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Une armée comme système de progression


Tancrède
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L'armée a généralement pu être un ascenseur social à travers l'histoire, dans une mesure plus ou moins importante selon le lieu et l'époque. Mais plus qu'un ascenseur social (quoique cet aspect soit pour certaines époques difficilement séparable du sujet seulement militaire), le point de ce sujet est de se focaliser sur le fonctionnement interne des armées comme système de sélection, promotion et progression, et l'importance absolument fondamentale de ce point sur l'efficacité militaire (tactique, opératique et stratégique)

Les possibilités peuvent y être anecdotiques (quelques individus remarqués pour fait d'arme et "anoblis"/promus), limitées par paliers (on ne peut accéder qu'à la catégorie directement au-dessus de la sienne, et après c'est plafonné), bloquées quasiment irrévocablement pour certaines catégories (c'est particulièrement vrai et criant dans les systèmes de castes sociales: exigence de noblesse, ségrégations sociales/religieuses/ethniques....), limitées en tout sauf en nom (ségrégations et blocages officieux en état de fait, phénomènes de castes et chapelles internes, exclusion par l'origine géographique ou sociale, entrismes divers, niveaux d'éducation....). Bref, les situations sont extrêmement variées.
Il semble quand même, mais c'est relativement discutable, que les armées organisant le plus la promotion vers le haut ont, à travers l'histoire, bien mieux performé que les autres. Cela exige avant tout un certain niveau de permanence d'un volant important des troupes (en pourcentage de l'armée totale mobilisée en temps de guerre), incluant une "active" (dans une armée de conscription) servant aussi de plate-forme de sélection des cadres et soldats à fort potentiel (soit pour les recruter, soit pour les utiliser/placer à leur avantage dans le cas d'une mobilisation), et évidemment la partie professionnelle des troupes (ou la totalité dans le cas d'une armée pro).

Cela exige aussi un moindre cloisonnement social et culturel, au moins dans la mesure des "règles" communément admises dans une société à un moment donné.

L'un des points les plus bas de l'histoire militaire à cet égard est le Moyen Age; un Etat central anémique ne peut maintenir d'armée permanente, même embryonnaire, à moins de considérer les micro-effectifs de professionnels directement entretenus par le roi comme la seule "armée" permanente puisque ce sont les seules troupes en qui il peut réellement avoir confiance et qui ne négocient pas leur emploi. Le résultat est une "armée" théorique de conscription par classe, extrêmement cloisonnée à quelques exceptions rarissimes près, sans conservation ni entretien des savoirs et savoirs-faires (et encore moins de "R&D" évidemment), sans organisation/optimisation/rationalisation des coûts (d'équipement, de casernement, d'approvisionnement). Tout repose en fait sur les individus, et au mieux les petits groupes sociaux et géographiques essentiels qui par ailleurs sont aussi, hors temps de grande mobilisation, des rivaux potentiels pour le pouvoir central et entre eux.

 

A l'opposé, l'armée romaine fut le premier exemple à très grande échelle d'une "armée système" organisant la progression interne au maximum des possibilités pratiques, sociales et culturelles de son époque. On peut trouver dans nombre de "petits" peuples et ethnies, des systèmes en théorie comparables, mais il s'agit là de phénomène de très petite échelle: une tribu où tout le monde se connaît, ou presque, peut ainsi fonctionner, sélectionner et promouvoir de manière plus informelle et souple. Les barrières sociales peuvent y être moindres, ou en tout cas oubliées face à l'évidence du mérite.

Mais sitôt qu'on quitte cette échelle anecdotique et qu'on parle de "vraies" armées, le paysage se vide et cette désertification répond pour l'essentiel à des questions d'ordre social/sociétal (et économique) et culturel. Peu d'armées antiques, sinon aucune (la macédonienne dans une moindre mesure peut trouver des éléments de comparaison favorable, pour la période Philippe/Alexandre en tout cas), n'a pu édifier un système de grande échelle aussi "ouvert", "progressiste" et surtout durable.

 

Le système n'est pas parfait, et c'est pourquoi il faut le voir comme progressite seulement jusqu'à un point: Rome reste une société aristocratique avec des barrières sociales importantes, même si elles sont nettement plus poreuses que ce que l'occident médiéval a pu connaître. Par ailleurs, les limites techniques et culturelles (et de connaissances, notamment de "profilage psychologique", de limitation du système scolaire) de l'époque sont aussi des obstacles. Ces limites établies, on voit cependant dans l'armée romaine un système général qui n'a pas tant que ça à envier à ceux de notre époque, surtout dans nos armées actuelles "de temps de paix", qui ont leurs propres cloisonnements dont l'impact peut être important sur le volontariat, l'attractivité du métier, la "rétention" des meilleurs....

Je suis un "anti décliniste" dans l'analyse de l'histoire romaine (le déclin est un mythe hérité des débuts de la science historique), mais si une faiblesse durable a pu se créer dans l'armée romaine, ce peut être d'avoir renoncé à la légion comme système de GRH, vu que ces unités étaient un système de formation, de sélection et d'organisation de la progression sans équivalent. De ce point de vue, une légion romaine est un "organisme" de 6000h aux multiples échelons et sous-échelons, avec une forte porosité du bas vers le haut (sauf pour les 7 tribuns et le légat, rangs politiques et donc nobiliaires), et ce pour chaque "famille" de rangs et distinctions (légionnaire de base, légionnaire vétéran, sous-officiers, spécialistes, centurionnat) qui ont chacune de multiples "échelons" (sur l'effectif total, moins de 3000 légionnaires sont purement "de base", sans exemptions d'aucune sorte ou grade distinctif -et encore ce fait ne prend pas en compte les affectations et distinctions temporaires, les récompenses.... Bref, tout ce qui offre des opportunités et surtout des perspectives pour plus tard, qui sont des motivations).

Cet aspect peut être tempéré par l'existence, malheureusement très mal connue et circonscrite (dans ses usages, conséquences, pratiques), de "livrets individuels" pour chaque soldat de l'empire, ce qui constituait une prouesse pour cette époque vu les effectifs et la surface concernés (ce fut déjà une chose -unique dans le monde antique- de le faire pour la seule ville de Rome). Ces "livrets" ont-ils permis une "GRH" à grande échelle de l'armée, permettant de se passer ultérieurement dy "système" que fut la légion? Impossible à dire, mais je tendrais à penser que les simples limites pratiques (temps, distances, effectifs, dysfonctionnements "normaux") sont trop importantes pour permettre un fonctionnement analogue, quoiqu'évidemment une gestion des individus puisse avoir existé à moindre échelle (celle d'une province militaire par exemple).

 

On sait que ce fonctionnement existait pour les officiers supérieurs (cad de l'ordre équestre et évidemment sénatorial) qui pouvaient changer d'unités d'affectation et avoir un parcours de carrière long et varié, débouchant ensuite sur la politique. C'est plus dur de le savoir pour le centurionnat, mais évidemment par ailleurs, il faut aussi garder à l'esprit que la mobilité géographique est partiellement déconnectée de la mobilité dans le rang par la condition sociale (seuls les officiers supérieurs, et une certaine tranche supérieure -ou choisie- du centurionnat sont "bougeables" sans leurs unités). Mais l'accès à ces rangs supérieurs n'est pas fermé au rang, au moins jusqu'au sommet du centurionnat (les 2 plus hauts grades y sont anoblissants: centurion primipile et préfet de camp), qui reste une institution recrutant essentiellement dans le rang.

 

L'après crise du IIIème siècle offre un autre système de progression, incluant par ailleurs les plus hauts échelons avec la séparation de fait des élites romaines en une élite politique/économique et sociale, et une militaire, et une disparition de la légion traditionnelle au profit d'unités plus petites et plus nombreuses pour une armée plus "modulaire", mais aussi une armée "stratifiée" en plusieurs familles d'unités de statut, prestige et qualité différentes (milices, limitanei, comitatus, palatins et scholes), au travers desquelles la progression est organisée, avec cependant une grande inconnue sur le fonctionnement à la base de ce système. Je vois mal en effet comment, depuis la base, quelque chose a pu remplacer la trentaine de légions de 6000h qui, comme un système régimentaire, pouvait fonctionner comme un organisme de sélection, formation et progression, via d'abord la mobilité interne dans la légion, représentant la majorité de la carrière d'un soldat parti d'en bas qui peut être "développé" d'une sous-unité tactique essentielle jusqu'à une unité opérative. J'ai du mal à voir comment un tel système peut être remplacé par un grand nombre d'unités différentes restant moins longtemps ensembles (elles ne peuvent pas selon moi former un organisme comparable), même si l'effectif global dans une province donnée reste le même.

De ce point de vue, à effectif global équivalent, l'atomisation et la spécialisation au profit d'une armée de "bataillons" et d'EM permanents régionaux, si elle gagne en souplesse opérative et stratégique, gagne en spécialisation et en combinaison d'armes (à condition que l'entraînement reste), perd du point de vue de la GRH et de la promotion interne, étant donné que le monde romain est trop grand, et l'armée romaine trop peu centralisable, pour créer des "écoles d'armes" ou des "corps" internes pour organiser une progression et des carrières par spécialités (qui retrouveraient ainsi un effectif suffisant pour organiser une vraie progression).

 

C'était le premier exemple. Il y en aura d'autres si je suis pas flemmard et si la température ne déclenche pas de "réflexe Pulco".

 

Qu'en pensez-vous? Comment ce domaine s'applique t-il à nos armées actuelles? Où se situent-elles de ce point de vue?

 

J'aurais pu citer un autre cas répété à travers l'histoire: le déclenchement des guerres est souvent le révélateur des défauts des armées de temps de paix: mauvais choix de modèle militaire et de système d'armes évidemment, mais dans la ligne du sujet, mauvais fonctionnement (ou mauvais système en général) de formation, de promotion et de sélection des personnels, des cadres, et, tout en haut, des chefs. Pour la France, la Guerre de Cent Ans, le début des guerres de la révolution, l'année 1914  et 1940 sont d'éminents rappels à cet égard, les valses de généraux virés à tour de bras n'en étant que la partie la plus visible.

 

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Si je comprends bien, en vocabulaire moderne, on se retrouverait avec un système de régiments et de divisions qui en tant de paix est adapté à une GRH optimale des troupes là où la réalité des opérations éclatées à travers la planète (i.e. le monde romain) impose des GTIA et des brigades qui si elles gagnent en souplesse interdisent la macrogestion et donc le repérage de talents qui peuvent "végéter" au niveau de leur GTIA ?

Modifié par Chronos
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C'est une hypothèse; je ne crois pas à la "décadence longue" romaine, celle qui court sur des siècles et qui reste encore souvent la base de réflexion de trop nombreux historiens qui y casent plein de thèses diverses, et je crois encore moins à une "décadence" du modèle militaire. Cependant, comme dans toute évolution, il y a des pertes et des profits (et quand à dire si les uns compensent les autres, je doute que qui que ce soit puisse toujours faire un bilan exact), et parmi les pertes liées à la disparition de la légion classique, je note:

- la perte d'un échelon de bataille et d'opérations permanent (c'est pas dans le sujet, mais quand même un peu): la légion était de fait un échelon opératif et stratégique en plus d'un échelon tactique, un "système de campagne" et de bataille formant le coeur d'une armée de campagne type de Rome (avec un nombre équivalent d'auxilliaires fournissant les capacités spécialisés nécessaires: cavalerie de poursuite, manoeuvre et reco, cavalerie de choc et mêlée, troupes de missiles et infanterie légère), fournissant l'infanterie de mêlée organisée à un échelon plus que bataillonnaire (fournissant entre autre, tout connement, le nombre, la redondance, la résilience, la capacité d'occuper, de déclencher plusieurs opérations simultanées), ainsi que des capacités à haute valeur ajoutée (génie, sapeurs de combat, coordination micro tactique, tactique et opérative, artillerie, capacité de travaux/terrassement en grand, logistique). Le tout dans une formation organique permanente, soit un système de bataille et de campagne, mais aussi un système de gestion des troupes dépassant la simple échelle de l'unité essentielle ou de l'unité tactique.

- perte d'un échelon de GRH unique. Aujourd'hui, et encore plus dans un monde fondé sur le déplacement à pied ou à cheval (et un où l'écrit reste une denrée relativement rare), c'est beaucoup pour faire fonctionner un système où l'information circule vite de façon fiable, en l'occurrence l'info sur la GRH (qui fait quoi, qui peut faire quoi, qui mérite quoi, quelles gammes de postes très variés doivent et peuvent être remplies....). Dans l'absolu, tu peux le faire si les infos sont centralisées et les personnels décidant (à tous les échelons), évaluant, sélectionnant, jaugeant et recommandant peuvent être régulièrement et fréquemment en contacts soutenus. Théoriquement, une bonne centralisation des infos pourrait le faire si un grand nombre de conditions étaient remplis (bons critères de sélection et jugement, opportunités suffisantes en temps réel, grande confiance dans les critères de sélection (qui font qu'on met tel personne à tel poste sans l'avoir vue à l'oeuvre ni avoir croisé quelqu'un qui l'a vu à l'oeuvre par exemple). Mais l'échelle du monde romain, malgré le fait qu'il s'agisse de l'espace le plus rapidement interconnecté de son époque) impose trop de limites, ce qui rend la légion très compétitive pour offrir des parcours de carrières longs et des perspectives depuis les plus bas échelons: c'est un petit monde où les carrières sont de toute façon longues (16, puis 20 ans, plus ensuite 24 ans, dont les dernières années se font dans des postes et garnisons moins exposées et des jobs moins demandeurs). Ce n'est que passé un certain grade, où il reste peu d'appelés (les plus hauts grades du centurionnat, et évidemment les grades d'officiers supérieurs) que la mobilité verticale peut se faire par changement d'unité. Sauf évidemment quand on crée de nouvelles unités, ou qu'on en reforme qui ont été anéanties, ce qui pour les légions n'est pas arrivé très souvent (peu de créations/recréations de légions après la guerre civile).

 

L'armée qui émerge de la grande crise du IIIème siècle est une armée d'unités tactiques spécialisées, dont le mix permet de former des armées de campagnes très efficaces et calculées au plus juste en effectifs, avec des EM de théâtres et de campagne permanents. Ce n'est qu'une évolution "normale" de l'armée romaine qui, dès le 1er siècle, a développé l'usage de former des task forces ad hoc, autant pour ne pas laisser vides des frontières en prenant les troupes qui s'y trouvent (il n'y a pas de réserve centrale) que pour favoriser un mode de combat qui abandonne la ligne de bataille statique et quasi rituelle (longue à mettre en place, lourde à manoeuvrer, ne fonctionnant pas avec des adversaires concevant la guerre autrement) encore en vigueur pendant les guerres civiles, au profit d'une conception très mobile de la campagne (fait déjà acquis, surtout avec César) mais aussi du combat, ce que favorise la permanence de l'armée amenée par Auguste et le développement parallèle de troupes auxilliaires permanentes aussi professionalisées que les légions. Ces task forces forment de plus en plus la base des campagnes romaines (hors des garnisons et de leurs opérations locales), et le nombre d'unités calculées pour cet usage se multiplie (notamment les cohortes dites équestres, unités interarmes organiques dont un nombre croissant sont permanentes), si bien qu'on trouve aussi nombre de garnisons formées autour de "mini armées", des cohortes d'infanterie lourde (d'auxilliaires) avec un nombre équivalent d'auxilliaires spécialisés, pour défendre les espaces entre deux légions trop espacées. En fait, selon moi, cela révèle que dès le début du principiat, l'empire a du galérer pour défendre ses frontières, ce qui a imposé un usage tactique qui s'est graduellement imposé à la pratique de gestion des troupes habituelles (pas assez de monde en général, pas assez d'unités opératives autonomes). Quand la menace sur toutes les frontières (ajoutées aux troubles intérieurs) a trop augmenté, le système a craqué et il a fallu uniquement se soumettre aux exigences tactiques, soit fournir des task forces prêtes à l'emploi, à un rythme que le système de génération de troupes ne pouvait soutenir (surtout avec la crise économique/monétaire du IIIème siècle).

 

Or, après le IIIème siècle, l'effectif semble équivalent, voire supérieur à celui de la période du principiat (d'Auguste aux Sévères), sauf peut-être dans la toute dernière période (règne des Sévères) qui voit l'armée romaine atteindre un maximum (que l'empire d'Orient égalera au VIème siècle), avec notamment 32 ou 33 légions (le maximum jamais atteint, sauf pendant les guerres civiles où elles ont été plus nombreuses, mais où la qualité pouvait beaucoup varier et dont la plupart étaient en grave sous effectif). Mais il s'agit d'une armée de bataillons, d'unités tactiques de base, avec peu d'unités groupées en permanence: on ne voit des "brigades" (mot employé par défaut) qu'au niveau de l'armée palatine (la réserve centrale à l'échelon impérial), et encore de façon limitée à l'usage tactique (une unité d'infanterie lourde avec une auxilliaire).

A moins que l'empire ait pu avoir une gestion centralisée des troupes pour gérer les carrières individuelles, ce qui est douteux pour la très grande majorité des effectifs, je ne vois pas comment il a pu rétablir un système analogue à celui de la légion.

 

Donc comme tu le dis, la proportion de soldats pouvant avoir des perspectives au-delà de leur unité (même pas un "GTIA", et plutôt juste le bataillon) a du drastiquement chuter, ce qui impact le système de sélection, la motivation des troupes (qui du coup, doivent aussi devenir plus rapaces sur le butin, voire plus enclines à la désertion), la qualité de l'encadrement. Il reste un vivier important, mais il a du sérieusement baisser, et l'armée a du plus avoir tendance à se stratifier socialement.

 

L'avantage de la légion (la moitié de l'armée romaine du principiat au maximum; c'est la limite à garder à l'esprit) est d'offrir un système de garnison ET de campagne/bataille permanent ayant une certaine échelle (opérative), donc un nombre d'échelons important (jusqu'au sommet de la hiérarchie militaire non nobiliaire, et ouvrant même une voie pour le premier échelon de la noblesse); la légion est un monde en soi (certains ici liront cette phrase autrement :D ), couvrant la quasi totalité de l'échelle sociale romaine et offrant beaucoup plus de possibilités d'évolution horizontale (spécialités, métiers, aussi bien militaires que pour la reconversion) et verticale (butin, retraite, promotion, ascension sociale).

Outre l'attractivité, la motivation et l'incitation à bien faire (pour une part variable des effectifs, mais à mon avis plus importante qu'un autre système), facteurs pour lesquels on peut aussi attacher l'esprit de corps (et je dis bien "de corps"; un peu comme si on compare l'appartenance à l'USMC à celle régnant dans un bataillon particulier) lié à l'image et l'histoire de l'unité (qui a une dimension religieuse à Rome: la légion est une unité "religieuse"), on peut voir dans ce système intégré une capacité de sélection et de formation (donc de développement des talents, de brassage....) dans la durée qu'un effectif équivalent de bataillons séparés avec des contrats d'aussi longue durée ne peut fournir. Sauf à garder les dits bataillons toujours ensembles (et que cet échelon ait une GRH unique) et/ou à avoir une gestion centralisée (niveau impérial) pouvant totalement pallier l'absence de l'échelon légion: techniquement difficile, surtout à cette époque.

 

C'est à peu de choses près ce qu'on retrouve, dans le principe, et en plus petit et cloisonné, dans le système régimentaire tel qu'il évolue sous l'ancien régime et tel qu'il existe encore en Angleterre. Majorité de la carrière des troupiers, sous offs et officiers au sein du même régiment (qui encompasse plusieurs bataillons), porosité faible entre les armes (la légion était dans une certaine mesure interarme, et le légionnaire DEVAIT avoir plusieurs métiers et toujours plus se former), cloisonnement sur des critères sociaux et éducatifs (plus prononcés que dans les légions: l'institution limitée des "warrant officers" offre cependant un débouché par le haut, mais très limité en nombres)....

 

Si je comparais vraiment à l'époque actuelle, une légion, ce serait une brigade (ou division) interarme, rassemblée en permanence et opérant toujours, en entier ou en task forces, avec des unités venant de ce vivier unique.

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Bon, j'ai encore créé un sujet qui dissuade.... Oups.

 

Un dernier point sur la légion comme "système d'hommes" intégré aux échelons tactiques, opératifs et stratégiques, ainsi que pour la gestion de la ressource humaine dans tous ses aspects: la légion est un organisme permanent (et en fait quasiment le seul organisme permanent dans l'armée romaine dont l'activité couvre tous les domaines de l'activité militaire de court, moyen et long terme) qui garde une mémoire institutionnelle de tout ce qui concerne le domaine militaire de près ou de loin tel que le connaissent les Romains.
 

C'est en fait la seule organisation gardant, analysant et adaptant les Retex. On peut y ajouter l'élite politique et militaire romaine, mais celle-ci ne fait rien de façon organisée et structurelle ou systématique, transmettant au sein de chaque famille sa propre expérience et ses propres échanges avec d'autres, soit quelque chose d'assez peu professionnel et pas forcément très travaillé (et dont la qualité peut varier du tout au tout selon les familles et individus), et surtout quelque chose qui perd beaucoup en conséquences pratiques avec l'avènement de l'empire (les grands clans ne sont plus ceux qui lèvent les légions).

La légion est en fait la mémoire de l'armée romaine, et son implantation en fait aussi la mémoire d'un théâtre d'opération particulier (avec un très fort élément de "tronc commun"). Plus encore qu'un bataillon, c'est une mémoire de plusieurs échelons, du micro tactique (contubernium et centuries, voire manipules selon leur réalité concrète après la réforme marienne) à l'opératif (c'est l'échelon opératif de base) et au stratégique (surtout dans les provinces à une seule légion) en passant par tous les stades et types de manoeuvre (occupation et "contre-insurrection", manoeuvre de conflit "classique", bataille rangée) et évidemment les échelons intermédiaires (échelon "bataillonnaire" via les cohortes, diverses formations en "task forces" de circonstances). C'est aussi un creuset de formation permanente à TOUS les métiers, savoirs et savoirs-faires inclus dans les besoins d'une armée, d'une campagne et d'une occupation militaire, accrus de l'expérience accumulée sur une longue existence: chaque métier, chaque "degré" de ces métiers (de l'infirmier au chirurgien en chef, du secrétaire d'intendance à la direction de la logistique en général....) a ainsi une chaîne hiérarchique pratique, une permanence des organisations en place (malgré le turnover des personnels), soit un organisme qui maintient et accroît ses connaissances.

 

Par opposition, une armée de bataillons, si elle n'est pas suppléée par des organismes centraux très développés pour remplir la même fonction, ne peut fournir un pareil travail dont l'importance ne peut jamais être sous-estimée. Et dans le cas de l'armée romaine, ces "organismes centraux" devraient plutôt exister au niveau provincial, au moins au niveau des 4 grandes préfectures divisant l'empire sous Dioclétien (les provinces étant alors divisées en 2 à 3 diocèses). Ce ne fut pas le cas, l'essentiel de la formation continuant à se faire au sein des unités, et avant cela dans un certain nombre bases qui deviennent, telles des bataillons de dépôt, le centre des savoirs-faires. De ce fait, nombre de fonctions sont moins immédiatement connectées au combat et à ses retours: la formation initiale, la formation continue.... Tout comme (cf plus haut) les carrières ne peuvent plus "fonctionner" dans une entité allant du plus bas échelon hiérarchique jusqu'au plus haut, du niveau micro-tactique à l'échelon opératif: cantonnées à des unités tactiques essentielles, elles ne peuvent plus être gérées avec la même fluidité et le même niveau d'opportunités.

 

La légion offrait l'avantage unique d'être une base, une école et une mémoire, un corps d'appartenance, un lieu de carrière longue (à fortes perspectives) et une unité opérationnelle, le tout dans une seule organisation, un organisme "vivant".

 

L'évolution actuelle des brigades interarmes françaises (avec les centres de formation initiale, l'accent pointé sur le déploiement d'unités issues de la même brigade....) pourrait-il favoriser un fonctionnement plus proche de ce modèle antique selon vous, formant une version interarmisée et actualisée du système régimentaire à l'anglaise?

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Non non c'est très intéressante mais en fait  :

 

L'évolution actuelle des brigades interarmes françaises (avec les centres de formation initiale, l'accent pointé sur le déploiement d'unités issues de la même brigade....) pourrait-il favoriser un fonctionnement plus proche de ce modèle antique selon vous, formant une version interarmisée et actualisée du système régimentaire à l'anglaise?

 

 

Je viens de comprendre ce que tu veux :D. Réponse "approfondie" quand il fera jour je n'ai plus les yeux en face des trous.

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Qu'en pensez-vous? Comment ce domaine s'applique t-il à nos armées actuelles? Où se situent-elles de ce point de vue ?

 

 

Je pense qu'en Occident l'armée n'est plus nécessairement un ascenseur social. Elle peut l'être pour des gens de milieux socio-économiques modestes et offrir une relative sécurité d'emploi mais pour une personne un tant soit peu qualifiée (formation techniques ou de niveau universitaire/haute-école) l'armée n'est pas vraiment avantageuse d'un point de vue financier par rapport au secteur privé. On le voit aussi avec les S.M.P. qui arrivent à débaucher massivement dans les armées régulières*.

 

 

 

* Il y a toutefois beaucoup de choses qui jouent en faveur de l'armée par rapport aux S.M.P. et que l'on oublie souvent.

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Rien de nouveau de ce côté: en périodes de paix longues, et hors de contextes de flambées nationalistes (généralement inséparables d'une menace très perceptible pour une population), ou évidemment d'époques et de lieux où l'armée est consubstantielle du pouvoir politique et économique (en Egypte encore aujourd'hui par exemple), les élites (de divers échelons) ont toujours plutôt tout fait pour éviter l'armée, sauf éventuellement, pour une certaine proportion, dans les armes techniques à forte image et rémunérations décentes (pour divers standards). La british army et l'armée américaine du XIXème siècle sont à cet égard assez emblématique: le soldat, pour les gens ayant une situation socio-économique stable et plus ou moins confortable, est perçu comme un raté (mais on ne le dit pas trop fort quand même).... Un peu comme souvent dans les pays développés aujourd'hui, où existe une telle mise à l'index plus ou moins inconsciente (en plus de la peur éternelle de celui qui "pratique" la violence professionnelle et a vu la guerre), souvent pernicieusement cachée sous un patriotisme abstrait (au mieux) ou de façade qui fait adorer la figure anonyme du soldat (au moins comme convention sociale) mais fait éviter le soldat "réel". Phénomène d'autant plus accru que le soldat d'une armée professionnelle représente une très faible proportion de la population (et n'est plus réellement "en contact" avec elle) et que les guerres, extérieures, sont "sans douleur" perceptible pour un pays (quasiment personne n'y risque quelque chose: vie, vie d'un parent, patrimoine....).

 

Mais le point est que l'armée est un ascenseur social plus ou moins important selon les époques; cela dépend autant de la situation du pays (économie, société, développement....), ce qui est assez peu contrôlable, que de la volonté politique qui forge l'armée (d'en faire un ascenseur social) et qui veut un outil efficace. Parce que si on regarde l'histoire militaire, je défie quiconque de trouver des armées motivées et performantes qui ne faisaient pas une grande part à cette dimension, qui impacte lourdement le recrutement, la sélection, le moral, la formation, le fonctionnement et les opérations. La paie est importante, de même que l'équipement, mais ces éléments sont secondaire par rapport à deux autres aspects: l'image que vous renvoie de vous-même l'appartenance à une armée, et les opportunités et horizons qu'elle peut vous offrir.

Modifié par Tancrède
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"Qu'en pensez-vous? Comment ce domaine s'applique t-il à nos armées actuelles? Où se situent-elles de ce point de vue ?"

 

Ça revient régulièrement dans tes sujets et euh… j'ai pas d'idée. Voilà. À part peut-être de mettre fin à la politique de plus en plus en vogue d'offrir des contrats à deux ans et de réellement promouvoir ce qui peut être appris en termes de compétence (électromécanique, électronique, esprit de corps…) lors de périodes longues de service.

Deux ans suffisent à peine a former un bon soldat qui part ensuite et pour le coup il a réellement perdu deux ans de sa vie.

Concernant le problème de gestion micro et macro l'armée romaine souffre du problème et je suis conscient que Louvois ne parle pas en ma faveur mais le développement et l'intégration de moyens de communication de plus en plus rapides et la potentielle mise en réseau d'information (protégées…) ne pourrait-il pas rendre le traitement et la centralisation des données plus aisé tout en permettant une gestion au quotidien décentralisée. En pratique l'échelon compagnie ou bataillon gérerait ses hommes et "mettrait en ligne" l'information pour le centre qui pourrait la consulter et compiler. Évidemment cela nécessite une certaine honnêteté de l'échelon décentralisé qui ne se mettrait pas à omettre les qualités d'un élément pour mieux le conserver et supposerait une discipline stricte dans l'information qui est communiqué, afin d'éviter l'inflation des données diffusées sur le réseau.

 

"Si je comparais vraiment à l'époque actuelle, une légion, ce serait une brigade (ou division) interarme, rassemblée en permanence et opérant toujours, en entier ou en task forces, avec des unités venant de ce vivier unique."

"L'évolution actuelle des brigades interarmes françaises (avec les centres de formation initiale, l'accent pointé sur le déploiement d'unités issues de la même brigade....) pourrait-il favoriser un fonctionnement plus proche de ce modèle antique selon vous, formant une version interarmisée et actualisée du système régimentaire à l'anglaise?"

 

 

Il faudrait pour cela mettre fin à la politique traditionnelle d'aménagement du territoire par le biais de dispersion des bataillons dans des coins perdus. Idéalement cela voudrait dire que les bases militaires se concentreraient autour des métropoles (rapprochant l'armée de la population au passage…), des ports et des aéroports. Ou alors la constitution de grands centres logistiques dans des trous paumés mais budgétairement fonder des cités militaires ça risque de coûter pas mal. :o

 

Ceci, à mon avis, ne priverait pas de la nécessité de spécialisation de certains de ces "régiments". Qu'il s'agisse de domaine amphibie, de montagne, aérotransportable* ou autre.

*J'évite ici volontairement le terme parachutiste, dans une telle configuration les vrais parachutistes ne seraient qu'une grosse compagnie d'entrée de théâtre. Le reste serait plus aéromobile donc de l'infanterie légère vite acheminée et ne consommant pas trop.

Modifié par Chronos
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le développement et l'intégration de moyens de communication de plus en plus rapides et la potentielle mise en réseau d'information (protégées…) ne pourrait-il pas rendre le traitement et la centralisation des données plus aisé tout en permettant une gestion au quotidien décentralisée. En pratique l'échelon compagnie ou bataillon gérerait ses hommes et "mettrait en ligne" l'information pour le centre qui pourrait la consulter et compiler. Évidemment cela nécessite une certaine honnêteté de l'échelon décentralisé qui ne se mettrait pas à omettre les qualités d'un élément pour mieux le conserver et supposerait une discipline stricte dans l'information qui est communiqué, afin d'éviter l'inflation des données diffusées sur le réseau.

 

Le dernier point surligné est l'un des plus cruciaux et complexe, et il fait penser à Louvois (le vrai, pas le logiciel) et Colbert et à l'organisation d'une inspection aux armées pour veiller à contrer les fraudes, abus, cas de corruption, et surtout à contrôler l'efficacité et l'effectif des troupes, maux qui grevaient l'armée permanente depuis ses débuts, et en fait même l'institution militaire féodale (l'absence de contrôle et le fait de s'en remettre à chaque échelon individuel pour la qualité de l'entraînement, la nature des troupes.... Qui fait qu'on se retrouve qu'avec de la cavalerie lourde, et inégale et indisciplinée de surcroît: l'esprit de chapelle qui voit triompher une chapelle unique et désunie, devenue une institution sociale). Et Colbert, pour l'armée comme la Marine, était en recherche désespérée du même point crucial qui contraindrait la réforme que tu soulignes dans ce même point, ou plutôt les deux points cruciaux:

- l'honnêteté du procédé: en bas comme en haut (et évidemment les divers échelons intermédiaires inhérents à toute organisation de grande taille), il faut des motifs avant tout centrés sur "l'intérêt du service" et limitant les possibilités de guéguerres de services et de bureaux, les luttes politiques pour l'affectation des ressources (ou des bases), celles de compétition individuelle pour faire avancer une carrière, les mécanismes institutionnels ou politiques qui parasitent les décisions (genre si j'utilise pas toutes les ressources, c'est que j'ai pas besoin d'autant, si je demande pas X personnels une année, c'est que j'en ai jamais besoin d'autant).... Bref, tous les parasitages possibles qui font que par anticipation de telles conséquences, des comportements trop parasitaires se forment et s'enkystent (et s'aggravent bien souvent). Aucun système ne sera jamais parfait, mais dans le cas de l'armée française actuelle et de beaucoup d'armées anciennement de conscription, ou qui ont connu des baisses significatives, on voit souvent des "armées de 100 000h" avoir les scléroses d'armées d'1 million d'hommes

- comment juger la qualité? L'établissement de critères quantifiables est un problème crucial: ils sont nécessaires et utiles, mais ils ne sont que très partiels, et leur usage peut souvent être détournés, plus, pire encore, devenir exclusifs dans la prise de décision vu que les chiffres et facteurs facilement appréhendables, parce que plus parlants et "faciles" d'accès, l'emportent souvent dans la décision par rapport aux plus complexes et peu illustrables (comment "vendre" facilement le moral, l'allant, le rôdage d'équipes de travail et de combat....).

 

Ca me semble un fait établi, à l'aune des exemples historiques, que plus une armée est ouverte à la progression à travers les échelons (forme, ouvre des horizons, facilite une reconversion ou une retraite....) et plus elle se penche sur les conditions de vie, de travail et d'image de soi, plus elle est un système "incitatif" attirant des recrues de meilleure "qualité" et/ou favorisant "l'éclosion" d'individus à priori peu prometteurs (il y a en fait peu de vraies mauvaises recrues, et plus de gens renfermés, ne se donnant pas de chance à eux-mêmes). De ce fait, la concurrence entre individus peut être diminuée (par le nombre d'opportunités, l'exigence mieux centrée sur des résultats collectifs avant ceux individuels....), la rétention des personnels favorisée et l'investissement dans l'humain peut produire des résultats beaucoup plus importants, toutes choses qui présupposent de prendre au sérieux le budget "humain". C'était sans doute plus facile à l'époque romaine où les individus, les équipes et groupes, et les savoirs-faires  constituaient 95% de la qualité d'une armée (et la part absolument dominante du coût) par rapport au matériel, et où l'armée était une chose absolument vitale. C'était sans doute encore le cas à l'époque renaissance-moderne où cette proportion, quoiqu'en forte baisse, devait encore être plus que lourdement en faveur de l'humain (mais où d'autres problèmes, politiques et organisationnels, se posaient aussi dans des Etats encore sous administrés et à la culture nobiliaire). C'est plus complexe aujourd'hui, au point que l'investissement humain, et surtout son importance dans le résultat tactique/opérationnel (et par là son importance cruciale au plan stratégique), sont mésestimés (bien plus que ce que la structure de coût reflète).

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Les réponses aux questions de Colbert échappant à ma compétence... je n'irai pas plus loin.

 

 

“Ca me semble un fait établi, à l'aune des exemples historiques, que plus une armée est ouverte à la progression à travers les échelons (forme, ouvre des horizons, facilite une reconversion ou une retraite....) et plus elle se penche sur les conditions de vie, de travail et d'image de soi, plus elle est un système "incitatif" attirant des recrues de meilleure "qualité" et/ou favorisant "l'éclosion" d'individus à priori peu prometteurs (il y a en fait peu de vraies mauvaises recrues, et plus de gens renfermés, ne se donnant pas de chance à eux-mêmes). De ce fait, la concurrence entre individus peut être diminuée (par le nombre d'opportunités, l'exigence mieux centrée sur des résultats collectifs avant ceux individuels....), la rétention des personnels favorisée et l'investissement dans l'humain peut produire des résultats beaucoup plus importants, toutes choses qui présupposent de prendre au sérieux le budget "humain". C'était sans doute plus facile à l'époque romaine où les individus, les équipes et groupes, et les savoirs-faires  constituaient 95% de la qualité d'une armée (et la part absolument dominante du coût) par rapport au matériel, et où l'armée était une chose absolument vitale. C'était sans doute encore le cas à l'époque renaissance-moderne où cette proportion, quoiqu'en forte baisse, devait encore être plus que lourdement en faveur de l'humain (mais où d'autres problèmes, politiques et organisationnels, se posaient aussi dans des Etats encore sous administrés et à la culture nobiliaire). C'est plus complexe aujourd'hui, au point que l'investissement humain, et surtout son importance dans le résultat tactique/opérationnel (et par là son importance cruciale au plan stratégique), sont mésestimés (bien plus que ce que la structure de coût reflète)”

 

 

D’un autre côté avec les réductions drastiques en Europe occidentale, les armées ne se retrouvent-elles pas de plus en plus dans des quantités d’hommes de plus en plus proches de celles du XVIIIième voir même du bas Moyen-Âge ? Les effectifs sont de plus en plus restreints et appellent à des compétences de plus en plus poussées pour la mise en oeuvre de matériels.Les matériels eux-mêmes sont de plus en plus complexes en plus d’être rares ce qui implique d’en tirer le plus possible et donc... De savoir les utiliser encore mieux ce qui implique du personnel plus compétent.

 

Plus j’y pense plus les formules contractuelles à deux-trois ans sont des erreurs. C’est le contraire qui devrait être visé afin de permettre une spécialisation ou une diversification des compétences individuelles, exploitables en post carrière dans des régimes plus souples de services plus orientés “contractor” pour la complétion d’objectifs géopolitiques autres.

 

Les réductions d’effectifs permettent en outre de voir émerger une armée plus “village”, où l’on se connaît plus aisément au niveau des commandements (et pourquoi pas au niveau des grandes bases ? on a toujours plus de chances de connaître quelqu'un dans un grande infrastructure que si on se retrouve paumé dans le Tarn ou cantonné quelque part dans la diagonale du vide, pour rester franco-français), notamment au niveau des brigades et Légions que nous envisageons et donc de permettre une meilleure prise en main de ce que tu identifies comme étant l’échelon humain ?

Modifié par Chronos
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les armées ne se retrouvent-elles pas de plus en plus dans des quantités d’hommes de plus en plus proches de celles du XVIIIième voir même du bas Moyen-Âge ? Les effectifs sont de plus en plus restreints et appellent à des compétences de plus en plus poussées pour la mise en oeuvre de matériels.Les matériels eux-mêmes sont de plus en plus complexes en plus d’être rares ce qui implique d’en tirer le plus possible et donc... De savoir les utiliser encore mieux ce qui implique du personnel plus compétent.

 

Pas encore le Bas Moyen Age: environs 16 000h sous Charles VII, plus environs autant de miliciens, 50 000 permanents sous Louis XI, et c'est à peu près ce chiffre qu'on retrouve au XVIème siècle, hors milices et quelques garnisons. Ou même le début du XVIIème: environs 20-25 000h sous Henri IV -en temps de paix- et de nouveau 50 000 à la fin de son règne. Il faut la guerre de 30 ans pour voir les effectifs dépasser 100 000h, et retomber dessous après. La grande croissance de l'armée de temps de paix vient avec Louis XIV, et c'est sous son règne qu'on tape dans les 150 000 et plus en temps de paix (et plus de 300 000 en guerre) en incluant la Marine. Au XVIIIème siècle, c'est environs l'ordre de grandeur, quelque part entre 150 et 200 000 (théoriques), et c'est avec ça (même moins) que commencent les guerres de la Révolution, et avec elles l'époque de la conscription obligatoire (qui avait commencé avant avec les milices) et graduellement universelle, donc l'époque des grands effectifs même en temps de paix.

 

Avant Charles VII, aucune armée permanente, donc quasiment zéro effectif de temps de paix, sinon les quelques formations gardant le roi de France et employées par lui personnellement (comme n'importe quel autre seigneur féodal, vu qu'il n'y a aucun impôt "national" et qu'il n'a que ses revenus domaniaux), et le peu de troupes permanentes (quelques compagnies) qu'il peut s'offrir (comme les autres seigneurs féodaux). "L'armée" féodale est une pure conscription théorique (dans les faits plus dépendante du consentement et des intérêts de chacun que de l'obligation légale ou du sentiment de devoir patriotique, moral ou de vassalité), sans aucun organisme central d'ordonnancement, de discipline, de contrôle/inspection, de "R&D", de "mémoire institutionnelle" (sinon les archives fiscales, juridiques, familiales et domaniales), à part le Connétable (et sa micro administration qui sert juste à faire fonctionner son bureau stricto censu) dont l'autorité dans une campagne dépend en fait seulement de son rang social et/ou du poids politique du roi à un moment donné (soit pas forcément grand chose). On peut pas dire qu'il y ait réellement une armée en France entre la fin de la période carolingienne (dernier moment où la féodalité initiale a pu fonctionner un tant soit peu) et Charles VII (première vraie armée professionnelle depuis.... L'Empire Romain).

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Plus j’y pense plus les formules contractuelles à deux-trois ans sont des erreurs. C’est le contraire qui devrait être visé afin de permettre une spécialisation ou une diversification des compétences individuelles, exploitables en post carrière dans des régimes plus souples de services plus orientés “contractor” pour la complétion d’objectifs géopolitiques autres.

 

Les réductions d’effectifs permettent en outre de voir émerger une armée plus “village”, où l’on se connaît plus aisément au niveau des commandements (et pourquoi pas au niveau des grandes bases ? on a toujours plus de chances de connaître quelqu'un dans un grande infrastructure que si on se retrouve paumé dans le Tarn ou cantonné quelque part dans la diagonale du vide, pour rester franco-français), notamment au niveau des brigades et Légions que nous envisageons et donc de permettre une meilleure prise en main de ce que tu identifies comme étant l’échelon humain ?

 

On peut difficilement faire comme l'armée romaine avec ses 16, puis 20, puis 24 ans de "service" obligatoire (en théorie et dans la formulation, l'armée romaine est toujours restée une armée de conscription, même si de facto, il s'agissait d'une armée de métier/volontaire; partiellement avant les réformes mariennes, puis totalement après); de telles durées étaient évidemment une garantie d'un temps de formation important et étalé sur un certain temps (formation initiale, puis formation continue de "tronc commun", et formations spécialisées). Par ailleurs, le taux de mortalité et de disparition (plus un certain taux de désertion) devait certainement jouer en faveur d'une certaine ouverture constante de postes, spécialités et affectations d'échelon/rang supérieur, donc une certaine "circulation" offrant une proportion d'opportunités relativement importantes (on évalue par exemple au 1er siècle après JC que 50% des légionnaires engagés parvenaient vivants à la fin de leurs 16, puis 20 ans de service; ce taux intègre sans doute cependant les estropiés permanents qui étaient rayés des cadres sans autre forme de procès ou de soutien -ou un très réduit). Ce point est un autre élément assez peu reproductible, sauf à le remplacer par un effort nettement plus important sur la reconversion au civil, à rendre aussi peu douloureuse que possible (pour éviter ceux qui s'institutionnalisent dans l'armée sans être des ambitieux ou se dépasser, voire pour inciter à faire des allers-retours).

Entre autres avantages militaires que procure un niveau d'ancienneté moyen conséquent, outre la continuité des savoirs-faires au plus petit niveau tactique possible ET à tous les échelons opérationnels, se trouvent, il faut le noter, la capacité de résistance, de résilience et d'adaptation d'une armée à un théâtre, à une guerre et à toute situation nouvelle/inédite, ce qui est d'autant plus crucial à notre époque où les matériels, "modèles", mix opérationnels et schémas tactiques ont tendance à être sollicités dans des situations très différentes (pour lesquelles ils ont rarement été élaborés et conçus), et à exister dans des temps longs (conception, acquisition et durée de vie) déconnectés de l'évolution des situations et de leur variété (ne serait-ce que par la diversité géographique). Evidemment, ce facteur doit être accompagné d'une bonne circulation verticale de l'info (dans les 2 sens), horizontale aussi, d'une bonne gestion des RETEX, d'une bonne formalisation des savoirs et critères d'évaluation (des individus, des unités, des matériels, des schémas et mix tactiques, des fonctionnements....). Vu les travers de toute grande organisation (plus ou moins grave selon les lieux et périodes), surtout ,pour une armée, en temps de paix, et vu la persistance d'une grande part d'éléments et critères pas ou peu quantifiables et peu facilement explicables (donc moins "vendeurs", laissant une large part à l'appréciation personnelle de celui qui juge et de celui qui présente une analyse.... Et donc toutes les dérives qui vont avec: biais idéologiques, vision incomplète, intérêts de carrière, inimitiés, querelles de chapelles....), l'armée dans sa globalité ne me semble toujours pas l'échelon idéal pour opérer la bonne jonction entre le terrain et l'individu d'une part, et la décision et l'arbitrage (budgétaire, politique, opérationnel/orientation du modèle de forces) d'autre part.

 

Il y a toujours eu des problèmes de reconversion qui constituaient autant d'obstacles au recrutement (peu incitatif, tend à accroître la mise à part des militaires de carrière dans une société, voire à parasiter son fonctionnement interne), et c'est encore plus vrai aujourd'hui où peu de métiers militaires ont des équivalents civils, où le travail manuel peu qualifié (comme jadis l'usine et les champs) n'est plus du tout une donnée quantitativement massive dans une société moderne, et où les familles n'offrent plus la même capacité de "récupération" qu'avant (époque d'une plus faible mobilité géographique et sociale, où la famille reste un lieu de retour et reconversion).

 

On peut dire que les matériels sont plus complexes, mais en ramenant la chose au temps de formation nécessaire pour obtenir un soldat correct, quel que soit sa spécialité, et plus encore des unités correctes, je ne pense pas qu'il y ait tant de changement que ça à travers les siècles: on passe facilement dessus, mais les formations de bataille du temps jadis, le fonctionnement humain et les savoirs-faires de combat, de campagne, de garnison et de mouvements de groupes constitués de divers échelons représentaient des sommes de savoirs-faires énormes, longs à acquérir et réclamant beaucoup de pratique pour les entretenir. C'était vrai pour tous les métiers militaires (infanterie, cavalerie -très long d'obtenir de bonnes unités-, artillerie, génie....), et ce d'autant plus que les méthodes d'entraînement, la formalisation des savoirs, n'étaient pas aussi poussées qu'aujourd'hui, et donc que la transmission était en général moins efficace (ramenée à l'heure, au jour ou au mois d'entraînement type). En France, l'effort de standardisation/formalisation de ces savoirs n'a réellement recommencé qu'avec Colbert (avant, il s'agissait plus de reproduction à l'identique des savoirs par immersion pendant une période assez longue -pour les bonnes unités et bons personnels), et ça a pris du temps, avec des hauts et des bas, avant de voir du progrès net. L'armée romaine avait de ce côté des siècles d'avance sur l'Europe moderne, même si elle restait limitée par le temps et les distances de son époque, les mentalités (niveau d'éducation moyen, taux d'alphabêtisation, mentalité profondément conservatrices et reprodutrices de l'antiquité) et évidemment la technique (méthodes de conservation, évolution et transmission des savoirs).

 

 

C'est en raison de ces limites que l'institution de la légion, de grande unité permanente, avait une importance énorme, même si quand je pointe cet élément dans le cadre d'une "perte" pour l'armée romaine tardive, j'ignore en partie comment se faisait la transmission des savoirs et si des "grandes bases" n'existaient pas, le niveau de centralisation de certaines fonctions ayant largement progressé (on le voit notamment pour la production d'armement en véritables "usines", les "fabricae", dont le principe n'existait pas avant le IIIème siècle, les légions produisant leurs propres armements -plus rudimentaires et simples). La re-localisation partielle de l'armée tardive a pu voir un certain degré de centralisation de telles fonctions au niveau de chaque "front" (les 4 préfectures), dès lors que les unités en garnison étaient plus souvent de taille bataillonnaire, et non plus des groupements d'échelon opératif comme les légions. L'organisation en troupes de frontière (éparpillées), réserves de théâtre (comitatus), réserves centrales (palatins) et élite impériale (scholae) a pareillement pu avoir pour corollaire un certain niveau de regroupement des unités de réserve (dites abusivement "armée mobile"), même s'il semble établi que la permanence de groupes d'échelon opératif comme la légion n'ait plus été une réalité constante ou dominante (moins parce qu'on ne concentrait pas certaines troupes que parce qu'il semble y avoir eu une certaine valse des unités, comme on fait du lego aujourd'hui avec les compagnies et bataillons).

 

La référence que tu fais au régiment canadien, c'est ce que j'avais mentionné plus haut; c'est le système régimentaire britannique (en fait issu du système régimentaire tel qu'il s'est créé sous l'Ancien Régime). Mais c'est pas interarme, et cela semble aujourd'hui peu adapté autant par cet aspect non interarme que par une taille trop réduite (et encore plus parce que les bataillons britanniques sont assez maigrichons en effectifs), donc à mon sens pas un bon échelon de référence pour avoir une armée faite de "mini armées" qui sont autant des échelons opératifs que des échelons de formation et de carrière longue (où un engagé peut faire toute sa carrière, ou l'essentiel, sans avoir l'impression de stagner, et un officier peut y faire au moins la moitié de sa carrière sinon plus).

Modifié par Tancrède
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Je pensais plus à des engagements reconductibles de 8 à 10 ans. 24 ans sans flexibilité sont en effet beaucoup. Je pointe surtout les contrats en dessous de 5 ans.

 

"La référence que tu fais au régiment canadien, c'est ce que j'avais mentionné plus haut; c'est le système régimentaire britannique (en fait issu du système régimentaire tel qu'il s'est créé sous l'Ancien Régime). Mais c'est pas interarme, et cela semble aujourd'hui peu adapté autant par cet aspect non interarme que par une taille trop réduite (et encore plus parce que les bataillons britanniques sont assez maigrichons en effectifs), donc à mon sens pas un bon échelon de référence pour avoir une armée faite de "mini armées" qui sont autant des échelons opératifs que des échelons de formation et de carrière longue (où un engagé peut faire toute sa carrière, ou l'essentiel, sans avoir l'impression de stagner, et un officier peut y faire au moins la moitié de sa carrière sinon plus)."

 

 

Oui mais quid de partir de cet échelon qui serait la masse d'infanterie de base, composée de gros bataillons plutôt que de petits, auxquels l'on adjoindrait des éléments de Génie, d'artillerie et de méca (en fait MBT ou châssis de MBT reconverti pour du génie d'assaut ou autre chose que sais-je) voir des hélicoptères de manoeuvre (ça risque de coincer là par contre parce que c'est vraiment du micro-parc) avec éventuellement un élément reco/choc/para.

 

ça ferait une force d'infanterie à 2000h + 4 à 5 gros bataillons de 500 hommes. Nous sommes à 4000-4500 hommes, ce qui représente une MEU à taille double, suffisant pour un coup type Mali, un déploiement type France ou Allemagne en Afghanistan. Au pire on peut combiner ensuite avec d'autres groupes plus légers en personnels (orientés para, montagne, amphibie).

 

De toutes façons un tel raisonnement ne vaut que par rapport aux moyens de projection, air et mer et ceux-ci se réduisent... On ne peut malheureusement plus construire une flotte comme les romains des galères, Byzance des dromons ou Venise ses bateaux. 

Modifié par Chronos
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Hé, faut pas non plus se faire d'illusions sur le passé et imaginer des Romains ou des Grecs fabricant des flottes n'importe où en ramassant le bois local: la production de navires de combat était quelque chose de très technique et pas du tout gratuit, exigeant des installations bien spécifiques, un rassemblement important de personnels (et plus encore d'équipes organisés, d'une structure humaine rôdée, de corps de métiers poussés, le tout dans un monde antique où la qualification, surtout de haut niveau, est rare et chère) et de moyens (stocks, contrôle qualité des matériels) qui coûtent d'autant plus cher qu'il s'agit de produire des navires uniquement faits pour la guerre (les trirèmes, quinquérèmes et autres ne peuvent rien faire d'autre), ce qui est lourd pour des Etats peu développés. Il suffit de le voir: dans la Grèce antique, peu de cités (juste les plus grandes et riches, soit très peu) peuvent faire des trirèmes, surtout en nombre significatif. Et il faut des équipages qualifiés, eux aussi lourds à payer et entretenir (les rameurs, c'est nombreux, et contrairement à ce qu'on pense, c'est pas de la chiourme abondante, sacrifiable et sous-qualifiée). Toute proportion gardée, l'effort nécessaire, financier, humain, technique, requiert des niveaux de concentrations de moyens rares et de capitaux très peu disponible, et la capacité de production et de soutien d'une flotte de guerre ne court pas les estuaires dans le monde antique.

Rome a pu créer une flotte rapidement parce qu'à l'échelle de son époque, lors des guerres puniques, elle est déjà une énorme puissance démographique (infiniment plus que Carthage), commerciale, économique et financière, avec les moyens de conduire un effort naval et terrestre simultanés, des réserves de savoirs-faires disponibles en grand nombre dans les ports, la volonté politique pour soutenir l'effort dans le temps, et le cash pour ce faire. Et en temps de guerre, tout va plus vite. Si on veut prendre un parallèle moderne, il suffit de comparer à l'effort de guerre français de 14-18 ou à l'effort de guerre américain de 41 à 45; dans les deux cas, en quatre ans, les deux pays et leurs armées (et leurs capacités de production) sont radicalement transformées (c'est particulièrement vrai pour la France de 14, moyennement industrialisée, manquant de certains types de production qu'on pense longues à acquérir; 4 ans plus tard, c'est le pays le plus mécanisé du monde, alimentant tous les alliés, alors que ses régions industrielles lui ont été prises).

 

Quand à la référence vénitienne, soulignons aussi l'extrême concentration de moyens humains, techniques, matériels et financiers qui permet à la cité d'aligner les productions (voir l'histoire de l'arsenal de Venise et l'immense oeuvre -et le coût- qu'il représente); c'est pas parce que c'est du bois que c'est, relativement à son époque, moins lourd, "capital intensive" et complexe que la production actuelle l'est pour nos pays. Pareil pour Constantinople: les arsenaux byzantins puis ottomans (notamment la Corne d'Or) sont des concentrations capitalistiques lourdes représentant des siècles de travail, de recherche, d'évolution, de formation, de savoirs-faires, des organisations poussées et coûteuses dont les réseaux d'approvisionnements sont complexes et représentent des enjeux de politique intérieure et extérieure (comme pour les autres exemples cités).

 

Les systèmes militaires complexes, navals ou terrestres, à toutes les époques, ont été ainsi des organisations difficiles à produire, inventer, faire évoluer, maintenir et mettre en oeuvre, complexes et chères (et chères politiquement, à l'intérieur comme à l'extérieur), autant du point de vue humain que matériel. Et avoir avec eux des systèmes de bataille et de campagne à haut niveau de battle readiness et offrant un avantage comparatif important face à leur concurrent a toujours été une entreprise lourde et difficile, techniquement (savoirs, savoirs-faires, réputations, équipements, organisations, équilibrages et arbitrages tactiques et stratégiques du mix de forces), financièrement (produire, maintenir, mettre en oeuvre, soutenir), socialement (un système militaire reflète toujours un système social) et politiquement.

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Zou, recadré, vais me refaire un thé noir.

Sinon je crois pas que ça ôte la validité de mon raisonnement. Combien de pions de manoeuvre une armée doit-elle avoir ? Juste de quoi assurer la rotation de l'actuellement projetable par des moyens navals et/ou aériens détenus ou bien plus à faire projeter avec appui américain (s'ils veulent bien) ?

 

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Ca c'est un autre débat: une armée doit avoir un nombre de "pions de manoeuvre" proportionnels à son ambition, donc à ses besoins stratégiques exprimés dans une vision du monde et déclinés -entre autres éléments- dans une armée. Sans ce préalable, la question manque d'objet.

 

Puis là, le sujet est plus sur le fonctionnement interne d'une armée: comment s'y organisent les carrières, les filières, les spécialités, pour obtenir de l'efficacité dans le recrutement, la formation, l'organisation et donc à l'arrivée, dans la qualité individuelle, celles des unités, spécialités et "armes", et celles des unités opérationnelles. On a un peu décroché en se focalisant sur les pions de manoeuvre/pions stratégiques les plus pertinents de l'histoire, non parce qu'ils sont HS mais parce que c'est quand même sous cet angle particulier du fonctionnement interne (comme organisation humaine) qu'il faut les envisager.

Le point commun entre le système régimentaire et la légion, c'est que ce pion opératique/tactique essentiel (concentration des unités et personnels pour la mise en oeuvre, l'emploi) est aussi l'unité territoriale de référence (concentration des unités en un seul endroit pour la formation, la garnison), le cadre dominant des carrières (pour l'essentiel de la troupe et de l'encadrement, officiers généraux mis à part) et le "corps" d'appartenance de référence (esprit de corps, cadre mental et culturel). Soit la réunion de beaucoup d'élément. C'est plus vrai pour la légion romaine que pour le système régimentaire à qui il manque plusieurs aspects de ces éléments: le régiment est une unité faiblement interarme (spécialités d'infanterie: appuis du plus bas niveau tactique seulement) là où la légion l'était largement plus et, spécificité unique, était le lego dominant d'une armée dont elle formait le coeur d'infanterie, de commandement, de renseignement, d'organisation, de coordination, d'encadrement, et de nombre de capacités "dimensionnantes" (au global, une capacité de bataille, de campagne, d'exploitation, d'occupation, de contrôle de zone), les autres unités se greffant dessus et lui apportant juste des "membres" en plus. Le système régimentaire est à cet égard nettement plus limité: c'est une brique de lego parmi d'autres qui forment autant de briques dans des chapelles concurrentes, et n'offre pas de capacité de progression individuelle si énormes.

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