Maroc : politique extérieure et influences

[metkow]

il y a une heure, Coriace a dit :

Effectivement, et c'est malheureux car c'était un marché largement accessible pour la France. Et tu aurais aussi pu mentionner l'embryon d'industrie aéronautique qui commence à naître au Rif et en périphérie. Même constat

L'aéronautique a démarré au même moment que l'automobile, mais malgré un bon départ le secteur reste assez petit au niveau du nombre d'entreprises et du chiffre d'affaires

[Coriace]

Il y a 1 heure, metkow a dit :

L'aéronautique a démarré au même moment que l'automobile, mais malgré un bon départ le secteur reste assez petit au niveau du nombre d'entreprises et du chiffre d'affaires

C'est parce que tu exclues la sous traitance. Je pense qu'il doit s'agir du second pôle industriel marocain en terme d'emploi après l'automobile. Après on parle de composants mais, pour citer un exemple précis, Safran par exemple déploie des sous ensembles de plus en plus complexes au Maroc. A ma connaissance aucun pays Africain (hors AfSud a une époque désormais révolue) n'était capable de les concevoir/fabriquer domestiquement. Je vois peut être le Maroc avec des lunettes rose ceci dit 

[Wallaby]

Donc en fait, Paris s'aligne sur... Trump :

https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/07/31/la-france-au-defi-du-dilemme-maghrebin_6262853_3232.html

Le contexte international y a contribué. Puissance moyenne montante sur le continent africain, le Maroc a bénéficié d’une politique économique dynamique et de l’opération diplomatique du président américain d’alors, Donald Trump, qui, en 2020, a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en échange de l’établissement de relations diplomatiques entre Rabat et Israël.

[metkow]

il y a 20 minutes, Wallaby a dit :

Donc en fait, Paris s'aligne sur... Trump :

https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/07/31/la-france-au-defi-du-dilemme-maghrebin_6262853_3232.html

Le contexte international y a contribué. Puissance moyenne montante sur le continent africain, le Maroc a bénéficié d’une politique économique dynamique et de l’opération diplomatique du président américain d’alors, Donald Trump, qui, en 2020, a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en échange de l’établissement de relations diplomatiques entre Rabat et Israël.

Depuis plusieurs années (ca date des crises repetés entre les deux pays), le Maroc a compris que la France n'était plus un allié sur lequel il pouvait compter, ce qui a amené le roi a cherché d'autres alliances, ca a commencé naturellement par les monarchies du golf, et ensuite les états-unis (et israel après la normalisation des relations). La coopération avec l'espagne est au beau fixe après le changement de position concernant le Sahara mais ca va prendre du temps a se dévelloper plus que ca

[Wallaby]

https://eastasiaforum.org/2021/03/12/chinas-chance-to-bridge-the-algeria-morocco-divide/ (12 mars 2021)

Les phosphates et les éléments de terre rare de l'Afrique du Nord-Ouest présentent un intérêt vital pour la Chine. Le Maroc possède plus de 70 % des réserves mondiales de phosphate, tandis que l'Algérie possède le quatrième stock mondial. En 2018, la société chinoise CITIC Construction a signé un accord avec la société algérienne Sonatrach pour la construction d'une usine intégrée de production de phosphate d'une valeur de 6 milliards de dollars, qui porterait la production annuelle de l'Algérie à 10 millions de tonnes. Parallèlement, la société chinoise Hubei Forbon Technology a créé en janvier 2021 une coentreprise avec l'entreprise publique marocaine OCP, le géant du phosphate, pour développer des engrais de nouvelle génération.

Pékin a également un œil sur les éléments de terres rares qui se trouveraient dans les gisements de phosphore du Sahara occidental. Le groupe de défense Western Sahara Resource Watch a allégué à plusieurs reprises l'implication de la Chine dans les achats illégaux de phosphates du Sahara occidental.

La Chine cherche à jouer un rôle stratégique dans le développement de la connectivité Europe-Afrique à travers la Méditerranée occidentale. Pékin a des intérêts dans le nouveau corridor de transport commercial entre l'Afrique de l'Ouest et l'Europe de l'Ouest, basé sur la ligne ferroviaire à grande vitesse al-Boraq et le nouveau port de Tanger Med, qui est désormais le plus grand port de la Méditerranée.

L'expansion de Tanger Med a été rendue possible par l'investissement du China Merchants Group. Des entreprises chinoises ont ouvert des usines au Maroc pour s'intégrer dans les chaînes de valeur Europe-Afrique créées par la ligne ferroviaire al-Boraq et le port Tanger Med. CITIC Dicastal a créé une usine de 400 millions de dollars pour fournir des équipements à l'usine d'assemblage automobile du groupe français PSA. China Communications Construction Company construit le pôle industriel Mohammed VI Tangier Tech City afin d'attirer davantage de multinationales et d'entreprises chinoises au Maroc.

Pékin soutient également la création d'un corridor d'infrastructures à travers l'Algérie, qui reliera l'Afrique subsaharienne à la Méditerranée. En 2016, Alger a conclu un accord avec China State Construction Engineering Corporation et China Harbor Engineering Company pour la construction du port algérien d'El Hamdania. Avec une capacité de 6,5 millions d'équivalents vingt pieds, El Hamdania pourrait servir de plaque tournante d'un corridor Afrique-Europe.

Avant que les États-Unis ne reconnaissent officiellement le contrôle du Maroc sur le Sahara occidental, de nombreuses nations africaines et arabes avaient déjà ouvert des consulats dans la région contrôlée par le Maroc. Alors que la solidarité africaine et arabe avec l'opposition de l'Algérie aux revendications de souveraineté du Maroc s'érode, les tensions entre Alger et Rabat augmentent. En 2020, les forces armées royales marocaines ont annoncé la construction d'une caserne militaire à seulement 38 kilomètres de la frontière algérienne. Les médias algériens ont qualifié ce projet d'escalade provocatrice et ont rapporté que l'Armée nationale populaire (ANP) algérienne construirait deux bases frontalières. L'Algérie a également approuvé l'année dernière un amendement constitutionnel autorisant l'ANP à intervenir en dehors des frontières algériennes.

La Chine maintient une politique neutre sur le conflit du Sahara occidental, soutenant officiellement les efforts de l'ONU pour un référendum sahraoui longtemps retardé, tout en équilibrant soigneusement ses intérêts économiques au Maroc et en Algérie. Les tensions entre l'Algérie et le Maroc ont atteint un point culminant, mais il est possible de réorienter le conflit vers la coopération. La Chine peut jouer un rôle constructif dans ces négociations.

Alors que les exportations de l'Algérie vers la Chine sont minimes, ses importations en provenance de la Chine ont totalisé 5,4 milliards de dollars en 2019. La pandémie de COVID-19 et la chute des prix du pétrole ont gravement affecté l'économie algérienne, les ventes de pétrole et de gaz représentant 60 % du budget de l'État. Loin de chercher le soutien du FMI, Alger se tourne vers la Chine. Le 11 octobre 2020, l'Agence chinoise de coopération internationale au développement a signé un accord avec Alger pour approfondir la participation de l'Algérie à l'initiative chinoise BRI.

Rabat peut offrir à Alger des opportunités de participer au développement de la connectivité commerciale du Maroc. Cela cadrerait bien avec les efforts déployés par Pékin pour intégrer la Méditerranée occidentale dans l'initiative de coopération pour le développement. Pour sa part, l'Algérie doit se joindre aux pourparlers entre le Maroc et le Front Polisario afin de garantir des arrangements futurs pour les Sahraouis.

Pékin, dans sa nouvelle position stratégique avantageuse entre les parties au conflit, pourrait promouvoir des propositions de rapprochement qui profiteraient à toutes les parties. Le moment est venu pour la Chine de faciliter une interaction constructive entre Rabat et Alger. Ses efforts diplomatiques pourraient déterminer si la trajectoire du Maghreb occidental s'oriente vers la coopération ou le conflit.

[Pol]

Le 31/07/2024 à 12:30, Ciders a dit :

De fait, on peut se mettre globalement d'accord sur le fait que l'Algérie n'a pas su se vendre au contraire du Maroc. Que les exigences algériennes ont pu braquer, tout comme le volet mémoriel. Et le fait qu'à Alger, taper sur la France étant une pratique ordinaire du pouvoir, ça n'a pas dû aider non plus.

Le timing est étrange mais concrètement, cela faisait quelques temps que cette décision était dans l'air.

Je ne pense pas qu'il y ait une notion de "timing" du côté français, mais qu'il s'agit juste d'un chemin assez logique.

Même si le Maroc n'est pas un pays riche avec un fort portentiel, même s'il n'y a pas une formidable entre le roie et Macron, ce pays ne fait pas de la France un "ennemi" idéologique envers lequel on continue de jouer une résistance, une confrontation afin de coller à l'esprit (et la propagande) de la guerre d'indépendance d'il y a 60 ans. C'est un pays adaptable avec lequel cette "reconnaissance" à demi mot de sa souveraineté sur la Sahara Occidental aura son effet et qu'il y aura de la contrepartie (on ne donne rien sans rien).

L'Algérie qu'est-ce qu'elle donne à la France pour qu'on lui donne de l'intérêt, du respect ou autres? Je pose la question, mais je n'attends pas de réponses car on sait tous que ça va se résumer en un mot, "rien".

Donc s'il n'y a rien à obtenir d'eux, pourquoi se priver d'obtenir quelque chose du Maroc ? Que les algériens répondent!

Quand Trump a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental, l'ambassadeur algérien aux USA a t-il été retiré? Bien entendu quand c'est la France, la crise diplomatique est "nécessaire".