonstances. Et ça se résume à une problématique parmi d'autres: comment peut-on évaluer "l'efficacité tactique" d'un système d'armes (une unité, un type d'unité, un armement), d'un "sytème d'armée" (une combinaison type de forces de diverses natures)? Est-il pertinent de trop essayer de le faire? N'est-ce pas une grande façon de se leurrer soi-même? De mal construire une armée ou un type d'unités?

Encore une fois, j'utilise une vision historique parce que là, franchement, il n'y a pas d'autre façon de cumuler les exemples et de trouver des schémas récurrents. Evidemment, il faut voir qu'aucune armée n'est idéale en général, et peu le sont même face à un seul adversaire sur un seul théâtre pour lesquels elles se construisent, et les premiers coups portés voient le début d'un processus d'adaptation/dépassement réciproque accéléré (si le premier choc est encaissé) qui est dans la nature même de la guerre; mais quels sont les exemples et/ou schémas (qui vous semblent récurrents) dont l'histoire est parsemée.... Et dont ils vous semblent que les armées occidentales (ou autres) modernes peuvent souffrir dans ce registre. Vietnam et Afghanistan offrent des exemples différents d'un déséquilibre absolument majeur qui pourtant voit une incapacité à résoudre le conflit en question. Mais on peut citer aussi bien les affrontements entre Romains et Parthes, la chevalerie occidentale si chère et terriblement entraînée face à d'autres "systèmes d'armes" locaux ou étrangers (archers gallois, milices suisses, italiennes et flamandes, mais aussi infanterie légère almogavre, armée ottomane....), soldats anglais versus guerriers maoris ou zoulous....

"La maladie de la victoire", le sentiment de supériorité et/ou le mépris intrinsèque de l'adversaire, le fanboyisme du matériel et du fantasme de solution tactico-technique (la "baguette magique" de notre temps), l'illusion obsessionnelle de la bataille décisive, le fait de souhaiter un adversaire adapté à nos propres forces et cherchant un combat là où nous sommes forts (et s'il le fait pas, c'est un lâche :rolleyes:), qu'il emprunte les formes, fonctionnements et chemins que nous lui assignons :-[.... Beaucoup de syndrômes reconnus émanant de ce premier principe décisif de la guerre.

En bref, j'aimerais "sampler" impressions et opinions de tous les (patients) lecteurs de longues élucubrations sur ce fait de la perception de soi et de l'autre dans la guerre (ou en prévision de la guerre) et la conduite qu'elle implique dans la préparation et la conduite des armées, des grandes unités et des petites sous-unités, des systèmes d'armes.... Afin de juger -oui, soyons sentencieux, juger- le présent et le proche avenir de nos forces "modernes", qui, comme d'autres avant elles (là c'est ma petite opinion), me semblent s'enfoncer dans des travers éternels -ce qui est au final normal- à un degré potentiellement alarmant -ce qui est moins normal. Nous percevons-nous nous-mêmes mieux que les organisations militaires du passé? Sommes nous tant que ça capables de bien percevoir nos adversaires potentiels ou déclarés?

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

étant donné qu'il est peu de conflits "joués d'avance" par une simple comparaison des rapports de force (sauf évidemment dans des cas de disproportion absolue de quelque nature qu'elle soit: taille de population rapportée ou non à l'espace, différentiel technique trop décisif sur une majorité de plans niveau d'organisation....)

Pas trop d'accord, je trouve qu'au contraire l'organisation, le potentiel démographique et économique, et la technologie sont bien plus important que les plans et stratégies des différents adversaires dans le cas d'un conflit symétrique. Il est plutôt rare que dans une guerre le moins fort (mais comme vous le dîtes,la difficulté est d"estimer le potentiel de chacun) l'emporte et quand c'est le cas ça releve-de la chance: Fréderic II a bien faillit tout perdre lors de la guerre de 7 ans

                                                                  -d'un désequilibre entre les 2 commandements  un génie d'un côté et/ou une buse de l'autre, il est quasiment impossible de détruire le système d'un adversaire plus fort en une bataille, et puis l'adversaire finit par apprendre et à vous copier ou vous contrer.( exemple: La seconde guerre Punique, les guerre Napoléoniennes, la 2de guerre mondiale).

Comme le dit Sun Tzu:"Le vainqueur triomphe avant même de partir à la guerre. Le vaincu part à la guerre et rêve d'un triomphe"

Mais c'est vrai qu il suffira de dire à posteriori que le vainqueur était le plus puissant du fait de la difficulté de comparer tant de paramètres.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Est-ce une différence de potentiel? Ou plutôt que celui qui avait certains avantages concrets n'était pas non plus toujours nécessairement con et aveugle (sur lui-même et sur l'autre)? Quand on regarde les Guerres Puniques, la 2ème surtout, il y a bien des raisons de voir à quoi est du la défaite de Carthage: Rome avait des avantages, dont la capacité à encaisser beaucoup de chocs vu la différence démographique, mais au final, c'est bien Carthage qui a perdu la guerre plus que Rome ne l'a gagné. Ce qui se passe au sein du niveau décisionnel carthaginois alors même que Hannibal est au coeur de l'Italie et que Rome n'a plus d'armée de campagne significative est un problème de division politique qu'on pourrait dire présenter par une vision de soi et de l'autre (donc de la situation stratégique à un instant T) très déformée, une bonne partie des élites anti-barcides croyant pouvoir temporiser et croyant Rome suffisamment à plat pour pouvoir torpiller Hannibal et éviter qu'il ne devienne trop puissant.

Fréderic II a bien faillit tout perdre lors de la guerre de 7 ans

Ca veut pas dire qu'il n'aurait pas pu mieux faire et plus obtenir.... Ou l'inverse. Lui aussi s'est beaucoup gouré, a beaucoup préjugé de ses forces à certains moments, et/ou sous-estimé ses adversaires. Le jeu est constamment en mouvement.

Il est plutôt rare que dans une guerre le moins fort (mais comme vous le dîtes,la difficulté est d"estimer le potentiel de chacun) l'emporte et quand c'est le cas ça releve-de la chance

Tout est question de savoir ce qu'est réellement "être le moins fort ou le plus fort", si même on peut dire qu'il existe une telle chose dans l'absolu; se reposer sur quelques facteurs bien facilement quantifiables (démographie, économie) est beaucoup trop partiel et limité. La Hollande a obtenu son indépendance et tenu son terrain face à l'empire le plus vaste et le plus puissant de son temps, pendant 80 ans de conflit quasiment continu, par exemple, alors qu'elle représentait bien moins d'un million d'habitants.... Un peu trop long pour parler de chance ou de hasard.

Un très grand déséquilibre sur un nombre énorme de facteurs plus ou moins quantifiables est de toute façon évidemment quelque chose de très déterminant (mais en faire un absolu?), et plus une guerre dure, plus ces facteurs ont tendance à jouer, surtout au-delà d'un certain niveau de différentiel.

l'organisation, le potentiel démographique et économique, et la technologie sont bien plus important que les plans et stratégies des différents adversaires dans le cas d'un conflit symétrique

Plus je lis, plus je constate le contraire.
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Et tout d'un coup il y a David contre Goliath... Rien a faire de ce que je suis , kentoc'h mervel, je suis inferieur, petit et con et pourtant je me pense capable de fumer mon adversaire... dixit les Taliban, les farcs, les talmuds, les ouigurs, le FLN, les vietcongs... Oh fatche! En plus ils y arrivent les tordus!

Sun Ze c'est sympa a lire, un peu comme Homer et l'Odysee, mais si il a vraiment existe; a par son "Art de la guerre", il n'etait qu'un planque grade de seconde zone qui n'a jamais vraiment ete au combat.

Les meilleur plan ne tiennent jamais face a la realite, il y a bien trop de variables impossible a quantifier qui font qu'une bataille et qui plus est une guerre, n'est jamais gagner meme avec les meilleurs hommes et la meilleure technologie.

En fait on ne peut se connaitre soi-meme ou l'adversaire qu'a partir du moment ou l'on se rentre dedans.

Et c'est la que le bas blesse, car, comme a mon habitude je serais terre a terre et je me met  dans les pompes du quidam lambda qui se retrouve dans une zone de guerre. Je me pose la question en tant que citoyen francais et non theoriquement, aurais-je vraiment envie de me battre et de sacrifier ma vie pour ce pays.

Peut-etre que je le ferais pour ma famille, mais pas pas pour une armee, ce qui suppose une inititive individuelle (me procurer une arme et abattre le premier emmerdeur francais ou etranger qui viendrait s'en prendre au mien...et sans doute me faire descendre dans l'affaire), mais pour mon pays rien n'est moins sur, je ne crois plus en l'appartenance a un drapeau. (et surtout pas en ceux qui pretendent "reigner "sur nous). Pourquoi donc irais-je suivre un gouvernement qui n'a pus empecher la guerre?

Cela semble s'eloigner de la problematique de depart, alors je recentre. Il ne s'agit pas de connaitre les moyens theorique de son ennemie, mais il faut savoir si son propre peuple a reelement envie de se battre pour proteger son pays.

De plus je trouve que l'on se repose trop sur le modele de la 2nd guerre mondiale pour parler des "futur" conflit.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

ya pleins de choses à dire, et à redire, à partir de topics déjà passé, j'avais rédigé un pavé mais ça fait redite donc je vais aller à l'essentiel :

- Notre perception actuelle pose notre sécurité géostratégique comme une donné et non un acquis.

- De manière générale la géopolitique l'opinion publique s'en branle ou ne la perçoit qu'à travers le prisme simplificateur "démocratie Vs dictature"

- La défense en générale désintéresse le peuple (normal en temps de paix aussi prolongé) mais aussi et c'est plus grave, la quasi totalité de ses élites politiques.

- Sans intérêt pour la question, comment construire une volonté politique cohérente à long terme ?

- La définition du "nous" pose problème. Nous la France ? Nous l'Otan ? Nous l'UE ? Nous le monde occidental ?

- La perpétuation de la stratégie de De Gaulle est posée comme une doctrine indépassable, qui relève même de l'idéologie et qui empêche à mon sens de prendre de nouvelles initiatives. Paradoxalement notre sujétion aux US depuis 1956 c'est renforcé.

- Cette "idéologie gaulienne" nous a permis dans un sens de perpétuer une partie de notre puissance, et relativement, de prendre une position de leader dans la défense en Europe, tous nos partenaires passant leur armée au dégraissage. Comment pratiquement ça se traduit dans les représentations de soi ? J'ai l'impression qu'on insiste sur les partenariats binationaux (axe Franco Allemand, Franco Britons) mais qu'on est incapable de se concevoir de manière autonome.

Après le vrai patron ce sont les US et nous sommes un challenger super léger, et de circonstance.

Nous percevons-nous nous-mêmes mieux que les organisations militaires du passé?

Nous sommes les gentils, nous défendons la liberté, nous sommes invincibles, la technologie nous apportera toujours la victoire, et au pire si c'est vraiment la merde les anglo saxons viendront nos sauver.

Sommes nous tant que ça capables de bien percevoir nos adversaires potentiels ou déclarés?

Florilège :

"ouinouin, pkoi vs avé phermez mn sujè sr la WW3 avc la chine é la russi ?"

"Les africains de toute façon ils ont que des toyotas"

"On l'a bien niké kadafi ! trop fore nos AASM"

"L'Iran c'est que des connards, ils acceptent pas de se laisser étriper par les salafistes et de faire coca cola contre pétrole"

"Il faut qu'on garde au moins une division de MBT, on sait jamais ça peut servir"

"PA 2 PA 3 PA 4 PA 5, 6, 7, 8, 9 ... etc ..."

"Rafale standard F17, emporte 18 AASM, 32 Mica, la machine nescafé avec 74 dosettes, les croissants et une tête nucléaire au cas ou"

"Et si on développait la version militaire du A380, avec 70 SCALP ?"

Je dirais qu'on est empêtré dans les préjugés et l'idéologie. C'est pas la première ni la dernière. Mais le truc inquiétant c'est la croyance absolue et éternelle en notre sécurité géopolitique, présentée du berceau jusqu'au lit funéraire comme allant de soi.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

.... Soient face à divers agencements de circonstances. Et ça se résume à une problématique parmi d'autres: comment peut-on évaluer "l'efficacité tactique" d'un système d'armes (une unité, un type d'unité, un armement), d'un "sytème d'armée" (une combinaison type de forces de diverses natures)? Est-il pertinent de trop essayer de le faire? N'est-ce pas une grande façon de se leurrer soi-même? De mal construire une armée ou un type d'unités?

Trop essayer d'évaluer, je ne pense pas. Je dirais plutôt que le problème est de trop faire une armée "sur mesure", pour contrer un schéma tactique, sans souplesse, et qui se plantera au moindre imprévu. Et ça, à tous les niveaux.

Le blog de M. Goya a pas mal abordé ce sujet dernièrement. J'ai aussi pensé à la première moitié du bouquin Not a Good Day to Die où le renseignement est bon au vu des circonstances, le plan parfaitement logique et cohérent avec tout ce qu'on sait ou qu'on peut présumer, et où tout se casse la gueule en cinq minutes.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

"Pas trop d'accord, je trouve qu'au contraire l'organisation, le potentiel démographique et économique, et la technologie sont bien plus important que les plans et stratégies des différents adversaires dans le cas d'un conflit symétrique. Il est plutôt rare que dans une guerre le moins fort (mais comme vous le dîtes,la difficulté est d"estimer le potentiel de chacun) l'emporte et quand c'est le cas ça releve-de la chance"

Je lis, lentement mais je lis quand même, l'Histoire des croisades de René Grousset. Jusqu'à présent (+/- 270 pages) ta démonstration est contrée par la relation des faits par Grousset. D'ailleurs j'ai comme l'impression que la première croisade (militaire, donc la seconde) constitue un bon exemple historique de la multiplication de la puissance réelle par la perception chez autrui. Les latins, forts de plusieurs victoires majeures capitalisent sur celles-ci et, tant volontairement qu'involontairement (cas du massacre de Jérusalem, quoique le caractère involontaire puisse être discuté) au point de terroriser turcs et arabes qui au premier signe de faiblissement de leurs lignes plient sans discuter davantage alors que les désavantages numériques et logistiques sont clairement aux Latins. Le cas du siège de Jérusalem est à ce sujet très intéressant. Les francs y sont, jusqu'à ce qu'ils prennent pied grâce à une trahison, dans une situation très précaire. Il en va de même après la prise de la ville, moment où la croisade perd en effectifs de façon dramatique. Il ne reste grosso modo que 300 chevaliers et quelques centaines de piétons.

Parallèlement, chez certains chefs, les victoires successives rendent présomptueux, et l'on méprise l'arabe. Le cas de Baudouin de Boulogne est un très bel exemple où, après avoir vaincu les fatimides à Ramla, jouera de prétention et procédera sans reconnaissance. Le piège dans lequel il s'est fourré coûtera beaucoup de monde et il n'en réchappera que par miracle.

l'organisation, le potentiel démographique et économique, et la technologie sont bien plus important que les plans et stratégies des différents adversaires dans le cas d'un conflit symétrique

Plus je lis, plus je constate le contraire.

On peut quand même constater que plans de guerre et perception de l'ennemi ainsi que la perception de soi sont influencées par certains fondamentaux comme l'organisation (qui est influencée elle aussi), la démographie (en termes de recrutement et donc de politique militaire si on la prend au sens large et qu'on modernise la notion en y admettant le concept de démographie volontaire pour s'engager dans la durée, en constante baisse chez nous pour diverses raisons qu'un individualisme souvent pointé ne suffit pas à expliquer), la capacité économique d'entretenir la troupe (le cas du chevalier et des cathédrales technologiques souvent pointées aujourd'hui est intéressant) et bien sûr la technologie. La technologie, aujourd'hui, semble est un prisme par lequel la perception et les plans de bataille sont vus.

"Florilège :

"ouinouin, pkoi vs avé phermez mn sujè sr la WW3 avc la chine é la russi ?"

"Les africains de toute façon ils ont que des toyotas"

"On l'a bien niké kadafi ! trop fore nos AASM"

"L'Iran c'est que des connards, ils acceptent pas de se laisser étriper par les salafistes et de faire coca cola contre pétrole"

"Il faut qu'on garde au moins une division de MBT, on sait jamais ça peut servir"

"PA 2 PA 3 PA 4 PA 5, 6, 7, 8, 9 ... etc ..."

"Rafale standard F17, emporte 18 AASM, 32 Mica, la machine nescafé avec 74 dosettes, les croissants et une tête nucléaire au cas ou"

"Et si on développait la version militaire du A380, avec 70 SCALP ?"

Je dirais qu'on est empêtré dans les préjugés et l'idéologie. C'est pas la première ni la dernière. Mais le truc inquiétant c'est la croyance absolue et éternelle en notre sécurité géopolitique, présentée du berceau jusqu'au lit funéraire comme allant de soi."

Excellent... et très bien conclu.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

J'aime bien lire les analyses sur la surprise stratégique ou la prospective. J'y trouve toujours des références sur les déclarations célèbres confirmant l’aveuglement des experts :

« Je pense que la demande mondiale en ordinateurs n’excédera pas cinq machines. »

Thomas Watson, Fondateur d’IBM, 1943.

William Thompson (Lord Kelvin), physicien britannique célèbre, qui a laissé son nom à une

unité de mesure de température :

1895 : « Les machines volantes plus lourdes que l’air ne peuvent pas exister. »

1897 : « La radio n’a aucun avenir. »

1900 : « Les rayons X sont une supercherie. »

« Il n’y a aucune raison pour quelque particulier que ce soit d’avoir un ordinateur chez lui. »

Kenneth Oslen, PDG de Digital Equipment Corporation, 1977.

http://www.laprospective.fr/dyn/francais/memoire/trp/trp-n-25.pdf

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

« Je pense que la demande mondiale en ordinateurs n’excédera pas cinq machines. »

Thomas Watson, Fondateur d’IBM, 1943.

« Il n’y a aucune raison pour quelque particulier que ce soit d’avoir un ordinateur chez lui. »

Kenneth Oslen, PDG de Digital Equipment Corporation, 1977.

Attention au contresens ici: pour ces 2 citations, il faut comprendre qu'un ordinateur est un mainframe, une structure centrale à laquelle se connecte des clients. Exactement la définition de Facebook et consorts... auxquels on accède depuis des tablettes et smartphones désormais.

Les experts se trompent, oui souvent, mais une vision même fausse sert aussi à façonner l'avenir.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

On peut quand même constater que plans de guerre et perception de l'ennemi ainsi que la perception de soi sont influencées par certains fondamentaux comme l'organisation (qui est influencée elle aussi), la démographie (en termes de recrutement et donc de politique militaire si on la prend au sens large et qu'on modernise la notion en y admettant le concept de démographie volontaire pour s'engager dans la durée, en constante baisse chez nous pour diverses raisons qu'un individualisme souvent pointé ne suffit pas à expliquer), la capacité économique d'entretenir la troupe (le cas du chevalier et des cathédrales technologiques souvent pointées aujourd'hui est intéressant) et bien sûr la technologie. La technologie, aujourd'hui, semble est un prisme par lequel la perception et les plans de bataille sont vus.

On est d'accord; ai-je donné l'impression dans mes posts que le terme "perception" voulait dire "feeling" ;)? La perception de soi-même, la connaissance de soi-même, c'est de l'analyse évidemment, et toute analyse repose sur des fondamentaux. Mais tout n'est pas quantifiable, les quantifications reposent souvent sur des bases plus ou moins biaisées et/ou partielles (c'est pas tout d'avoir un chiffre de population pour la démographie par exemple), et les "pondérations" des différents facteurs, généraux ou plus précis (démographie, économie, cash dispo à divers terme, effectif mobilisé, nombre d'unités de manoeuvre, aptitudes de déploiements et de combat....), dépendent souvent de courants d'opinions, de prismes et biais déformants.... La question étant: qui trouve la vision de soi et de l'autre la plus juste et la plus adaptée au conflit?

Et les "plans et stratégies", quand ils sont faits comme il faut, justement, découlent d'une vision claire de soi et de l'autre, pas de grandes théories et certitudes. Il n'y a pas de "plans" faits en fonction d'une certitude déconnectée d'une vision plus ou moins juste de soi et de l'autre; quand c'est le cas, ça ne donne jamais de bons résultats (cf le front de l'est et la planification logistique de Barbarossa :lol:).

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

C'est extrêmement difficile d'évaluer le résultat futur d'une confrontation de deux armées, sauf pour les historiens, qui ont le recul pour eux...  =)

Il y a les facteurs matériels, bien sûr, les effectifs, les armements, l'organisation, le niveau technologique, puis l'on passe à l'immatériel, le commandement, la doctrine, l'entraînement, le moral, la stratégie suivie, etc. Plus je lis plus je pense que ce sont les second facteurs qui comptent le plus à la guerre et à ce sujet une citation me revient qui s'applique à certains cas de figure: "Une armée n'est battue que lorsqu'elle se croit battue". Exemple la bataille de Marengo et je dirais plus encore celle de Dürrenstein, le 11 novembre 1805, dans un village niché dans une gorge étroite du Danube. Là, un corps de la Grande armée, celle qui sortait de 3 ans d'entraînement dans les camps du nord de la France, et dont Marbot dit dans ses mémoires que "cela avait produit un excellent effet sur nos troupes", le corps de Mortier donc, et plus spécialement la division Gazan du corps de Mortier, se trouva ce 11 novembre 1805 attaquée en tête, puis sur son flanc nord et enfin en queue par des Russes bien plus nombreux. Au sud, les flots tumultueux du Danube... Ils sont 6000 Français, isolés au nord du Danube, coupés de tout soutien et sont attaqués de front par 3200 hommes, de flanc par 2600 et par l'arrière (là où se trouve l'autre division du corps Mortier) par 9000 hommes. De bien plus grandes forces adverses sont présentes dans le secteur (50000 hommes, à savoir l'armée de Koutouzov) mais ne peuvent donner toutes à cause du terrain trop coupé. Le soir venu et après une journée de combats, voyant qu'ils sont encerclés, les soldats conseillent au maréchal Mortier et au général de division Gazan de prendre une barque et de repasser sur la rive sud du Danube que les forces de la Grande Armée occupent. Comme le dit l'historien Jacques Garnier dans son livre sur la campagne d'Austerlitz, "il semble que le mot désespoir n'existe pas dans le vocabulaire des soldats des premières campagnes de l'Empire": Mortier et Gazan, loin de prendre la barque, se placent entre les deux bataillons de tête du 101° de Ligne, et, précédés des grenadiers, foncent baïonnette basse sur les Russes entassés dans les rues de Dürrenstein, et les font se débander. Ils poursuivent leur charge et 4 km plus loin, la jonction se fait avec la division Dupont, jusque là séparée d'eux par les 9000 Russes du général Doctorov. Les Français ont perdu 1700 hommes, les Russes 900, mais le corps Mortier et surtout la division Gazan, qui semblait vouée à l'anéantissement est sauvée. D'autres hommes, moins confiants en eux-mêmes auraient capitulé. Eux ne l'envisageaient pas. Certes le terrain resserré leur permettait d'envisager de se défendre, car la même situation en plaine les eut trouvé sans recours, l'adversaire russe pouvant se déployer et profiter à plein de sa force. Mais un facteur moral énorme à la guerre jouait contre eux: ils étaient tournés, assailli sur leurs arrières, et cela ne les a pas fait flancher même au soir d'une journée de combats meurtriers. Fait aggravant, ils attendaient ce soir là le secours de la division Dupont et ce sont les 9000 hommes de Doctorov qui s'en prennent à eux sur leurs arrières. A Waterloo, on attendait Grouchy et ce fut Blücher et cela a suffit pour faire s'effondrer le moral. Attaque sur les arrières + surprise = en général effet dévastateur sur la volonté de se battre. Pas là... Allez mettre ça en équations si vous voulez... :lol:

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Là on est dans le cas du niveau "micro", mais c'est bien révélateur, ici sur le côté connaissance de soi et mordant, de ce que peuvent donner ces facteurs "inquantifiables"; Napoléon lui-même disait que les 3/4 de la victoire résidaient dans ces facteurs intangibles incarnés par le moral, la connaissance de soi-même et les équipes de travail (donc de commandement) à tous les échelons, soit comment une armée agit de concert du niveau stratégique au niveau tactique, coordonnant ce qui sinon sont juste -pour prendre une métaphore organique- des membres, des muscles, des os, des yeux.... Avec cela vient la "situation awareness": tout ce qui réduit le brouillard de guerre, pour le chef comme pour le troufion, accroît le champ des possibles et surtout réduit la peur, celle de décider, celle d'agir.... L'action peut être de charger ou de se tailler, mais dans les 2 cas, on a une issue, on a un truc à faire, on a des options, donc on ne panique pas, on est moins nerveux, on fait moins de conneries. Ca vaut dans un petit combat, une bataille ou une campagne, et aussi bien, encore une fois, pour le simple troufion que pour le général: chacun a "son" brouillard de guerre, la somme des inconnues qui déterminent la perception de soi, de l'autre et de la situation à un instant T (celui de décider, d'agir, d'anticiper), à son niveau de compréhension, de temporalité et d'action.

Evidemment, l'entraînement, l'estime de soi (en tant qu'individu, que personne dans un tout, en tant qu'unité....), la confiance (qui équivaut en grande partie à la connaissance de "soi" en tant qu'armée: confiance dans ses potes d'unités, dans les unités d'à côté, dans les officiers....), la connaissance de l'autre et du métier, le moral et une dose certaine de motivation -là pour le coup plus subjective: motivation idéologique, religieuse, esprit de corps, vanité, chance....- aide à surmonter le reste du "brouillard de guerre".

Le préjugé vient quand ce dernier facteur domine celui de la connaissance de soi et de l'autre: "on ne fait pas ça à l'armée française", "venez, chevaliers, on va piétiner ces archers gallois d'un coup" :-[, "come on boys, these zulus are pussies" :lol:.... Une seule de ces citations est authentique, mais toutes illustrent le propos.

La connaissance détermine les options qu'on peut prendre, et surtout conditionne le moral: quand on est un taliban et qu'on sait que l'OTAN vient avec tout son matos, on sait que l'option à prendre est celle d'une lutte longue et pas d'une charge sabre au clair contre des Abrams dans une plaine, ni la concentration de toutes les troupes pour se faire bombarder. Malgré tout le différentiel de moyens en qualité et en quantité, ça permet de ne pas disparaître en 2002 et de s'offrir grosso modo l'avenir de l'Afghanistan. Quand on est un Germain ambitieux du Ier siècle et qu'on a Rome qui débaroule, on sait qu'il vaut mieux tendre une grande embuscade et leurrer un général romain abruti dont on gagne la confiance plutôt que de lui dire merde et de le défier en bataille. Quand on est un chevalier français qui reçoit un poste de commandement dans une France en partie occupée et sans armée permanente après une série de branlées magistrales en bataille rangée, on sait qu'il vaut mieux attaquer l'ennemi là où il n'est pas, lui prendre ses places fortes et ne charger ses troupes que quand elles ne sont pas prêtes et déployées, ou en petits détachements.

Orgueil et préjugés, pour reprendre le titre, sont des compensations à l'absence de connaissance, qui ont parfois, encore aujourd'hui dans nos armées "scientifiques" et professionnelles, tendance à obérer la nécessité de bien des champs de connaissance (de l'adversaire, de soi-même, du théâtre d'opération....) voire à faire refuser de voir la réalité en face en préférant lui superposer des modèles de pensées toutes faites. Ca conduit à mépriser un adversaire, à s'illusionner sur ses capacités, à préjuger d'une situation, à mal préparer une armée, à privilégier les mauvais systèmes d'armes et/ou le mauvais mix de systèmes d'armes, à se cantonner à une approche tactique au mépris d'une approche stratégique, à entrer dans l'obsession technologique ou celle de la bite et du couteau seuls.... Et ces illusions entraînent souvent, quand elles sont trop poussées, une mauvaise réaction au contact avec le réel, impliquant dans bien des cas un refus du réel. Benoît Bihan, dans le dernier G&H, rappelle à quel point les USA ont "refusé" de retenir les leçons de l'expérience vietnamienne pour se réenfermer dans un modèle de pensée exclusivement tourné vers un type de guerre plus souhaité que probable.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
 Share

  • Statistiques des membres

    5 988
    Total des membres
    1 749
    Maximum en ligne
    Personne
    Membre le plus récent
    Personne
    Inscription
  • Statistiques des forums

    21,5k
    Total des sujets
    1,7m
    Total des messages
  • Statistiques des blogs

    4
    Total des blogs
    3
    Total des billets
×
×
  • Créer...