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Budget militaire sous la Vè république (1960-1980)


aigle
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Il est généralement soutenu dans les milieux militaires que la constitution de la force de frappe dans les années 1960 et suivantes s'est effectuée au détriment de l'équipement des forces classiques : celles-ci (FATAC et Ière armée) auraient peu à peu été distancées par les armées alliées (US army et Bundeswehr principalement) qui auraient été équipées de matériels innovants. Il aurait fallu attendre Giscard et Bigeard en 1975 face à l'ébranlement causé par les "comités de soldats" pour voir le budget se consolider (plus en fonctionnement qu'en équipement d'ailleurs).

Pierre Messmer qui fut ministre des armées de 1960 à 1969 s'élève vivement contre cette idée reçue dans ses mémoires ("après tant de batailles"). Il souligne au contraire que le général de Gaulle a pu financer de front la force de frappe et la modernisation des forces classiques jusqu'en 1968 grâce à la croissance naturelle de l'économie (5 à 6% par an) et aux économies de fonctionnement générées par la baisse des effectifs avec la fin des opérations d'Algérie.

Il donne quelques chiffres qui illustrent sa thèse : les dépenses militaires sont passées de 6,3% du PIB en 1960 (dont 2/3 de fonctionnement) à 4,91 en 1964 dont 54% de fonctionnement) puis 4,66% en 1968 dont 49% de fonctionnement. Autrement dit les dépenses d'équipement représentaient 2,1% du PIB en 1960 et 2,34% du PIB en 1968.

Le budget 1969 soumis à un sévère effort de rigueur après les dérives de 1968 a ramené les dépenses à 4,17% PIB (soit en recul d'1/2 point de PIB par rapport à 1968) dont seulement 49,6% d'équipement soit moins de 2,1% (soit retour au niveau de 1960 en proportion d'un PIB qui avait cru de son côté de plus de 50%).

Messmer complète sa démonstration chiffrée par l'énumération des programmes d'équipement lancés dans les années 1960 : chars AMX 30, avions Mirages III, frégates lance-missiles, sous-marins, etc ...

J'ajoute pour ma part que l'objectif français au sein de l'Alliance était de constribuer à la défense d'une fraction du territoire ouest-allemand avec 5 divisions (aux normes OTAN soit 15 brigades) alors que la Bundeswehr devait aligner 12 divisions soit 36 brigades.

Je propose les conclusions suivantes : la France avait tout à fait les moyens budgétaires jusqu'en 1968 de mener de front l'effort atomique (qui représentait 30 à 40% des dépenses d'équipement) et la modernisation de la Ière armée, de la FATAC et de la marine. Je n'ai pas à portée de la main de chiffres concernant la présidence de G Pompidou mais j'ai le sentiment qu'il a conservé la rigueur adoptée en 1969 et que c'est à cette époque qu'un certain retard a été accusé vis-à-vis de nos alliés : mirage F1 par rapport au F15 ou au F16, AMX 30 par rapport au léopard 2 ou au M1, AMX10P par rapport au M2 ou au Marder, etc ... Retard dont la gravité devait toutefois être relativisée par l'importance des divergences doctrinales : les alliés charchant à retarder le passage du seuil nucléaire tactique et donc à prolonger le combat classique.

Je suis preneur de tout commentaire ou complément sur ces éléments.

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