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La crise financiere mondiale


Invité barbaros pacha
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Ensuite chancellerie et Élysée sont incomparables.

L’Allemagne est un pays fédéral, le pouvoir central a moins de pouvoir relativement aux länders, alors qu'en France, tout passe par Matignon et l’Élysée.

Autre élément : l’Élysée est un palais. Et c'est le premier lieu français de réception pour les chefs d'état étranger. C'est le super-ministère des affaires étrangères.

Suivant l'année de comparaison de ces chiffres, il ne faut pas non plus oublier que les fonds spéciaux étaient imputés sur le budget de l’Élysée et que maintenant cela a été basculé sur celui de Matignon.

Comparaison n'est pas raison.  ;)

Ah bon Merkel n'est pas la représentante politique de l'Allemagne à l'étranger, tu vas pas me citer leur président quand même ? Au niveau des voyages, la comparaison est super pertinente.

La comparaison n'est pas pertinente parce que l'approche aux dépenses publiques n'est pas la même au Nord et au Sud.

Au nord, l'argent publique reste l'argent des citoyens, au sud l'argent publique c'est la propriété privée des décideurs.

En Suède, certes un cas extrême de transparence , chaque ministère tient à disposition à l'accueil du bâtiment la copie des frais du ministre (données et copie de factures) consultable sur demande par n'importe qui. Il est vivement déconseillé au ministre d’utiliser son gsm de fonction pour ses appels privés et les journaux ont des chroniques sur les dépenses mensuelles des ministres (qui voyage où pour quel prix).

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Comparer avec la Suède, un pays qui compte 9 millions d'habitants, qui n'a aucun rôle au niveau mondial, qui n'a pas de départements d'outre mer, ni de zone d'influence africaine à gérer est peu pertinent. En plus ils on un roi qui descend du traître Bernadotte, alors... :-X

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Pendant ce temps là les choses ne s'arrange pas vraiment dans la crise de l'euro.

L'Espagne ne respectera pas le programme prévu.

Espagne: déficit revu en hausse, crise en vue avec l'UE, mise en garde pour 2013

Bruxelles (awp/afp) - Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a averti vendredi qu'il ne pourrait respecter ses engagements de réduction du déficit public au risque de provoquer une crise avec ses partenaires européens à l'issue d'un sommet marqué par la signature d'un pacte de discipline budgétaire.

"L'objectif de déficit public sera pour cette année de 5,8% du Produit intérieur brut", a-t-il annoncé au cours de sa conférence de presse, prenant tout le monde de court. Or l'objectif d'origine imposé était de 4,4% pour 2012.

Des responsables des institutions européennes ont averti qu'ils resteraient intransigeants sur le retour du déficit à 3% du PIB en 2013.

"Après, la manière dont cela va se répartir entre 2012 et 2013 a peu d'importance", a reconnu l'un d'eux. "Qu'il y ait un lissage entre 2012 et 2013, c'est tout à fait défendable, à condition qu'on garde le cap pour 2013", a-t-il insisté.

Mais "c'est un très mauvais signal, au moment où l'Europe s'engage à plus de discipline budgétaire", a confié à l'AFP le représentant d'un des 27 Etats de l'UE.

Mariano Rajoy n'a informé personne de son intention de briser le Pacte de discipline budgétaire quelques heures seulement après l'avoir signé avec 24 de ses homologues. Seuls les Britanniques et les Tchèques ne sont pas liés par ce traité.

"Je n'ai pas informé les présidents et les chefs de gouvernement parce que je n'ai pas à le faire. Il s'agit d'une décision souveraine que nous Espagnols, nous prenons", a-t-il soutenu au cours de sa conférence de presse.

Mariano Rajoy n'a manifestement pas supporté les humiliations infligées pendant les deux journées du sommet.

La fin de non recevoir à ses demandes de clémence sur l'objectif de déficit, du fait de la dégradation de la conjoncture, a en effet été abrupte. "On vient d'adopter de nouvelles règles (pour la discipline budgétaire), il n'est pas question de commencer à les assouplir", avait lancé le Premier ministre finlandais Jyrki Katainen, un des durs de la zone euro, lors du sommet qui s'est achevé vendredi.

"Il n'y a pas eu de débat sur un quelconque assouplissement", a pour sa part asséné le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

L'affichage de ses prétentions avant le sommet a en outre visiblement irrité ses partenaires car le projet de déclaration finale du sommet a été modifié dans un sens encore plus restrictif.

"Les Etats sous surveillance des marchés doivent se conformer aux objectifs budgétaires acceptés", indique le texte qui dit aussi qu'ils doivent "être prêts à adopter des mesures de consolidation supplémentaires si cela s'avère nécessaire".

Mariano Rajoy était visiblement tendu vendredi en paraphant le nouveau pacte européen sur la discipline budgétaire exigé par l'Allemagne, la Finlande et les Pays-Bas en contrepartie de leur soutien aux économies fragilisées par la crise de la dette souveraine comme l'Espagne.

Il a attendu et lancé sa bombe au cours de sa conférence de presse, après les interventions du président de l'UE Herman van Rompuy et de la Commission José Manuel Barroso.

Cette position est jugée inacceptable par la Commission. "Si on accepte un objectif de 5,8%, ils resteront à 6,2%", a commenté pour l'AFP un responsable de l'exécutif européen.

Les engagements d'origine souscrits par Madrid --ramener le déficit public à 4,4% du PIB cette année et à 3% en 2013-- étaient une mission quasi-impossible après un déficit public qui a explosé à 8,51% en 2011, estiment des économistes. Cela aurait signifié un effort supplémentaire de 29 milliards d'euros en 2012, à ajouter aux 15 milliards de l'ajustement adopté en décembre.

La conjoncture ne se prête pas à un effort d'une telle ampleur. Le gouvernement prévoit un recul du PIB de 1,7% en 2012 et un taux de chômage à 24,3%, le plus élevé de l'UE.

Aux petits arrangements avec les institutions, Mariano Rajoy a choisi vendredi d'avancer à découvert. "Nous sommes très tranquilles, parce que nous avons pris une décision sensée et raisonnable", a-t-il affirmé.

(AWP / 02.03.2012 17h29)

L'Irlande brandit le levier du référendum pour l'adoption du pacte de discipline budgétaire ...

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Même les Pays-Bas sont dans la mouise... Le "modèle des Polders" a toujours été doué dans l'art de bidouiller ses chiffres mais je ne m'attendais pas à ça pour autant.

Déficit : les Pays-Bas, anciens élèves modèles, contraints de se serrer la ceinture

Le gouvernement des Pays-Bas a été fermement invité par la Commission européenne à respecter son objectif de réduction du déficit. Dans une fable de La Fontaine, les Pays-Bas seraient la cigale, qui, ayant chanté tout l'été, se retrouve fort dépourvue... lorsque le déficit gonfle. Prompts à se présenter en parangon de vertu budgétaire, les Pays-Bas se retrouvent à leur tour contraints de faire de nouvelles économies en raison de la détérioration plus importante que prévu de la conjoncture et des pressions de Bruxelles.

Les cartes sont donc rebattues pour les Néerlandais sur la scène européenne. La Commission européenne a invité fermement jeudi le gouvernement du libéral Mark Rutte à respecter son engagement en la matière malgré la publication le même jour par le Bureau central du Plan néerlandais de prévisions économiques revues à la baisse pour le pays.

4,5% de déficit public prévus en 2012

L'institut s'attend dorénavant à une contraction du Produit intérieur brut (PIB) cette année de 0,75%, contre un repli de 0,5% escompté encore en décembre.

Du coup, à politique inchangée, le déficit public devrait s'élever à 4,5% du PIB cette année mais surtout dépasser encore l'an prochain la limite européenne de 3%, ainsi qu'en 2014 (4,1%) et en 2015 (3,3%), selon le Bureau du Plan.

"Nous pensons que les Pays-Bas sont un pays qui s'est fait beaucoup entendre lorqu'il s'est agi de renforcer nos règles de surveillance budgétaire" dans la zone euro au cours des derniers mois, "il est donc normal de penser que les Pays-Bas vont appliquer la même approche à leur propre politique", a déclaré le porte-parole de la Commission pour les questions économiques, Amadeu Altafaj. Une douche froide pour M. Rutte qui s'est jusqu'ici engagé à ramener le déficit l'an prochain dans les clous européens, donc à pas plus de 3%.

De nouvelles mesures de rigueur en préparation

Et ce d'autant que les Pays-Bas ne se sont pas privés depuis deux ans de donner des leçons aux pays de la zone euro dont les déficits ont dérapé, la Grèce en premier lieu, et de faire preuve d'une extrême fermeté à leur égard, n'hésitant pas à envisager une sortie de ce pays de la zone euro.

Dès la semaine prochaine, les partis de gouvernement et le PVV, le parti d'extrême droite qui le soutient de l'extérieur, vont se réunir pour définir les mesures budgétaires correctrices, a annoncé à Bruxelles le ministre néerlandais des Finances Jan Kees de Jager. "Les règles européennes laissent une marge, mais elle n'est pas grande", a-t-il déclaré. "Les règles budgétaires sont strictes, mais ne prescrivent pas des chiffres précis dans tous les cas", a-t-il ajouté, tout en indiquant que "des mesures supplémentaires seront nécessaires".

Mais pas question d'avoir l'air de se plier aux exigences de l'Union européenne. Les Pays-Bas effectueront des coupes budgétaires "pas parce que (le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli) Rehn le veut", mais parce que La Haye trouve cela "important", s'est défendu pour sa part M. Rutte. Cette discipline budgétaire représente une "chance pour créer des emplois et pour avancer économiquement", a-t-il ajouté. Mais il risque d'avoir fort à faire pour convaincre le PVV de Geert Wilders."

Source: latribune.fr

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Même les Pays-Bas sont dans la mouise...

Très bien.  =)

:-[ euh ... dans le sens : plus on est nombreux sur le radeau perdu sur l'océan, plus on a de bras pour pagailler vers une nouvelle terre ...  :lol:

De toute façon, ce qu'il ne faut surtout pas, c'est être dans la mouise tout seul. Là, les requins s'occupent facilement de vous. Les grecs en savent quelque chose ...

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Chômage, dette, récession... Le cocktail perdant de l'Espagne en 2012

Le gouvernement espagnol a fait un bilan sans appel, ce vendredi, de la situation économique du pays. Recul du PIB de 1,7% en 2012 et chômage à 24,3% figurent dans les prévisions du gouvernement, sortant l'Espagne du chemin balisé par l'Union européenne.

Tous les indicateurs sont dans le rouge. Le gouvernement espagnol prévoit un recul du PIB de 1,7% en 2012, a annoncé vendredi la porte-parole du gouvernement Soraya Saenz de Santamaria, alors que le pays s'appête à entrer en récession. Le PIB espagnol était en effet recul de 0,3% au quatrième trimestre et "cette tendance va se maintenir durant encore deux trimestres", a précisé le ministre de l'Economie Luis de Guindos. Le gouvernement entend se fixer "un cadre macroéconomique qui part d'une prévision de croissance négative de 1,7%", a affirmé Soraya Saenz de Santamaria. Un chiffre qui va au-delà de la prévision de la banque centrale espagnole qui tablait sur un recul de l'activité de 1,5%, n'espérant qu'une "modeste reprise" en 2013.

Un taux de chômage qui n'en finit plus de grimper

Le déficit public espagnol va nettement dépasser l'objectif prévu en 2012 et atteindre 5,8% du PIB, avait averti peu auparavant, à l'issue d'un sommet européen à Bruxelles, le chef du gouvernement, Mariano Rajoy.  Problème: ces résultats ne permettent pas à Madrid de respecter ses engagements auprès de la Commission européenne. L'Espagne souffre en outre d'un chômage de masse -le plus élevé d'Europe- avec près de 23% de la population active qui est sans emploi. Et de ce côté là non plus, les choses n'iront pas en s'arrangeant puisque le gouvernement ibère prévoit un taux de chômage de 24,3% en 2012.

http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20120302trib000686003/chomage-dette-recession-le-cocktail-perdant-de-l-espagne-en-2012.html

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Mettre un mot sur un problème, c'est déjà commencer à apporter une solution", le site Fortune publie un long article pour savoir qui sont les économistes qui peuplent les médias:

Éditoriaux, matinales radiophoniques, plateaux de télévision : en pleine campagne présidentielle, une poignée d’économistes quadrillent l’espace médiatique et bornent celui des possibles. Présentés comme universitaires, ils incarneraient la rigueur technique au cœur de la mêlée idéologique. Mais leurs diagnostics seraient-ils aussi crédibles si ces « experts » rendaient publiques leurs autres activités ?

Cette fois, la controverse concerne la collusion entre économistes et institutions financières. Nombre d’universitaires invités par les médias pour éclairer le débat public, mais aussi de chercheurs appointés comme conseillers par les gouvernements, sont en effet rétribués par des banques ou de grandes entreprises. Un expert peut-il, « en toute indépendance », prôner la dérégulation financière quand il occupe simultanément un poste d’administrateur d’un fonds d’investissement ?

Ces liaisons dangereuses, sources de conflits d’intérêts, ne sont pas secrètes. Mais leurs bénéficiaires se gardent bien d’en faire la publicité. Avant le cataclysme de 2008, chacun s’accommodait de l’équivoque : les journalistes exhibaient leurs experts censément neutres, lesquels empochaient les dividendes de leur ubiquité sous forme de notoriété accrue et d’espèces sonnantes et trébuchantes.

Mais, depuis 2008, les accointances des économistes ne passent plus inaperçues. L’effet Dracula aura-t-il raison de cette forme intellectuelle de prévarication ? Suffira-t-il de la rendre publique pour la vaincre ? Tel est le pari de la prestigieuse Association américaine d’économie (American Economic Association, AEA).

Depuis le début de 2012, les articles publiés dans les revues scientifiques membres de l’association sont tenus de dévoiler les éventuels conflits d’intérêts impliquant les auteurs. Les économistes devront ainsi mentionner « les “parties intéressées” (1) leur ayant versé une rémunération financière importante, c’est-à-dire d’un montant total supérieur ou égal à 10000 dollars [environ 7600 euros], au cours des trois dernières années » (communiqué du 5 janvier 2012). La mesure s’appliquera également aux sommes perçues par les « proches ». A la tête de certaines des plus prestigieuses revues de la discipline, la vénérable AEA –elle s’apprête à fêter son cent trentième anniversaire– n’est guère sujette aux tocades. Sa décision a frappé les esprits.

Après le succès du documentaire de Charles Ferguson Inside Job, l’irritation était devenue palpable. Les émoluments de certains proches conseillers du président Barack Obama impliqués dans la libéralisation du secteur bancaire avaient soulevé des interrogations dans l’opinion publique. Ainsi de M. Lawrence Summers, directeur du Conseil économique national (National Economic Council, NEC) et rémunéré 5,2 millions de dollars, entre 2008 et 2009, par le fonds spéculatif D. E. Shaw, et jusqu’à 135000 dollars pour ses conférences, le plus souvent organisées par des sociétés financières –sans compter ses piges (plantureuses) au Financial Times. La colère grondait également dans les rangs de la profession.

Au cours de l’année 2011, nous explique George DeMartino, de l’université de Denver, « une série d’études scientifiques ont démontré que les conflits d’intérêts constituaient la règle plutôt que l’exception ». Le 3 janvier 2011, à l’initiative des professeurs Gerald Epstein et Jessica Carrick-Hagenbarth, une lettre ouverte tirait la sonnette d’alarme, appelant l’AEA à réagir. Elle fut signée par plus de trois cents économistes, dont George Akerlof, lauréat du prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, et Christina Romer, ancienne conseillère du président Obama. Douze mois plus tard, ils étaient entendus.

Mais l’écho de ce sursaut éthique peine à traverser l’Atlantique (2)… Dans Le Monde du 1er février, l’économiste Olivier Pastré tempête contre les projets visant à sortir de la monnaie unique européenne. Il se fixe une mission : « Expliquer aux Français les plus fragiles et les plus soumis à la désinformation quels sont les risques d’un abandon de l’euro (3). » Le quotidien du soir présente l’auteur comme « professeur d’économie à l’université Paris VIII ». Or Pastré préside aussi la banque tunisienne IMBank. Et siège aux conseils d’administration de la banque du Crédit municipal de Paris (CMP Banque), de l’Association des directeurs de banque, ainsi qu’à l’Institut Europlace de finance. C’est pourtant le « professeur à l’université » qui intervient chaque samedi matin dans l’émission de France Culture « L’Économie en questions », dont il est coproducteur.

« Voilà un exemple parfait du type de situation qui nous a conduits à réagir », commente le professeur Michael Woodford, membre du comité directeur de l’AEA, lorsqu’on lui soumet ce cas. L’association exhorte en effet « l’ensemble des économistes à appliquer les mêmes principes à toutes les publications : journaux académiques, éditoriaux, articles de presse, commentaires diffusés à la radio ou à la télévision ».

« En l’occurrence, reprend Woodford, il me semble que les lecteurs ont le droit de savoir si l’expert en question défend une analyse ou les intérêts de l’institution pour laquelle il travaille. » Pastré assurait, dans son article du 1er février, que, dans l’hypothèse d’une sortie de l’euro, les banques « verraient le coût de leur endettement à court terme et à long terme exploser », s’alarmant d’une éventuelle « baisse de leur rentabilité ».

Pour Patrick Artus, responsable de la recherche économique pour la banque Natixis et administrateur de Total, la thèse défendue par Woodford « a du sens aux États-Unis et au Royaume-Uni. Mais je ne crois vraiment pas qu’elle puisse s’appliquer à la zone euro », car « le nombre d’économistes liés à la finance y est très faible par rapport au monde anglosaxon (4) ». Un petit groupe, peut-être… mais très représenté parmi les experts médiatiques.

3 novembre 2011. La matinale de France Inter analyse les enjeux du G20 qui va se tenir à Cannes. Qui invite t-elle ? « Jean-Hervé Lorenzi, le président du Cercle des économistes. » Rarement présentée, cette association rassemble Jean-Paul Betbèze (chef économiste au Crédit agricole), Laurence Boone (chef économiste chez Merrill Lynch), Anton Brender (chef économiste de Dexia Asset Management), Artus, Pastré, etc. Quelques jours plus tard, sur la même radio publique, l’émission « Le téléphone sonne » « tire les leçons » de la réunion. Au micro, « Jean-Hervé Lorenzi, le président du Cercle des économistes ».

C’est également à ce titre que Lorenzi, par ailleurs conseiller du candidat socialiste à la présidentielle François Hollande, analyse le marché immobilier dans Les Echos, la chute des Bourses sur Europe 1 ou le « fabuleux destin de la France » sur RTL (5). Pourtant, cette carte de visite omet certains détails. Lorenzi siège aux conseils d’administration de PagesJaunes, d’Associés en finance, de l’Association française des opérateurs mobiles (AFOM), de BNP Paribas Assurance. Il est par ailleurs censeur d’Euler Hermes, membre des conseils de surveillance de la Compagnie financière Saint-Honoré, de BVA, du Groupe Ginger et conseiller du directoire de la Compagnie financière Edmond de Rothschild Banque.

Christian Saint-Étienne, lui, s’affiche comme professeur au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) sur France 24 et comme économiste et analyste politique dans les colonnes du Point. Jamais comme conseiller scientifique du Conseil stratégique européen, un cabinet de conseil en gestion de patrimoine. Elie Cohen, lui aussi conseiller de M. Hollande, est « directeur de recherche » au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et professeur à Sciences Po sur France Inter ou dans Le Figaro.

Jamais membre du conseil d’administration des entreprises PagesJaunes ou EDF Energies nouvelles. Jacques Mistral ? Économiste dans les colonnes du Monde et sur France Culture, ou directeur des études économiques à l’Institut français des relations internationales (IFRI) dans l’émission « C dans l’air » (France 5). Pas administrateur de BNP Paribas Assurance. Daniel Cohen, conseiller de Mme Martine Aubry, se montre plus discret sur son titre de senior adviser de la banque Lazard –qui conseille par exemple le gouvernement grec sur la renégociation de sa dette– que lorsqu’il s’agit de rappeler sa qualité de professeur de sciences économiques à l’École normale supérieure et à l’université Paris-I.

Jetons de présence aux conseils d’administration de grandes sociétés (35000 euros par mandat, en moyenne, pour les sociétés du CAC 40 et la moitié pour les autres sociétés cotées, selon les chiffres de l’Institut français des administrateurs [iFA]), conférences privées (que Lorenzi, par exemple, facture 6600 euros), rédaction de rapports rémunérés… Tout comme leurs collègues américains, les économistes hexagonaux « disposent d’innombrables moyens de gagner beaucoup, beaucoup d’argent, observe DeMartino. Ils savent pourtant mieux que d’autres que rien n’est gratuit, que tout bénéfice implique un coût. Et le coût, ici, c’est la perte d’indépendance. »

« Je trouve que cela a un parfum d’années 1930, proteste Lorenzi. La question est de savoir si la manière dont vous gagnez votre vie influence votre jugement. Et cela n’est pas le cas. » Après tout, pourrait-on arguer, 2 + 2 = 4, que l’on écrive pour le compte d’une université ou pour celui d’une banque. « Sans aucun doute, répond Woodford dans un sourire. Mais la plupart des questions auxquelles sont confrontés les économistes relèvent de jugements plus subtils. Et il ne faut pas se leurrer : nos débats ont un impact direct sur certains intérêts privés. »

Faudrait-il en conclure, avec la professeure Deirdre McCloskey, de l’université de l’Illinois, qu’il arrive que « des économistes se comportent comme des avocats, défendant tel ou tel point de vue, indépendamment des faits (6) » ? Ou –pour le dire autrement– que, intéressés au résultat, ils tentent parfois de convaincre que 2 + 2 = 5 ?

Réalisateur du documentaire Inside Job, Ferguson a rencontré l’économiste Frederic Mishkin, de la Columbia Business School : Ferguson. –En 2006, vous avez coécrit une étude du système financier islandais : « C’est un pays évolué doté d’excellentes institutions. Peu de corruption, État de droit, économie convertie à la libéralisation financière. Réglementation et surveillance prudentielles de qualité. »

Mishkin. –Là était l’erreur [en 2008, l’économie islandaise s’efondrait, NDLR]. Il est apparu que la réglementation et la surveillance prudentielles n’étaient pas satisfaisantes.

– Qu’est-ce qui vous a fait croire le contraire ?

– On s’en remet aux informations dont on dispose. Et l’opinion générale voulait que l’Islande ait d’excellentes institutions et soit très évoluée.

– Qui vous l’avait dit ? Quelles recherches aviez-vous réalisées ?

– On parle à des gens, on se fie à la banque centrale qui, finalement, n’a pas été à la hauteur.

– Pourquoi vous être fié à la banque centrale ?

– On s’en remet aux informations qu’on a.

– Ça vous a rapporté combien ?

– J’ai été payé… Le montant est public.

Mishkin a reçu 124000 dollars [environ 95000 euros] de la chambre de commerce islandaise pour rédiger son étude.

– Sur votre CV, le titre du rapport « Stabilité financière en Islande » a été changé en « Instabilité financière en Islande »…

– Oh… J’ignore pourquoi, mais… Il y a peut-être une coquille.

Avocat dévoué à son client ou scientifique dans l’erreur, la différence s’avère parfois ténue. Or, remarque DeMartino, « les économistes jouissent d’un privilège que ne connaissent pas d’autres professions : on ne leur demande jamais de rendre des comptes de leurs bévues ». Ils en commettent pourtant.

Le 17 août 2007, la crise des subprime vient de débuter outre-Atlantique. Elie Cohen en annonce déjà la fin : « Dans quelques semaines, assure-t-il, le marché se reformera et les affaires reprendront comme auparavant » (Lemonde.fr). Six mois plus tard, sur Direct 8, Alain Minc, banquier d’afaires et conseiller de M. Nicolas Sarkozy, s’enthousiasme pour « l’incroyable plasticité du système » : « On nous aurait dit qu’[il] serait régulé avec un doigté tel qu’on éviterait une crise, qui aurait pu être quand même de l’ampleur des très grandes crises financières qu’on a connues dans le passé ! C’est tout de même un univers au fond très résilient. » Verdict ? « L’économie mondiale est plutôt bien gérée » (8 janvier) (7)

La même année, Lorenzi annonce que « [sa] conviction est faite » : « Le diagnostic des banques centrales a été rapide, juste et suivi d’effet. Dans une crise du marché interbancaire, elles ont su avec talent esquiver la catastrophe ; en l’occurrence, elles ont évité aux États-Unis la faillite des banques hypothécaires et permis à de grands établissements bancaires en véritable danger de réintégrer, sans risque de liquidité, une partie de leurs produits titrisés (8). »

A peine ces propos imprimés, la banque Lehman Brothers sombrait, entraînant avec elle une partie du système financier mondial. Quant à Artus, rédacteur graphomane de Flash Economie chez Natixis (cinq articles par jour en moyenne), il claironnait dans Challenges, le 28 août 2008 –deux semaines avant le krach : « L’affaire des subprime est dans le rétroviseur. » Plus tard, il tempêtera contre l’idée que les banques paient plus d’impôts et continuent à financer des économies fragilisées par la crise. « On ne peut pas tout demander aux banques », titre l’employé de Natixis dans son Flash Économie du 18 août 2011.

On pourrait s’interroger sur le rapport entre de telles erreurs de jugement et les rémunérations que perçoivent leurs auteurs. Ou exiger, avec Epstein, de rendre les économistes « responsables devant leurs collègues, la presse, leurs étudiants, les citoyens (9) ». Mais faut-il feindre de s’étonner qu’un banquier défende les intérêts des banquiers ? Or c’est bien en ces termes que Lorenzi, par exemple, envisage son activité : « Je suis ce qu’on appelle un senior banker, expliquait-il récemment. J’essaie, d’une manière générale, de développer les affaires correspondant aux différentes activités de la Compagnie financière Edmond de Rothschild (10). »

Pastré et lui ont-ils une telle mission à l’esprit lorsque, dans leur livre Droite contre gauche ? Les grands dossiers qui feront l’élection présidentielle (Fayard), paru en 2012, ils enjoignent à leurs lecteurs de « renoncer aux illusions sur l’État protecteur », de « faire enfin le pari audacieux en faveur du marché » et, surtout, d’éviter de « porter des jugements trop hâtifs » sur l’industrie bancaire ?

« A terme, redoutait en novembre 2011 M. Jean-Pierre Jouyet, président de l’Autorité des marchés financiers (AMF) et ancien secrétaire d’État chargé des affaires européennes de M. Sarkozy, les citoyens se révolteront contre la dictature de fait [des marchés] (11). » Mais les « marchés » n’exercent-ils pas déjà leur ascendant jusqu’au sein de l’AMF, censée les réguler ? Car qui conseille l’autorité que préside M. Jouyet ? Les mêmes : Olivier Davanne (cogérant de Groupama Risk Premium), Olivier Garnier (directeur adjoint de la Société générale), Ruben Lee (président-directeur général d’Oxford Finance Group), Artus, Pastré, etc.

Retour aux États-Unis, où Ferguson interroge M. John Campbell, directeur du département d’économie à Harvard :

Ferguson. – Un chercheur en médecine écrit un article qui dit : « Pour soigner cette maladie, il faut prescrire tel médicament. » Il s’avère que ce médecin reçoit 80 % de ses revenus du fabricant de ce médicament. Ça ne vous dérange pas ?

Campbell. – Je pense qu’il est, bien sûr, important de révéler… les, euh… euh… C’est un peu différent des cas que nous évoquons ici, car… euh…

La pertinence de l’analogie ne saute pas non plus aux yeux de Mme Barbara Frugier, adjointe à la directrice de la communication de l’AMF. « Écoutez, je ne connais pas l’industrie pharmaceutique », interrompt-elle. Avant de poursuivre : « Je ne vois pas trop où vous voulez en venir, en fait. C’est normal, à mon avis, qu’on se renseigne auprès de ceux qui ont l’expertise. » Pourtant, selon le site de l’autorité, le collège –chargé, entre autres, d’arrêter le budget de l’institution et de fixer les règlements intérieur et général– est, contrairement au conseil scientfique, « soumis à des règles déontologiques et de prévention des conflits d’intérêts ».

Lorsqu’il a été promu du second cénacle au premier, en juin 2011, l’économiste Christian de Boissieu, par ailleurs président du Conseil d’analyse économique (CAE), a donc été invité à quitter ses fonctions de conseiller du fonds spéculatif HDF Finance, d’Ernst & Young ainsi que son siège au comité d’audit de la banque Neuflize OBC, dont il demeure membre du conseil de surveillance. « En attendant de quitter ce conseil très prochainement, explique-t-il, je me déporte (je sors de la salle et je ne participe aucunement aux délibérations) lorsqu’il est question à l’AMF, directement ou indirectement, de cette banque. »

Louables, les dispositions de l’AMF et de Boissieu ne constituent-elles pas une réprobation implicite envers ceux qui n’en prendraient pas de similaires ? A commencer, par exemple, par les médias. Journaliste à France Info, Jean Leymarie a reçu Lorenzi les 16 décembre 2009, 24 novembre 2010 et 29 juin 2011. Connaît-il les fonctions de son invité au sein de la société Rothschild ? « Oui, bien sûr ! » Et pourtant, il ne les évoque pas à l’antenne ? « Nos auditeurs ne sont pas idiots. Ils savent bien. » Mais comment le sauraient-ils, puisque ses confrères adoptent généralement la même conduite, alors même qu’ils n’ignorent rien des multiples casquettes de leurs invités ?

C’est en connaissance de cause que Jean-Marc Sylvestre invite Lorenzi pour évoquer les dangers d’une plus forte réglementation du secteur bancaire, sur LCI (24 avril 2010) ; qu’Yves Calvi donne la parole à Michel Godet et à Saint-Étienne pour expliquer l’inéluctabilité des politiques de rigueur, dans son émission « C dans l’air », sur France 5 (9 novembre 2011) ; ou que le Financial Times ouvre ses colonnes à Summers pour tirer les conséquences de la « crise du capitalisme » (8 janvier 2012). Est-il besoin d’écouter attentivement les réponses quand on pose de telles questions à de tels invités ?

L’information des Français ne souffrirait peut-être pas d’une amputation trop sévère si la presse consacrait davantage d’espace –quelques lignes, quelques secondes d’antenne– à une présentation complète de ses experts : « Ce serait d’ailleurs tellement simple que je m’étonne que ce ne soit pas déjà le cas », nous répond l’économiste Hubert Kempf, président de l’Association française de science économique (AFSE), réputée « orthodoxe ». Son organisation entend-elle interpeller ses membres sur la question des conflits d’intérêts ? « Nous organiserons peut-être une table ronde lors de notre prochain congrès », en juillet 2012. Et du côté de l’Association française d’économie politique (AFEP), créée il y a deux ans pour promouvoir davantage de pluralisme au sein de la profession ? « Pas encore formellement, même si la question fait a priori consensus ici », nous indique Nicolas Postel, secrétaire de l’association. « Mais, ajoute-t-il, considérer que le problème se limiterait à la question des conflits d’intérêts constitue, à mon sens, une erreur. »

Autre cas de figure. Dans son édition du 14 février 2012, Le Monde publie, à la rubrique « International », une analyse de la crise grecque. La journaliste Claire Gatinois y cite divers économistes, tous directement liés au monde de la finance. Or pas de conflits d’intérêts ici : les fonctions sont clairement identifiées. Christopher Probyn ? « Chef économiste chez State Street, groupe financier basé à Boston » (cité trois fois). Natacha Valla ? « Économiste chez Goldman Sachs » (citée trois fois). Jésus Castillo ? « Économiste chez Natixis. » Sans compter « les experts d’UBS ». Sans doute estime-t-elle que les « économistes de banque » sont les mieux placés pour analyser une crise comme celle qui secoue la Grèce.

« Pourquoi le seraient-ils ?, objecte Postel. Sur un sujet comme celui-là, on n’attend pas des médias un déroulé très technique de mécanismes financiers obscurs, mais une interrogation fondamentale sur le statut de la dette du pays : est-elle légitime ? D’où vient-elle ? Et, sur ce plan, les économistes de banque ne sont pas nécessairement les plus compétents. »

Peut-on imaginer un économiste de Goldman Sachs affirmant que la crise grecque découle avant tout d’une dette illégitime qu’il ne faudrait pas payer ? « Non, admet Gatinois, cela me semble assez peu vraisemblable. » « Pour cet article, explique-t-elle, j’ai pensé qu’il était intéressant d’interroger des économistes de banque, plutôt libéraux, pour montrer qu’eux aussi s’inquiètent de la situation grecque. » Il s’agissait en somme de présenter, une fois n’est pas coutume, le point de vue libéral.

+++

Ce genre de réflexe professionnel semble davantage assaillir la grande presse que l’idée d’interroger, par exemple, des représentants syndicaux –lesquels sont au moins aussi informés des mécanismes et des conséquences du drame social en cours que les économistes libéraux. Au mois d’octobre 2011, par exemple, Gatinois a donné la parole à quarante économistes, groupes d’économistes ou assimilables. Vingt-neuf travaillaient directement pour des banques ou des institutions financières. Trois s’exprimaient au nom de syndicats.

Entre le 1er septembre 2008 et le 31 décembre 2011, Le Monde a cité Artus –responsable de la recherche pour la banque Natixis– dans cent quarante-sept articles (il a également signé quatre tribunes ). Plus souvent que Jacques Attali (cent trente-deux articles) et que Minc (cent dix-huit). Et beaucoup plus que Jean Gadrey (cinq articles sur les questions économiques) et Frédéric Lordon (quatre) (12). Des proportions similaires à celle que l’on observerait dans les quotidiens Libération ou Le Figaro, ainsi que dans la plupart des magazines.

Dans ces conditions, la transparence peut-elle suffire à infléchir la tendance naturelle des professionnels de la finance à défendre… les intérêts de la finance ?

Notes:

(1) Les « parties intéressées » sont définies comme « tout individu, groupe ou organisation concerné, financièrement, idéologiquement ou politiquement par le contenu de l’article ».

(2) L’économiste Jean Gadrey a exposé les données du problème dans son texte « Les liaisons dangereuses », 21 septembre 2009, http://alternatives-economiques.fr/…. Notre enquête a bénéficié de ses conseils ainsi que du travail réalisé par François Ruffin dans le cadre de l’émission « Là-bas si j’y suis » consacrée aux « économistes de garde » (France Inter, 2 et 3 janvier 2012).

(3) Olivier Pastré, « La sortie de l’euro, un suicide », Le Monde, 1er février 2012.

(4) Patrick Artus, « Si les économistes ont sousestimé la crise, ce n’est pas par complicité avec les financiers », Le Monde, 10 septembre 2009.

(5) Respectivement 3 octobre, 19 août et 3 avril 2011.

(6) Cité par Ben Casselman dans « Economists set rules on ethics », The Wall Street Journal, New York, 9 janvier 2012.

(7) Cité par Gilles Balbastre et Yannick Kergoat dans le documentaire Les Nouveaux Chiens de garde, JEM Productions, 2012.

(8) Jean-Hervé Lorenzi, « Qui va payer ? », numéro hors-série « Crise financière : analyses et propositions », Revue d’économie financière, Paris, 2008, p. 468.

(9) The Wall Street Journal, op. cit.

(10) Investisseurs(magazine d’entreprise de la société Rothschild), no 4, décembre 2011, p. 16-17.

(11) Entretien au Journal du dimanche, Paris, 12 novembre 2011.

(12) Comptages effectués par Thomas Vescovi.

Le Monde Diplomatique

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Top départ pour la construction d'un centre d'affaires franco-chinois à Illange, en Lorraine. Avec à la clé 3 000 emplois... la belle affaire ! Sauf que SuperNo n'est pas dupe. D'abord parce que tout cela ne compensera pas les emplois perdus à cause des délocalisations précédentes. Et aussi parce que viennent commercialiser leurs produits et non des produits français...

Grosse surprise hier à l’annonce d’un é-nor-me projet en Moselle : un « pôle d’affaires » franco-chinois (ou sino-français, si on préfère) qui prendra la place d’une zone verte à Illange, près de Thionville en Moselle. On parle de 3 000 emplois.

Le projet a été annoncé triomphalement par Patrick Weiten, président du Conseil Général de Moselle, et si j’ai bien tout compris « apparenté UMP ».

Bien évidemment, l’annonce a été quasi-unanimement saluée. Dès qu’il s’agit d’emplois, tout sens critique tombe. Et tout particulièrement dans une région de ce point de vue complètement sinistrée, dont l’économie ne survit que sous perfusion de l’économie du Luxembourg tout proche (100 000 lorrains, dont votre esclave, traversent ici la frontière tous les jours). Et puisque la fermeture probable du dernier haut-fourneau Lorrain à Florange, à quelques kilomètres de là, fait en ce moment l’actualité, l’enthousiasme est obligatoire.

Selon une image que j’ai déjà servie plusieurs fois, les emplois concerneraient un abattoir de petits enfants qu’ils trouveraient le moyen de se réjouir quand même…

Bon, je ne sais pas vous, mais quand un type de l’UMP, même seulement apparenté, se réjouit, tous les clignotants s’allument. Et le fait que le monteur de l’affaire soit l’ancien maire « socialiste » d’Agde, devenu avocat d’affaires, ne me rassure pas vraiment.

Bétonnage et exil luxembourgeois

On a bien connu en Lorraine il y a quelques années les implantations asiatiques annoncées à grand coup de clairon (notamment par le sinistre Longuet) de sociétés qui ont pompé jusqu’au dernier centime d’argent public avant de s’envoler pour des cieux plus cléments, laissant des Lorrains dans la merde et dégoûtés. Daewoo, JVC, Panasonic…

Personnellement, ça ne me fait pas plaisir de voir une zone de verdure irrémédiablement bétonnée. D’ici quelques années, toute la bande entre Nancy et Luxembourg, le long de l’A31, ne sera plus qu’une immense zone bétonnée, une agglomération hideuse alternant échangeurs, zones industrielles et zones commerciales…

Autre point noir : la zone se trouve sur le trajet des frontaliers qui se rendent au Luxembourg. Cette zone est déjà très encombrée, et on y compte de nombreux accidents. Il y a fort à parier que le bouchon quasi total matin et soir entre Thionville et Luxembourg va donc s’allonger de plusieurs kilomètres, au moins jusqu’à la patte d’oie entre A31 et A30.

Mieux, le fameux pont de Richemont, qui est dégradé par le passage à flux continu (et grossissant) de millions de poids lourds de toute l’Europe, va en encaisser encore davantage. Tous les frontaliers ont en mémoire la coupure de ce pont pour travaux il y a quelques années, qui avait entraîné pendant plusieurs mois un allongement d’une bonne demi-heure du temps de trajet vers le Luxembourg.

Un régime fiscal plus avantageux

Mais tout cela n’est que roulette de Samsonite, ronchonnement de blogueur en mal d’inspiration. Relisons plutôt le communiqué de presse  :

« Quelque 2 000 entreprises technologiques chinoises s’implanteront d’ici 2014 à Illange (Moselle) sur un pôle d’affaires, où elles devraient créer 3 000 emplois en partenariat avec des sociétés européennes, a annoncé lundi le président (DVD) du conseil général de la Moselle, Patrick Weitten »

J’ai bien lu, il s’agit de 2 000 entreprises chinoises ! Et ces entreprises viennent s’exposer en France. Pour quelle raison, à votre avis ?

Réfléchissez un peu… Pourquoi les garagistes construisent-ils des show rooms ? Pour acheter des pièces détachées ? Ben non, évidemment : pour vendre ! Si Peugeot veut vendre des bagnoles en Chine, il construit un espace pour montrer ses bagnoles en Chine, pas à Illange…

D’ailleurs c’est écrit un peu plus bas. “La construction des 230 000 m2 du centre doit débuter à l’automne pour offrir aux entreprises chinoises les infrastructures nécessaires à leur marketing et à leurs gestions financière, administrative et comptable ainsi que leur service après-vente »…

Lapalisse n’aurait pas dit mieux, mais le marketing et le SAV sont des préoccupations de vendeurs, pas d’acheteurs…

Le magnifique projet créateur de 3 000 emplois ne serait-il pas une version moderne du cheval de Troie ? Les 3000 emplois ne seraient-ils pas la bien maigre contrepartie de nouvelles délocalisations massives ?

Encore une dernière chose. Le financement du projet est assuré par une société… luxembourgeoise ! Certes le Luxembourg n’est distant que d’une vingtaine de kilomètres, mais on peut légitimement s’étonner, non ? Le pognon est rassemblé par un fonds d’investissement (les zinvestisseurs seraient paraît-il européens et non chinois, mais vous pourrez toujours vous brosser pour connaître les véritables bénéficiaires économiques…) dans ce que les spécialistes appellent un « véhicule d’investissement ». Une SICAR, ça s’appelle. Fiscalement, c’est évidemment très intéressant. Voilà ce qu’en dit une fiduciaire du cru :

“Les apports en capital faits aux SICAR ne sont pas soumis au régime général du droit d’apport proportionnel de 0,5% (à partir du 1/01/2008) mais à un droit fixe de 1 250 EUR.

La SICAR constituée sous forme de société de capitaux est exemptée d’impôt sur la Fortune.

Par contre, elle est totalement soumise à l’impôt des sociétés sur le revenu et l’impôt commercial communal. Toutefois, la SICAR est exonérée d’impôt sur les revenus provenant des valeurs mobilières précitées ainsi que pour les revenus provenant des cessions, d’apports ou de liquidation de ces actifs (y compris les fonds qui sont en attente d’être placés en capital à risque — maximum de 12 mois) . Il en résulte donc une base imposable minimale pour les SICAR. A noter que les moins-values sur valeurs mobilières ne sont pas déductibles.

Les distributions de dividendes aux investisseurs sont totalement exemptées de retenue à la source au Luxembourg (qu’elles soient résidentes ou non résidentes, personnes physiques ou personnes morales, résidentes dans un pays de l’U.E. ou non, avec ou sans convention fiscale).

La SICAR est exempte d’Impôt sur la Fortune.

La SICAR, en tant que société imposable, est admise au bénéfice de la directive Mère Filiale, de la Directive Intérêts-royalties (Directive 2003/49/CE) et au bénéfice des conventions préventives de double imposition.

A noter, qu’aucune retenue à la source n’est due sur les intérêts et royalties versés à des tiers.”

Un fiscaliste nous expliquerait ça mieux que moi, mais il n’y a pas besoin d’être un grand juriste pour comprendre qu’il s’agit d’un régime fiscal plus avantageux que celui promis par Flanby aux millionnaires… Et que ce machin risque davantage de détruire des milliers d’emplois industriels que de rapporter un fifrelin à l’Etat…

On va encore m’objecter que je suis un Cassandre, qu’on ne connaît pas encore suffisamment les détails pour juger définitivement. C’est vrai. On me dira que rien n’est tout blanc, ni tout noir (tout jaune, en l’occurrence), que c’est sûrement un accord win-win entre la France et la Chine...

Mais outre l’indispensable sens critique dont il faut systématiquement faire preuve — ce que la plupart oublient systématiquement avant de s’étonner, mais un peu tard, qu’ils se sont fait enfumer —, je me demande comment dans les conditions actuelles on peut prétendre faire des affaires profitables avec la Chine. Avec une différence de salaire qui reste abyssale, un code du travail et des « prestations sociales » inexistantes, une monnaie artificiellement basse et des accords de libre échange qui sont dans ces conditions absolument délirants, comment peut-on croire au final que le salarié français puisse avoir une chance ?

Alors qu’une poignée d’affairistes européens s’en mette plein les fouilles, c’est possible. Que cela crée des zemplois locaux, on peut y croire (encore que j’aimerais bien pouvoir compter les 3 000…). Mais à l’heure où tous les politiciens brodent autour de la nécessité d’imiter l’Allemagne et de construire un tissu de PME françaises, que penser de l’idée de dérouler le tapis rouge à 2000 PME… chinoises venues narguer leur concurrentes françaises ?  C’est totalement surréaliste…

Marianne.fr

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fais l'éffort de lire ce que les autres postent stp

Les français les plus riches sont moins taxés que les autres : quand tu cumules l'ensemble des prélèvements obligatoires

Tu as un systéme relativement progressif pour 96/97% des français puis légèrement dégressif jusqu'à 99% des français puis complétement dégressif

c'est sur qu'a 100% de prélèvements t'es bien obligé de plafonner.

Hors boutade, ce que je veux dire c'est que vu que t'atteint des taux de prélèvements très élevés assez rapidement, t'es bien obligé de plafonner pour les revenus supérieurs sous peine d'obtenir des taux aberrants.

Enfin moi je parlait pas de la progressivité, devenue impossible, mais des taux bruts, et je rappellait ce qui est bien oublié, a savoir que en République en théorie on ne peux pas faire n'importe quoi sur les taux de prélèvements obligatoires sous peine d'atteinte au Droit de Propriété. C'est pas qu'une question d'efficacité économique dont on peut discuter.

Là où un français moyen laisse 47% de ses revenus en prélèvements obligatoire, les 0,1% des français les plus riches n'y laissent que 35% environ !!

A d'autre: rien qu'avec l'impot sur le revenu ils sont déjà a plus de 40%, ajoute la CSG, ISF, TVA et autres taxes diverses et variées sur les 60% restants, il est difficile d'imaginer qu'on puisse etre a 35% sauf:

- si ils bénéficient d'exemptions (niches fiscales), alors on ne peut pas leur en vouloir de profiter légalement de ce qui a été voté. Si les niches fiscales posent un problème d'équité (mon avis), faut s'en prendre aux niches fiscales PAS a l'IR. Rajouter une tranche confiscatoire a 75% c'est essayer de résoudre un probleme en en créant un autre,

- si les riches ont délocalisés une partie de leur revenus, et c'est pas en taxant encore plus ceux qui restent qu'on les fera revenir.

Bref on demande juste à des gens qui sont privilégiés fiscalement de l'être un peu moins et si possible ( à mon avis nous en sommes loin ) de ne pas payer moins que les autres !!

Ils payent moins en proportion mais plus dans l'absolu. Et encore une fois si on maintenait la progressivité on serait a 100% assez rapidement.

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Ça représente quoi pour toi le "Droit de Propriété" ?

Pour moi ce qu'en ont dit d'autres, les pères fondateurs de la Républiques comme Montesquieux, Condorcet, Turgot, Jefferson.

Et ils ont dit: C'est le droit de profiter des fruits de son travail.

Donc, dans la théorie de la République, le Droit de Propriété est lié au travail et la propriété,  en soit, contrairement a ce que des ultra libéraux ou des socialistes (pour le décribiliser) le prétendent, n'est pas absolue et inconditionnel.

Il reste en France beaucoup de lois, symboliques ou non, issues de ces discussions philosophiques de la Révolution.

Comme le droit de traverser les champs tant qu'on abime pas les cutures parce que la nature n'est le fruit du travail de personne, idem pour ramasser les champignons, fruits sauvages ou chasse des animaux sauvages: ce n'est PAS le fruit du travail du propriétaire du terrain, ça ne lui appartient donc PAS.

Moins symbolique, en France les ressources minières n'appartiennent pas au propriétaire du terrain sous lequel elles se trouve, celui-ci n'obtient que le droit de concession d'exploitation.

Aussi dans la pratique: c'est aussi la raison pour laquelle il y a peux de limite a la taxation de l'héritage.

C'est des principes généraux et ne me demande pas de précisions juridique j'y panne rien en juridique et j'y suis meme allergique.

Mais passons a autre chose je vais me faire taper sur les doigts.

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En fait je me demandais car le "droit de propriété" pour les gens ça les ramène à leur lopin terre ou leur maison et souvent y croient être propriétaire du terrain sur lequel ils vivent et qu'ils ont acheté, or dans les faits il appartient à l'état et est cédé comme une concession, jusqu’à ce que l'état décide de le reprendre et de construire une autoroute ou découvre du pétrole dessus  O0

C'est pour ça dans la réalité la propriété est toute relative à chacun en fait.

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http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/03/04/la-grece-pourrait-avoir-besoin-d-un-nouveau-plan-d-aide-en-2015_1651659_3234.html

La Grèce pourrait avoir besoin d'un troisième plan d'aide international en 2015, affirme l'hebdomadaire allemand Der Spiegel paru dimanche.

La Troïka, représentant les créanciers de la Grèce (UE, BCE et FMI), aurait écrit dans une version préliminaire de son dernier rapport qu'il n'est pas du tout certain que ce pays puisse revenir sur les marchés de crédits en 2015. Ses besoins en financements externes sur la période 2015-2020 pourraient alors atteindre jusqu'à 50 milliards d'euros. Mais Der Spiegel précise également que ce passage a été retiré à la demande du gouvernement allemand.

L'hebdomadaire affirme par ailleurs que la BCE s'attend au déclenchement de la clause d'action collective (CAC) qui permettra à Athènes de forcer ses créanciers privés récalcitrants à prendre part à l'allègement de la dette grecque. Cette clause, contenue dans la loi sur l'opération d'échange d'obligations entre l'Etat grec et ses établissements créanciers, pourra être déclenchée si 66 % au moins des banques participent à l'opération et obligera les créanciers récalcitrants à se joindre au programme d'échange de dette, faisant ainsi passer automatiquement le taux d'adhésion à 100 %

L'opération d'échange de dette à proprement parler aura lieu le 12 mars. Elle permettra à la Grèce d'effacer 107 des 200 milliards d'euros de sa dette publique détenus par des créanciers privés Cet effacement est une condition sine qua non pour le versement des 130 milliards d'aides publiques du deuxième plan de sauvetage entériné jeudi à Bruxelles.

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Et si les autres pays européens décident aussi de faire sauter une partie de leur dette ? Ils ont le droit si la Grèce l'a fait.

Ils ont le droit de le demander!  ;)

Pas dit que les créanciers acceptent de rentrer dans une logique de négociation,et a fortiori le "marché" non plus, donc gros bazar en perspective.

La nuance c'est que le plan grec est un plan coordonné et validé par les créanciers, et que parmi ces créanciers, il y a le FMI, l'europe..etc

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Et en France, il y a encore pas mal de structures et de richesses publiques/privees pour amortir le choc de ces augmentations, mais dans les pays ou il n'y a peu a pas ces choses la, quand le moindre centime a depenser en plus, represente un fardeau insupportable... eh ben ca pete: il y a encore des zozios pour croire aux "elans democratiques" qui ont secoue le maghreb depuis janvier 2011?  :P

Et au passage, c'est aussi une des raisons du succes des structures religieuses qui prennent l'espace que les institutions ne peuvent/veulent plus occuper, en financant certaines infrastructures de proximite (surtout celles qui encadrent les jeunes et les enfants) et en mettant du beurre dans les epinards des voisins qui lisent le bon bouquin. Dans le maghreb ou en europe.

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