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croiseurs de bataille anglais 1906/1914


pascal
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Les croiseurs de bataille britanniques 1906/1914

Conception, programmes, enseignements

La genèse:

La protection des voies de communication maritimes de l'Empire britannique et la préservation des intérêts commerciaux de la Couronne ont déterminé durant la seconde moitié du XIX siècle la stratégie de la Royal Navy après les guerres napoléoniennes.

Les actions menées par les frégates lourdes américaines durant la guerre de 1812, la guerre de course des croiseurs Confédérés durant la guerre de Sécession amenèrent la Royal Navy à imaginer un nouveau type de navire de guerre.

Ces bâtiments devaient surclasser en vitesse et en armement tous les types de croiseurs et de navires utilisés pour la course, susceptibles de leur être opposés.

Les premiers bâtiments spécifiquement construits à partir de ce cahier des charges furent l'Inconstant, le Raleigh et le Shah, lancés entre 1869 et 1876. Dotés de l'armement des plus puissants navires de ligne de l'époque, ils étaient les plus rapides des navires à l'inventaire de la Navy.

Ils ne disposaient de quasiment aucun blindage, mais leur vitesse et leur armement semblaient leur donner de telles qualités au combat (notamment la faculté d'engager l’adversaire et de rompre cet engagement à leur guise tout en tirant de plus loin) que certains s'imaginaient pouvoir les utiliser contre des navires mieux protégés mais plus lents.

Ils étaient les prototypes des futurs croiseurs de batailles, les premiers exemples de la lignée des grands navires rapides, puissants et peu ou mal protégés qui verra son apogée avec les navires menés par l'Amiral Beatty le 31 mai 1916 durant la bataille du Jutland.

La filiation des croiseurs de bataille de la première guerre mondiale est donc relativement ancienne. Elle est le fruit de l'expérience et de constations tirées de la guerre de course que dût livrer la Royal Navy pour défendre les lignes de communications de l'Empire. Mais tout au long de son évolution, cette conception donnera des navires certes très élégants, rapides, évolutifs (double safran suspendu), dotés d'un armement puissant leur conférant une allonge remarquable mais également, faiblement ou mal protégés et extrêmement coûteux à la construction.

Ils sont conçus initialement pour mener la traque des croiseurs à long rayon d'action spécialisés dans la guerre de course. Ils doivent permettre à la Royal Navy de conserver ses cuirassés au sein de la Home Fleet, hors des stations outre-mer.

Malheureusement les croiseurs de bataille furent victimes de leurs qualités. Rapides et bien armés on en vint à imaginer comme au XIX ème siècle qu'ils pouvaient sans problème s'intégrer aux côtés de la flotte de ligne dans un schéma tactique de grande bataille navale telle qu'on l'envisage encore à l'aube de la WWI. Rapides ils peuvent jouer le rôle d'éclaireurs de la flotte de ligne. Bien armés ils peuvent engager et détruire les forces d'éclairage adverses, voir croiser le fer avec la ligne de bataille ennemie en soutient de leurs propres cuirassés.

C'est à cette conclusion que parvint John Fisher le First Sea Lord (1904-1911) à l'issue de la guerre russo-japonaise. Pour pouvoir engager la flotte de la Baltique avec un nombre suffisant de navires l'amiral Togo intégra à sa flotte de ligne un certain nombre de croiseurs cuirassés armés de pièces de 203 et 152 mm. Le succès de Tsushima semblait apporter du crédit à ce choix tactique, renforçant l’idée assez généralement répandue à l’époque selon laquelle la vitesse des navires rapides leur offrait une survivabilité accrue face aux obus de gros calibre. Ce choix conceptuel faisait peu de cas des carences de la flotte russe et de l'état de celle-ci au moment de l'engagement. Ainsi le «Comittee of Design» (le Comité des Plans mis en place par Fisher dès sa prise de fonction en 1904) quand il eut achevé de concevoir le Dreadnought s’attaqua-t-il à la conception d’un croiseur cuirassé reprenant le calibre de 305 mm pour l’artillerie principale et la cuirasse de 152 mm des Minotor. La vitesse de ces nouveaux navires ne devait en aucun cas être inférieure à 25 nœuds.

C'est ainsi qu'en 1908 la classe Invincible est admise en service actif moins de deux ans après l'entrée en service du Dreadnought.

Depuis les années 1890, les croiseurs cuirassés avaient vu leur taille et leur puissance de feu accrues. Les Britanniques s’étaient notamment lancés dans la construction de navires extrêmement coûteux et quelques années avant même le lancement du Dreadnought (1906) chaque classe de cuirassé avait son  «homologue» en version croiseur cuirassé. Ainsi les Minotor pouvaient s’apparenter à la classe Lord Nelson.

En 1900/1902 l’amiral John Arbuthnot Fisher alors commandant en chef de la flotte de Méditerranée étudia avec William H. Gard alors Directeur de l’arsenal de Malte la possibilité de réaliser un navire puissant et rapide capable de surclasser en puissance de feu et en vitesse tous les croiseurs alors connus.

En 1902 l’Amirauté émit l’idée de concevoir une classe de grands croiseurs pour chaque nouvelle classe de cuirassés. Cependant la première classe ainsi définie, les Minotor avec une vitesse inférieure à 25 nœuds ne semblait pas assez rapide pour Fisher. Devenu First Sea Lord en 1904 «Jackie» Fisher engagea la Royal Navy dans une réforme de fond.

La Royal Navy se devait en effet de «changer de braquet». Après avoir assuré durant près d’un siècle la «pax britannica» sur toutes les mers du Monde contre des ennemis nombreux mais généralement sous équipés elle se devait au tournant du siècle de relever le gant du défit lancé par le Kaiser Guillaume II, pour qui «l’avenir de l’Allemagne est sur la Mer».

Les deux premières classes:

Le projet de l’Invincible présenté par le Comité des Plans reprenait l’agencement général du Dreadnought. Néanmoins la longueur hors tout passait de 160 à 172 mètres pour pouvoir intégrer les 31 chaudières Babcock and Wilcox nécessaires à la propulsion du bâtiment, et c'était là toute la différence. Cet allongement permit de disposer les tourelles centrales d’artillerie principale en échelon afin d’offrir une bordée complète de 8 pièces de 305 mm, c’était une des idées maîtresses de Fisher. En effet la nouvelle classe n’emportait que 4 tourelles doubles Mk X contre 5 au cuirassé mais pour un poids équivalant de bordée. La résultante principale de ce choix était que le déplacement en pleine charge du croiseur était donné pour 20 078 tonnes à la longueur de 172 mètres contre 21 845 tonnes à la longueur de 160 mètres pour le Dreadnought.

La tête de série, l’Indomitable, atteignit 25,3 nœuds à 43 700 CV lors de ses essais de recette (vitesse considérable pour un navire de premier rang à l’époque). Les deux safrans suspendus offraient un rayon de virage jugé très satisfaisant, de plus quand ils utilisaient la chauffe au mazout ces navires étaient donnés pour une autonomie de 3 100 milles nautiques.

A leur entrée en service les trois premiers Invincible remplissent toutes leurs obligations: une vitesse élevée, une bonne autonomie, la puissance de feu des navires de ligne, une protection jugée suffisante pour affronter les autres croiseurs existants: une ceinture cuirassée comprise entre 102 et 152 mm, des cloisons transversales de 178 mm, pont principal à 25 mm et pont inférieur à 64 mm. Leur seul défaut a priori: leur coût pharaonique soit 50% de plus que la classe précédente les Minotor.

Les trois suivants, la classe Indefatigable du Programme 1908 étaient les « homologues » de la classe de cuirassés Neptune. Ils ne présentaient pas d’améliorations sensibles par rapport aux Invincible et reprenaient les grandes lignes de leur conception. Le seul avantage de cette attitude conservatrice était de pouvoir construire rapidement trois nouveaux navires puissants et rapides à une époque où l’Allemagne commençait à peine les essais du Von der Tann. Initialement les trois Indefatigable (Indefatigable, Australia et New Zealand) étaient considérés comme des améliorations des Invincible. Ainsi ils étaient donnés pour une vitesse de 29/30 noeuds et dotés d’un blindage de ceinture de 8 pouces. En fait il n’en était rien et leurs caractéristiques essentielles étaient les mêmes que celles de leurs aînés à commencer par le calibre de leur artillerie principale: 305 mm. L’accroissement de la longueur de 7,8 mètres permit d’intègrer une chaudière supplémentaire et d’espacer les tourelles centrales P et Q de manière à ouvrir leur champ de tir.  Disposant d’une puissance supérieure (44 000 CV pour l’Indefatigable et 65 000 CV en PMP pour le New Zealand) ces bâtiments pouvaient tenir une vitesse comprise entre 25 et 26,89 noeuds. Déplaçant en moyenne 1000 tonnes de plus que leurs trois aînés les Indefatigable avaient été presque conçus selon le principe du « tout ou rien ». Ainsi le blindage léger aux extrémités retenu sur les Invincible avait été écartés pour leurs suivants au profit d’une ceinture cuirassée entre les tourelles A et X portée uniformément à 5/6 pouces soit 152 mm. Néanmoins jamais les anglais ne reprendront totalement ce concept véritablement inauguré par les américains avec l'Oklahoma en 1916.

Navires Déplacement Longueur Armement Ppl Vit. Ceinture Pont Armt. 2nd.

Dreadnought  21.845 t.         160.6         10-305 mm        21  280/102mm 76/35mm 24-76 mm

Invincible 20.078 t.        172.8   8-305 mm   25.5    152/102mm 65/20mm 16-102mm

Neptune 22.720 t.        166.4  10-305 mm   22.7    250/65mm   76/20mm  16-102mm

Idefatigable 22.080 t.        179.8   8-305 mm  26.8     152/102mm 65/25mm  16-102mm

Le premier combat des croiseurs de bataille britanniques sembla totalement donner raison à leur conception. Engagés aux Falklands en 1914 contre les croiseurs cuirassés et les croiseurs légers de l'amiral Von Spee, l'Invincible et l'Inflexible viendront rapidement à bout de leurs adversaires plus lents et dotés d’une artillerie principale moins puissante en supportant un minimum d'avaries de combat.

Les «éléphants blancs» ou la course à la puissance:

On classe communément les croiseurs de bataille lancés après 1912 en deux groupes:

-le premier (1912/1914) reprennait le Lion et son sister-ship le Princess Royal puis la Queen Mary et enfin le Tiger.

-le second groupe (1915/1916) reprennait les classes Repulse, Glorious, le Furious et enfin le Hood ;

Ces deux groupes représentaient un changement net dans l’allure générale et la conception. Le Lion et ses suivants directs emportaient une artillerie principale de 343 mm propre aux cuirassés anglais contemporains (classes Orion, KG V et Iron Duke) mais sans leur blindage. Les Repulse, Glorious et Hood emportaient une artillerie principale de 381 mm propre aux classes de cuirassés rapides Queen Elizabeth et « R » avec une protection améliorée.

Pour tous ces navires l’accent avait été placé sur la vitesse. Pour ce faire la puissance de la propulsion et la longueur à la flottaison avaient été accrues de manière considérable.

Lion, Queen Mary, Tiger :

Ces navires contemporains des cuirassé de la classe Orion adoptèrent une artillerie principale de 343 mm en quatre tourelles doubles. La longueur hors tout passait à 213 mètres et la puissance délivrée par les 42 chaudières Yarrow (39 Babcock and Wilcox pour le Tiger) représentait un accroissement de 150% par rapport aux Orion avec 70 000 CV pour le Lion  et 85 000 CV pour le Tiger.

Néanmoins ces navires à commencer par les Lion et le Queen Mary souffraient de graves défauts. La tourelle Q au centre du navire était dotée d’arcs de tirs notoirement insuffisants. De plus l’organisation interne des magasins qui en découlait n’était pas optimale. La grande longueur de ces navires ainsi que l’accroissement important de la puissance motrice leur conférait certes une vitesse d’environ 28/29 noeuds mais on était néanmoins bien loin des 33/34 noeuds dont les créditait une presse assez complaisante.

Le Tiger présentait des différence importantes avec les trois «Splendid Cats». L’arc de tir de la tourelle Q était amélioré, l’adoption de chaudières à petits tubes permettait un accroissement notable de la puissance sans pour autant lui confèrer une vitesse supérieure à 28 noeuds. Son artillerie principale (343 "lourd") tout comme celle de la Queen Mary bénéficiait d’une élévation supérieure de 6° par rapport aux 15° originaux. Cette modification permettait un usage optimale de l’ artillerie principale. En règle générale ces navires étaient de véritables « gouffres à combustible » à haute vitesse et leur coût faramineux ne permit pas à la Royal Navy de lancer d’autres navires de ce type avant le milieu de la guerre

C’est à cette époque (1912) qu’apparut le terme de « croiseurs de bataille ». En effet, alors que leurs déficiences étaient tues par un discours officiel assez lénifiant et une presse plus encline au patriotisme qu'à l'indépendance de vue; on les considérait avant tout comme des cuirassés rapides, aptes à suivre et soutenir grâce à leur armement principal et leur vitesse supérieure l’action des navires de ligne purs. Armés de pièces de 305 et de 343 mm ces navires étaient regardés avant tout comme des cuirassés. Ce n’était qu’une question de temps avant que leur cuirasse légère soit exposée au poids de l’artillerie de gros calibre d’un adversaire éventuel.

Considérés comme les fleurons de la Home Fleet ces navires, au demeurant d’une élégance rarement égalée étaient « mis à toutes les sauces »: soutient de forces légères en Baie d'Héligoland ou combat de la guerre de course aux Falklands en 1914, action d'interdiction au Dogger Bank en 1915, éclairage de la flotte au Jutland en 1916 dans le cadre d'une bataille navale "décisive".  

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la suite....

Repulse, Glorious et Hood :

La Royal Navy ne voulait plus de croiseurs de bataille, c’était sans compter sur le “retour aux affaires” de « Jackie Fisher » au poste de First Sea Lord en 1914. Ils sont cités ici pour une simple comparaison et ils ne prirent pas part aux combats de la première guerre mondiale.

Navire Déplacement Longueur Armement Ppl Vit. Ceinture Pont Armt. 2nd.

Orion             25.870 t. 177.1         10-343 mm         21 300/200 100/25 16-102

Lion             29.680 t. 213.4           8-343 mm         28 230/100 65/25   16-102

Tiger             35.710 t. 214.6           8-343 lourd 28.38 230/25 75/25   12-152

Barham     31.500 t. 196.8           8-381 mm         24 250/100 102/32  14-152

Repulse     30.835 t. 242           6-381 mm         30 150/40 75/15   17-102

Hood             45.200 t. 262.1           8-381 mm  30,75 300/130    100/50  12-140

Les erreurs de conception révélées au combat :

Tout a été dit et écrit quant à la faiblesse de la protection des croiseurs de bataille britanniques contre les projectiles de gros calibre. Leur protection était considérée comme insuffisante et mal répartie. Par exemple sur le Hood le poids du blindage représentait certes 33,5 % du déplacement contre 31% au Barham. Mais le concept du «tout ou rien» ne sera jamais repris par les britanniques alors qu’il sera généralisé dans le monde après guerre. Ainsi pour un poids de blindage assez considérable, les soutes à munitions, la propulsion et l’armement principal seront néanmoins relativement moins protégés sur le Hood que sur les productions étrangères ultérieures. Il en allait de même pour ses prédécesseurs. Sur les navires britanniques la répartition du blindage était très homogène sans une véritable concentration sur les zones sensibles.

Navire    longueur  poids blindage vertical  poids blindage horizontal  déplacement en charge

Inflexible 172.8                   2020 t.                   1200 t.                     20.078 t.

Princess Royal 213.4           3900 t.                     2300 t.                     29.680 t.

Tiger           214.6           4750 t.                     2300 t.                     35.710 t.

Repulse 242                   2440 t.                     3300 t.                     30.835 t.

Hood       262.1                   6750 t.                     7500 t.                     45.200 t.

Seydlitz 200.5                   5200 t.                     2400 t.                     28.100 t.

On voit bien que le Seydlitz pour une longueur relativement ramassée disposait d'un poids de blindage supérieur au Tiger et au Repulse pourtant beaucoup plus longs. La proportion du poids de blindage par rapport au déplacement total était de 16% pour l'Invincible, 20% pour le Lion, 19% pour le Tiger, seulement 18% pour le Repulse mais 27% pour le Seydlitz.

L’intégration des croiseurs de bataille à la flotte de ligne et l'action contre leurs homologues allemands révélèrent des erreurs de conception et les dangers d'un emploi tactique aux côtés des cuirassés.

En fait les croiseurs de bataille britanniques souffraient de deux tares importantes jamais vraiment solutionnées. Les engagements du Dogger Bank et surtout du Jutland mirent ces défauts en lumière aux yeux d'une opinion publique longtemps maintenue dans le mythe de l'invicibilité de ces navires.

Des dégagements de fumée très importants qui génaient condésidérablement la conduite du navire.

Outre l'espaces qu'elles requéraient, les 31 chaudières des Invincible (39 sur le Tiger, 42 pour les Lion) associées à la chauffe mixte charbon/mazout entraînaient des dégagements de fumée considérables. Ainsi sur le Lion les postes de combats sur les passerelles du mât tripode étaient tout simplement intenables à grande vitesse du fait que la cheminée avant qui évacuait la chaleur de pas moins de 14 chaudières (contre 6 sur le cuirassé Orion) se trouvait quasiment à l'aplomb de ces passerelles. La chaleur irradiée rendait les postes de combat sur la passerelle de conduite de tir insupportables. Les dégagements de fumée rendaient le positionnement au vent de l'ennemi particulièrement défavorable.

Une protection qui s'est révélée insuffisante contre les obus de gros calibre à trajectoire semi-tendue ou plongeante.

La principale carence de ces navires fut de ne leur procurer qu’une protection contre les obus d’un calibre inférieur ou égal à 280 mm. Leurs vastes coques étaient totalement vulnérables aux obus de 305 mm et il s’est avéré dès l’engagement du Dogger Bank que de nombreuses zones pouvaient être percées par les obus de 11 pouces y compris d’ailleurs certaines parties de la cuirasse verticale. Ainsi par exemple durant le Jutland au début de l'engagement des croiseurs de bataille vers 16h53 un obus de 280 mm (11 pouces) perfora la barbette de 230 mm de la tourelle X du Tiger avant de finir sans éclater entre les deux pièces mettant la tourelle hors de combat.

Durant le même combat du Jutland l’Inflexible, la Queen Mary, l’Indomitable et le Lion furent atteints par des obus de 280 et de 305 mm qui dans chaque cas  percèrent le toit des tourelles d’artillerie principale ou le blindage horizontal au dessus des soutes à munitions. Les distances d'engagement furent comprises entre 13 000 et quasiment 20 000 mètres. Ainsi la salve fatale à la Queen Mary fut tirée entre 13 500 et 13 200 mètres. Le Von derTann coula l'Indefatigable à une distance de 16 200 mètres. Dans le cas des impacts sur les toits de tourelles (Lion, Invincible et Queen Mary) le flash des impacts se communiqua rapidement aux charges de cordite stockées en tourelles et dans les fûts entraînant des incendies quasi instantanés et incontrôlables qui se communiquèrent aux soutes à munitions.

Seule l’action désepérée d’un membre d’équipage empêcha le Lion de subir le sort de ses trois «confrères».

Dans tout les cas l’absence de portes anti-souffle dans les voies d’acheminement des charges de cordite dans les fûts de tourelles et la faible épaisseur du blindage au dessus des magasins à poudre expliquent la disparition de ces navires dans des explosions catastrophiques. Il en sera d'ailleurs un peu de même pour le Hood en mai 1941.

Il est frappant de constater que les croiseurs de bataille allemands ne souffrirent pas des même maux malgrè le déluge d'obus qui s'abattirent sur eux. Artillerie principale hors de combat (Von der Tann, Derfflinger -reçu 26 coups au but-, Seydlitz -23 coups au but-), entrées d’eau massives (Lützow -24 coups au but- , Derfflinger, Seydlitz), mais jamais d’explosion catastrophique entraînant une réaction en chaîne incontrôlable. Ainsi par exemple à 17h20 (durant le Jutland) le Von der Tann fût touché par un obus de 343 mm (vraisemblablement de la Queen Mary) qui traversa la barbette de la tourelle avant. L'explosion qui en suivit ne dégénèra pas en réaction  incontrôlable, les effets incendiaires secondaires se révélant très faibles.

Les enseignements du Jutland:

La qualité de l'opposition allemande souligna la vulnérabilité des croiseurs de bataille britanniques.

En moyenne l'artillerie principale anglaise mit au but 2,17% des obus tirés contre 3,33% à l'artillerie principale allemande.  Pour les croiseurs de bataille par exemple on a les résultats suivants au Jutland

Le New Zealand tira 420 coups de 305 et en mit seulement 4 au but.

Le Tiger tira 303 coups de 343 et en mit seulement 3 au but.

L’Indomitable tira 176 coups de 305 et en mit 5 au but.

Le Dogger Bank et le Jutland furent les premiers et uniques combats qui virent s’opposer des croiseurs de bataile voir des croiseurs de bataille contre des cuirassés. La résistance des croiseurs de bataille allemands fut expliquée par deux éléments majeurs. La piètre qualité des obus britanniques et surtout la solidité et la cohérence de leur construction qui leur permit de supporter des dommages de combat considérables –le Seydlitz rentra dans la Jade avec 5329 tonnes d’eau à bord, le Derfflinger avec 3350 tonnes. Le seul à succomber, le Lützow fut sabordé, étant devenu incapable de suivre la Flotte de Haute Mer dans son replis.

Les navires allemands avaient une efficacité de tir d’artillerie principale supérieure (meilleure optique Zeiss, équipes de tir très entraînées) malgrè le fait que la conduite de tir anglaise Watkins associée aux télémètres Barr fut considérée comme supérieure.

Les rajouts de blindage horizontal opérés sur les survivants anglais du Jutland entre 1916 et 1918 ne devaient néanmoins pas permettre un retour en grâce de ces navires auprès de l’Amirauté.

Les classes 1906 /1908 /1912/1914 furent ferraillées en application du traîté de Washington.

Les Glorious, Courageous (leurs tourelles se retrouvèrent sur le Vanguard en 1944) et Furious furent transformés en portes-avions.

On ne conserva que les deux Repulse et le Hood, les plus rapides, équipés de 381 mm. Deux furent coulés en 1941 on peut estimer que le survivant le Renown eut de la chance au long de sa longue carrière...

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Comparaison en pouces des diamètres des canons des croiseurs et cuirrassés de la fin XIXème à 1945 :

2,95 pouces   =   75mm

3 pouces   =   76mm

3,1 pouces   =   78,7mm

3,5 pouces   =   88mm

3,9 pouces   =   99mm

4 pouces   =   102mm

4,1 pouces   =   105mm

4,5 pouces   =   114mm

4,7 pouces   =   120mm

5 pouces   =   127mm

5,1 pouces   =   130mm

5,25 pouces   =   133mm

5,3 pouces   =   135mm

5,5 pouces   =   140mm

5,9 pouces   =   150mm

6 pouces   =   152mm

6,1 pouces   =   155mm

6,4 pouces   =   163mm

6,7 pouces   =   170mm

7,5 pouces   =   191mm

8 pouces   =   203mm

8,2 pouces   =   208mm

9,2 pouces   =   235mm

9,4 pouces   =   240mm

10 pouces   =   255mm

11 pouces   =   280m

12 pouces   =   305mm

12,2 pouces   =   310mm

12,6 pouces   =   320mm

13 pouces   =   330mm

13,4 pouces   =   340mm

13,5 pouces   =   343mm

13,78 pouces   =   350mm

14 pouces   =   355mm

14,2 pouces   =   361mm

14,96 pouces   =   380mm

15 pouces   =   381mm

16 pouces   =   406mm

17 pouces   =   432mm

18 pouces   =   457mm

18,1 pouces   =   460mm

20 pouces   =   508mm

Idem pour les tubes lance-torpilles :

15 pouces   =   380mm

17,7 pouces   =   450mm

18 pouces   =   457mm

19,7 pouces   =   500mm

21 pouces   =   533mm

23,6 pouces   =   600mm

24 pouces   =   610mm

http://www.navweaps.com/Weapons/index_weapons.htm

Pour la longueur du canon on multiplie le diamètre du tube par le calibre ainsi les canons des cuirrassés Richelieu et Jean Bart faisaient 380 x 45 = 17,1 mètres.

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