Discrétion et guerre électronique

Comme pour le Rafale, tout l’équipement de guerre électronique est intégré dans la cellule de l’appareil.

Ce dernier dispose de brouilleurs et lance-leurres internes (les lance-leurres sont visibles sous l’appareil, à l’arrière du fuselage), de détecteurs de menaces diverses (radar, laser, départ missile...).

Les DDM sont reliés directement au SNA de l’appareil et peuvent déclencher automatiquement le lancement des leurres (dont le panachage dépend de la nature de la mission). Un signal est envoyé automatiquement au pilote dans le même intervalle (qui dépasse rarement la seconde dans la chaîne détection/réaction) pour qu’il entame immédiatement des manoeuvres d’évitement.

Plusieurs appareils ont été la cible du feu ennemi sur les trois théâtres où ils sont intervenu, principalement par des RPG, mais fort probablement aussi par des MANPAD (leur présence sur place est avérée, le fait qu’ils aient été tirés probable, mais rien ne dit qu’ils étaient réellement menaçant, i.e. utilisés convenablement et avec des chances de succès).
Dans tous les cas, le système d’autoprotection de l’appareil a toujours bien réagit pour les pilotes à qui j’ai pu parler (qui ont été la cible de 3 à 6 tirs sur leurs différents théâtres).

Deux des personnels interrogés n’hésitent plus à parler du Tigre comme d’un hélicoptère "furtif". Il ne l’est pas dans le même sens qu’un F-22 ou feu le RAH-66, mais il reste redoutablement discret, dans la même veine que le Rafale (dans le sens ou, pour un hélicoptère, la discrétion visuelle reste plus importante que la discrétion radar, nous y reviendrons).
Ses formes comme sa peinture ont été optimisées pour réduire autant que possible sa SER. A bien des égards, il est "furtif" dans le sens naval du terme, comme nos FLF ou nos FREMM: il ne sera pas forcément invisible pour un radar adverse, mais il pourra passer pour autre chose sur l’écran de l’opérateur radar. Un vol de perdrix entre deux collines, un 4x4 parmi d’autres roulant au fond d’une vallée etc.

Idem pour la signature infrarouge: les déviateurs et mélangeurs ont été directement intégrés au design de l’appareil (le système était amovible sur Gazelle, et pas aussi complet). De l’air frais est prélevé à l’extérieur pour refroidir les gaz chauds produits par les turbines, l’air ainsi refroidi est ensuite dilué dans le flux des pâles du rotor principal.
La peinture contribue aussi à la discrétion IR de l’appareil.

C’est pour cela que les marquages sur les Tigre sont réduits à leur plus simple expression (l’immatriculation à l’avant, obligatoire pour voler en France). Pas de cocarde, pas de mention "Armée de Terre", ni d’insigne d’unité. Les équipages n’ont pas le droit d’y coller le moindre sticker non plus.

La forme des paniers roquette et l’emplacement du viseur du mât contribuent aussi à cette  réduction de la SER et de la signature visuelle de l’appareil.