02:53 Zulu, 50 nautiques de Al Khafrah.

[b]Opération Mousquetaire[/b]
[b]24 mars - 02:53 Zulu, 50 nautiques de Al Khafrah.[/b]

« Rapière Leader à 2. Prêt pour le tir ? Popup de 200 pied par sécurité, mais on reste sous le relief. A cinq … quatre … trois … deux … unité … tir.

  • Rapière 2. tir. »

Les deux appareils avaient effectué une très légère ressource. Au signal de tir, ils larguèrent simultanément leurs lourds missiles de croisière. Les équipages s'attendaient à un secousse prononcée : ils larguaient chacun deux tonnes et demi d'armement d'un coup. Il n'en fut rien, le système de commandes de vol ayant anticipé l'allègement brutal et s'étant reconfiguré instantanément pour fournir les mêmes réactions qu'à pleine charge.

Les lourds missiles de croisière déployèrent leurs ailes aussitôt après le largage et éjectèrent les caches qui obturaient leur entrée d'air. Ils planaient depuis deux secondes quand, simultanément, des cartouches pyrotechniques lancèrent leurs turboréacteurs dans une bouffée de fumée sombre. Aussitôt, les missiles accélérèrent progressivement, s'éloignant de la formation de Rafales qui progressait à vitesse réduite.

« Rapière 2 à Leader. Tir confirmé. Je suis content que les miens aient fonctionné.

  • Leader. Tu en doutais ?

Rapière 2. Affirm. Il a quand même fallu les sortir de la naphtaline, mes Apaches, et ils ne sont pas qualifiés sur Rafale.
Le Scalp l'est, tu n'avais pas de soucis à te faire. Maintenant, la mission continue. On reste dans cette vallée, cap au nord … on laisse l'objectif défiler par le travers, à droite. Au débouché de la Vallée, dans la plaine, il y a une ville sur laquelle on va faire un Show of Force de diversion. On fait croire que l'on va attaquer la capitale, avant de rebrousser chemin sur notre objectif réel. Allez, plein gaz on a du chemin à faire et pas longtemps pour y arriver. »

Poussant les manettes des gaz, les quatre appareils accélérèrent en souplesse et coiffèrent leurs missiles de croisière au moment ou ceux-ci viraient de bord pour quitter la vallée par un large col en direction de leur objectif. Collant au terrain, ils déboulaient vers la cité au dessus de laquelle ils devaient se faire remarquer.

[b]Al Khafrah Air Field[/b]
[b]24 mars - 02:58 Zulu, Bureau du commandant de base.[/b]

Le Général Bedaz El Mourad était à la fois furieux et inquiet.

Certes, il s'attendait à l'imminence d'un assaut des forces de la coalition. Cela faisait des semaines que les alliés roulaient des mécaniques et que les ambassades multipliaient les contacts infructueux. L'épreuve de force était donc imminente. Et c'est à sa base que revenait le douteux privilège de couvrir la zone probable de front. Des munitions supplémentaires avaient été sorties des dépôts et livrées en grand nombre. Les mécaniciens s'affairaient pour aligner le maximum d'avions opérationnel pour l'instant du déclenchement des hostilité. Dès le début de l'assaut ennemi, ses effectifs de défense aérienne seraient renforcés par des bombardiers et des avions d'assaut, pour l'instant à l'abri en arrière, afin de casser les reins des brigades mécanisées.

Cependant, il venait d'apprendre la disparition en plein ciel de l'appareil d'alerte avancée que l'État-Major avait placé en piquet, entre sa base et les forces de la coalition. L'appareil s'était volatilisé des écrans radar près de dix minutes plus tôt. Aussitôt prévenu, il avait fait décoller les deux avions qu'il maintenait en alerte armée, et avait exigé l'armement immédiat de deux appareils supplémentaires.

Aucun signe avant-coureur n'avait permis de prévenir le drame. C'était comme si l'AWACS avait été abattu par un avion invisible. Ces maudits américains auraient ils utilisé leurs fameux chasseurs furtifs aussi loin de leurs bases ?

Pour couronner le tout, il venait de recevoir un appel d'une caserne d'une ville proche. Une petite formation d'avions inconnus avaient été aperçue quelques minutes auparavant. Ils ne semblaient pas se diriger vers la base, mais plutôt remonter vers la capitale, plus au nord. Toutefois, leur présence à moins de cent kilomètres de ses installations, sans alerte préalable, était préoccupante pour la suite. Il avait envoyé ses deux intercepteurs à la poursuite de cette menace, sur un cap pour réaliser une interception lointaine.

Le Général décida alors de rejoindre son PC Opérations, dans le bunker au dessus duquel était construit son bureau. De là, il pourrait joindre tous ses auxiliaires, il aurait une vue synthétique des opérations, et il serait surtout protégé par deux mètres de béton armé au cas où une frappe était déclenchée sur ses installations.