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l'impasse de la destruction comme idéal de guerre


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Trois ans après sa parution dans les colonnes de DSI, en septembre 2009, je reproduis la première de mes chroniques dans ce magazine L'évolution de la conflictualité contemporaine n'a, depuis, pas fondamentalement affecté ce truisme : l'efficacité du feu tient dans l'exploitation qui en est faite, et non dans ses effets propres ; la destruction n'est, au final, qu'un moyen. J'ai emprunté, en l'inversant, mon titre à l'étude monumentale du colonel américain S.L.A. Marshall, Men against fire, consacrée au combat des petites unités américaines en Europe en 1944-1945. Remis en cause depuis en raison d'une méthodologie plus que discutable - il a depuis été avéré que Marshall a partiellement inventé ses données - l'ouvrage demeure néanmoins important pour avoir été l'une des premières études académiques consacrées à la place de l'homme dans le combat."

Toute reproduction ou citation sans autorisation est interdite sans mon autorisation expresse.

Pendant dix longues heures en ce 21 février 1916, l'artillerie allemande tire plus d'un million d'obus sur les positions françaises au nord de Verdun dans la plus longue et la plus massive préparation d'artillerie jamais enregistrée jusqu'alors. Lorsque les premières vagues d'assaut allemandes s'élancent, elles n'imaginent pas que les français puissent leur opposer une quelconque résistance. Pourtant, dans le Bois des Caures, deux bataillons de chasseurs à pied opposent à l'élite de la Reichswehr une résistance acharnée, et retardent de deux jours la percée allemande. En dépit des pertes et de la violence des bombardements, les troupes françaises s'accrochent partout au terrain, et immobilisent la percée allemande. La bataille de Verdun, envisagée comme une percée, devient par la force des choses une bataille d'attrition, la plus longue de la guerre. Elle fera près de 300 000 morts dans les deux camps.

Alors que, en ce 20 novembre 1943, les premiers Marines embarquent dans les chalands qui doivent les amener à terre sur Bétio, l'île principale du minuscule atoll de Tarawa dans le Pacifique central, ils pensent ne trouver que des cadavres. Comment quiconque aurait-il pu survivre aux bombardements, aériens et navals, qui matraquent l'atoll depuis plusieurs semaines ? Qui aurait pu résister à la puissance de feu de la flotte d'invasion la plus puissante jamais réunie à ce moment ? Pourtant, à peine auront-elles touché terre que les premières vagues d'assaut seront clouées sur place par le feu de Japonais bien vivants, et ayant résisté aux tonnes de munitions déversées sur eux. Il faudra trois jours de combat acharnés, et plus de mille tués, aux vingt-mille Marines de la 2d Marine Division pour conquérir une île d'à peine trois kilomètres de long sur moins d'un de large défendue par à peine trois mille soldats.

Lorsqu'en juillet 2006 les Forces de Défense Israéliennes lancent sur le Liban une offensive aérienne d'envergure destinée à détruire les capacités militaires du Hezbollah, elles ne doutent pas de la rapidité du succès. Armée de plus de 400 avions et hélicoptères de combat dotés des armements les plus modernes, soutenue par l'artillerie intégrée dans un plan de feux d'ensemble, dotée des meilleurs systèmes C4ISR, l'armée de l'air israélienne pense venir facilement à bout d'un adversaire incapable de se défendre faute de moyens sol-air. Et pourtant, après cinq jours d'attaques, il faut se résoudre devant leur insuccès à engager les forces terrestres, lesquelles, habituées à des opérations de police dans les territoires palestiniens, font face à un ennemi entraîné au potentiel de combat intact, qui leur réserve une mauvaise surprise. En plus d'un mois de combat et en dépit de l'engagement de moyens supérieurs à ceux de la plupart des armées européennes, les israéliens échouent à accomplir leurs objectifs. On pourrait multiplier les exemples similaires. L'idée selon laquelle il est possible de vaincre l'adversaire sans avoir à le combattre, en appliquant sur celui-ci une quantité suffisante de puissance de feu, n'est pas neuve. Depuis que l'arme à feu est devenue, au cours du XVIIème siècle, l'armement principal des armées européennes, le feu a, en occident, exercé sur les esprits civils comme militaires une dangereuse influence, et transformé progressivement la perception même de la guerre. Loin de ne constituer qu'un outil, tactique ou stratégique, le feu a progressivement envahi le champ idéel, et jusqu'à l'imaginaire.

...

La suite a lire absolument chez la plume et le sabre http://www.laplumelesabre.com/index.php?post/2012/09/27/Le-feu-contre-l-homme%C2%A0%3A-l-impasse-de-la-destruction-comme-id%C3%A9al-de-guerre

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