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comportement de la bleusailles et des anciens au feu dans l'histoire militaire


Gibbs le Cajun
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j'ouvre se file suite à cette excellent article dans la voie de l'épée .

Mon lieutenant, pourquoi me tirent-ils dessus ?

Rassure-toi, il n’y a rien de personnel...enfin je crois, parce que parfois tu mériterais.

Ça va alors. J’ai eu peur d’avoir fait une connerie.

C’est encore possible. Reste à côté du sergent.

Lieutenant G. et marsouin B

Selon Lord Moran, officier-médecin britannique lors des deux guerres mondiales, le courage est comme un capital à la banque, on peut faire des retraits rapides ou non, on peut y faire des dépôts. On peut aussi être dangereusement à découvert. Il y a ainsi toute une économie du courage et de la peur à gérer depuis la première « vision de l’éléphant » jusqu'à la saturation du sang.

la suite ici :

http://lavoiedelepee.blogspot.fr/2013/07/javais-atteint-lage-de-douze-batailles.html?spref=fb

voilà un aspect que je n'avais pas imaginé côté Nippon :

En octobre 1942, lors de la bataille de Santa-Cruz, les pilotes de l’aéronavale japonaise ont refusé de partir au combat après une série de pertes terribles.

comme quoi se file peu se rejoindre avec le mythe du guerrier germanique et autres mythe que l'on s'imagine en terme de culture ou "gène" pour la guerre ,enfin véhiculé par de la lecture qui n'aborde pas le sujet des capacités et motivation des soldats en terme de limite face aux risque lié à la guerre mais plutôt sous un angle généraliste (culture ,mentalité etc ...) .

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Ca rejoins ce qui avait deja été dit dans un autre fil

Au combat (comme dans tout système pyramidal) il y'a environ 20% de meneurs (des gars qui vont faire l'action), 60% de suiveurs (des gars qui vont suivre plus ou moins en dechargeant leurs fusils au petit bonheur la chance) et 20% de passifs (qui vont essayer d'en "foutre" le moins possible)

Et ce ne sont pas toujours les mêmes d'une action à une autre qui sont dans ces différentes sous sections (un meneur dans un combat A peut très bien passer suiveur dans un combat B)

La "bleusaille" a en cela une inconstance qui rend sa direction difficile

Une unité de vétéran aura trouvé sa place dans la pyramide sociale du combat et de l'unité et une fois cette place trouvée (meneur/suiveur/passif) elle s'y cantonne

Dans les unités de bleus, y'a encore un flottement de position (un peu comme dans un pack de jeunes loups ou de primates ou tout le monde cherche encore a se positionner d'un point de vu social) et du jour au lendemain on ne sait pas si le gars qui avait l'air solide la veille va tenir le choc ou se mettre en retrait

Et comme les positions "sociales" sont encore très mal définies, les bleus ont plus tendance a réagir à l'effet de groupe (ce qui va amplifier les effets de panique ou d'action désordonnée)

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Ca rejoins ce qui avait deja été dit dans un autre fil

Au combat (comme dans tout système pyramidal) il y'a environ 20% de meneurs (des gars qui vont faire l'action), 60% de suiveurs (des gars qui vont suivre plus ou moins en dechargeant leurs fusils au petit bonheur la chance) et 20% de passifs (qui vont essayer d'en "foutre" le moins possible)

Et ce ne sont pas toujours les mêmes d'une action à une autre qui sont dans ces différentes sous sections (un meneur dans un combat A peut très bien passer suiveur dans un combat B)

La "bleusaille" a en cela une inconstance qui rend sa direction difficile

Une unité de vétéran aura trouvé sa place dans la pyramide sociale du combat et de l'unité et une fois cette place trouvée (meneur/suiveur/passif) elle s'y cantonne

Dans les unités de bleus, y'a encore un flottement de position (un peu comme dans un pack de jeunes loups ou de primates ou tout le monde cherche encore a se positionner d'un point de vu social) et du jour au lendemain on ne sait pas si le gars qui avait l'air solide la veille va tenir le choc ou se mettre en retrait

Et comme les positions "sociales" sont encore très mal définies, les bleus ont plus tendance a réagir à l'effet de groupe (ce qui va amplifier les effets de panique ou d'action désordonnée)

oups ,je fais un doublon de file  :-[

mais la donné intéressante ,s'est la duré de "résistance" dans le temps ,et qu'on a plusieurs explication des différents facteurs .

on voit des comparaisons et s'est intéressant de voir la pression pour les aviateurs .

j'ai était surpris d'apprendre que des aviateurs nippon refusent d'allé au feu suite à des pertes lors d'une bataille précédente .

on a l'impression que sa vient peut-être du fait qu'étant une ressource pas remplaçable à volonté les aviateurs nippon étaient plus en possibilité d'avoir cette réaction (quel fut la réaction du commandement Nippon ,je ne la connaît pas ) contrairement à des soldats de l'armée de terre qui se considéré comme coûtant moins cher que le timbre qui était sur leur convocation au "service militaire" .

intéressant et le turn over des US( avec des bleus remplaçant des vétérans au bout d'une certaines période ) durant la ww2 ,et d'après l'analyse de l'article les pertes US auraient peut-être était moins nombreuse en gardant une masse d'anciens (qui prend en compte le % de vétéran ayant passé un cap dans la durée de temps au feu ) .

maintenant on peu aussi se posé la question entre les différentes usures issu du combat ,climat ,possibilité de reposé les troupes dans des zones ou on retrouve une certaine "civilisation" entre zone de combat (européen et pacifique ) .

en se moment je me relis un bouquin sur le pacifique et on constate que le Marine ayant participé à Guadalcanal ,s'est retrouvé ensuite à bougainville ,et là on a commencé à faire partir des vétérans sur les USA .une certaines partie de vétérans ont participé à peleliu .

pour le pacifique ont voit l'évolution aussi en fonction des objectifs :

les bleus arrivant dans la 1°division de Marines après guadalcanal vont au feu à peleliu et prenne donc de l'expérience tout en sachant qu'en terme de pertes ,tués et blessé on réduit cette marge de vétérans .

pour l'allé trois navire de transport  et 6 LST transporté le 5°régiment de Marines ,après la campagne au retour les survivants tenaient sur un seul transport de troupe .

d'ailleurs s'est compliqué dans le pacifique de se retrouvé en milieu "civilisé" comme en Europe lors des phases de décompression .

après guadalcanal ,la 1°division se repose en Australie se qui laisse quand même un certains retour à la civilisation ,mais par la suite s'est plus compliqué car on ne peu faire de long voyage de relève étant donné que le conflit s'éloigne de l'Australie pour se rapproché du Japon ,imposant de mettre en repos sur des îles ou la "civilisation" n'est pas disons celle de l'Australie (grosse différence entre une rue animé de Melbourne et un camps de toile sur pavuvu ou guadalcanal ) .

on voit qu'entre besoin de géré l'usure des hommes ,milieu géographique et distance sa n'a pas du être facile à géré .

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L'usure des unités c'est un autre phénomène que l'effet bleu/pas bleu

Même une unité de vétérans va subir une attrition par le feu, la fatigue, le terrain et les conditions de campagne

Il est donc nécessaire de la mettre au repos de façon réfléchie et régulière afin d'éviter une fatigue physique et psychologique qui va être dommageable à l'efficacité de l'unité

Ce n'est pas tant l'experience d'une unité qui fera qu'elle durera dans le temps (même si les pertes au combat à conditions identiques seront moindre sur une unité de vétérans ou fortement drillée, simplement parcequ"ils ont acquis les bons reflexes)

On a vu des unités de bleus tenir de longue campagnes avec une attrition par desertion très limitée

On a vu des unités de vétérans se dissoudre aussi très vite (je pense notamment aux campagnes de la guerre de 30ans, de la guerre en dentelle et aux campagnes Napoleoniennes)

La dessus, c'est le support "psychologique" qui va jouer (qualité et quantité de bouffe, de fournitures, encadrement et "feu sacré" en fonction des objectifs de campagne)

Par contre une fois le contact établi avec l'adversaire, les unités de chair fraiche ont tendance à moins bien tenir le choc tout simplement parceque les pertes vont etre très rapides dans un premier temps (toujours le temps d'apprendre les fondamentaux comme baisser la tete et se placer correctement) ET que la résilience aux pertes est moindre

la première fois qu'on est repeint par les tripes de son pote de chambrée ca doit faire bizarre, le 5e fois ca laisse a peut prêt indifférent, par contre quand c'est la 20e fois ca commence à faire beaucoup....ce qui fait que paradoxalement (et c'est vérifié au cours de l'histoire) les unités de vétérans sont aussi celles qui pignent le plus au combat sur la fin de la campagne par fatigue psychologique due aux pertes

Tous les hommes ont un point de rupture que ce soit au bout de 6 mois de campagne en Allemagne orientale (WWII) ou 20 ans de campagne en Perse (Alexandre le Grand). Seulement dans le premier cas y'a l'esprit de vengeance, l'effet accumulation de victoires et les unités blindés du NKVD qui permettent de remotiver les gars, dans le second cas, quand c'est trop c'est trop même avec un demi-dieu en leader

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  • 1 month later...
Au combat (comme dans tout système pyramidal) il y'a environ 20% de meneurs (des gars qui vont faire l'action), 60% de suiveurs (des gars qui vont suivre plus ou moins en dechargeant leurs fusils au petit bonheur la chance) et 20% de passifs (qui vont essayer d'en "foutre" le moins possible)

Et ce ne sont pas toujours les mêmes d'une action à une autre qui sont dans ces différentes sous sections (un meneur dans un combat A peut très bien passer suiveur dans un combat 8)

La "bleusaille" a en cela une inconstance qui rend sa direction difficile

Une unité de vétéran aura trouvé sa place dans la pyramide sociale du combat et de l'unité et une fois cette place trouvée (meneur/suiveur/passif) elle s'y cantonne

Dans les unités de bleus, y'a encore un flottement de position (un peu comme dans un pack de jeunes loups ou de primates ou tout le monde cherche encore a se positionner d'un point de vu social) et du jour au lendemain on ne sait pas si le gars qui avait l'air solide la veille va tenir le choc ou se mettre en retrait

 

L'expérience des individus et celle des groupes constitués (deux choses différentes: un "ancien" peut n'avoir pas la même "résistance" -mot illusoire car trop générique- quand il est changé d'unité) compte infiniment, mais aussi, et là je pointe les proportions de "meneurs"/"suiveurs"/"passifs", le rôle, ou plutôt la responsabilité: Goya le pointait dans son article, mais c'est important et ça rejoint le point que tu fais sur les attitudes qui peuvent varier d'une action à l'autre: ceux qui sont dans la catégorie "meneur" sont-ils "meneurs" de nature, ou n'est-ce pas plus simplement, la plupart du temps en tout cas, ceux à qui:

- est confiée une responsabilité supplémentaire/particulière: encadrement (les sergents au combat seront rarement des suiveurs ou des passifs dans un GC), élément de pointe, chargé d'une arme ou d'une tâche particulière (désignateur laser, petit groupe de hallebardier dans une formation de piquiers, tireur de précision assistant un GC, grenadier VB dans l'offensive du Chemin des Dames version 2.0....), quand on a, même à l'échelle du petit groupe, un rôle précis et moins "générique" ("appuie les autres", "fais pas tapisserie"....), l'objectif précis est un motif conscient et inconscient de plus grande implication, un fil rouge qui aide à écarter la peur (qui permet d'avoir une "tunnel vision": on reste calé sur la tâche au milieu du bordel général), une responsabilité qu'on veut pas foirer devant les autres, peut-être une occasion (pour certains) de "briller" (dans leur tête, auprès d'un supérieur, auprès des potes et des moins potes -genre "dans ta face connard"-....).

- vient un moment "d'inspiration": un copain en danger, l'aboutissement d'un processus psychologique qui amène une "prise de conscience" de sa place dans l'univers/l'armée/la section (alors qu'avant le gars traînait les pieds, se sentait impuissant....), voit un mouvement ennemi et une occasion de faire quelque chose.... On n'est ainsi jamais à l'abri de voir un "passif" devenir un foudre de guerre

 

Le niveau de professionnalisme, l'expérience moyenne dans une troupe, sont des facteurs directs, certes, mais l'organisation, la répartition du travail, l'est de ce fait aussi: les unités et sous-unités "interarmes", à toutes les époques, m'ont toujours semblé plus solides et efficaces, du moins quand certaines conditions sont réunies. Je parle là des unités "essentielles", cad pas au-delà du niveau régimentaire, voire même bataillonnaire: quand il y a répartition des rôles et interdépendance, la solidité de chacun, comme la solidité de l'unité, semblent supérieurs, entre autres raisons parce que le sentiment de codépendance/solidarité est plus grand (la conscience que chacun dépend de l'autre) et que l'inconscient (là où se trouvent les peurs) constate plus facilement ce fait que dans des unités mono-type/mono-tâche, du type de l'infanterie de ligne façon automates de l'époque classique, où se diluent l'identité, la conscience d'être utile, l'estime de soi (et donc celle des voisins et cadres), l'impression de pouvoir agir/peser pour quelque chose.... Si on faisait une histoire longue des mouvements de panique sur le champ de bataille (en partie ce qu'a fait Ardant du Pic), on pourrait voir jusqu'à quel point cette corrélation marche.

 

La 1ère cohorte d'une légion romaine, celle des vétérans, dont une bonne part de rempilés (donc ayant déjà terminé un service de 16, puis 20, puis 24 ans), était la plus "active", et paradoxalement celle ayant le plus petit taux d'encadrement: 5 centurions, 5 optios, 5 tesserarius et 5 signifer/porte enseignes (ce sont les 5 "groupes de commandement" de chaque centurie), plus les decanus de chaque contubernium (donc 80 dans cette centurie: 1 par groupe de 8h) pour 800 soldats (l'encadrement n'est pas compté, à part les decanus qui restent des hommes du rang), contre 6 "groupes de commandement" similaires pour 480h dans une cohorte normale (même les cohortes fragiles de la légion: celle des recrues, celles des djeunz....).

Le niveau d'expérience explique la solidité de cette troupe, son suremploi (donc un usage supérieur de la "réserve de courage", sans panique notoire), mais aussi le fait que chacun trouve plus facilement sa place et ce qu'il a à faire, aidant en cela à n'être pas passif, à être moins suiveur (sauf, j'imagine, dans une bataille bien en ligne, quoique cette cohorte soit plus utilisée, soit comme réserve d'intervention, soit pour tenir seule un pan de front sans appui/remplacement derrière) et à plus être "meneur", tant au niveau des officiers (centurions et optios) que des soldats (surtout si l'unité est employée non en masse mais par centuries).

L'importance de l'attribution d'une place en fonction de l'âge (et donc de l'expérience, vu que la conflictualité était régulière) dans les orbat antiques semble plus développé que chez nous: c'est encore plus visible dans les armées de "conscrits" telles que les troupes grecques/macédoniennes ou l'armée romaine pré-marienne. On organise les unités et sous-unités en fonction de ce facteur (et de la fortune qui définit le "système d'arme" auquel on appartient dans l'armée). L'armée romaine se débarrasse graduellement du critère de la fortune pour mettre l'accent sur un classement par âge et un par spécialité d'emploi, rendant les sous-unités plus dépendantes les unes des autres, ce qui est encore développé par l'importance pour eux de la rotation au combat (dans les rangs d'une centurie, entre les centuries d'une manipule puis d'une cohorte, et entre les cohortes) afin de maximiser le maintien d'une certaine fraîcheur des troupes (qui alternent repos et combat le plus de fois possible dans une bataille).

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L'importance de l'attribution d'une place en fonction de l'âge (et donc de l'expérience, vu que la conflictualité était régulière) dans les orbat antiques semble plus développé que chez nous

 

 

Oui et non

On a glissé ce critère d'age en fonction de l'emploi

Ainsi s'il est admis qu'un GV se doit d'avoir entre 20 et 30 ans (choix basé sur des critères physiques ?) un opérateur des FS se doit d'avoir plus de 25 ans, parfois plus de 30 ans alors que l'engagement physique est identique si ce n'est plus dur que celui d'un biffin standard. Mais ici c'est un choix de stabilité psychologique qui est choisi sciemment

 

Si je ne m'abuse ce même critère d'age a été appliqué dans la vielle et moyenne garde napoléonienne par exemple

Il est certain qu'un ancien a plus d'experience qu'un jeunot, plus de calme sous le feu (ou volée de javelots ou charge de barbares hirsutes)

Et c'est d'ailleurs drole que les critères d'engagement physiques passent en fait plus ou moins au second plan dans les unités dites "solides"

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Si ces unités restent aussi "solides" en engageant quand même directement des jeunots, c'est qu'il faut se poser plus fort les questions sous jacentes:

- la solidité n'est-elle pas plus liée à la dynamique vertueuse qu'un groupe constitué peut parvenir à perpétuer durablement?

- cette solidité, pour détailler plus la dynamique susmentionnée, ne vient-elle pas d'une façon de former et de traiter les recrues (et évidemment les soldats une fois qu'ils sont formés et intégrés)?

- cela ne souligne t-il pas en fait plus l'importance nettement plus grande de l'environnement qu'on crée dans une unité, de la façon de commander qui s'y transmet, de la façon de donner un rôle (qui incite à l'activité) à chacun, plus qu'à des critères de base qui seraient (passé évidemment un seuil minimal acceptable: un cul de jatte reste un cul de jatte) plus ou moins surévalué?

 

La place assignée à un soldat (avec un rôle à jouer) par une organisation militaire bien pensée, l'interdépendance au sein des groupes essentiels, me semblent des facteurs plus que fondamentaux qui complètent dans les faits, mais suppléent aussi, à l'expérience et/ou à un engagement personnel pleinement volontaire dans l'activité (je parle là "d'engagement" au sens psychologique; ce qui rendra une personne plus investie, donc plus "pro active", à la différence des "passifs" et suiveurs décrits plus haut). Il faut pour cela que le rôle, la fonction à remplir soit bien ressentie comme telle ET implique un comportement actif (comme un GC fait d'activités complémentaires), par comparaison avec la "tenue" d'une ligne de bataille où le fantassin est pris dans la masse: certes, la solidarité s'y développe, de même que le sentiment d'interdépendance, mais il me semble plus "passif" (réduit souvent au rôle de "ne pas craquer"), et doit réclamer beaucoup d'ancienneté et de pratique avant de former des unités réellement solides et aptes à tenir comme à reprendre le mouvement. Face au stress extrême du combat, il semble que cette forme d'interdépendance soit plus "abstraite" et passive que celle de groupes plus petits pratiquant une guerre mobile (ou en tout cas pas concentrée en bataillons massifs) où chaque individu a un registre de tâches précises à accomplir, qui le singularisent au sein de son environnement immédiat et surtout, lui donne quelque chose à "faire" dans les moments de stress extrême (plus que simplement tenir, ou répéter en rang quelques gestes mécaniques): plus valorisant, permettant de ressentir plus d'influence sur son propre avenir (que ce soit vrai ou faux), je vois la différence avec l'histoire du combat en ligne, dans l'antiquité ou à l'époque moderne (et jusqu'à la première guerre mondiale), qui amenait un comportement plus "suiveur" (dans l'attaque massive comme dans la panique).

 

Historiquement, l'exemple de l'armée romaine passant lentement, puis massivement, à une mise au second plan des critères anciennement importants (âge et fortune), l'illustrerait dans une certaine mesure: la croyance comme quoi il faut avoir quelque chose à défendre (donc posséder une propriété, une activité, une maison) pour bien se battre, y a été nettement plus battue en brêche que dans la Grèce antique (où cependant un tournant avait été pris après les guerres du Péloponèse.... Essentiellement par nécessité: des masses d'anciens combattants n'avaient plus rien d'autre que le mercenariat).

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Ce que tu dis est vrai Tancrède mais il y'a quand même quelques contre exemples ou même noyés dans la masse d'une ligne de bataille, certains s'en sortent mieux que d'autres sans être spécialement des vétérans blanchis sous le harnois. Par exemple le mur de bouclier Spartiate ou le bataillon sacré de Thèbes

 

Nous sommes ici toujours dans un ensemble "anonyme" (une ligne de bataille d'infanterie) mais individuellement et dans l'ensemble, et ce malgré une expérience du combat réel pas toujours au taquet (malgré la légende) l'efficacité de ces 2 unités est peu discutable (sauf accident de parcours comme il en existe pour toute unité d'élite)

 

Dans ce cadre ca rejoins plus ce que tu dis dans ton premier paragraphe : c'est l'organisation, le drill, la réputation a defendre, la réputation tout cours qui font la différence et pousse ces unités a être au top, qu'elles incorporent ou pas des vétérans ou des jeunots (si je ne m'abuse l'élite spartiate comme l'élite thébaine n'est d'ailleurs pas uniquement constituée de vétérans justement mais également de recrues jeunes par le simple mécanisme de recrutement)

 

Par ailleurs il serait interessant de se poser la question du niveau de perte d'efficacité au combat d'adversaires de ce type d'unités par auto-intoxication psychologique (i.e  :" ils sont invincible on va prendre une branlée" et effectivement ca prend une branlée que ca n'aurait pas pris face à une autre unité à réputation moindre)

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Par exemple le mur de bouclier Spartiate ou le bataillon sacré de Thèbes

 

Faut quand même souligner là le caractère particulier des unités et de la Grèce antique:

- l'éducation thébaine n'est pas moins guerrière que celle des autres cités grecques (Sparte étant un cas à part): ce sont des sociétés violentes (surtout à l'époque du bataillon sacré, post guerre du Péloponèse), et une bonne partie des citoyens a vu le combat. La réunion du bataillon ne s'est pas faite qu'avec des perdreaux de l'année, et donc la proportion de vétérans/gens expérimentés s'ajoute à d'autres facteurs pour expliquer les résultats de l'unité: des chefs exceptionnels (je parle plus là de Pélopidas et de ses sucesseurs à la tête de l'unité que des généraux en chef comme Epaminondas), un fort esprit de corps évidemment (particulièrement travaillé sans nul doute), un cercle vertueux d'expérience capitalisée à partir de la réussite initiale de Leuctres, un sentiment d'urgence absolue à la base d'une motivation forte (Thèbes est alors menacée de toute part, et ne cesse de l'être jusqu'à la fin face à la Macédoine), l'exaltation des vertus guerrières en Grèce, particulièrement à ce moment.... Et il faut parfois garder à l'esprit l'importance de la "naissance" de l'unité (surtout sur une période d'existence aussi courte que celle du Bataillon Sacré); Leuctres n'est pas tellement le triomphe du bataillon (qui avait déjà été engagé avant, dans de petites affaires), et plus celui d'Epaminondas: mais c'est une expérience concluante, où le Bataillon a pu "s'exprimer", trouver une dynamique.... C'est le dépucelage qui leur a dit quels soldats ils allaient être et à quel standard se tenir

- pour Sparte, on parle d'un tout autre registre: des guerriers préparés depuis l'âge de 6 ans par une éducation terrible et un environnement violent (avec, dans la formation, l'exécution rituelle du premier meurtre/acte de tuer, sur un hilote), un ego boosté par le "passé" des unités en caserne et de l'élitisme spartiate, un avantage comparatif terrible (qu'on ne mentionne pas assez) par le simple fait que les Spartiates sont des professionnels sans autre métier que la guerre (cas unique dans la Grèce d'alors).... Parce que dans le cas d'armées spartiates, on ne fait en fait attention qu'à l'élite des Egaux, soit l'aristocratie spartiate, qui forme le point fort de la ligne de bataille (ou toute la ligne suivant le déploiement. Techniquement, un soldat spartiate (ou une unité) représente un investissement (et une concentration) de temps (au minimum 12 ans de formation, et plutôt même 15), d'argent (combien doivent travailler pour financer un "inactif" comme un guerrier à temps plein?) et de savoir-faire terriblement supérieure à tout autre soldat de l'époque.

 

En fait j'ai du mal à exprimer mon point, parce que le domaine est difficilement quantifiable, reposant sur;

- des facteurs rarement transmissibles en chiffres, ou même proportions, fiables

- des comparaisons et constantes difficiles à établir sur le temps long (quoique c'est en fait le domaine d'où on peut tirer le plus de conclusions)

- une appréciation difficile à faire dans les armées pour dire "qui craque", qui "craque pas" (sauf pour les comportements extrêmes: panique ou médaille d'honneur), ou pire encore, pour mesurer l'efficacité (dans quelle situation, face à quel adversaire.... Il n'y a pas qu'un type d'efficacité par type d'unité, par unité, par homme)

 

Mais le point est que ce qui doit varier, et celui sur lequel on peut influer par des facteurs comme l'esprit de corps, la culture de l'unité/du corps, l'organisation (des hommes, des armes, des sous-unités, du travail), la façon de commander.... C'est la proportion de soldats "actifs" (et solides) dans une troupe donnée, celle de "suiveurs" et celle de "passifs" (s'il faut reprendre les catégories mentionnées plus haut), voire celle de "fuyards". De même que, si cela pouvait être mieux circonscrit (sans que cela soit réellement mesurable), la propension moyenne des soldats d'une unité, d'un corps ou d'une armée à tenir et agir face à une situation et des circonstances données (pouvant aller de "favorables" à "vraiment à chier".... "Désespéré" étant une catégorie hors cadre), la probabilité qu'ils auront de bien se comporter, en somme.

Une ligne de bataille genre époque napoléonienne pouvait ainsi avoir une gamme de comportements extrêmement variables, même si on en exclue les unités trop "fraîches" ou les unités de milices, ce qu'Ardant du Pic rappelait en évaluant la différence (était-ce à Essling ou Eylau?) d'effectifs entre le début d'une charge d'infanterie et le nombre de soldats arrivant effectivement au contact, une fois les morts déduits (et la différence était énorme.... Sans que les pertes en explique le dixième). Pareil pour le comportement défensif et la tenue de la ligne: rappelons qu'à Waterloo, les carrés anglais, qui n'ont pas tenu si bien que ça malgré un dispositif très dense et très profond (qui renforce, accroît la densité de feu....), étaient tenus au cul par la cavalerie que Wellington avait foutu derrière eux, non comme appui mais bien pour les menacer, et ainsi les "avertir" que craquer était déconseillé.

 

C'est donc une absence totale de certitude sur la qualité d'unités qui, même éprouvées, ne pouvaient réellement être finement appréciées à l'avance dans leurs réactions: formation militaire courte et limitée en variété (on apprend réellement alors aux soldats à être des ouvriers non qualifiés et monotâches) et en qualité (la formation initiale est peu "scientifique", souvent expédiée, ne fait pas envisager beaucoup de situations, ne conditionnent pas le soldat....), et l'essentiel s'acquiert, sans qu'on sache alors trop comment (dans le sens où on ne sait pas décomposer cet apprentissage en exercices et processus qu'on peut répéter et dont on fait des entraînements et des faits connus), dans des unités de combat, sur le tas. C'est un processus qui implique beaucoup de pertes, de désertion, de soldats qui, même s'ils restent, sont "cassés" mentalement et ne feront qu'un minimum syndical (voire moins): bref, beaucoup de gâchis pour produire un nombre proportionnellement faible de "bons" soldats (et plus tard de bons vétérans).... Dont on siphonne en plus une partie significative (parce que la somme de "bons" obtenue ainsi est faible au regard de l'armée) pour des unités d'élite, de gardes, de pointe.... Et ces bons soldats, ce seront essentiellement les sous-offs et quelques hommes désignés/distingués (anspessades et équivalents; ou des distinctions moins formelles). Dans les armées d'Ancien Régime, faut pas s'étonner que de tels procédés aboutissent à des taux de désertion annuels de 10 à 20%, en plus d'une proportion élevée des pertes dérivant de la nature cassante de ces processus de formation et de maintien dans le rang, qui s'ajoutent aux facteurs "normaux" de mortalité/pertes importantes de ces armées (absence de soins, alimentation insuffisante et de faible qualité). Ajoutes-y les processus de recrutement qui font que la motivation moyenne est pas toujours géniale (recrutement ou service forcés, absence de choix pour ceux recrutés dans la lie de la société....) et le tableau est complet pour aller avec la nature "mécanique" et déshumanisante du "warfare" de cette époque.

La révolution française et les "inspirations" militaires qu'elle a donné (armées "nationales" et non plus seulement des noyaux de pros avec un recrutement hasardeux) ont du largement faire varier les "proportions de soldats motivés/volontaires, de soldats actifs/suiveurs/passifs (quoique ce soit impossible à mesurer, même si on brosse ce tableau à traits larges dans les livres d'histoire), mais l'essentiel des processus en place pour la formation initiale et continue, le maintien dans la troupe.... Se sont ajoutés aux constantes de l'organisation, des conditions de vie/campagne et à la façon de faire la guerre à cette époque pour maintenir à une proportion élevée les problèmes existants, et leurs conséquences pour le comportement de la troupe et des "groupes" qui la composent (actifs/suiveurs/passifs). La quasi disparition de la désertion dans l'armée française d'alors (sauf à certains moments et dans certaines circonstances) est cependant un indicateur (la désertion, l'auto-mutilation sont des indicateurs, les parties émergées de l'iceberg, parce que "visibles", tout comme les médailles et décorations) d'un changement massif, alors même que peu d'autres facteurs avaient changé (le soldat n'était pas mieux payé -même plutôt le contraire-, pas mieux approvisionné, pas mieux soigné....).

 

 

on peut mesurer le progrès de cette appréciation en fait surtout à partir de l'ère industrielle, mais particulièrement avec la 1ère GM: c'est le premier moment où, outre l'amélioration de certains facteurs environnementaux (soins, appros....) et du nationalisme ambiant (un des facteurs formant la motivation), formation, organisation et entraînement sont abordés de manière radicalement différentes, tant à l'occasion des évolutions du combat qu'avec le développement des sciences humaines et la prise en compte de facteurs jusqu'ici inconnus, ou vaguement "pressentis" (et donc pas ou peu traités parce que vus du coup avec fatalisme ou indifférence), vaguement envisagés....  Et donc au mieux traités par des méthodes empiristes, répétant un usage ancien, à échelle "artisanale".

On peut ajouter aussi le poids hérité de la culture autoritaire des officiers, souvent méprisante à l'égard d'une troupe vue au travers de prismes déformants (culture de classe, différences d'éducation, mépris de "la masse que sont des agglomérats anonymes d'hommes maniés comme des icônes sur carte....) amplifiés par les cursus des chefs (aussi des esprits de corps "à part": pour créer un groupe uni, on en vient souvent à mépriser plus ou moins tout ce qui n'y appartient pas, ça va avec).

 

Désolé, je m'étends et me répète sans doute, mais j'essaie de circonscrire quelque chose qui ne dit pas encore son nom (alors je cherche le ou les noms précis).

Modifié par Tancrède
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Désolé, je m'étends et me répète sans doute, mais j'essaie de circonscrire quelque chose qui ne dit pas encore son nom (alors je cherche le ou les noms précis).

 

 

 

Je suis comme toi

Nous sommes sur un sujet empirique qui est fortement illustré par l'histoire (avec son lot d'exceptions évidemment)

Mais c'est extrêmement difficile à quantifier

A ma connaissance il n'ya d'ailleurs pas de travaux "carrés" sur ce domaine

Ce qui s'en rapprocherait le plus, ce sont les body count ratio developpés pour la WWII par Glantz et autres (le suédois/finlandais, me rappelle plus son nom, notamment)

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Tiens, je repensais à quelques exemples historiques croisés (un peu dans tous les sens; y'avait du russe vs finlandais de la guerre d'hiver, du russe vs nazi, du légionnaire, du grognard, du piquier/arquebusier de la guerre de 30 ans.... C'était le bordel) et ça m'amenait à un facteur fondamental du fait de savoir qui "tient" et qui "lâche", pourquoi, comment.... Ce facteur, c'est l'information: un soldat qui sait pourquoi il se bat et qui l'accepte tend à bien mieux tenir et se comporter (à l'échelle d'unité, c'est un accroissement de la proportion d'actifs et de suiveurs par rapport aux passifs et aux fuyards). Un soldat qui sait ce qui se passe autour de lui, à moins évidemment que ce soit la merde absolue, est moins vulnérable au défaitisme qui "castre" et casse l'espoir (donc la propension à s'accrocher et à agir), à une peur paralysante, à une colère incontrôlable qui peut entraîner retournement contre ses chefs (ou mutinerie, reddition, retraite forcée, arrêt de l'action....), voire à une panique totale (et là ce sont les fuites et décomposition d'armée).

Les Romains donnaient un double sens au mot "discipline", ou plutôt, le terme "disciplina" s'est imparfaitement transmis en "discipline" dans notre vocabulaire: un soldat, pour bien se battre et se comporter, est formé pour respecter ces deux sens. Le premier est celui que nous maîtrisons mieux: obéissance, tenue des rangs, apprentissage du comportement militaire en situation dangereuse (où l'instinct dit de se barrer, de désobéir, de se rebeller....). Le second est en fait ce qui a abouti à l'autre sens du mot dans notre langue, un sens très neutre qui fait équivaloir discipline à "domaine d'étude" ou "domaine d'activité". Le sens romain est plus large, et donne tout son sens et sa puissance à la conception qu'ont les romains de ce que doit apprendre un soldat et de ce qu'il doit être: le soldat est, toute sa vie, un étudiant du domaine de la guerre, dont il apprend, donc, la discipline. Cela suppose qu'il sache pourquoi il se bat en général et dans une occasion particulière (combat, bataille, campagne, guerre....), qu'il accepte cet objectif, cette raison, mais cela suppose aussi qu'on ne le prenne pas pour une "chose" malléable à merci et traitable de n'importe quelle façon: il doit être informé de là où il est, de ce qu'il fait, de ce qui se passe autour (dans une bataille, cet "autour" n'est pas forcément énorme, au moins pendant les séquences d'action), et doit pour ce faire être (et donc être éduqué en ce sens) capable de comprendre cet environnement guerrier. C'est pourquoi la chaîne de commandement, horizontalement et verticalement, même en bataille, transmet l'information, et c'est pourquoi une armée romaine de campagne est une armée "connectée", pas des corps séparés comme beaucoup de ses adversaires ou comme, par exemple, au Moyen Age. Plus on en sait (et plus, évidemment, on est capable d'assimiler cette info), moins on a peur (sauf si y'a de quoi), ou en tout cas démesurément peur, et c'est valable pour tout le monde, du légat jusqu'au contubernium de base.

C'est pourquoi la solidité des unités essentielles et des petits groupes a toujours été proportionnellement plus grande que celle des "corps d'armée" (les ailes et le centre d'une armée de campagne, pendant très longtemps, puis d'autres subdivisions à mesure que les armées ont cru et se sont plus organisées), et que des chefs d'unités et sous-unités essentielles ont le plus souvent pu obtenir plus des mêmes hommes et groupements que les chefs de plus haut échelon. L'exemple russe arrive là: face à la Finlande ou à l'Allemagne dans les années 40, les Russes n'ont pas été à la fête, mais mêmes aux mauvais moments, dans une armée rouge pas encore au point, on voit des unités, pas plus anciennes que d'autres, tenir au milieu du maëlström. Pourquoi? La confiance du groupe en lui-même et en ses chefs (quand il y en a de bons), qui permet de rester plus rationnels dans la merde la plus complète, et de voir que même isolés et/ou face à une masse adverse, vaut mieux pas se rendre ou paniquer et se disperser (pas par patriotisme, mais parce que les chances de survie dans les circonstances du moment sont plus grandes en groupe. Mais faut être lucide, dans le chaud du moment, pour le voir. L'expérience accroît la probabilité de lucidité, certes, mais il y a donc d'autres facteurs. Et c'est là mon point sur ce que je nomme à grand trait "l'information"; la faire circuler, avoir appris à l'assimiler, et avoir une conscience plus grande de son entourage que l'immédiat le plus strict, histoire de savoir que si même dans le secteur où on se trouve, ça merde, il y a encore une armée ailleurs, un arrière, des réserves, du soutien disponible, de l'espace pour bouger ou reculer, et même des moyens de s'en sortir par soi-même (même si la situation du GC où on se trouve semble indiquer le contraire).... Bref, même pour le plus petit groupe, voire l'individu, il faut donner une perspective pour l'avenir proche/très proche, qui dépasse ce que ses impressions immédiates lui fournissent (la peur du combat donnant à son inconscient une tendance naturellement défaitiste/pessimiste). Lutter contre l'isolement (de l'individu, de l'unité) est donc un facteur important, ce qui suppose une façon de s'organiser, une façon de faire circuler l'info, une culture donnée dans une armée et dans les "courroies": officiers, sous-offs, soldats expérimentés, "transmetteurs" de toutes sortes (des musiciens et porte enseignes jusqu'aux radios et autres moyens modernes, de l'éternel radio rumeur interne à l'internet de bataille et aux "réseaux sociaux" de tous types en interne des armées)..... Mais aussi un apprentissage poussé pour assimiler cette information transmise.

Et là, par exemple, les armées de l'âge classique, les armées médiévales, mais aussi bien des armées antiques (y compris la romaine à certaines époques), sont des contre exemples absolus: ce sont les cas où on voit, avec le plus de régularité, des armées combattre "par morceaux" communiquant pas ou peu entre eux, des soldats souvent mal considérés, "chosifiés" et/ou éduqués pour être ultra-individualistes (les chevaliers en tête), des unités essentielles très peu permanentes, souvent réunies juste pour une campagne. Le succès de certaines milices (armées de cités grecques, milices italiennes, flamandes et suisses du Moyen Age: formation rarement poussée -sauf les Suisses.... Désoeuvrés- mais solidarité importante) face à des systèmes de type "féodal" (professionnalisme de caste, mais vivant à l'année en ordre dispersé) illustre l'importance de ce que la cohésion apporte: on parle d'elle généralement, sans essayer de "décomposer" ce qu'elle recouvre. Que recouvre t-elle? Solidarité, objectifs communs, conscience partagée et effective de cette communauté de buts, sympathies et connaissances mutuelles, habitude du travail en commun, connaissance du comportement militaire de l'autre, mais aussi information: on se parle, on apprend à s'informer, on fait circuler.

Autre exemple de l'époque des flèches, des épées et du cheval: l'armée mongole fut une des rares à consacrer une part importante de ses ressources et de son entraînement au "C3I". On connaît l'importance de la circulation de l'info "stratégique" chez les Mongols comme dans d'autres grands empires, mais pour la campagne et la bataille, jusqu'à 10% des effectifs pouvaient être dédiés à temps plein à de telles tâches: entre les signaux visuels et auditifs, et une véritable de noria de messagers, l'armée de Gengis Khan avait développé un système d'organisation pour une activité recouvrant autant de monde (et pas les transformer en facteur de bordel), ce qui rendait les groupements de manoeuvre composant l'armée (une armée en système "décimal": unités de 10, 100, 1000, et grandes unités "opératives" de manoeuvre de 10 000h, les tumen).

On comparera avec les fantassins d'armées médiévales ou classiques, même de l'époque napoléonienne (même la française à certains moments et sur certains fronts): un troufion traité comme de la merde, laissé dans le noir complet, qui ne peut savoir que le peu qu'on lui dit (et pour le reste, c'est "ferme ta gueule"), et qu'on considère comme un automate. Cet "esprit" se manifeste longtemps encore, et on le voit à l'oeuvre pendant la 1ère GM: c'est la mentalité des unités de ligne (par opposition aux unités légères; chasseurs et compagnie....), qui, poussée souvent à l'extrême, infecte la mentalité des officiers (et il en reste des traces dans les mentalités d'officiers encore aujourd'hui, je trouve). La faiblesse du taux d'encadrement, donc de la proportion d'individus (officiers, sous-officiers, vétérans, soldats ayant l'information de par leur rôle ou la situation) ayant l'info, la compréhension de l'info et la conscience de l'importance de la transmettre, a aussi toujours joué un rôle important.

Mais il suffit de voir, par exemple, le pourquoi et le comment des mouvements de panique dans les batailles où rien n'est encore totalement désespéré: à Waterloo, pourquoi et comment, après le recul des quelques bataillons de Moyenne Garde (pas une panique), un mot semble circuler en quelques secondes d'un bout à l'autre de la ligne et, d'un coup, tout faire lâcher? Y'a eu pire situation pour la Grande Armée (qui a aussi été en bien meilleure condition à d'autres moments), et elle n'est pourtant pas à ce moment faite de perdreaux de l'année (même si beaucoup sont des rapplés, si les unités n'ont été réunies que récemment, si, si , si....). Si on regarde en détail, quelles sont les causes multiples de ce lâchage?

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