Le couple infernal AM 39/Super-Etendard

L’AM 39 est la version air-mer de la famille MM38/40. C’est un missile « fire and forget » à trajectoire rasante et à combustible solide. A son entrée en service le missile était donné pour une fiabilité > 90%, même ratio pour le pourcentage de coups au but. Depuis 1980 le missile a évolué et désormais est équipé de l’électronique du MM40 block2. L’engin pèse 655 kgs et mesure 4,69 mètres de long. L’intégration aérodynamique sous le SUE fut assez longue notamment l’étude du comportement du missile dans le sillage aérodynamique de l’avion après le largage et avant l’allumage de l’accélérateur à poudre.

La propulsion est initiée par un accélérateur à poudre SNPE Condor d’une masse de 80 kgs qui brûle durant 2,5 secondes. Le propulseur de croisière est un SNPE Hélios de 170 kgs qui brûle durant 145 secondes. Le missile est propulsé à Mach 0,93 ce qui à 10 pieds surface donne une vitesse > 900km/h.

La navigation, totalement autonome après le largage, est assurée par la centrale inertielle à gyrolaser du missile/ une petite merveille technologique utilisant un rayon laser circulant en triangle dans un bloc de polymères en lieu et place des gyroscopes mécaniques… (J’ai eu l’occasion d’en voir une ce n’est pas bien gros…). En phase terminale c’est l’autodirecteur qui prend le relais.
L’autodirecteur est un radar à ondes millimétriques produit par Electronique Serge Dassault il travaille ne mode recherche (distance et gisement) puis se verrouille sur la cible. Le radar passe alors en mode poursuite automatique et communique au calculateur du missile et à la centrale inertielle les données de navigation nécessaires jusqu’au point d’impact (ou de déclenchement de la fusée de proximité) en tenant compte de la route et de la vitesse de la cible. La discrétion des émissions de l’autodirecteur le rend difficilement détectable et surtout localisable c’est un de ses points forts.

La charge militaire est un bloc de 165 kilos d’explosif coulé « héxolite 60/40 » (60% d’héxogène et 40% de tolite). La vitesse de détonation est de 7800m/s. La tête de la charge est en acier moulé pré-fragmenté munie d’un système d’accrochage à prismes permettant à la charge de « mordre » dans la coque du navire y compris sous un angle de 70°. En clair pour empêcher tout ripage sur une surface plane lors d’un impact sous forte incidence. L’ignition de la charge peut aussi se faire par fusée de proximité quand le missile passe au-dessus de sa cible. Ceci relève d’un choix fait au sol au départ de la mission.

Le radioaltimètre est un élément essentiel car de sa précision dépend la faculté de l’engin à voler bas et donc la réussite de la mission. La précision verticale initiale était d’un pied soit 30 cms. Lors du vol de croisière l’altitude de l’engin est comprise entre 30 et 45 pieds. En phase terminale l’altitude (préréglée avant le départ) est largement inférieure elle était à peine > 2 mètres lors de l’attaque sur le Sheffield.

Profils de missions : Equipé d’un AM 39 et de deux réservoirs (aile gauche 1100 litres et ventral 600 litres) le SUE peut effectuer deux missions types.

  • mode haut bas haut : rayon d’action 475 nautiques soit 880 kms sans ravitaillement en vol. Avec ravitaillement le rayon d’action passe à 725 nautiques.  Vol de croisière à 32 000 pieds Mach 0,75 puis descente progressive sous les lobes radars de l’objectif. Entre 100 et 40 nautique de l’objectif ressource pour accrocher la cible avec l’Agave et aligner sur ses coordonnées la centrale inertielle du missile puis dans une enveloppe comprise entre 20 et 35 nautiques tir du missile et demi-tour vol retour à 40 000 pieds Mach 0,80.
  • mode bas bas bas : rayon d’action 295 nautiques soit 545 kms sans ravitaillement en vol. Avec ravitaillement le rayon d’action passe à 380 nautiques.  

En gros un SUE attaquant à 500 pieds à la vitesse de 600 nœuds tire un AM 39 en limite de portée à 30 nautiques.