Désignation d’objectifs

Lors des journées pro du Bourget, j’ai pu discuter longuement avec un officier de l’ALAT, pilote de Tigre ayant servi en Afghanistan et au Mali, ainsi qu’avec plusieurs personnels servant à Pau et au Luc. Leurs récits et les informations obtenues étaient pour le moins intéressantes. Certains éléments ne sont sans doute pas des scoop pour tout le monde, d’autres étaient même carrément du domaine publique depuis des années, mais c’est la première fois que j’avais un récit d’utilisation aussi précis et complet de la part d’un pilote de l’ALAT.

Les premières questions portaient sur la machine elle-même et son système d’arme. Il ne s’agit en aucun cas de révélations fascinantes, mais j’ai tenu à retranscrire l’intégralité des échanges, histoire d’avoir un récapitulatif aussi complet que possible de l’utilisation qui est faite aujourd’hui et en opération de nos hélicoptères de combat. Voilà ce que j’ai pu en tirer:

Désignation d’objectifs

L’équipage du Tigre HAP/HAD obtient ses informations de détection et de désignation de cible depuis plusieurs capteurs situés dans un unique outil: le viseur de toit STRIX. D’autres capteurs servent à l’autodéfense, mais c’est tout. Pas de FLIR sous le nez, pas de radar non plus, à l’évidence. La question qui m’intéressait n’était pas tant celle de l’obtention des informations que celle de la présentation de ces dernières auprès de l’équipage et de leur traitement par ce dernier (notons d’ailleurs que les postes de pilote et d’artilleur sont interchangeable entre place avant et place arrière, les visualisations sont donc les mêmes).

Pour résumer, l’équipage du Tigre dispose de 3 modes principaux de visée de cible, trois affichages: le HUD, le HMD et les écrans tactiques de l’habitacle, chacun ayant ses avantages et ses inconvénients.

Le HMD est le plus réactif d’emploi pour un tir canon: on pointe le viseur sur la cible (le canon est déjà pointé dans la bonne direction), on tire, c’est tout. Il est collimaté à 800m, et donc au delà il faut anticiper la balistique et pointer légèrement au dessus de la cible visée, mais rien de plus compliqué. Nous y reviendrons.

Les écrans tactiques permettent de visualiser les cibles repérées, désignées ou suivies par les optiques (IR, TV, laser...) du viseur de toit, avec un fort grossissement. C’est l’idéal si on veut viser, de loin, une zone bien spécifique (une entrée ou une aile bien précise d’un bâtiment plutôt que tout le bâtiment lui même, ou un véhicule précis au sein d’une colonne par exemple). C’est moins réactif, mais plus précis, ce n’est clairement pas pour le même usage: là on prend le temps de pointer de loin, c’est du boulot de sniper, sauf qu’on tire à coups de 30mm, de roquettes (68mm pour l’instant, mais on ne devrait pas tarder à tout passer en 70mm OTAN a priori, même si la question se pose en terme de capacité d’emport totale) et de missiles (Mistral ou Hellfire bientôt).

Le HUD offre une solution intermédiaire, puisqu’il n’offre qu’une solution de tir dans l’axe et ne permet pas d’avoir autant de détails que sur les écrans, mais affiche quand même suffisamment de données pour tirer de la roquette très rapidement, contrairement au HMD ou aux écrans.

Au final le choix se fait facilement en fonction du besoin tactique: on ne fait pas exactement le même job quand on fait du CAS très rapproché que quand on tire à 3000m des cibles qui ne sont pas en contact avec nos propres unités au sol.