Le début de l’aventure

Le 19 janvier 1973 Michel Debré, ministre de la Défense décide de faire du « Super Etendard » l’avion d’arme polyvalent de la Marine apte à succéder au Crusader à l’Etendard IV M voir même (on est enthousiaste à l’époque !) à l’Alizé. La fiche programme est particulièrement fournie, le Super-Etendard doit assurer la protection de la Flotte contre toute attaque par des bâtiments de surface, détruire des objectifs terrestres et maritimes, assurer la couverture aérienne de la flotte, réaliser les missions de reconnaissance photographique et délivrer l’arme nucléaire, rien que çà.

C’est le 23 mars 1973 que l’équipe technique de Revellin-Falcoz fige le projet définitif de ce qui va devenir le Super-Etendard.
Par rapport au IV M le « SUE » présente trois différences majeures.

  • un réacteur Atar 8K50 qui est une évolution sans réchauffe (PC) du 9K50 du Mirage F1. Avec 4950 kgs de poussée le moteur affiche un gain de 500 kgs par rapport au 8K de l’Etendard IV M. C’est un réacteur simple et fiable à régulation hydromécanique. Mieux motorisé, l’avion affiche une meilleure marge de manœuvre et de meilleures performances en montée.
  • une voilure dotée de dispositifs hypersustentateurs en vue d’abaisser la vitesse d’approche et la vitesse de prise de brins malgré l’augmentation de la masse maximale autorisée à l’appontage par rapport à son prédécesseur. Le profil est optimisé pour le vol transsonique (l’avion est donné pour M 0,97 en palier en vol basse/très basse altitude). Les becs de bords d’attaque couvrent la totalité de celui-ci et la voilure est dotée de volets à double fente avec comme résultat une vitesse de prise de brins abaissée de 133 à 122 nœuds et une masse maxi au catapultage passant de 10,8 tonnes à 11,9 tonnes.
  • Mais la réelle avancée s’opère sur le système d’arme. Comme on aimait à le répéter chez Dassault dans les années 70 le SUE et le premier avion de combat français et européen doté d’un système d’arme moderne. Elaboré par la Division Système d’Armes de chez Dassault dirigée par Daniel Lerouge et développé sur la base de l’expérience du Mirage III « Milan », il permet une navigation totalement autonome et le tir d’armes « fire and forget » (tire et oublie).

L’avionique est entièrement nouvelle et c’est elle qui fait du SUE un appareil radicalement nouveau, elle comprend:

  • le radar Agave de Thomson CSF et Electronique Marcel Dassault recouvre les fonctions air-mer, air-sol et air-air. C’est un radar de navigation (identification de repères au sol dont les coordonnées sont entrées en mémoire dans la centrale de navigation en vue du recalage de celle-ci au cours de la mission) et d’attaque (identification des cibles télémétrie et désignation de celles-ci aux armes « stand-off »
  • la centrale inertielle franco-américaine Sagem-Kearfott SKN-2602 permettant une navigation précise notamment au-dessus des surfaces maritimes. Associée (une première en France) à un calculateur numérique également Sagem-Kearfott elle permet une navigation et des tirs de grande précision.
  • Une visualisation cathodique Thomson CSF VE 120 dite tête-haute collimatée à l’infini qui (pour la première fois en France) outre le viseur affiche les paramètres essentiels de navigation, d’approche, d’altitude, de vitesse et d’armement (tirs air-sol canons roquettes, tir de missiles…).

Avec le SUE la Marine rentre dans le club très fermé des opérateurs d’avions « tout-temps ».

Le marché (73 /71054) du Super-Etendard est notifié le 4 septembre 1973 (les choses vont encore vite à cette époque) pour 100 appareils (60 commandes fermes et 2 fois 20 options pour 1,8 milliards de francs). Afin de gagner du temps et de minorer les coûts trois Etendard IVM (les n° 13, 18 et 68) ont déjà commencé à être transformés en prototypes.