Russie et dépendances.

[Shorr kan]

Le 23/07/2024 à 09:39, Desty-N a dit :

Dans la doctrine de la paix nucléaire, la présence d’armes nucléaires diminue le risque d’escalade de crise, car les parties chercheront à éviter les situations pouvant conduire à l’utilisation d’armes nucléaires. (Traduit de l’article en anglais sur Wikipedia sur la destruction mutuelle assurée https://en.wikipedia.org/wiki/Mutual_assured_destruction?wprov=sfti1# )

@Alexis il existe au moins une demi douzaine de technologies différentes pour enrichir l’uranium ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Enrichissement_de_l'uranium?wprov=sfti1 ) Certaines ont été développées en toute indépendance comme la centrifugation avec séparation de flux pour l’Afrique du Sud (même si je ne serais pas surpris qu’ils aient eu un coup de main de Tel Aviv…), d’autres remontent à la 2nde GM. On a utilisé la diffusion gazeuse dans le cadre du projet Los Alamos, mais la centrifugation sert aujourd’hui surtout pour le combustible des centrales nucléaires. Même si entre uranium civil et militaire, ce n’est pas le même niveau d’enrichissement, il y a quand même une base commune. 

Parmi les milliers d’ukrainiens qui ont travaillé sur les réacteurs atomiques civils depuis 50 ans, on peut raisonnablement supposer qu’il y en a quelques uns qui ont une bonne voire une très bonne connaissance en matière d’enrichissement de l’uranium.
Donc, si j’étais le pouvoir ukrainien, dans les premières semaines qui ont suivi l’invasion, j’aurais lancé une opération de RH afin de dénicher ces oiseaux rares (je ne pense pas qu’ils soient nombreux, quelques dizaines maximum). Une fois ces quelques personnes en lieux sûrs (le pluriel est volontaire, pour éviter une frappe ennemie désastreuse), je leur aurais demandé d’évaluer la faisabilité d’une bombe ukrainienne et en combien de temps.

Je ne sais pas si ça été le cas, je ne sais pas si Kiev a des équipes qui bossent dessus, mais je pense que la question du vecteur est secondaire. Les ukrainiens ont réussi à amener des (petits) drones jusqu’à Moscou. S’ils réussissaient un essai nucléaire souterrain, la menace de pouvoir raser la capitale russe serait crédible. Faiblement crédible, mais crédible.
Et au delà de ses diatribes, Poutine a toujours soigneusement veillé à ne pas engager l’OTAN dans un engrenage (ce qui pourrait changer si Trump était élu) Il peut menacer d’anéantir l’Ukraine si ce pays utilise la bombe A… mais il veut déjà l’envahir ! Les ukrainiens peuvent très bien estimer qu’ils n’ont rien à perdre , contrairement au président russe. 
 

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Je ne sais pas jusqu’à quel point mon idée est crédible, mais s’il était vivant, j’écrirais à Gérard de Villiers.
Ça ferait un super roman de SAS !

 

La filière enrichissement d'uranium ne serait pas un très bon choix pour l'Ukraine. Ce serait long et couteux.

Dans la perspective d'un programme d'armement nucléaire ukrainien, la filière plutonium est plus intéressante parce qu'ils peuvent capitaliser sur ce qu'ils ont sous la main ; c'est à dire leurs réacteurs nucléaire civils et leurs spécialistes. 

Déjà, ils peuvent  se lancer dans la fabrication d'une arme avec du plutonium de qualité réacteur. Ce serait malcommode, mais possible comme dans cet article qui s'inquiétait déjà de cette possibilité en 1998, dans le cadre de la prolifération.

https://rlg.fas.org/980826-pu.htm 

Ensuite, il y a la possibilité de suivre un programme plus classique avec du plutonium de qualité militaire (plus de 92% de Pu239) en exposant les barres de combustible faite d'uranium naturel dans les réacteur de type RBMK sous leur contrôle, les quelques mois nécessaires à leur transmutation. Ces réacteurs, les mêmes que ceux de Tchernobyl, ont été spécifiquement pensés et dimensionnés pour être une source de martiaux fissiles du programme militaire soviétique.

Reste le délicat problème de test d'une telle arme. Là, leur meilleur option est de shunter cette étape en dupliquant un design soviétiques s'ils en ont les plans, et surtout les spécialistes pour le mettre en œuvres. Ce n'est pas déraisonnable de supposer que cette étape est à leur porté de façon relativement aisé.

Je passe sur des choses comme l'accessibilité aux matériaux critiques comme le tritium nécessaire à  l'initiation neutronique de la bombe, ou le béryllium. Il n'y a rien qui semble insurmontable.

Pour ce qui est du vecteur, ils ont encore des ingénieurs et techniciens chevronné spécialisés en technologie balistique capable de faire valoir leur savoir faire. Et jusqu'à récemment l'Ukraine était un fournisseur de composants critiques pour le programme spatial russe (ce qui a incité ces derniers à développer la fusée Angara pour rompre cette dépendance) sans compter ses efforts propres (quoique infructueux) sur le marché des lanceurs. Ont peut aussi les imaginer modifier des vecteurs occidentaux, du genre des missiles antinavires Harpoon, avec ou sans l'autorisation de leurs sponsors...

 

Bref, juste pour dire qu' en tant qu'héritière d'une grosse portion de la base industrielle et techniques de l'ex-Union Soviétique, et de son complexe militaro- industrielle, l'Ukraine n'est pas limité par un manque de savoir faire ou même de moyens.........par contre, la société, le gouvernement et les infrastructures ukrainiennes sont tellement perméables aux services russes ; qu'un programme d'armes nucléaires clandestin est probablement impossible à dissimuler à ces derniers. Au point que selon moi, une telle idée ne peut pas aller beaucoup plus loin que l'expérience de pensé.

Modifié il y a 2 heures par Shorr kan

[rendbo]

ouah : ça se touche depuis quelques pages...