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Les soldats et leurs époques


Tancrède
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Voilà un article qui m'a tiré l'oeil: commencez pas à lire les commentaires qui suivent, c'est déprimant de clichés et positions préconçues et retranchées que tous s'assènent en pleine face sans prendre le temps d'essayer de prendre conscience de ce que l'autre veut dire, se lancer des anathèmes étant apparemment plus confortant pour garder ces certitudes et voire l'autre comme un abruti ou un méchant sans légitimité pour parler. 

http://www.foreignpolicy.com/articles/2012/09/27/no_army_for_young_men

Le point exposé est, et il n'est en fait plus très nouveau, que l'auteur (-trice en fait :lol:) prend le parti (volontairement un peu exagéré pour provoquer?) amène l'idée que le jeune homme de 18-25 ans, historiquement la cible principale sinon unique de tout recrutement dans l'histoire militaire, peut n'être plus le vivier de référence pour le recrutement des armées modernes, ou à tout le moins pas plus qu'une partie minoritaire du vivier. C'est une position qu'on trouve plus ou moins partiellement chez tous les avocats de l'armée hyper technologique/technique, ceux des armées "binaires" (avec une force "fer de lance" de jeunes cons plein d'hormones et une "d'occupation" faite d'hommes matures et de femmes), voire "trinitaire" (avec en plus le corpus de geeks, comptables, téchos et mous du genou pour tout ce qui n'est pas déployé ;)), ainsi que chez les féministes/féminisants.

Quoique pas sans de nombreuses faiblesses et approximations, voire parfois des irréalismes (sur la nature de la guerre, sur les capacités à embaucher et payer des profils de surdiplômés en masses sans cesse croissantes) et postulats erronés selon moi, la position soulève bien des questions pertinentes sur le recrutement, la mentalité, l'organisation, le fonctionnement et l'entraînement des armées modernes, et pose surtout la question essentielle de savoir si les révolutions sociales et techniques/technologiques et les évolutions de la conflictualité n'imposent pas de faire plus dans les armées que poursuivre les mêmes logiques fondamentales (et somme toute en grande partie intemporelles) en adaptant ici et là ce qu'on peut. En somme, de changer radicalement d'approche (depuis l'amont, les principes).

Je croise en fait ce à quoi renvoie cet article avec un texte de Benoît Bihan dans DSI sur ce que doit être l'idée de "mobilisation" d'une nation de notre temps et pour l'avenir: il y décrit la mobilisation générale "à l'ancienne", en fait uniquement/essentiellement celle des jeunes hommes (et d'une partie de la population féminine) comme dépassée et promeut l'idée qu'au lieu de mobiliser 70% de ces populations pour une guerre massive et courte sur les frontières ou pas trop loin (qui n'arrivera pas et, à l'ère atomique, ne peut réellement arriver sauf changement absolument majeur des données stratégiques dans beaucoup de domaines), la nation doit mettre à contribution et coordonner (donc savoir penser/"stratégiser" dans ce cadre) la mobilisation d'une proportion réduite de toutes les populations, de tous les domaines d'expertise et d'activité (industrie, recherche, agriculture, informatique, économie en général, administration, communication, évidemment forces armée et de sécurité....), en permanence (ou pour de très longues durées), afin de disposer d'une capacité à un effort de guerre moderne pertinent (en qualité/variété des capacités, et en quantité) sur tous les fronts de la conflictualité moderne. Ces fronts sont aussi bien géographiques/physiques que virtuels, demandent des efforts simultanés dans beaucoup d'endroits et beaucoup de domaines/expertises différents, de différents niveaux d'intensité (tous, loin de là, n'en venant pas à un affrontement symétrique/classique même mineur), et demandent des efforts soutenus sur de longues périodes de temps tout en gardant de la marge de manoeuvre.

Pour une telle conception de la sécurité et de la mobilisation, le point de Bihan est de signaler que "l'effort de guerre" ne peut plus répondre aux mêmes logiques, à la même division du travail, aux mêmes cloisonnements, qu'aux périodes précédentes. De ce fait, la séparation entre les forces armées (proprement militaires) et les autres composantes d'une telle approche ne peut plus être la même, la force armée devant être coordonnée, mais aussi intégrée, avec d'autres "outils", et surtout son effort repensé totalement dans sa conception (à commencer par l'approche au niveau politique), un "mix" de forces devant pouvoir intégrer des panels de métiers (dont beaucoup qu'ils ne peut pas et pourra difficilement à l'avenir se payer en quantités suffisantes) tès différents selon la situation, et devant pouvoir s'intégrer dans une action vaste et complète, adaptée à un scénario de guerre/conflictualité/sécuritaire donné.

Pour revenir à l'article et au thème qu'il suggère, l'idée de ce sujet est proprement de "l'histoire comme outil" pour mieux penser le présent: il s'agit de voir et faire la part des choses sur les constantes nécessaires à travers l'histoire (et encore pour l'avenir) et les évolutions mais surtout les changements nécessaires pour mieux gérer le fait de la guerre à l'avenir, et le centre du sujet ici est le recrutement. Quel(s) soldat(s) est (sont) souhaitable(s) pour le présent et le futur? Des profils très différents semblent devoir être la norme, mais comment les concilier avec un ethos guerrier et plus encore les fondre dans un outil à mentalité/esprit unique ou en tout cas capable de "fusionner" des mentalités diverses?

L'article mis en lien part de constats comme le ratio non combattants/combattants dans les armées modernes, la proportion de militaires qui ne verra jamais le combat (très majoritaire) et celle de soldats qui ne seront même jamais déployés de leur carrière, l'adaptation des profils psychologiques ou niveaux de maturité aux tâches qui incombent aujourd'hui aux armées modernes (selon les conflictualités probables, les métiers requis, la variété des situations dans l'ensemble d'une force -partie déployée et partie non déployée-....), le développement de la technologie utilisée, les besoins en capacités -y compris sur le terrain- différentes désormais plus valorisées (discrimination, non agressivité, capacité d'interaction avec d'autres cultures, capacité de communication, par exemple).... Et arrive au constat que le "jeune mâle" de 18-25 ans dressé "à la dure" à l'agressivité et à un ethos guerrier visilisant/valorisant (les 2 étant assimilés et amenant un mépris corollaire pour tout ce qui n'y appartient pas, et servant souvent d'excuse pour beaucoup de comportements), n'est plus la cible de recrutement essentielle d'une armée même si elle reste une composante (même l'auteure, visiblement un peu trop dans son trip, en convient visiblement avec réticence, même si elle minimise le fait, voire le balaye d'un trait de plume).

S'ajoute à ce stade un ensemble de considérations sur cette tranche de population (qui peut être vite vu comme de la condescendance sur le "jeune mâle" :lol:): plus longue maturation (physiologique et psychologique) chez les hommes (notamment dans les domaines de la capacité à se restreindre, à évaluer des situations, à être prudent....) de moins de 25 ans, tendances importantes dans cette tranche d'âge à des comportements violents, moindre importance historique dans l'ordre des choses (le jeune homme étant l'élément le plus sacrifiable d'une société sur un plan utilitaire, surtout quand il fallait en mobiliser beaucoup et que la guerre pouvait prélever des pans de population importants).... Qui font que ce qui étaient les qualités principales pour faire des soldats ne le seraient plus tellement, ou pour une part très réduite des forces, aujourd'hui, et que seule cette façon de voir permettrait d'obtenir réellement les armées "souples, polyvalentes, réactives/nerveuses" qu'on semble évoquer depuis la fin de la guerre froide.

Il y a des approximations, des voeux pieux, des réalités négligées voire occultées, des manques.... Dans cette approche, et on sent notamment une bonne part des arguments plus ou moins fondés et surtout souvent très partiels (cad déconnectés d'une conception d'ensemble pertinente) dont se servent depuis longtemps les féministes sur cette question. Mais elle soulève cependant bien des points pertinents ou en tout cas stimulants pour la réflexion.

Quels soldats doit-on/devra t-on recruter? Quels soldats devra t-on former, et comment le faire? Comment "unifier" ce tout qui semble appelé (ou devrait l'être) à devenir très (trop) divers? Quelle conception des forces armées peut/doit en découler selon vous? At-on selon vous vu de grandes variations, historiquement, dans les cibles principales de recrutement selon l'époque, la culture, les besoins et le lieu (même si évidemment, on restait dans unpanel plus restreint tournant toujours autour des hommes de certaines tranches d'âge), et si oui lesquelles?

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J’ai lu l’article ce matin, à partir d’un lien sur un site posté par Serge. Je venais de prendre des céréales avec du lait, et le lait a tourné dans mon estomac :-[

Fondamentalement je la rejoins sur l’idée de varier les profils de recrutement ; d’ailleurs autant pour développer les expertises nécessaires à la guerre, trop longtemps négligé – et non, je ne suis pas d’accord : la guerre n’a pas changé de nature, elle est plutôt revenu à ce qu’elle a toujours été, c.à.d. un vaste bordel ou se mêle combat, calumet de la paix, opération de police…etc.-. Et d’un point de vue moins tangible, éviter que l’armée deviennent un ghetto culturel coupé de la société, ce que toutes institution devient par manque de diversités –surtout social- et de pont avec ladite société, quitte à troquer un peu d’inefficacité tactique. La survie et la pérennité de l’ensemble le vaux bien.

L'article mis en lien part de constats comme le ratio non combattants/combattants dans les armées modernes, la proportion de militaires qui ne verra jamais le combat (très majoritaire) et celle de soldats qui ne seront même jamais déployés de leur carrière, l'adaptation des profils psychologiques ou niveaux de maturité aux tâches qui incombent aujourd'hui aux armées modernes (selon les conflictualités probables, les métiers requis, la variété des situations dans l'ensemble d'une force -partie déployée et partie non déployée-....)

Et ça ne scandalise personne ?! Plutôt que faire changer cette proportion, on augmente les budgets – ou on les rabote sur les trucs les moins sexy :P-, on adjoint de nouvelles fonctions et donc de effectifs de professionnelles associés ; mais tout, mais alors tout sauf demander des efforts d’adaptations aux biffins moyens. Et qu’est-ce qu’il y’a de plus souple physiquement et intellectuellement qu’un jeune homme de 18 à 25 ans ?

Le problème de l’article est qu’il  part d’un postulat à mon sens faux : la guerre a changé de nature. Et du moment qu’on commence sur ce postulat, disqualifier les aptitudes et savoir-faire du soldat moyens comme central, et juste un truc avec d’autre qui aide à l’action armée,  le constat s’impose de lui-même. C’est un sophisme.

Plus techniquement, historiquement –c’est en tout cas, ce que j’en comprends- il est intéressant de constater que les armée les plus homogène sont les plus polyvalentes ! Plus encore cette homogénéité est souvent forcé et très difficile à mettre en place. J’en conclue que « diversifier » à l’excès et plutôt une maladie bureaucratiques, une facilité, qui cherche à traiter tout nouveau problème en le découpant en petits morceaux ; l’approfondissement sans fin de la spécialisation est une variation de ce même vice.

Ça ne veut pas dire que tout va bien dans le recrutement ! On en a suffisamment discuté ici. Le problème de fond pour moi est au contraire très ancien et découle d’un phénomène très banal : la base social ciblé par les armés ce réduit toujours plus à mesure qu’elles dégénèrent. Un exemple emblématique est Sparte. Tout au contraire, les recrues était de mieux en mieux, et même trop biens ! L’institution militaire à Sparte à finie en rassemblement de fils à papa et par exclure le citoyen lambda ; le fond est donc le même quoique par une évolution dans un sens différent : le vivier traditionnelle est toujours là, mais une proportion toujours plus importante est écarté de fait ou ses membres ne considèrent plus la carrière militaire comme suffisamment intéressante/digne. Le fond de l’affaire est là, le reste c’est du blabla. D’ailleurs, même si cette catégorie –les jeune cons :lol:-  ne représentait que 1% des armée ça resterais la partie la plus important de celle-ci et probablement la plus difficile à recruter/motiver.

Ce qui me fait tiquer aussi, et même surtout, c’est cette tendance à considérer le tout technologique comme une évolution inévitable, et surtout souhaitable des armés modernes au dépend d’une vision équilibré –et même là faire passer pour la raison incarné :P- ; à contresens des leçons  des derniers conflits. A conditions bien sûr, de les étudier dans le détail, et avec honnêteté intellectuelle, pas en cherchant à imposer son agenda politique ou à faire passer ses idée d’ingénierie social. Et surtout, personne ne lit nos délires débats sur AD ?

C’était mon coup de gueule du jour.

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Plus techniquement, historiquement –c’est en tout cas, ce que j’en comprends- il est intéressant de constater que les armée les plus homogène sont les plus polyvalentes ! Plus encore cette homogénéité est souvent forcé et très difficile à mettre en place. J’en conclue que « diversifier » à l’excès et plutôt une maladie bureaucratiques, une facilité, qui cherche à traiter tout nouveau problème en le découpant en petits morceaux ; l’approfondissement sans fin de la spécialisation est une variation de ce même vice.

La question que moi (plus qu'elle :lol:) je pose est celle de savoir s'il ne faut pas une "nouvelle" homogénéité, une qui puisse prendre en compte la variété croissante et nécessaire des profils dans une armée, qui tous ne sont pas et ne peuvent pas être asservis comme "soutien" (de près ou de loin) à la fonction "combat" telle qu'elle a été vue à travers l'histoire. La variété de ce qui rend une armée d'aujourd'hui et de demain efficace (et je dis "efficace" par rapport à l'ensemble du spectre de ce qu'une armée doit faire, de la multiplicité des "fronts" -donc pas que physiques- dans un théâtre d'opération donné) est assez terrifiante, et les armées sont fondamentalement toujours, en mentalité et organisation, organisées comme des armées "du temps jadis", asservies à la fonction combat dans sa compréhension la plus ancienne.

Le pendant de ce constat est aussi de remonter au niveau politique et à sa culpabilité énorme dans ce problème: ayant réduit la fonction militaire à une stricte fonction de "consultant" (moyennement écouté) et exécutant technique, il a aussi renoncé de son côté à comprendre et appréhender le phénomène de la violence, celui de la guerre (dans la globalité de son spectre) et en fait celui de la stratégie en général, ce qui ne lui donne pas une réelle capacité à prévoir et agir dans le domaine de la cohercition (qui n'est pas qu'armée) et à organiser un appareil allant en ce sens et contraignant les armées à se diversifier sans cohérence, sans cette homogénéité à laquelle tu fais référence: c'est plus facile d'empiler des ajouts que de penser une organisation.

Le problème de l’article est qu’il  part d’un postulat à mon sens faux : la guerre a changé de nature. Et du moment qu’on commence sur ce postulat, disqualifier les aptitudes et savoir-faire du soldat moyens comme central, et juste un truc avec d’autre qui aide à l’action armée,  le constat s’impose de lui-même. C’est un sophisme.

La guerre a changé de formes, ça c'est une certitude, et le point (je rappelle que le sujet n'est pas limité à ce qu'inspire l'article en question) est que si la guerre ne change pas de nature (elle reste un fait politique), on est arrivé aujourd'hui à un stade où bien des aspects qui avaient jusqu'ici été plutôt mineurs en termes d'effectifs et organisations dédiées sont devenus des domaines à part entière requérant de grandes expertises si on veut chercher des résultats qu'on sait pouvoir obtenir (transmissions, communication, guerre psychologique, renseignement, actions civilo-militaires de toutes sortes, contrôle de zones au mileu des populations....). La plupart de ces domaines ont toujours existé sous une forme ou une autre, mais plutôt comme "métier secondaire" au mieux, à échelle embryonnaire le plus souvent, reposant sur des savoirs et adaptations empiriques avec les moyens du bord (demander du contrôle de zone et actions de police, ou du "nation building" à des armées genre légion romaine ou troupes louis quatorziennes par exemple -des trucs déjà très organisés et structurés-, pouvait se faire et devait être fait, mais les résultats et possibilités n'étaient pas grandioses généralement). Et une grande part de ces domaines étaient souvent culturellement méprisés ou à tout le moins pas admis comme capacité légitime d'une armée, ou encore passés par pertes et profits par manque de moyens et de temps pour s'y consacrer. Il suffit de regarder des domaines de spécialité aujourd'hui admis comme "légitimes" et normaux dans les armées, pour lesquels il n'en a pas toujours été ainsi: l'artillerie a conquis rapidement sa place (en fait quand même un bon siècle a été nécessaire) quoique lui trouver une organisation a pris des siècles, mais le génie, pourtant crucial dès la fin du XVème siècle, a du attendre 2 bons siècles avant de commencer à avoir une légitimité et une (toute petite) organisation propre. Les troupes légères (cavalerie et infanterie, plus des éléments assimilables au génie), absolument irremplaçables dès avant les guerres d'Italie comme spécialité distincte requérant des unités permanentes, ont du attendre le XVIIIème siècle pour commencer à avoir une reconnaissance minimale impliquant des effectifs permanents et une pensée doctrinale propre (pour la guerre en montagne, la "guerre de partisans" et ce qui ressort de la "petite guerre"....), l'intervalle étant rempli (rarement bien) par des troupes levées à la hâte, jamais en nombres suffisants, souvent hors de contrôle (induisant des effets contre-productifs, notamment en territoire ennemi, qui accroissent les difficultés), sans doctrine ni coordination avec les troupes réglées, ainsi que par les larmes et plaintes permanentes des généraux un peu concernés (qui souvent les refusaient en temps de paix). Pour ces troupes et spécialités, le processus était alors le même qu'aujourd'hui pour d'autres domaines qui peinent à être pleinement admis comme capacités de guerre: on ne leur admet pas vraiment culturellement une légitimité militaire, l'idéologie demeurant focalisée sur les seules forces de mêlée, admettant les "appuis" et "soutiens de l'avant" comme des fonctions de combat, mais subalternes (il suffit simplement de voir ces seuls mots de "appuis" et "soutiens" en se rendant compte de la charge lourde de sens qu'ils impliquent, bien au-delà du fait qu'on veuille se persuader que ces mots ne sont que descriptifs et factuels). Les budgets, les carrières.... En sont par exemple affectées.

Autre exemple à conséquences directement opérationnelles: parvenir à faire accepter l'infanterie comme arme déterminante en Europe.... Combien de siècles? Et plus encore, moins hiérarchiser cavalerie et infanterie, arrêter de voir une gradation dans leur statut qui déteint sur leur emploi, amorcer un début de capacité "interarme" faisant renoncer aux grandes charges ou aux à prioris débiles faisant de l'une des deux l'arme de décision et de l'autre l'arme d'arrêt (vision cavalerie) ou de l'une l'arme de la bataille et l'autre celle de la poursuite (vision infanterie), et articulant les deux au niveau tactique comme au niveau micro-tactique (intercaler des escadrons de cavalerie et bataillons d'infanterie: à part quelques épisodes comme Gustave Adolphe, Turenne ou Frédéric II, il faut attendre les guerres napoléoniennes, soit la fin de la période de ce type de conflit), ainsi qu'au niveau doctrinal pour avoir une vision dé-hiérarchisée et réellement opérationnelle impliquant d'avoir moins d'a prioris et d'utiliser ce qui est pertinent face à une situation donnée.

Alors oui, qu'on le veuille ou non, il faut des spécialités multiples et plus culturellement acceptées au sein même des armées pour produire des mix de forces pertinents à chaque conflit, à chaque théâtre et à chaque "bataille" ou situations locales. Mais évidemment, cela suppose, pour reprendre ta critique, d'avoir une autre "homogénéité", une autre approche qui puisse anticiper et penser l'armée et non avoir une armée qui multiplie les structures et sous-structures à la demande, sans cohérence d'ensemble.

Et là on tombe sur le niveau humain: la conséquence de cette approche, ce sont des matériels, des unités et des types de profils pour utiliser les uns et intégrer les autres ;).

Juste une remarque-idée pour un peu secouer la vision des choses: toutes les spécialités militaires même sur un théâtre d'opération requièrent-elles un uniforme complet? Différents "looks" plus ou moins "martiaux" sont-ils si cruciaux (des insignes suffisant pour se conformer à une "signalisation" visuelle conforme aux règlementations), tout comme la tenue opérationnelle des combattants n'a pas toujours à être absolument identique (voir les unités spéciales et assimilées, qui donnent plus dans le patchwork)? C'est juste un point de détail, mais il va dans le sens de cette "homogénéité" à réinventer au profit d'une nouvelle cohérence globale de l'action militaire et de l'ensemble des spécialités (combattantes au sens physique ou non) qui doivent être reconsidérées dans leur "valeur" et leur emploi pour être employées en synergies pertinentes dans une situation donnée. L'uniforme généralisé n'est qu'une chose récente et correspond à d'autres sociétés, d'autres modèles, d'autres types de guerre (encore une fois, la nature profonde ne change pas, l'approche et les formes si).

le vivier traditionnelle est toujours là, mais une proportion toujours plus importante est écarté de fait ou ses membres ne considèrent plus la carrière militaire comme suffisamment intéressante/digne.

Euh, non: la réduction de la capacité militaire de Sparte correspond plus aux problèmes stratégiques et sociaux de la Cité. D'une part, Sparte est une oligarchie militaire/aristocratique située loin des axes commerciaux et qui n'a jamais su se développer économiquement et socialement, occupée qu'elle était à maintenir son système en l'état (contrôle des hilotes, contrôle des cités voisines vassales). D'autre part, cette oligarchie s'est progressivement fermée/réduite: les citoyens de plein droit et l'élite des égaux se sont progressivement dissociées et différenciées par égoïsme des seconds qui ont d'une part concentré la richesse (qui ne croissait pas beaucoup) en s'octroyant les secteurs rentables et en accaparant de plus en plus la main d'oeuvre gratuite des hilotes, théoriquement disponible pour tout Spartiate libre, d'autre part en accroissant sans cesse le coût de la formation militaire dans les casernes (condition nécessaire pour être citoyen à part entière) et le coût d'entretien une fois qu'on avait la "franchise". Résultat, de plus en plus de Spartiates libres pouvaient se payer la formation, mais pas le coût d'acquisition de l'équipement et l'entretien dans les unités permanentes, et encore moins accéder aux unités les plus en vue (prestigieuse et avec du beau linge = là où on se distingue et où on se fait des relations utiles pour avancer). Puis une part croissante ne pouvait même plus se payer l'entraînement passé un certain âge, n'achevant même pas la formation.

A l'arrivée, un contingent en réduction constante, resserré sur la première tranche de citoyens qui est une élite refermée sur elle-même et auto-reproduite dont en plus les choix stratégiques seront de plus en plus mauvais, alors que la cité stagne économiquement. Et une bonne part de ce contingent ne peut quitter la cité parce qu'il faut garder la masse des hilotes à l'oeil et tenir les "alliés" (vassaux) qui trouvent à juste titre la tutelle de Sparte encombrante, inefficace, dangereuse et dommageable à leurs intérêts.

Ce qui me fait tiquer aussi, et même surtout, c’est cette tendance à considérer le tout technologique comme une évolution inévitable, et surtout souhaitable des armés modernes au dépend d’une vision équilibré –et même là faire passer pour la raison incarné - ; à contresens des leçons  des derniers conflits. A conditions bien sûr, de les étudier dans le détail, et avec honnêteté intellectuelle, pas en cherchant à imposer son agenda politique ou à faire passer ses idée d’ingénierie social. Et surtout, personne ne lit nos délires débats sur AD ?

Il est assez impressionnant de voir l'armée américaine, en cours de retrait des 2 fronts majeurs de la décennie passée, faire ce que pas mal dans DSI ont dit qu'elle allait faire: revenir au "coeur de métier" qui est en fait leur vision de la guerre dont ils "rêvent", celle conforme à leurs préférences opérationnelles et technologiques. Ils retiennent bien sûr les leçons des guerres passées, mais jusqu'à un certain niveau seulement (en fait les seuls qui les garderont réellement en mémoire institutionnelle, ce seront les bataillons et unités élémentaires de forces au sol, pas grand-chose au-dessus); comme après le VietNam, on s'empresse d'oublier les vraies grandes leçons et on se reprépare pour la guerre qui va avec les jouets qu'on commande au Père Noël, pas pour les guerres probables (celles qu'on peut essayer de voir venir) avec des adversaires probables. Il y a une trop grande part de "wishful thinking" là-dedans (influencé par des préférences culturelles, des certitudes intellectuelles et des intérêts bien en place), qui domine la réflexion.

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C'est vrai que je me suis souvent posé la question de pourquoi imposer un âge de recrutement limite aussi jeune. Après tout, à titre personnel, j'ai 35 ans, et je suis aujourd'hui quelqu'un de sportif en bien meilleur condition physique qu'à l'époque où j'étais militaire. De plus, je suis plus diplômé qu'à cette époque. Je ne suis sûrement pas un cas isolé. Pourquoi ne pas élargir le l'âge de recrutement ? Ou pourquoi ne pas allonger la durée de vie opérationnel d'un soldat toujours compétant et parfaitement opérationnel ?

Dans beaucoup de cas, les mercenaires sont d'anciens militaires, souvent d'unités spéciales, qui ne choisissent pas toujours le mercenaria pour des raisons uniquement pécunières, mais aussi parce que c'est le seul métier qu'il savent faire. L'Etat dépense et investit dans une main d'oeuvre, dont il décide de se séparer lorsqu'elle arrive devant les barrières qu'il a fixé (âge, fin de période d'engagement, etc...) Alors on pourrait se demander, pourquoi ne permettre à des soldats compétent et toujours parfaitement opérationnel, de poursuivre leur carrière, si ils le désirent. Moyennant bien sûr des épreuves et testes afin de démontrer que l'individu est toujours opérationnel. Le recrutement  tel qu'il est pratiqué de nos jours, me fait parfois penser à une sort de mercenariat de courte durée au service de la République.

Un proverbe alsacien dit que c’est loin du canon qu’on trouve les vieux soldats. Hors durant les siècles passé, il était fréquent de voir de vieux soldats toujours en activité dans les unités de combat, la carrière militaire étant beaucoup plus stable qu'aujourd'hui. Bien sur, les niveaux d'opérationnabilités demandé aux troupes était bien plus faible qu'aujourd'hui. Mais sans aller jusqu'à conserver des troupes d'un autre âge, la seule barrière ne devrait-elle pas être la capacité opérationnel du soldat ?

D'un autre côté, on peut se demander si un tel débat a lieu d'être dans un pays comme la France, qui n'envisage l'avenir de ses armées que sous le spectre d'une réduction toujours plus grandes du nombre d'effectifs. Comment dans ce cas imaginer qu'une réflection en profondeur soit possible à ce sujet. On peut se demander même, si vu les perspectives d'avenir de la défense en Europe, la réflection ne va pas tout simplement cesser à ce sujet. Pas dans les milieux militaire ou celui des spécialistes, bien sûr, mais au niveau politique. D'ailleurs, on peut se demander si la réfection politique en matière de défense ne s'est pas arrêtée il y a longtemps. Le militaire est un domaine de plus en plus éloigné du politique. Un outil que le politique utilise en cas de besoin et dont il se désintéresse aussitôt après utilisation. Donc comment imaginer qu'une réflexion en la matière puisse intéresser le politique. Il y a actuellement une étude qui est réalisée dans le cadre du nouveau Livre Blanc sur la défense. Mais comment imaginer que le politique prendra ces décisions de manière objective, et cela même si la commission aboutit à une réflexion pertinente sur le sujet. Les seuls réflections qui l'intéresseront seront sans doute celles qui iront dans le sens de la réduction des personnelles et des moyens qui y sont consacré.

Il est étrange de constater que bien que la menace soit passées d'un affrontement entre bloques nécessitant d'importants moyens humain à un engagement plus localisé nécessitant des moyens plus limité, mais plus expert, la politique de recrutement et de fidélisation n'est pas plus changée que cela, alors que l'on parle d'armée professionnel. De mon passage à l'armée, j'ai gardé le souvenir d'un recrutement a deux échelons.

Tout d'abord, celui d'une tentative désespérée de recrutement d'une main d'oeuvre sur qualifiée pour des postes cruciaux, (électronique, informatique, etc ...) en général, cette main d'oeuvre est peu motivée à l'idée de rejoindre l'armée. Salaire très faible par rapport au privé, condition de travail moins confortable, rigueur de la vie militaire, etc ... Cela ajouté au fait que le patriotisme, autre fois facilitateur d'embauche, est devenu une notion complètement « azbine »  dans l'esprit général. Tout ceci fait que l'armée peine beaucoup à recruter les personnelles techniques dont elle a besoin.

En suite, il y a le pendant du recrutement dit « de base ». Pour les soldats du rang. Souvent constituée de jeunes non diplômé ou peu qualifié, ce recrutement s'inscrit dans une logique d'assimilation et d'intégrations, mais avec pas ou peu d'espoir de réaliser une carrière dans le domaine militaire. En général, pour beaucoup de ces jeunes, les 5 ans d'armée sont la suite logique après l'échec de leurs études. Et ils se retrouvent en général à 24-25 ans sur le marché du travail, sans diplômes ou qualifications nouvelles, pouvant être utilisées dans le civil. Certains de ces jeunes issue de zones sensible, apportant parfois des pratiques peu glorieuses dans l'armée, discréditant encore un peu plus l'institution quand des affaires éclatent. Autre fois fait dans le but de pouvoir constituer d'importants forces d'infanterie, pis par la suite dans un but d'assimilation ou d'intégration social, grâce à des formation dispensées au sein des armées. Ce type de recrutement dans l'armée ne joue aujourd'hui bien souvent, plus que le rôle de tampon entre l'éducation national et le Pôle emploi.

Cette politique de recrutement est-elle toujours en adéquation avec les besoins réels des forces armées d'aujourd'hui et de demain ?

Il y a aussi le phénomène inquiétant de création de castes de grades dans la hiérarchie militaire. Un jeune homme entre dans l'armée et est prévu pour un certain grade en fonction de son niveau de qualification. Il pourra acquérir des adjectifs honorifique ou réels à son grade (de sergent à sergent chef ou sergent major, etc...) mais ne quittera plus, ou très rarement le rang dans le quel il se trouve. L'armée ayant perdu sa capacité d'assesseur sociale. Et le projet du gouvernement de limiter les progression par le rang pour faire des économies, va de surcroît aggraver ce état de fait. Tout ceci contribuant à un phénomène de paupérisation et de manque d'intérêt pour les forces armées dans ce pays.

Pour en revenir à un plan plus généraliste. Il est inquiétant également de voir la réflexion sur les possibles conflits futur, servir d'excuse pour entraver et remplacer les capacités de réponse aux conflits, dit du passées. La défense doit pouvoir offrir une réponse minimum à tous les risques de conflits, car la guerre que l'on fait est rarement celle que l'on avait préparée. Mais garder une telle capacité est dévoreuse de moyens. Ce qui est l'extrême inverse des ambitions politiques en la matière. Un proverbe de Confucius dit que l'étude du passé n'est qu'une lanterne qui sert à voir le chemin parcouru. Les conflits futur ne seront forcément pas ceux du passé, mais on ne peut exclure qu'ils aient des points commun. Et lorsque l'histoire se répète, l'addition a toujours tendance à être revue à la hausse.

A la question « Quels soldats doit-on/devra t-on recruter ? », Je répondrais, des professionnels et des spécialistes, mais ce ne sera possible que par une revalorisation du métier et une fidélisation du soldat. Chose qui paraît peu probable actuellement.

Il y a un peu trop de politiquement correcte dans le recrutement aujourd'hui, et pas assez de concret. L'armée souffre d'un manque de visibilité dans la population et d'un manque d'intérêt du politique. La France est un pays où seul celui qui crie le plus fort peut se faire entendre. Et dans ce contexte, l'armée et son devoir de réserve appartient n'existe pas médiatiquement et donc politiquement.

Alors bien sûr, je ne suis pas un spécialiste ou un stratège, et je ne donne ici qu'une opinion et un point de vue personnel, forcément imparfait.

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Je ne suis sûrement pas un cas isolé. Pourquoi ne pas élargir le l'âge de recrutement ? Ou pourquoi ne pas allonger la durée de vie opérationnel d'un soldat toujours compétant et parfaitement opérationnel ?

Là pour cet aspect, la réponse est simple en l'état des choses: c'est beaucoup plus cher :lol: . Et ça amène d'autres problèmes, qui ne sont pas forcément des problèmes en soi, mais impliquent un changement dans la façon de gérer les hommes:

- c'est plus cher, donc ça impliquerait de mieux payer des recrues plus affûtées, donc en fait de considérer réellement la valeur ajoutée d'un soldat à la tête plus pleine, avec plus de personnalité, plus de connaissance de soi.... Alors qu'on est encore fondamentalement dans un schéma mental hérité des armées de masse: le troufion, surtout le fantassin et le cavalier de base, doit coûter le moins cher possible.

- autre raison de coût: le soldat qui a commencé jeune, mais est resté et a bien grandi.... Ben il faut lui payer une pension plus conséquente s'il commence à accumuler le kilométrage dans l'armée. C'est encore une chose qui devrait être réévaluée et suppose un changement culturel (considérer le troufion comme un actif et un système d'arme plutôt que comme un poids inutile dans la colonne "coûts"); la façon qu'on a de regarder le budget "pensions", au moins pour une part des troupes (les combattants en fait) est à cet égard un handicap parce qu'en attendant, il y a beaucoup de recherche "d'optimisation" pour avoir du troufion qui dure entre un contrat et demie et deux contrats (et plus le recrutement est merdique et la formation continue limitée, plus ça a du sens, en fait: il y a des éléments de cercle vicieux qui tendent à amoindrir la qualité). Mais on ne peut pas non plus, à moins d'un recrutement et d'un entretien de motivation réellement revus à la hausse (ce qui est cher, donc concourt du changement culturel évoqué), garantir des super formations à tous, plein de responsabilités tout le temps et un emploi du temps fait de choses toujours exaltantes et d'un entraînement permanent (en fait, ça, si il faudrait bien): la limitation des ressources fait que beaucoup de ces choses sont de fait comptées pour "garder les meilleurs" (donc les sélectionner à l'usage) qui en bénéficieront. Mais la manière de faire, la trop grande limitation de ces incitations et sollicitations, et la déconsidération du soldat, font que pour l'instant le système est bien peu capable de créer de la grande qualité dans la majorité des troupes (et même -c'est ce qui est le pire- avec des recrues de bonne qualité qui ont motivation et potentiel et sont souvent incitées de fait à partir).

- passé 25 ans, le jeune mâle a fini son développement physiologique: c'est un des points de l'article précité qui est vrai.... Passé 25 ans, on devient plus prudent car les zones du cerveau participant notamment à l'évaluation du risque ont fini d'atteindre la maturité.... Et en plus c'est le moment où les hormones sont moins virulentes.... A 18-25 ans, l'instinct de préservation n'est en fait pas du même acabit, le besoin de se trouver est encore là, beaucoup de colères de l'adolescence sont nécessairement plus présentes, et le sujet est de ce fait plus malléable (face à des stimulis d'épreuve de force -d'où vient la discipline-, de mise au défi) et plus enclin à aller au casse-pipe. Autre conséquence: c'est l'âge où on fait des trucs cons.... Comme s'enrôler ;) :lol:.

- passé 25 ans, ou même 30 ans, le sujet commence à être un homme fait, et il n'acceptera pas de se faire traiter (surtout s'il s'enrôle à cet âge) comme un conscrit de 18-20 ans à qui on réapprend à se torcher.

Historiquement, il y a toujours eu de tout, mais les profils de soldats (j'entends hommes du rang, dans les unités combattantes ou celles qui leur collent au cul) favorisés pour savoir et pouvoir faire beaucoup ont toujours été les mecs oscillant entre 25 et 35 ans, voire jusqu'à 40 (voire même plus, surtout si on inclue les sous-offs).

Et on peut trouver une constante de ce côté: la qualité, historiquement, quel que soit le pays et l'époque, de même que la polyvalence, a TOUJOURS été trouvée quand l'armée offrait des perspectives et des incitations (et pas seulement des revenus, même parfois confortables), et pas des petites. De même que la capacité opérationnelle globale des troupes a TOUJOURS été multipliée quand la décision était déléguée au niveau en-dessous, le commandement relativement décentralisé (c'est une des incitations, une composante des perspectives qu'offrent les bonnes troupes): ça s'appelle aussi la confiance, un truc assez étranger aux armées de temps de paix (a t-on un problème particulier à cet égard dans la culture française du commandement? Goya le pense, par exemple), et qui doit toujours se réapprendre dans la douleur (rien qu'en Afghanistan, c'est un peu le sens des leçons réapprises par les battlegroups français qu'on s'empresse de désapprendre en retour de métropole en séparant les équipes qui se sont formées, apparemment).

Il est étrange de constater que bien que la menace soit passées d'un affrontement entre bloques nécessitant d'importants moyens humain à un engagement plus localisé nécessitant des moyens plus limité, mais plus expert, la politique de recrutement et de fidélisation n'est pas plus changée que cela, alors que l'on parle d'armée professionnel. De mon passage à l'armée, j'ai gardé le souvenir d'un recrutement a deux échelons.

Tout d'abord, celui d'une tentative désespérée de recrutement d'une main d'oeuvre sur qualifiée pour des postes cruciaux, (électronique, informatique, etc ...) en général, cette main d'oeuvre est peu motivée à l'idée de rejoindre l'armée. Salaire très faible par rapport au privé, condition de travail moins confortable, rigueur de la vie militaire, etc ... Cela ajouté au fait que le patriotisme, autre fois facilitateur d'embauche, est devenu une notion complètement « azbine »  dans l'esprit général. Tout ceci fait que l'armée peine beaucoup à recruter les personnelles techniques dont elle a besoin.

En suite, il y a le pendant du recrutement dit « de base ». Pour les soldats du rang. Souvent constituée de jeunes non diplômé ou peu qualifié, ce recrutement s'inscrit dans une logique d'assimilation et d'intégrations, mais avec pas ou peu d'espoir de réaliser une carrière dans le domaine militaire. En général, pour beaucoup de ces jeunes, les 5 ans d'armée sont la suite logique après l'échec de leurs études. Et ils se retrouvent en général à 24-25 ans sur le marché du travail, sans diplômes ou qualifications nouvelles, pouvant être utilisées dans le civil. Certains de ces jeunes issue de zones sensible, apportant parfois des pratiques peu glorieuses dans l'armée, discréditant encore un peu plus l'institution quand des affaires éclatent. Autre fois fait dans le but de pouvoir constituer d'importants forces d'infanterie, pis par la suite dans un but d'assimilation ou d'intégration social, grâce à des formation dispensées au sein des armées. Ce type de recrutement dans l'armée ne joue aujourd'hui bien souvent, plus que le rôle de tampon entre l'éducation national et le Pôle emploi.

Tout à fait, et malgré les slogans de recrutement et les efforts parcimonieux, parfois symboliques, réalisés ici et là, cela reflète toujours la permanence d'une culture différente, faite pour une armée et une époque différentes. Et elle semble aujourd'hui réellement néfaste, de plus en plus dangereusement néfaste.

A la question « Quels soldats doit-on/devra t-on recruter ? », Je répondrais, des professionnels et des spécialistes, mais ce ne sera possible que par une revalorisation du métier et une fidélisation du soldat. Chose qui paraît peu probable actuellement.

Il y a effectivement une sérieuse revalorisation de la considération pour la ressource humaine à faire, une véritable révolution culturelle. Mais ça ne veut pas forcément dire recruter des hauts profils en effectifs gigantesques: l'un des trucs que l'armée a pour elle est de pouvoir disposer d'une certaine permanence dans la conservation des capacités, sous forme d'unités, de centres d'excellence et d'écoles. Entraîner/former des jeunes (ou des un peu moins jeunes, voire reconvertir des trentenaires) à tous les métiers poussés qu'une armée requière, contre une durée minimale "rentable" (mais réellement "rentable", cad en revoyant la valeur de l'élément humain dans une doctrine générale sérieusement repensée) sous les drapeaux, est une formule pertinente. Le changement culturel revoyant l'organisation d'un cursus militaire, les passerelles, les possibilités et perspectives.... Complète le tableau pour accroître la fidéalisation. Le corollaire de la vision orientée trop exclusivement sur le matériel est de voir tout ce qui n'est pas achat de matos comme du poids mort, ce qui accompagne bien la culture des armées de conscription qui déconsidère la valeur relative de la recrue individuelle. Ces 2 traits ont aujourd'hui créé un cercle vicieux (d'autant plus vicieux que plus les troupes semblent limitées, plus on veut des matos pour compenser leurs insuffisances).

Il y a un peu trop de politiquement correcte dans le recrutement aujourd'hui, et pas assez de concret.

Oui, le concret, si les chefs militaires voulaient mettre un peu le nez des politiques dans leur propre caca (mais en fait, c'est aussi celui des chefs militaires), serait d'établir des critères de recrutement corrects et de s'y tenir absolument.... En combien de temps aurait-on des gouffres énormes dans les unités et implantations de tous types, et donc des forces en partie importante indisponibles dans tous les domaines (genre 5-6 brigades inaptes à projeter :lol:)? Serait-ce une sonnette d'alarme qui, si elle était relayée par la presse et/ou les politiques (et administrations) réellement préoccupés, et/ou la société civile (notamment sur le net), pourrait recréer un peu de préoccupation authentique sur le sujet?

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- passé 25 ans, le jeune mâle a fini son développement physiologique: c'est un des points de l'article précité qui est vrai.... Passé 25 ans, on devient plus prudent car les zones du cerveau participant notamment à l'évaluation du risque ont fini d'atteindre la maturité.... Et en plus c'est le moment où les hormones sont moins virulentes.... A 18-25 ans, l'instinct de préservation n'est en fait pas du même acabit, le besoin de se trouver est encore là, beaucoup de colères de l'adolescence sont nécessairement plus présentes, et le sujet est de ce fait plus malléable (face à des stimulis d'épreuve de force -d'où vient la discipline-, de mise au défi) et plus enclin à aller au casse-pipe. Autre conséquence: c'est l'âge où on fait des trucs cons.... Comme s'enrôler .

- passé 25 ans, ou même 30 ans, le sujet commence à être un homme fait, et il n'acceptera pas de se faire traiter (surtout s'il s'enrôle à cet âge) comme un conscrit de 18-20 ans à qui on réapprend à se torcher.

Il est vrai qu'à mon âge, je crois que le sergent instructeur m'hurlant dessus suite à une défaillance d'organisation de rangement de savonnette dans le placard de ma chambré, ne représenterait pas le même caractère dramatique que lorsque j'avais 20 ans, où cela m'affolait littéralement. :lol:

Et il est vrai qu'a un certain âge, on est moins enclin  à faire des conneries. Mais d'un autre côté, est ce que l'armée de demain a toujours autant besoin de jeunes chiens fou courant sous la mitraille sans se poser de question ? J'ai la chance d'avoir un ami dans une unité de reconnaissance de commandos parachutistes, et c'est quelqu'un de très mûre dans son esprit et de très calme et posé. Pas un jeune foufou. Très loin de ce que sont en général les clichés en la matière. Il renvoie vraiment l'image du militaire professionnel qui cherche à faire son métier du mieux possible et qui ne s'emporte pas pour un rien. Seulement voilà, même si il n'a pas encore 30ans, il a passé les 25ans depuis un moment.

L'homme d'âge un peu plus mûr a pour lui l'avantage de pouvoir gérer des situations bien plus difficile et psychologiquement plus éprouvantes. Il se laissera moins emporter par ses émotions et rationalisera beaucoup plus la situation qu'un jeune soumis à des sentiments et des peurs qu'il ne maîtrise pas encore totalement. Dans un monde où le soldat doit effectuer des missions de plus en plus délicates, et où les bavures ont des conséquences de plus en plus importantes sur le cours des conflits, il est peut-être temps de se poser les véritables questions sur ce que l'on cherche vraiment dans la politique de recrutement, pour développer quel type d'armée exactement. Il est peut-être temps d'envisager l'armée comme un métier à part entière, et non plus comme un lieu de passage.

L'impression que donne actuellement cette politique, est comme tu le dis, de vouloir limiter les dépenses en conservant un ancien système. Mais tout en demandant toujours plus de professionnalisme aux soldats.

Alors je vais dire quelque chose d'un peu fou, et peut-être anti-démocratique, je ne sais pas, mais l'armée ne devrait-elle pas récupérer le choix de sa politique de recrutement, qui est depuis bien trop longtemps entre les mains des politiques, qui ont des préoccupations en terme d'aptitudes requise de la part de l'engagé, bien différentes de celles que nécessite le métier de militaire.

(Des préoccupations telles que l'intégration, la réinsertions sociale, la parité des sexes, les économies de dépenses de personnel, etc...)

Tout ces facteurs devraient être secondaire, le principale devrait être les capacités de l'engagé et rien d'autre. Après tout, est ce que l'on recrute les pompiers professionnels ou les urgentistes en fonctions de leur sexe, groupes ethniques où zone d'habitation géographique ? L'armée est-elle vraiment dans son rôle ?

J'entands souvent des polticiens parler de l'armée comme machine d'intégration, et de comment ils sont fière de l'avoir modelée. Un peu comme un enfant qui jouerait avec ses petits soldats qu'il aurait arrangé la veille pour qu'ils fassent plus jolie. Mais le système a été dévoyé. Car l'intégration de l'individu ne se fait plus par les qualtés qu'il met en oeuvre dans sont travail de militaire, mais à coup de forceps par le politique, qui veut un objet militaire présentant une image politiquement correcte, et représentative de l'idéologie dominant en la matière dans le monde civil et médiatique. Mais là encore, on peut se demander si les exigences militaires du monde politiquo-médiatique, correspondent véritablement à un besoin opérationnel de l'armée ?

Etant plus jeune, il m'est arrivé de passer l'examen d'entré dans la gendarmerie. J'avais été surpris à l'époque par les examen d'entré (journée de testes écrits, examen physique et psychologique, etc...) Comparé à ce qui était demandé pour entrer dans l'armée. Je me rappelle d'une phrase à d'un examinateur de l'époque, « Les gendarmes représentent l'ordre publique. Et sont armé. Ce n'est pas un métier comme les autres. » C'est étrangement ce que l'on demande de plus en plus aux militaires de nos jours. Assurer l'ordre dans des zones de guerre qui sont au passage bien plus dangereuses que nos banlieux a problème. Et pourtant, alors que le recrutement dans les forces de l'ordre n'a jamais cessé de changer et d'évoluer, d'années en années, celui des forces armées semble immuable et presque figé dans le temps. Toujours cette vieille vision datant de l'époque prè-conscription. :rolleyes:

Mais le plus gros problème, c'est que le débat qui nous anime ici ou sur d'autres forums du même type que le nôtre, est totalement absent du raisonnement de la classe politique. Qui malheureusement, continuera, quelque soit sa majorité, à appliquer la même réflection, ou plutôt absence de réflection, sur les forces armées.  O0

Quelque soit le sujet, comme je l'ai dis dans mon poste précédent, la défense n'est pas un sujet qui intéresse les politiques. Et il y a aucune chance que celà change dans l'avenir.

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Cela soulève la question de l'âge des soldats: les armées antiques, outre leur insistance sur l'organisation de l'armée sur base de la fortune, autant par principe (ceux qui se battent bien sont ceux qui ont quelque chose à défendre, réciprocité entre le statut et le niveau d'implication et de responsabilité, recherche et obligation du prestige) que par nécessité (ceux qui peuvent payer peuvent acheter l'équipement nécessaire à certaines armes plus "poussées": cavalerie, infanterie lourde), insistaient tout autant sur l'âge comme facteur discriminant, autant parce qu'il signifiait généralement l'expérience (militaire avant tout, mais aussi de compréhension globale au-delà de ce qu'on peut percevoir de sa situation -y compris tactique- immédiate) que parce qu'il impliquait un autre état d'esprit en soi, notamment la solidité mentale et physique (dans les armées napoléoniennes, on valorisait le trentenaire plus que le post-adolescent comme plus endurant, malgré la vigueur de la prime jeunesse). Et l'organisation des troupes en dispositif de bataille tout comme leur organisation en types et corps de troupes était en grande partie fondée sur ce principe.

Même après la "professionalisation" progressive de l'armée à partir de Marius, l'âge reste un facteur fondamental, y compris dans le primo-recrutement: l'âge (avec d'autres facteurs) met en avant pour les postes d'encadrement voire le centurionnat, y compris les recrues récentes (ceux qui se sont embauchés plus tard qu'à 18 ans). Et évidemment, les vétérans (evocatis) qui resignent sont très recherchés et mis en grande partie à part dans l'ordre de bataille, ce qu'on voit avec l'organisation des cohortes dans une légion (érigée en système progressif: on ne reste jamais très longtemps dans la même centurie, et jamais longtemps dans la même cohorte), puis avec la constitution au Ier siècle d'une 1ère cohorte d'élite doublée et proportionnellement moins encadrée (moins besoin vu le niveau d'expérience), ainsi que d'unités "pointues" spécialisées (notamment les lanciarii, qui constituent le pendant "léger" de la première cohorte, élément de choc). Autant que possible, Rome cherche à ventiler une partie des vétérans et soldats expérimentés pour l'encadrement des unités plus jeunes, et plus encore à en concentrer une autre partie dans des unités régulières nombreuses (pas un nombre réduit de petites unités "spéciales"), ce qui ne peut être rendu possible que par des carrières longues.

Quelle application aujourd'hui peur inspirer cette insistance sur l'importance de l'âge, ou plutôt du "duo" âge-expérience? Comment le développer?

Par ailleurs, sur d'autres critères de recrutement, je repense à l'article initial qui a motivé ce topic ainsi qu'à un reportage que j'avais vu il y a quelques années où un consultant de haut profil du DoD américain recommandait pareillement une autre division du travail (au moins au sol) entre Army et Marines, avec un corps de Marines fait de soldats plus djeunz et agressifs, pleins de foutre et d'hormones, orienté vers les opérations courtes et violentes, de combats type entrée de théâtre et conquête, et une Army faite de mecs plus âgés et calmes (et de femmes) pour tenir, contrôler, sécuriser et pacifier. Je dis pas que c'est forcément le point central sur lequel une capacité opérationnelle doit être envisagée, mais l'idée n'est pas sans pertinence. Par ailleurs, cela me renvoie sur l'article initial (lien plus haut) et son insistance sur le fait que les jeunes hommes de 18-25 ans, pour la conflictualité vraisemblable des prochaines décennies, ne sont plus comme pendant les derniers siècles (armées de masse et de conscription, avec peu de temps d'entraînement), les recrues idéales, leurs 2 seuls vrais avantages en tant que population-cible étant leur faible coût (parce que souvent il s'agit de jeunes peu qualifiés) et leur disposition physique dominante (c'est la population proportionnellement la plus en forme et présentant les plus hauts niveaux de performance physique de départ et d'arrivée), avec aussi sans doute un "plus" pour leur "malléabilité".

Une position exagérée, peut être volontairement un peu provocante, et une position qui nie bien des nécessités de la guerre et l'importance d'un niveau physique important (bien plus que ce que l'auteur a l'air de supposer comme nécessaire) comme pré-requis, comme condition de base pour que les autres savoirs-faires et qualités puissent s'exprimer.

Peut-être est-ce aussi un problème dans l'entraînement, le conditionnement mental, qui exacerbe dans le comportement de jeunes hommes (qui sont en fait des ados et post-ados) certains traits qui sont dans la plupart des scénaris de guerre actuels à remettre sérieusement en équilibre avec d'autres (mieux discriminer les situations, être moins émotionnel, agressivité à tempérer, plus grande variété de situations, notamment celles où il ne faut PAS tirer et/ou il faut plus attendre pour tirer....).

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Passage amusant concluant un des derniers articles sur le blog de Michel Goya, s'inspirant des méthodes d'évaluation de l'efficacité de l'encadrement des entreprises:

Il serait intéressant de faire une étude similaire dans nos armées pour tous les colonels et officiers généraux, à condition de définir les qualités de l’officier, c’est le moins difficile, de parvenir à les mesurer, c’est plus compliqué, et surtout de les confronter à une mesure de l’efficacité des unités plus difficile à déterminer que le simple montant d’un chiffre d’affaire. Toujours est-il que s’il existe un lien entre le niveau de l’encadrement des entreprises françaises et celui de nos forces armées, du fait d’une culture proche dans la gestion des ressources humaines, il y a lieu de s’inquiéter.

La question peut en effet se poser, en rapport avec ce qui a été dit précédemment, d'évaluer l'efficacité des unités, des cadres, des structures, des individus par grades.... Et par là de mettre en évidence les qualités requises. On ne trouvera pas forcément tant de critères qui ne soient pas contestables, mais c'est un impératif pour commencer à se poser les bonnes questions, qui au final se ramèneront souvent à savoir ce qu'est l'efficacité (et quelle efficacité faut-il pour tel type d'unité, tel type de cadre.... Face à des situations X ou Y qui semblent les plus probables), le mérite des critères et du débat qui les entoure étant de mettre le vase clos qu'est l'armée en face de ses faiblesses, conventions, silences entendus et surtout habitudes perpétuées plus ou moins inconsciemment. Le recrutement et la formation semblent parmi les premiers sujets qui bénéficieraient d'une évolution de ce type.

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d'évaluer l'efficacité des unités, des cadres, des structures, des individus par grades....

Impossible à moins de se retrouver en situation de combat réel (parceque même le simulé bon ben il manque des elements qui influent sur le decisionnel des chefs et le comportement des hommes à savoir déjà le risque, le vrai d'y laisser sa peau)

Certaines armées ont essayé des critères (tant de cartouches et de litres d'essence cramées, tant de drills effectués, tant de marche de nuit suées ...)

Ca ne fonctionne pas comme ne fonctionnent pas (ou peu je vais m'expliquer plus bas) les kriegspiel et autres manoeuvres d'EM

autant quelqu'un peut etre un pousse pion génial quand il est dans la chaleur de son appartement  (ou d'une chambre d'EM) autant (même si ca aide à acquérir les fondamentaux) ce n'est en rien une garantie d'efficacité sur le terrain qui par essence est noyé sous le brouillard de guerre/les aléas du conflit et le stress de prendre une GBU, une vraie sur la tete.

Ce n'est qu'au combat, à mon sens, que peut se révéler l'efficacité réelle et d'une doctrine, et d'une unité et des cadres qui la compose

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On ne peut certes pas reproduire à 100% les conditions d'un combat réel ou du danger de mort, mais on peut s'en rapprocher quand même par bien des moyens (et franchement des moyens pas chers dans bien des cas): le tout est de reproduire une situation de stress maximale pour la prise de décision, du plus petit niveau tactique jusqu'au niveau des unités élémentaire de manoeuvre (SGTIA et GTIA). Contrainte de temps, environnement bruyant (fait gueuler des sergents à proximité des jeunes officiers en train de cogiter, lire, observer, fait péter des grenades d'exercice, fous des sirènes et sons aigus tous azimuths, des bruits de tonnerre ou de convois chenillés), infos volontairement tronquées et/ou envoyées en masses/rafales, conditions physiques atteintes (fais travailler à jeun, au saut du lit après 1h et demie de sommeil, après une marche forcée, en uniforme trempé et par des températures basses, ou sans boire alors qu'il fait 45 à l'ombre....), balance des intervenants non prévus, des disruptions de la chaîne d'info (amont et aval) en tous genres, des accidents en cascade, un adversaire primitif qui soudain sort des équipes de techno-guérilla ultra-modernes (quand même pas des groupements blindés top niveau: ça c'est dans le niveau "hyper dur" des jeux de stratégie :lol:).... Il y a mille et un moyens de foutre des sujets dans des situations de stress maximales et de surprise, la plupart desquelles ne les prépareront pas en tant que telles à des situations tactiques forcément des plus réalistes, mais qui les pousseront à se révéler dans l'urgence (et à accroître leur seuil de tolérance au stress). Un bon évaluateur peut déduire l'essentiel d'un caractère face à cela. La question n'est pas de mettre l'individu à 100% au jour, puisque c'est impossible et personne ne se leurre là-dessus, mais on peut quand même débroussailler BEAUCOUP dans un entraînement bien fait, et surtout honnête, fuyant comme la peste les exercices et manoeuvres scénarisés (qui semblent devenir une norme OTAN non écrite d'après ce que je lis :-[) et les grilles d'évaluations sans grand intérêt, ou encore les données chiffrées "objectives" dont bien peu ont une grande pertinence, surtout quand les exercices dans lesquels elles s'inscrivent sont eux-mêmes convenus sinon complètement scénarisés.

Cela permet de repérer les potentiels, de déterminer les qualités essentielles.... Et faut vraiment pas croire que c'est de la pseudoscience. Le tout est, et c'est particulièrement vrai dans le métier militaire, de faire réagir en situations de stress variées, changeantes.... Et de se focaliser sur les bons traits de caractère, ce qui a généralement tendance à heurter les cultures existantes (d'armes, de chapelles, de statut) et les habitudes de gestion de carrière (petits patronages, chasses gardées....). Après tout, les FS (au moins les opérateurs) fonctionnent bien plus sur ce genre de régime. Ca aurait quoi de choquant?

De plus, les méthodes ne se limitent pas, surtout dans des armées modernes, à ces métiers, mais on parle aussi de tout l'encadrement et du fonctionnement interne des forces armées en tant qu'organisme complet, que "grande entreprise" ou grande organisation: la tendance managériale dans bien des aspects a fait des dommages, certes, mais on est là dans un domaine où l'exemple des entreprises n'est pas mauvais, surtout que je parle là plus des approches vivantes des méthodes d'évaluation, de la culture qui va avec, plus que des critères en soi dont on peut supposer que les armées savent ce qu'ils doivent être (qualités d'un chef, d'un sous-off, d'un chef de service, d'un soldat du rang, d'un sapeur, d'un artilleur, d'un personnel fixe....).

Ca requiert moins de moyens que d'honnêteté, de jus de cervelle (et de vice :lol:) et d'une approche un peu culturellement différente de l'actuelle. Le point de Goya est de souligner justement les changements dans les méthodes d'évaluation des cadres d'entreprises et du besoin de développer leur profil par un investissement continu et long (donc de trouver ceux qui auront ce traitement à chaque niveau, une fois définie la proportion globale de cadres qui seront "fidélisés" et "valorisés" ainsi), chose qui est très peu et très mal faite en France. Pour avoir tâté de méthodes de formation et exercices divers à la sauce américaine dans ce registre, je peux dire que les façons d'évaluer et de mettre à l'épreuve, et plus encore la recherche de ce qu'on veut évaluer, sont très différentes: des exercices qui semblent débiles à souhait, des situations outrancières, des mises en situation semblant artificielles.... Sont en fait de redoutables méthodes d'évaluation psychologique fournissant un examen approfondi de choses moins exactement mesurables mais autrement plus importante que de bêtes tests plus ou moins académiques ou une revue surperficielle des résultats professionnels.

Déjà qu'en France, on constate la difficulté à instaurer culturellement le drill ou les simulations (il a fallu l'Afghanistan) pour les armées ou la sécurité civile....

Ceci dit pour les kriegspiel, ils ont plutôt réussi historiquement à l'Allemagne: ce n'était pas une méthode absolue, mais le jeu et l'environnement culturel avaient quand même une tendance à révéler et faire mieux discerner les caractères, à pousser en avant. C'était rudimentaire, mais on a fait des progrès dans les sciences humaines tournant autour de la GRH, de la psychologie, des méthodes d'apprentissage.... C'est pas pour rien que le cheval de bataille de l'actuel CEMA américain, particulièrement pour l'Army mais aussi pour tous les corps "interarmes" (tout ce qui a "joint" en début de dénomination, quoi :lol:), est le programme de leadership, pour la sélection, le recrutement, la formation et la gestion de carrière des officiers, combattants ou non: des fortunes sont foutues dessus et ça semble être le seul grand bon RETEX de la décennie passée pour les ricains.

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Le point de Goya est de souligner justement les changements dans les méthodes d'évaluation des cadres d'entreprises et du besoin de développer leur profil par un investissement continu et long (donc de trouver ceux qui auront ce traitement à chaque niveau, une fois définie la proportion globale de cadres qui seront "fidélisés" et "valorisés" ainsi), chose qui est très peu et très mal faite en France. Pour avoir tâté de méthodes de formation et exercices divers à la sauce américaine dans ce registre, je peux dire que les façons d'évaluer et de mettre à l'épreuve, et plus encore la recherche de ce qu'on veut évaluer, sont très différentes: des exercices qui semblent débiles à souhait, des situations outrancières, des mises en situation semblant artificielles.... Sont en fait de redoutables méthodes d'évaluation psychologique fournissant un examen approfondi de choses moins exactement mesurables mais autrement plus importante que de bêtes tests plus ou moins académiques ou une revue surperficielle des résultats professionnels.

Déjà qu'en France, on constate la difficulté à instaurer culturellement le drill ou les simulations (il a fallu l'Afghanistan) pour les armées ou la sécurité civile....

C'est un problème plus vaste de défauts de la culture managériale française:

- Grande culture individuelle mais peu ou mal utilisée.

- Très grande importance du cursus scolaire d'origine (surtout des grandes écoles) produisant un phénomène de caste qui ne dit pas son nom (le discours officiel étant égalitariste).

- Parachutage des membres de caste en question dans des entreprises qu'ils connaissent mal (d'où une absence de confiance avec des subordonnés inconnus), pratique du pantouflage, faiblesse de la promotion interne.

- Grande distance hiérarchique donc personne ne remet en cause publiquement le chef quand il décide sans concertation, tout en se réservant en contrepartie le droit de ne pas suivre ses décisions (tout l'inverse du cas allemand).

- Vision très cartésienne et rationaliste mal adaptée à un monde chaotique.

- Dirigeants qui considèrent être payés pour leurs connaissances académiques individuelles, non pour être des leaders innovants proches du terrain et de leurs subordonnés. Là l'éducation nationale est responsable, puisque c'est elle qui survalorise à l'excès la connaissance académique individuelle et le zéro erreur, avec très peu de travail en groupe. Le management est abordé de la même manière que la résolution d'un problème mathématique identique d'une entreprise à une autre.

- Evaluation très théorique du parcours professionnel aux antipodes d'une approche pragmatique.

- Mauvaises relations au travail, méfiance, grande importance de l'auto-censure et des réseaux, la France étant le premier consommateur d'anti dépresseurs.  >:(

C'est la culture managériale de la société française qu'il faudrait changer (pas moins...), à commencer par l'éducation nationale qui formate les 20 premières années de vie. Ce qui me rend plutôt pessimiste sur les chances d'amélioration rapide de la culture managériale, qui a plus de chances d'évoluer lentement par contact avec l'étranger que par une brusque révolution.

On réalise à quel point sélectionner les cadres par la pratique et non sur des diplômes de "noblesse", sur des qualités de "leadership", dans des simulations très chaotiques et changeantes (et non par des exercices théoriques très standardisés), la liberté de parole des subordonnés, sont des valeurs complètement extra-terrestres. L'OTAN et le tout technologique n'ont fait que renforcer une tendance préexistante.

Les mêmes défauts existaient pour l'essentiel déja au début du XXème siècle (ou étaient en germe), ont une lourde responsabilité dans la défaite de 1940...

Normalement la réforme de cet état de faits devrait être le chantier national numéro un.

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Où on voit sous un autre angle que une fois encore, les outils et le niveau technologique peuvent être les mêmes, les organisations, structures et hiérarchies peuvent se ressembler.... Mais c'est la culture de fonctionnement, les modes d'interactions/relations et la mentalité collective et individuelle qui font l'essentiel.

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  • 2 weeks later...

Nostalgie de l'odeur de la victoire .

Je suis plutôt progressiste dans de nombreux domaines, mais dans la conception que j’ai de l’emploi de la force armée je suis un conservateur, voire un réactionnaire au sens où je crois que dans ce domaine les choses étaient mieux avant.

J’ai eu ma première arme en main très peu de temps après les opérations presque simultanées en Mauritanie, à Kolwezi et au Tchad. J’admirais alors la manière dont les décideurs politiques et militaires prenaient leurs responsabilités et acceptaient le prix du sang au nom des intérêts de la nation sans attendre un hypothétique mandat du Machin ou de l’assemblage de plus ou moins bonnes volontés européennes. L’ambition de la France d’alors ne se réduisait pas alors à « peser dans une coalition » ou à plaire à l’allié américain mais à résoudre les problèmes par des victoires plutôt que par des gesticulations. Je crois même me souvenir qu’on tirait un certain orgueil à y parvenir seul et que l’intervention « à la française » suscitait une certaine admiration. Le soldat était alors un véritable instrument de politique destiné à imposer la volonté de la France à ses ennemis. On ne prétextait pas le changement de contexte pour justifier l’impuissance puisque c’est notre volonté même qui changeait le contexte. On considérait aussi que les victoires, plutôt que  les bourbiers, constituaient le meilleur moyen de limiter les pertes. 

la suite ici :

http://lavoiedelepee.blogspot.fr/2012/10/nostalgie-de-lodeur-de-la-victoire.html

je pense que se lien à sa place ici ,car il reflète les soldats et leurs époques  =)

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C'est un problème plus vaste de défauts de la culture managériale française:

- Grande culture individuelle mais peu ou mal utilisée.

- Très grande importance du cursus scolaire d'origine (surtout des grandes écoles) produisant un phénomène de caste qui ne dit pas son nom (le discours officiel étant égalitariste).

- Parachutage des membres de caste en question dans des entreprises qu'ils connaissent mal (d'où une absence de confiance avec des subordonnés inconnus), pratique du pantouflage, faiblesse de la promotion interne.

- Grande distance hiérarchique donc personne ne remet en cause publiquement le chef quand il décide sans concertation, tout en se réservant en contrepartie le droit de ne pas suivre ses décisions (tout l'inverse du cas allemand).

- Vision très cartésienne et rationaliste mal adaptée à un monde chaotique.

- Dirigeants qui considèrent être payés pour leurs connaissances académiques individuelles, non pour être des leaders innovants proches du terrain et de leurs subordonnés. Là l'éducation nationale est responsable, puisque c'est elle qui survalorise à l'excès la connaissance académique individuelle et le zéro erreur, avec très peu de travail en groupe. Le management est abordé de la même manière que la résolution d'un problème mathématique identique d'une entreprise à une autre.

- Evaluation très théorique du parcours professionnel aux antipodes d'une approche pragmatique.

- Mauvaises relations au travail, méfiance, grande importance de l'auto-censure et des réseaux, la France étant le premier consommateur d'anti dépresseurs.  >:(

C'est la culture managériale de la société française qu'il faudrait changer (pas moins...), à commencer par l'éducation nationale qui formate les 20 premières années de vie. Ce qui me rend plutôt pessimiste sur les chances d'amélioration rapide de la culture managériale, qui a plus de chances d'évoluer lentement par contact avec l'étranger que par une brusque révolution.

On réalise à quel point sélectionner les cadres par la pratique et non sur des diplômes de "noblesse", sur des qualités de "leadership", dans des simulations très chaotiques et changeantes (et non par des exercices théoriques très standardisés), la liberté de parole des subordonnés, sont des valeurs complètement extra-terrestres. L'OTAN et le tout technologique n'ont fait que renforcer une tendance préexistante.

Les mêmes défauts existaient pour l'essentiel déja au début du XXème siècle (ou étaient en germe), ont une lourde responsabilité dans la défaite de 1940...

Normalement la réforme de cet état de faits devrait être le chantier national numéro un.

Je suis d'accord. En France on a trop tendance à faire confiance aux "têtes d’œuf" sans expérience pratique. Cela me rappelle le cas d'un polytechnicien qui avait été bombardé fort vite chef de bord d'un avion de type Atlantique 2 et auquel son équipage ne faisait aucune confiance. Vu notamment son côté "distrait" par exemple... :-[ Cet individu tout à fait respectable par ailleurs, sympathique et cultivé, aurait été mieux à sa place à un poste de spécialiste que dans ce poste de commandement opérationnel.
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