Beaucoup de compromis ont été fait pour préserver les deux facteurs principaux du design du Tigre: une discrétion maximale et un poids contenu. D’autant plus que ces facteurs sont interdépendant, puisque la signature visuelle du Tigre repose sur sa grande finesse, garantissant elle-même un bon rapport poids/autonomie.
Des concessions ont certes été faites après les premiers RETEX (l’habitacle a été renforcé au niveau du blindage planché) mais sa protection repose encore principalement sur sa discrétion et sa silhouette ramassée.
Ainsi, les verrières (composées de plexi sur les côtés) ne sont pas blindées, la protection de l’équipage résidant toujours dans sa faible largeur et sa manoeuvrabilité. Il aurait été impossible de blinder ces verrières sans alourdir l’appareil au-delà du raisonnable, à moins d’accepter de sacrifier en taille et donc en visibilité latérale, comme sur le Mi-28. Difficilement envisageable vu l’usage qui est fait du canon.
Un exemple significatif de compromis ayant conduit à un choix original (et injustement contesté par certains) est le choix du viseur de mât STRIX au détriment du viseur de toit OSIRIS qu’on rencontre sur le Tiger allemand, qu’on a pu voir évoluer au Bourget d’ailleurs.
Ce viseur de toit, comparé au viseur de mât, n’est aucunement un problème mais bel et bien un choix opérationnel cohérent qui découle de plusieurs facteurs et apporte autant d’avantages:
En effet, le mât permet de se camoufler à la lisière des arbres ou derrière une crête en ne laissant apparaître que son viseur de mât, ce qui permet le tir de missiles directement depuis cette position, ou éventuellement d’émerger juste le temps du tir.
Cela correspond à un usage anti-char typique de la guerre froide, quand un hélicoptère en position de tir n’était pas à l’abris d’un tir d’obus de 125mm dans la tronche en contrepartie.
Cela n’a plus aucun sens dans un combat de soutien aux troupes au contact à coups de roquettes de 68mm ou de canon de 30mm.
Au contraire, dans un tel contexte, le viseur de toit offre certains avantages en terme de visée vers le bas, de protection générale (contre les lignes électriques notamment) et, toujours, de discrétion visuelle et radar.
Sur la version HAD, le choix du viseur de toit n’a pas été remis en question.
En effet, l’ALAT ne devrait pas pratiquer d’observation et de tir "à l’affût" sur des colonnes de ravitaillement ennemies comme les Longbow américains ou les UHT allemands, mais devrait plutôt utiliser une tactique "caméléon". A l’instar des évolutions les plus récentes du Super Cobra de l’USMC par exemple, on ne cherche pas à se mettre derrière les arbres ou une crête en ne faisant dépasser que le moins possible, on cherche à se mettre DEVANT le flanc de montagne ou la forêt en ne laissant RIEN dépasser du tout, fusionnant avec le décor ambiant.
Immobile, avec un tel camouflage, le Tigre est quasiment impossible à détecter visuellement (le seul risque restant un reflet sur l’optique ou la verrière, un risque qui n’est pas inexistant sur la solution mât non plus) ou au radar, tandis que sa signature sonore est extrêmement difficile à localiser précisément.
Bien sur, cette solution ne marche pas à tous les coups, si le paysage ne correspond pas au camouflage, si l’adversaire est équipé de capteurs infrarouges modernes etc. Dans ce cas là, la chasse à l’affût peut être pratiquée. Sauf qu’au lieu de ne laisser dépasser qu’un mât, on laisse dépasser une tête de rotor (le rotor en rotation n’est pas des plus visible) et le viseur de toit. Rien de bien dramatique donc.
La concession la plus importante qui a été faite à la version HAC initiale est celle du FLIR sous le nez. Apparemment, sur la version allemande, ce dernier permet une navigation plus confortable en environnement humide, surtout de nuit. Mais comme on passe plus de temps à mitrailler au 30mm au dessus du désert qu’à se planquer au dessus des rivières de forêts d’Europe Centrale, le regret n’est pas des plus amers