03:00 Zulu, Groupe Fleuret.

[b]Opération Mousquetaire[/b]
[b]24 mars - 03:00 Zulu, Groupe Fleuret.[/b]

Sigma et Matou contournaient la base aérienne dévastée, les yeux rivés sur l'affichage des menaces et sur la visualisation de leur OSF. Matou, en champ large, compta ses premiers dégâts :

[i]« Fleuret 2, sur tour de contrôle, impact … sur poste électrique, impact … sur poste carburant, impact … sur radar de surveillance, impact … sur première hangarette, impact … sur deuxième hangarette, impact … Carton plein ! »[/i]

Aussitôt après, Sigma aussi compta ses destructions :

[i]« Fleuret 1, sur radar SAM, impact … sur défense AA, impact … sur deuxième défense AA, impact … vu, proche radar, un poste de contrôle de tir, bomb away … vu, bordure sud de la piste, batterie SAM, bomb away … vu, extrémité est de la piste, deuxième batterie SAM, bomb away … Dakota »[/i]

Axée sur la suppression des défenses Sol-Air, Sigma, de son oeil exercé, avait repéré les différents éléments constitutifs de la chaîne de défense. Ses trois dernières bombes furent tirées sur des coordonnées fournies par l'OSF : la direction par le pointage de la caméra, et la distance par le télémètre laser associé. Quinze secondes plus tard, les derniers coups au but étaient enregistrés. Il n'avait pas fallu trois minutes pour que la base ennemie soit transformée en enfer.

[b]Opération Mousquetaire[/b]
[b]24 mars – 03:05 Zulu, Rapière Leader.[/b]

Rapière Leader orbitait largement, à une dizaine de kilomètre autour des décombres de la base, flanqué de Rapière 2. Depuis les derniers impacts sur les défenses anti-aériennes, il avait repris de l'altitude. Son système SPECTRA lui indiquait la disparition totale des menaces. D'en haut, la vue était bien meilleure pour sa nacelle de reconnaissance. Pendant que Wotan maintenait une trajectoire circulaire, contournant la base, un oeil sur les colonnes de fumées, Robin, en place arrière, faisait le rapport des destruction et expédiait des clichés haute résolution, commentés, par la liaison de donnée du pod.

A l'opposé sur la même orbite, mais à plus basse altitude, Fleuret 1 et 2 constataient aussi l'ampleur du désastre qu'ils avaient semé sur l'aérodrome.

[i]« Fleuret 1 pour Rapière Leader, il n'y a plus grand chose qui ait l'air de vouloir nous embêter, là dessous ![/i]

  • [i]Leader, affirm. C'est un grand chelem, nous n'avons rien laissé pour les autres. J'ai même l'impression qu'on a pris leurs appareils d'alerte au nid. Il y a des épaves dans les hangarettes que Matou a détruit.[/i]

[i]Cardinal, ici. Désolé de vous décevoir, mais les appareils d'alerte étaient en vol, je les piste depuis leur décollage, il y a plus d'un quart d'heure. Ils ont fait demi-tour aux premiers impacts. Ils reviennent et ils ne sont pas contents. Deux bandits, hot et fast, à 20 nautiques au nord.[/i]
[i]Rapière Leader, merde, Frido, tu pouvais pas nous le dire avant, qu'on avait de la compagnie ! 20 nautiques, fast, ils sont quasiment sur nous, et je suis au premières loges pendant ma passe de Battle Damages Assessment ![/i]
[i]Cardinal pour Rapière, pas d'inquiétude. Ils n'émettent rien pour le moment. Music on s'ils vous illuminent. A tous, je vous transmets les pistes en liaison 16. Fleuret, en opposition, vous couvrez Rapière pendant la fin de leur passe.[/i]
[i]Fleuret 1, wilco.[/i]
[i]Fleuret 2, wilco.[/i]
[i]Rapière 2, reçu.[/i]
[i]Leader, copy. Tu fais chier Frido ! »[/i]

Alors que les appareils ennemis approchaient à vitesse supersonique, Wotan, mais aussi Choco et Sunny, à bord de Rapière 2, scrutaient le ciel dans la direction de la menace. Seul Robin, à bord de l'appareil leader, continuait son travail de reconnaissance des dommages infligés. Tout à coup, Wotan distingua un mouvement, haut, au dessus de l'horizon, dans l'axe exact de la piste transmise par Cardinal :

[i]« Rapière Leader, tally, defensive, on plonge ![/i]

  • [i]De Robin, négatif Wotan, on reste où on est, je n'ai pas fini.[/i]

[i]Rapière 2, je descends.[/i]
[i]Leader, putain, Robin, me gonfle pas, on descend tu finiras plus tard ![/i]
[i]Robin, négatif, garde ta trajectoire. On ne prend pas plus de 2 G tant que je n'ai pas fini ma transmission. A tous, qui peut s'occuper des bandits ?[/i]
[i]Cardinal à tous, je vous envoie les pistes des hostiles en rafraichissement continu. Vous engagez à volonté.[/i]
[i]Fleuret 1, roger, mais je n'ai pas de solution. Pas de déconfliction, les Rapière et les hostiles sont alignés vus d'ici.[/i]
[i]Fleuret 2, roger. Same. Permission d'illuminer pour faire le tri ?[/i]
[i]Rapière 2, roger. J'ai les pistes et j'ai une solution de tir sur vos données.[/i]
[i]Rapière Leader, allez-y, merde, merde, merde, ils approchent. Air spike !!! Ca va être pour ma pomme ![/i]
[i]Cardinal pour Fleuret : négatif, vous restez discrets. Rapière 2, engagez en mode 3. le leader d'abord, le trailer ensuite. Rapière Leader, brouillez. Music on.[/i]
[i]Rapière 2, Fox 2 sur bandit leader … Fox 2 sur bandit trailer. »[/i]

A cette annonce, Choco aux commandes de Rapière 2, avait pressé deux fois le « microbe » pour déclencher ses tirs de missile en direction des pistes transmises par Cardinal.

Les deux missiles MICA à guidage infra-rouge ne voyaient pas leurs cibles, qui défilaient par le travers de leur lanceur, mais leur système de guidage était parfaitement averti de la manoeuvre à mener pour l'interception. Aussitôt après l'éjection du rail de lancement, alors que le propulseur s'allumait, les gouvernes se braquèrent à fond sur le côté, provoquant un brutal changement de cap en direction des deux Mig 29 qui approchaient à grande vitesse. Aussitôt alignés dans l'axe de leur objectif, les deux missiles enclenchèrent leur autodirecteur et commencèrent à rechercher leurs cibles. Repérant les deux avions ennemis au rayonnement de leur post-combustion et à l'échauffement cinétique de leur cellule, les microprocesseur des missiles comparèrent instantanément leurs position avec celles reçues avant le lancement, tout en tenant compte des données de leurs centrales inertielles. Chacun s'accrocha sur sa source et infléchit alors légèrement sa trajectoire en direction de l'objectif qui lui était assigné.

A bord des Mig, les pilotes restaient concentrés sur le verrouillage de leurs radars sur l'appareil le plus élevé : Rapière Leader, exposé comme un oiseau sur un fil pendant sa reconnaissance. Ils furent toutefois alertés par leur détecteur de départ de missile qui repéra l'ignition des moteurs fusées. Abandonnant leur interception, ils rompirent leur formation d'un break, l'un à gauche, l'autre à droite, tout en semant une profusion de leurres thermiques et électromagnétiques.

La réaction de l'appareil de tête fut trop tardive. Il avait à peine déclenché son roulis que le missile lui arriva dessus en un trait de vapeurs argentées. La fusée de proximité se déclencha à moins de trois mètres du ventre de l'appareil et les 12 kg d'explosif scellèrent le sort du chasseur. L'enveloppe du missile fut fragmentée par la charge, en dizaines de petites aiguilles d'aluminium et de fibres composites, éparpillées alentour avec une grande vélocité. Celles ci perforèrent la carlingue de toutes part et poinçonnèrent littéralement une des ailes. Le souffle de l'explosion acheva le travail en arrachant l'aile fragilisée par les impacts. L'avion s'abattit, désemparé, vomissant son carburant enflammé par les brèches béantes de son fuselage. Le pilote, bien que sonné par l'impact en pleine manoeuvre à haut G, eut à peine le temps de saisir la poignée d'éjection avant que l'avion ne s'écrase en un enchevêtrement de métal et de feu.

L'ailier, un peu en retrait, eu le temps d'amorcer sa manoeuvre avant que le second missile ne lui bondisse dessus. La volée de leurre envoyée dans un acte désespérée ne trompa pas l'autodirecteur qui était doté de filtres à fort pouvoir discriminant. Cependant, les quelques millisecondes nécessaires au traitement furent suffisantes pour écarter légèrement la menace. Le missile explosa à une cinquantaine de mètres de l'appareil, criblant l'espace autour de lui d'éclats mortels. Ceux-ci perforèrent la queue, les gouvernes et les tuyères du Mig, mais ne lui portèrent pas un coup fatal.

[i]« Rapière 2, splash one bandit … miss one. Putain, j'ai raté l'autre ! … non, j'ai dû le toucher, il laisse un panache. Mais il approche par nos 8 heures. »[/i]

Le chasseur russe, touché, perdait son carburant par les impacts d'éclats de missile. Le kérosène se vaporisait, sous l'action du vent relatif, et accompagnait l'appareil en un panache de fumée blanche. Ses gouvernes endommagées avaient forcé le pilote à ralentir, mais son agressivité était intacte. Il voulait faire payer cette sanglante attaque à ces chiens d'occidentaux.

[i]« Fleuret 1, en rapprochement rapide. Tally sur le deuxième hostile. Je vois sa trace. J'ai une solution de tir canon dans moins de 10 secondes.[/i]

  • [i]Cardinal, allez-y, Fleuret 1. Fleuret 2 en soutien, nous n'aurons pas droit à une autre chance avant qu'ils ne soient en position de tir sur Rapière Leader.[/i]

[i]Fleuret 1, roger.[/i]
[i]2, roger. »[/i]

Déjà, dans l'afficheur tête haute de Sigma le Mig blessé était encadré d'un filet lumineux indiquant qu'il était pris pour objectif. La distance au but diminuait rapidement à mesure que les deux appareils se jetaient l'un sur l'autre. Le sélecteur de tir du canon était placé sur le déclenchement de courtes rafales. Aussitôt que l'appareil ennemi fût à portée, la « boite » se referma sur la silhouette du Mig et Sigma pressa le « Microbe ». En deux dixièmes de seconde, 25 obus perforants, incendiaires et traçants zébrèrent le ciel en un fatal trait d'acier et d'explosif. Ce barreau de fer et de feu, de près de deux cent mètres de long, coupa la trajectoire du Mig après deux secondes de vol. Cinq coup au but coupèrent l'avion en deux, tuant le pilote aux commandes, et laissant les débris enflammés tomber tels des feuilles mortes tout autour de la zone de combat.

[i]« Fleuret 1, splash one. Grandslam. Cardinal, vous confirmez qu'on est tranquilles, maintenant ?[/i]

  • [i]Cardinal, confirmé, picture clear.[/i]

[i]Rapière Leader à tous, merci, les gars, vous avez assuré, mais j'ai plus un poil de sec. Robin, dès que tu as fini, RTB.[/i]
[i]De Robin, c'est bon, j'ai mon rapport. Toutes les vues sont prises, la transmission est en cours.[/i]
[i]Rapière Leader, ok. On rassemble sur moi, return to base, buster.[/i]
[i]2.[/i]
[i]Fleuret 1.[/i]
[i]Fleuret 2, c'est bon. »[/i]

Les appareils s'alignèrent un à un sur leur leader qui terminait son orbite pour se mettre sur un cap retour, à moyenne altitude. Aussitôt regroupés, ils poussèrent tous la manette des gaz sur plein-gaz sec afin de retourner au plus vite en secteur amical, laissant derrière eux le terrain désemparé qu'ils venaient d'attaquer.